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L’action administrative

L’action administrative est régie par un principe fondamental, c’est le principe de


légalité : cela veut dire que l’action de l’administration doit être légale et que
l’administration doit se conformer à la loi dans son sens large.

I- Le principe de la légalité administrative :

La soumission de l’administration au droit, selon ce principe, les autorités


administratives qui accomplissent des taches ou qui produisent des actes
juridiques doivent se conformer à la légalité.

II- La base de la légalité administrative : ce principe issue sources diverses


que l’on peut diviser en deux :

Les sources écrites de légalité et les sources non écrites de la légalité. .

a- Les sources écrites de la légalité :

- La constitution : les actes pris par les autorités administratives doivent être
conforme aux dispositions de la constitution.

- Les lois : les actes administratifs doivent être en conformité avec les lois
formelles qui proviennent du pouvoir législatif.

L’annulation d’un acte administratif provient d’une méconnaissance de la loi


ou la constitution ou en les violent.

- Les règlements : le règlement inférieur doit être en conformité avec le


règlement supérieur.

La hiérarchie des règlements est formelle. Elle est toujours déterminée par le
rang de l’autorité qui les édicte.

Pour les règlements, la légalité est appréciée par rapport à des règles qui leur
sont supérieures hiérarchiquement.

- La décision individuelle : elle n’obéit pas à la logique de la hiérarchie, toutes


les autorités administratives sont tenues à prendre des décisions individuelles.

- La décision individuelle doit être conforme au règlement dans toutes les


situations :
- Lorsqu’elle est prise par une autorité hiérarchiquement inférieure à celle qui a
édicté le règlement.

- Lorsqu’elle est prise par la même autorité qui a édicté le règlement.

- Lorsqu’elle est prise par une autorité hiérarchiquement supérieur à celle qui a
édicté le règlement.

- Les traités internationaux : la primauté des traites sur les lois nationales qui est
conditionnée.

b- Les sources non écrites de la légalité :

- La jurisprudence : les lois qui régissent l’action administrative trouve leurs


origines dans la jurisprudence administrative.

Les actes prisent par l’administration en méconnaissance d’une règle


jurisprudentielle sont entachés de l’illégalité et déclarés nuls par le juge.

- La coutume : tout ce qui n’est pas codifié sera rentré dans la coutume, même
la jurisprudence rentre dans la coutume.
Concernant la coutume, il est admis aujourd’hui qu’une pratique administrative
peut faire naitre une coutume capable de lier l’administration.

La décision qui méconnait une pratique administrative est considérée illégale


sauf si cette décision exprime la volonté de l’administration d’abandonner
cette pratique pour l’avenir.

- Les principes généraux du droit : En France, les principes généraux sont


souvent rattachés aux déclarations de droit et aux préambules
constitutionnels, ces principes constituaient à l’époque une source coutumière
de la légalité.

Ainsi, le conseil constitutionnel français a décidé en 1971 que tout e qui est
dans la déclaration du droit et dans le préambule constitutionnel a une valeur
constitutionnelle d’un droit non écrit et un droit écrit.

Depuis que la valeur juridique des déclarations et des préambules fut établies,
les principes généraux du droit se sont scindés en 2 :

- Les sources écrites qui se rattachent à des textes positifs.


- Les sources non écrites qui ne se rattachent pas à des textes positifs
Le juge marocain veille à son tour au respect de ces principes généraux du droit par
les administrations :

a- Les droits de la défense : il existe certaines mesures que l’autorité


administrative doit respecter :

- La communication du dossier : en principe que la sanction c’est en cas de la


non-conformité avec la loi.
- Le fait d’être assisté par un avocat.

b- Le principe des droits acquis : au nombre de ces principes qui ne tolèrent pas
à l’autorité administrative de revenir sur les actes prisent dans le cadre des
lois et des règlements en vigueur.

La portée du principe de la légalité : elle a pour effet de contraindre l’administration


à respecter les règles du droit, autrement dit, l’administration doit respecter la loi
dans son sens le plus large pour que l’activité de l’administration demeure en
conformité avec la règle du droit.

En cas de non-conformité l’administration risque que ses actes soient annulés.

