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L’ARBITRAGE

En principe lorsque des personnes ont un litige, elles doivent s’adresser aux juridictions
étatiques (cours et tribunaux) pour régler leur problème. Mais en matière commerciale, les
commerçants ont fréquemment recours à l’arbitrage pour régler leur différend. Cela est dû au
fait que le commerçant y trouve trois avantages :

1er avantage : La justice arbitrale est une justice rapide.


La plupart des voies recours sont fermées

2ème avantage : La justice arbitrale est une justice discrète.


Contrairement à ce qui se passe en matière civile, en matière d’arbitrage, les décisions ne sont
pas rendues en audience publique. Seules les parties sont au courant de la décision

3ème avantage : L’arbitre peut rendre ses décisions en équité.


Beaucoup de leurs décisions sont prises en équité et non sur le fondement de la règle de droit.
L’arbitre doit trancher le litige conformément aux règles de droit, il doit appliquer la loi, mais
les parties peuvent l’en dispenser. On dit qu’il statue en Amiable Compositeur. Dans ce cas, il
devra statuer en Equité (il devra retenir la décision la plus équitable).

Il existe deux types d’arbitrage en matière commerciale : l’arbitrage Ad Hoc et l’arbitrage


institutionnel.

- L’arbitrage Ad Hoc est celui dans lequel les parties trouvent elles-mêmes l’arbitre ou 2 des
arbitres qui doivent choisir un 3ème arbitre pour constituer le tribunal arbitral et le local qui
abritera et la préparation et le déroulement du procès.

a) En cas d'arbitrage par trois arbitres, chaque partie nomme un arbitre et les deux arbitres
ainsi nommés choisissent le troisième arbitre ; si une partie ne nomme pas un arbitre dans un
délai de trente jours à compter de la réception d'une demande à cette fin émanant de l'autre
partie, ou si les deux arbitres ne s'accordent pas sur le choix du troisième arbitre dans un délai
de trente jours à compter de leur désignation, la nomination est effectuée, sur la demande
d'une partie, par le juge compétent dans l’État partie.

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b) En cas d'arbitrage par un arbitre unique, si les parties ne peuvent s'accorder sur le choix de
l'arbitre, celui-ci est nommé, sur la demande d'une partie, par le juge compétent dans l’État
partie

- L’arbitrage Institutionnel est celui dont l’organisation est confiée à un centre d’arbitrage
qui propose des arbitres et fournit le local. Selon la nature du centre, on distingue 2 types
d’arbitrage institutionnel : celui organisé par les institutions permanentes internes d’une part
et celui organisé par la Cour Commune de Justice et d’Arbitrage (elle propose des arbitres
agréés, le local et organise l’arbitrage. Dans le cas où les parties choisissent leurs arbitres,
elles les confirment).
Quelle que soit l’équipe d’arbitrage, il faut toujours un accord de volonté des parties car
l’arbitre n’est pas investi de manière permanente du pouvoir de juger. Cet accord de volonté
s’appelle Convention d’Arbitrage.

§ 1 : La Convention d’Arbitrage

Il existe deux types de conventions d’arbitrage: le Compromis et la Clause Compromissoire.


- Le compromis : C’est la convention par laquelle deux parties qui ont un litige déjà né
décident de soumettre leur différend à un ou plusieurs arbitre.
- La Clause Compromissoire : Clause insérée dans le corps d’un contrat par laquelle les
deux parties contractantes prennent l’engagement de soumettre à l’arbitrage tous les
litiges qui naîtront de ce contrat.

A : La Formation de la Convention d’Arbitrage

I. La validité de la convention d’arbitrage

a. Conditions de fond :
Pour les conditions de fonds, il deux problèmes.

-D’une part les personnes qui peuvent passer une convention, c’est le problème de
l’arbitrabilité subjective.

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Ne peuvent aller à l’arbitrage que les personnes capables y compris l’État et les Collectivités.
Avant l’OHADA, toute clause compromissoire ainsi que tout compromis passé par un civil ou
une personne morale de droit public était frappé de nullité. Ce n’est plus le cas, aujourd’hui,
les conventions d’arbitrage passées par des personnes non commerçantes ou par des
personnes morales de droit public sont aussi valables que les conventions signées par les
commerçants.

