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EDITORIAL 03
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Du respect de l’autorité de la chose jugée
’immunité, dont bénéficient les personnes publiques contre lesquelles ne s’exercent pas les voies
d’exécution, justifiée par leurs missions de service public, ne saurait conduire à admettre qu’elles
.puissent se soustraire abusivement aux obligations nées, à leur encontre, de décisions de justice.
A quoi servirait-il de juger, si ce qui a été jugé pourrait ne pas être respecté ou être rejugé indéfiniment ?
La décision de la Chambre Administrative, saisie pour trancher un litige, ne servirait à rien si elle pouvait
être ignorée. La chose jugée a et doit avoir autorité, c’est-à-dire s’imposer, d’abord, aux parties et donc à
l’administration et, ensuite, à tous. La chose jugée doit être tenue pour la vérité, res judicata pro veritate
habetur, enseigne le droit. L’exception tirée de la chose jugée ou exception de chose jugée permet, devant
toutes les juridictions, d’obtenir le respect de ce qui a été jugé.
L’autorité de la chose jugée est un attribut de la décision juridictionnelle. Ses effets peuvent être systé-
matisés en trois (03) idées :
– ce qui a été jugé ne peut l’être à nouveau (si ce n’est en conséquence de l’exercice d’une voie de
recours contre la décision juridictionnelle) ;
Ces principes théoriques générés par l’autorité de la chose jugée jurent, trop souvent, de leur divorce
avec la réalité contentieuse de la Chambre Administrative. Celle-ci donne à voir que, fréquemment, dans le
contentieux de l’excès de pouvoir, l’autorité de la chose jugée est piétinée.
Par-delà la quérulence processuelle de certains requérants et de leurs conseils qui, refusant de se plier
aux décisions de justice qui ne confortent pas leurs désirs ou délires, se distraient à encombrer le prétoire
de la Chambre Administrative de requêtes répétitives, ayant le même objet et la même cause, il y a, surtout,
l’inexécution des arrêts par l’Administration. Certaines autorités administratives, sous des prétextes divers
et fallacieux, contestent et refusent d’exécuter les décisions de la Chambre Administrative lorsqu’elle annule
leurs actes infestés d’illégalités.
Pareille attitude, attentatoire à l’Etat de droit, est d’autant plus choquante que ces mêmes autorités
accueillent, toujours, chaleureusement les arrêts de rejet qui, repoussant les prétentions et allégations
des particuliers requérants, donnent, par voie de conséquence, une assise juridiquement fortifiée à leurs
décisions. Ils n’hésitent pas, dans ces cas de figure, à dresser lauriers aux Magistrats de la Tour
BICICI... qu’ils voueront aux gémonies dès lors qu’ils annulent, même pour illégalité avérée, leurs décisions.
BICICI...qu’ils
Il importe de rappeler, urbi et orbi, que dans un Etat de droit, l’administration ou, plus exactement, les
personnes publiques, comme les personnes privées ont l’obligation juridique de ne méconnaître aucune
décision juridictionnelle qui, par essence, est exécutoire. L’administration est tenue de respecter toutes les
décisions rendues par la Chambre Administrative, qu’elles soient, en référé, d’irrecevabilité, de rejet ou
d’annulation, qu’elles soient provisoires ou qu’elles aient autorité relative ou absolue de chose jugée.
Face aux dénégations de certaines autorités administratives, qui se rebellent contre les arrêts d’annulation
de leurs décisions, on rappellera que, dans le cadre du contentieux administratif, les actes administratifs
annulés sont réputés n’être jamais intervenus. L’annulation juridictionnelle opère avec effet rétroactif : non
seulement l’acte administratif n’existe plus, mais il doit aussi être considéré comme n’ayant jamais existé.
Dans un certain nombre de cas, la décision juridictionnelle d’annulation met fin au litige, mais n’exige
aucune mesure de la part de l’administration. Ce sont les hypothèses dans lesquelles l’annulation a pour
effet mécanique de remettre en vigueur l’acte administratif indûment retiré ou abrogé. Par exemple, dans
le cas d’une interdiction ou d’une sanction, l’annulation juridictionnelle atteint, par elle-même, son plein
effet et ne nécessite aucune mesure consécutive de la part de l’administration. Dans ces cas de figure,
l’Administration doit se limiter à ne rien faire qui soit en contradiction avec la chose jugée. Pour cette
exécution passive, il pèse sur l’Administration une double obligation d’abstention : elle ne doit plus appli-
quer l’acte administratif annulé, ni reprendre un acte identique à celui annulé.
Mais, le plus souvent, l’annulation ne suffit pas par elle-même. Au-delà des effets automatiques produits
par la disparition de l’acte illégal, l’Administration doit assurer une exécution positive, tirer les conséquences
de ce qu’implique l’arrêt d’annulation. Dans cette situation, l’administration doit redécider pour combler le
vide créé par l’annulation, remplacer la décision annulée. L’autorité administrative, dont la décision prise sur
demande est annulée, se trouve à nouveau saisie de plein droit de cette demande. En raison de l’effet
rétroactif de l’annulation, l’autorité administrative est réputée n’avoir pas répondu à celle-ci. Elle est donc
tenue de statuer, de se prononcer sur cette demande après instruction. Les autorités administratives
doivent savoir que l’annulation, par la Chambre Administrative, du rejet d’une demande d’autorisation
d’occupation de terrain ou de permis de construire, par exemple, implique, de leur part, une nouvelle
décision. Elles restent saisies du dossier, sans même que les intéressés aient à renouveler leurs
demandes.
On ne saurait perdre de vue que, même si le recours pour excès de pouvoir a été célébré « comme la
plus merveilleuse création des juristes, l’arme la plus efficace, la plus économique qui existe au monde
pour défendre les libertés » par une doctrine en exaltation, son utilité réelle tient à ses conséquences
pratiques. Ce que le requérant souhaite, c’est que, dans la réalité de sa vie quotidienne, quelque chose, au
terme du recours, se trouve changé en mieux : qu’il puisse, par exemple, réintégrer la Fonction Publique
dont il a été illégalement révoqué, retrouver le terrain que l’Administration lui a arbitrairement retiré. Ce n’est
pas « l’annulation abstraite, platonique, la victoire morale de s’entendre dire qu’il a eu raison contre
l’administration qui l’intéresse », comme le faisait remarquer le Huron de Rivero.
