2.4. La nature
Sa nature juridique : Créer, constater, modifier ou supprimer des actes ou des rapports de
droit. Cela se fait par des actes administratifs ou par des ordonnances. Les actes administratifs
règlent des situations individuelles. Les ordonnances s’occupent de normes générales et
abstraites.
Examiner les sources du droit administratif ; c’est examiner les limites du pouvoir administratif.
L’administration se caractérise par le fait qu’elle dispose de prérogatives très importantes de
types inégalitaires vis à vis des particuliers et cette situation s’explique en raison de la mission
de l’administration qui est de satisfaire l’intérêt général. Il existe trois manifestations
fondamentales de ces pouvoirs exorbitants :
2 – Le privilège de l’exécution provisionnelle : règle qui fait que l’acte administratif contesté
s’exécute jusqu’à ce qu’il soit annulé et non pas contesté.
Exemple : contestation d’un permis de construire : la contestation qui est la demande
d’annulation du permis de construire n’entraîne pas l’arrêt de la construction ; si annulation et
immeuble déjà construit alors dans certains cas démolition possible mais la contestation n’a pas
fait stopper le permis de construire. Le permis continue donc à produire ses effets de droit tant
que pas annulé sauf dans le cas de demande de sursis à exécution. Le privilège de l’exécution
provisoire se caractérise par le fait qu’un acte administratif dont on demande l’annulation
devant le juge administratif continuera à produire ses effets de droit jusqu’à ce que le juge statue
au fond sur la demande d’annulation.
Norme suprême en droit français. Le juge administratif est dans l’obligation de sanctionner les
actes et comportements de l’administration qui sont contraires à la Constitution.
§ 2 – Le préambule de la Constitution
Ce préambule constitue une véritable mine en raison de ses multiples renvois. Le préambule de
58 fait référence à DDH de 1789 et renvoi aussi au préambule de la Constitution de 1946 qui
fait lui-même des renvois : 3 types de règles :
1 – DDH de 1789
2–L’attachement aux principes politiques, économiques et sociaux particulièrement nécessaires
à notre temps. Par exemple : la loi garantit à la femme, dans tous les domaines les mêmes droits
que les hommes…) : ces principes sont dits de la seconde génération : principes qui touchent
l’homme en société.
3–Principes fondamentaux reconnus par les lois de la république : ces principes ne sont pas
explicités. Catégorie sans corps, sans réalité.
A l’origine ces principes visaient à consacrer officieusement certaines grandes lois de la IIIe
république qui étaient controversées et en particulier le droit d’association et la loi sur
l’enseignement public laïc gratuit. Le Conseil Constitutionnel a ensuite utilisé ce concept pour
créer des principes à valeurs constitutionnelle (à travers ses arrêts) en s’inspirant de lois
adoptées sous la Seconde ou la IIIe république. Exemple de ces principes : l’indépendance des
professeurs d’Université, l’indépendance de la juridiction administrative.
C’est une question qui s’est longtemps posée. Les dispositions du préambule ont-elles même
valeur juridique que le corps de la Constitution ou sont-elles des attachements de principes ?
Donc, soit sans valeur juridique soit valeur constitutionnelle ! Les juges par une démarches
volontaristes (Conseil d’Etat) et pendant la IVe république ont décidé de reconnaître la valeur
constitutionnelle du préambule de la Constitution. Avant 1946 toutes les dispositions du
préambule ne pouvaient être invoquées devant le juge. Cette reconnaissance a été confirmée
sous la Ve république (Constitution de 1958) à travers un arrêt de 1950 :
- CE 1950 DEHAENE : compatibilité d’une réglementation au regard du droit de
grève prévu dans le préambule de la Constitution. Ce faisant, le juge a repris à son
compte la valeur juridique et constitutionnelle du droit de grève ;
- CC 1971 sur la liberté d’association : dans cette décision le Conseil Constitutionnel
(CC) prend en compte la valeur juridique du préambule de la Constitution de 1958.
Dans quelle mesure le juge administratif peut effectivement sanctionner la méconnaissance par
un acte administratif d’une norme constitutionnelle ? Deux raisons peuvent expliquer des
obstacles à cette effectivité : le premier obstacle concerne le préambule de la Constitution et le
second obstacle concerne la théorie de la loi écran.
A. LE PREAMBULE DE LA CONSTITUTION
Ce premier obstacle concerne le préambule de la Constitution et concerne aussi la capacité de
ces dispositions à être invocables directement devant le juge en tant que normes de références
du contrôle. Ces dispositions du préambule n’ont pas les capacités intrinsèques d’être de bonnes
normes de référence car ces dispositions ne sont pas assez précises pour servir de bonnes normes
de référence. Pour être invocable une norme juridique doit de façon générale être suffisamment
précise, c’est-à-dire qu’elle doit poser des règles dont le juge peut effectivement faire
application, à défaut, elle est inapplicable. En pratique de nombreuses dispositions du
préambule sont conçues en des termes inapplicables et il faudrait attendre qu’une loi vienne en
assurer la mise en œuvre pour être invocable. Le problème est que la politique du CE n’est pas
très cohérente sur ce point.
Actes juridiques signé par au moins deux sujets de droit international (états ou organisations
internationales). Elles sont bilatérales ou multilatérales. Les conventions internationales
peuvent avoir des objets très variés. Il y a beaucoup de conventions techniques et beaucoup à
caractère politique : la plus connue est la Convention Européenne des Droits de l’Homme
(CEDH) qui est une convention prise au sein du Conseil de l’Europe qui est une organisation
internationale comprenant 40 états membres. Autres conventions : les traités communautaires
(deux traités de Rome de 1957 qui créent la CEE et EURATOM, aussi traité de Paris de 1951
qui crée la CECA).
Les traités communautaires ont créé des organisations internationales qui ont elles-mêmes
données naissance à une structure institutionnelle.
Le droit communautaire dérivé est composé de plusieurs types d’actes qui produisent des effets
différents :
- le règlement communautaire ;
- les directives communautaires ;
- les décisions communautaires.
Tous ces actes ont la même valeur juridique que les conventions internationales mais elles ne
sont pas toutes invocables directement devant le juge national.
1) – Les règlements communautaires
Le règlement communautaire est un acte complet c’est-à-dire qu’il s’applique dès sa publication
sur le territoire des états membres et s’impose directement sans mesure nationale d’exécution.
Avant 1946 les conventions internationales n’étaient pas réellement des sources du droit
interne car ces conventions posaient des règles qui ne concernaient que les états entre eux
(exemple typique de conventions techniques). En 46 on réalise qu’il faut créer des instruments
internationaux de protection des personnes qui auront vocation à donner des droits aux
personnes susceptibles d’être reconnus devant les tribunaux. Donc, deviennent sources de droit
interne : CEDH de 1949 par exemple. En 46 la Constitution reconnaît aux normes
internationales la qualité de source de droit interne en leur reconnaissant une autorité juridique
supérieure aux lois nationales. En effet, la Constitution prévoit la supériorité des conventions
régulièrement ratifiées et publiées sur les lois et à fortiori sur les actes administratifs.