-D’autre part les litiges soumis à l’arbitrage : ne sont soumis aux arbitres que les litiges
portant sur des droits dont les parties ont la libre disposition, c’est-à-dire d’ordre contractuel
ou les droits patrimoniaux, C’est l’Arbitrabilité Objective.

b. Conditions de forme :

La convention d’arbitrage doit être constatée par écrit ou par tout autre moyen permettant
d’en administrer la preuve (télex, e-mail …). Il faut noter que l’écrit n’est pas une condition
de validité mais une condition de preuve. Cela veut que même en l’absence d’écrit, la
convention d’arbitrage est valable mais il se posera le problème de sa preuve.

II. L’autonomie de la convention d’arbitrage :

On dit que la convention d’arbitrage est indépendante du contrat principal. Il peut arriver que
le contrat dans lequel la clause est incluse soit nul et que la clause ne le soit pas. La nullité du
contrat principal n’affecte pas la validité de la clause compromissoire.
Donc la nullité du contrat principal n’entraîne pas celle de la convention d’arbitrage. La
convention survit pour permettre aux parties de saisir un ou des arbitres en cas de litige y
compris le litige pouvant naître de la nullité du contrat principal.

B : Les effets de la convention


Il existe deux types d’effets :

I. L’obligation de soumettre les litiges à l’arbitre ou aux arbitres qui ne peuvent jamais
siéger en nombre paire (un ou trois). On ne peut plus abandonner l’arbitrage au profit des
cours et tribunaux même si l’une des parties conteste la compétence de l’arbitre en invoquant

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la nullité de l’arbitrage. Toutes les questions devront être soumises à l’arbitre qui du reste est
seul habilité à se prononcer sur sa propre compétence. C’est la Compétence Compétence.
Le tribunal arbitral est aussi compétent pour se prononcer sur les questions relatives à
l'existence ou à la validité de la convention d'arbitrage

II. L’incompétence des juridictions étatiques : elle n’est pas absolue car le tribunal ne peut
pas de son propre chef prononcer son incompétence. C’est l’une des parties, en l’occurrence
le défendeur qui doit soulever l’exception d’incompétence in limine litis, c’est-à-dire avant
le début du procès et avant tout autre moyen de défense de fond, pour informer le tribunal de
l’existence de la convention. Alors deux cas peuvent se présenter :

- soit un arbitre a déjà été saisi, dans ce cas le tribunal doit se déclarer incompétent,
- soit un arbitre n’a pas encore été saisi, dans ce cas aussi le tribunal doit se déclarer
incompétent sauf si la convention est manifestement nulle. La convention est manifestement
nulle si un examen superficiel permet d’en déceler la nullité. Ex : litige à propos d’héritage,
de succession, de divorce.

Toutefois, l'existence d'une convention d'arbitrage ne fait pas obstacle à ce qu'à la demande
d'une partie, un tribunal, en cas d'urgence reconnue et motivée ou lorsque la mesure devra
s'exécuter dans un État non partie à l'OHADA, ordonne des mesures provisoires ou
conservatoires, dès lors que ces mesures n'impliquent pas un examen du litige au fond, pour
lequel seul le Tribunal arbitral est compétent.

§ 2: La sentence arbitrale

C’est aux parties de fixer la durée de la mission du tribunal arbitral. Si la convention


d'arbitrage ne fixe pas de délai, la mission des arbitres ne peut excéder six mois à compter du
jour où le dernier d'entre eux l'a acceptée. Le délai légal ou conventionnel peut être prorogé,
soit par accord des parties, soit à la demande de l'une d'elles ou du Tribunal arbitral, par le
juge compétent dans l’État partie.

L’arbitre ou le tribunal arbitral doit respecter les règles de procédure, mais il peut en être
dispensé par les parties. Il devra tout de même respecter le Principe du Contradictoire (Nul ne

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peut être jugé sans être entendu). Chaque partie doit être informée des arguments et des
moyens de preuve de son adversaire.

La décision rendue par l’arbitre s’appelle Sentence Arbitrale. Elle entraîne le dessaisissement
de l’arbitre : sa mission terminée, il ne peut plus se prononcer. Cependant il a toujours la
possibilité de rectifier les erreurs matérielles par lui commises. Il peut aussi réparer les
omissions. Par exemple s’il omet de se prononcer sur un chef de demande, il peut réparer en
rendant une sentence additionnelle.

