Les actes administratifs unilatéraux peuvent être non-réglementaire, nous
verrons la notion d’acte non réglementaire (A) et les catégories d’actes non réglementaire (B)
A) Notion d’acte non réglementaires
L'acte non réglementaire, un acte administratif est un instrument destiné à permettre la réalisation des missions dont les autorités publiques sont investies. En principe, cet acte va émaner d'une autorité administrative et son régime juridique sera lui aussi en principe administratif. Il n'existe pas de forme particulière attachée à un acte administratif. L'acte de l'administration peut résulter de son silence, c'est ce qu'on appelle une décision implicite (de rejet ou d'acceptation). Par exemple, un régime de permis de construire, d'aménager, le principe est que dès l'instant où la demande est instruite, le silence de l'administration vaut acceptation.
B) Les catégories d’actes non réglementaires
Pour son fonctionnement interne l’administration est amenée à prendre certains actes. Ces actes visent les agents de l’administration et non les administrés, en principe ils n’affectent pas les droits et obligations de ces deniers. Il existe trois types d’actes unilatéraux non-réglementaire : les circulaires, les directives, et les autres mesures d’ordre intérieur. Les circulaires, sont les actes pris par un chef de service à destination des agents placés sous son autorité. On peut à ce titre citer l'arrêt Jamart de 1936 qui définissait les circulaires comme l'expression du pouvoir hiérarchique dont dispose le chef de service à l'égard des agents placés sous son autorité. Cependant, la circulaire ne doit pas avoir en principe de force obligatoire à l'égard des administrés : elle ne doit pas modifier l'ordonnancement juridique, le droit en vigueur. Le but étant d’interpréter ou de préciser les dispositions des lois ou règlements. Les circulaires lorsqu’elles n’interviennent que pour interpréter ou expliciter une loi ou un règlement sont considérées comme des actes administratifs non décisoires en ce sens qu’elles ne créent pas de nouvelles règles, elles n’imposent rien, elles se contentent de préciser ce qui existe déjà. Lorsqu’un ministre adresse une circulaire à un chef d’établissement, ce dernier n’est pas lié par l’interprétation qui est faite de la loi, car elle n’est pas impérative. De la même manière, les administrés ne sont pas tenus de s’y soumettre, elle n’a pas force obligatoire à leur égard. La conséquence en est que l’administration ne peut donc pas fonder l’une de ses décisions sur une circulaire interprétative, de même les administrés eux ne peuvent pas invoquer une circulaire pour motiver une demande qu’ils adressent à l’administration. Les directives sont des actes de portée générale par le biais desquelles les autorités administratives indiquent aux personnes qui sont sous leur autorité les décisions qu’ils doivent prendre dans un domaine précis, elles les orientent. Pour être légale, la directive ne doit pas avoir un caractère impératif pour l’administration, elle doit seulement lui servir de guide. A la différence des circulaires interprétatives, les directives peuvent être invoquée à la fois par l’administration pour fonder une décision et par les administrés pour motiver leurs demandes. Les directives ne peuvent toutefois pas faire l’objet d’un recours pour excès de pouvoir, elles ne constituent pas des décisions mais simplement des orientations. Enfin, les autorités administratives ne sont pas obligées d’appliquer les directives, elles peuvent y déroger dans trois cas : lorsque la directive est illégale, lorsqu’il apparait préférable pour l’intérêt général de ne pas appliquer la directive et enfin lorsque l’on se trouve face à une affaire d’une particulière gravité. Une directive peut être un acte réglementaire. CE 23 mai 1969 DISTILLERIE BRABANT, CE section 11 décembre 1970 CREDIT FONCIER DE France. Il existe enfin d’autres mesures que peut prendre l’administration et qui ont un caractère non décisoire, il s’agit des mesures d’ordre intérieur (Vœux, avis, recommandation, proposition, mise en demeure) ne font pas grief et sont insusceptible de recours. Toutefois, elles s’analysent comme des décisions si la mesure d’ordre intérieur est suivie d’une éventuelle sanction. La jurisprudence admet de plus en plus le recours contre les mesures d’ordre intérieur, notamment lorsque cette dernière entraîne une atteinte aux libertés ou trouble les conditions de vie de la personne ou des personnes visées. C’est le cas par exemple des propositions et avis sollicités par les autorités administratives ; ou encore des décisions assimilées à des mesures d’ordre intérieur.
II- ABROGATION DES ACTES NON RÉGLEMENTAIRES
Les principales abrogations des actes non-réglementaires sont l’abrogation des actes légaux non réglementaires non créateurs de droits (A) et l’abrogation des actes illégaux non réglementaires non créateurs de droits (B).
A) L’abrogation des actes légaux non réglementaires non créateurs
de droits. L'abrogation ou la modification d'un acte individuel ne pose pas davantage de problèmes et obéit aux mêmes règles que celles de l'abrogation de l'acte réglementaire. Toutefois si l'acte a fait naitre des droits au profit d'un particulier (nomination d'un fonctionnaire, permis de construire), il ne peut être abrogé que dans le respect des procédures prévues par les textes (pour un fonctionnaire l’abrogation du statut ne peut intervenir que dans l’hypothèse d’une démission, d’un licenciement ou d’une sanction disciplinaire). Le principe de sécurité juridique, érigé en principe général du droit par le Conseil d’Etat, sous l’influence de la jurisprudence traditionnelle de la Cour de justice de l’Union européenne, vise notamment à protéger les droits acquis par les administrés en raison des actes administratifs unilatéraux pris par l’administration. Toutefois, certaines décisions individuelles et l’ensemble des décisions d’espèces sont insusceptibles de créer des droits au profit de leurs destinataires. Le Conseil d’État est donc fort logiquement venu poser le principe selon lequel l’administration est libre de prononcer, sans condition de délai, l’abrogation d’un acte individuel légal non créateur de droits. Cette règle est aujourd’hui formalisée par l’article L. 243-1 du CRPA. Cet article prévoit en outre la possibilité pour l’autorité administrative d’édicter des mesures transitoires pour atténuer les éventuels effets néfastes engendrés par l’abrogation soudaine d’un acte non réglementaire non créateur de droits.
B) L’abrogation des actes illégaux non réglementaires non créateurs
de droits. Si l’administration dispose de la faculté d’abroger les actes non réglementaires non créateurs de droits, elle peut parfois être contrainte de procéder à leur suppression, pour l’avenir, lorsque ces actes sont illégaux. En effet, l’autorité administrative est tenue de faire droit à une demande d’abrogation d’une telle décision, si la demande est formulée dans le délai de recours contentieux. Toutefois, passé ce délai, l’autorité administrative n’est tenue d’abroger une décision non réglementaire non créatrice de droits que si cette dernière est devenue illégale à la suite d’un changement de circonstances de droit ou de fait postérieures à son édiction. Cette règle est aujourd’hui reprise par l’article L. 243-2 du CRPA. Enfin, puisque l’administration n’est pas tenue de procéder à l’abrogation d’un acte définitif non règlementaire non créateur de droits, le Conseil d’État refuse fort logiquement qu’un justiciable en sollicite l’annulation contentieuse par la voie de l’exception d’illégalité. Une fois le délai de recours contentieux expiré, un administré ne dispose donc d’aucun recours efficace pour solliciter l’effacement de l’ordre juridique d’un acte non réglementaire non créateur de droits illégal ab initio. Reste désormais à déterminer les conditions d’abrogation d’un autre type d’acte administratif unilatéral non créateur de droits : les actes réglementaires.