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Jacques Djoli Eseng’Ekeli

DROIT CONSTITUTIONNEL

Tome 1

Principes Structuraux

EDITIONS UNIVERSTITAIRES AFRICAINES


DU MÊME AUTEUR

Aux Editions Connaissances et savoirs

Djoli Eseng'Ekeli. Le Constitutionnalisme africain : entre la gestion des héritages


et l'invention du futur. Contribution à l'émergence d'une
théorie africaine de l'Etat, 2006.

Dépôt légal : FI 3.0902- 57021


ISBN\ : 9995161261663
Editions Universitaires Africaines
B. P. 145 Kinshasa XI
« Au sortir du Collège, on me mit dans les mains des livres de droit, j'en cherchais
l'Esprit. »
Montesquieu
INTRODUCTION GENERALE

Le programme d'enseignement de la Faculté de Droit prévoit un enseignement


de droit constitutionnel dont l'importance se dégage par la valeur pondérale qui lui est
accordée 90 heures d'enseignement et 30 heures de travaux pratiques. Mais quel est l'objet
du cours de droit constitutionnel ?

I. Objet du cours de Droit constitutionnel: « la politique saisie par le droit »1

Enseigner le droit constitutionnel dans le contexte africain est une tâche


fascinante. D'abord parce qu'on a l'opportunité d'apprécier particulièrement la
pertinence de l'assertion de Jean Rivero, qui nous disait que « Le droit constitutionnel sent
la poudre ».

Il existe en effet un antagonisme naturel entre le pouvoir politique et le droit.


Or le droit constitutionnel a pour ambition d'instituer le gouvernement des hommes par
la raison, par le droit. En somme l'ambition du Droit constitutionnel est d'édicter et
d'étudier les règles devant domestiquer le pouvoir politiqu e en instaurant un Etat de
droit.

L'Etat de droit est à comprendre essentiellement par opposition une situation


inacceptable: celle d'un espace sauvage, injuste, sans ordres ni règles, au sein duquel
chacun est loup pour chacun.

L'importance de cet enseignement s'apprécie ensuite par rapport à la


Constitution elle-même. Norme fondamentale, elle est le « cadre et la mesure du droit »2,
On parle de plus en plus de l'Etat de droit Constitutionnel.
En effet, selon l'Allemand Stern, désormais « l’Etat de droit signifie que
l'exercice de la puissance publique n'est autorisée que sur la base de la Constitution et des
lois formellement et matériellement compatibles avec la Constitution ayant pour but, La
protection de l'être humain, la liberté, l’équité et la sécurité juridique » 3

1
Favoreu, L. La politique saisie par le droit, Paris, Economica, 1988,153p.
2
Starck Ch, la constitution, cadre et mesure du droit, Paris, Economica, 1984,195p,
3
Cité par Jacqaué. J.P.. Droit constitutionnel et institutions politiques, Paris, Dalloz, 2008, p.10
Aussi l’initiation des étudiants à l’intérioriser les principes structuraux d’un
Etat de droit est une tâche fondamentale particulièrement en Afrique afin que ce continent
cesse d’être cette arène féroce ou ne peut prospérer que le langage du vice institutionnalisé
et la force débridée.

Le droit en général, et le droit constitutionnel n’est qu’un des éléments du


système culturel global propre a chaque société. Dès lors l’agacement du pouvoir africain
devant les normes doit être vaincu par l’enseignement et la diffusion de la culture
constitutionnelle inhibée par l’enracinement du modèle de gestion autocratique coloniale et
son avatar post-colonial : l’Etat Mbula-matari et sa spirale de violence illégitime. Ainsi
pourrons-nous retrouver et accéder au patrimoine constitutionnel universel commun qui doit
faire de la constitution la notre norme principale de conduite et de référence par chacun et
par tous, le pacte sacré qu’on ne pourra toucher qu’avec une main tremblante. Car la
constitution, c’est ce qui « constitué »1, qui nous « construit » comme Nation, comme Etat.

Mais qu’entend-on par droit constitutionnel ?

1
Metena M, « Après les élections=avant les élections ». Les dernières élections politiques congolaises auraient-elles déçu ?
in Congo-Afrique, XLVIIIe année (Avril 2008) n°424,p.293-327,p.316.
I. DEFINIR LE DROIT CONSTITUTIONNEL

Dans tout groupe humain, du plus petit au plus grand, dit un grand juriste du début
de ce siècle Léon Duguit il y a, ceux qui commandent et ceux qui obéissent, ceux qui
donnent des ordres et ceux qui s'y plient, ceux qui prennent des décisions et ceux qui
les appliquent: les premiers sont les gouvernants et les seconds, les gouvernés1. Ce
rapport inégalitaire traduit le-phénomène dit du pouvoir, lui est la manifestation de la
capacité ou de la puissance violente ou non violente- d'un individu ou d'un groupe
d'individus d'imposer sa volonté sur à un ensemble et d'obtenir un comportement désiré.

Ce phénomène du pouvoir est observable aussi bien dans une classe, une
bande ou un groupe d'enfants occupés à une activité ludique. Il en est de même au sein de
la société globale.

Cependant cette double relation de commandement et d'obéissance exige un


minimum des règles, d'abord métaphysiques puis rationnelles ou positivistes; on parle lors
du Droit qui apparaît quand les hommes d'un groupe essaient de régler leurs rapports par
un équilibre entre les avantages et les inconvénients que chacun tire de ces rapports.

- Le droit est un moyen de régulation des relations sociales, constitué par


l'ensemble des normes dont l'application ou la violation entraîne des sanctions -
récompenses ou punitions organisées.

- L'ensemble des règles essentielles qui encadrent le pouvoir de l'Etat sont


généralement-contenues dans un document, dans une charte, dans une loi spéciale,
suprême appelée la Constitution.

La Constitution est donc « l'acte par lequel les citoyens définissent les
conditions d'exercice du pouvoir politique. »2

Le mot Constitution vient du latin « statuere » qui signifie établir, poser, fixer. Il
donne « instituere », placer dans, mettre sur pied et par extension instruire, éduquer, puis
« constituere », constituer, former, organiser un ensemble. »3

1
Cité par Duverger, M., Institutions politiques et Droit constitutionnel, PUF, Paris, 1970, p.9.
2
Prelot, M.. Institutions politiques et Droit Constitutionnel, Paris, Dalloz, 1972, p.32.
Duhamel, O. et Meny, O. Dictionnaire constitutionnel, Paris, PUF, P, 1992, p.208.
3
Borella, F, Elétnents de Droit Constitutionnel, Paris, Presses de Sciences Ro, 2008, p.15.
Nous pouvons définir le Droit constitutionnel comme une brandie de droit
public qui étudie les règles juridiques par lesquelles le pouvoir politique s'établit , s'exerce
et se transmet dans l’Etat»1

A. Analyse de cette définition

L’analyse de cette définition nous met en face des concepts et axiomes suivants :

1. Le Droit Constitutionnel, une branche du Droit.

2. Le Droit Constitutionnel, une Branche du Droit Public.

3. Le Droit Constitutionnel étudie les règles juridiques par lesquelles s'établit,


s'exerce ou se transmet le pouvoir politique.

4. Le Droit constitutionnel étudie les règles relatives au pouvoir politique dans l'Etat.

1
Prelot, M., Institutions politiques et Droit Constitutionnel, Paris, Dalloz, 1972, p.32.
I. Le Droit Constitutionnel : une branche du Droit

Définir le droit n'est pas chose aisée. Sur ce point précis de la définition du
droit, Vanderlinden parle d'une pente savonneuse1 . Matthieu Mebenga estime que
définir « le droit est en soi une interrogation décourageante2.»

Etymologiquement, le mot droit, vient du latin « directus », c'est-à-dire sans


détour, direct. Ainsi, on parle de ligne directe, du caractère droit. Ce substantif
découle du verbe « dirigere » qui se traduit par aligner diriger, ordonner En ce sens, le
mot droit veut dire un ordre clair, une norme imposée. 3

Aussi, il est pratique de définir le droit comme un ensemble de règles à


caractère général, impersonnel, contraignant, permanent, édictées par l'autorité publique et
sanctionnées par elle en vue d'assurer l'ordre dans la société.

Mais la meilleure approche pour appréhender le phénomène droit


consiste à le replacer dans une perspective sociologique et anthropologique, c'est-à-
dire en replaçant l'homme dans la société.

L'homme est un être essentiellement social mais la société est productrice de


frictions, des conflits, affrontement et des contradictions qui nécessitent
impérativement la mise en place des mécanismes de contrôle, de régulation. C'est ainsi
que J.Vanderlinden identifie « le Droit avec le contrôle social d'actes ressentis comme
susceptibles de mettre en péril la vie du groupe.» 4

Voilà pourquoi dit un vieil adage connu des juristes « ubi societas, ibi ius»
c'est-à-dire là il y a la société, il y a le droit.

.'

1
Vanderlinden, J., Au côté de Michel Alliot sur la pente savonneuse de la définition des droits, in Un passeur entre
les mondes, livre des anthropologues du Droit, publications de la Sorbonne, Paris, 2000,pp.87-97
2
Mebenga, M., Itinéraire de l'Histoire du droit et des institutions au Cameroun, in A La Recherche du Droit
Africain du 1XX in C. Kuyu (sous la dir. de) pp.47 60, p.47
3
Borella,P.,op.cit,P.5
4
Vanderlinden, J., idem, p.90.
Le Droit est une production de la société ; il émane de la société. En fait, dès
que les hommes se regroupent et s'organisent en sociétés apparaissent des normes
permissives ou prohibitives dont la complexité et la spécificité sont fonction des
groupes mêmes.

Le droit est donc un phénomène social par excell ence:«


Sans le droit, la vie sociale est inconcevable parce que le droit forme
l'ossature de la vie sociale » déclare L. Duguit1. 1
Ainsi donc, « le droit peut être considéré comme la manière dont une culture,
une société réunit, les outils nécessaires soit pour prévenir ou traiter les
conflits survenant en son sein au nom d'une référence partagée » 2 ; En effet
toute société véhicule une idée plus au moins avouée d'un ordre naturel que
les peuples doivent respecter pour assurer leur avenir.

C'est l'idée de droit: La valeur fondamentale qui sous tend une


société. Cette idée se lit dans les gestes quotidiens ou les rites mais se voile
souvent dans les mythes qui sont les récits fondateurs qui livrent les
explications fondamentales de la création du monde, de la naissance de la vie
en société et les règles qui l'ordonnent.

Le mythe traduit donc le modèle sociétal idéal qui s'exprime à


travers les règles écrites ou non, qui organisent une société au moyen de
prescriptions ou d'interdictions, et prohibitions. Le mythe peut être « pensée
» ou « impensée », mais il est inscrit dans l'ethos, l'ethos qui sous -entend les
attitudes et les mécanismes objectifs qui commandent les attitudes de
membres d'un groupe social. Cette valeur peut être la liberté, l'harmonie, la
solidarité, l'équilibre et le partage...

Pierre Legendre nous apprend que « le droit en général, et-le droit constitutionnel en particulier
parce qu’il est droit par excellence du pouvoir collectif et de l’obéissance; repose sur des fables et
des croyances : un récit fondateur »3 .

Voilà pourquoi on dit que « le droit n est pas une série close de
normes, de règles, de principes, de valeurs (...) il procède (plutôt d’un fa on
sans cesse renouvelée d'imaginer le réel »; Hans Kelsen, considère cette
norme fondamentale e, cette «grand

1
Dueuit, L., Traité de Droit constitutionnel, Tome 1, p.337.
2
Alliot, M., récits de quelques passages (1940-1963) in un Passeur entre les Mondes, op.cit, p.44
3
Cité par Borella, F, op.cit, P.10
norm » comme un grand récit fondateur. Le Droit est une vision Monde.
II. Le Droit Constitutionnel, une branche du Droit public

Le Droit tend à régenter aussi bien la vie publique que la vie privée. On
parle du Droit public et du Droit privé. Le Droit constitutionnel est une branche du Droit
public.
Examinons d'abord cette distinction.

1. Distinction entre le Droit Public et Droit privé. a. Définition

Il a été en effet constaté que les conflits qui naissent dans la vie en
société opposent ses membres autour de deux éléments: le pouvoir et l'avoir. Le droit
privé s'applique aux personnes privées physiques ou morales et aux rapports qu'elles
peuvent avoir entre elles.

Le Droit Public est formé par l'ensemble des règles juridiques


s’appliquant à l'Etat et autres collectivités publiques et de leurs rapports avec les
personnes privées lorsque ces rapports mettent en cause les prérogatives de personnes
publiques1.

Cette distinction entre le droit public et le droit privé-la "summa divisio" -


est un héritage du droit Romain.
Elle est considérée comme une division suprême des choses. Nous la
devons â un jurisconsulte romain, conseiller d'Alexandre sévère, Ulpien (170-228) qui
dit : «l'étude du droit présente deux aspects ; le droit public et le droit privé.
Le droit public concerne l'Etat et la république ; le droit privé, l'utilité des
particuliers.»2

Cette distinction a traversé les siècles et demeure en dépit de certaines


vicissitudes.

b. Critères de la distinction

Plusieurs critères permettent d'opérer la distinction entre le droit public et le


droit privé.

1
Pactet, P., Institutions politiques et Droit constitutionnel, Paris, Economica, 2003, p.32.
2
Ulpien, V., Institutes de Justinien, L. I., T.I. dejustinia et jure, 1V
- Selon le critère organique : la qualité des personnes entre lesquelles s'établissent
des rapports sociaux régis par le droit : les rapports de gouvernants avec les gouvernés seront
en principe de droit public. Le Droit privé se définit comme étant l'ensemble des règles qui
fixent le statut des particuliers et épissent les rapports des gouvernés entre eux.

- Selon le critère formel qui tient au procédé d'édiction des actes juridiques, les
règles de Droit public ont un caractère unilatéral, impératif et autoritaire et s'imposent aux tiers
sans que leur accord soit nécessaire. Par contre le Droit privé comprend des règles applicables
aux rapports sociaux sous réserve de leur accord, il s'agit de procédé conventionnel résultant du
libre accord de deux ou plusieurs volontés.

- Selon le critère matériel, fondé sur le contenu de l'acte, les règles de droit public
ont pour but et mission de sauvegarder et de promouvoir les intérêts de la collectivité. En
revanche le droit englobe des règles qui visent à sauvegarder et à promouvoir les intérêts des
particuliers.

c. Caractères de la distinction

Le droit public et le droit privé ne sont pas sur un même plan. Le premier
bénéficie, en raison même de son objet, d'une supériorité hiérarchique sur le second: l'intérêt
général prime les intérêts articliers. Il en résulte que le droit public est un droit de 1a contrainte,
un droit fondé sur la coercition, un droit inégalitaire alors que le droit privé est un droit de
collaboration, de l'accord des volontés, un droit égalitaire.

Le droit public procède par injonctions, prescriptions, prohibitions ; le droit privé


est un droit de suppléance~ il guide il soutient les- intérêts particuliers. Le Droit public est par
essence affecté d'une parfaite mutabilité : ses règles peuvent être modifiées à tout moment ; le
Droit privé, à l'inverse, est protecteur des situations acquises.

d. Portée de la distinction

La distinction entre droit public et droit privé n'a pas seulement une portée
théorique, pratique ou pédagogique.
Elle traduit une philosophie. L'importance accordée à chacun des droits exprime
une conception du monde particulier. Si le droit public est prépondérant, le droit privé est réduit
à la portion congrue,
l'individu _est sacrifié à la société, à l'Etat (conception de l'Allemagne nazie, du fascisme
italien).__

A la limite le droit privé disparaît, il n'existe que des règles de droit public et l'on
se trouve en présence d'un régime totalitaire. A l'inverse, une place importante réservée au droit
privé exprime la place faite à l'individu dans la société : c'est selon la conception, l'existence
juridique reconnue et garantie d'«un mur de la vie privée » ; c'est-à-dire des libertés de
l'individu.

e. Relativité et transformation de la distinction

Comme le faisait remarquer en 1949, Georges Vedel « la distinction du droit


public et du droit privé correspond tout simplement à cette idée qu'il existe nécessairement une
différence de méthode, ou tout au moins de « climat » entre les branches du droit »1.

- Il y a lieu de souligner d'abord l'unicité du droit.


Le droit, qu'il soit centré sur les individus ou sur la société serait moniste, c'est-à-dire unitaire. Il
n'y a qu'un droit. La distinction J serait dépourvue de toute valeur scientifique2. De nos jours,
dans tous les Etats, l'opposition entre droit public et droit privé tend à s'estomper.

Aussi certains auteurs remettent-ils en cause cette séparation entre Droit


public et Droit privé

• Car cette séparation est infondée 3: on estime que le droit public obéit à des
principes et à des règles qui sont celles de droit privé. Des pans entiers du droit
administratif comme le droit des contrats ou de responsabilité administrative sont régis par
des principes qui sont ceux du droit privé et ne peuvent être compréhensibles qu'à
partir du moment où les principes de base du droit privé ont été assimilés.

• Cette séparation serait inadaptée : si la sauvegarde de l'intérêt général


demeure le but du Droit public, il arrive cependant que des particuliers soient chargés
d'assurer également l'intérêt général. De même, il commence à paraître surprenant de
considérer que les rapports auxquels sont parties des personnes publiques, soient régis par
d'autres règles que celles qui portent

1
Vedel, G.; Manuel élémentaire de droit constitutionnel, Dalloz, 2002, p.3, réed
2
Debbasch, ch. et al, Droit constitutionnel et institutions politiques, 2 cd, Paris,
3
economica, 1986, p.9. Etien, R., Initiation au Droit public, Paris, Ellipses, 1998, p.13.
sur des particuliers. Pourquoi en effet l'Etat ou les collectivités doivent ils avoir un régime
dérogatoire, des faveurs spécifiques?