En France la ratification provient du président de la République. En droit international c’est lui
qui ratifie les conventions internationales mais dans certains cas il y a besoin de l’intervention
du Parlement pour qu’il donne son autorisation. En conséquence des dispositions de 46 le Ce
admet logiquement de contrôler les actes administratifs au regard des conventions
1952 Dame kirkwood
Le CE n’a pas toujours été en mesure de garantir la primauté des normes internationales et ce
jusqu’à un arrêt de 1989 :
icolo
Avant l’arrêt Nicolo il fallait envisager deux cas :
- un acte administratif est contraire à une norme internationale et aucune loi ne
s’interpose entre les deux alors dans ce cas l’acte administratif est illégal et peut être
éventuellement annulé par le juge ;
- un acte administratif est contraire à une norme internationale mais cet acte
administratif puise son fondement d’une loi. Dans ce cas il fallait envisager deux hypothèses :
- la loi était antérieure à la norme internationale auquel cas le juge administratif considérait que
la loi était tacitement abrogée et le juge effectuait son contrôle sans problème en considérant
que ce contrôle ne l’amenait pas à juger la loi puisque le législateur par le biais de l’autorisation
de ratification avait accepté l’existence d’une convention internationale nouvelle et contraire.
- la loi est postérieure à la norme internationale auquel cas le juge administratif refusait de
contrôler le respect par l’acte administratif de la norme internationale car ce contrôle l’obligeait
à contrôler le respect par la loi de la norme internationale. C’est ce que l’on appelle la théorie
de la loi écran en matière internationale : CE 1968 Syndicat général des fabricants de semoules
de France
Depuis l’arrêt Nicolo :
Il n’y a plus besoin d’écran législatif en matière internationale. En 89 le CE décide que la
Constitution l’autorise à titre exceptionnel à déroger au principe de la séparation des pouvoirs
et lui permet d’écarter toutes les lois contraires aux normes internationales. Le juge écarte la
loi, il ne la juge pas. Il fait comme si elle n’était pas là. La théorie de la loi écran ne marche plus
en matière internationale mais existe toujours en matière constitutionnelle. Le juge ordinaire ne
peut toujours pas contrôler l’inconstitutionnalité d’une loi, c’est-à-dire sa contrariété à la
Constitution mais peut juger de l’inconventionnalité d’une loi c’est-à-dire sa contrariété à une
norme internationale dès lors que ce contrôle passe par le contrôle d’un acte administratif
unilatéral.
Elles sont organisées par la Constitution qui prévoit la possibilité pour le peuple de voter des
lois. On peut utiliser le référendum dans trois domaines :
• l’adoption de projet de loi qui porte sur l’organisation des pouvoirs publics ;
• l’adoption de projet de loi visant à autoriser la ratification d’une convention internationale de
nature à avoir des incidences sur le fonctionnement des institutions ;
• l’adoption de la loi « portant réforme » relative à la politique économique et sociale de la
Nation et aux services publics qui y concourent.
§ 3 – Les actes édictés par l’exécutif et qui peuvent acquérir force de loi
A terme, ces actes vont avoir la même valeur juridique que la loi. Il y a deux types d’actes de
cette nature :
A. LES ORDONNANCES
Le parlement peut habiliter le gouvernement à prendre des mesures qui sont normalement du
domaine de la loi pendant un temps déterminé et dans des matières déterminées. L’ordonnance
doit être autorisée, dans son principe, par voie législative.
Si elle est ensuite ratifiée par le parlement elle aura alors valeur de loi. Si elle n’est pas ratifiée
l’acte restera un acte administratif unilatéral.
SECTION II : LE DOMAINE DE LA LOI
C’est-à-dire que tout concernait le législateur. Le gouvernement n’intervenait que pour assurer
l’exécution des lois. Théorie classique de la séparation des pouvoirs mais la situation a évolué
et le Parlement a des difficultés car il y a un besoin de plus en plus important pour légiférer et
difficultés pour légiférer politiquement parlant (coalition) et aussi multitudes de tâches.
En 1958 grande innovation de la Constitution :
Cette innovation consiste à circonscrire le domaine d’intervention du législateur. C’est l’objet
de l’article 34 de la Constitution de 58, c’est-à-dire que l’on va définir le domaine de la loi.
Donc, on donne au Parlement la compétence d’attribution et au Gouvernement la compétence
de principe ce qui fait que le Gouvernement est compétent pour tout sauf ce qui touche le
domaine légal. L’article 34 confère une double compétence au législateur : • une compétence
pour fixer les règles dans des domaines qui sont expressément prévus, les lois doivent être
relativement précises • une compétence pour fixer les principes fondamentaux relatifs à un
certain nombre de questions (exemple : droit du travail, enseignement…). Dans l’exercice de
cette seconde compétence le législateur adopte ce que l’on appelle des lois cadres c’est-à-dire
des lois qui se bornent à poser un certain nombre de grands principes qui appellent
nécessairement l’intervention de règlements d’exécution. Tout ce qui n’est pas du domaine de
la loi est du domaine du règlement ! (Article 37 de la Constitution) On peut donc dire que le
législateur a son pouvoir très encadré.
La règle générale est le contrôle à priori devant le CC sauf une dérogation : une loi promulguée
peut être contestée à l’occasion du contrôle d’une loi qui ne l’est pas encore lorsque la première
(la plus ancienne) est modifiée, complétée ou affectée dans son domaine par la seconde. Cette
dérogation s’appelle « l’exception d’inconstitutionnalité » et ne fonctionne que devant le CC.
Cette solution dérogatoire se justifie de façon pragmatique parce que dans cette hypothèse les
deux lois font corps et il est difficile de contrôler la constitutionnalité de la nouvelle loi sans le
faire pour l’ancienne.
Les conséquences de ce régime juridique pour le juge administratif ?
Il refuse sous réserve de contrôler la loi que ce soit par la voie de l’action ou par la voie de
l’exception. Le juge administratif ne peut pas contrôler la loi ni par la voie de l’action (on ne
peut pas lui demander d’annuler une loi), ni par la voie de l’exception c’est-à-dire que l’on ne
peut pas contester une loi devant lui à l’occasion de la contestation d’un acte administratif qui
serait pris sur son fondement (théorie de la loi écran) sauf si la norme prétendument violée est
une norme internationale.
La plupart du temps les actes administratifs sont pris sur le fondement d’une norme supérieure
qui peut être un autre acte administratif ou une autre loi. En conséquence de cela, lorsque l’on
conteste l’acte administratif on est souvent conduit à contester par la voie de l’exception cet
autre acte administratif ou loi en prétendant que ces derniers sont illégaux et qu’ils ont «
contaminé » l’acte administratif. Dans ce type de situations le juge varie ses réponses :
- Première hypothèse : La norme attaquée par la voie de l’exception est un autre acte
administratif. Ce mécanisme s’appelle « l’exception d’illégalité ». Le juge exerce sans problème
ce contrôle de l’exception d’illégalité (c’est-à-dire qu’il accepte de contrôler). S’il constate
l’illégalité de cet acte administratif il écartera son application et annulera l’acte administratif
attaqué par la voie de l’action.
- Deuxième hypothèse : La norme attaquée par la voie de l’exception est une loi. On prétend
que la loi est contraire à la Constitution et le mécanisme de contrôle s’appelle « l’exception
d’inconstitutionnalité » et le juge administratif refuse de contrôler en raison de la théorie de la
loi écran. Ou alors on prétend que la loi est contraire à une convention internationale et le
mécanisme de contrôle s’appelle « l’exception d’inconventionnalité ».
§ 2 – Petit historique
En droit français, à l’origine le CE rattachait toujours les solutions données dans ses arrêts à des
textes.