L’effectivité de la justice administrative, qui ne dispose pas de voies d’exécution à l’encontre de l’adminis-
tration, la crédibilité de la Chambre Administrative, juge de la légalité, qui ne peut substituer sa décision à
l’acte administratif, dépendent, pour une large part, de l’exécution, par l’Administration, des décisions juridic-
tionnelles qu’elle rend. La bonne exécution des décisions de justice est une exigence fondamentale de l’Etat
de droit et de la démocratie. Cette exigence s’impose, avec une force particulière à la justice administrative
qui connaît des litiges opposant citoyens et Administrations et qui se trouve ainsi amenée, le cas échéant, à
censurer des abus de pouvoir.
Le législateur, en donnant la faculté à la Chambre Administrative d’infliger des amendes pour recours
abusif, lui a offert le moyen de lutter contre les requérants impulsifs ou d’habitude. Il lui reste à doter cette
juridiction de moyens juridiques, tels les pouvoirs d’injonction et d’astreintes pour assurer l’exécution de ses
décisions, partant de donner un plein effet à l’autorité de la chose jugée.
KOBO Pierre-Claver
Président de la Chambre Administrative
Le référé administratif fait l’objet, manifestement, On ne s’étonnera guère que le législateur ait
de défaveur de la part des requérants. Autant le confié les fonctions de juge de référé, qui
référé civil est l’objet de sollicitations frénétiques, au impliquent une décision rapide sur des thèmes
point que le juge civil du référé du Tribunal d’instance divers, au premier responsable de la juridiction, qui
et celui de la Cour d’Appel ont pris la mauvaise est souvent le plus expérimenté des magistrats de la
habitude de franchir, intempestivement, l’espace de Cour, à défaut d’être le plus averti des subtilités du
leur compétence pour s’introduire, fâcheusement, droit et des procédures contentieuses. N’est-ce pas à
dans des litiges mettant en cause la légalité d’actes lui qu’il incombe, en premier lieu, de garantir l’unité,
administratifs provoquant ainsi le rappel à l’ordre la cohérence, la stabilité et la prévisibilité de la
vigoureux de la Chambre Administrative (voir arrêt n° jurisprudence ? Le juge des référés, juge de l’ur-
31 du 26 février 2014, Roger TABA C/ KOUASSI gence, est également un juge dans l’urgence, tenu de
Amany De Pierre Messmer ; arrêt n° 36 du 18 février mettre tout en œuvre, lorsque la situation l’implique,
2015, Jacques AKA & Roger TABA C/ N’GUESSAN pour statuer en temps utile sur les conclusions dont il
Yao), autant le référé administratif devant la Chambre est saisi. Aux yeux du législateur, le Président de la
Administrative semblait être boudé jusqu’à ces Cour est le plus apte à organiser et à mettre en
dernières années. Prévaut, chez de nombreux pratique une telle procédure spécifique.
requérants, l’idée que le traitement de l’urgence est
étranger à la juridiction suprême. Celle-ci se révèle Quoi qu’il en soit, il est loisible au Président de la
impuissante à dire le droit dans des délais rapides. Il juridiction, lorsqu’il n’assure pas personnellement
y aurait comme une sorte d’antinomie entre le référé les fonctions de juge de référés, de désigner les
et la Chambre Administrative qui, par ses caractéris- magistrats qu’il estime les plus aptes à les assumer.
tiques, ne serait pas très disposée à l’accueillir. Au
point de vue de la procédure, l’instruction exclusive- Le recours à la formule du juge unique, en rupture
ment écrite, la collégialité des décisions, l’habitude de avec la collégialité propre aux juridictions, s’explique
traiter les dossiers dans leur ordre d’arrivée, et sur le par le souci d’assurer la célérité de l’instance et de
fond, le privilège du préalable, le caractère exécu- garantir un traitement rapide des demandes. On
toire des décisions administratives, l’effet non sus- observera à cet égard, qu’alors que le temps moyen
pensif des recours juridictionnels qui comptent au de traitement des requêtes devant la Chambre
nombre des traits saillants du droit administratif que Administrative est de plus de dix-huit (18) mois, les
la Chambre Administrative est appelée, le plus sou- référés sont traités dans un délai moyen de deux (02)
vent, à appliquer, peuvent accréditer cette idée. semaines. Certaines requêtes en référé ont pu être
Mais, ces caractéristiques ne sauraient, pour autant, examinées en une semaine et cela dans le respect
éclipser la richesse, la subtilité et l’évolution perma- du principe du contradictoire, avec l’échange d’écrits
nente du droit administratif et des juridictions admi- entre demandeurs et défendeurs.
nistratives qui savent prendre en compte l’urgence
(voir P.L. FRIER : l’urgence thèse LGDJ 1987).
A l’issue de l’examen des différentes offres, le L’importance de l’arrêt JAN DE NUL tient d’abord
PAA a notifié, le 4 avril 2014, à la société JAN DE à la nature de l’affaire sur laquelle il porte. La
NUL, l’attribution du marché pour un montant total Chambre Administrative de la Cour Suprême est, en
de 18.569.937.182 francs, et aux autres soumission- effet, rarement saisie d’affaires portant sur les
naires le rejet de leurs offres. marchés publics. Avant l’arrêt JAN DE NUL, cinq
(5) arrêts seulement avaient été rendus en la
Estimant les résultats de l’appel d’offres entachés matière. Il s’agit des arrêts :
d’irrégularités, la société DREDGING INTERNA-
TIONAL a, le 21 juillet 2014, adressé une lettre au – n°35 du 25 mai 2005, Etat de Côte d’Ivoire c. /
directeur général du PAA pour les contester. En GUEI MAMADOU ;
l’absence de réponse, elle a saisi, aux mêmes fins,
l’Autorité Nationale de Régulation des Marchés – n°41 du 27 JUIN 2007, Société INTERFLEX
Publics (ANRMP) le 31 juillet 2014. Dans ses deux AFRICARD CI c. / Ministre d’Etat, Ministre des
correspondances, la société DREDGING INTERNA- Transports ;
TIONAL contestait le fait que bien que son offre ait
été jugée seule « conforme administrativement, – n°24 du 21 avril 2010, Société HABITUDE DE
techniquement, et financièrement », elle n’a pas VERIFIER c. / Ministre de l’Economie et des
été retenue parce que le montant de sa « soumis- Finances, Ministre de l’Industrie et Ministre du
sion [qui s’élève à 29.955.559.874 francs] est Commerce ;
supérieur à l’enveloppe budgétaire prévue pour le
projet ». Elle reprochait à cet effet à la COJO de ne – n°17 du 27 février 2013, Société DRAGON-
l’avoir pas approchée dans le but de revoir ses prix COTE D’IVOIRE dite DRACI c. / ANRMP ;
à la baisse et « qu’une entreprise ayant plusieurs
insuffisances au plan technique, soit attributaire – n°144 du 29 octobre 2014, Société INTER-
du marché ». FLEX AFRICARD c. / Ministre des Transports.