- Cette séparation droit privé et droit public serait trop rigide. En effet toute une
série de questions ou de problèmes rele.ert à la fois du droit public et du droit privé. Les
collectivités publiques agissent comme des particuliers, et certains particuliers ou sociétés
privées sont chargées d'une mission de droit public comme par exemple les concessionnaires de
droit public.

- Enfin cette séparation serait fausse : certaines branches du droit concernent à


la fois le droit public et le droit privé comme par exemple le droit pénal, le droit financier
ou le droit du travail, le droit la communication audio-visuelle...

Par ailleurs l'Etat privatise, régule plus qu'il ne réglemente, il prend la forme de
réseau plus que de pyramide, mais il est toujours de plus en plus présent sur une série
d'activités par exemple en matière économique et sociale, en plus ses entreprises font des
dividendes.

En somme, le droit public et le droit privé connaissent des phénomènes d'emprunt


et de migration, il y a transformation par interpénétration, car les frontières du droit
public et du droit privé sont loin d'être toujours parfaitement nettes et tranchées. On parle de
l'émergence d'un droit économique, d'autres parlent d'un droit public économique ou d'apparition
d'un « droit public nouveau rénové» 1 . Quelle que soit l'option, la distinction Droit public -
droit privé demeure utile pour des raisons pédagogiques.

III. Le Droit Constitutionnel : une branche du Droit public interne

Le Droit public est schématiquement le droit de l'Etat. Selon qu’il s'agit des
relations de l'Etat avec d'autres Etats ou des relations de l'Etat avec les gouvernés, on distingue
en son sein le Droit International public et le Droit public interne.

Le Droit international public traite des rapports juridiques entre Etats, entre Etats
et organisations internationales, parfois entre organisations internationales et personnes morales
ou physiques.

1
Etien, R., op.cit, p.14.
Le Droit public interne comprend l'ensemble des règles qui, dans un Etat
donné, gouvernent les rapports de l'Etat et de ses agents avec les particuliers.

Le Droit public interne est lui-même divisé entre plusieurs branches dont :

- Le droit constitutionnel au sommet. Il a pour objet « l'étude des règles


juridiques relatives aux institutions grâce auxquelles s'établit, s'exerce ou se transmet le
pouvoir politique dans l'Etat »1, l'essentiel de ces règles est généralement inscrit dans un
texte qui porte le nom de « constitution ».
- Le Droit administratif : il est subordonné au droit constitutionnel. Appelé droit
constitutionnel détaillé, il est le droit de la satisfaction de l'intérêt général assurée au
moyen de procédés exorbitants du droit commun. Qu'il soit mené par des personnes
publiques ou des personnes privées, ce droit d'exécution concerne les autorités
administratives (Etat, Collectivités, Etablissements publics) et entre dans les détails de la
vie administrative. Droit relatif à l'administration, il étudie les formes qu'elle emprunte
(services publics, police) et les relations qu'elle entretient avec les personnes privées et
l'ensemble des institutions administratives ;

- finances publiques qui étudient les règles relatives à l'élaboration, l'adoption,


l'exécution et le contrôle des ressources et dépenses qui sont principalement contenues
dans un document qui s'appelle le Budget (droit budgétaire) ;

- le Droit fiscal fixe, le montant et les règles de


recouvrement des différents impôts et taxes que les particuliers, personnes physiques et
morales, doivent verser aux pouvoirs publics afin de leur permettre de faire face aux
dépenses exigées par leur fonctionnement et donner à l'Etat les moyens d'intervenir dans
le domaine économique et social du pays. La détermination de la matière imposable, la
liquidation de l'impôt, son recouvrement ainsi que le contrôle fiscal en constituent les
points focaux.

IV. Droit Constitutionnel étudie les règles juridiques

Le Droit constitutionnel :étudie essentiellement, mais pas exclusivement, les


règles de droit ou normes juridiques qui sont des prescriptions générales et obligatoires
émanant des autorités habilitées ou reconnues, et dont la transgression est en principe

1
Prelot, M. et Boulouis, J., Institutions politiques de droit constitutions, Paris, Dalloz, 1990, p.33.
Sanctionnée par les tribunaux. D'où les principaux caractères des normes juridiques qui sont
officielles, impersonnelles, obligatoires et sanction nable ;

- le caractère officiel tient à la consécration desdites normes par les autorités


publiques, c'est-à-dire en dernière analyse par les autorités étatiques. Il est indissociable du
caractère obligatoire, lequel ne peut être conféré que par ces mêmes autorités publiques;

- le caractère impersonnel provient de ce que les normes visent anonymement


leurs destinataires;

- le caractère impératif tient à ce que la norme produit des 1 effets de droit


et par conséquent, modifie l'ordonnancement juridique existant. C'est là- un caractère
essentiel: la norme s'impose à la fois à ses destinataires directs et à la population tout
entière. C'est alors qu'on droit «gui exige que l’Etat et les collectivités publiques soient
soumis au respect du droit positif au même titre que les particuliers » 1

- enfin la règle est sanctionnable, ce qui revient à dire que son observation
sera assurée au besoin par la force publique. C'est l'obligatoire de la norme constitutionnelle;

Le droit constitutionnel est une discipline juridique, car il rassemble les règles qui
fondent le statut de l'État et encadrent les phénomènes politiques. Il pose des règles du jeu et
distribue les rôles entre les différents acteurs (chef de l'Etat, gouvernement, parlement...).

Les constitutions contemporaines protègent d'autant plus les gouvernés qu'elles


prévoient, souvent, la création d'une cour constitutionnelle qui veillera à ce que le législateur,
auteur de la loi respecte les droits fondamentaux consacrés par le texte fondateur, le quel se situe
au sommet de la hiérarchie des normes.

a. Spécificités des règles du Droit Constitutionnel


1. Un droit de la pratique

Il existe parfois un décalage important entre le texte et la pratique


institutionnelle. On peut alors s'interroger sur

Le caractère normatif du droit constitutionnel, dans la mesure où la règle de droit se

1
Quermore, J., Le gouvernement de la France sous la Ve République, Paris, Dalloz, 1980, p.333.
définit par son caractère coercitif et obligatoire, sanctionnée par l'autorité publique. La
réponse est bien sûr affirmative.

La constitution congolaise prévoit que le président qui viole la constitution est


justiciable, devant la cour constitutionnelle qui est son juge pénal1.

Mais il reste que le droit peut bien et fortement structurer la vie politique: il ne
la détermine pas. Il crée des contraintes mais n'en fixe pas les effets. Ainsi s'observe par
rapport à l'économie ou à la culture, l'insoutenable autonomie du politiques.

De Gaulle dira « une constitution est un esprit, des institutions, une pratique »

Et à F. Mitterrand d'ajouter que « la constitution est la pratique des choses, le


tempérament des hommes, les habitudes de penser et d'agir d'un peuple 2».

Aussi le droit constitutionnel n'étudie pas seulement les règles posées mais
aussi constatées dont l'application ne se fait pas nécessairement au moyen de la contrainte
organisée.3

Par comparaison aux autres branches du droit, la matière est relativement


simple. En effet, le droit constitutionnel semble être à la portée de tous: il n'a pas la
complexité du droit commercial, du droit fiscal ou du droit du travail, par exemple.

Mais, ici plus qu'ailleurs, on ne peut se contenter d'exposer la règle. La


pratique, c'est-à-dire la façon dont cette règle est appliquée, contournée ou violée, est aussi
et peut-être même plus importante. L'écart entre la théorie et la réalité est ici plus large
qu'ailleurs: « ce qui compte n'est pas tant de savoir comment un peuple devrait être
gouverné à en croire sa constitution, mais comment il est réellement gouverné. » 1.

Il y a certes des sanctions juridiques, avec cette révolutionné plus en pu «cette


saisine de que par le droit »2

dans la mesure où, d'une part, des textes sont enfin venus . réglementer ce qui
1
Article 164 de la constitution du 18/2/2006 in J.D.R.D.C, 47année numéro spécial.
2
Entretien avec Lacouture J., in presse hebdomadaire du 4 septembre 1987
3
Mcbcnga, M. op.cit, p.47.
1
Ardant, Ph., blstitulions politiques ci Droit Constitutionnel, L.G.D.J, Paris, 2004, p.2.
2
Pavoreu, L., La politique saisie parle droit, Economica, 1988, p. 153.
était jadis au-delà du droit (financement des partis politiques et des campagnes électorales,
réglementation des sondages, etc.) ou d'autre part, le juge constitutionnel se trouve
désormais au cœur des controverses politiques, obligeant les acteurs de ce jeu a formuler de
plus en plus leurs interventions en termes juridiques. Ainsi, on observé- la « juridicisation et
la judiciarisation de la vie politique ».

Il reste que même si les règles s'imposent au pouvoir et le limitent, si sa


conquête passe par des procédures et ne découle plus de la seule violence, le contrôle de
leur application et la garantie de leur respect sont, sur la surface de la planète, encore loin
d'être généralisées. Ainsi le droit constitutionnel est encore apparemment un droit sans
contrôle juridique. Néanmoins, il existe des sanctions de droit constitutionnel :

- des sanctions juridiques organisées: le pouvoir de contrôle et la faculté


d'empêcher des abus de pouvoir reconnus aux pouvoirs publics, les uns à l'égard des
autres surtout dans un régime de séparation des pouvoirs tels que la question orale, la
question écrite, l'audition en commission ou la commission d'enquête parlementaire; le
contrôle de constitutionnalité confié à un organe juridictionnel ou politique ;

- des sanctions juridiques inorganisées: le droit de résistance à l'oppression ou


le droit à l'insurrection de la part des citoyens consacrés par les nouvelles constitutions
africaines;

- des sanctions politiques inorganisées: les réactions de l'opinion dont le


pouvoir tient compte dans une certaine mesure. On parle alors de la démocratie
sondagère ou ochlocratie ayant comme points culminants le putsch, le coup d'état ou la
révolution

En conclusion, si en Droit constitutionnel, les sanctions sont différentes de


celles des autres branches du droit, malgré cette spécificité, elles existent effectivement. Dès
lors les normes constitutionnelles sont juridiques et le droit est une science juridique1.

Il y a des sanctions juridiques, mais très souvent illusoires pour ceux qui
bafouent dès qu'ils ont pour eux l'appui de l'opinion ou des forces armées.

1
Djelo, E.O., (V), Cours de droit constitutionnel et institutions politiques ; UNAZA, Campus de Kinshasa, 1996-1997, p.8.
2. Droit conventionnel

Le Droit constitutionnel, est un droit conventionnel composé des «règles de jeu


élaborées par ses principaux acteur, les tiers, c'est- -dire les citoyens, ne peuvent le plus souvent
s'en réclamer; le bulletin de Vote est la seule sanction dont ils disposent, a supposer qu’ils soient
libres de son usage. Les normes constitutionnelles se présentent alors comme la mise en forme
juridique du rapport de force »1.

On étudiera les règles écrites, mais aussi les règles coutumières, autrefois
dominantes qui naissent de la volonté des gouvernés eux-mêmes puis, qu'elles procèdent de
l'observation suffisamment prolongée de comportements auxquels s'attache une prescription
positive ou négative.

Bien entendu, ces règles coutumières supposent d'une part, une répétition sans
discontinuité, et d'autre part le consensus de tous ceux qui sont concernés ; même indirectement
ainsi que leur conviction qu'il s'agit bien des règles juridiques.

3. Un droit instrumental

Les acteurs du jeu constitutionnel, ne sont pas seulement soumis au droit, à ses
contraintes, ils cherchent à la fois comment s'y conformer et comment s'en servir. Rares sont les
prescriptions juridiques qui échappent à la volonté des acteurs du jeu politique. « En fait chacun
y recourt en y cherchant des avantages dans la lutte pour le pouvoir. C'est par là que le droit
constitutionnel est un droit instrumental: il met à la disposition des acteurs du jeu politique un
arsenal de règles et procédures dans lequel chacun puise les instruments. On pourrait dire les
armes aptes à renforcer sa position, à « marquer des points », si possible, à faire triompher ses
idées et sa politique1 ».
Ces spécificités du droit constitutionnel, à la fois un droit de la pratique,
conventionnel et parfois instrumental, justifient à ce jour l'adjonction du terme « institution
politiques » au Droit constitutionnel.

1
Zarka, J.C., Introduction au droit constitutionnel, Paris, Ellipses, 2003,p.7.
1
Ardant, Ph., op.cit, p.4.
V. Le droit constitutionnel étudie les règles juridiques relatives à
l'établissement, à l'organisation et au fonctionnement et du pouvoir
politique

On aborde ici la question de l’objet du droit constitutionnel.

Le droit constitutionnel comme l'a écrit M. Prélot peut se définir comme «


l'ensemble des règles grâce auxquelles le pouvoir s'établit, s'exerce, ou se transmet dans
l'Etat1». Cette branche du droit étudie donc le pouvoir politique aussi bien de façon
statique que dynamique sous un triple angle génétique, organisationnel ou tructuresl et
fonctionnel2.

A. - Au niveau génétique du pouvoir politique ETABLISSEMENT

- Nous essayons de rechercher le procès d'apparition de ce phénomène


omniprésent et universel qu'est pouvoir politique comment naît le pouvoir et comment
s'acquiert le pouvoir politique tant au niveau individuel que collectif ? Comment il
s'institutionnalise ? Comment s'opère la mise en place des structures et mécanismes
organisant et encadrant l'exercice du pouvoir et les luttes que sa conquête, son contrôle
et sa défense suscitent dans le cadre de l'Etat Ces règles de jeu qui se substituent peu a
peu aux simples rapports de forces sont contenues dans la constitution.

B. Au Plan structurel, organisationnel ou anatomique du


pouvoir politique : EXERCICE

Au plan anatomique nous essayons de découvrir l'architecture du pouvoir


politique, ses postures, ses articulations, son accoutrement. Cet angle est organisationnel
ou structurel.

C. Au Plan physiologique ou fonctionnel du pouvoir Politique :


dévolution dû pouvoir politique

Nous tacherons d'analyser la manière dont le pouvoir politique


fonctionne. Comment sont prises les décisions, quels sont les acteurs et les facteurs qui
entrent en jeu ?

1
Prclot, M., Institutions politiques et droit constitutionnel, Dalloz, 1972, p.32
2
Kitete, K.A., Droit constitutionnel et Institutions politiques, Unikin, Faculté de Droit, 1993-1994, p.6.
Ces trois aspects, combinés de l'enjeu du droit constitutionnel (le
pouvoir politique) et du cadre de son exercice (l'Etat) constituent la trame de cet
ouvrage.

VI. Les transformations du Droit constitutionnel par l'adjonction de l'expression


« Institutions Politiques»

Il est significatif de constater que les manuels et précis anciens ou


relativement anciens s'intitulent « Droit constitutionnel », sans aucune adjonction.
Par exemple: celui de M. Hauriou, Précis de droit constitutionnel 1929. Il en va de
même pour le Manuel de Droit constitutionnel de G. Burdeau (23 éd, 1993, par
Hamon FR. et Troper M.); de Barthélemy J, Duez P., Traité de droit constitutionnel,
Dalloz, 1926, Duguit, L., Traité de droit constitutionnel, 1929, réed, La Ferrière J.,
Manuel de Droit Constitutionnel (1947), Vedel, G., Manuel élémentaire de Droit
Constitutionnel, (1949).

Par contre il a été constaté que des ouvrages contemporains vont


s'intituler « Droit Constitutionnel et Institutions politiques », tels sont les ouvrages
de Gicquel, Debbasch; ou bien, en formule inversée: « Institutions politiques et
Droit constitutionnel», comme ceux de Prélot M., Duverger, Cadart, Ardant,
Mpongo- Bokako etc.

Chantebout intitule son manuel : « Droit constitutionnel et Science


politique », celui de Joël Mekhantar porte sur « le Droit politique et
constitutionnel».
Les ouvrages récents reviennent sur le concept de base « Droit
Constitutionnel», il s'agit notamment de l'ouvrage de Dominique Turpin, de Portelli (2003),
de Zoller E, (1999), de Dominique Chagnollaud, Droit constitutionnel contemporain, publié
chez Armand Colin en 2003 ; Oliva, E., Droit Constitutionnel, Sirey, 2002; pourquoi ces
adjonctions ou élisions, mieux ces transformations ?

Analysons d'abord le concept « institution », puis « institutions politiques » et les


conséquences de son adjonction ou son élision.
A. Intuition

1. Définition

Disons que le vocable institution est une notion vague qui désigne des réalités
très variées et vivantes, mais dont les contours reste flous. Il est nécessaire d’en préciser le
sens.
Selon le dictionnaire LITTRE, on entend par institution « tout ce qui est inventé
et établi par les hommes à l’opposition à ce qui est naturel ».

Etymologiquement par Institution il faut entendre « ce qui est établi par une
volonté humaine ».1

La saison, l’homme, la procréation ou la sexualité ne sont pas des institutions


mais des données naturelles de la création, de la nature.

Au contraire la personnalité juridique, l’année civile, le mariage sont les fruits de


l’imagination humaine.

