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Définition de l’arbitrage
Article Premier : L’arbitrage est un procédé privé de règlement de certaines catégories de contestations par un
tribunal arbitral auquel les parties confient la mission de les juger en vertu d’une convention d’arbitrage.
L'arbitrage est donc la résolution de conflit par l'intermédiaire d'un tribunal arbitral composé
d'un ou plusieurs arbitres. L'arbitre est un véritable juge dont la décision s'impose aux
plaideurs. L'arbitrage permet donc de régler un litige en confiant le différend à un ou
plusieurs particuliers choisis par les parties.
Avantages de l’arbitrage
Cette justice privée présente certains d’avantages :
- Elle est consensuelle, puisque la légitimité de l’arbitre est reconnue par les parties ;
- Elle est discrète, puisque la procédure d’arbitrage n’est pas publique, ce qui est un atout
dans un certain nombre de domaines, en particulier en matière commerciale ;
- Elle est rapide, puisqu’elle s’affranchit des lourdeurs de la justice d’Etat ;
- Il est possible que les arbitres se prononcent non en droit, mais en équité si les parties le
demande au titre de l’amiable composition.
L’arbitrage présente cependant quelques désagréments : il peut être difficile de trouver des
arbitres incontestables et le cout de l'arbitrage risquerait de décourager notamment les petits
opérateurs du commerce international.
Article 7. –
On ne peut compromettre :
1. dans les matières touchant à l’ordre public ;
2. dans les contestations relatives à la nationalité ;
3. dans les contestations relatives au statut personnel, à l’exception des contestations d’ordre pécuniaire en
découlant ;
4. dans les matières où on ne peut transiger ;
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5. dans les contestations concernant l’Etat, les établissements publics à caractère administratif et les
collectivités locales, à l’exception des contestations découlant de rapports internationaux, d’ordre économique,
commercial ou financier, régis par le chapitre troisième du présent code.
Le recours à l'arbitrage
Toute personne physique ou morale de droit privé et plus exceptionnellement de droit public,
confrontée à un litige, peut recourir à l'arbitrage afin de faire trancher le différend l'opposant
à une ou plusieurs autres personnes.
Les parties peuvent manifester leur volonté de recourir à une procédure arbitrale en
consentant à une convention d’arbitrage : D’une part, avant la naissance du litige, en
stipulant une clause prévoyant qu'en cas de difficulté entre elles dans le cadre de l'exécution
d'un contrat, le différend sera tranché par une juridiction arbitrale : cette clause spécifique
incluse au contrat est appelée "clause compromissoire". D’autre part, après la naissance du
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litige en rédigeant un accord soumettant le différend à l'appréciation d'un tribunal arbitral : ce
document est appelé "compromis d'arbitrage". Dans la pratique, il est rarissime que les
parties s'entendent après la naissance d'un litige pour soumettre leur différend à un tribunal
arbitral. En règle générale, les procédures arbitrales sont donc mises en place en raison de
l'existence d'une clause compromissoire préalable.
Article 2. –
La convention d’arbitrage est l’engagement des parties de régler par l’arbitrage toutes ou certaines contestations
nées ou pouvant naître entre elles concernant un rapport de droit déterminé, contractuel ou non contractuel. La
convention d’arbitrage revêt la forme d’une clause compromissoire ou celle d’un compromis.
Article 3. –
La clause compromissoire est l’engagement des parties à un contrat, de soumettre à l’arbitrage, les contestations
qui pourraient naître de ce contrat.
Article 4. –
Le compromis est l’engagement par lequel les parties à une contestation déjà née, soumettent cette contestation
à un tribunal arbitral.
On peut conclure un compromis d’arbitrage même au cours d’une affaire pendante devant une juridiction.
Article 6. –
La convention d’arbitrage ne peut être établie que par écrit soit par acte authentique ou sous seing privé, soit par
procès-verbal d’audience ou procès-verbal dressé auprès du tribunal arbitral choisi.