CE 1944 Dame veuve trompier gravier : sans faire de référence à aucun texte le juge
administratif va affirmer le droit au respect de ce que l’on appelle « les droits de la défense » et
va annuler la décision d’un préfet méconnaissant cette règle.
CE 1945 Aramu : le CE consacre pour la première fois « l’existence de principes généraux du
droit applicables même sans texte ». Il annule aussi un acte administratif au regard du PGD : le
juge crée une nouvelle règle.
Si juridiquement les PGD ne sont pas rattachés à des textes, ils ont néanmoins des sources
d’inspirations. La plupart des PGD sont inspirés d’un ou de plusieurs textes de valeur
constitutionnelle ou législative qui ne sont plus en vigueur ou dont le juge veut donner un champ
d’application plus important.
Exemples :
- Dans le droit du travail : interdiction de licencier une femme enceinte qui travaille dans la
fonction publique. En fait, règle existant dans le domaine privé mais lacune dans le domaine
public et le juge a donc généralisé.
- La Convention de Genève définit les statuts et organise le statut du réfugié politique :
protection s’il est menacé… mais oubli de l’extradition des réfugiés politiques. Dans le PGD
élargissement de la Convention de Genève et en ce sens le PGD complète une lacune du droit.
Certains PGD sont difficilement rattachables à des textes écrits, dans ce cas, ils se dégagent
nécessairement d’un état de civilisation et des aspirations de la société à un moment donné.
Autrement dit, ils correspondent à un certain consensus social et politique.
A. AU NIVEAU CENTRAL
Ce sont des autorités qui disposent du pouvoir de prendre des règlements applicables sur
l’ensemble du territoire national mais seulement dans des domaines particuliers.
Exceptionnellement ces organismes peuvent édicter des actes réglementaires : exemple des
fédérations sportives et des Ordres professionnels (ordre des médecins, ordre des experts
comptables.
principe des actes de droit privé. Cette qualification s’impose toujours pour les décisions
individuelles. Pour les actes réglementaires, décision administrative si se rapportent à
l’organisation même du service public assuré :CE 1968 EPOUX BARBIER
Il faut entendre ici les décisions réglementaires qui touchent le plus souvent au statut du
personnel en tant que ce statut est rendu nécessaire par les particularités du service public en
cause.
B. LE RETRAIT
Pour les règlements : leur retrait peut être prononcé pour toutes causes mais seulement tant
qu’ils ne sont pas définitifs. Doit se faire dans les deux mois qui suit leurs publicités. Solution
inspirée par la nécessité de permettre à l’administration de relever ses actes illégaux tout en
protégeant le respect des droits conférés même illégalement aux administrés. La faille de ce
mécanisme réside dans le fait que le juge à une conception restrictive de la notion de décision
créatrice de droits acquis.
Pour le juge, les décisions individuelles qui sont favorables à leur destinataire ne sont pas toutes
créatrices de droits acquis. Deux exemples : il n’existe pas de droits acquis à l’occupation du
domaine public de telle sorte que toutes les autorisations d’occupation du domaine public sont
par définition précaires et révocables. Le juge considère comme non créatrices de droits de très
nombreuses décisions d’ordre pécuniaire comme par exemple celles qui accordent des bourses.
C. LE VICE DE FORME
Il concerne la présentation extérieure de l’acte. Les cas d’annulation les plus fréquents sur ce
fondement concerne la motivation : absence de faiblesse de motivation.
SECTION II : LA LEGALITE INTERNE
Le juge va contrôler ici l’intérieur de l’acte et cela passe par l’examen de deux grandes questions
: contrôle des motifs et contrôle des buts.
A. CONTROLE DES MOTIFS
C’est le contrôle de ce qui justifie l’acte. L’illégalité d’un acte en raison de ses motifs existe
dans trois cas : quand erreur de droit, erreur de fait et erreur sur la qualification juridique des
faits.
1) – L’erreur de droit :
C’est l’examen des motifs de droit de la décision. Cette erreur correspond à une erreur sur le
fondement juridique de la décision. Concrètement l’administration s’est fondée sur un texte soit
qui est objectivement inapplicable soit par ce qu’il a mal été interprété.
2) – L’erreur de fait : Correspond à un contrôle sur la matérialité des faits à l’origine de la
décision.
3) – L’erreur sur la qualification juridique des faits : il s’agit de vérifier si les faits justifient
juridiquement la décision. C’est le rapport adéquat entre les faits et le droit applicable. Exemple
: loi qui interdit les constructions autour des perspectives monumentales, refus de construire
autour d’une place dite à perspective monumentale : le juge va voir si la place constitue bien
une perspective monumentale. Argument de droit beaucoup invoqué car il s’agit d’un moyen
qui suppose que le juge s’engage d’un point de vue subjectif : c’est un contrôle d’opportunité.
Ce contrôle est plus ou moins poussé (au sens intense) suivant que l’administration a pris sa
décision avec une réelle marge d’appréciation ou à l’inverse sans marge de manœuvre. Il faut
envisager trois degrés de contrôle de la qualification juridique des faits ; degrés qui dépendent
en principe de la liberté d’appréciation de l’administration quand elle a pris la décision attaquée
ou contestée. Ces trois degré sont : le contrôle restreint, le contrôle normal et le contrôle de
proportionnalité appelé aussi contrôle maximal :
- le contrôle retreint : ce contrôle est dit aussi contrôle minimum ou contrôle de l’erreur
manifeste d’appréciation. C’est un contrôle qui vise à censurer les erreurs de qualifications
manifestes grossières ou évidentes. Ce contrôle s’exerce lorsqu’en vertu des textes
l’administration dispose d’un pouvoir discrétionnaire c’est-à-dire d’une certaine marge
d’appréciation dans la prise de décision. Cette liberté d’appréciation est laissée par les règles
de droit qui sont délibérément muettes ou qui posent des conditions très générales afin de laisser
à l’administration le soin d’adapter ses décisions à des situations qui seraient impossible ou
dangereux (au sens équitable) d’enfermer dans le carcan de règles trop rigides ;
- le contrôle normal : il implique un contrôle de la qualification juridique des faits plus
poussé. Le juge va vérifier si les faits sont véritablement de nature à justifier juridiquement la
décision : c’est donc un contrôle plus pointilleux. Ce contrôle s’exerce au cas de compétence
liée c’est-à-dire quand l’administration a pris sa décision sans marge de manœuvre au regard
de critères objectifs ;
- le contrôle de proportionnalité ou contrôle maximal : ce sont des cas très particuliers
où s’exerce un contrôle très précis ou très poussé. Le choix de ce contrôle peut résulter de
l’exigence d’un texte ou de la jurisprudence. Dans ce cadre le juge va procéder à la
confrontation des avantages et des inconvénients de la décision considérant que la décision sera
légale si les avantages sont supérieurs aux inconvénients. Le juge rentre sur ce terrain sur un
vrai contrôle de l’opportunité des décisions. Il y a deux domaines en particulier où le contrôle
s’applique :
B. La gestion déléguée.
Celle-ci est une appellation pour désigner plusieurs catégories de contrat. La gestion déléguée
est donc une catégorie que l'on peut qualifier de catégorie transversale. Depuis longtemps la
pratique administrative permet de confier la gestion d'un service public à une personne privée.