Sur le fondement de cette saisine, l’ANRMP a L’arrêt JAN DE NUL consolide ainsi l’apparition
rendu deux décisions. Par décision n°024 du 2 d’un contentieux des marchés publics dont les
septembre 2014, intervenue en matière de différends requêtes se font plus fréquentes depuis l’arrêt
ou de litiges, elle a rejeté le recours de la société DRACI de 2013. En effet, outre les affaires société
DREDGING INTERNATIONAL. Mais, estimant que la INTERFLEX AFRICARD et JAN DE NUL, la
requête comportait un second recours, l’ANRMP a, Chambre Administrative a été saisie en 2014 de
par décision n°025 du 2 septembre 2014, intervenue deux (2) autres requêtes encore en instance.
en matière d’irrégularités, d’actes de corruption et de
pratiques frauduleuses, prononcé l’annulation des L’importance de l’arrêt JAN DE NUL tient ensuite
résultats de l’appel d’offres et ordonné la reprise de à la solution donnée par le juge. Par cet arrêt sur le
la procédure de passation du marché.
L’arrêt EDI OSSOHOU du 27 février 1974 est la Les droits de la défense imposent donc à l’Admi-
première décision qui consacre solennellement le nistration le respect du contradictoire, c’est-à-dire un
principe des droits de la défense dans la jurispru- débat, un échange d’arguments par écrit. Ainsi, avant
dence administrative ivoirienne. Les faits de cette la prise de sa décision, l’Administration doit-elle
espèce remontent à l’année 1971. Monsieur EDI informer l’intéressé des griefs qui lui sont reprochés
OSSOHOU, commissaire de police par intérim à afin de recueillir ses moyens de défense, ses obser-
Adzopé, avait été accusé d’avoir abusé de son vations, ses explications. Dès lors, le contradictoire
autorité pour acheter à un détenu une voiture. En con- permet à l’autorité administrative de statuer en con-
séquence de ces faits, il lui a été infligé un blâme avec naissance de cause en jaugeant du bien-fondé de la
inscription au dossier par le Directeur général de la sanction envisagée. Le non-respect de cette forma-
Sûreté nationale après son audition par l’Inspecteur lité, jugée substantielle, emporte l’annulation de la
général des Services de police. La Cour a annulé sanction administrative comme l’illustre une
cette sanction pour violation des droits de la défense jurisprudence abondante de la Cour (voir par exem-
au motif que « l’audition en forme d’interrogatoire de ple arrêt n°1 du 28 janvier 1987, ASSIELOU
police, dont a fait l’objet le sieur EDI OSSOHOU KOUTOU ; arrêt n°16 du 4 novembre 2000, DIGBEU
Séverin le 10 août 1971 n’était pas, de par son carac- GOZE Albert ; arrêt n°132 du 25 juillet 2001, LOUA
tère, son formalisme et le rapport de forces des par- ZOMI).
ties en présence, de nature à permettre au requérant
de s’exprimer librement, en dehors de toute pression, L’arrêt JAN DE NUL étend donc au contentieux
comme il eût pu le faire dans une véritable explica- des marchés publics le principe des droits de la
tion écrite » (arrêt n°1 du 27 février 1974, EDI OSSO- défense dont les illustrations s’étaient limitées
HOU).
jusque-là au contentieux de la fonction publique, de
la presse et de la chefferie traditionnelle.
Du contentieux de la Fonction Publique, les droits
de la défense se sont progressivement étendus au
Par-delà la jurisprudence, l’obligation de respecter
contentieux de la chefferie traditionnelle et au con-
les droits de la défense résultait en particulier du
tentieux de la presse. Dans l’affaire AKOSSI
décret n°2009-260 du 6 août 2009.
ERNEST (arrêt n°19 du 24 mai 2006, confirmée par
CHAMBRE ADMINISTRATIVE
LA COUR,
Vu la requête, enregistrée le 21 octobre 2014 au Secrétariat Général de la Cour Suprême sous le
numéro 2014-192 REP, par laquelle la Société JAN DE NUL SA, société anonyme de droit belge,
représentée par monsieur Filip MOROBE, Directeur Régional, ayant pour Conseil Maître MOHAMED
LAMINE FAYE, avocat à la Cour d’Appel d’Abidjan, y demeurant Abidjan-Plateau, Résidence du Front
Lagunaire, Escalier A, 2ème étage, 01 BP 265 Abidjan 01, téléphone : +225 20 22 56 26 / 27 téléfax
+225 20 22 56 29, courriel : cabinetfaye@aviso.ci ou mefaye@cabinetfaye.com, sollicite de la
Chambre Administrative, l’annulation, pour excès de pouvoir, de la décision n°025/14/ANRMP/crs du
02 septembre 2014 de la Cellule Recours et Sanction de l’Autorité Nationale de Régulation des
Marchés Publics (ANRMP) prononçant l’annulation des résultats de l’appel d’offres n° T 329 /2013
et la reprise de la procédure de passation du marché ;
Vu la décision attaquée ;
Vu les pièces desquelles il résulte que la requête, le 30 octobre 2014, et le rapport, le 02 décembre
2014, ont été communiqués au Ministère Public qui n’a pas produit d’écritures ;
Vu le mémoire en défense de l’Autorité Nationale de Régulation des Marchés Publics (ANRMP), parvenu
le 18 novembre 2014 au Secrétariat de la Chambre Administrative et tendant au rejet de la requête ;
Vu les observations du Port Autonome d’Abidjan, par le canal de son conseil Maître FOFANA NA
Mariam, parvenues le 21 novembre 2014 au Secrétariat de la Chambre Administrative, sollicitant une
solution rapide du litige ;
Vu le décret n°2009-259 du 06 août 2009 portant code des marchés publics modifié par le décret n°
2014-306 du 27 mai 2014 ;
Vu le décret n°2009-260 portant organisation et fonctionnement de l’ANRMP tel que modifié par le décret
n°2013-308 du 08 mai 2013 ;
Vu l’arrêté n°661 du 14 septembre 2010 fixant les modalités de saisine, les procédures d’instruction et
de décision de la Cellule Recours et Sanctions de l’A.N.R.M.P ;
Vu la loi n° 94-440 du 16 Août 1994 déterminant la composition, l’organisation, les attributions et le fonc-
tionnement de la Cour Suprême, modifiée et complétée par la loi n° 97-243 du 25 avril 1997 ;
OUÏ le Rapporteur ;
Considérant que le Port Autonome d’Abidjan (PAA) a procédé à un appel d’offres international n°