La convention d’arbitrage est réputée établie par écrit, lorsqu’elle est consignée par les parties ou dans un
échange de lettre, de communications télex, de télégramme ou de tout autre moyen de communication qui en
atteste l’existence, ou encore, dans l’échange de conclusions en demande et de conclusions en défense, dans
lesquelles l’existence d’une convention d’arbitrage est alléguée par une partie et n’est pas contestée par l’autre.
L’argumentation de la Demanderesse vise en premier lieu à démontrer que son investissement est protégé par
le Code des Investissements de 1969 puisque celui-ci vise tous les investissements sans aucune qualification. La
Demanderesse explique qu’il ressort clairement du dossier que les autorisations nécessaires pour sa prise de
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participation dans la BFT avaient été sollicitées et obtenues, et que cette participation a fait l’objet d’un
agrément.
La Demanderesse soutient qu’à la suite de la demande de garanties juridiques, la Défenderesse a fait
expressément référence à l’article 20 du Code des Investissements. C’est cet engagement irrévocable de se
soumettre à l’arbitrage du CIRDI qui est à la base du consentement des deux parties à l’arbitrage. En effet,
l’agrément délivré par le Gouvernement à la suite de la demande d’ABCI suffit pour établir le consentement
requis par l’article 25 de la Convention CIRDI, surtout au vu du fait que l’article 20 n’impose aucun formalisme.
Séance du jeudi 12/10
La question la plus difficile que le Tribunal a à résoudre est sans doute celle concernant le consentement des
parties à l’arbitrage CIRDI.
Le Tribunal commence son examen en prenant note que les parties sont d’accord sur le fait qu’un
consentement est nécessaire pour mettre en œuvre une procédure d’arbitrage CIRDI conformément aux
dispositions de l’article 25 de la Convention de Washington. Les points de vue des parties s’opposent sur la
manière dont ce consentement doit être exprimé et les éventuelles conditions formelles requises à cet effet.
Pour la Défenderesse, il est nécessaire de rechercher un document indiquant clairement et par écrit que la
société ABCI a accepté l’offre d’arbitrage contenue à l’article 20 de la Loi de 1969, document qui, selon elle, ne
se trouve pas au dossier, ni ailleurs. Pour la Demanderesse, il est nécessaire de prendre en considération
l’ensemble des démarches et des échanges de correspondance, ainsi que d’autres documents intervenus lors
de la réalisation de son investissement, qui démontrent qu’en effet son consentement a été donné.
La question qui reste à trancher est celle de savoir si l’offre d’arbitrage CIRDI contenue à l’article 20 de la Loi a
été acceptée par la Demanderesse, et si cette acceptation est intervenue pendant que l’offre était en vigueur. Il
faut remarquer dans le cas de cet article qu’une acceptation de l’offre ne donne pas naissance seulement à un
droit de l’investisseur d’agir contre l’Etat, comme c’est normalement le cas, mais donne aussi à l’Etat le droit de
recourir à l’arbitrage à l’encontre de l’investisseur.
Le Tribunal n’a pas de doute quant à l’importance du consentement comme condition fondamentale de sa
compétence. Le seul fait que l’arbitrage soit prévu dans la législation nationale n’est pas en principe suffisant
pour établir l’accord nécessaire à cet effet. Cette offre doit être suivie d’une acceptation de l’investisseur.
Le Tribunal remarque que la Convention de Washington n’établit pas une manière unique pour exprimer le
consentement des parties. Ceci permet de rechercher l’expression de ce consentement dans les différents
éléments qui interviennent dans la rencontre de volontés qui conduisent à un arbitrage.