Du point de vue contentieux, l’appréciation de la légalité peut se faire en deux


directions :

- La recherche de l’illégalité interne : relative soit à l’auteur de l’acte (cas


d’incompétence), soit aux formes et procédures (cas de vice de forme).
- La recherche de l’illégalité externe : relative soit au but (cas de détournement
de pouvoir), soit à l’objet et aux motifs (cas de violation de la loi).

Les limites du principe de la légalité : le principe de la légalité offre une garantie


aux administrés en liant l’administration et en la soumettant à des règles préétablies.

Mais ce principe a été assorti de quelques procédés pour assurer à l’administration


une marge nécessaire à son action, ces procédés sont développés dans 3 :

1- Le pouvoir discrétionnaire : une marge de liberté donnée au pouvoir


administratif, on apprécie mieux le sens du pouvoir discrétionnaire lorsqu’on
l’oppose à la motion de la compétence liée qui justement ne renferme pas
l’idée de liberté, on peut dire que l’autorité qui agit dans le cadre de la
compétence liée ne possède pas la faculté d’apprécier l’opportunité de la
mesure à prendre, donc la différence entre le pouvoir discrétionnaire et la
compétence liée réside dans l’appréciation de l’opportunité présente dans le
premier et absente dans la seconde.

2- Les circonstances exceptionnelles : cette notion recouvre principalement


l’état de guerre et les périodes de crises, en cas de circonstances
exceptionnelles, les compétences administratives s’étendent au point que
toute mesure susceptible d’assurer la bonne marche des services publics est
légitime, les compétences des autorités administratives s’élargissent certes,
mais ans échapper au contrôle du juge.

3- Les actes du gouvernement : La particularité de ces actes en droit français


réside dans l’immunité judiciaire dont ils bénéficient, ce sont donc des actes
pris par des autorités administratives et qui ne sont susceptibles d’aucun
recours devant les tribunaux.

Actuellement, les actes du gouvernement sont ceux qui sont considérés


comme tels par le tribunal des conflits et le conseil d’Etat, ces actes
appartiennent à 2 domaines :

- Les actes de l’exécutif dans ses rapports avec le parlement.


- Les actes relatifs aux relations internationales.

4- Les actes royaux en matière administratives : les actes royaux pris dans le
domaine administratif constituent une catégorie spécifique en matière
administrative.
Cette catégorie n’est pas soumise au contrôle de la légalité. Bref, les actes
royaux en matière administrative ne peuvent pas être l’objet d’un recours pour
excès de pouvoir.
En effet la haute juridiction, se basant sur le critère organique, s’est toujours
déclaré incompétente pour connaitre des recours contre les décisions royales
en matière administrative.
Les moyens de l’action administrative :

I- Les actes de l’administration : les actes de l’administration qui


retiennent notre attention sont des actes juridiques. A vrai dire des
actes qui permettent à l’administration d’exprimer sa volonté de
modifier l’ordonnancement juridique.

A- L’acte administratif unilatéral : est un acte par lequel l’administration


modifie l’ordonnancement juridique, c.-à-d. fixe de nouvelles règles juridiques
créant des droits et obligations on modifie des normes existantes, il faut que
l’unilatéralité caractérise l’essentiel des actes de l’administration. Et donc
l’action de l’administration se distingue de celle des particuliers par l’usage du
mode unilatéral de production des règles juridiques.

L’administration a la prérogative de puissance publique, autrement dit elle


décide et réglemente unilatéralement, elle pose des règles qui s’imposent aux
destinataires sans leur consentement. (Elle prend des décisions exécutoires
qui émanent de sa seule volonté).

Identification de l’acte administratif unilatéral (AAU).

- L’AAU est un acte émanant d’une autorité administrative (critère organique) :


un acte accompli unilatéralement par un organe administratif, c’est-à-dire que
juste les autorités administratifs qui peuvent édicter des actes administratifs et
ce sont en principe (le 1er ministre, les ministres, les présidents des conseils
communaux et provinciaux, et les agents administratifs).

Et pourtant le caractère administratif de l’acte n’est pas toujours déterminé par


la seule qualité de son auteur.
Même si l’acte provient de l’autorité administrative certains actes n’ont pas le
caractère d’un acte administratif s’ils sont pris dans le cadre de la gestion de
l’administration.