Mais tout ce que l’homme établit par sa volonté n’est pas institution : une
institution est établie de manière durable, permanente, en vertu de l’union de volontés
individuelles agissant pour une entreprise commune.

Cette union des volontés crée une organisation sociale durable, des organes
sociaux notamment une autorité qui dirige. Elle crée en plus des mécanismes de
fonctionnement de ladite organisation.2

Hauriou Maurice définit une institution comme « une organisation qui acquiert
la permanence, survit à ses fondateurs parce qu’elle a été créée en vue de la réalisation d’une
idée, et que cette idée a suscité de nombreuses adhésion. »3

G. Burdeau va dans le même sens en disant qu’une « institution est une


entreprise au service d’une idée et elle est organisée de telle sorte que l’idée étant incorporée
dans l’entreprise, celle-ci puisse disposer d’une puissance et d’une durée supérieures à celles
des individus par lesquels elle agit .»4

1
Djelo, E. O. (V), op.cit, p.30
2
Idem, p.50.
3
Acquaviva, J.C., Droit Constitutionnel et Institutions Politiques, Paris, Dunod, 1992, p.2.
4
Bureau, G., L’Etat, Paris, Seuil 1970, p.30.
Aussi, on distingue deux types d’Institutions : les institutions-organes et les
institutions-mécanismes.

2. Catégories d’institutions

On distingue deux types d’Institutions :


- Les Institutions organes
- Les Institutions mécanismes

a. Les Institution-organes

Les institutions organes ou institutions-organismes dites aussi institutions-


personnes ou institutions-corps sont constituées par des collectivités humaines unies par
idéologie ou un besoin commun et soumises à une autorité reconnue et à des règles fixes.
Ainsi les institutions parviennent à une existence propre, transcendant leurs composants
individuels, auxquels on ne saurait les résoudre.

L’Etat est la première des institutions, son institutionnalisation signifie ici la


mise en place des structures et des mécanismes, organisant et encadrant l’exercice du pouvoir
et les luttes que sa conquête, son contrôle et sa défense suscitent.

Des règles du jeu se sont peu à peu substituées aux simples rapports de force.
L’Etat devient institution lorsqu’il cesse d’être l’exercice d’une simple ascendant personnel
toujours discuté et précaire. Par conséquent, il devient la mise en œuvre d’un agencement ou
ordonnancement des règles permanentes objectivement posées.

L’Etat est ainsi appelé « l’Institution des institutions » (M. Hauriou), car outre le
fait qu’il représente le type contemporain le plus achevé d’organisation sociale, il apparaît
comme la collectivité politique et juridique-cadre qui englobe une multitude d’autres
institutions, les unes privées, les autres publiques.

b. Institutions mécanismes.

Les institutions mécanismes sont en réalité des mécanismes sociaux destinés à


pourvoir au bien commun.

Il s’agit en somme d’un agencement des règles permanentes, mieux un système


des règles de droit qui se pénè-
trent les unes des autres pour constituer un ensemble mécanique et engendrer une série
indéfinie de relations.

Ces mécanismes institutionnels régissent les organes et posent des règles


auxquelles ils obéissent : bref, il s'agit donc de leurs règles de fonctionnement. Ainsi
parle-t-on des institutions règles.

Exemple: la famille constitue une institution-organe et l'autorité parentale


une institution-mécanisme.

Qu'est-ce alors une institution politique ?

B. Institutions Politiques

Les institutions étant les choses établies par les hommes, les
institutions politiques peuvent se définir comme des créations de l'homme dans le
domaine politique. Mais Le mot politique est lui-même un concept
polysémique. Plusieurs dualités enserrent traditionnellement l'usage de ce terme,
suivant qu'on se focalise sur la valeur qu'il faut attribuer à l'activité politique,
sur l'aire de la sphère politique, de la langue utilisée notamment l'anglais, du
genre, et finalement sur sa signification étymologique.

-Selon la valeur ;
Le concept politique peut avoir un sens noble qui était déjà celui
d'Aristote: la politique est l'art du commandement social, l'activité pacificatrice
permettant à une société divisée de s'ordonner à une fin supérieure.
Au sens vulgaire, au contraire, la politique est une activité sale,
dégradante, renvoyant à des jeux stériles, à des combines malsaines. Pour certains,
la politique est repoussée avec une belle indignation. C'est 1la définition d'Alembert et
beaucoup de nos compatriotes : l'art de tromper les hommes .

-Selon l'aire de la sphère politique

Dans une dimension « restrictive », la politique demeure un


compartiment singulier de la société, distinct des autres activités, assujetti à des
buts et à des règles spécifiques. C'est un monde irréductible, un monde clos. Par
contre, selon la thèse

1
Cité par Gicquet, J., et Gicquel J.P., Droit constitutionnel et institutions politiques, Montchrestien, Paris, p.12
« extensive », la politique est omniprésente : « tout est politique ». Platon prétendait qu’elle
était l’art d’élever les troupeaux.

-
Selon la langue, en anglais, plus pragmatique, deux termes définissent la
politique :
Le terme se traduit d’abord par « policy » qui désigne les produits de l’action
gouvernementale, c’est-à-dire les programmes, les décisions et les actions imputables aux
autorités politiques. On parle de la politique européenne. Le terme politique se traduit
également par « politics » qui désigne plutôt le processus lié à l’exercice et à la conquête du
pouvoir dans une société donnée. On parlera de la stratégie politique d’un parti politique, d’un
acteur politique.
- Suivant le genre, certains auteurs n’hésitent pas à relever la nuance entre le
choix du masculin ou du féminin.
Au masculin « le politique » intègre l’ensemble des régulations qui assurent
l’unité et la pérennité d’un espace social hétérogène et conflictuel.

Au féminin « la politique » indique la scène où s’affrontent les individus et les


gouvernements en compétition pour la conquête et l’exercice du pouvoir. »1
- Au fond, il faut s’orienter vers l’étymologie. En effet, le mot politique vient du
grec polis ou citas en latin, qui signifie cité. Ou communauté d’hommes libres. La cité est le
cadre spatial dans lequel les citoyens (politou en grec ou cives en latin) sont organisés pour
vivre et agir ensemble.
- Son origine nous avertit par conséquent qu’il s’agit des relations entre les
personnes dans le cadre d’une société organisée ou policée.
Les institutions politiques devraient s’entendre, comme « des organes chargés
d’exercer le pouvoir politique et d’édicter les normes relatives à cet exercice ».

1
Baudouin, J., Introduction à la science politique, Dalloz, Paris, 2002.
C. Conséquences de l'adjonction du concept « institutions politiques » au
droit Constitutionnel ou les transformations du droit
Constitutionnel
L'adjonction ou l'élision des termes « institutions politiques » nous révèle les
transformations qui affectent l'enseignement et la recherche en Droit constitutionnel ou
les trois Etapes du Droit Constitutionnel.

Première étape : l'âge métaphysique ou théologique ou encore le temps des


obsédés textuels.

C'est en 1834 que Guizot créa la chaire de Droit constitutionnel à la faculté


de droit de Paris, dont le comte Pellegrino Rossi fut le premier titulaire.

Ce cours fut supprimé par les gouvernements autoritaires; mais il sera


ressuscité par les libéraux et ne fera définitivement partie du programme de faculté de
Droit qu'à partir de 1889 à l'occasion du premier centenaire de la révolution française.

La définition de la matière faisait alors un peu figure de tautologie, puisque


le droit constitutionnel se confondait avec le droit de la constitution 1.

A ce premier stade, correspond peut-être l'état théologique et fictif d'Auguste


Comte. Le droit constitutionnel se résumait à l'étude exégétique des dispositions de la
constitution. Aussi a-t-on parlé dans les écoles de droit, du temps des obsédés textuels.
On notera comme ouvrage de référence de cette période « Eléments de droit
constitutionnel » d'Adhémar Esmein avec les grandes catégories et notions de la théorie
générale du droit constitutionnel. Cependant il sera constaté que cette vision péchait par «
irréalité ou artificialité des catégories de l'entendement » 2. En effet le simple commentaire
des textes constitutionnels, abstraction faite du contexte social où ils s'insèrent
normalement, aboutit à une distorsion entre le droit et les faits, entre les dispositions
institutionnelles et le fonctionnement emeréel du pouvoir. Ainsi pour sortir de cette sclérose,
l'étude du Droit va s'orienter vers un 2 Etat.

1
Turpin, D., Droit constitutionnel, Paris, PUF, 2003, p.l.
2
Bastien, F., Le juge, le droit et la politique, éléments d’une analyse politique, RFDC, 1920, p.49.
2ème étape: L'âge sociologique ou d'adjonction de l'expression «institutions
politiques» ou le temps des politistes.

En 1959, l'un des acteurs principaux de cette révolution Maurice Duverger


revendique dans la quatrième édition de son manuel son orientation sociologique et non
métaphysique, fondée sur « une analyse des faits » plutôt que sur « une conception a
priori de l'Etat et du gouvernement.

Il est question de présenter les structures et les mécanismes du gouvernement


des hommes tels qu'ils sont, et non plus tels qu'ils devraient être ou plutôt tels qu'on
voudrait parfois nous faire croire qu'ils sont, car les mythes du droit constitutionnel auraient
ou visent en réalité à recouvrir une mystification politique et sociale.

Pour Duverger M., ce recours à la sociologie politique a pour effet de faire


passer l'étude de l'Etat et des Constitutions de l'âge métaphysique à l'âge positif. 1

Il s'agit dit-il « de situer les institutions et le droit dans leur cadre social, en
dévoilant leurs objectifs politiques, on éclaire leurs mécanismes techniques ce faisant,
on mesure mieux leur efficacité par rapport à ces objectifs ». 2

On se bornera donc plus à étudier les normes et les expressions


juridiques du pouvoir réglementé par le droit et aussi la réalité politique en elle-même,
prise dans sa totalité: l'organisation concrète de la société politique, même si ces faits
sont appréhendés ou non par le droit. L'analyse doit intégrer, au delà des apparences
formelles, le fonctionnement réel d'un régime: pénétrer et révéler son intimité. Etudier
l'environnement idéologique de la constitution, analyser les partis et formations
politiques qui la vivifient, est le lot quotidien du constitutionnaliste nourri par la sociologie
politique.

Ainsi, au Droit sclérosé, conservateur devait donc succéder la science


politique, contestataire et vivifiante, descriptive et non plus normative, révélant
l'existence réelle derrière l'essence des concepts.

Avec la création en 1949 de l'Association française de sciences politiques,


puis l'émergence de la Revue Française du même nom, ce « point de vue des
politistes »

1
Duverger, M., op,cii. p.6.
2
Idem
Va se renforcer jusqu'à revendiquer une sorte de monopole de l'analyse
légitime des phénomènes politiques, la constitution n'étant plus, selon la formule de G.
Burdeau qu'« un temple allégorique habité par des ombres car la vie politique le
fonctionnement, des institutions se déroulent en mare des règles constitutionnelles ».
Ainsi, les termes institutions politiques prirent naturellement place à coté
voire devant le droit constitutionnel dans les programmes officiels. A partir de 1954
dans les programmes, « le droit constitutionnel devint de moins en moins le droit de la
constitution pour être de plus en plus le droit des institutions politiques qu'elles
soient ou non contenues dans le texte de la constitution. »1
Cependant convenait-il pour autant de jeter sans discernement l'eau du
bain du juridisme exclusif ou excessif caractérisant l'état premier du droit
constitutionnel avec le bébé du droit ?

Ensuite, on ne peut rejeter le droit pur ; le faire, c'est en réalité, fonder


les bases d'une autre discipline scientifique: la Sociologie politique, même S'il est
vrai que « derrière le droit public, la politique n'est pas loin»2 comme le dit J.
Carbonnier.

Certes, le Droit constitutionnel est par excellence un droit politique, G.


Vedel parle même du droit de l'autorité politique. Cependant tout en assumant cette
proximité, le droit constitutionnel a une spécificité propre une ambition distincte ou
une mission exclusive: c'est une branche du droit qui veut assurer « l'encadrement des
phénomènes politiques au moyen des règles les de droit». En effet comme le dit F. Borella,
«le droit constitutionnel moderne n à une ambition plus haute, quasi prométhéenne:
fonder la société politique et son pouvoir sur la volonté du groupe lui-même, faire de
chacun un gouvernant gouverné par lui-même.»3

Voilà pourquoi le droit, un moment mis à la porte, revient aujourd'hui


par la fenêtre, car lui seul peut assurer, au-delà de la seule description des faits, les
fonctions normative et sanctionnatrice grâce auxquelles le Droit constitutionnel
affirme sa juridicité : c'est-à-dire son statut de branche juridique.

Il faut dire qu'il n'y a pas substitution dans le temps de l'un sur l'autre mais

1
Duverger, p.2.
2
Carbonnier, J., I're face à la thèse de Sayag A., Essai sur le besoin créateur du Droit, Paris,L.G.D.J., 1969, p.III.
3
Borclla,F.,op.cit., p.1 I.
plutôt superposition par élargissements successif de son objet. Ce qui nous amène au
troisième stade.

3e étape : l'étape positiviste ou du droit constitutionnel « nouveau ».

Le Droit est certes un cadre artificiel, ce cadre est important en vue


d'éviter que l'analyse se saborde dans d'inextricable des faits ou le
hyperfactualisme ou l'empirisme.

Aussi, on va observer de plus en plus « la saisine du politique par le


droit », car d'une part les textes sont venus règlementer ce qui jadis était au delà
du droit (financement des partis, réglementation des sondages) mais surtout le
juge constitutionnel se trouve au cœur des controverses politiques obligeant les
acteurs du jeu à formuler de plus en plus leurs interventions en termes
juridiques.

Le droit constitutionnel va en effet considérablement évoluer avec


l'expansion au XXe s. de la justice constitutionnelle qui fait aujourd'hui du
droit Constitutionnel « le droit de la constitution sanctionné par le juge »1

Cette que « parler du droit « juridicisation de l'appareil et de la vie


politique », comme le disait Charlier, nous amène à dire constitutionnel, c'est
reconnaître qu'il y a ... dans notre matière, non pas seulement la réalité
sociologique enregistrée et décrite d'une certaine organisation. Mais bien les
normes- an vrai droit, c'est-à-dire d'un droit positif.»2

Ce droit constitutionnel nouveau a conduit à une « réjuridicisation »


profonde de la matière, et il est fait une place importante à la dimension
jurisprudentielle née du développement croissant des cours constitutionnelles
dont les « décisions s'imposent aux pouvoirs publics et a toutes les autorités
administratives et juridictionnelles. »

Cette conception nous rapproche de cette affirmation d'un chef justice


américain qui disait que « nous sommes régis par une constitution, mais cette
constitution est ce que les juges disent qu'elle est ».

1
Favoreu, L., Le Droit constitutionnel, droit de la constitution et constitution du droit,
Revue Française de droit constitutionnel, N °1, 1990, PUF, p.72 et svts.
2
Chevallicr, J., Evolutimt et situation présente du droit constitutionnel, Paris, Cujas 1977, pp.31-4i
Toute fois il est permis de penser qu' « il serait dangereux pour cette discipline de
se replier sur une approche seulement contentieuse du phénomène du pouvoir »1 ou de
tomber dans ce qu'il est convenu d'appeler « le gouvernement des juges.»

Aussi G. Burdeau dit en conclusion que « le droit est un ordre et ce qu'il ordonne,
c'est la vie. Etudier la règle de droit, particulièrement dans le domaine constitutionnel, c'est suivre
en témoin attentif le mouvement qui n'a jamais cessé d'entraîner les sociétés politiques à s'organiser
selon un certain ordre. Mais c'est aussi pour comprendre ce mouvement, connaître les forces qui le
stimulent et les figures dans les quelles il s'inscrit. Une telle entreprise exige évidement qu'on
élargisse le cadre de l'analyse au -delà du strict commentaire des textes. Mais elle n'implique pas
cependant que l'on doive tenir pour périmer le point de vue du juriste. »2

Cette prudence est d'autant plus de mise que l'objet d'étude du droit est le pouvoir
dans ses trois dimensions; le droit reste et est non seulement le droit de la constitution mais aussi le
droit des institutions politiques, qu'elles soient ou non contenues dans le texte de la constitution.
Car, comme ledit J. Carbonnier, «Derrière le droit public, la politique n'est pas loin.»3 En somme, «
le nouveau droit constitutionnel s'impose, postmoderne puisque métissant ses propres sources,
combinat paradoxalement des contraires, brouillant les repères classiques et mettant en cause les
valeurs et les croyances transversales »4

VII. Méthodes d'approche

Le concept méthode vient de deux mots grecs méta : suivant et odo : chemin,
passage, donc « chemin suivant lequel ».

Ainsi une méthode est le cheminement cohérent de la pensée humaine en vue


de donner une solution définitive à une question de fond.

A. L'approche juridique

Jusqu'à une époque relativement récente, l'optique d'étude du droit


constitutionnel était essentiellement d'ordre juridique. C'est une méthode dogmatique,
casuistique: elle expose

1
Roussillon, F., cité par Zarka, Introduction au droit constitutionnel, Ellipse, Paris, 2003, p.7.
2
Bardeau, G., Droit constitutionnel et institutions politiques, LGDJ, Paris, 1963, p.6.
3
Carbonnier, J., dans la préface consacrée à la thèse de Sayag, essai sur les besoins créateur de droit, Paris,
1969.
4
Cubcrtafond. 13., Le nouveau droit constitutionnel Paris,l'Hannattan,2008,P.5
et analyse le droit positif. Le juriste pose la norme constitutionnelle et observe l'analyse de
conformité, La méthode juridique n'ignore pas le fait, mais il part du texte et elle confronte le
fait et le droit. Cette méthode s'attache aux problèmes de conformité d'un événement
donné à la constitution.

