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REPUBLIQUE DU SENEGAL

MLinistère de l’Enseignement
Supérieur, de la Recherche et de
l’Innovation

Direction de la Formation et de

Pôle Sciences Juridiques,


Economiques, Administration

TRAVAUX DIRIGÉS DE DROIT ADMINISTRATIF

Responsable de cours : Dr ABABACAR GUEYE


Chargée des travaux dirigés : DIAW BIGUE DIAGNE
Promotion 8 S4
Année académique : 2022/2023
Licence 2/ Semestre 4
THEME: LES ACTES ADMINISTRATIFS

Sous thème : L’ACTE ADMINISTRATIF UNNILATERAL

I. Note introductive

Les actes administratifs unilatéraux sont en principe des actes des autorités administratives
revêtant un caractère exécutoire. Une distinction est opérée entre actes réglementaires et actes
non réglementaires. Les règles qui forment le régime juridique des actes administratifs
unilatéraux sont relatives à la fois à leur élaboration et à leurs effets.

L’acte administratif unilatéral est la marque par excellence de la puissance publique.

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La notion d’acte administratif unilatéral a fait l’objet d’une élaboration théorique par la
doctrine, appuyée par la jurisprudence. Elle soulève deux questions centrales : comment
identifier un acte administratif unilatéral ? Quels sont les actes administratifs unilatéraux ?
Trois critères sont dégagés par la doctrine: le critère organique, le critère matériel et le critère
fonctionnel. L’acte administratif unilatéral est soumis à un certain nombre de règles régissant
son élaboration, ses effets, son exécution et sa disparition de l’ordonnancement juridique. Il
s’impose aux administrés et à l’administration, qui ont l’obligation de s’y conformer et de
l’exécuter. En cas d’inexécution, des sanctions sont prévues. Mieux, dans certains cas,
l’administration peut procéder à l’exécution forcée de l’acte administratif unilatéral en
question. Lorsqu’il est saisi d’un recours pour excès de pouvoir, le juge administratif, qui
estime que l’acte administratif unilatéral est illégal, peut l’annuler, c’est-à-dire le faire
disparaître de l’ordonnancement juridique pour le passé et pour l’avenir.
En rétablissant ainsi l’ordre légal transgressé, le juge de l’excès de pouvoir apparaît ainsi comme
le « gardien de la légalité ». L’appréciation de la légalité de l’acte administratif unilatéral par le
juge se fait en fonction de la situation de fait et de droit existant à sa date de signature.
Les actes administratifs unilatéraux naissent, vivent et meurent. Un acte sort de vigueur, prend
fin lorsqu’il cesse de produire des effets. La sortie de vigueur recouvre les diverses causes de
disparition des actes administratifs unilatéraux. Tantôt cette disparition résulte d’une
nouvelle décision, qui remontant le passé, réduit à néant un acte qui est censé jamais existé ;
cette décision peut être une décision juridictionnelle ou une décision administrative dite de
retrait – elle pose un problème particulier lorsqu’elle résulte d’une décision administrative ;
alors que le juge s’entoure de garanties et se limite au cas d’illégalité lorsqu’il prononce
l’annulation d’un acte, l’administration peut en effet tenter de modifier ses décisions ou
revenir sur celles-ci trop souvent, pour des motifs variables, au détriment des particuliers – ;
tantôt l’acte est supprimé seulement pour l’avenir par des voies telles que l’abrogation, la
caducité ou la péremption.

Un acte peut prendre fin par décision administrative de diverses manières qu’il importe de les
distinguer car les modalités sont différentes. D’ailleurs sur ce point la terminologie est flottante.

L’abrogation est une décision ayant pour objet de supprimer les effets d’un acte pour
l’avenir ; cette expression est utilisée surtout pour les actes règlementaires ou pour les
mesures individuelles n’ayant pas créé de droits ;

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La modification d’un acte s’analyse en une abrogation partielle accompagnée de nouvelle
dispositions remplaçant les parties abrogées ; elle peut être explicites ou implicite ;

Le retrait a un tout autre objet : faire disparaitre l’acte pour l’avenir et également effacer ses
effets pour le passé; il correspond à une annulation rétroactive de l’acte.

A la lumière de ces précisions terminologiques il importe de souligner que la littérature savante,


lorsqu’il s’agit d’aborder la fin des actes administratifs unilatéraux, distingue le retrait de
l’abrogation.

S’agissant du retrait des actes administratifs unilatéraux, il faut distinguer le retrait des actes
administratifs réguliers du retrait des actes irréguliers.