Cette acceptation ne s’exprime pas d’une seule manière. Normalement, une acceptation écrite peut s’exprimer
dans une lettre formelle. Mais, il peut y avoir aussi d’autres manifestations écrites qui sont indicatives de la
volonté de l’investisseur à cet égard. En l’espèce, bien qu’une lettre formelle n’existe pas, tous les éléments
nécessaires pour établir que la volonté de l’investisseur d’accepter l’offre d’arbitrage a été manifestée de
manière convaincante, sont réunis.
En l’espèce la séquence de la correspondance échangée entre les parties indique que tant l’investisseur que le
Gouvernement ont consenti aux garanties juridictionnelles envisagées par la Loi de 1969. En effet, l’investisseur
a demandé de manière réitérée ces garanties, notamment dans sa lettre du 15 avril 1982, et le Gouvernement
a donné son agrément exprès en date du 23 avril 1982. Cette dernière date est par conséquent la date du
consentement à l’arbitrage.
Le Tribunal conclut donc qu’il est compétent pour connaître de ce différend au titre de la
Loi tunisienne de 1969 portant Code des investissements.
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Article 61. -
Le tribunal arbitral statue sur sa propre compétence et sur toute opposition relative à l’existence ou à la validité de
la convention d’arbitrage. A cette fin, la clause compromissoire, insérée dans le contrat, est considérée comme
une convention distincte de ses autres clauses. La constatation de nullité du contrat par le tribunal n’entraîne pas
de plein droit la nullité de la clause compromissoire.
Article 52. –
Le tribunal saisi d’un différend sur une question faisant l’objet d’une convention d’arbitrage, renverra les parties
l’arbitrage si l’une d’entre elles le demande au plus tard lorsqu’elle soumet ses premières conclusions sur le fond
du différend, à moins qu’il ne constate que ladite convention est nulle, inopérante ou non susceptible d’être
exécutée.
Article 13. –
L’arbitrage peut être ad hoc ou institutionnel.
En cas d’arbitrage ad hoc, le tribunal arbitral se chargera de l’organiser en fixant la procédure à suivre, sauf si les
parties en conviennent autrement ou choisissent un règlement d’arbitrage déterminé.
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En cas d’arbitrage porté devant une institution d’arbitrage, celle-ci se chargera de l’organiser conformément à son
règlement.
Dans tous les cas, seront respectés, les principes fondamentaux de la procédure civile et commerciale, et
notamment les règles relatives aux droits de la défense.
Internationalité de l’arbitrage
Le commerce est international quand il ne se déroule pas entièrement dans la sphère
économique d'un seul Etat. Il en est ainsi en cas de mouvement des biens, des services,
par-delà des frontières. Pour que l'opération soit internationale il faut que l'opération
litigieuse intéresse par ses aspects économiques plus d'un Etat. Il faut que l'affaire implique
un mouvement de biens, de services ou de règlements à travers les frontières.
Mais ce critère économique n’a pas été entièrement retenu pour qualifier l’arbitrage
d’international. D’après les dispositions de notre code de l’arbitrage, cette qualification peut
résulter seulement de la volonté des parties lorsque celles-ci conviennent expressément que
l’objet de la convention d’arbitrage a des liens avec plus d’un pays ou si le lieu d’arbitrage est
situé hors de l’Etat dans lequel les parties ont leur établissement. Les critères ainsi retenus
sont donc plus larges et plus arbitraires et ne coïncide pas nécessairement avec la notion du
commerce international. Il en résulte alors que l’arbitrage pourrait être qualifié d’international
pour des affaires de commerce interne.
Article 48. -
1. L’arbitrage est international dans l’un des cas suivants :
1. Si les parties à une convention d’arbitrage ont au moment de la conclusion de ladite convention, leur
établissement dans deux Etats différents.
2. Si l’un des lieux ci-après indiqués est situé hors de l’Etat dans lequel les parties ont leur établissement :
1. Le lieu de l’arbitrage, s’il est stipulé dans la convention d’arbitrage ou déterminé en vertu de cette
convention.