Et tel est le cas de la concession de service public, de l'affermage ou encore de la régie intéressée
(qui est un contrat et non pas une gestion directe). Cette technique a été consacrée par le
législateur sous le nom de délégation de service public. Et selon la loi du 11 décembre 2001 «
une délégation de service public est un contrat par lequel une personne morale de droit public
confie la gestion d'un service public, dont elle a la responsabilité, à un délégataire public ou
privé, dont la rémunération est substantiellement liée aux résultats de l'exploitation du service
».
Le conseil d'état avait été amené à se prononcer sur la distinction entre la délégation de service
public et le marché public. Et dans une décision du 15 avril 1996 « préfet des Bouches-du-
Rhône contre commune de Lambesc » a estimé qu'il y avait délégation de service public, et non
marché, lorsque la rémunération du cocontractant était substantiellement liée aux résultats du
service. Dans une décision du 30 juin 1999 « syndicat mixte du traitement des ordures
ménagères centre Ouest Seine-et-Marnais » a été amenée à préciser qu'il devait s'agir d'au moins
30 % des résultats d'exploitation.
Section 2. Le régime juridique des contrats administratifs.
Ce régime juridique diffère du contrat de droit privé. L'idée dominante est que le contrat
administratif n'est pas conclu dans l’intérêt des parties ou dans l’intérêt de l'une des parties, il
est conclu dans l’intérêt général. C'est ce qui explique une existence en droit administratif de
l'exceptio non adimpleti contractus : le fait pour une personne publique de ne pas exécuter
correctement ses obligations contractuelles mais pas de nature à dispenser le cocontractant privé
d'exécuter ses propres obligations.
Paragraphe 1. La formation des contrats administratifs.
La formation de ses contrats obéit à des règles rigoureuses relatives notamment à la qualité des
cocontractants. Ces règles sont également relatives au contrat lui-même.
A. Les règles relatives à la qualité des contractants.
a. Les procédures de choix du cocontractant.
Parmi ces procédures on peut distinguer en simplifiant trois sortes de procédure.
1. L'adjudication.
Celle-ci est un procédé qui met en concurrence les candidats à la conclusion d'un contrat afin
d’en permettre l'attribution automatique à celui qui offre le prix le plus bas, et que l'on appelle
« le mieux-disant » ou « le moins disant ». Cette formule est susceptible de modalités :
l'adjudication ouverte ou l'adjudication restreinte.
Dans l'adjudication ouverte, c'est a priori le procédé qui respecte le mieux le principe d'égalité
entre les candidats. Cette technique repose, en effet, sur la publicité et sur la concurrence.
La publicité est assurée par les avis de mise en adjudication, ces avis sont à la fois publiés dans
la presse est également affichés dans l’enceinte des bâtiments officiels.
La concurrence est réalisée par l'impossibilité pour l'administration d’exclure un entrepreneur
sauf s'il s'agit d'un failli ou d’une personne condamnée pénalement pour une infraction fiscale.
En présentant l’adjudication l’administration va indiquer les travaux à effectuer ou bien des
fournitures à livrer. Et l'administration va indiquer également mise à prix, qui est le chiffre de
base estimé par l'administration. Les candidats, appelés soumissionnaires, énoncent les
conditions dans lesquelles ils comptent exécuter le contrat, c'est-à-dire le rabais qu’ils proposent
par rapport à la mise à prix. Ces soumissions sont faites sous pli cacheté pour respecter la
concurrence entre les candidats. L'administration constitue un bureau d'adjudication, celui-ci
procède alors à l'ouverture des enveloppes et l'entrepreneur le moins disant doit être
obligatoirement déclaré adjudicataire, c'est-à-dire bénéficiaire du contrat, de l'adjudication.
Dans l'adjudication restreinte l'administration est autorisée à arrêter à l'avance, compte tenu de
la nature du contrat envisagé, la liste des soumissionnaires sous réserve de ne pas opérer une
discrimination illégale entre les candidats. Conseil d'état 9 juillet 1975 « ville des lilas ».. C'est
adjudication se justifie dans les cas où il faut pouvoir avoir à faire à des entreprises présentant
des capacités suffisantes. La suite de la procédure est comparable à celle de l'adjudication
ouverte, l'administration devant choisir toujours l'entrepreneur qui présente le meilleur prix.
2. L'appel d'offre.
Il est une technique de passation des contrats qui fait appel à la concurrence des
soumissionnaires, mais une administration n'est pas tenue de donner sa préférence au
soumissionnaire qui a proposé le meilleur prix. Comme l'adjudication, l'appel d'offre est
susceptible de modalités.
Une modalité principale, l'appel d'offre est dite ouvert lorsque tout candidats peut participer.
L’avis d’appel d'offre est porté à la connaissance du public par insertion dans une publication
habilitée à recevoir des annonces légales.
L'appel d'offres est dit restreint lorsque la personne responsable du contrat arrête la liste des
candidats admis à présenter une offre. Cette liste peut également comprendre les noms
d'entrepreneurs, de fournisseurs qui n’ont pas répondus à l'appel de candidature. Dans les deux
hypothèses l'administration choisit librement l’offre qu'elle juge la plus intéressante en tenant
compte du prix des prestations, mais aussi de leur coût d'utilisation, de leur valeur technique,
des garanties professionnelles et financières présentées par chaque candidat, du délai
d'exécution.
Par ailleurs depuis 1993 il existe deux catégories particulières d'appel d'offre. Tout d'abord
l'appel d'offre avec concours, qui n’existe que pour des prestations intellectuelles dont l'objet
est d’aider l’administration à opter pour un choix déterminé lors de la passation d'un contrat.
Il s'agit ensuite de l'appel d'offres sur performance. Celui-ci est toujours un appel d'offres
restreint, seuls peuvent concourir les entreprises qui sont en mesure d'établir avec précision les
moyens qu'elles sont capables de mettre en oeuvre pour parvenir à la satisfaction de besoins
très précis déterminés par l'administration.
3. Les marchés négociés (procédure de gré à gré).
Ces marchés sont appelés négociés depuis 1976, auparavant ils étaient qualifiés de marchés de
gré à gré. Le marché est dit négocié lorsque l'autorité compétente de la collectivité concernée
engage sans formalités les discussions qui lui paraissent utiles et attribue ensuite librement le
marché aux candidats qu’elle a retenu. L'autorité compétente est cependant tenue de mettre en
compétition par consultation écrite, ou moins sommaire, les candidats susceptibles d'exécuter
un tel marché.
Les hypothèses dans lesquelles l'administration peut recourir à ces procédures sont notamment
les suivantes :
- lorsqu'un entrepreneur détient un brevet d'invention ou des droits exclusifs ;
- lorsqu'il s'agit de travaux de fournitures exécutés à titre de recherche, d’essais ou
d'expérimentation.
Lorsque les travaux ou fournitures n’ont fait l'objet d'aucunes soumissions, ou bien pour
lesquelles les soumissions sont inacceptables, à cause du prix trop élevé par exemple. Pour
certains travaux secrets qui intéressent la défense nationale, lorsqu'il y a urgence.
b. Le recours par l'administration aux différents procédés
Le choix par l'administration de l'un des procédés de passation des contrats est dominé au XIXe
siècle par la volonté d'assurer la satisfaction de l'intérêt général au moindre coût et par le souci
d'éviter que la puissance publique ne s'engage dans l'action commerciale ou industrielle. Et ceci
a conduit à privilégier le procédé de l'adjudication. Elle était supposée procurer le meilleur
service au coût le plus bas, or, rapidement cette vision des choses s'est révélée erronée. Il y a eu
une double dérive. D'une part le moindre coût s'est révélé être également le choix de la plus
mauvaise qualité. D'autre part se prix théoriquement le moins élevé va se révéler faux :
- la prétendue concurrence n'a pas empêché les ententes entre les candidats qui faussent le jeu du
contrat et de l'adjudication.