- L’AAU est un acte émanant d’organe non administratif (critère matériel) : des
organes non administratifs sont amenés à prendre dans le cadre des missions
qui leur sont confiés par l’administration, des décisions qui ont le caractère
d’AAU.

Les décisions émanant d’un organe privé peuvent avoir le caractère


administratif lorsque se trouvent réunies les 3 conditions suivantes :

- Le service public est un service public administratif.


- L’organisme privé gère un service public.
- L’organisme privé soit investi de la prérogative de puissance publique.

Un organisme privé chargé de la gestion d’un service public peut avoir un caractère
d’acte administratif lorsqu’il concerne les règles d’organisation et de fonctionnement
des services.

En définitive, la prérogative de la puissance publique ne permet de déterminer la


qualité de l’organe, Elle doit être cherchée dans le contenu de l’acte si l’empreinte de
la puissance publique (modification de l’ordonnancement juridique en conférant des
droits et en imposant des obligations).

Nous sommes devant en présence d’une décision qui a le caractère d’un AAU.

Il y a deux catégories des AAU :

Notion de décision exécutoire : une forme exécutoire c.-à-d. une forme qui entraine
l’exécution d’office a vrai dire une décision dont l’exécution peut être immédiatement
poursuivie par la voie administrative autrement dit par la procédure d’office.

La décision d’office est un AAU.

Le contenu normatif : s’il n’est pas porteur de règle juridique.

On dit qu’un acte administratif est unilatéral lorsqu’il exprime une seule volonté (celle
de l’administration) et si ce dernier contient l’intention de modifier l’ordonnancement
juridique.

Par ce que sans aucun contenu normatif. L’unilatéralité ne peut produire aucun effet
et perd par conséquent toute signification.

Les catégories d’actes selon 2 catégories d’auteurs :

Chez certains auteurs : l’AAU constitue une catégorie unique qui se confond avec
celle de la décision exécutoire, c.-à-d. qu’il n’existe pas une distinction entre des
AAU normateurs et non normateurs.

Chez autres auteurs : il y a deux catégories d’AAU : Normateurs (et c’est le cas des
décisions exécutoires).

Non normateurs (dépourvus d’un caractère décisionnel).

- Les actes réglementaires et actes individuels : parmi les actes qui émanent de
l’administration il y a des :
Actes réglementaires : un acte administratif est dit réglementaire lorsque pose
une règle générale est impersonnelle se généralise pousse certains auteurs à
le considérer comme une loi matérielle.

Actes individuels : un acte administratif lorsqu’il concerne la situation juridique,


d’une personne ou d’un groupe de personnes individuellement désignées.

II- Le régime juridique des AAU : un ensemble des règles qui imposent
l’AAU soit en matière de son élaboration de son exécution.

L’élaboration de l’AAU : c’est la compétence de l’auteur qui compte dans


l’élaboration de l’AAU ce dernier doit observer avant l’édiction de l’acte (forme
et procédure) et enfin la détermination du moment de sa mise en vigueur.

Définition de la compétence : c’est l’aptitude légale de l’agent régulièrement investi à


accomplir certains actes sur un territoire déterminé, elle doit être précise, et ne peut
être conférée à une autorité administrative que par un texte , elle est aussi
impersonnelle cela veut dire qu’elle est indépendante de l’agent et qu’elle est liée à
la fonction.

Les éléments de détermination de la compétence :

- Du point du vue matériel : la hiérarchie des autorités ne joue pas dans ce


domaine, dans l’absence d’un texte une autorité supérieure ne peut pas
empiéter sur la compétence d’une autorité subordonnée.
Par la technique de délégation il y’a possibilité qu’une autorité inférieure
exerce la compétence d’une autorité supérieure.

- Du point de vue spatial : le territoire sur lequel s’exerce la compétence doit


être défini.

Les autorités centrales ont la compétence d’édicter des actes sur l’ensemble
du territoire national, alors que les autorités locales leurs compétences sont
strictement limitées sur les portions du territoire.

- Du point de vue temporel : la compétence est attribuée pour un temps limité.

- La délégation de compétence et la délégation de signature  :

La délégation de compétence : c’est la possibilité offerte à un organe administratif


investi du pouvoir de décision de renoncer à une partie de son pouvoir au profit de
l’autre organe.
La délégation de signature : l’autorité qui délègue la signature ne renonce pas à sa
compétence, elle la conserve tout en conférant à une autre autorité le droit d’exercer
en son nom certains de ses attributions.