2. Tout lieu où doit être exécutée une partie substantielle des obligations issues de la relation
commerciale ou le lieu avec lequel l’objet du différend a le lien le plus étroit.
3. Si les parties sont convenues expressément que l’objet de la convention d’arbitrage a des liens avec plus
d’un pays.
4. D’une manière générale si l’arbitrage concerne le commerce international.
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statuer sur ces recours est une affirmation erronée puisqu’il résulte de la lecture de l’article 48 du code
d’arbitrage que le législateur a retenu une conception large de l’internationalité de l’arbitrage en cumulant à la
fois des critères juridique et un critère économique. Le législateur a, en effet, laissé aux parties la possibilité
d’internationaliser l’arbitrage de manière arbitraire de par leur seule volonté en fixant le lieu d’arbitrage en
dehors du territoire tunisien ou si elles sont convenues expressément que l’objet de la convention d’arbitrage a
des liens avec plus d’un pays alors que tous les éléments supposent qu’il s’agit d’un arbitrage interne.
L’ordre public s’intéresse, en réalité, à la connaissance des voies de recours contre la sentence arbitrale et sur
la détermination des tribunaux compétents afin de statuer sur ces recours et les délais de prescription et ceux –
ci sont liés à la qualification donnée par le tribunal arbitral à sa sentence. Si ce tribunal a qualifié sa sentence
d’internationale, le seul recours admis sera alors en annulation devant la Cour d’appel de Tunis et s’il l’aurait
qualifié d’interne, la sentence serait alors susceptible de recours en annulation ou éventuellement en appel
devant la Cour d’appel de la circonscription dans laquelle elle a été prononcée.
Le juge de l’annulation ou d’appel n’a pas de contrôle sur la qualification donnée à la sentence par le tribunal
arbitral et devrait s’abstenir de procéder de nouveau dans la question de la qualification…et toute démarche
contraire entrainerait une déviation des procédures et influencera négativement sur l’efficacité du régime de
l’arbitrage lui-même.
L’arbitrage est une forme de justice privée mais ne saurait échapper totalement au contrôle
de l’Etat. Partant de cette considération, notre législateur a cru bon d’insister sur deux idées
maitresses :
D’une part, accorder aux parties la plus grande liberté possible à tous les stades de
l’arbitrage et d’autre part, assurer à l’arbitrage l’assistance requise et le contrôle approprié.
C’est ce que nous nous proposons d’étudier dans les deux parties de cette étude.
L’arbitrage étant l’affaire des parties, il est tout à fait logique de leur laisser la pleine liberté
de l’organiser, voire d’en fixer les règles. C’est ainsi que le législateur ne doit intervenir que
dans des plages laissées vides par les parties ; c'est-à-dire en cas de silence des parties.
Il s’ensuit donc que la plupart des règles posées par le législateur concernant
l’organisation, la nomination des arbitres, la procédure ne peuvent être que des règles
supplétives.
On le vérifie en examinant d’abord les questions relatives à la composition du Tribunal
arbitral et à la procédure, ensuite celles relatives aux pouvoirs de l’arbitre et aux recours
contre la sentence.
A) Liberté dans la composition du tribunal arbitral et dans le choix des règles
régissant la procédure
Ces deux questions sont celles qui commandent l’issue de l’arbitrage. Elles doivent
naturellement revenir à la volonté des parties.
Article 10. –
L’arbitre doit être une personne physique, majeur, compétent et jouir de tous ses droits civils. Il doit être
indépendant et impartial vis-à-vis des parties.
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Si la convention d’arbitrage a désigné une personne morale, la mission de cette dernière se limite à désigner un
tribunal arbitral.
Le juge ou l’agent public peut être arbitre à la double condition de ne pas faillir à ses fonctions principales et
d’obtenir, préalablement à toute mission d’arbitrage, une autorisation de l’autorité compétente.
L’agent public, doit, en outre, veiller à ce que la mission n’affecte pas les intérêts de l’administration.