Ceux qui ont soumissionnés au prix le plus bas étaient également souvent des entrepreneurs en
difficulté. Et la puissance publique s'est trouvée dans l'obligation de voler au secours de son
cocontractant incapable d'assumer le prix bas qu'il avait proposé.
Ainsi l'adjudication a conduit à la plus mauvaise qualité au prix le plus élevé. C'est pourquoi
les règles ont été assouplies. Le procédé de principe d'un contrat administratif est désormais
l’appel d'offre.
Par ailleurs les textes ont fini par admettre la possibilité sous certaines conditions de la sous-
traitance. C'est l'opération par laquelle un entrepreneur titulaire d'un contrat administratif confit
par un sous-traité et sous sa seule responsabilité à une autre personne, appelé sous-traitant, tout
ou partie de l'exécution du contrat administratif initial. Jusqu'en 1975 ces sous-traités étaient
très mal vus, et depuis cette date la sous-traitance a été élevée au mode normal d'exécution des
contrats administratifs. Le sous-traitant doit avoir été accepté par l'administration, faute de quoi
ce sous-traitant ne dispose d'aucun droit à son égard. Le sous-traitant qui a été accepté a droit
au paiement direct par le maître d'ouvrage, qui est la personne publique, et il dispose du droit
d'agir contre ce maître d'ouvrage en cas de non-paiement.
L'exécution des contrats administratifs peut être gravement affectée par la survenance de fait
nouveaux extérieurs à la volonté des parties. Le plus reconnu de ces évènements est la force
majeure qui éteint les obligations et donc qui éteint le lien contractuel. L'exception de force
majeure est rarement admise par le juge administratif. C'est ainsi par exemple qu'une période
de guerre n'est pas nécessairement une situation de force majeure si les difficultés d'exécution
du contrat étaient susceptibles d'être prévues.
Plus fréquente est la théorie de l'imprévision, selon la théorie de l'imprévision l'exécution du
contrat doit se poursuivre malgré la survenance d'événements imprévisibles et indépendants des
parties, rendant particulièrement difficile mais pas impossible la poursuite du contrat. Et dans
ce cas l'administration doit venir en aide à son cocontractant en raison de l'important
accroissement des charges que ces survenances entraînent. En principe, en droit privé, le contrat
tient lieu de loi aux parties, et si la survenance d'événements nouveaux rend l’exécution du
contrat plus onéreuse pour la partie, celle-ci doit cependant continuer à exécuter le contrat,
éventuellement jusqu'à sa ruine. L'application de la théorie de l'imprévision est obstinément
refusée par la cour de cassation, à la différence de ce qui se passe pour des contrats de droit
public.
Dans un contrat administratif, l'administration doit venir en aide à son contractant afin de lui
permettre de surmonter ce cap délicat, assurant ainsi la continuité de l'exécution du contrat qui
était conclu dans un intérêt général.
La situation de l'imprévision. La notion de imprévision remonte au début des années 20, mais
la théorie de l'imprévision a été systématisée à partir d'une décision du conseil d'état le 30 mars
1916 « compagnie général d'éclairage de Bordeaux ». Cette compagnie était concessionnaire
de la distribution du gaz et de l'électricité dans cette ville. Les tarifs du m³ de gaz avaient été
établis sur la base d'un prix du charbon, avec le déclenchement des hostilités, le coût augmente
peu à peu et finit par atteindre 260 %. La société demande en vain à Bordeaux de l'autoriser à
relever les tarifs du gaz ou de lui verser une indemnité. Face à ce refus, la société présentera ce
refus au juge du contrat.
Le conseil d'état reconnaît à cette société le droit d'exiger de l'administration qu'elle l'aide à
surmonter ses pertes. L'argument du conseil d'état est le suivant : en principe, le contrat de
concession règle d'une façon définitive et jusqu'à son expiration les obligations respectives du
concessionnaire et du concédant. Donc, la variation du prix des matières premières ne constitue
qu'un aléa qui, selon les circonstances, peut-être favorable ou non au cocontractant.
Mais, le juge observe qu'en l’espèce, l'aléa n'est pas seulement exceptionnel, c'est qu'un aléa
qui dépasse toutes les prévisions qui ont pu être faites par les parties au moment de la conclusion
de contrat. Le juge en déduit que l'économie du contrat se trouve absolument bouleversée.
Dans un troisième temps, le conseil d'état tire la conclusion que si la prétention du cocontractant
de ne supporter aucune augmentation doit être rejetée, il faut cependant adopter une solution
qui tienne compte à la fois de l'intérêt général, le quel exige la continuation du service public,
donc du contrat et dans des conditions spéciales qui ne permettent pas au contrat de recevoir
son application normale. Il faut donc que les deux cocontractants supportent chacun une part
du déficit jusqu'à ce que la situation soit redevenue normale.
Il y a des conditions d'application de la théorie : la situation de l'imprévision supporte la réunion
de trois conditions pour que l'administration participe au sauvetage financier de son
cocontractant :
Les circonstances perturbatrices du contrat telles qu'elles sont invoquées par le cocontractant
doivent excéder les aléas économiques et commerciaux normaux, c'est-à-dire revêtir un
caractère anormal et imprévisible. En d'autres termes, la théorie de l'imprévision n'a pas pour
effet de supprimer l'aléa qui existe dans tout contrat. Les aléas ordinaires font partie des risques
que court tout cocontractant. Il n'y a pas besoin du caractère exceptionnel, il faut un caractère
extraordinaire. Cet aléa est « l'événement déjouant tous les calculs que les parties ont pu faire
au moment du contrat », communiqué du gouvernement Corneille du 3 décembre 1920 «
Fromassol ». On a parfois tenté de classer cet aléa et de distinguer ceux d'ordre administratif et
ceux d'ordre économique. Toutefois, cette distinction ne présente pas un grand intérêt dans la
mesure où la théorie de s'applique pas seulement aux aléas d'ordre économique. Elle peut
s'appliquer aux aléas d'ordre administratif. Exemple : l'aléa d'ordre économique est une grave
crise économique ; l'aléa administratif est la dépréciation monétaire, l'intervention autoritaire
sur les prix. Conseil d'état 15 juillet 1949 « ville d’Elbeuf » et le 22 février 1963 « ville
d'Avignon ». L'aléa peut également être d'ordre naturel, exemple du séisme violent.
Les circonstances doivent être étrangères au cocontractant. Ce dernier ne peut invoquer la
théorie s’il a une part de responsabilité dans les faits qui sont à l'origine de la situation, ni même
s'il n'a pas tout fait ce qui était en son pouvoir pour éviter la survenance d'une telle situation.
En revanche, la question de savoir si l'événement doit être indépendant de l'administration s’est
posée : pour certains auteurs l'événement doit avoir été extérieur aux deux parties. Lorsque le
déficit est causé par l'administration, le cocontractant a évidemment intérêt à se placer sur le
terrain de la théorie du fait du prince que sur la théorie de l'imprévision, car la première lui est
plus favorable. Malgré cela, la plupart des auteurs pensent que cela ne signifie pas
l’impossibilité pour le cocontractant d’invoquer la théorie de l'imprévision.