- Les infractions aux règles de compétence : l’incompétence :

Constituent l’illégalité d’une incompétence qui est le fait de 3 cas :

1- Usurpation de fonction : l’auteur de l’acte est dépourvu de toute autorité


administrative.
2- Usurpation de pouvoir : l’objet de l’acte qui déborde les frontières du pouvoir
exécutif en intervenant sur le champ du pouvoir législatif ou le pouvoir
judiciaire.

3- Empiètement de fonction : c’est le cas où l’autorité administrative empiète sur


les attributions d’une autre administrative.

Dans ces 3 cas, les actes sont annulables par le juge par illégalité d’incompétence.

Les dérogations exceptionnelles aux règles de compétence :

- La théorie du fonctionnaire de fait : la possibilité pour un simple particulier


d’exercer de manière tout à fait régulière la compétence administrative sans
en avoir été préalablement investie par un texte.

Les conditions pour que les actes accomplis par un simple particulier soient
réguliers considérés comme des actes administratifs sont en 3 conditions :

1- existence de circonstances graves (état de guerre, catastrophe naturelles,


etc.)

2- Disparition des autorités administratives compétentes (décès, fuite,


emprisonnement)

3- Les actes du particulier se limitent à la compétence de l’autorité


administrative qu’il a remplacée.

Les règles de forme et les règles de procédure en matière d’actes administratifs :

- L’élaboration des AAU est soumise à des règles des formes et de procédure :

Il y a 6 règles de forme : 1- L’AAU doit être écrit ou verbal, mais si une loi l’exige il
doit être écrit.
2- Le silence de l’administration est considéré dans un cas une acceptation
comme il peut être considéré comme un refus dans d’autres cas.

3-Les actes administratifs peuvent être motivés par les auteurs, c’est-à-dire que
l’autorité qui édicte l’acte donne des motifs, la non motivation constitue un vice de
forme.

Le non-respect de la motivation engendre l’annulation de l’acte.

4-La rédaction d’AAU comporte les visas qui sont des références aux textes sur
lesquels l’acte se fonde.

5-Certains actes administratifs devient être contresignés (le cas des actes
réglementaires par le chef du gouvernement doivent être contresignés par les
ministres chargés de leur exécutions).

6-Le principe de parallélisme de forme (c’est-à-dire la modification d’un acte doit


respecter la forme et la procédure de l’acte initial).

Les règles de la procédure :

1- Les délais des actes administratifs : certains textes prévoient des délais pour
l’édiction des actes administratifs, ces délais sont facultatifs, leur inobservation
n’est pas sanctionnée de nullité sauf si cette nullité est prévue par un texte
établissant de délai de l’édiction de cet acte.

2- La consultation : elle a pour avantage de faire accepter facilement la décision


prise de façon unilatérale, il existe 3 sortes de consultation.

a- L’avis facultatif : qui n’est imposé par aucun texte et que l’autorité peut
décider elle-même de l’effectuer.

b- L’avis obligatoire : qui est prévu par un texte et qui par conséquent oblige
l’administration de l’effectuer. Elle n’est cependant pas tenue de suivre
l’avis qui s’en suit.

c- L’avis conforme : lorsqu’elle est prévu par un texte, alors l’administration


est non seulement tenue d’effectuer la consultation, mais en plus, elle ne
peut que suivre l’avis qu’elle en obtiendra.

L’entrée en vigueur les AAU : les AAU ne deviennent opposables aux tiers qu’à partir
du moment où ils sont portés à leurs connaissances soit par :
1- Publication : les actes règlementaires sont portés à la connaissance du public
par le mode de publication (des décrets et les arrêtes son publiés au BO)
alors que les actes réglementaires des conseils communaux ou de leurs
présidents sont publiés soit par l’affichage au siège de la commune soit dans
la presse locale.

2- La notification : les décisions individuelles sont portées à la connaissance des


intéressés par le mode de publicité personnel notification (le procédé de plus
adéquat pour cette opération c’est la lettre recommandée avec un accusé de
réception).