Article 57. –
1- Lorsqu’une personne est pressentie, en vue de sa nomination éventuelle en qualité d’arbitre, elle doit signaler
toutes causes de nature à soulever des doutes légitimes sur son impartialité ou sur son indépendance. A partir de
la date de sa nomination et durant toute la procédure arbitrale, l’arbitre doit signaler sans tarder de telles causes
aux parties, à moins qu’il ne l’ait déjà fait.
2- Un arbitre ne peut être récusé que s’il existe des causes de nature à soulever des doutes légitimes sur son
impartialité ou son indépendance, ou si celui-ci ne possède pas les qualifications convenues par les parties.
2) La procédure arbitrale
Les dispositions de notre code relatives à la procédure ne s’appliquent que si le lieu de
l’arbitrage est situé sur le territoire tunisien ou ces mêmes dispositions ont été choisies, soit
par les parties, soit par le Tribunal Arbitral.
Article 47. -
1. Le présent chapitre s’applique à l’arbitrage international et ne porte pas atteinte aux accords internationaux
en vigueur pour l’Etat Tunisien.
2. A l’exception des dispositions des articles 53, 54, 80, 81 et 82 du présent code, les dispositions du présent
chapitre ne s’appliquent que si le lieu de l’arbitrage est situé sur le territoire tunisien ou, si ces mêmes
dispositions ont été choisies, soit par les parties, soit par le tribunal arbitral.
Même si l’arbitrage se déroule sur le territoire tunisien les parties restent libres du choix de la procédure et
peuvent ainsi écarter les dispositions du code.
Article 64. -
1. Sous réserve des dispositions du présent chapitre, les parties sont libres de convenir de la procédure à
suivre par le tribunal arbitral.
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2. Faute d’une telle convention, le tribunal arbitral peut, sous réserve des dispositions de la présente loi,
procéder à l’arbitrage comme il le juge approprié. Les pouvoirs conférés au tribunal arbitral comprennent celui de
juger de la recevabilité, de la pertinence, de l’efficacité et de l’importance de toute preuve produite.
Les parties jouissent donc d’une liberté très grande dans l’aménagement et le déroulement
de la procédure arbitrale, voire de l’instance arbitrale ; la justice n’interviendra qu’en cas de
nécessité c’est-à-dire, pour venir au secours des parties ou de l’arbitre en vue de faciliter le
déroulement du procès arbitral. Le législateur a consacré toute une section à cette question :
On soulignera plus particulièrement :
- leur liberté de convenir du lieu d’arbitrage,
- leur liberté de convenir de la langue ou des langues à utiliser dans la procédure arbitrale.
Ce n’est que faute d’accord que le Tribunal arbitral désignera la ou les langues à utiliser.
- Ce sont les parties qui déterminent le délai d’échange de mémoires, le nombre et les
dates des audiences, le recours ou non à un expert.
- Ce sont les parties qui peuvent convenir de la clôture de la procédure.
Mais quel que soit le choix des parties, en ce qui concerne la procédure, il y a des principes
fondamentaux qui doivent être respectés. En effet, le procès arbitral est d’abord un procès :
un différend soumis à une autorité en vue de lui trouver une solution qui sera respectée et
exécutée. Par conséquent, il faudrait suivre une procédure qui permettra aux parties de
présenter leurs prétentions, de les discuter et, au besoin de les prouver ; cette procédure, qui
doit être souple, peu formaliste, doit nécessairement garantir le déroulement d’un procès
loyal, voire équitable.
Pour ce faire, la plupart des systèmes juridiques ont consacré des principes fondamentaux,
des principes directeurs régissant le déroulement de tout procès.
La loi modèle de la CNUDCI en a posé les plus importants :
- L’égalité de traitement des parties,
- Le droit doit être entendu et le principe du contradictoire,
- La liberté des parties pour fixer la procédure arbitrable.