Ces circonstances doivent entraîner un véritable bouleversement du contrat. Cela signifie qu'un
simple déficit du cocontractant n'est pas suffisant pour que l'imprévision soit applicable. Il faut
que le déficit ait dépassé le prix limite, c'est-à-dire la marge de hausse que l'on peut considérer
comme entrant dans les risques normaux du contrat. Le dépassement de ce prix limite constitue
un seuil au-delà duquel va pouvoir jouer l'imprévision.
Les conséquences de l'imprévision. Quand les conditions de l'imprévision sont réunies, le
cocontractant a droit à une indemnité appelée « indemnité d’imprévision » ou « indemnité pour
charges extra contractuelles ». Mais les compensations pécuniaires ont une limite en ce sens
que le cocontractant ne peut y prétendre que dans la mesure où son déficit présente un caractère
temporaire.
La nécessité de payer une indemnité pour charges extra contractuelles : lorsque la situation
d’imprévision est reconnue, pour déterminer le montant de l'indemnité à laquelle le
cocontractant peut répondre. L'évaluation de l'indemnité comprend trois opérations successives
:
- il faut déterminer la date d'ouverture de la période extra contractuelle et éventuellement la fin
de cette période. L'expression période extra contractuelle ne signifie pas qu'il n'y a plus de
contrat, mais simplement que l'on se trouve hors de l'application de contrat tel qu'il avait été
prévu ;
- il faut calculer la charge extra contractuelle c'est-à-dire le surcoût financier que les événements
imprévus imposent au cocontractant de supporter. Le montant de la charge extra contractuelle
est rarement égal au montant du déficit. Il se peut en effet que le déficit ne soit pas dû seulement
à l'aléa qui a modifié les conditions d'exécution du contrat, mais aussi à la faute du
cocontractant, conseil d'état 1921 « compagnie général d'éclairage de Castelnaudary ». La
charge extra actuelle n'est pas non plus le manque à gagner. Elle est un écart entre les prévisions
extrêmes qui avaient pu être faites lors de la passation de contrat et le déficit dû à cet aléa. En
revanche il n'est pas tenu compte dans la détermination de cette charge extra contractuelle ni
des bénéfices que le cocontractant a pu réaliser en début d'exploitation du contrat, ni de ce qu'il
peut espérer dans l'avenir. On ne tient pas plus compte dans cette période extra contractuelle
pour déterminer le montant de la charge extra contractuelle des bénéfices que le cocontractant
a pu réaliser dans d'autres activités que celles ayant fait l'objet du contrat. Conseil d'état 1976 «
département des Hautes-Pyrénées contre société Orphila». Cependant le contrat lui est
considéré dans son ensemble en ce sens que tous les résultats du contrat sont pris en
considération, et même dans l'hypothèse d'une concession, toutes les exploitations concernées
par la même collectivité au même concessionnaire ;
- enfin, en troisième lieu, il faut établir le partage de la charge extra contractuelle entre tous les
cocontractants. En effet, le régime de l'imprévision présente cette particularité que le
cocontractant n'a pas de droit à une indemnité qui couvrirait l'intégralité de la charge extra
contractuelle. En pratique cependant, la partie qui demeure à la charge cocontractant reste
modeste, de l'ordre de 10 à 15 %.
L'administration a essayé d'échapper au paiement d’une indemnité pour charges extra
contractuelles en insérant dans les contrats qu’elle passe avec les particuliers des clauses
qualifiées de clauses d’imprévision. Elles ont pour objet d'éviter le déclenchement de la
procédure d'imprévision. La question s'est alors posé de savoir si la présence de telles clauses
dans un contrat administratif excluait toute possibilité de faire jouer ensuite la théorie de
l'imprévision. La jurisprudence a décidé que l'existence de telles clauses n'empêche pas
l'application de la théorie de l'imprévision sous réserve toutefois que le bouleversement du
contrat ne soit pas dû à des circonstances qui avaient été précisément envisagées par les clauses
d'imprévision. En définitive ce qui est interdit c’est d'exclure l'indemnisation par suite de fait
imprévu, et ce qui est permis c'est d’énoncer les circonstances de faits dont la survenance ne
donnera pas lieu à indemnisation.
Limites d’application de la théorie de l’imprévision : elles ont été clairement exposées dans une
décision du 9 décembre 1936 « compagnie des tramways de Cherbourg ». Dans cette affaire, la
compagnie avait, avec l'accord de la ville, modifié plusieurs fois les tarifs sans que cela mette
fin à son déficit. Ne pouvant plus augmenter les tarifs sous peine de perdre tous ses clients, elles
s'adressent au juge pour lui demander de condamner la ville à lui payer une indemnité
d'imprévision. Mais la situation était très différente de celle de gaz de Bordeaux, car en l’espèce
la ville avait toujours autorisé la société a relevé ses tarifs.
Le juge rappelle d'abord l’hypothèse de l'arrêt de Bordeaux : il tient au concédant de prendre
les mesures nécessaires pour que le concessionnaire puisse assurer le marché de service public
dont il a la charge. Notamment, il lui tient de fournir une aide financière au concessionnaire.
Mais dans un second temps le conseil d'état observe que cette obligation de payer ne pèse sur
le concédant que dans la mesure où le bouleversement du contrat présente un caractère
temporaire. Si ce bouleversement devient définitif, il n'y a plus d'imprévision, il y a force
majeure et extinction du contrat. Donc le conseil d'état déduit que la situation nouvelle
constituait un cas de force majeure qui permet la résiliation de contrat. C'est au juge saisi soit
par le cocontractant soit par le concessionnaire de constater que l'entreprise n'est plus viable et
de mettre fin au contrat.
TITRE IV – LE SERVICE PUBLIC
Le service public est le fondement de l’administration. On parlera ici de service public au sens
de l’activité de l’administration qui est une activité soit de prestation soit de réglementation. Ce
n’est pas le service public en tant qu’organisation qui nous intéresse mais le service public en
termes d’activités.
Le service public est donc la raison d’être de l’administration, son but et sa légitimité. Nous
étudierons ici la notion de service public et la classification des services publics.
CHAPITRE I : LA NOTION DE SERVICE PUBLIC
SECTION I : LE CONCEPT DE SERVICE PUBLIC
Définition proprement dite : le service public se définit comme une activité d’intérêt général
assurée par une personne publique directement ou indirectement et soumise à un régime
juridique particulier.
§1 – La soumission à un régime juridique particulier
Initialement le service public était soumis au droit public, c’était la règle. Maintenant, la
situation s’est compliquée depuis que le juge administratif a créé la distinction jurisprudentielle
entre les services publics administratifs (SPA) et les services publics industriels et commerciaux
(SPIC), et complication de la définition du droit applicable au service public.
§2 – Le rattachement direct ou indirect à une personne publique
Initialement le critère organique était décisif à savoir que seules les personnes publiques
géraient les services publics (SP) : sauf une exception pour la concession de SP par personne
publique envers une personne privée. Depuis longtemps déjà un certain nombre de missions est
confié à des personnes privées mais même dans cette hypothèse il existe toujours une personne
publique qui exerce un contrôle sur la façon dont est géré le SP.