Il faut par ailleurs préciser qu’un acte administratif reste valide même s’il n’a
pas été publié. Toutefois il ne sera jamais opposable aux tiers tant qu’il ne
sera pas publié.

La non rétroactivité des actes administratifs unilatéraux : La non rétroactivité


des AAU est considéré par le jurisprudence comme un principe général du
droit : elle signifie qu’un acte administratif ne peut légalement produire d’effet
à une date antérieure à celle de son entrée en vigueur.

Toutefois, cette règle comporte quelques exceptions :

- Le législateur peut autoriser l’effet rétroactif de l’acte dans des limites qu’il
indique.
- le retrait d’un acte par son auteur.
- l’annulation d’un acte par le juge pour excès de pouvoir.

On peut donc résumer avec LETOURNEUR que l’acte administratif peut toujours être
rétroactif s’il vise le respect de la légalité.

Les effets de l’AAU : il s’agit maintenant de déterminer la valeur juridique de l’AAU si


l’on confond ce dernier avec la décision exécutoire nous pouvons dire que AAU
modifie l’ordonnancement juridique.

Mais si notre position concerne la distinction entre les AAU normateurs et non
normateurs, le problème de la valeur juridique des mesures d’ordre intérieur se pose.

L’AAU modifie l’ordonnancement juridique : Les actes administratifs sont toujours


normateurs, la particularité de l’AAU réside dans le fait qu’il requiert une valeur
juridique du seul fait qu’il est édicté par une autorité administrative compétente.
Valeur juridiques des mesures d’ordre intérieur : (les circulaires, les directives, les
instructions de servies ainsi que d’autres mesures relative au fonctionnement
interne).

Ces mesures concernent l’administration seulement si elles ne sont pas susceptibles


de porter une atteinte d’une situation juridique dans cas elle ne consulter pas des
AAU et elles ne sont de fait pas opposable aux tiers.

Par contre, si les mesures d’ordre intérieur ont un contenu normatif, elles sont
considérées comme des AAU.

L’exécution des AAU : l’exécution de l’AAU constitue la dernière étape du processus


décisionnel au point de vue de certains auteurs « là où il n’y a pas exécution il n’y a
pas de décision ».

L’exécution intervient après la prise de décision c’est-à-dire après son édiction, enfin
l’exécution a un rôle primordial car elle traduit la concrétisation dans les faits de la
règle juridique.

Les procédés d’exécution des actes administratifs :

L’exécution des actes permissifs : Les actes permissifs sont des actes qui accordent
des droits, des facultés ou des permissions aux administrés.

En effet, l’exécution de cette catégorie d’actes peut aussi bien incomber à


l’administration que destinataires des actes eux-mêmes. Ainsi, un acte accordant un
permis de construire à une personne ne nécessite guère l’intervention de
l’administration pour son exécution. Le destinataire du permis de construire est libre
d’exécuter l’acte ou de ne pas l’exécuter car rien ne l’y oblige dans les deux cas.
C’est un privilège qui lui est accordé et donc la non-exécution, peut être compris
comme un renoncement à un droit, par exemple.

Cependant, un acte accordant une subvention à un organisme privé ou public


nécessite pour son exécution l’intervention de l’administration. Notons par ailleurs
que cette intervention de l’administration ne change en rien le caractère permissif de
l’acte car le destinataire peut renoncer au privilège s’il le désire, mais il se trouve que
c’est l’administration qui a l’obligation d’exécuter un tel acte administratif unilatéral.

L’exécution des actes impératifs : Ces actes contrairement aux précédents ont un
caractère obligatoire. Ce qui fait que leur exécution ne peut être effectuée que par
l’intervention de l’administration, autrement dit, l’administré ne peut pas les
exécuter.la raison est simple : sachant que c’est des actes administratifs qui doivent
s’appliquer obligatoirement, indépendamment de la volonté des administrés.
L’utilisation de la force peut dans certains cas être indispensable (lorsqu’un
administré refuse de s’y soumettre). Or ce privilège n’appartient qu’à l’administration.