En cas d’erreur matériel ou d’omission, la requête doit être formulée dans le délai de 30 jours
à compter de la notification de la sentence. Le tribunal dispose d'un délai de 45 jours pour
statuer. Si le tribunal arbitral ne peut à nouveau être réuni, ce pouvoir appartient au juge
compétent dans l’État partie.

La sentence est dotée de l’autorité de la chose jugée, mais elle n’a pas de Force Exécutoire.
Elle ne peut faire l’objet d’une exécution forcée car l’arbitre n’a pas le pouvoir de contraindre.
La sentence arbitrale n'est susceptible d'exécution forcée qu'en vertu d'une décision
d'exequatur rendue par le juge compétent dans l’État partie.
La partie qui établit l'existence de la sentence arbitrale peut demander la reconnaissance et
l'exequatur de la sentence arbitrale. C’est une procédure qui permet d’obtenir du juge la
possibilité de contraindre à l’exécution par l’apposition de la formule exécutoire.

Dans le cas d’un arbitrage Ad Hoc ou par une institution interne, c’est le président du tribunal
compétent en matière commerciale (tribunal de grande instance ou tribunal de commerce) qui
fait apposer la formule exécutoire.
Dans le cas de l’arbitrage par la Cour Commune de Justice et d’Arbitrage, c’est le président
de la CCJA qui délivre l’exequatur.

L’intérêt de l’arbitrage CCJA est que lorsqu’on y reçoit l’exequatur, on peut la faire appliquer
dans tous les États parties ; cela n’est pas possible lorsqu’il s’agit de l’exequatur délivré par le
Président du tribunal régional qui n’est valable qu’au Sénégal.

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§3 : Les voies de recours contre les sentences arbitrales

Les décisions n’étant pas rendues par les juridictions étatiques, les voies de recours pour
contester la décision des arbitres ne seront pas les mêmes. Ainsi si certaines voies de recours
sont ouvertes aux parties d’autres par contre leurs sont fermées.

A : Les trois voies de recours fermées

1°) L’Appel : C’est une voie de recours ordinaire de réformation qui permet de porter une
affaire ayant fait l’objet d’un jugement en premier ressort devant une juridiction
hiérarchiquement supérieure avec toutes les questions de fait et de droit que l’affaire
comporte. Il n’existe pas en matière d’arbitrage.

2°) L’Opposition : C’est une voie de recours ordinaire de rétractation qui permet de faire
revenir devant la même juridiction une affaire qui a fait l’objet d’un jugement par défaut. Il
n’existe pas en matière d’arbitrage.

3°) Le Pourvoi en Cassation : C’est une voie de recours extraordinaire (elle n’est ouverte
que dans les cas prévus par la loi) qui permet de faire contrôler la régularité formelle ou la
conformité aux règles de droit des décisions rendues en dernier ressort. Il n’existe pas en
matière d’arbitrage.

B : Les trois voies de recours ouvertes

1°) Le recours en annulation : Cette dénomination est propre à l’arbitrage Ad Hoc et à celui
organisé les institutions internes.
Cette voie s’ouvre :
- si le Tribunal arbitral a statué sans convention d'arbitrage ou sur une convention nulle ou
expirée; - si le Tribunal arbitral a été irrégulièrement composé ou l'arbitre unique
irrégulièrement désigné ;
- si le Tribunal arbitral a statué sans se conformer à la mission qui lui a été confiée ;
- si le principe du contradictoire n'a pas été respecté ;
- si le Tribunal arbitral a violé une règle d'ordre public international des États signataires du
Traité. - si la sentence arbitrale n'est pas motivée

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Le recours en annulation doit être déposé au plus tard dans le délai d’un mois à compter de la
signification de la sentence munie de l'exequatur. Sinon il n’est plus recevable.

2°) La Tierce Opposition : Lorsque la sentence porte atteinte aux droits d’une personne qui
n’a été ni partie ni représentée, cette personne peut exercer ce recours. L’affaire revient
devant le même arbitre ou tribunal arbitral.

3°) Le Recours en Révision : Il est ouvert lorsqu’il y a découverte d’un fait qui serait de
nature à exercer une influence décisive et qui, avant le prononcé de la sentence, était inconnu
des arbitres et de la partie qui demande la révision. L’affaire revient également dans ce cas
devant le même arbitre ou tribunal arbitral.
Ces deux voies de recours – Tierce Opposition et Recours en Révision – peuvent à la limite
être considérées comme des voies de rétractation.

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