§3 – L’activité d’intérêt général
Il est particulièrement difficile de donner une définition du concept d’intérêt général car c’est
une notion tributaire des choix politiques et idéologiques d’une société. Cela signifie que c’est
forcément une notion évolutive. Evolution : jusque dans les années 20 s’impose l’idéologie
fondée sur une intervention restreinte de l’état. L’idée est que moins on a d’état plus les libertés
des citoyens sont préservées. Dans cette perspective l’intérêt général qui justifie la création
d’un SP est donc strictement entendue. Deuxième étape : fin du premier conflit mondial :
marque une évolution de cette conception libérale de l’état. A cette époque évolution
pragmatique ( pas idéologique ) résultant de la guerre et elle est fondée ( cette évolution ) par
deux nécessités :
-reconstruire le pays dévasté par la guerre qui va conduire la création de SP permettant
la reconstruction ;
- relancer une économie à terre qui va obliger l’état à créer des SP pour lutter contre
l’inflation, contre le chômage et d’un point de vue général pour palier la carence de l’initiative
privée dans les domaines économiques et commerciaux ;
L’extension constante de l’intérêt général apparaît aussi très nettement dans le domaine social.
Au début du siècle les services sociaux se réduisent à des services d’assistance,
d’hospitalisation, de lutte contre certains fléaux sociaux et construction de quelques logements
sociaux.
A partir de 1930 et encore moins à partir de 1945 on assiste à une explosion du concept d’intérêt
général dans le domaine social. Reconnaissance de la sécurité sociale comme mission de SP,
centre de lutte contre le cancer, certaines institutions privées de placements de mineurs
délinquants…
Depuis les années 70 l’intérêt général fait son apparition dans le domaine des activités socio-
culturelles. Cette reconnaissance s’est imposée dans la mesure ou le développement de la
qualité de la vie, celui de la culture et des loisirs apparaissent non pas comme du superflu mais
comme un besoin normal et nécessaire au développement de la population. C’est ainsi que vont
se voir reconnaître le caractère de SP certaines missions de fédérations sportives, certains
casinos (quand leur activité facilite le développement touristique d’une région ), certains
théâtres…
Cette ouverture du concept d’intérêt général conduit à la création de SP de natures très diverses
:
- SP qui touchent au maintien de l’ordre et à la régulation des activités privées : défense
nationale, police, justice pour le maintien de l’ordre et chambres de commerce et d’industrie
(CCI) pour la régulation des activités privées.
- SP qui touchent « la protection sociale et sanitaire » : tous les services d’assistance et
d’aide sociale, l’aide aux étudiants, la sécurité sociale, le SP de l’emploi, le SP hospitalier, SP
du logement…
- SP à vocations éducatives et culturelles : SP de l’enseignement, SP en matière de
recherche, SP en matière de loisirs (si intérêts artistiques et culturels priment sur les intérêts
commerciaux), SP de la communication audiovisuelle.
- SP à caractère économique : inexistant jusqu’à la première guerre mondiale. Ces SP se
manifestent par la réglementation, par le contrôle ou par la prise en charge directe de certaines
activités, ils peuvent intervenir pour combler une insuffisance des initiatives privées dans les
besoins collectifs ou pour mener une stratégie politique.
SECTION II : LES LOIS DU SERVICES PUBLIC
Le SP ou les SP (tous les SP) sont soumis à 3 grandes règles fondamentales : les « lois » su SP
( pas réellement des lois).
§1 – Le principe de continuité
Il impose un fonctionnement régulier des SP sans interruptions autres que celles prévues par la
réglementation. C’est donc un droit au fonctionnement régulier du SP. Ce principe à valeur
constitutionnelle implique des conséquences : a impliqué jusqu’en 46 l’interdiction de droit de
grève dans les SP ; en 46 le préambule de la Constitution reconnaît le droit de grève y compris
pour les agents publics mais précise qu’il sera limité en vertu de la loi et des règlements. Pour
garantir le principe de continuité et en conciliant le droit de grève le législateur s’est tourné vers
deux directions : interdiction du droit de grève pour certains agents publics, deux options
possibles : institution d’un service minimum qui doit forcément être prévu par la loi.
§2 – Le principe de mutabilité ou principe d’adaptabilité
C’est un principe qui repose sur l’idée que le SP n’est pas une donnée figée et immuable. Il
varie dans le temps de même que les techniques destinées à le satisfaire. En conséquence de
quoi le SP doit évoluer et s’adapter aux besoins et aux techniques et cette exigence implique
certains nombres de conséquences pour les usagers du SP : exemple : il n’existe pas de droit
acquis au maintien d’un SP, aucun droit au maintien des règles de fonctionnement.
§3 – Le principe d’égalité
Le principe d’égalité devant le SP est un PGD ( principe général du droit ). Il s’applique
notamment aux agents qui sont soumis aux mêmes règles d’entrée et de déroulement de carrière.
Aussi principe qui s’applique aux usagers et il signifie que ceux-ci doivent pouvoir exiger les
mêmes prestations de SP lorsqu’ils sont dans des situations identiques ; cela signifie que
l’égalité ne doit pas être confondue avec l’uniformité.
CHAPITRE II : CLASSIFICATION DES SERVICES PUBLICS
SECTION I : CLASSIFICATION PAR REGIME JURIDIQUE : LA DISTINCTION
SPA/SPIC
Cette distinction correspond à deux types de régimes juridiques : les SPA relèvent de la gestion
publique à tous points de vues. Les SPIC, à l’inverse, relèvent essentiellement de la gestion
privée et le juge compétent en principe pour les litiges qui vont le toucher est le juge judiciaire.
Initialement les SPA étaient gérés par des personnes publiques et les SPIC par des personnes
privées : c’est faux aujourd’hui ! Les critères actuels sont posés par un arrêt du CE :
CE 1956 UNION SYNDICALE DES INDUSTRIES AERONAUTIQUES : cet arrêt pose trois
critères cumulatifs : l’objet du service, l’origine des ressources, les modalités de
fonctionnement. Le principe posé par cet arrêt est : un SP sera un SPIC si au regard de ces trois
critères cumulatifs il apparaît comme ressemblant à une entreprise privée. Si sur l’un des trois
points le SP ne ressemble pas à une entreprise privée c’est un SPA ! Critères cumulatifs pour
SPIC et critères alternatifs pour SPA.
§1 – L’objet du service
La question se pose de la façon suivante : les activités du service peuvent-elles ou non être le
fait d’une entreprise privée.
§2 – L’origine des ressources
Deux hypothèses :
1) Quand le SP tient ses ressources de redevances qui ont le caractère d’un prix et perçues sur
les usagers en contrepartie de prestations fournies cela va dans le sens d’un SPIC.
2) Si au contraire le financement du service est effectué par des subventions ou des recettes
fiscales il s’agit d’un SPA. Il peut y avoir un double financement ce qui oblige à trouver le
financement majoritaire.
§3 – Les modalités de fonctionnement et d’organisation
Il y a deux indices qui permettent d’examiner ce critère :
• Question de rentabilité : si le tarif des redevances est tel qu’aucun bénéfice n’est possible ou
si le service fonctionne à prix coûtant à fortiori si le service est gratuit alors c’est un SPA. Cela
ne veut pas dire que tous les SP rentables sont forcément des SPIC.
• Pour les modalités de fonctionnement proprement dites : si le service est soumis aux règle de
la comptabilité publique, s’il ne peut pas avoir de compte bancaire, si en situation de monopole
ou si de façon générale il n’a pas la liberté de gestion d’une entreprise privée c’est un SPA.