Notre code de l’arbitrage, qui a repris presque intégralement les dispositions de la loi
modèle de la CNUDCI, a consacré ces principes à l’article 63.
Article 63. –
Les parties doivent être traitées sur un pied d’égalité et chaque partie doit avoir toutes possibilités de faire valoir
ses droits.
Article 13 alinéa 3. –
Dans tous les cas, seront respectés les principes fondamentaux de la procédure civile et commerciale et
notamment les règles relatives de la défense.
Le principe d’égalité exige de l’arbitre qu’il fasse bénéficier chaque partie d’un traitement
semblable à situation égale. Le droit d’être entendu confère à chaque partie la faculté
d’exposer à l’arbitre tous ses moyens de fait et de droit sur l’objet du litige et de rapporter
toutes preuves nécessaires, le droit d’assister aux audiences et le droit de se faire assister
ou représenter devant l’arbitre. Quant à son corollaire, à savoir le principe du contradictoire,
il garantit à chaque partie la faculté de se déterminer sur les moyens de fait et de droit de
son adversaire d’examiner et de discuter les preuves rapportées par lui et de les réfuter par
ses propres preuves.
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Arrêt de la Cour d’appel de Tunis N°61133 du 19 octobre 1999
Le législateur a distingué en matière d’arbitrage entre les règles fondamentales de procédure et celles qui ne le
sont pas et n’a prévu la nullité que pour la violation des règles fondamentales.
Le fait de ne pas présenter la requête introductive d’instance lors de la première audience du tribunal arbitral
ne constitue pas une violation d’une règle procédurale fondamentale dans la mesure qu’elle n’a pas de rapport
avec les principes du respect du droit de la défense, du contradictoire, de l’égalité entre les parties au conflit et
de l’impartialité du tribunal arbitral.
Arrêt de la Cour d’appel de Tunis N°33 26 octobre 1999
Même si la justice tunisienne retient le principe du double degré de juridiction, le choix de l’arbitrage implique
la renonciation au deuxième degré de juridiction à moins que les parties en décident autrement.
Cassation civ N° 4674 du 18 janvier2007
La susceptibilité d’interjeter appel contre une sentence arbitrale est une question d’ordre public et c’est au
tribunal de la soulever d’office et le fait que la sentence arbitrale internationale n’est susceptible de recours
qu’en annulation conformément aux dispositions de l’article 78 du code d’arbitrage et ne peut faire l’objet
d’appel constitue une règle procédurale impérative.
Arrêt de la Cour d’appel de Tunis N° 68 du 12 juin 2001
Il ressort de l’article 42 du code d’arbitrage qui a énuméré de manière limitative les causes de nullité que le
manque de motivation ne constitue pas une cause susceptible d’entrainer la nullité de sentence arbitrale
Article 14. –
Les arbitres doivent appliquer le droit, à moins que les parties ne leur confèrent, dans la convention d’arbitrage, la
qualité d’amiables compositeurs. Ils ne sont pas, dans ce cas, tenus d’appliquer les règles de droit, et statuent en
équité.
Lorsqu’il s’agit d’un arbitrage en droit comme c’est souvent le cas, ce sont les parties qui
vont fixer le droit applicable et ce en application du principe de l’autonomie de la volonté. Ce
n’est qu’à défaut de choix que les arbitres sont autorisés à appliquer les règles de droit qu’ils
estiment appropriées.
Article 73. -
1. Le tribunal arbitral tranche les différends conformément à la loi désignée par les parties.
2. A défaut d’une telle désignation, le tribunal arbitral applique la loi qu’il estime appropriée.
3. Le tribunal arbitral peut statuer selon les règles de l’équité si les parties l’y ont expressément autorisé.
4. Dans tous les cas, le tribunal arbitral statue sur le différend conformément aux stipulations du contrat en
tenant compte des usages du commerce applicables à la transaction.