T329/2013 constitué d’un lot unique pour l’attribution du projet de remblaiement de la baie lagunaire de
Bietry, financé par la Banque Ouest Africaine de Développement (BOAD) ; que parmi les neuf (9) entre-
prises soumissionnaires, la Commission d’Ouverture des Plis et de Jugement des Offres (COJO) a, par
jugement en date du 04 mars 2014, attribué, provisoirement, le marché à la société JAN DE NUL SA;
qu’après les avis de non objection donnés par la Direction des Marchés Publics (DMP) et la Banque Ouest
Africaine de Développement (BOAD), le Port Autonome d’Abidjan (PAA), en sa qualité d’autorité contrac-
tante, a, par lettre du 14 juillet 2014, notifié l’attribution définitive du marché à la société JAN DE NUL SA ;
que par suite de sa saisine, le 31 juillet 2014, par la Société DREDGING INTERNATIONAL, un des soumis-
sionnaires évincé qui estimait que les résultats de l’appel d’offres étaient entachés d’irrégularités, l’Autorité
Nationale de Régulation des Marchés Publics (A.N.R.M.P) a, par décision n°025/14/ANRMP/CRS du 02
septembre 2014, notifiée le 05 septembre 2014 à la société JAN DE NUL SA, prononcé l’annulation des
résultats de l’appel d’offres et la reprise de la procédure de passation du marché en cause ;
Qu’estimant cette décision non fondée, la société JAN DE NUL SA a saisi le 21 octobre 2014 la Chambre
Administrative pour en solliciter l’annulation, après le rejet, le 14 octobre 2014, par l’Autorité Nationale de
Régulation des Marchés Publics (A.N.R.M.P) de son recours gracieux exercé le 30 septembre 2014 ;
EN LA FORME
Considérant que la requête de la société JAN DE NUL SA est intervenue dans les forme et délais
légaux ; qu’elle est recevable ;
AU FOND
Considérant qu’il est de principe que toute décision administrative prononçant une sanction doit être
prise à la suite d’une procédure contradictoire garantissant les droits de la défense ; que ceux-ci imposent
à l’autorité administrative d’aviser la personne concernée de la mesure qu’elle envisage de prendre ; que
l’autorité administrative ne peut prendre la mesure envisagée qu’après avoir pris connaissance des
observations de la personne concernée ;
Considérant qu’aux termes de l’article 18, alinéa 3, du décret n°2009-260 portant organisation et fonc-
tionnement de l’Autorité Nationale de Régulation des Marchés Publics (A.N.R.M.P) tel que modifié par le
décret n°2013-308 du 08 mai 2013, « toutes les procédures de règlement des litiges ou de prononcé de
sanctions portées devant la Cellule Recours et Sanctions doivent respecter le principe du contradic-
toire et garantir aux parties un traitement équitable » ;
Considérant cependant que, même à analyser ainsi la requête de la société DREDGING INTERNATIONAL
adressée le 31 juillet 2014 à l’Autorité Nationale de Régulation des Marchés Publics (ANRMP), le
prononcé de l’annulation, comme sanction, dans le cadre de cette procédure de dénonciation, doit
intervenir dans le respect des droits de la défense ;
Considérant qu’en l’espèce, la sanction consistant en une annulation a été prononcée sans que la
société JAN DE NUL SA, attributaire de l’appel d’offres, ait été mise en mesure de répondre aux griefs de
la société demanderesse et à la sanction envisagée à son encontre par l’Autorité Nationale de Régulation
des Marchés Publics (A.N.R.M.P) ; qu’il est constant que la sanction a été prononcée au regard des
irrégularités et insuffisances de l’offre de la société JAN DE NUL SA ; que cette sanction préjudicie princi-
palement à cette société qui, en la circonstance, n’a pu bénéficier du droit de se défendre avant le
prononcé de l’annulation à titre de sanction ;
Considérant qu’aux termes du code des marchés publics et de l’arrêté n°661 du 14 septembre 2010, la
Cellule Recours et Sanctions de l’ANRMP peut être saisie pour connaitre des « litiges » ou « différends »
d’une part, et en cas « d’irrégularités, d’actes de corruption et de pratiques frauduleuses » d’autre part ;
Considérant que ces deux modes de saisine se distinguent au regard de leur portée, leurs modalités et
leur instruction ;
Considérant que par requête adressée à l’ANRMP le 31 juillet 2014, ayant pour objet indiqué, « Recours
pour la contestation des résultats de l’analyse de l’Appel d’Offre International n° T 329/2013 relatif au
PROJET DE REMBLAIEMENT DE LA BAIE LAGUNAIRE DE BIETRY », la société DREDGING
INTERNATIONAL, qui est un soumissionnaire évincé, conteste l’attribution du marché à la société JAN DE
NUL SA au motif que, d’une part, seule « son offre a été jugée conforme administrativement, technique-
ment, et financièrement » au dossier d’appel d’offres (DAO) et, d’autre part, « qu’une entreprise ayant
plusieurs insuffisances au plan technique, soit attributaire du marché » ;
Considérant que cette requête doit être regardée dans son entièreté comme un recours en litige relevant
des articles 167 et 168 du code des marchés publics et du chapitre II de l’arrêté n°661 du 14 septembre
2010 fixant les modalités de saisine, les procédures d’instruction et de décision de la Cellule Recours et
Sanctions de l’ANRMP ; qu’il n’ y avait pas lieu, dans les circonstances de l’espèce, de voir dans cette requête
unique deux recours de nature différente, à savoir un recours en litige et un recours en dénonciation, comme
l’a fait l’A.N.R.M.P ; qu’il en est d’autant plus ainsi que la société DREDGING INTERNATIONAL a, avant la
saisine de l’Autorité Nationale de Régulation des Marchés Publics (A.N.R.M.P), satisfait à l’obligation du
recours administratif préalable qui est une exigence propre au recours en litige, en adressant un
courrier au Directeur Général du Port Autonome d’Abidjan le 21 juillet 2014 ; que par ailleurs, la société
DREDGING INTERNATIONAL, dans son mémoire en défense du 12 novembre 2014, s’est défendue