Le privilège de l’administration : pour exécuter ses décisions, l’administration dispose


de 2 procédés :

1- Le privilège de préalable : exprime la possibilité pour l’administration de se


délivrer elle-même les titres exécutoires sans recours préalable au juge.
Il en résulte deux avantages en faveur de l’administration :

Le premier : c’est au particulier que reviendra la charge de prouver l’irrégularité de


l’acte administratif. Il sera ainsi en situation de demandeur alors que l’administration,
elle sera plutôt en situation de défendeur, ce qui est plus confortable.

Le deuxième : le dépôt d’une requête par l’intéressé devant le juge ne suspend pas
l’exécution de la décision attaquée, l’exécution suit donc son cours parce que la
décision administrative ne peut être suspendue que dans le cas où le juge prononce
l’annulation de la décision administrative.

Le privilège d’exécution d’office : semble se présenter comme le complément du


privilège du préalable.

La notion d’exécution d’office se dégage de la force exécutoire de l’AAU dont


l’exécution se réalise par la voie administrative, c’est-à-dire la procédure d’office peut
conduire à l’exécution forcée : ce procédé d’exécution forcée désigne ainsi le recours
de l’administration à l’usage de la force pour exécuter ses décisions.

I ’inexécution de l’acte par l’intéressé devrait conduire l’administration à l’exécution


d’office, mais pas forcément à l’exécution forcée dans la mesure où d’administration
peut exécuter la décision au lieu de son destinataire et sans recours à la force.

Si l’administré en plus de son inexécution de l’acte qui entraine l’exécution d’office


s’oppose à celui-ci et fait un obstacle empêchant, dans ce cas l’administration fait
recours à la force publique sans recours préalable au juge pour pouvoir exécuter
matériellement son acte.

Les cas de recours au procédé de l’exécution forcée :

1- Lorsque cette faculté est offerte à l’administration par le législateur.


2- Lorsque l’administration ne dispose d’aucun autre moyen du droit pour obtenir
l’exécution de la décision, c’est-à-dire lorsque la loi ne prévoit aucune sanction
à l’encontre de l’administré qui s’oppose à l’exécution.
3- Lorsqu’il y a urgence, l’administration peut procéder à l’exécution d’office,
même s’il n y a pas résistance de la part des intéressés.
L’urgence est justifiée par l’intérêt public.

Les conditions de l’utilisation de l’exécution forcée :

Premièrement, l’exécution forcée n’est possible que s’il ya une résistance à


l’exécution de la décision administrative.

Deuxièmement, l’exécution forcée doit se limiter au minimum, c’est-à-dire sans


dépasser le but recherché.

Troisièmement, l’Administration procède à l’exécution forcée à ses risques et périls.


En cas d’illégalité et d’annulation par le juge, elle endosse la responsabilité des
conséquences.

La disparition de l’AAU : La disparition de l’acte administratif marque la fin de son


effet juridique pour l’avenir. Mais parfois aussi pour le passé. Cette disparition peut
être le résultat de plusieurs causes et peut émaner soit de la volonté de son auteur
soit en dehors de sa volonté.

1- La caducité de l’acte : L’acte administratif unilatéral devient caduc lorsque son


objet disparait ou lorsque son destinataire est décédé. Il ne produit plus d’effet
pour l’avenir. Il tombe en désuétude.

2- L’annulation de l’acte : l’annulation d’AAU pour illégalité émane soit de


l’autorité administrative soit d’une juge, et dans ces deux cas l’annulation a un
effet rétroactif.

3- L’abrogation : Elle doit être prise selon les mêmes règles de compétence et de
forme que la décision à abroger.

Les actes règlementaires peuvent être abrogés sans soulever de difficultés,


par contre les décisions individuelles ne peuvent être abrogées que dans les
conditions prévues par les lois et les règlements.

B- Le contrat administratif : Le procédé contractuel comme un mode


d’expression juridique de l’administration.
L’Etat et les diverses personnes publiques recouvrent au procédé contractuel,
les contrats conclus par des personnes publiques avec d’autre personnes
publiques ou avec les particuliers peuvent être soit des contrats du droit
commun soit des contrats administratifs.

L’identification du contrat administratif :

1- Par détermination de la loi : un contrat est administratif :

- Dans la mesure où il est expressément prévu par un texte de loi.


- Lorsque des textes confèrent leurs contentieux aux juridictions
administratives.

2- Les contrats administratifs par nature : 3 éléments permettent de reconnaitre


le caractère administratif des contrats.