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- Des rapports de subordination : en raison des fonctions de souveraineté inhérentes au
pouvoir judiciaire et, partant, à l’Etat : Cette justice privée ne peut être livrée à elle-même et
échapper à tout contrôle judiciaire.
Nous étudierons donc la question du rapport de l’arbitrage avec la justice en deux parties :
L’assistance et le contrôle.
A) L’Assistance
L’arbitrage prend sa source dans la convention des parties. Il est normal donc que le pouvoir
judiciaire prête son concours pour l’exécution de l’accord des parties ou faciliter son
exécution et éviter ainsi le blocage de la procédure arbitrale par des manœuvres dilatoires.
Le pouvoir judiciaire apporte aussi son concours pour faciliter l’exécution de la sentence
arbitrale et ce, en ordonnant les mesures provisoires ou conservatoires adéquates.
Mais il est d’une grande importance de n’autoriser le pouvoir judiciaire à s’immiscer dans la
procédure arbitrale que lorsqu’il le juge réellement nécessaire ; c’est ce qu’a consacré le
code (art.32).
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semble à l’heure actuelle favorable à cette extension. Notre code, sur cette question a
préféré adopter la solution consacrée par ce droit comparé.
Article 54. –
La demande par une partie au juge de référé, avant ou pendant la procédure arbitrale, d’une mesure
conservatoire provisoire n’est pas incompatible avec une convention d’arbitrage. Le juge de référé peut, sur cette
demande, prendre une mesure provisoire.
Article 62. –
Sauf convention contraire des parties, le tribunal arbitral peut, à la demande d’une partie, ordonner toute mesure
provisoire ou conservatoire qu’il juge nécessaire.
Si la partie intéressée ne s’y conforme pas, le Tribunal arbitral peut demander assistance au Premier Président
de la Cour d’Appel de Tunis.
Lundin Tunisia B.V. v. Tunisian Republic
SENTENCE 22 décembre 2015
Demande de mesures conservatoires
Par courrier en date du 12 mai 2015, la Demanderesse a soumis une requête de mesures conservatoires sur la
base de l’article 47 de la Convention CIRDI demandant au Tribunal qu’il ordonne à la Défenderesse de
suspendre jusqu’au terme de l’arbitrage, la procédure pendante devant la Cour d’appel de Tunis et relative à
l’arrêté de taxation d’office émis à l’encontre de la Demanderesse.
Par courrier du 15 mai 2015, la Demanderesse a pris acte des écritures de la Défenderesse et notamment de sa
déclaration « [de] ne pas objecter à la demande de report formulée par la Demanderesse, et qu’elle exprimera
cette demande le 20/05/2015 devant la Cour d’appel de Tunis » et de ne pas procéder à l’exécution de l’arrêté
de taxation d’office jusqu’à ce que le Tribunal tranche le fond du litige. La Demanderesse a retiré sa demande
de mesures conservatoires datée du 12 mai 2015. Le Tribunal en a pris acte par courrier du 15 mai 2015.
B) Le contrôle
Le contrôle qu’exerce le pouvoir judiciaire sur l’arbitrage vise essentiellement deux
questions jugées d’une grande importance : la compétence du Tribunal Arbitral et le respect
des droits de la défense et de l’ordre public.
C’est un contrôle nécessaire pour le développement de l’arbitrage. Il va de l’intérêt de la
justice d’une façon générale d’organiser un contrôle minimum sur cette justice privée qu’est
l’arbitrage.
Mais le contrôle n’est pas la révision ; le but recherché est de s’assurer que la volonté des
parties a été respectée d’une part, et que l’ordre public n’a pas été violé, d’autre part.
1) Le contrôle de la compétence
Les arbitres disposent toujours de la "compétence-compétence". Elle désigne la compétence
de l'arbitre pour statuer sur sa propre compétence.