d’avoir exercé un recours en « dénonciation d’actes de corruption ou de pratiques frauduleuses, aucun de
ces termes n’étant exprimés dans ledit recours » ; qu’elle soutient qu’elle « s’est au contraire bornée à
exercer, comme elle y est autorisée par l’article 168 du Code des Marchés Publics, un recours auprès de
l’ANRMP tendant à la contestation des résultats de l’Appel d’Offres, après avoir relevé, dans le Rapport
de la COJO, que les offres formulées par les autres candidats présentent des insuffisances substantielles
et/ou des irrégularités » ;
Considérant qu’il résulte de tout ce qui précède, et sans qu’il soit besoin de statuer sur les autres
moyens de la requête, que la société JAN DE NUL SA est fondée à soutenir que l’Autorité Nationale de
Régulation des Marchés Publics (ANRMP) a commis un excès de pouvoir ; que dès lors, sa décision
encourt annulation ;
Article 1er : La requête n° 2014-192 REP du 21 octobre 2014 de la société JAN DE NUL SA est recevable
et fondée ;
Article 4 : Une expédition du présent arrêt sera transmise au Président de l’Autorité Nationale de
Régulation des Marchés Publics, au Directeur Général du Port Autonome d’Abidjan, au
Ministre de l’Economie et des Finances, au Directeur des Marchés Publics et aux Secrétaires
Généraux de la Présidence de la République et du Gouvernement ;
Ainsi jugé et prononcé par la Cour Suprême, Chambre Administrative, en son audience publique ordinaire
du TRENTE DECEMBRE DEUX MIL QUATORZE ;
CHAMBRE ADMINISTRATIVE
LA COUR,
Vu la requête, enregistrée le 18 août 2014 au Secrétariat Général de la Cour Suprême sous le numéro
2014-364 S/EX AD, par laquelle l’Union Nationale des Entreprises de Télécommunications (UNETEL),
ayant élu domicile en l’étude de la Société Civile d’Avocats BILE-AKA, BRIZOUA-BI et Associés, sise
7 Boulevard Latrille, Abidjan, Cocody, 25 BP 945 ABIDJAN 25, tél : 22 40 64 30, fax : 22 48 89 28,
email : mbk@aviso.ci, contact@bilebrizoua.ci, site web : www.bilebrizoua.ci, sollicite de la Chambre
Administrative le sursis à l’exécution de la note de service n° 081/MPMB/DGI/DLCD-SDL/Sba/01-
2014 du 16 janvier 2014 du Directeur Général des Impôts ;
Vu la décision attaquée ;
Vu les pièces desquelles il résulte que le Procureur Général près la Cour Suprême, à qui la requête, le
15 octobre 2014, et le rapport, le 02 décembre 2014, ont été transmis, n’a pas produit d’écritures ;
Vu le mémoire en défense du Directeur Général des Impôts, par le canal de son conseil, le cabinet
Traoré Bakari, parvenu le 07 novembre 2014 au Secrétariat de la Chambre Administrative, tendant à
voir la Cour déclarer la requête irrecevable, à défaut, la rejeter au fond ;
Vu les observations après rapport de l’Union Nationale des Entreprises de Télécommunications (UNETEL),
par le canal de son conseil la Société Civile d’Avocats BILE-AKA, BRIZOUA-BI et Associés, parvenues
le 15 décembre 2014 au Secrétariat de la Chambre Administrative ;
OUÏ le Rapporteur ;
Considérant que l’Union Nationale des Entreprises de Télécommunications (UNETEL), après avoir
contesté cette note de service par un recours pour excès de pouvoir présenté le 08 août 2014 devant la
Chambre Administrative de la Cour Suprême, saisit, à nouveau, ladite juridiction aux fins de prescrire qu’il
soit sursis à son exécution ;
Considérant que la requérante n’établit pas le caractère irréparable des préjudices qu’elle subit du fait
de la décision attaquée ; qu’elle se contente de simples allégations non accompagnées d’éléments propres à
démontrer des préjudices graves et immédiats ; que dès lors, en l’absence d’urgence, le sursis sollicité
ne peut être accordé, d’autant plus qu’il ressort de l’instruction que la mesure est déjà en exécution ;
/_) E C I D E
Article 1er : La requête n° 2014-364 S/EX AD du 18 août 2014 de l’Union Nationale des Entreprises de
Télécommunications (UNETEL) est rejetée ;
Article 3 : Une expédition du présent arrêt sera transmise au Directeur Général des Impôts, au Secrétaire
Général du Gouvernement ;
Ainsi jugé et prononcé par la Cour Suprême, Chambre Administrative, en son audience publique ordinaire
du TRENTE DECEMBRE DEUX MIL QUATORZE ;
Une fois la condition de l’urgence satisfaite, le Certes, dans la présente affaire, le juge a
requérant doit justifier l’existence de moyens accédé à la demande des requérants, mais il con-
sérieux de nature à faire douter de la légalité de vient de souligner que la réunion des deux conditions
l’acte attaqué. de fond exigées par la jurisprudence ne contraint pas
le juge, en l’occurrence la Chambre Administrative,
Cette seconde condition répond au souci de à ordonner le sursis. L’article 76 de la loi sur la Cour
refuser le privilège ou l’exception qu’est le sursis Suprême précise à cet égard que la Chambre
aux requérants qui articulent des moyens fragiles, Administrative « peut, après réquisition du Ministère
dilatoires ou fantaisistes. Le prononcé du sursis Public, à titre exceptionnel, prescrire qu’il soit
suppose des moyens sérieux et paraissant, en sursis à l’exécution de la décision administrative».
l’état de l’instruction, de nature à justifier l’annulation
de la décision attaquée. Le sursis ne peut être A l’instar des arrêts n°205 du 24 juillet 2013,
octroyé qu’à l’égard d’actes administratifs dont Kouamé N’guessan Fulgence et n°255 du 18
l’annulation est probable sinon certaine. décembre 2013, Société Oval Holding, l’arrêt
PAPAH Mobio et Autres illustre bien que le juge du
Dans l’arrêt PAPAH Mobio et Autres C /Ministre contrôle de la légalité, pour accorder le sursis à
de la Construction, la Chambre Administrative part l’exécution des décisions administratives, confronte
du constat que l’arrêt n°403 du 07 juin 2012 de la les arguments que développent les requérants aux
Chambre Judiciaire de la Cour Suprême a reconnu conditions exigées par la jurisprudence.