Cette approche ne donne aucune indication sur la signification latente, et le


«le droit ne peut être fécond s'il concilie le goût de la systématisation doctrinale à un
profond souci réel.1 »
Or l'observation des faits, ressort d'une autre discipline que le droit : la
sociologie.

B. L'approche sociologique

L'approche sociologique vise à décrire le phénomène concret avec toutes les


manifestations et en tenant compte de toutes les implications.

En somme la « vision traditionnelle d'une recherche juridique, hautaine et


coupée des méthodes ou des2 réflexions de l'ensemble des sciences humaines est écartée
par l'ensemble des juristes.»

En effet l'Etat qui sert de trame à l'étude du droit constitutionnel se révèle


un concept prodigieusement attirant pour le sociologue, le philosophe, l'historien,
l'économiste ...

Ainsi s'impose une approche interdisciplinaire afin d'embrasser la totalité du


réel et de multiplier les éclairages.

Cependant pour éviter l'écueil de « saupoudrage » ou kleptomanie académique


de l'interdisciplinarité, nous garderons au centre, car même dans une démarche
interdisciplinaire, une branche scientifique doit servir toujours servir de cadre de
confluence.

Ainsi le droit sera mis en perspective avec les autres disciplines des sciences
sociales avec lesquelles il entretient des relations éclairantes.

1
Doudou Thiam, Le fédéralisme africain -ses principes et ses règles, présence africaine, Paris, 1972, pp.22-23.
2
Bipoum-Woum, J.M., PEtat en Afrique comme objet d'étude in Djoli Eseng'Ekeli, Constitutionnalisme africain,
entre la gestion des héritages et l'invention du futur, connaissances et savoirs, Paris, Ld connaissances et savoirs, 2006,
p.53.
D'abord avec la théologie, la constitution nous dit Rousseau est une œuvre
divine. C'est un « sacred instrument 1». Le droit fait partie intégrante d'un ensemble
cosmique dont elle n'est qu'un élément.

La constitution aborde en effet la question du sens de l'existence humaine et


de la vie des hommes en société, en exprimant une vision globale du monde ou ce
que G. Burdeau appelle une « idée » de droit, c'est-à-dire une représentation de l'ordre
désirable. »2

C'est la dimension communielle et sociologique de la structuration. Il n y a pas


de politique sans religion affirme MARX.

Il est impossible dit Tierny Briant de comprendre vraiment le développement de


la pensée constitutionnelle occidentale sans étudier constamment en parallèle
l'écclésiologie1.

La religion étant prise en son sens strict : ce qui relie en réalité des gens
partageant un ensemble des pré-supposés communs. «Il n'y a point d'empire qui ne
fût fondé sur le merveilleux » dit Talleyrand. Longue est la liste des substitutions ou
des modulations de dieu. En somme, « les humains trouvent consolant imaginer que
l'ordre imposé par leurs dirigeants reflètent un ordre divin de l'univers ».2

Ainsi, l'Etat moderne ne débute pas comme on le dit au XVIe ou XVIIe s.


mais dans l'héritage judéo-chrétien. Il faut dans l'analyse de tout Etat, chercher le
substrat sotériologique. En réalité les institutions politiques traduisent les mythes, un
modèle social utopique, celui de l'unité ou de la pluralité, en tout cas l'ordre désirable
que le droit met alors en forme. Si on obéit au droit, ce n'est pas pour se conformer à
la seule règle, mais plutôt parce que celle-ci relève d'un ensemble religieux qui est la
véritable référence de la contrainte3. Aucune domination ne se satisfait de la pure
obéissance, elle cherche à trouver une base transcendantale pour transformer la
discipline en adhésion. Norbert Legendre note à cet effet que « le droit en général, et le
droit constitutionnel en particulier parce qu'il est droit par

1
Maffessoli, M., La transfguration du politique, Paris, Table ronde, 1992, p.32.
2
Rousseau, D., Question de constitution, in le nouveau constitutionnalisme, mélange en l'honneur de Gérard,
Paris, Econoniica, 2001, p.5.
1
Tierny, ï3., Religion et droit dans le développement de la peinée constitutionnelle, Paris, PUF, 1993, p.1 1.
2
Idem, p.19.
3
Louis Assier- Andrieu, L., Le droit dans les sociétés humaines, Paris, Nathan, p.80.
excellence du pouvoir collectif et d'obéissance, repose sur des fables et des croyances»4

Aussi, L. de Heusch écrit: « tout gouvernant, tout souverain est à des degrés
divers à la fois dépositaire de la force physique contraignante et prêtre d'un culte de la force
».5

Le droit Constitutionnel à des liens avec l'histoire générale. En effet, la


connaissance des faits passés relève de la tâche de l'historien, mais une constitution est
inintelligible si on la sépare de son contexte historique. Pour « connaître et comprendre une
règle de droit, il est nécessaire de savoir comment elle est née.»6

Nous recourrons à la science économique car les dimensions économiques et


sociales sont tout à fait interdépendantes et définissent ensemble un certain style de vie, de
mode ou de régulation sociale : le droit.

Les outils de sciences politiques permettront au droit constitutionnel de saisir


les rapports de forces, les règles qui tendent à brider les phénomènes politiques.

Sur ce point méthodologique, «le nouveau droit constitutionnel ose donc le


hors piste. il sort de sa tour d'ivoire et de son splendide isolement pour étudier l'essence
et la réalité de son objet, le pouvoir gouvernemental, il absorbe tout ce qui peut le mûrir.
Redevenant discipline carrefour, il peut à _ son tour, éclairer et I féconder les champs
alentour »1

VIII. INTERET DU COURS

Georges Lécuyer a publié en 1969 dans les annales de la faculté de


Clermont-Ferrand un article intitulé « peut-on encore enseigner le Droit
Constitutionnel ?» Burdeau parle d'un « enseignement impossible ».

Cette difficulté devient plus aigue dans le contexte africain avec la


constante « déconstitutionnalisation reconstitutionalisation », de sorte que le professeur
GONIDEC se posait de savoir « A quoi servent les constitutions africaines. »2

4
Cité par Cubertafond, B, op.cit.p.10
5
Heusch, L., Le droit et la société, annales du centre d'étude des religions, Bruxelles,1962
6
Mazeaud, J., et De Juglart, M., Leçons de droit civil, Paris, Montchrestien, 1981, p.35.
1
Cubcrtafond,B. ,op.cit, p.6.
2
Gonidec, P.F., Réflexions sur le constitutionnalisme africain, Revue juridique et politique, 1982, II, p.852.
L'intérêt de cet enseignement est double

D'abord sur le plan pratique, cet enseignement se présente comme une matière devant
inciter les étudiants à la réflexion politique afin de mieux comprendre pour leur
permettre de s'intégrer comme citoyens, donc êtres citoyens conscients au monde
contemporain. La politique est un lieu de mystification, le Droit constitutionnel
nous aide à briser le voile afin de saisir les ressorts réels du droit et des actions.

Sur le plan théorique, l'enseignement de droit constitutionnel est un exercice de


systématisation. En effet, le droit constitutionnel prend « la forme d'un système en ce
qu'elle est présentée comme le principe d'ordre donnant unité et sens à l'ensemble des
règles juridiques organisant la vie des hommes. Toutes les règles s'ordonnent sous la
constitution, tout le droit procède de la constitution (...). Pensée comme la norme
initiale, elle est à la fois la condition de possibilité du 3système et sa clôture dans la
mesure ou elle renferme et referme le droit sur lui-même ».

3
Rousseau, J.J., Question de constitution, op.cit, p.5.
IX. Plan sommaire

Cet ouvrage est le premier tome d'une série de trois. Il est divisé en cinq titres

TITRE I: L'enjeu du droit constitutionnel : le pouvoir politique ;


TITRE II: Le cadre du Pouvoir politique : l'Etat ;

TITRE III: Le socle du Pouvoir politique : la Constitution ;

TITRE IV: L'Aménagement du pouvoir politique: les régimes politiques ;

TITRE V: La participation au pouvoir politique: les acteurs et les Elections.


LES PRINCIPES STRUCTURAUX DU DROIT
CONSTITUTIONNEL

« Félix qui potuit rerum


cognoscere causas »

Heureux celui qui a pu pénétrer les causes secrètes des choses, telle est la
quintessence de cette première partie de notre ouvrage.
Les juristes s'accordent pour affirmer qu'il n'y a pas d'institutions idéales,
que chaque Etat peut se doter des institutions qu'il juge meilleures et cadrant avec ses
réalités sociopolitiques. Cependant, si chaque société secrète ses propres institutions, il
existe néanmoins des principes fondateurs et fondamentaux sur lesquels s'appuient les
Etats modernes pour ériger leurs Institutions. ce sont les principes structuraux. Au-delà
des apparences, il faut pénétrer et relever l'intimité des institutions.

Ainsi, par principes structuraux, il faut donc entendre les éléments essentiels
du droit constitutionnel, en l'espèce ceux qui en font un ensemble ordonné. Il s'agit des
éléments qui permettent d'en saisir et d'en apprécier la cohésion et l'esprit. Car il existe
des cadres communs à tous les régimes constitutionnels.

Montesquieu dit à ce propos: « j'ai posé les principes et j'ai vu les cas particuliers
s'y plier d'eux-mêmes, les histoires de toutes les nations n'en être que les suites. »1

Nous partirons de la notion de POUVOIR POLITIQUE, qui est l'enjeu et


qui commande tous les développements ultérieurs. C'est de lui que procèdent les
institutions politiques et les règles juridiques. (TITRE I).

1
Montesquieu cité par Chevallier, J.J., Les grandes œuvres politiques de Machiavel à nos jours, Paris Armand Collin, 1972,
p.8.
Ensuite nous aborderons le cadre d'exercice du pouvoir politique ou le siège du
pouvoir politique: L'ETAT.

Il est l'institution des institutions qui assure la permanence du pouvoir politique


à travers ses titulaires successifs.

Il en est le cadre et l'ossature, « la chambre des machines » dira Bertrand de


1
Jouvenel . L'Etat est un phénomène complexe et plus mystérieux qu'il n'y parait, à première
vue, mais qu'il faut essayer d'éclaircir et d'en saisir le procès de naissance, ses fonctions,
ses formes et sa destinée (Titre II).

Mais la vie politique dans l’Etat se déroule à travers une armature juridique, un
socle, une assise juridique, des règles fondamentales : LA CONSTITUTION. Socle parce
qu'elle est la, charte fondamentale écrite ou non écrite qui donne l'esprit ou le sens, institue les
pouvoirs publics, les organise et détermine leurs attributions, règle les modalités de leur
collaboration et leur coexistence, fixe les droits et les devoirs des citoyens (TITRE III).

Mais il ne suffit pas de savoir comment sont réparties ces attributions, il faut saisir les
modalités et la dynamique de ces rapports, c'est L'AMENAGEMENT DU POUVOIR
POLITIQUE ou les structures du pouvoir ou encore les régimes politiques (TITRE VI).

Cependant la vie politique n'est pas simplement une question de textes et des
rapports, elle est animée par des citoyens qui participent, individuellement ou en groupe à
l'exercice de ce pouvoir politique. Ils en sont les acteurs organisés en partis et en groupes de
pression. L'accession au .pouvoir politique peut s'exercer suivant plusieurs modalité (force
l'hérédité ou de madère démocratique à travers les élections. LA PARTICIPATION AU
EITIQUPOUVOIR POL constitue le dernier titre de notre cours (TITRE V).

1
De Jouvenel, B., Du pouvoir, histoire naturelle de sa croissance, Hachette, Paris, 1972, p.20.
TITRE 1er
L'ENJEU DU DROIT CONSTITUTIONNEL :
LE POUVOIR POLITIQUE

CHAPITRE I
CADRE CONCEPTUEL: DEFINIR LE POUVOIR POLITIQUE

Pour comprendre ce qu'est le pouvoir politique (section 2), il faut d'abord


définir la notion de pouvoir (section1).

SECTION I : DU POUVOIR

Il faut partir du constat selon lequel dans tout groupe humain on peut
observer une division des membres en deux catégories, ceux qui « commandent » et
ceux qui «obéissent ».

Le pouvoir est donc universel et immanent à tout groupe social : Avec


Clastres P. nous disons « qu'il n'y a pas de sociétés sans pouvoir.» 1

En effet: « il y a Pouvoir dans tout phénomène où se révèle la capacité d'un


individu d'obtenir d'un autre, un comportement qu'il n'eût pas spontanément
adopté »2 . Ce phénomène naturel est observable aussi bien dans une classe, une bande
ou un groupe d'enfants occupés a une activité ludique. Il en est de même au sein de la
société globale.

Le pouvoir est donc consubstantiel à la société. Celle-ci est le théâtre de


celui-là, car il est dans la nature de l'homme de vivre en société et de l'organiser.
Ainsi donc la société est un immense champ de rapports des forces qui se traduisent
par le phénomène de commandement et d'obéissance ou de coordination ou d'arbitrage
consensuel.

Il est important de noter que ce phénomène naturel à même des aspects


biologiques, sur lesquels des sociétés animales projette une lumière vive : Le pouvoir
change d'aspect mais pas de nature nous dit Bertrand de Jouvenel.

Mais qu'est ce que le Pouvoir ?

1
Clastres, O., La Société contre l’Etat, Paris, Ed du Minuit, 1974, p.21.
2
Burdeau, G., L’Etat, Paris, Seuil, 1970, p.22.
Le mot pouvoir vient du latin potestas qui veut dire la capacité d'agir.

On parle donc du pouvoir lorsqu'un homme ou groupe d'hommes exercent


une domination sur d'autres.

Il s'agit de « la capacité d'un sujet ou d'un groupe d'obtenir la soumission


d'autrui »ou encore « la volonté 1s'exerçant sur d'autres volontés et capables de faire
éventuellement céder leur résistance.»

En définitive, nous pouvons affirmer que Le pouvoir est une relation


interpersonnelle et inter sociétale dans laquelle un homme ou un groupe d'hommes
s'appliquent à obtenir d'autrui (individu ou groupes) les comportements qu'ils
veulent.

Il faut cependant opérer une distinction entre la puissance et le pouvoir: la


première a pour assise seulement la possibilité de contraindre autrui même contre la
résistance et le second repose sur la croyance du contraint qu'il est légitime pour lui de
s'incliner. Il est fondé sur l'obéissance c'est-à-dire la reconnaissance du caractère légitime
des ordres prescrits.
La puissance, c'est la loi du plus fort, qui peut contraindre matériellement le
plus faible à s'incliner : « tant qu'on obéit seulement parce qu'on est contraint de le faire, par
la pression physique, la domination économique ou l'encadrement collectif, il n'y a pas
réellement pouvoir, mais seulement puissance.»2
Notons qu'il existe plusieurs formes de pouvoir, entre autres: le pouvoir
religieux, le pouvoir coutumier, le pouvoir militaire, le pouvoir scientifique, le pouvoir
économique et le pouvoir politique.
Mais l'enseignement du droit constitutionnel va se v concentrer sur le pouvoir
politique ; ce dernier phénomène d'autorité parmi d'autres, il est particulièrement complexe.

1
Freund, J., Essence du politique, op.eit, p. 140.
2
Duverger, M., Institutions politiques et Droit Constitutionnel, PUF, Paris, 1970, p.12.
Section II : Le Pouvoir politique

Le pouvoir politique s'entend dans le sens étymologique comme le pouvoir qui


s'exerce dans la cité, et dans le sens contemporain du pouvoir dans l'Etat : Aristote disait
que la politique se ramène à ce qui a trait à l'Etat, aux choses de la cité.

C'est dans ce sens que Max Weber affirme «nous entendons par politique
l'ensemble des efforts que l'on fait en vue du pouvoir ou d'influencer la répartition du
pouvoir soit entre les Etats, soit entre les divers groupes à l'intérieur d'un Etat ». L'origine
du pouvoir politique, sa nature, malgré la réflexion de plus grands penseurs est une énigme,
c'est-à-dire une question qui n'est pas encore résolue.

-On peut définir le pouvoir politique comme « le pouvoir, de prévision,


d'impulsion, de décision et de coordination qui appartient à l'appareil dirigeant de l'Etat (. ..)
et qui lui permet de déterminer et de conduire l'ensemble de la politique nationale, avec tout
ce qu'elle implique dans ' l'ordre interne comme dans l'ordre international » 1.

Ainsi, incarnant et assurant le salut et le devenir du groupe, et pour mieux dire


de l'Etat, le pouvoir politique se, nimbe d'une sorte d'aura sacrée. Cette vertu magique
couplée au fait que le pouvoir politique légitime et autorise; il dispose du monopole de la
contrainte que certains membres du groupe exercent, au nom de cette entité, sur les autres.
Le pouvoir politique est un véritable enjeu: avant d'être attribué, il est donc l'objet, au sein
de l'Etat, des collectivités, des partis, des coalitions.... d'âpres luttes entre acteurs -individus
et groupes à cause de leurs convictions, mais plus souvent encore de leurs intérêts et leurs
ambitions…

Ce phénomène du pouvoir et du pouvoir politique en particulier, son évolution,


son exercice, son transfert, son abandon, son efficacité ou son inefficacité, ses crises, etc.,
est l'objet même de la science politique.

