Vous êtes sur la page 1sur 3

La Convention des Nations Unies sur les accords de règlement internationaux

issus de la médiation (dite Convention de Singapour)


KAREL OSIRIS COFFI DOGUE (LL.D.)
Docteur en Droit des affaires de l’Université de Montréal, Canada
Gestionnaire des conflits - Médiateur et Arbitre Certifié et Agréé
Directeur des Etudes de l’ERSUMA-OHADA

Note de synthèse pour accompagner la présentation powerpoint.

L’article premier prévoit que la Convention s’applique aux accords de règlement


internationaux issus de la médiation qui sont conclus par écrit1 par des parties afin de
régler un litige commercial.

D’un point de vue matériel, la Convention porte sur le même champ matériel que l’Acte
uniforme de l’OHADA sur la médiation (AUM)2. Toutefois, une limitation matérielle de la
Convention de Singapour découle de l’exclusion de son champ d’application, des
accords de règlement conclus par un consommateur à des fins personnelles,
familiales ou domestiques de même que les accords de règlement relatifs au droit
de la famille, des successions ou du travail3.

Sont également exclus les accords de règlement qui sont exécutoires en tant que jugement
ou sentence arbitrale, le but étant d’éviter tout chevauchement possible avec des
conventions existantes ou futures, comme la Convention pour la reconnaissance et
l’exécution des sentences arbitrales étrangères4, la Convention sur les accords d’élection
de for5 et la Convention sur la reconnaissance et l’exécution des jugements étrangers en
matière civile ou commerciale6.

La Convention est ouverte à la signature des États et des organisations régionales


d’intégration juridique et économique comme l’OHADA, La CEDEAO, la CEMAC…,
(désignés sous le nom de « Parties »).

Les principales obligations incombent aux Parties à la Convention tant pour ce qui est de
l’exécution des accords de règlement que du droit d’une partie à un litige d’invoquer un
accord de règlement régi par la Convention.

1Article 1er paragraphe 1er de la Convention des Nations Unies sur les accords de règlement internationaux
issus de la médiation.
2 L’Acte Uniforme de l’OHADA Relatif à la Médiation adopté le 23 novembre 2017 et entré en vigueur le 16

mars 2018.
3 Article 1er 2ième paragraphe a et b.
4 Convention pour la reconnaissance et l’exécution des sentences arbitrales étrangères adoptées le 10 juin

1958 à New York et entrée en vigueur le 07 juin 1959.


5 Convention sur les accords d’élection de for conclue le 30 juin 2005 à la Haye.
6 Convention sur la reconnaissance et l’exécution des jugements étrangers en matière civile ou commerciale

conclue à la Haye le 2 juillet 2019.


Chaque Partie peut déterminer les règles de procédure à suivre lorsque la Convention ne
prescrit aucune exigence7. C’est en cela que la convention a un régime procédural que peut
compléter l’AUM. En effet, l’AUM prévoit des règles gouvernant la procédure8.

C’est également un des aspects sur lesquels ont insisté les Directives des Nations Unies
pour une médiation efficace lorsqu’on y lit que « la médiation étant une entreprise
volontaire, le consentement des parties en conditionne la viabilité de même que la durabilité
de l’issue »9.

Le statut du médiateur quant à lui fait appel à :

- l’obligation d’indépendance qui signifie que le médiateur ne doit pas être sous un
contrat de subordination à l’égard d’une des parties ;
- l’impartialité : au moment de sa désignation, le médiateur confirme dans une
déclaration écrite, son indépendance et son impartialité ainsi que sa disponibilité
pour assurer la procédure de médiation10. Elle est la pierre angulaire de la
médiation mais elle n’est pas synonyme de neutralité ;
- la disponibilité qui veut dire que le médiateur doit avoir du temps à consacrer à
toute la procédure jusqu’à l’obtention d’un accord. La convention quant à elle
prévoit des critères pour l’élaboration efficace d’un accord de règlement issu de la
médiation qui sont des principes.

Par ailleurs, certaines conditions sont requises pour se prévaloir d’un accord de
règlement. Ainsi, la partie au litige doit fournir à l’autorité compétente l’accord de
règlement signé par les parties et une preuve que celui-ci est issu de la médiation.
L’autorité compétente peut exiger tout document nécessaire afin de vérifier que les
exigences prévues dans la Convention ont été remplies11.

Selon une approche similaire à celle employée dans la Convention de New York, la
Convention de Singapour en son article 5 dresse une liste exhaustive de motifs en vertu
desquels un tribunal peut refuser d’admettre la demande ou le moyen introduit12. Ils
peuvent être classés en trois grandes catégories, suivant qu’ils concernent les parties au
litige, l’accord de règlement ou la procédure de médiation.

Elle prévoit deux motifs supplémentaires pour lesquels une juridiction peut, de sa propre
initiative, refuser d’admettre la demande ou le moyen introduit. Ces derniers ont trait à
l’ordre public et au fait que l’objet du différend n’est pas susceptible d’être réglé par
voie de médiation.

7 Article 3 de la Convention.
8 Article 4 de l’AUM. Si en l’absence de la convention, la partie qui a invité une autre partie à la médiation n’a
pas reçu d’acceptation de son invitation écrite dans les 15 jours de la date réception l’invitation ou à
l’expiration de tout autre délai qui y est spécifié, elle peut considérer l’absence de réponse comme rejet de
l’invitation à la médiation.
9 Directives des Nations Unies pour une Médiation efficace (DNUME), page 4, (logique de la Médiation).
10 Article 6- 1er paragraphe de l’AUM.
11 Article 4 de la Convention.
12 Article 5 de la Convention.
Afin que toute partie à un litige puisse bénéficier du cadre le plus avantageux pour faire
valoir un accord de règlement, il est accordé aux parties de se prévaloir d’un accord de
règlement de la manière et dans les mesures admises par les lois ou les traités13.

Néanmoins, la Convention tout comme, tout traité admet aussi des réserves14. Ainsi, une
Partie à la Convention peut, d’une part, déclarer qu’elle n’appliquera pas la Convention
aux accords de règlement auxquels elle est partie, ou auxquels toute entité publique ou
toute personne agissant au nom d’une entité publique est partie, dans la mesure précisée
dans la déclaration. Elle peut, d’autre part, déclarer qu’elle appliquera la Convention
uniquement dans la mesure où les parties au litige auront consenti à son
application.

Mais la Convention et ses réserves éventuelles s’appliquent uniquement aux accords de


règlement conclus après son entrée en vigueur à l’égard de la Partie concernée15. Elles ne
s’appliquent pas rétroactivement.

L’article 14 prévoit que l’entrée en vigueur de la convention à l’égard des parties


intervient six mois après dépôt du troisième instrument de ratification.

L’amendement16 quant à lui, peut émaner de toute partie et devra être soumis au
Secrétaire Général de l’Organisation qui, après avis des autres parties décide de sa suite
favorable ou non.

La dénonciation17 est prévue et peut émaner d’une partie mais doit être adressée par
écrit au dépositaire de la convention. Elle ne pourra jamais être « orale ».
Cette Convention est compatible avec l’Acte Uniforme de l’OHADA sur la médiation qui
lui sert d’outil de complémentarité. Les États OHADA ou l’Organisation elle-même ont
ainsi la possibilité de l’adopter comme volet complémentaire à l’Acte uniforme en vue de
la constitution d’un régime juridique exhaustif de la médiation.

13 Article 7 de la Convention.
14 Article 8 de la Convention.
15 Article 9 de la Convention.
16 Article 15 de la Convention.
17 Article 16 de la Convention.

Vous aimerez peut-être aussi