La jurisprudence allant plus loin distingue le retrait des actes administratifs illégaux non
créateurs de droits du retrait des actes administratifs illégaux créateurs de droits. Pour les
premiers, le retrait est possible à tout moment alors que pour les seconds ils peuvent être
rapportés dans la mesure où ils peuvent être annulés par le juge de l’excès de pouvoir. Deux
conditions doivent alors être remplies : d’une part l’acte administratif doit être entaché
d’illégalité, d’autre part le retrait doit intervenir dans le délai du recours contentieux voir CE,
3 novembre 1922 Dame Cachet en France et CS, le 19 avril 1967 Samba Cor Sarr. Si en
France par l’arrêt d’assemblée du 26 octobre 2001 le Conseil d’Etat renonce à la
jurisprudence Dame Cachet-Ville de Bagneux en désolidarisant le retrait administratif du
recours contentieux c’est-à-dire en dissociant le délai de retrait du délai de recours, au Sénégal
la jurisprudence n’a pas évolué.

S’agissant de l’abrogation des actes administratifs unilatéraux, on distingue généralement


l’abrogation des actes règlementaires de celle des actes non réglementaires.

En principe, l’acte règlementaire peut être abrogé à tout moment. Cette solution s’explique
par le principe selon lequel « nul n’a un droit au maintien d’une disposition non
réglementaire » CE 26 janvier 1973 Société Leroi, CE 30 aout 1995 Adama Thiam au
Sénégal.

Pour l’abrogation des actes administratifs non réglementaires, les conditions varient selon que
l’acte administratif est créateur de droit ou non.

Les actes non réglementaires stricto sensu dans la mesure où ils ne créent pas de droit peuvent
être abrogés à toute époque, qu’il soit légal ou illégal. Par contre les actes non réglementaires

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créateurs de droits, ils ne peuvent en principe être abrogés. Ils sont considérés comme des
actes définitifs et protégés par le principe de l’intangibilité. Mais il faut cependant distinguer
selon qu’ils sont légaux ou illégaux.

Pour les actes légaux le principe de l’intangibilité des effets individuels de l’acte administratif
s’oppose théoriquement à leur abrogation sauf dans le cas de l’acte contraire pris par
l’administration. L’abrogation des actes illégaux est par contre possible en principe. Voir CS
27 janvier 1982 Magatte Niang.

II. Documents :

Extrait de Dupuy (G), Guedon (M.J)

Chrétien (P) DA, Paris, Armand Colin

9e éd. 2005, pp.473-474

Si une décision est irrégulière et si elle a créé des droits, son retrait est évidemment exclu.
Toutefois, des exceptions limitent la portée de cette règle : le retrait peut être autorisé par une
loi ou imposé par la nécessité de tirer les conséquences d’une annulation contentieuse ; il est
également possible s’il intervient à la demande du bénéficiaire de l’acte initial et s’il ne porte
pas atteinte aux droits des tiers.

Si la décision est irrégulière (et pas simplement inopportune), son retrait est possible dans les
deux mois qui suivent sa notification ou sa publication, c'est-à-dire dans le délai de
recevabilité d’un recours pour excès de pouvoir qui serait intenté contre elle. Peu importe qu’elle
soit normalement susceptible de créer des droits. Cette règle remonte à l’affaire Dame Cachet
jugée en 1922. Sa raison d’être est particulièrement bien explicitée par Pierre Dévolvé et
Georges Vedel : « En principe, dans l’intérêt de la sécurité juridique, on doit tenir pour
définitifs les actes ayants conféré des droits. Il est cependant souhaitable que l’administration
puisse annuler elle-même les décisions illégales qu’elle a prises. Mais on ne peut lui reconnaitre
des pouvoirs plus étendus que ceux du juge, spécialement chargé de veiller au respect de la
légalité. De là, les deux règles que l’on vient d’énoncer : le retrait doit avoir pour fondement
l’illégalité qui, seul, justifierait l’annulation par le juge ; il doit intervenir seulement
tant que l’annulation contentieuse est possible, c'est-à-dire tant que le délai du recours
contentieux n’est pas expiré ». Une fois expiré le délai du recours pour excès de

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pouvoir (ou à fortiori lorsque la requête a été rejetée par le juge), l’acte est souvent appelé
acte définitif.

- Lois

Article 5 de la loi 70-14 du 06 février 1970

« sauf exception prévue par la loi et sous réserve des dispositions contraires, les actes
administratifs à caractère individuel, quelles qu’en soit la forme et l’origine, deviennent
exécutoire dès leur notification. Ils ne sont opposables aux tiers que du jour où ceux-ci en
ont officiellement connaissance. Ils ne peuvent être retirés lorsqu’ils ont créé des droits
qu’avant l’expiration du délai du recours pour excès de pouvoir ouvert à tout intéressé ou
avant l’intervention de la décision juridictionnelle sur ce recours. »

Bibliographie indicative

Ouvrages

DE VILLIERS (Michel), DE BERRANGER(Thibaut), Droit public général, Paris,


LexisNexis, 2015, 1572 p.

SY (Demba), Droit administratif, Paris, L’harmattan,2014, 420 p.

RIVERO (Jean), WALINE (Jean), Droit administratif, Paris, Dalloz, 2004, 623 p.