1
Pactet, P., Institutions politiques et Droit constitutionnel, Armand Colin, 2003, P.16.
Mais dans l'Etat, le pouvoir revêt des caractères que l'on ne trouve pas
ailleurs : son mode d'enracinement, sa finalité l'affranchissent en principe de l'arbitraire
des volontés individuelles, il obéit à des règles qui l'enserrent. Aussi, nous allons
l'analyser d'abord pour saisir le pouvoir dans le monde animal (chap. I), ensuite dans
les sociétés humaines (chap. II) et examiner ses caractéristiques, ses formes dans le
temps et l'espace (chap. III) et enfin ses fondements (chapitre IV).
CHAPITRE II
DU POUVOIR DANS LES SOCIETES ANIMALES

Les entomologistes et zoologues affirment que certaines espèces animales


connaissent des phénomènes de pouvoir qui parfois ont une analogie avec le
phénomène politique que nous observons dans les sociétés humaines 1.

Le fondateur de la sociobiologie, E.O. Wilson, professeur à l'Université de


Harvard, tire « de l'étude des sociétés d'insectes les principes premiers qui gouvernent
l'évolution des systèmes sociaux»2. On aboutit à un véritable système fondé sur la
recherche d'analogies systématiquement établies entre les phénomènes biologiques et les
phénomènes sociaux 3, théorie appelée « organicisme ».

Le pouvoir ou « le libido dominandi » existerait même dans le règne végétal:


'l'aiguë verte en méditerranée augmente la superficie qu'elle occupe au détriment des
autres plantes aquatiques ou le lierre qui « parasite » le chêne ...

En nous limitant aux sociétés animales, nous observons qu'elles se structurent en


hiérarchies, en mode de subordination, bref, elles connaissent un « ordre social ».

Dans un article publié dans Westminster Review (Novembre 1860), intitulé: «


L'Organisme social », Herbert Spencer relève des ressemblances entre les sociétés à base
d'hommes et les organismes à base de cellules: le pouvoir dans cette théorie organiciste est un
produit de l'évolution, « un organe au sens biologique, dont la cause finale, dont le but est la
coordination de la diversité sociale et la cohérence des parties.»4

Notons cependant que l'étude du pouvoir dans les sociétés animales fait l'objet
de plusieurs sciences spécifiques notamment l'Ecologie, ou encore l'éthologie.

Mais de manière schématique, on peut dans l'ordre animal distinguer le pouvoir


d'une part chez les animaux inférieurs (section I) et d'autre part le pouvoir chez les
animaux supérieurs (section II).

1
Leclercq, C., Droit constitutionnel, Paris, LITEC, 1999, p 25
2
Le Monde, quotidien (lu 24 février 1980.
3
Boulhoul, Ci. , La Biologie sociale, PUF, Que sais-je, 1957, p.6.
4
Spencer, H., Essai', scientific, political and speeulative, 3 Vol, Londres, 1868 à 1875
Section I. Le Pouvoir chez les animaux inférieurs : les
« organisations d'insectes»
L'observation de la vie des insectes démontre une organisation sociale d'une
grande complexité.

Ce «système organisationnel» des insectes serait chimique ou biologique


dicté par la présence ou l'absence de tel ou tel hormone. Ceux-ci auraient un rôle
déterminant dans la marche, la perpétuation de l'espèce.

La modélisation de comportement bâtisseur des guêpes met en évidence un


phénomène1 « d'auto organisation de la colonie qui pourrait avoir des applications en
robotique».

Ces phénomènes, à première vue, pourraient s'apparenter aux phénomènes


sociaux qui, en réalité, n'en sont pas. Même si, cette « intelligence collective »
apparente des insectes, inspire les hommes notamment les spécialistes erobotique et en
structuration des « modèles mathématiques.»

Section II. Le pouvoir chez les Animaux supérieurs.

Si l'on regarde les vertébrés et les mammifères notamment les oiseaux, les
gorilles, on constate le système d'organisation sociale proche de ceux qui enserrent
l'homme. Les grands singes qui vivent en tribu reconnaissent l'autorité d'un chef.

Des travaux récents ont montré l'unité organisationnelie entre les primates et les
hommes. Ces travaux ont montré qu'il y a une véritable organisation sociale et pendant
très longtemps on a cru que l'homme se différencie de l'animal par la pensée. Or il
n'existe pas de frontières tranchées entre les singes et les hominidés. Il a même été
constaté que la communication par geste est très développée dans la société des
chimpanzés. Ceux-ci, sont à mesure d'assimiler un certain langage, à la limite l'homme et
l'animal ne se différencient pas absolument.

Comment se fait le passage de l'animal supérieur à l'homme ?

1
Boaabeau, E., et Theraulaz, G., Intelligence collective, Hermès 1994
Selon Serge Moscovici1, Ce passage a été favorisé par la chasse. Celle ci a
introduit une modification essentielle : la nécessité d'une coopération entre les mâles, y
compris les jeunes, en raison du caractère collectif de la chasse, contrairement à la
cueillette.
La chasse imposait une organisation, une structuration culturelle, une division
du travail, une coopération entre les mâles, une spécification de la fonction maternelle
féminine.
Il faudrait orienter l'élément fondamental de la différenciation du pouvoir non
pas donc par la nature, mais dans l'innovation sociale. Selon J.W. Lapierre2. Menacés dans
leur sécurité, les hommes sont amenés à inventer le vivre -ensemble, a innover, a quitter
a nature pour la culture.

Ainsi, les hommes apparaissent comme les seuls animaux qui peuvent asseoir
un contrat social, créer des systèmes, inventer des institutions et les adapter aux
changements de leur environnement : « la terre est bénie3 car elle n’a qu'une tyrannie à
surmonter : le statu quo » écrivent Milton et Rose Friedman .

L'animal est donc un non humain totalement prédéterminé, jamais il ne faillit à


l'exécution de cette programmation de l'espèce. Tandis que l'homme est un vivant dont
la faculté est de pouvoir transformer son écosystème par son activité propre. Gaston
Bouthoul écrit à ce sujet : « alors que les organismes animaux nous donnent l'exemple
d'une fixité pratiquement totale dans le temps (les hypothèses évolutionnistes les plus «
rapides » mettent en jeu des millénaires où des centaines de siècles), les sociétés, ou
plus exactement la vie sociale, se révèle d'une extrême plasticité»4.

Cette activité l'amène à créer, a initié des institutions, les unes politiques,
d'autres sociales ... afin d'assurer la survie du groupe.
U Voilà pourquoi dans la société humaine « le pouvoir est une force au
service d'une idée. C'est une force née de la conscience sociale destinée à conduire
le groupe dans la recherche

1
Moscovici, S., La Societé contre nature, 1972.
2
La pierre, J. W., Essai sur les fondements du pouvoir politique, Publications de la faculté d'Aix en Province,
1968,
3
Orphys, 1968, 711 p. a Cité par Femando de Soto, le nn'stère du Capital, op.cit, p.81
4
Bouthoul, G., Bioloc;ie Sociale, op.cit, p.9.
du bien commun et capable le cas échéant, d'imposer aux membres l'attitude qu'elle
commande »1.

On comprend alors le dynamisme de certaines sociétés par rapport à


d'autres. En effet dans les sociétés africaines il y a primat du groupe par rapport à la
conception d'un sujet maître possesseur de ses pensées et actions dans la société
occidentale. Dans la société communautariste, la tradition définit une manière de penser,
de vivre et d'agir collectif à laquelle nul ne peut échapper. Il s'ensuit une inhibition
de la capacité d'initiative et d'innovation : « Nos clans n'offrent pas de place à l'idée
d'indépendance d'esprit critique sur les pratiques admises et sédimentées. Ceux qui
s'en écartent sont traités de déviationnistes. Ils sont maudits et exclus de la grande
famille. Ils sont livrés aux forces de la mort dont sont victimes ceux qui ne sont plus
protégés par leurs. Or une société qui n'encourage pas la prise d'initiative et
l'exercice de la critique est condamné à la répétition stérile de son passé. Elle est
incapable d'ouverture, de nouveauté et de recréation.»2 . Par ailleurs, repliée sur elle-
même, répétant les mêmes schémas d'éducation et d'organisation depuis des siècles,
chaque société se construit par opposition aux autres. Elle revendique la particularité de
ses idéaux de vie bonne face aux autres tribus. Il en résulte une incommunicabilité entre
les tribus. Les rapports humains sont surdéterminés par des préjugés et des conceptions
de la vie bonne ; ces clivages culturels conduisent dans le meilleur de cas, au non-
dialogue et à l'évitement entre les cultures, dans le pire de cas des conflits sociopolitiques
violents et génocides. Cette culture de dépendance conduit à la momification à
l'émergence des dictatures car les hommes abandonnent leur destin aux autres.

L'articulation et la nature, mieux la qualité du pouvoir politique devient


une donne fondamentale dans la perception des sociétés et de leurs capacités des groupes
humains de s'assumer, de subsumer ou de disparaître.

1
Burdeau., G., Traité de science politique, t&, lgdj, Paris, 1966, p.405.
2
Moleka Jean Do Dieu, La poétique de la liberté dans la réflexion éthique de Paul Ricoeur, L'Harmattan,
Paris, 2006, p.11.
CHAPITRE III
DU POUVOIR DANS LES SOCIETES HUMAINES

Résumons plusieurs millénaires en quelques mots dit O.


Duhamel: « Les hommes ont vécu dès l'origine en groupes. Les groupes formèrent des
sociétés, les sociétés se dotèrent du pouvoir politique et le pouvoir politique crée des
institutions dont la plus importante est l'Etat : Cadre par excellence d'exercice et
d'enserrement du pouvoir politique. L'Eta va se reposer et perdurer par le consentement, le
consentement va devenir explicite, et l'explicite dut être renouvelé et se rationaliser1.

Quelles sont les figures que prend le pouvoir politique dans les sociétés
humaines ?
SECTION 1. Formes de pouvoir politique dans temps dans
les sociétés humaines

Le pouvoir dans la société humaine peut être diffus, personnalisé ou


institutionnalisé.

§1. Le pouvoir diffus

Lorsqu'on observe les sociétés segmentaires, on remarque que le pouvoir est


anonyme, dilué, a céphalique, un pouvoir qui n'a pas de tête.

C'est une forme subtile et équilibrée de gestion ou chacun se reconnaît l'égal


de l'autre. C'est le pouvoir qu'on trouve dans le clan, dans la tribu ou dans l'ethnie. C'est
donc un pouvoir de nature consanguine.

En somme, il n'y a pas d'autorité supérieure pour faire respecter la coutume


qui est l'élément de fond commun accepté par tous sans distinction. C'est un pouvoir qui
produit une structure sociale très perméable, très fragile mais aussi difficile à détruire,
car il est naturel.

Le pouvoir et son organisation constituent ici une réalité complexe, dans


laquelle on observe une interférence entre le social et le politique. En effet,
l'organisation sociale cohabite avec l'instance politique, qui déborde sur le domaine de
pouvoir, de regroupement des familles étendues sans pour autant les éliminer, ou plutôt
les méconnaître.

1
Duhamel, O., Droit constitutionnel, Paris, Vend, 2000, p.15.
Consanguinité et sacralité concourent pour asseoir pouvoir non pas pyramidale
mais circulaire. Le Chef ou i père « pater-familias » et ou avec le conseil des anciens sont
de institutions chargées d'assurer l'équilibre et l'harmonie par u, pouvoir de coordination
et de coopération pour asseoir l'harmonie.

Le pouvoir est fondé sur « le consensus omnium » et Le chef est l'arbitre et


conciliateur. En effet « les conflits internes au lignage sont résolus par le patriarche
(l'ancien) et en cas de conflits entre deux lignages -par exemple- les autorités de deux
lignages s'efforcent d'arriver à une conciliation en trouvant un compromis.

Lorsque la société s'agrandit, il n'y a plus homogénéité. La coutume originaire


devient incapable de s'imposer à tous.

Il faut donc, un autre type de pouvoir pour asseoir l'ordre social.

§2. Pouvoir personnalisé ou autoritaire

Lorsque les groupements sociaux deviennent plus importants, la personnalité


d'un chef va s'affirmer et se personnaliser. Le pouvoir trouve son fondement direct dans
celui qui l'exerce, « l'équation personnelle » : la force, l'habileté, le courage, la ruse ou la
chance du prince ». L'Etat, c'est moi- s'exclame Louis XIV.

C'est un pouvoir providentiel, absolu, partant illimité et arbitrait.

- C'est un pouvoir personnel: Le pouvoir politique est dans ce cas attaché à la


personne des gouvernants, souvent des chefs religieux ou militaires. Du collectif initial se
dégage une personnalité dirigeante unique, dont la vocation charismatique est déterminée
par les circonstances ou affirmée par l'intéressé lui même. Le peuple est alors au service
d'un individu qui repose d'abord sur la force et reste au-delà de sa violence, très fragile.

- C'est un pouvoir incertain: lié aux qualités personnelles, ce pouvoir suit une
évolution discontinue, en ligne brisée, qui entraîne le groupe dans des nombreux aléas et
incertitudes, notamment lors des crises graves ou lors de succession qui peuvent entraîner la
disparition. Burdeau G. affirme que « cette situation est fâcheuse à la fois pour les
gouvernants dont l'autorité dépend sans cesse de l'issue d'une rivalité avec les pouvoirs
rivaux et pour la masse des gouvernés parfois incertaine
du pouvoir véritable, toujours victime des luttes dont le titre au commandement est
enjeu.»1

- C'est un pouvoir arbitraire: Burdeau affirme que le danger de l'arbitraire est


un défaut inhérent au pouvoir individualisé: « à partir du moment où on considère le
pouvoir politique- comme un bien personnel, ce dernier repose sur l'ordre, les caprices, la
volonté personnelle de l'individu qui gouverne. Le point faible naturel et organique de
toute dictature réside dans le fait qu'elle ne peut observer aucune légalité, pas même la
sienne propre »2.

D'où la nécessité de chercher à l'inscrire dans le temps, dans la durée, dans la


raison, dans le droit par l'institutionnalisation.

§3. Pouvoir institutionnaliser

Le pouvoir personnalisé reste précaire parce qu'il est lié à une personne, il
disparaît avec elle et ne s'exerce pas au nom d'un titre de légitimité stable et incontestable.

Pour passer de ce pouvoir fragile reposant sur la force, il est important de


l'asseoir dans la durée, dans les règles, dans les institutions, dans lés organes. Il est
important d'asseoir le mode d'évolution, d'aménager les compétences des organes et leurs
rapports respectifs, de déterminer le cadre géographique de l'exercice de ce pouvoir.

Un pouvoir politique institutionnalisé se distingue de personnes, il est


organisé, constitué ; il a le pouvoir a un statut. Au lieu d'obéir à un individu, à un homme,
on obéit à une « institution ».

Le pouvoir politique institutionnalisé, signifie qu'il s'est dissocié de la personne


des gouvernants pour se reporter sur une entité qui lui sert de support, à une idée.

La différence avec le système antérieur est capitale puisque désormais les


gouvernants ne disposent de compétences qu'en raison de leurs fonctions. Bien loin
d'être maîtres de leurs pouvoirs, ils ne sont, en principe, que les dépositaires provisoires,
les agents d'exercice des compétences qui leur sont confiées ; il

1
Bardeau, G.., Traité de Science politique, Paris, Tome V, LGDJ, 1970, p.454.
2
Chetaxas, A.J.D., Constitutior, et légitimité existentielle, Aix-en-Province, librairie de l'université, 1970, p. 115.
existe en dehors d'eux une légitimité-qui les dépasse, un appareil qui leur survit.

Ainsi donc, on passe du pouvoir de l'un au pouvoir de l'Etat, on passe du


pouvoir personnalisé à un pouvoir impersonnalisé. On passe d'un pouvoir individualisé à
un pouvoir abstrait. On passe au fait de gouverner au droit de gouverner. On passe au fait
de "gouverner" attaché à un chef précis au droit de "gouverner" affecté à la fonction.

L'Etat est donc une idée qui s'incarne à travers les organes spécialisés
et collectifs, des procédures régulières et institution nelles. Les individus obéissent
moins à des personnes ou à des institutions qu'à des règles abstraites,
impersonnelles et générales organisant la vie publ ique, régissant par exemple, la
désignation ou la destitution des dirigeants.

Le pouvoir institutionnalisé est donc un pouvoir stable, durable qui a quitté


le stade d'aléas pour entrer dans celui de certitude.

- Le pouvoir institutionnalisé assure donc la pérennité du pouvoir: le


pouvoir quitte le stade éphémère pour se situer dans la permanence et la continuité; il
dépasse la dimension individuelle, physique, morale pour atteindre celle
d'impersonnalisation. Bossuet écrit « O princes, vous mourrez, mais votre Etat doit être
immortel. » ;

- Le pouvoir institutionnalisé se traduit par la transformation les rapports


du pouvoir et des gouvernés: « dissociation progressive de l'Etat de la personne de
ses dirigeants (monarques, princes) : la théorie de deux corps du roi. »

- L'action des gouvernants est soumise à des règles: « il y a enfin,


l'autorité qui s'impose en vertu de la croyance, en la validité d'un statut légal et d'une
compétence positive fondée sur les règles établies rationnellement, en d'autres termes
l'autorité fondée sur l'obéissance qui s'acquitte des obligations conformes au statut établi.
C'est là le pouvoir tel que l'exerce le « serviteur de l'Etat Moderne.»1

- L'Etat a le monopole de la contrainte légitime: l'institutionnalisation du


pouvoir permet la réalisation de la définition wéberienne de l'Etat entendu « comme
une entreprise politique de caractère institutionnel dont la

1
weber, M., cité par Bureau, G., op.cit,p.15.
direction revendique avec succès, dans l'application des, règlements, le monopole de la
violence physique légitime.»1

- Les règles de l'Etat sont consenties par les gouvernés :


l'institutionnalisation du pouvoir politique bonifié, purifie l'art de gouverner quelque soit la
source de son péché originaire car fondé sur le consentement formel, expressif,
renouvelé des citoyens.