les droits coutumiers des requérants sur le lot
n°538 de l’îlot 37 du lotissement de la Riviera 4
extension Golf Complémentaire. Il y a là une
expression claire de l’autorité de la chose jugée par KOUTOU Aka Thomas
la Chambre Judiciaire. Dès lors que celle-ci a
reconnu aux requérants des droits coutumiers qui,
rappelons-le, en vertu de la loi n°98-750 du 23
décembre 1998 relative au domaine foncier rural
modifié par la loi n°2004-412 du 14 août 2004,
peuvent être transformés en droit de propriété
moderne, la Chambre Administrative tient ce point
pour acquis et en tire les conséquences. Elle
affirme d’ailleurs que : « l’existence de cette décision
CHAMBRE ADMINISTRATIVE
MINISTRE DE LA CONSTRUCTION,
DU LOGEMENT, DE L’ASSAINISSEMENT
ET DE L’URBANISME COUR SUPREME
LA COUR,
Vu la requête, enregistrée le 29 juillet 2014 au Secrétariat Général de la Cour Suprême sous le numéro
2014-331 S/EX ,par laquelle Messieurs PAPAH Mobio Jean Marie, AKE Séraphin, Isidore
KOUTOUAN et ASSANE N’dri Clément, ayant pour conseil la SCPA Blessy et Blessy, Avocats
associés près la Cour d’Appel d’Abidjan, y demeurant à Bietry, rue des majorettes, résidence
« Bimbois », 1er étage à gauche, appartement A3, 18 BP 1241 Abidjan 18, tel :21 25 02 89/21 25
03 05, sollicitent, de la Chambre Administrative, le sursis à exécution de tous les titres de propriété,
lettres d’attribution, arrêtés de concession provisoire, arrêtés de transfert, de mutation, tous titres
et droits subséquents délivrés par le Ministre de la Construction et de l’Urbanisme ou tout autre
Organisme se fondant sur lesdits titres sur les parcelles du lot 538 îlot 37, du lotissement de la
Riviera 4 Extension Golf complémentaire, dénommé Opération Liberté, de la Commune de
Cocody ;
Vu les conclusions du Ministère Public du 14 janvier 2014 tendant à surseoir à l’exécution des déci-
sions attaquées ;
Vu les pièces desquelles il résulte que la requête, le 15 octobre 2014, le rapport et l’avis d’audience le
06 janvier 2015, ont été notifiés au Ministre de la Construction, du Logement, de l’Assainissement
et de l’Urbanisme qui n’a pas produit d’écritures ;
Vu les observations après rapport du Conseil des requérants parvenues le 15 janvier 2015 ;
Vu l’arrêt n°403 du 07 juin 2012 de la Chambre Judiciaire qui a confirmé les droits coutumiers des
requérants reconnus par la Cour d’Appel d’Abidjan ;
Considérant que, par arrêté n° 03720/MCU/DDU/SDAF/BKR du 04 mars 2005, les nommés PAPAH
Mobio, AKE Séraphin, Isidore KOUTOUAN et ASSANE N’drin Clément ont obtenu, du Ministre de la
Construction, l’approbation du plan de morcellement du lot n° 538 de l’îlot 37 du lotissement de la Riviera
4 Extension Golf Complémentaire, dénommé opération liberté sur lequel, ils détiennent des droits
coutumiers ;
Mais, considérant que contre toute attente, la parcelle objet d’approbation fait l’objet de diverses
transactions à l’initiative d’une « Bourse de Terrains Aménagés dite BTA », dépendant du Bureau
National d’Etudes Techniques et de développement dénommé BNETD ;
Considérant que le chef du village d’Anono, pour prévenir tout litige sur ledit lotissement a, par correspon-
dance du 10 Août 2005, demandé au Ministre de la Construction et de l’Urbanisme de ne servir aucun
document administratif à des personnes autres que les requérants ;
Considérant que les requérants, pour la reconnaissance de leurs droits coutumiers sur la parcelle
querellée, ont assigné devant les juridictions civiles le BNETD et l’AGEF (Agence de Gestion Foncière)
et obtenu l’ordonnance de prénotation n°4111/2005 du 10 octobre 2005 qu’ils ont servie au conservateur
de la propriété foncière ;
Considérant que les droits coutumiers des requérants sur le lot disputé ayant été affirmés par l’arrêt
n° 403 du 07 juin 2012 de la Chambre Judiciaire de la Cour Suprême, ils ont entrepris de se faire
délivrer les titres constatant lesdits droits ;
Considérant que les consorts PAPAH Mobio, ayant découvert que des travaux ont été effectués sur la
parcelle querellée par des tiers, détenteurs d’actes délivrés par le Ministre de la Construction, ont déféré
à la censure de la Chambre Administrative les actes attaqués, par requête numéro 2014-123 REP du 23
juin 2014 ;
Qu’ils ont saisi à nouveau la Chambre Administrative par requête numéro 2014-331 S/EX du 29 juillet
2014, pour voir prononcer le sursis à l’exécution des actes détenus par des tiers qui ont entrepris des
travaux de fouille sur le terrain querellé ;
Sur la forme
Considérant que la requête a été présentée conformément aux conditions et formes prévues par la loi ;
qu’elle est recevable ;
Considérant que l’arrêt n°403 du 07 juin 2012 de la Chambre Judiciaire de la Cour Suprême a
reconnu les droits coutumiers des requérants sur le lot n°538 de l’îlot 37 du lotissement de la Riviera 4
extension Golfe Complémentaire ;
Que l’existence de cette décision paraît, en l’état de l’instruction, de nature à faire douter de la légalité
des titres délivrés à des tiers par le Ministre de la Construction et de l’Urbanisme sur le lot querellé ;
Que la mise en valeur des terrains par les tiers détenteurs de titres délivrés par le Ministre de la
Construction est de nature à susciter des troubles à l’ordre public, eu égard à l’opposition des détenteurs
de droits coutumiers ;
/-) E C I D E
Article 1er : La requête enregistrée au Secrétariat Général de la Cour Suprême le 29 juillet 2014 sous le
n°2014-331 S/EX est recevable et fondée ;
Article 2 : L’exécution de tous les titres délivrés par le Ministre de la Construction et de l’Urbanisme, sur
le lot n°538 de l’îlot 37 du lotissement de la Riviera 4 extension Golfe Complémentaire, est
suspendue jusqu’à ce que la Chambre Administrative de la Cour Suprême statue sur la
requête aux fins d’annulation, pour excès de pouvoir, enregistrée le 23 juin 2014 sous le
n°2014-123 REP au Secrétariat Général de la Cour Suprême ;
Article 4 : Une expédition du présent arrêt sera transmise au Ministère Public et au Ministre de la
Construction, du Logement, de l’Assainissement et de l’Urbanisme;
Ainsi jugé et prononcé par la Cour Suprême, Chambre Administrative, en son audience publique
ordinaire du VINGT ET UN JANVIER DEUX MIL QUINZE ;
De plus en plus, les recours en matière foncière L’arrêt ANGBO-BINDET apporte des précisions
portent sur la légalité d’arrêtés d’approbation de à la fois sur la validité d’une mise en demeure (I) et
lotissements ou, comme l’illustre la présente affaire la portée de la jurisprudence Mairie de Treichville
(arrêt n°2 du 21 janvier 2015, ANGBO-BINDET dont il constitue le prolongement(II).