L’ensemble de ces critères est inapplicable si la loi elle-même qualifie de SP. La qualification
législative s’impose !!!
SECTION II : LES MODES DE GESTION DES SERVICES PUBLICS
§1 – Gestion par une personne publique
Là encore il y a plusieurs options : différentes gestions possibles : deux grands modes de gestion
des SP par personnes publiques traités ici :
A . LA REGIE
C’est un service public exploité directement par une collectivité territoriale avec ses propres
biens et ses propres agents.
Le budget du service est intégré dans celui de la collectivité de rattachement : il n’a pas de
budget propre et pas de personnalité juridique : c’est ce que l’on appelle la régie directe ou la
régie simple : c’est un procédé qui a été beaucoup utilisé initialement et qui subsiste encore
pour la gestion des grands SP traditionnels : armée, police, fisc… ( toujours gérés en régie ! ).
Le régime de la régie à fait l’objet d’un certain nombre de variantes pour favoriser la souplesse
et l’efficacité du service.
B . L’ETABLISSEMENT PUBLIC
Il se définit comme un SP personnalisé, c’est-à-dire comme une personne morale de droit public
spécialisée dans la gestion d’un SP. Quatre éléments dans la définition de l’établissement public
:
1)– Il possède la personnalité juridique, c’est-à-dire que l’établissement public ( EP ) a des biens
propres, un budget propre et un personnel propre. L’intérêt c’est que cela implique l’autonomie
financière et juridique.
2)– L’EP gère un SP : il est créé pour gérer un SP et un seul SP : les EP sont tous soumis aux
lois du SP.
3)– L’EP a une spécialité et c’est ce qui est fondamentalement différent de l’EP de la collectivité
territoriale.
4)– Il est rattaché à une collectivité locale ce qui signifie qu’il est autonome mais toujours
soumis à la tutelle d’une collectivité territoriale.
L’EP est un mode extrêmement fréquent de gestion des SP et d’une extrême variété : exemple
en matière économique : EDF, RATP, SNCF, en matière sociale : tous les hôpitaux, les caisses
nationales de sécurité sociale, en matière culturelle : les lycées, les universités, certains théâtres
et musés, l’Académie Française, le CNRS…
En matière d’aménagement du territoire : création d’EP pour construire et gérer de grands
projets : quartier de la Défense, le Grand Louvre, l’Opéra Bastille, Eurodisney…
Il existe maintenant deux grands types d’EP : Ceux qui gèrent des SPA ( universités,
hôpitaux…) et ceux qui gèrent des SPIC ( SNCF,RATP,EDF ) : ces derniers sont nommés des
EPIC ( établissements publics industriels et commerciaux ).
§2 – La gestion par une personne privée
Il y a deux grands types de mécanismes :
A. LE PROCÉDÉ CONTRACTUEL : LA DÉLÉGATION DE SERVICE PUBLIC
Technique qui consiste pour le délégant qui est une personne morale de droit public à confier
la gestion d’un SP à un délégataire qui peut être une personne physique, une société
commerciale, une société d’économie mixte ( SEM ), une association, voire même une autre
personne publique.
Le délégataire doit impérativement tirer une partie de sa rémunération de l’exploitation du SP.
Il existe plusieurs formes de délégation de SP : la plus courante étant la concession de SP :
- concession : contrat par lequel le concédant charge le concessionnaire d’exploiter
un SP à ses risques et périls ce qui signifie que le concessionnaire est rémunéré
exclusivement par l’exploitation du SP : exemple du transport urbain.
B. LE PROCÉDÉ UNILATÉRAL
C’est une technique qui consiste pour une personne publique à confier explicitement ou
implicitement par décrets, arrêté, circulaire ou tout autre acte administratif la gestion d’un
SP à un organisme privé.
Les structures privées qui peuvent bénéficier de ce procédé sont d’une grande diversité : les
associations (fédérations sportives, syndicats d’initiative), les Ordres Professionnels, les SEM
(La Poste ), les sociétés mutualistes ( Caisses Régionales de Sécurité Sociale ).
V : LA POLICE ADMINISTRATIVE
Il s’agit de l’activité de SP qui vise à assurer le maintien de l’ordre public dans les différents
secteurs de la vie sociale et cela en prévenant les troubles qui pourraient l’atteindre. Cette
fonction se manifeste de deux façons :
- activités matérielles : fonctions de prestations ;
- édictions de normes juridiques : c’est la fonction de réglementation.
Examens de trois questions : finalités de la police administrative, autorités compétentes et façon
dont le juge contrôle la police administrative.
CHAPITRE I : LES FINALITES DE LA POLICE ADMINISTRATIVE
La police administrative a pour objet de prévenir les risques d’atteinte à l’ordre public. Donc
deux volets : ordre public et prévention.
SECTION I : LA NOTION D’ODRE PUBLIC
L’ordre public correspond à une trilogie : sécurité publique, tranquillité publique et salubrité
publique.
Concerne tous les risques d’accidents et de dommages aux personnes et aux biens ce qui
implique l’édiction de normes ou l’exercice de contrôles destiné à assurer la sécurité des routes
par exemple.
Eviter les tapages nocturnes ou les désordres liés aux manifestations sur la voie publique.
S’agit de prévenir les risques de maladies en veillant à la salubrité de l’eau et des denrées
alimentaires.
Evolution du concept
Au delà de la recherche d’un état de paix s’est développé la recherche d’un mieux vivre
individuel et collectif, ceci explique que la notion de sécurité de la circulation sur les voies
publiques prend aujourd’hui en compte la commodité et la facilité de la circulation et du
stationnement. Toutes les mesures destinées à interdire la circulation et à limiter son
stationnement, à instituer des stationnements payants, à faire des couloirs de bus… toutes ces
mesures sont des mesures de police administrative.
Extension progressive du concept
Dans certaines circonstances la protection de l’ordre moral justifie l’édiction de mesures de
police : c’est un concept qui vise les troubles de conscience susceptibles d’être provoqués par
des faits publics considérés comme contraires à la morale ou aux bons mœurs :
CE 1997 : légalisation de l’interdiction par un maire de l’affichage d’un numéro rose.
En pratique cette jurisprudence qui introduit la prévention de la moralité publique dans les buts
de police à donner lieu à de nombreuses illustrations d’interdictions municipales en matière
cinématographique. Deux types d’hypothèses : hypothèse où le film est susceptible d’inciter à
la violence : volet sécurité publique. Hypothèse où le caractère du film peut porter atteinte à la
sécurité locale. Il faut envisager deux cas :
- cas où la projection du film est susceptible d’entraîner des troubles matériels : en fait
ce qui est défendu ici c’est la sécurité publique pas la moralité publique ;
- cas où la projection est de nature à porter préjudice à l’ordre public en raison du
caractère immoral du film et de circonstances locales.
Concrètement il faut une sensibilisation spéciale des habitants de la commune à l’immoralité
du film, soit que son action se situe dans la commune ou rappelle des événements qui s’y sont
produit ou encore parce que la commune est un lieu de pèlerinage.
Cette jurisprudence sur la défense de la moralité publique s’est récemment développé sur
d’autres horizons, le juge administrative a en effet considéré comme légal un arrêté interdisant
la pratique du lancé de nains comme étant une pratique portant atteinte à la dignité humaine et
donc à la moralité publique : CE 1995 COMMUNE DE MORSON SUR ORGE