Section II. Les formes de pouvoir politique dans l'espace

Le pouvoir politique entretient avec la société qui l'environne, et qu'il


organise des rapports étroits et parfois ambivalents puisqu'il est largement conditionné
par la société. Les données idéologiques (système de valeurs), historiques, internationales,
psychologiques et surtout économiques sont des facteurs qui conditionnent la
quintessence du pouvoir politique dans l'espace.

En ce qui concerne les données économiques, leur importance est


primordiale, la doctrine marxiste nous renseigne que l'infrastructure économique
détermine la superstructure institutionnelle et politique, c'est-à-dire que le niveau de
développement et le taux de croissance, l'appareillage et les modes et production, la
justice ou l'injustice de la répartition influencent très sensiblement la nature du pouvoir
politique. Il est clair que le régime adapté à une société sur-industrialisée, s'efforçant
de maîtriser une économie d'abondance ne conviendra pas à une société en voie de
développement, s'efforçant de maîtriser une économie de pénurie.

En effet, depuis les origines de l'humanité jusqu'à nos jours, le monde a


vécu sous la loi de la rareté ou de l'abondance. La situation de pénurie engendre en règle
générale une inégalité considérable entre une minorité privilégiée qui vit dans
l'abondance, et la masse qui supporte des privations graves.

Cette inégalité favorise des antagonismes très profonds. A la haine des


masses qui vivent dans une violence endémique répondent la violence des privilégiés
qui sont dans la peur et se protègent contre celle-ci.

Le degré de libéralisation du pouvoir politique s'établit donc sur fond de


l'affaiblissement de cet antagonisme. Cet affaiblissement est souvent généré par les
progrès techniques

1
Cité Chagnollaud, Doit Constitutionnel contemporain, Paris, Armand Collin, 2005, p.7.
qui tendent à diminuer l'une des sources essentielles de la pénurie des biens disponibles, et
à resserrer l'éventail des revenus, à réduire les écarts de niveau d'existence. Cet
affaiblissement du degré d'antagonisme permet la structuration d'un consensus
minimum pour le fonctionnement relativement paisible des institutions par la
coexistence pacifique entre citoyens et communautés.

La lutte se développe alors dans le cadre des institutions à travers des


élections disputées, des référendums, des débats parlementaires ...

Mais il faut dire que ce facteur de développement n'est jamais seul à


intervenir, mais nous offre une indication d'analyse.

On distinguera
- le pouvoir politique des sociétés sous-développées,
- le pouvoir politique des sociétés développées,
- le pouvoir politique des sociétés sur-développées.

§1. Le pouvoir politique dans Les sociétés sous - développées

Ces sociétés connaissent des formes de pouvoir très autoritaires et très


souvent concentrées. La force semble être le mode d'accession, de gestion et
d'évolution du pouvoir. C'est le lieu des dictatures, des conflits et des guerres civiles
ou des régimes monolithiques.

Les textes peuvent faire croire à l'existence d'institutions démocratiques et


libérales mais la réalité est souvent différente : le pouvoir politique, une fois conquis est
souvent monopolisé, colonisé et exercé dans des conditions qui n'ont que peu de
rapports avec les textes. On constate d'ailleurs que les constitutions sont fréquemment
suspendues et changées.

La démocratie indienne est un contre exemple de cette analyse.

§2. Le pouvoir politique dans les sociétés développées

Les sociétés politiques libérales fonctionnent dans les sociétés capitalistes


fondées sur la libre entreprise. Les institutions politiques libérales ne fonctionnent que
selon M. Duverger dans les pays techniquement développés; leur zone d'extension
géographique correspond aux nations les plus industrialisées.
Quand des pays en voie de développement les adoptent, elles y fonctionnent
mal et y conservent généralement un caractère superficiel et formel: le pouvoir réel est
tout différent.

Le pouvoir politique des pays développés se caractérise par leur unité, qui
tient à leur inspiration idéologique et à leur rattachement politique, et par leur diversité,
qui tient aux modalités forts variées de leur aménagement de ce pouvoir.

Fondamentalement le pouvoir politique implique ici la pluralité d'opinions,


des courants et des partis, ainsi que la libre compétition des partis.

En conclusion, si l'on rapproche deux cartes dit Duverger, celle des pays
développés et sous-développés, et celle des pays libéraux et autoritaires, on constate
qu'elles coïncident à peu près exactement.

Les grandes zones d'industrialisation (Amérique du Nord, Europe


occidentale, Japon, Australie, Nouvelle Zélande...) sont aussi des grandes zones de
libéralisme politique. Les Zones de sous-développement de l'Amérique latine, de l'Asie et
surtout d'Afrique sont aussi des zones d'autoritarisme.

Il reste que la théorie de la liaison entre la démocratie libérale et' le


développement technique correspond à une réalité certaine, mais elle ne doit pas être
exagérée : il y a des possibilités d'institutions libérales dans les pays peu développées
techniquement (Grèce antique et sociétés africaines, Inde) tout comme des d'institutions
non libérales peuvent germer dans les pays très développés techniquement (l'exemple le
plus frappant est de l'Allemagne de 1933, qui était le plus industrialisé de son époque et
où s'est établi la dictature la plus terrible de l'histoire).

Des tendances autoritaires subsistent dans les pays les plus développés, dont
nul ne peut garantir qu'elles ne détruiront pas les institutions de démocratie.

On peut par ailleurs observer que dans ces pays, le progrès technique peut
générer des fractures sociales et provoquer des violences et renforcer des antagonismes;
tout comme la complexité des problèmes peut favoriser des dictatures bureaucratiques et
une démission voire une dépolitisation de la société.
§3. Le pouvoir politique dans les sociétés post-industrielles

Les limites, si pas la fin des idéologies traditionnelles, le progrès des


technologies, les mutations de la société et le phénomène de mondialisation ... affectent
sensiblement l'exercice du pouvoir politique et accroît la complexité de celui-ci.

Cette complexité tient à l'ampleur nouvelle et à la diversité des tâches qui


doivent être assumées par les gouvernants. La complexité des tâches a alourdi la prise
des décisions gouvernementales et administratives et donc renforcé le rôle d'une
bureaucratie omniprésente, désignée pour1 ses sphères les plus hautes ou les plus
spécialisées sous le terme de technostructure.

La techno-structure, politique ou économique, réunit toutes les personnes


qui possèdent les informations spécialisées indispensables à la marche de l'entreprise ou
de l'Etat et qui sont ainsi associées aux prises de décisions collectives.

Le danger est que ces techno-structures deviennent des ensembles ou des


complexes autonomes, sur lesquels le pouvoir a relativement peu de prise (parce que le
personnel de l'appareil est protégé par ses compétences et parfois par son statut), et se
place en marge de la théorie démocratique (parce que les techno structures ne sont
pas représentatives de l'opinion) et sont donc pratiquement irresponsables.

Bien plus, la liaison, voire l'enchevêtrement des technostructures politique et


économique ne s'exerce plus seulement aux plans nationaux : elle s'élargit et se complique
au niveau international.

En effet la puissance des firmes multinationales est en fait, sans limites.


Comme le dit Claude Cheysson, ces firmes multinationales « ont le monopole de
l'analyse et des définitions stratégiques au niveau du monde. Ni les gouvernements, ni
les syndicats, ni les forces politiques n'ont cette capacité .leur stratégie nous échappe.»2

Le rôle grandissant des techno-structures génère donc ce qu'il convient


d'appeler la technocratie ; il s'agit d'une légitimité savante qui génère le danger d'une
bureaucratisation du pouvoir, un déclin corrélatif de l'intérêt individuel pour la chose

1
Galbraih,J.K., Le nouvel état industriel,Pais, 1974
2
Cheysson, C., cité par Leclercq, C., op.cit, p.67.
publique, la dépolitisation du corps social, la montée de l'abstentionnisme électoral, la
crise du militantisme syndical et partisan et un effacement progressif des clivages
idéologiques.

Aussi on va finalement évoluer de l'Etat libéral vers l'Etat techno-


démocratique avec le gouvernement, le cybervote etc. et les citoyens ne sont plus sur
un territoire mais sur une toile.

Il semble que Thomas Jefferson aurait adoré l'Internet. Sa vision utopique


d'une démocratie basée sur les assemblées de villes et des villages, et donc sur une
participation populaire directe est sur le point de se réaliser (Dick Morris).

Cependant si l'Internet offre des nouvelles opportunités, il ouvre ainsi des


nouvelles menaces outre l'inégalité par la fracture numérique. Il reste que l'Internet est
un nouveau champ de bataille politique : on parle de réinvention de la démocratie à l'ère
de la société de l'information. Ainsi avec l'Internet, tout citoyen peut accéder aux
documents et dialoguer avec des candidats, aux textes et discours des élus et se forger une
opinion avec l'interactivité, les élus peuvent débattre et répondre aux questions des
citoyens.

Mais qu'on se trouve dans les pays sous-dévélopppés, développés ou sur-


développés, le pouvoir politique se singularise par certains caractères spécifiques.

Section III. Les caractères du pouvoir politique

Le pouvoir politique que nous avons étymologiquement défini comme celui


s'exerçant dans la cité, dans l'ETAT présente des caractères spécifiques qui tiennent à
ce qu'il est à la fois contraignant, initial , et global.

§1. Le pouvoir politique est contraignant

Même si les ressorts du pouvoir politique sont psychologiques,, la notion du


pouvoir renvoie à celle de coercition.

Tout pouvoir n'est pas politique : le pouvoir peut être familial, économique,
religieux ; mais le pouvoir politique se droit à l'emploi de la force physique légitime
comme recours ultime. En d'autres termes, le poids de la tradition, la croyance en la
légitimité des gouvernants, le sentiment de
l'inutilité d'un ordre peuvent être des facteurs déterminants, mais ces éléments
psychologiques ne sont pas exclusifs, la coercition effective ou potentielle constitue le
caractère spécifique du pouvoir politique.

§2. Le caractère initial du pouvoir politique

Le pouvoir politique est initial car tout part, en tous domaines, des
gouvernants. Certes, il existe des pouvoirs autres que politiques et il existe également
des contre-pouvoirs mais ils sont toujours plus ou moins dépendants, plus au moins
tributaires précisément du pouvoir politique. La capacité d'innover de ce dernier est
incomparablement supérieure à celle de tous les autres organismes sociaux.

§3. Le caractère global du pouvoir politique

Le pouvoir a vocation globale: les gouvernements disposent en principe


d'une autorité qui s'applique à tous les membres de la communauté, une autorité qui
s'exerce sur toute l'étendue du territoire, et ce qui est plus important encore, elle peut
porter sur tous les objets possibles, de l'économie au social, de l'enseignement à la
santé, du travail aux loisirs, des prix à l'urbanisme, des libertés à la culture, de la famille
aux sports.

C'est là une différence capitale avec les autres phénomènes d'autorité qui
revêtent (parce qu'ils s'exercent dans des groupes restreints et presque toujours
dépendants) un caractère limité et partiel.

Ce pouvoir coordonne l'action des unités sociales parcellisées autour de la


réalisation des fins collectives.
CHAPITRE IV : LE FONDEMENT DU POUVOIR POLITIQUE
Quels sont les ressorts de l'obéissance ? Quel est le fondement du pouvoir ?
Il s'agit de chercher les bases sur lesquelles est assis le consentement qui permet au
pouvoir politique de bénéficier de la qualité et de la durée.

Pourquoi obéissent-ils? Pourquoi obéissons-nous ? Pourquoi obéissez-vous?


Pourquoi obéir? Telles sont les questions du fondement ou de la source du pouvoir
politique. Elle consiste donc à répondre à la question « qui t'a fait roi ?» ou encore « de
qui le tiens-tu ? »

Pour Pierre Bourdieu:« aucun pouvoir ne peut se contenter d'exister en tant


que pouvoir, c'est-à-dire en tant que force nue,1 dépourvue de toute justification en un mot
arbitraire, et il doit donc se justifier d'exister» .

Succinctement, on peut asseoir «le mystère de l'obéissance -


commandement» sur une dimension sociologique et une dimension juridique.

- Dimension Sociologique, dans la mesure où il faut dégager l'élément


sociologique voire psychosociologique ou philosophique qui sous-tend l'adhésion des
citoyens au pouvoir c'est-à-dire la légitimité du pouvoir. Celle-ci peut-être définie comme
étant la qualité d'un pouvoir d'être conforme aux croyances des gouvernés relativement à
son origine et à ses formes. Notons que ce consentement ne réside pas dans une
adhésion unanime à chacune des mesures prises par le gouvernement mais en un
accord global sur le système des valeurs et la vision des citoyens.

- Dimension Juridique : il s'agit de répondre à la question de la légalité du


pouvoir : « qui a le droit de commander ? ». Ce pouvoir de commander appartient aux
individus qui en sont régulièrement investis par le droit. Il s'agit de la validité formelle,
de conformité au droit positif existant. Au fond, il faut donner une réponse à la question
de savoir « quels sont les hommes qu'il convient d'investir de ce droit de commander ?»
C'est le problème de souveraineté.

1
Bourdieu, P. ; La noblesse de l’Etat, minuit, 1989
Analysons chaque branche de cet arbre du fondement du pouvoir politique.
Les deux éléments se recoupent sans nécessairement se confondre. Même « si aux yeux
des citoyens, la légalité est le signe de la légitimité.» 1

SECTION I. FONDEMENT SOCIOLOGIQUE DU POUVOIR POLITIQUE

Avant d'être un phénomène juridique, le pouvoir est d'abord un


phénomène sociologique. Aucune société ne peut tolérer une situation indéfinie de
conflit, de désordre ; aussi est-il mis toujours en place des mécanismes de régulation
pacifique des intérêts et afin d'éviter la dissolution du lien social.

Cependant, la théorie politique se divise, là encore lorsqu'il s'agit


d'énoncer les ressorts centraux de la régulation sociale. Il semble possible d'ordonner
cette diversité d'approche autour des. « Paradigmes », c'est à dire des modèles explicatifs.

Chaque paradigme n'est pas obligatoirement exclusif des autres.

- la nature ;
- la croyance ;
- la contrainte ;
- l'intérêt.

§1. Le paradigme de la nature

Le pouvoir est d'abord un phénomène naturel. Ce qui veut dire qu'il a


des aspects biologiques que nous avons pu observer même dans les sociétés
animales. Le pouvoir est donc une réalité sociologique primaire : « nous trouvons le
pouvoir en naissant à la vie sociale comme nous trouvons le père en naissant à la vie
physique »2, écrit Bertrand de Jouvenel.

La réalité sociale fait apparaître le pouvoir comme donnée immédiate de


la conscience. L'idée du chef, d'autorité, du pouvoir dans la société apparaît comme
un phénomène aussi naturel que l'eau, le feu, l'univers physique. L'idée de vivre sans
chef n'existe pas dans la plupart des esprits parce que nul ne peut se suggérer.

1
Duverger. M,. Institutions politiques, op.cit, p.25.
2
De Jouvenel, B., Du Pouvoir,…, p.49.
Ainsi donc, depuis que l'humanité existe le phénomène du pouvoir s'est
toujours manifesté et a secrété des structures politiques diverses. Il est le produit de
la société et une condition de son existence.

Nous allons analyser deux aspects du caractère naturel du pouvoir dans


les sociétés humaines

1. Le pouvoir comme donnée immédiate de la nature ;

2. le pouvoir, construit ou produit de la socialisation.

A. Le pouvoir comme donnée immédiate de la conscience ,

La justification de l'obéissance réside soit de la majesté qu'il possède,


incarne ou représente : le prestige.

1. La notion de prestige

On pourrait rapprocher la notion de prestige de celle de Chaman qu'on


trouve dans certaines tribus australiennes. Il s'agit qui de la qualité mystérieuse qui
fait qu'on obéit à un homme pour ses aptitudes exceptionnelles. Il s'agit d'une aura,
des qualités surnaturelles, la grâce, l'étoffe, le don, « le charisma ».

Il faut noter que le phénomène du pouvoir est un mystère qui se


soutient par la force mystique qu'il dégage, en d'autres termes, le pouvoir est un
phénomène imprégné de sacré: « L'obéissance, nous dit Freund est parfois
superstitieuse, rarement inconditionnelle» 1 . Bertrand de Jouvenel précise «
aujourd'hui comme il y a dix milles ans, un pouvoir ne se maintient plus lorsqu' il a
perdu sa vertu magique.» 2

2. Le rôle du prestige

Le rôle du prestige comme assise du pouvoir varie selon la grandeur de


la société :

- prestige dans les sociétés exiguës ;


- prestige dans les grandes sociétés.

Dans les sociétés exiguës, le rôle du prestige est très important même si
beaucoup d'autres éléments interviennent pour

1
Freunud, J., Qu’est ce que la politique, Paris, Seuil, 1965.
2
Bertrand de Jouvenel, du pouvoir, op.cit. , p.141.
fonder l'autorité du leader, notamment l'attitude de celui -ci à exprimer les valeurs du
groupe, à s'identifier à lui en quelque sorte, à lui définir les objectifs.