BOCKEL (Alain), Droit administratif, Dakar, NEA, 1978, 541 p

LEBRETON (Gille), Droit administratif général, Paris, Dalloz, 2017

WALINE (Jean), Droit administratif, Paris, Dalloz, 2017

DELVOLVE (Pierre), droit administratif, Paris, Dalloz, 2018

CROUZATIER-DURAND, La fin de l’acte administratif unilatéral, Paris, L’Harmattan,


2003

Cruzatier-Durant. (F.), « la loi DCRA à l’épreuve de la décision : l’arrêt ternon et le retrait


des décisions implicites »Presses de l’université Toulouse 1 Capitole – go, pp 239 à 251

Cassia. (P.) «la décision implicite en droit administratif français », la semaine juridique,
Administrations et collectivités territoriales, n° 27, 29 juin 2009

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Articles

BA. (A) « le retrait des actes administratifs illégaux créateurs de droits : la complexité
croissante du régime » RDP, 2007, n°6, p 1618

DIEYE. (A.), le juge et la motivation des actes administratifs au Sénégal, EDJA N°81, avril-
mai-juin 2009,

NDIAYE (S.A.) le régime de sortie de vigueur des actes créateurs de droits illégaux en
Afrique : le cas du Sénégal, p 9, afrilex.u-bordeaux4

Jurisprudences

France

CE, 3 novembre 1922 Dame Cachet

CE, Sect, 14 novembre 1969, Eve, Rec Leb, p 498


CE, ass, 1er juin 1973, Ministre de l’équipement et du logement c/Epoux Roulin
C E, Ass 24 octobre 1997, MME DE LAUBIER, AJDA, 1997, p 936 et s
C E ass 26 Oct 2001, Ternon, GAJA n° 111, RFDA 2002, p 88
C E 21 Déc 2007, Société Bretim, RFDA 2008, p 471

Sénégal

C E 30 aout 1995, ADAMA THIAM, RJDA 1993-1995 p 219 et S


C S 19 avril 1967 Samba Cor SARR
C S 23 mars 1966, Samba Ndoucoumane Gueye

EXERCICE 1 théorie et pratique

Exercice 1: Dissertation

SUJET 1 : La disparition des actes administratifs unilatéraux créateurs de droits

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SUJET 2 ARRÊT N°01 DU 10 JANVIER 2013
ZAHIRA SALEH Contre ÉTAT DU SÉNÉGAL

LA COUR SUPRÊME,

Vu la loi organique n° 2008-35 du 8 août 2008 sur la Cour suprême ;

Après en avoir délibéré conformément à la loi ;

Sur le moyen relevé d’office tiré de l’incompétence ;

Considérant que Zahira est titulaire d’un bail commercial dans l’immeuble objet du TF n° 1923/DG,
sis à l’avenue Aa Ad ; que, suite à une visite des lieux, la commission auxiliaire de protection civile du
département de Dakar, au vu de l’état de délabrement avancé du bâtiment, des risques d’effondrement
et de l’effectif de la clientèle que peut recevoir le magasin du rez-de-chaussée a conclu à l’évacuation
des lieux sans délai et à la démolition de l’édifice ; que, le 12 juillet 2012, la requérante a reçu notification
de la lettre du Préfet de Dakar du 17 avril 2012 portant mise en demeure de respecter les prescriptions
de la Commission, notamment en évacuant les locaux dans les meilleurs délais ;

Considérant que la lettre du Préfet sommant la requérante d’évacuer les locaux est un acte décisoire lui
faisant grief en ce qu’il remet en cause son droit de locataire ;

Considérant qu’il résulte de l’article 141 alinéa 2 du Code de la construction que, s’il est avéré
l’existence d’un péril grave et imminent, le maire ordonne les mesures provisoires nécessaires pour
garantir la sécurité, notamment, l’évacuation de l’immeuble ;

Considérant qu’en ordonnant à la requérante d’évacuer l’immeuble pour risque d’effondrement, le


Préfet a pris une décision dans un domaine où la loi ne lui donne pas compétence ; qu’il s’ensuit que son
acte encourt l’annulation ;

PAR CES MOTIFS :

Annule la décision du Préfet de Dakar du 17 avril 2012 portant mise en demeure à Zahira de respecter
les prescriptions de la Commission auxiliaire de protection civile en évacuant les locaux dans les
meilleurs délais ;

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L’équipe de droit administratif
DIAW BIGUE DIAGNE

EL HADJI SALL

AL HASSANE BOYE SAKHO

FATOU CISS

FATOU SY

Dr MAMADOU SAMB

MOUHAMMADOU MBAYE

OMAR TAMBA

Dr PAPE MOMAR DIOP

GHISLIN A PEMBA

IDRISSA BALDE

OMAR BEN HATAB NDOYE

MADAOUR SYLLA

YOUSSOUPHA DIONE

MALICK SALL

B DIARRA

ABDOULAYE CISSE

MOUHAMADOU TALL

FATOU CAMARA

FATOU THIAM

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