1- La qualité de personne publique de l’un des contractants : c’est la première


condition pour qu’un contrat soit administratif, il faut que l’une des parties
au contrat soit une personne publique, or le contrat serait de droit
commun.

Cette condition est nécessaire mais elle n’est pas suffisante pour exprimer
le caractère administratif du contrat.

2- Les clauses exorbitantes : même dans le cas où le contrat avait un objet


de service public, il ne pouvait avoir le caractère administratif s’il ne
contenait pas des clauses exorbitantes.
Selon la jurisprudence du conseil d’Etat une clause peut être également
exorbitante si elle porte la marque administrative c’est-à-dire elle est
inspirée par les considérations d’intérêt général étrangères aux contrats
conclus entre particuliers.
Tout récemment, l’utilisation de ce critère par le juge marocain a relève
l’exécution de la notion de clause inhabituelle.

3- La participation directe du cocontractant à l’exécution du service public : il


faut que le contrat constitue l’exécution du service public (ARRET HIHI) :
attribution du caractère administratif au contrat).

Le régime juridique des contrats administratifs (les limitations de la liberté


contractuelle).
A- à l’égard de l’administration : la capacité de contracter n’est accordée qu’aux
personnes morales publiques (Etat/ collectivités locales/ Etablissements
Publics), Première conséquence, les contrats conclus par les services
centraux sont au nom de l’Etat et n’engagent que ce dernier.

La compétence pour passer des contrats qui engagent de la personne publique est
strictement définie par le texte.

Enfin, les modes de passation des marchés nous relèvent que l’autorité compétente
n’est pas toujours libre de choisir autre le contrat du droit privé et le contrat
administratif de même le choix de choisir son co-contractant.

B- A l’égard du cocontractant : le contrat administratif est généralement


semblable au contrat d’adhésion, c’est l’administration qui fixe l’ensemble de
ses clauses, l’initiative du contractant est très réduite, elle se manifeste dans
l’élaboration du prix, la volonté de ce dernier se résume soit dans l’acceptation
soit dans le refus des conditions posées par l’administration et qui sont
réunies dans le cahier des charges.

Le cahier des charges est composé de 3 documents :

- Le cahier des clauses administratives générales : fixe les règles générales


applicables à tous les marchés (condition, exécution, règlement du prix…).

- Le cahier des prescriptions communes : fixe soit les dispositions techniques


applicables à des marchés portant le même type de travaux (service
fourniture), soit les dispositions techniques spécifiques à tous les marchés
d’un même service d’un même ministère.

- Le cahier de prescriptions spéciales : fixe pour chaque marché les


dispositions propre à ce dernier.

Les modes de passation des marchés :

1- L’appel d’offres : peut être ouvert ou restreint dans le cas où le montant du


marché ne dépasse pas 1 Million DH et à condition que l’appel soit fait au
moins à 3 candidats) et qu’il soit portée à leur connaissance par lettre
recommandée avec accusé de réception au moins 15 jours avant la date
d’ouverture des plis

Elle laisse la possibilité à l’administration de choisir l’offre la plus


intéressante.
2- Le concours : le recours à ce procédé doit répondre à des exigences
spécifiques soit d’ordre technique, esthétique ou financier.
Le concours doit être organisé sur la base d’un programme précis qui lie
les contours de la prestation objet du marché et l’ordre de la grandeur de
la dépense pour l’exécution de ce projet (il peut être ouvert ou restreint).

3- Les marchés négociés : les cas de recours à ce procédé sont limités en


9(décret 30 décembre 1999), l’option à ce procédé doit être motivée par
l’autorité compétente.

4- Le bon de commande : pour les marchés de fourniture ou de travaux


courants dont le montant ne dépasse pour 100 000 DH, il est de même
recommandé de faire jouer la concurrence.

5- L’adjucation publique : c’est un procédé exceptionnel utilisé pour les


marchés dont prestations sont de type simple ou standard.

Elle faisant appel à la concurrence après la définition de l’objet du contrat.

L’adjucation peut être ouverte (lorsque les entreprises intéressées par


l’objet du contrat sont appelés à soumissionner), ou restreinte (lorsque
l’administration qui se charge de se soumissionner).