- Dans les grandes communautés comme les Etats, le prestige joue un


rôle moins important car le contact personnel entre les leaders et ceux qu'ils
commandent est moins fort. Cependant, les techniques modernes sont entrain de
restituer au prestige une influence importante dans les grandes communautés notamment :
la photocopie, le cinéma, la télévision, l'Internet.

B. Le pouvoir comme produit de la socialisation

A la suite de Sigmund FREUD, la psychanalyse tend à expliquer la


plupart des phénomènes psychosociologiques par les souvenirs inconscients du 1er âge,
mieux de socialisation. FREUD dit : «l'enfant est le père de l'homme.»

Le pouvoir politique serait donc la survivance de l'autorité parentale. « La


société a d'abord été famille et puis Etat »1 dit Bonald.

L'attitude du citoyen à l'égard de l'autorité politique est construite à partir de


l'attitude de l'enfant à l'égard de ses parents. La famille constitue un important agent de
socialisation politique dans la mesure où elle inculque aux enfants un modèle d'autorité.
En faisant exécuter certaines décisions par les enfants, la famille prédispose les enfants à
obéir à l'Etat une fois adultes.
§2. Le paradigme de la croyance

Tout pouvoir politique exige une dose plus ou moins importante de


croyance.
La croyance des individus dans la qualification des gouvernants, dans leur
aptitude à gérer la chose publique ;
La croyance des individus dans la légitimité des ordres et des règles
présents par les gouvernants.

En effet, la difficulté de tout pouvoir de gouverner par simple fait de la


nature l'oblige à rechercher l'adhésion, le soutien du peuple. La domination est donc
inséparable de la confiance mieux de la croyance.

1
Jouvenel, B., op cit, p.87.
La légitimité est donc la qualité qui permet à un système politique d'obtenir
l'adhésion de la majorité de ses citoyens sous forme de tolérance passive ou de soutien
actif. La prise en compte de la maturation, de l'obéissance aux gouvernants permet à
Duverger de distinguer la puissance et le pouvoir.

La puissance est la chance que possède un acteur d'imposer sa volonté à un


autre acteur même contre la résistance de cet acteur. C'est la loi du plus fort. Tant qu'on
obéit seulement parce qu'on est contraint par la pression physique, la domination
économique, ou l'encadrement collectif, il n'y a pas réellement pouvoir, mais seulement
puissance. Par contre, « le pouvoir apparaît quand ceux qui obéissent croient aussi q u'il
est normal pour eux d'obéir, que cela est bon, juste, légitime.»1

La légitimité n'est donc qu'un système de croyances qu'on peut définir


comme « la qualité que présente un pouvoir d'être conforme à l'image du pouvoir qui
est jugée valable dans une société considérée.» 2

Ainsi, le phénomène du pouvoir s'inscrit dans une conception du monde, ou


comme le dit Froelich J.C. « dans une philosophie entendue non comme un ensemble de
doctrines pensées, réfléchies, rationnelles et formulées, mais une conception et une
tentative d'explication du Monde. »3
Le pouvoir légitime est celui qui affirme sa fidélité aux valeurs sacrées du
groupe. Pour ceux qui croient que le pouvoir doit être exercé par un monarque issu
d'une famille royale, le pouvoir est légitime s'il est aux mains du descendant des rois
précédents. Pour ceux qui croient que le pouvoir doit reposer sur l'élection, les
gouvernants sont légitimes s'ils émanent d'élections libres.
Cette prise en considération des motivations de l'obéissance aux valeurs a
permis à Weber M. de distinguer et de construire une typologie triptyque de légitimité,
c'est-à-dire sur la validité des autorités et de leurs actes.

La légitimité rationnelle-légale désigne une forme de légitimité fondée sur


la croyance en la légalité et en la rationalité des décisions revendiquées par les autorités
politiques centrales.

1
Duverger, op cit, p. 12
2
Idem, p.13.
3
Froelich, J.C., cité par Kamto, Le Pouvoir et le droit, op.cit, p.71.
Les titulaires de l'autorité sont enfermées dans une sphère définie des
compétences : leur pouvoir est établi par le droit.
Les individus obéissent non pas à des personnes, mais à des règles
impersonnelles et générales organisant la vie publique.
Aucun individu ne peut se soustraire à l'application des règles y compris
les autorités elles-mêmes.
La légitimité rationnelle ou légale a besoin d'une administration bie n
ramifiée, rationnelle pour réaliser ses objectifs.

- La légitimité traditionnelle est une forme de légitimité fondée sur la croyance


du caractère sacré des traditions et des coutumes fixant les règles de la vie publique
ainsi que les personnes qui en sont les dépositaires. Le poids du passé et son
acceptation dictent l'acceptation.

- La légitimité charismatique est une forme de légitimité qui désigne le pouvoir


politique fondé sur la transcendance, sur le caractère exemplaire d'un chef hors-pair,
doté d'un charisme personnel et sans égal.

Les relations entre les chefs et les peuples sont des relations de soumission
acceptées, d'abandon consenti. L'entourage du chef ne dispose d'aucun statut et sa
cohorte personnelle non plus.

L'adhésion populaire est d'ordre personnel et affectif ; il faut dire qu'entre les
différentes formes de légitimités, il existe des combinaisons sans pourtant changer
les types idéaux de légitimité tels que tracés par Max Weber. Ce dernier ne croit pas
qu'une société puisse progresser sans valeurs, se contenter « de la vérité pratique,
avancer sans dieu1.

§3. Paradigme de la contrainte

Le pouvoir peut avoir pour fondement la nature, il doit s'asseoir sur la


croyance, mais il faut aussi la contrainte. En effet, l'Etat contemporain est défini par
Max WEBER comme une communauté humaine, une entreprise politique qui dans les limites
d'un territoire déterminé revendique avec succès pour son propre compte, le monopole de la
violence physique légitime (herrschaft).

1
Pseret, E. et alii, Histoire des idées, p.429.
Encore que pour Max Weber, l'Etat se caractérise essentiellement par le
monopole de la violence. Il est d'abord une puissance physique qui impose sa volonté :
l'Etat est une domination ; le pouvoir est une force au service d'une idée. C'est « une
force née de la conscience sociale destinée à conduire le groupe dans la recherche du
Bien commun et capable, le cas échéant, d'imposer aux membres l'attitude qu'elle
commande.»1

Ce paradigme de la contrainte se décline de plusieurs manières :


- contrainte physique,
- contrainte économique,
- contrainte par encadrement collectif.

A. La contrainte physique

Le pouvoir est d'abord un phénomène de force. La force physique, la force


brutale à l'Etat pur : cette force réside dans une supériorité physique.

A l'état pur, la force réside dans une supériorité physique. Quand le plus
musclé prend la tête d'une bande, le plus élémentaire du gouvernement se manifeste.
Mais lorsque la société devient complexe, la force se désincarne et s'intellectualise.

Ainsi donc, les Etats modernes développent des formes plus subtiles : on
parle de prison, de procédure pénale, mais au font la force physique ne disparaît pas
car dans le conflit entre gouvernants et gouvernés, le dernier mot appartient aux
gouvernants parce qu'ils peuvent employer la contrainte physique.

B. La contrainte économique

La contrainte économique consiste en une pression exercée sur les


membres de la société en les menaçant d'une privation plus ou moins étendue des
moyens de subsistance. Elle est proche de la contrainte physique.

Ainsi on dit : qui peut priver un homme de sa substance, on tient facilement de


lui obéissance.

En d'autres termes : ceux qui contrôlent nos ventres contrôlent nos


révolutions. Il y a donc une relation étroite entre le

1
Bureau, G., Traité de science politique, p.406.
pouvoir politique et le pouvoir économique. Dans la doctrine marxiste, le
pouvoir politique appartient aux propriétaires des moyens de production.

Karl Marx définit l'Etat comme « ['instrument d'exploitation des classes


opprimées.» Lénine le définit comme une matraque, mieux « un détachement spécial
d'hommes armés.»1

Avec Hegel, ils affirment que l'Etat est un lieu « où la minorité de la


population, bourgeoisie industrielle et commerçante et propriétaires fonciers, se sont
emparés de la puissance de l'Etat pour maintenir son exploitation économique et sa
domination politique.2

Dans les pays occidentaux on observe une synergie entre le pouvoir


politique et le pouvoir économique dans ce qui convient d'appeler la techno-structure ou
le complexe militaroindustriel.

Dans les pays sous-développés, le rôle de l'argent existe également derrière


l'organisation politique. Au plan international, les institutions internationales imposent
les choix politiques et économiques à ces Etats faibles : « La dictature du marché.» Au
plan interne la politique se réduit à un conflit entre élite désireuse de contrôler le pouvoir
c'est-à-dire les finances de l'Etat. L'Etat devient alors une mafia politico financière.

Cependant, même si l'histoire a pu démontrer le décalage entre la


prophétie marxiste-léniniste, le paradigme de la contrainte économique demeure. Car cette
distinction idéologique quoique atténuée entre le courant dit libéral, de la redistribution par
la main invisible et le courant socio-démocrate qui exige une redistribution volontariste
de l'Etat reste une évidence.

Par ailleurs cette contrainte économique demeure masquée notamment avec


Gramsci qui ne considère pas le pouvoir politique comme un « reflet » ou un concentré de la
vie économique qui serait un infantilisme ou un marxisme primaire mais comme un
élément actif et partiellement autonome de l'ordre social : l'infrastructure économique et la
superstructure politique loin d'être dans un rapport unilatéral de subordination constituent
deux moments déterminants de l'activité sociale.

1
Baudouin, J., op.cit, p.42
2
Ainsi, l’Etat est défini par Lénine comme une matraque.
Aussi on passe de la domination où l'activité étatique revêt la forme de
coercition, de la contrainte pour la phase dite d'hégémonie où l'Etat capitaliste cherche à
convaincre. Il s'emploie à légitimer son pouvoir avec d'autres arguments que la force pure.
On définit alors l'Etat comme « une hégémonie cuirassée de la coercition ». D'autres
croient que cette violence devient symbolique ou intériorisée grâce aux systèmes
d'intériorisation des normes.»

Ce qui nous amène une autre forme de contrainte la contrainte psychologie.

C. Contrainte psychologique ou par l'encadrement collectif

Au delà de la contrainte physique et de la contrainte économique, il existe des


techniques d'encadrement collectif des hommes au sein d'association et d'organisation qui
permettent d'obtenir une obéissance d'autant plus parfaite qu'elle est acceptée ou voulue
par ceux qui obéissent.

L'homme moderne dit Mussolini, est étonnamment disposé à croire.

Les techniques d'encadrement collectif résultent des pressions exercées sur


l'individu qui dans l'intégralité de sa vie sociale, se trouve inséré dans les cadres qui ont
pour but de « conditionner » toute sa vie dans un sens déterminé. Aussi pour inculquer,
transmettre, maintenir ou modifier la culture politique au sein des membres du système
politique, on utilise la propagande politique.

La propagande est un phénomène très ancien, mais ses méthodes sont devenues
scientifiques aujourd'hui.
1. Définition de la propagande

Le dictionnaire Larousse définit la propagande politique comme « toute action


organisée en vue de répandre une opinion, une religion, une doctrine.» Duverger la définit
comme « l'effort fait par un gouvernement pour persuader les gouvernés qu'ils doivent lui
obéir.» La propagande selon H.D. Laswell est « une technique utilisée pour influencer les
opinions, les attitudes, les habitudes et les conduites des individus en les manipulant à des
fins déterminées. »1

1
Laswell, H.D., in power and personality, New York, Ed Norton et cie, 1948.
II s'agit apparemment de convaincre mais les moyens employés aboutissent
à une contrainte indirecte.

2. Principes de la propagande

En analysant les différentes règles de la propagande, on peut -les réunir en


cinq principes :

a. - La simplification : elle consiste à focaliser l'attention de la masse sur un fait, un


évènement, sur une situation ou une personne comme responsable, comme le
messie ou le bouc-émissaire: « Règle de l'ennemi unique.»

b. - Le grossissement : consiste à exagérer les faits, d'amplifier, il s'agit d'une


défiguration, d'une déformation de certains faits en leur donnant une dimension
exagérée.

c. - L'orchestration: cette règle consiste à répéter les mêmes faits à longueur de la


journée pour faciliter la fixation en prévision de leur mémorisation.

d. - La transfusion: elle consiste à faire semblant d'adopter les mêmes convictions de


la population pour ensuite exploiter ces convictions en les détournant vers
d'autres objectifs.

e. - L'unanimité, consiste à créer i'illusjan d'unanimité autour d'une opinion; d'un fait,
d'une attitude, d'un homme.

La mise en œuvre de cinq principes nous amène à ce qu'on appelle « le viol


des foules.»

La propagande politique varie d'un pays à l'autre en fonction d'une


culture, du niveau d'instruction de dirigeants, de la population, de l'étendue du pays,
du niveau de développement économique ou socio-économique ...

Les moyens de propagande sont multiples : la radio, la télévision, les


journaux, le livre, le tract ...

Fille de la société post-industrielle, la communication envahit la société,


on parle d'opulence communicationnelle : la télévision, le net deviennent des
ressources que tout homme d'envergure doit maîtriser.
§4. Paradigme de l'intérêt

Le ressort principal du lien social ne résiderait ni dans la contrainte, ni dans


la croyance, mais dans l'intérêt des individus à préserver leur vie et leurs biens.

Le caractère anarchique ou instable de l'Etat de nature explique pourquoi


les individus tentent de la dépasser, ils conviennent d'un pacte social au terme duquel
les futurs sociétaires décident d'instituer une autorité afin d'assurer la protection de leurs
intérêts.

Aussi la reconnaissance de la valeur positive de l'intérêt, de l'enrichissement


fournirait un fondement frustre mais durable à la question de l'obéissance. Cette vision
de la représentation utilitaire de la société assoie une théorie économique globale qui
institue le marché comme régulateur central de la vie sociale et qui systématise ainsi le
paradigme de l'intérêt.

Pour Adam Smith chaque acteur de la vie économique en même temps


qu'il poursuit son intérêt personnel, participe involontairement à la réalisation de
l'intérêt général; celui-ci n'étant que la somme des intérêts particuliers.

SECTION II : FONDEMENT JURIDIQUE DU POUVOIR ? POLITIQUE

Le pouvoir n est pas seulement un phénomène sociologique, il peut ou doit


être « saisi par le droit »: le droit constitutionnel, fruit d'un effort multiséculaire des
gouvernés tend à indiguer la politique, puis a enfermer, pour l'essentiel, les
gouvernants dans un statut juridique. L'étreinte juridique se révèle être à cet effet, la
marque et l'antidote du pouvoir politique: l'Etat de droit. A la domination de l'homme
par l'homme succède le gouvernement des hommes par la loi, expression de la volonté
commune. C'est la nomocratie selon le mot de Bertrand de Jouvenel.

Le pouvoir politique doit être organisé, limité et contrôlé par les


mécanismes consignés dans un texte écrit ou non-écrit, coutumier: le pouvoir
constitutionnalisé.

Le droit organise le pouvoir, il lui donne une assise impersonnelle,


générale et permanente, solide. Le droit pose les
règles de conduite pour les individus, établit les sanctions en cas de violation de ces
règles.
Ainsi, la soumission aux ordres des gouvernants, n'est plus une attitude
naturelle, à l'égard d'un homme, mais elle s'exerce dans le cadre du droit : il s'établit
une solidarité entre l'idée du droit et le pouvoir. Le droit est consacré comme moyen de
fondation du lien social. Ce pouvoir s'exerce dans le cadre de l'Etat. L'Etat n'est pas une
formation spontanée, mais voulue, réalisée consciemment. L'affectation du pouvoir à
une entité ou à des hommes déterminés est le résultat d'une volonté générale délibérée,
rationnelle, précisant qui a le droit de commander et pourquoi on doit obéir ou qui donne
ce pouvoir, ce droit de commander : C'est la question de la question de souveraineté.

§1. Définition de la souveraineté

La souveraineté ou « plenitudo potestas » que les auteurs allemands appellent


« la compétence des compétences » est cette puissance absolue qui s'exerce sur un territoire
et une population et qui donne aux gouvernants le droit de1 commander. Pour jean Bodin, « la
souveraineté est la puissance absolue d'une république ».

En somme, la souveraineté est la forme qui donne l'être à l'Etat; elle est un
tout inséparable de l'Etat auquel, si elle était ôtée, ne serait plus un Etat.

§2. Caractères de la souveraineté

A. La souveraineté est un pouvoir de droit. Il ne s'agit pas d'une situation de


force mais d'un pouvoir s'inscrivant dans l'ordre juridique qu'il fonde.
B. La souveraineté est un pouvoir initial, c'est la source de cet ordre originaire,
primaire.
C. La souveraineté est un pouvoir inconditionné parce qu'il, ne procède d'aucune
norme supérieure.

D. La souveraineté est un pouvoir inaliénable, en tant qu'exercice de la


volonté générale, elle ne peut jamais s'aliéner.

1
Bodin, J., cité par Boutet, D., Vers l’Etat de droit, L’Harmattan, Paris, 1991, p.90.
E. La souveraineté est un pouvoir indivisible car la volonté est générale ou
ne l'est pas.

F. La souveraineté est un pouvoir infaillible. La volonté générale est toujours


droite et tend toujours à l'utilité publique.