Les parties, pour contester le pouvoir juridictionnel des arbitres, peuvent tout d'abord
contester la validité, voire l'existence, de la convention principale qui comprend la clause
compromissoire. La contestation des parties peut également porter sur la convention
d'arbitrage elle-même, les parties invoquant là encore, soit son inexistence, soit sa validité,
sur lesquelles devront donc se prononcer les arbitres.
Ces exceptions soulevées ne peuvent être jugées que par le tribunal arbitral saisi qui est
ainsi seul compétent de juger de sa compétence.
Article 61.1 :
Le tribunal arbitral statue sur sa propre compétence et sur toute opposition relative à l’existence ou à la validité de
la convention d’arbitrage. A cette fin, la clause compromissoire, insérée dans le contrat, est considérée comme
une convention distincte de ses autres clauses. La constatation de nullité du contrat par le tribunal n’entraîne pas
de plein droit la nullité de la clause compromissoire.
Le contrôle de la compétence exercé par le pouvoir judiciaire est donc exceptionnel. Il
pourrait toutefois s’exercer à l’occasion du recours en annulation et aussi à l’occasion d’une
demande de la reconnaissance et de l’exequatur de la sentence arbitrale. Ces différents
recours sont ouverts pour contrôler le respect des droits de la défense et de l’ordre public.
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2) Le contrôle du respect de l’ordre public et des droits de la défense
Il s’agit d’un contrôle minimum qu’exigent l’idée de justice et le respect de la souveraineté.
Ceci s’est traduit par l’abandon de l’application du principe du double degré de juridiction et
la limitation des voies de recours. Les sentences arbitrales ne sont pas susceptibles de
recours en appel. Le seul recours possible est ainsi le recours en annulation
En conséquence le contrôle judiciaire va s’exercer à deux occasions : le recours en
annulation et la reconnaissance et octroi de l’exequatur.
a- Recours en annulation
La célérité qu’exige le monde des affaires commande une solution rapide des différends
qui surgissent entre les partenaires commerciaux.
Ceci s’est traduit par la limitation des voies de recours au strict nécessaire pour une bonne
justice.
Article 78. -
1. La sentence arbitrale n’est susceptible que du recours en annulation. Dans ce cas, la procédure à suivre, sera
celle prévue aux paragraphes deux et trois du présent article.
2. La Cour d’Appel de Tunis ne peut annuler une sentence arbitrale que dans les deux cas suivants :
1. lorsque l’auteur de la demande en annulation apporte une preuve établissant l’un des éléments ci-après :
1. qu’une partie à la convention d’arbitrage visée à l’article 52 du présent code était frappée d’une
incapacité, ou que ladite convention n’est pas valable en vertu de la loi à laquelle les parties l’ont soumise ou, à
défaut du choix de la loi applicable, en vertu des règles du droit international privé.
2. qu’il n’a pas été dûment informé de la nomination d’un arbitre ou de la procédure d’arbitrage, ou qu’il
lui a été impossible, pour une autre raison, de faire valoir ses droits.
3. que la sentence arbitrale porte sur un différend non visé dans le compromis, ou non compris dans la
clause compromissoire, ou qu’elle a statué sur des questions n’entrant pas dans le cadre du compromis ou de la
clause compromissoire. Toutefois si les dispositions de la sentence qui ont trait à des questions soumises à
l’arbitrage peuvent être dissociées de celles qui ont trait à des questions non soumises à l’arbitrage, seule la
partie de la sentence statuant sur les questions non soumises à l’arbitrage pourra être annulée.
4. que la constitution du tribunal arbitral, où la procédure arbitrale suivie n’était pas conforme aux
stipulations d’une convention d’arbitrage en général, à un règlement d’arbitrage choisi, à la loi d’un pays retenue
comme applicable ou aux règles édictées par les dispositions du présent chapitre relatives à la constitution du
tribunal arbitral.
2. Lorsque la cour estime que la sentence arbitrale est contraire à l’ordre public au sens du droit
international privé.
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