L’exécution des contrats administratifs : Les pouvoirs de l’administration :

1- Le contrôle et de direction : les contrats administratifs accordent à


l’administration soit un pouvoir de contrôle de prestation fournies par le
cocontractant (cas de marchés de fournitures) soit un pouvoir de
direction des travaux (cas des marchés, de travaux publiques).

2- Le pouvoir de sanction : en cas du manquement du cocontractant à ses


obligations, l’administration peut poser des sanctions qui ont pour objet
la répression des manquements et aussi la garantie de la marche du
service public. Ces sanctions sont prévues par le contrat.

Les sanctions que prononce l’administration s’agit des sanctions


pécuniaires.
Mais elle peut recourir à des sanctions coercitives en cas de faute
grave du cocontractant.

3- Le pouvoir de modification unilatéral : l’administration peut modifier en


cours d’exécuter les obligations du cocontractant. Cette faculté trouve
son fondement dans la nécessité d’adapter le service public en
situation nouvelle.
4- Le pouvoir de résiliation : la résiliation est dite dans l’intérêt du service
public où l’administration procède discrétionnairement à la dite
résiliation même si elle n’est pas prévue dans le contrat.

Dans les dommages et le manque à gagner qui en résultent pour le


cocontractant donnent lieu à une indemnisation.

Les droits et les obligations du cocontractant :

I- Les obligations :

L’obligation principale qui pèse sur le cocontractant est celle d’exécuter le contrat
conformément au cahier des charges, elle ne peut être levée qu’en cas de force
majeure.

Le cocontractant doit se soumettre à tous les pouvoirs que détient l’administration


soit du contrat soit du droit des contrats administratifs.

II- Les droits :

1- Le règlement du prix : les dispositions relatives au prix ne peuvent être


remise en cause de manière unilatérale par l’un des parties donc
l’administration ne peut pas mettre en œuvre son pouvoir de
modification unilatéral.

2- L’équilibre financier : le droit des contrats administratifs prévoit au profit


du cocontractant un droit à l’équilibre financier, des phénomènes
extérieurs au contrat peuvent provoquer l’aggravation des charges
financières du cocontractant.

Dans ces conditions le cocontractant peut demander des indemnités,


mais seulement dans le cas où il rencontre des difficultés matérielles et
extérieures à la volonté des parties.

Les aléas et exécution des contrats administratifs :

Le contrat pendant son exécution peut être empêché par des faits nouveaux, on
parle d’aléa administratif (les faits proviennent du fait de l’administration) , aléa
économique (les faits sont extérieurs à sa volonté.
1- La théorie de la force majeure : la force majeure est un évènement extérieur
et indépendant de la volonté des parties, lorsque cet évènement empêche
l’exécution du contrat, le cocontractant se trouve libéré de ses obligations,
mais pour que cette théorie soit appliquée, il faut la réunion 3 conditions :

- L’évènement soit indépendant de la volonté du cocontractant.


- Il faut qu’il soit imprévu et imprévisible.
- Il entraine l’impossibilité absolue d’exécuter le contrat.

2- La théorie du fait du prince : le fait du prince est une mesure puisque la


personne publique contractant qui entraine l’aggravation des charges
financières du cocontractant, rendait plus difficile exécuter le contrat, dans
cette situation la personne publique est tenue d’indemniser le cocontractant
par le préjudice subi (il s’agit d’un aléa administratif).

La théorie du fait du prince exige 3 conditions :

- Lorsque la mesure prise rend difficile et onéreuse l’exécution du contrat.


- Lorsque cette mesure est édictée par la personne publique dans le cadre de
son pouvoir de modification unilatérale du contrat.
- Lorsque cette mesure aggrave la situation financière de son cocontractant.

La théorie de l’imprévision : (se base sur la continuité du service public), le


cocontractant est toujours exposé aux aléas économiques. En fait dans cette
situation le cocontractant ne doit pas se libéré de ses obligations celui-ci doit assurer
la continuité du l’exécution du contrat.

3 conditions pour que la théorie de l’imprévision soit appliquée :

- Si le contrat est bouleversé en cours de l’exécution par un événement


exceptionnel.
- Si l’événement est indépendant de la volonté des parties contractantes.
- Si l’événement n’a pas été prévu par les parties pendant la signature du
contrat.

La fin Bonne chance 

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