William Amédée), sur la légalité de mises en
demeure de démolition délivrées sur le fondement I- L’INDIFFERENCE DU DELAI CONTENU DANS
de la loi 65-248 du 04 août 1965 sur le permis de UNE MISE EN DEMEURE SUR SA LEGALITE
construire.
La mise en demeure de démolition est un rap-
Selon les faits de l’espèce, le Ministre de la pel, une sommation de l’administration invitant le
Construction a attribué, par lettre du 3 septembre destinataire à se mettre en conformité avec la
1983, à monsieur ANGBO-BINDET William un lot réglementation sur le permis de construire assortie
de 515 m2 situé aux Deux-Plateaux la Djibi sur de menaces de démolition en cas d’inaction. Elle
lequel il a entrepris la construction de bâtiments, à comporte en réalité deux (2) dates souvent con-
usage de magasins, après avoir introduit des fondues que l’arrêt ANGBO-BINDET a le mérite de
demandes aux fins d’obtenir un permis de construire distinguer.
et un arrêté de concession provisoire.
Il faut, en effet, dissocier le délai de mise en
Dans l’attente de ces deux actes qui consoli- conformité du délai d’exécution de la sanction de
deraient ses droits sur la parcelle, Monsieur démolition, car la mise en demeure de démolition
ANGBO-BINDET William a découvert, courant est un acte administratif comportant une obligation
2013, que son lot a été réattribué à un tiers qui a de faire assortie d’une sanction.
obtenu un certificat de propriété daté du 15 février
2013. En vue d’obtenir l’annulation de ce certificat La mise en conformité est l’obligation de faire
de propriété, Monsieur ANGBO-BINDET William a contenue dans la mise en demeure. Elle signifie
saisi le Conservateur de la propriété foncière d’un que l’administré doit se conformer à la réglemen-
recours gracieux, le 13 mars 2013. A cette même tation en obtenant un permis de construire ou, à
date, il a reçu notification d’une mise en demeure, défaut, en démolissant lui-même ses constructions.
La mise en conformité n’est enfermée dans aucun
du 4 février 2013, lui enjoignant de procéder à la
délai. Comme tout acte administratif, la mise en
démolition « sans délai » de ses magasins.
demeure de démolition est revêtue du caractère
exécutoire, en conséquence l’obligation prescrite,
Après son recours gracieux du 19 avril 2013,
la mise en conformité, doit être exécutée par
demeuré sans suite, Monsieur ANGBO-BINDET a
l’administré dès sa notification.
saisi la Chambre Administrative d’un recours en
annulation pour excès de pouvoir contre cette mise La sanction du non respect de l’obligation de
en demeure. mise en conformité est la démolition des construc-
tions érigées au mépris de la loi sur le permis de
Outre le refus de l’administration de lui délivrer construire. Mais, contrairement à l’obligation de
un permis de construire, Monsieur ANGBO- mise en conformité, la démolition est enfermée
BINDET invoquait la violation de l’article 8 de la loi dans un délai. Son exécution est différée. Elle ne
sur le permis de construire, parce que la mise en peut légalement intervenir qu’à l’issue du délai de
demeure l’a enjoint de démolir « sans délai » ses quarante-cinq (45) jours fixé par l’article 8 nouveau
constructions sur le lot. de la loi sur le permis de construire pour permettre
d’exercer les voies de recours administratif et
La Cour a rejeté ces deux moyens en estimant, juridictionnel. Ce temps peut être mis à profit pour
notamment, que « le délai prévu par la mise en obtenir un permis de construire ou sa régularisation,
demeure de démolition en cause est sans influence car en matière de permis de construire l’autorité
sur sa légalité ». administrative dispose d’un pouvoir discrétionnaire
pour l’octroi du permis et il existe de nombreuses
dérogations en matière d’urbanisme.
CHAMBRE ADMINISTRATIVE
MINISTRE DE LA CONSTRUCTION,
DU LOGEMENT, DE L’ASSAINISSEMENT
ET DE L’URBANISME COUR SUPREME
LA COUR,
Vu l’acte attaqué ;
Vu les réquisitions écrites du 05 mars 2014 de Madame le Procureur Général près la Cour Suprême,
tendant à l’annulation de la mise en demeure attaquée ;
Vu la loi n° 65-248 du 8 août 1965 relative au permis de construire modifiée par la loi n° 97-523 du 4
septembre 1997 ;
Qu’estimant illégale cette mise en demeure de démolition, monsieur Angbo-Bindet William Amédée,
après un recours gracieux du 19 avril 2013, demeuré sans suite, a saisi, la Chambre Administrative de la
Cour Suprême, aux fins de son annulation ;
EN LA FORME
Considérant que la requête de monsieur Angbo-Bindet William Amédée est intervenue dans les forme
et délais légaux ; qu’il y a lieu de la déclarer recevable ;
AU FOND
Considérant que le requérant affirme que malgré l’accomplissement de toutes les formalités,
l’Administration a refusé de lui délivrer un permis de construire ;
Mais considérant que le requérant n’apporte pas la preuve d’avoir régulièrement déposé un dossier
aux fins d’obtenir le permis de construire du lot litigieux dont l’attribution date du 03 septembre 1987 ;
Qu’à défaut d’une telle preuve, le moyen tiré du refus de l’Administration de lui délivrer le permis de
construire est mal fondé ;
-Sur le moyen tiré de la violation des dispositions de l’article 8 nouveau de la loi relative au
permis de construire -
Considérant que le requérant affirme que la mise en demeure de démolition viole les dispositions
de l’article 8 nouveau de la loi sur le permis de construire en ce que le Ministre de la Construction et
de l’Urbanisme ne lui a pas accordé un délai de 45 jours pour détruire les constructions ;
Mais considérant que l’article 8 nouveau n’impose à l’Administration que le respect d’un délai minimum
de 45 jours entre la notification de la mise en demeure et la destruction effective des constructions illégales,
délai durant lequel l’auteur des constructions litigieuses, s’il se sent fondé, peut saisir la juridiction
compétente pour contester le bien fondé de la mise en demeure ;
Qu’il en résulte que le délai imparti pour se conformer à la législation est sans influence sur la légalité
de la mise en demeure, tant que l’Administration n’a pas procédé à la démolition des constructions dans le
délai légal de 45 jours précité ;
D E C I D E
Article 1er : La requête de monsieur Angbo-Bindet William Amédée est recevable mais mal fondée ;
Ainsi jugé et prononcé par la Cour Suprême, Chambre Administrative, en son audience publique
ordinaire du VINGT ET UN JANVIER DEUX MIL QUINZE ;
Où étaient présents MM. KOBO Pierre Claver, Président de la Chambre Administrative, Président ;
YOH Gama, Conseiller-Rapporteur ; Mme DIAKITE Fatoumata, DEDOH Dakouri, Mme NIANGO ABOKE
Maria, KOBON Abé, Hubert, GAUDJI K. Joseph-Désiré, Conseillers ; en présence de MM. ZAMBLE Bi
Tah Germain, FOFANA Ibrahima, Avocats Généraux ; avec l’assistance de Maître LANZE Denis, Greffier
AUDIENCE DU 23 JUILLET 2014 10- AFFAIRE HAÏDAR MOUSTAPHA 19- AFFAIRE SOCIETE INTERFLEX
C/ AFRICARD COTE D’IVOIRE
01- AFFAIRE KOUAME BRINDOU MINISTRE DE LA CONSTRUCTION, C/
VICTOR ET AUTRES DE L’URBANISME ET DE L’HABITAT MINISTRE DES TRANSPORTS (REP)
C/ (REP) ARRET N° 128 SANS OBJET
COMMUNE D’ABOBO (CIV) ARRET N° 119 REJET
ARRET N° 110 REJET 20- AFFAIRE N’GUESSAN KOUAME
11- AFFAIRE SOCIETE CIVILE IMMO- C/
02- AFFAIRE TOURE SEYDOU BILIERE ITALIVOIRE MINISTRE DE LA CONSTRUCTION,
C/ C/ DU LOGEMENT, DE L’ASSAINISSE-
ARRET N° 95 DU 27 OCTOBRE 2010 MINISTRE DE LA CONSTRUCTION, MENT ET DE L’URBANISME
(T-OPP) DE L’URBANISME ET DE L’HABITAT PREFET DE BOUAKE (REP)
ARRET N° 111 REJET-RETRACTATION- (REP) ARRET N° 129 ANNULATION
IRRECEVABILITE ARRET N° 120 REJET
AUDIENCE DU 30 JUILLET 2014
03- AFFAIRE MME ETIOBO EPOUSE 12- AFFAIRE COMMUNE DE SOUBRE
ABLE DELPHINE C/ 21- AFFAIRE LE CONSEIL NATIONAL
C/ OTROU ZIALO MONIQUE (REP) ISLAMIQUE DE CÔTE D’IOVIRE
MINISTRE DE L’ECONOMIE ET DES ARRET N° 121 CASSATION-ANNULA- (C.N.I.C.I)
FINANCES (REP) TION C/
ARRET N° 112 IRRECEVABILITE MINISTRE DE LA CONSTRUCTION ET
13- AFFAIRE AIDIBI ALI HASSAN L’URBANISME (REP)
04- AFFAIRE KOUAME ALLOU JEROME C/ ARRET N° 130 IRRECEVABILITE
C/ MINISTRE DE LA CONSTRUCTION,
MINISTRE DE LA CONSTRUCTION, DE L’URBANISME ET DE L’HABITAT, 22- AFFAIRE LE COLLECTIF DES PRO-
DE L’URBANISME ET DE L’HABITAT (REP) PRIETAIRES TERRIENS D’ABOBO-
(REP) ARRET N° 122 REJET BAOULE
ARRET N° 113 ANNULATION C/
14- AFFAIRE LOGBO BERTIN MINISTRE DE LA CONSTRUCTION,
05- AFFAIRE N’CHO AKE C/ DU LOGEMENT, DE L’ASSAINISSE-
C/ PREFET DE SOUBRE (REP) MENT ET DE L’URBANISME (S/EX)
MINISTRE DE L’EMPLOI ET DE LA ARRET N° 123 ANNULATION ARRET N° 131 IRRECEVABILITE
FONCTION PUBLIQUE (REP)
ARRET N° 114 IRRECEVABILITE 15- AFFAIRE KOFFI KRA PASCAL 23- AFFAIRE LES AYANTS DROIT DE
C/ KOUTOUAN AKRE JULIEN & YOUGONE
06- AFFAIRE MME KACOU ADOUA MINISTRE DE LA CONSTRUCTION ET BI GUY PROSPER
EUGENIE NEE OURA DE L’URBANISME ET DE L’HABITAT, C/
C/ (REP) MINISTRE DE L’ECONOMIE ET DES
MINISTRE DE L’ECONOMIE ET DES ARRET N° 124 REJET FINANCES
FINANCES (REP) FOFANA BOUAKE (REP)
ARRET N° 115 REJET 16- AFFAIRE KOUAME WAH KOUAME ARRET N° 132 DESISTEMENT
C/
07- AFFAIRE L’UNION GROUPEMENT MINISTRE DE LA CONSTRUCTION, 24- AFFAIRE YED ATTENOU STEPHANE
DES AFFRETEURS ET CHARGEURS DE L’URBANISME ET DE L’HABITAT, C/
DE COTE D’IVOIRE DITE GACCI- (REP) ARRET N° 54 DU 27 JUILLET 2011
GIE/SOCOCIB-TRANSIT ARRET N° 125 SANS OBJET KANGA MIESSAN JEAN BAPTISTE
C/ (T-OPP)
MINISTRE DES TRANSPORTS(REP) 17- AFFAIRE ESSIGNAN MICHEL ARRET N° 133 RETRACTATION
ARRET N° 116 IRRECEVABILITE COME
C/ 25- AFFAIRE SOCIETE CIVILE IMMO-
08- AFFAIRE ADOU KOFFI EUGENE MINISTRE DE LA FONCTION PUBLIQUE BILIERE TIMOTHEE ET JORAM DITE
ET DE 34 AUTRES ET DE LA REFORME ADMINISTRATIVE SCI TIJO
C/ (REP) C/
MINISTRE DE LA CONSTRUCTION, ARRET N° 126 IRRECEVABILITE MINISTRE DE LA CONSTRUCTION,
DE L’URBANISME ET DE L’HABITAT DE L’URBANISME ET DE L’HABITAT
(REP) 18- AFFAIRE KOUADIO BANGA (REP)
ARRET N° 117 ANNULATION ANTOINE ARRET N° 134 IRRECEVABILITE
C/
09- AFFAIRE AKIAPO KOUADIO MINISTRE DE LA CONSTRUCTION,
C/ DU LOGEMENT, DE L’ASSAINISSE-
COMMISSION NATIONALE DES DROITS MENT ET DE L’URBANISME (REP)
DE L’HOMME ARRET N° 127 ANNULATION
(REP)
ARRET N° 118 IRRECEVABILITE