G. La souveraineté est un pouvoir absolu. Autant la nature donne à


chaque homme un pouvoir absolu sur tous ses membres, autant le pacte social donne
au corps politique un pouvoir absolu sur tous les siens.

§3. Les théories de la souveraineté


Jean-Jacques Rousseau affirme que « le détenteur de la souveraineté est au
sommet d'une hiérarchie et fixe les règles qui sont applicables par tous.» 1 Ainsi, la
souveraineté est un principe abstrait désignant l'instance détentrice de l'autorité légitime :
elle exprime l'identité du corps politique, le foyer où se nouent la capacité à édicter
les normes et le devoir d'obéir. Elle peut être d'origine divine ou humaine.

Ainsi, on distingue globalement deux théories de la souveraineté. Il y a

- les théories théocratiques de la souveraineté (section 1) ;


- les théories démocratiques de la souveraineté (section 2).

Entre les deux théories, on pourrait dire qu'il y a une de liaison historique,
cependant les théories démocratiques ont des difficultés à s'affranchir de la matrice religieuse
quoique laïcisée.

L'origine médiévale de la notion semble adhérer à son contenu, persistant


à lui conférer les tonalités d'une sacralité énigmatique. L'idée d'un homme obéissant
aux commandements, libéré des contraintes hétéronomes de la nature ou de dieu, bute
inlassablement contre la réalité de ses enracinements et d'un besoin de transcendance.

A. Les théories théocratiques

L'idée fondamentale sous-jacente à toutes les doctrines ou théorie


théocratique du pouvoir est que tout pouvoir vient de Dieu et c'est de Dieu que les
gouvernements qui l'exercent tiennent leur autorité : « NON EST POTESTAS NISI
DEO».

1
Rousseau, J.J., Lettres écrites de la Montagne, N., Philosophie politique, 2 ème éd, P.U.F., Paris 1998.
Cette doctrine se présente sous 3 formes principales

1. La théorie de la nature divine de gouvernants ;


2. la théorie de l'investiture divine ;
3. la théorie de l'investiture providentielle.

1. La théorie du droit divin ou de la souveraineté divine

D'après cette doctrine les gouvernants sont des dieux: ils participent à la
divinité de Dieu ou de leurs descendants. Par conséquent, ils possèdent la nature divine. « Le
roi est Dieu.»

Néron exigeait qu'on l'appelle «Divinité» et qu'on lui rendît les honneurs
dus à un dieu, il en était ainsi de Pharaon «dieu terrestre »ou plus prés de nous
l'empereur du japon appelé « fils de soleil ».

2. La théorie d'investiture divine de gouvernants ou de droit divin surnaturel

D'après cette doctrine les gouvernants sont désignés directement par Dieu:
« omnis potestas a deo». Cependant ils demeurent eux-mêmes des hommes auxquels le
choix de la divinité confère une majesté particulière. C'est un élu du seigneur ou son
représentant sur terre. Les souverains sont choisis par Dieu, leur pouvoir est
l'expression de la volonté de Dieu: « Nous ne tenons notre couronne que de Dieu » dit
Louis XIV. L'empereur d'Ethiopie était « le lion triomphant de la tribu de Juda, élu de
Dieu». Ce choix par Dieu, leur donne une consécration particulière.

3. La théorie d'investiture providentielle

Développé par Maistre et Bonald, au début du XIX e siècle. l'ordre


providentiel du monde inclut le pouvoir mais celui-ci est remis dans les mains des
gouvernants par des moyens humains. Dieu dirige providentiellement les évènements
et les volontés humaines.

D'après cette doctrine les gouvernants sont désignés par les hommes,
l'investiture reste une oruvre purement humaine. En effet, Dieu ne se mêle pas dans cette
investiture sinon par l'action de sa providence et seulement dans la mesure de la liberté
qu'il a investi les hommes: « OMNIA POTESTAS A DEO PER POPULUM.» Ce que le
peuple a choisi est déjà choisi par Dieu : « vox populi, vox dei ».
4. Les conséquences des théories théocratiques de la souveraineté

Ces théories théocratiques fondaient l'absolutisme 'royal et généraient un


pouvoir illimité des gouvernants. En effet, qu'il soit dieu, représentant de dieu sur
terre, le chef peut tout, en bien et en mal dans la mesure où il tient son pouvoir non des
hommes, mais de l'au-delà ou de ses qualités sur-humaines.

B. Théories démocratiques de la souveraineté

Les théories démocratiques de la souveraineté renversent les constructions


selon lesquelles le pouvoir émane de Dieu. Elles ont pour origine le 18e s. et se sont
développées sur l'ensemble de l'humanité. Le pouvoir revient plus de Dieu, mais du
divin social « omnis potestas a populo ».

Il y a deux théories démocratiques la théorie de la souveraineté populaire ; la


théorie de la souveraineté nationale.

L La théorie de la souveraineté populaire

a. Présentation de la théorie

La théorie de la souveraineté populaire ou fractionnée a été développée


par 1.3 Rousseau dans son traité intitulé « Du contrat social » en 1762: « tous les
hommes sent libres et égaux et possèdent donc tous une part écale souveraineté ».

Ainsi chaque citoyen est détenteur d'une fraction c'est-à-dire d'une parcelle
de souveraineté. En conséquence l'obéissance a pour fondement le contrat social qui
est le pacte par lequel les hommes consentent l'abandon d'une partie de leurs droits
à la collectivité pour bénéficier des avant es de la vie sociale.

b. Les. Conséquences de la théorie

Selon 3.3. Rousseau « le peuple ne peut être considéré que collectivement et


en corps ; mais chaque particulier, en qualité de sujet, est considéré comme individu.
Ainsi le souverain est au sujet comme dix mille sont à un : c'est-à-dire que chaque
membre de l'État n'a pour sa part que la dix millième partie de l'autorité souveraine,
quoiqu'il lui soit tout entier » c'est donc le peuple qui
est le titulaire de la souveraineté et chaque individu est en quelque sorte, à
parts égales, le co-propriétaire. Ainsi chaque citoyen prend part à l'exercice de la
souveraineté même si la minorité doit s'incliner devant la majorité dans les décisions
prises, et qui de ce fait doit être protégée et respectée.

La souveraineté populaire ou fractionnée postule

- la divisibilité de la souveraineté, -ce qui veut dire que dans les nations où
règne le dogme de la souveraineté populaire, chaque individu forme une portion égale
souveraine et participe également au gouvernement de l'Etat. Selon Alexis De Tocqueville «
Chaque individu est sensé éclairé, aussi vertueux que mille autres de ses semblables »

- l'exigence de la démocratie directe ou semi-directe: la théorie de la


souveraineté populaire implique que chaque citoyen dispose d'un droit propre originaire
à participer à l'exercice de la souveraineté ; elle postule donc la démocratie directe,
c'est-à-dire un régime dans lequel le peuple exerce lui-même le pouvoir suprême sans
intermédiaires. Aussi la souveraineté populaire s'exerce directement par l'ensemble des
citoyens et ne peut faire l'objet d'un mandat quelconque. Selon J. J. Rousseau, pour faire une
loi, il faut convoquer tout le peuple afin de reconstruire la souveraineté dans son intégralité
et de réunir toutes ses parcelles. Il estime : « que la souveraineté ne peut être représentée
(...) Toute loi que le peuple en personne n'a pas ratifiée est nulle : ce n'est pas une loi ». 1
On peut néanmoins avoir une démocratie semi-directe avec possibilité d'une délégation
précaire et révocable de la souveraineté ;

- la troisième conséquence que nous tirons de cette théorie est le mandat


impératif, c'est-à-dire que les députés sont perpétuellement sous contrôle, ils ne sont pas de
représentants, ce sont des 'commissaires révocables à tout moment. Ces parlementaires
doivent se conformer et se plier aux directives de leurs électeurs: « les députés du peuple
ne sont ni ne peuvent être des représentants, ils ne sont que ses commissaires : ils ne
peuvent rien conclure définitivement »2 ;

- la souveraineté populaire postule également la théorie de l'électorat droit :


le suffrage est conçu comme un droit individuel qui est attaché à la qualité de citoyen.
Rien ne peut donc

1
Zarka, J.C., Introduction au droit constitutionnel, p.71.
2
Rousseau, Du contrat social, livre III, Chap. XV.
ôter à un citoyen le droit de vote des lois et des actes qui sont liés à sa personne.

Ceci nous conduit logiquement au caractère universel et égalitaire du


suffrage.
c. Critique de la théorie de souveraineté populaire - Illusion de la démocratie directe

Il y a eu deux tentatives de mise en œuvre de la souveraineté populaire avec la


constitution dite montagnarde du 24/06/1793 et le projet constitutionnel de 1946. J.J.
Rousseau affirme qu'il n'y a jamais existé une véritable démocratie directe et pour
gouverner démocratiquement, il faut être un peuple de Dieu». La démocratie directe est
envisageable que dans les territoires exigus et faiblement peuplés, comme dans les
assemblées du peuple (landsgemeinde) et des trois cantons suisses (Glaris, Unterwald,
Appenzell).

- Les correctifs par des techniques de démocratie semi-directe

Dans la pratique, on recourt à la démocratie semi-directe qui' se caractérise par


des procédures permettant au peuple d'intervenir directement dans l'activité législative et
gouvernementale : « L'objectif est de rendre la démocratie plus effective en conférant
aux citoyens un pouvoir de statuer que ne leur reconnaît pas le régime représentatif qui
limite leur intervention à la seule désignation des représentants (...).»1

La démocratie semi-directe se réalise par un ensemble des techniques ayant


pour objet de permettre au - peuple de s'exprimer directement. Techniques qui permettent
d'empêcher la confiscation de la souveraineté par les représentants du peuple.

Ces techniques sont

1. La révocation populaire (recall)

C'est une procédure qui a pour origine Les Etats- unis au début du XXe s. Elle
consiste à inviter un élu à démissionner par une pétition que lui adresse un certain nombre
de citoyens; en cas de refus de l'élu, de nouvelles élections sont organisées.

1
Prelot M. et Boulouis F., op.cit, p.88-90.
2. L'initiative populaire

C'est une technique qui permet au citoyen à travers une pétition de recueillir
un nombre suffisant des signatures, obligeant ainsi le gouvernement de se saisir d'une
question ou de provoquer un vote sur une question d'intérêt national ou local. (art.121 de la
constitution suisse et art.218 de la constitution congolaise).

3. Le veto populaire

Le veto populaire est une procédure d'abrogation de la loi mise en œuvre par le
peuple (Art.75 de la constitution italienne du 27 décembre 1947 permet à 500.000
électeurs ou 5 conseils régionaux de provoquer une consultation référendaire ayant pour
but l'abrogation partielle ou totale d'une loi votée par le parlement).
4. Le referendum Les formes de referendum
Le referendum est la procédure de démocratie semi -directe la plus
répandue. Il consiste à poser au peuple une question sur un texte. Il permet de
corriger les faiblesses du régime représentatif en rendant possible la participation plus
au moins directe des citoyens à la prise de décisions. Ce sont les gouvernants
(parlement ou gouvernement) qui prennent l'initiative de consulter le citoyen ou de proposer
un projet des lois qu'ils ont élaborées : - ad referendum : se référer à.

Le Referendum se distingue du plébiscite. En effet si dans le referendum les


citoyens vont approuver un texte, dans le plébiscite ils vont au contraire manifester
leur confiance à un homme, à un pouvoir ou à un régime ; le plébiscite apparaît donc
comme une dénaturation du referendum.

1. Selon le caractère, Le referendum peut être obligatoire ou facultatif.

1.1. Le referendum obligatoire est celui qui est applicable de plein droit en
vertu de la constitution, dans les matières où il est prévu une intervention du corps
électoral dans la prise de décision : les gouvernants doivent obligatoirement et
nécessairement y recourir.
1.2. Le referendum facultatif est celui qui intervient de manière
discrétionnaire soit sur demande des assemblées, soit sur demande du gouvernement soit sur
une partie d'électeurs;
- Selon l'objet, le referendum peut être constituant: adoption d'un projet de
constitution ou d'une révision constitutionnelle par le peuple; il peut aussi être législatif:
le peuple votant lui-même une loi,

- Selon l'origine, le referendum peut-être d'initiative parlementaire, d'initiative


gouvernementale ou d'initiative populaire.

- Selon le moment, on distingue le referendum dit antérieur qui est une


consultation par laquelle il est demandé au peuple son option avant le vote d'une loi ;

A Le referendum peut être postérieur: il peut prendre deux formes : le


referendum dit de ratification qui est le procédé par lequel le peuple se prononce sur
un texte voté au préalable par le parlement mais qui ne sera valide que si le peuple
l'adopte. Mais le referendum postérieur peut être aussi d'abrogation. Dans ce cas la loi
votée par le parlement quoique parfaite cessera de s'appliquer, partiellement ou
totalement, pour l'avenir si une majorité d'électeurs décide de son abrogation.

d. le renouveau de la souveraineté populaire

Dans la pratique, nonobstant le retour en vogue de cette .théorie avec ce qu'il


convient d'appeler une démocratie dite participative, la théorie de souveraineté populaire
s'avère être très souvent comme nous l'avons dit une illusion.

Et cette illusion peut s'avérer dangereuse, car les tentatives historiques de


mise en œuvre de la souveraineté populaire ont conduit à l'absolutisme, à des régimes
de terreur (Robespierre).

Cette théorie est souvent utilisée par des régimes autoritaires et au de


césarisme populaire ou un homme use et abuse du peuple. Voilà pourquoi on recourt à la
théorie dite de la souveraineté nationale.
II. La théorie de la souveraineté nationale
a. Présentation

La théorie de souveraineté nationale a été conçue par Mably et construite par


Joseph Emmanuel Sieyes (Abbé Sieyes). Elle sera consacrée par la Déclaration Universelle des
Droits de l'Homme de 1789 à son art.3 qui dit : « Le principe de toute souveraineté réside
essentiellement dans la nation, nul corps, nul individu, ne peut exercer d'autorité qui n'en
émane expressément ». Ainsi donc la souveraineté est confiée à la nation, être collectif, abstrait
indivisible, et distinct des individus qui la compose.

b. Les conséquences
La théorie de la souveraineté nationale telle que présentée par la constitution
française de 1791, implique que «la souveraineté est i divisible, inaliénable é et
rescriptible. Elle appartient à la nation, aucune section du peuple, aucun individu ne peut s'en
attribuer l'exercice. »

La théorie de la souveraineté nationale postule une démocratie représentative, c


est-a-dire que le peuple souverain exerce son pouvoir par l'intermédiaire de ses représentants.
Montesquieu écrit qu'« il faut que le peuple fasse par ses représentants tout ce qui' il ne
peut faire lui-même le grand avantage des représentants, ce qu'ils sont capables de discuter
des affaires. Le peuple n'y ait point du tout apte, ce qui est un des grands inconvénients de
la démocratie.»1

La deuxième conséquence découle de la première, c'est la théorie de l'électorat-


fonction.
L'électorat fonction: la nation étant une entité abstraite, l'électeur n'a pas un droit,
mais il exerce une fonction à savoir. La désignation de représentant de son choix, qui va exercer la
souveraineté en son nom. L'électeur délègue donc sa souveraineté en totalité.

Le mandat est représentatif et non impératif. Le représentant du


peuple ne reçoit plus ordre parce que la nation collectivement
est abstraite et ils ont la capacité de vouloir pour la nation.

1
Montesquieu, Esprit des lois, livre XI, Chapitre 6.
Condorcet (1743-1794) avait d'ailleurs pour affirmer: «mandataire du peuple
; je ferais ce que je croirais le plus conforme à ses intérêts ; il m'a envoyé pour poser mes
idées et non les siennes ; l'indépendance de mes opinions est le premier de mes devoirs
envers lui »1.

C. Critiques de la théorie de la souveraineté nationale


La théorie aboutit à une fiction et surtout à une fiction dangereuse.

1. La théorie de souveraineté nationale est une fiction Juridique

La théorie élaborée par Sieyes pèche par une approche spécifiquement


juridique. Cette théorie ne rend pas compte de la réalité sociologique du phénomène
politique : la nation serait une entité abstraite, une volonté nationale présumée
indivisible représentée par un corps unique. Cette approche jacobine veut ignorer la
réalité sociologique constitutive d'une communauté qui est traversée par des courants
et des identités plurielles qui s'interpénètrent voire s'opposent. Et même lis
forment ou se proclament être une unité, celle-ci est une construction idéologique ou
historique toujours soumise à des mouvements centrifuges et à des remises en question.

2. La théorie de la souveraineté nationale est une fiction Juridique dangereuse

Le principe représentatif aboutit à une confiscation du pouvoir par les


gouvernants. On arrive à une démocratie sans le peuple, voire contre le peuple. On
parle de CRETINISME parlementaire, de crise de légitimité démocratique, à des
dérives des partis.

En effet, tout se fait au nom de la nation, mais cette nation est absente
du jeu politique.

Il faut. cependant dire qu'on ne peut comprendre cette théorie de


souveraineté nationale qu'en nous référant au contexte historique de conflit de
souveraineté entre le roi, l'aristocratie, la noblesse et les tiers Etats et la naissance des
ensembles étatiques à la sortie du moyen-âge.

1
Cité par Zarka, p.72.
III. Evolution actuelle des théories de la souveraineté

En réalité, plusieurs Etats assoient les fondements de leur gouvernance


juridique sur l'une ou l'autre théorie. Ces théories sont souvent imbriquées ; même si l'une
d'elles peut apparaître comme dominante.

Ainsi, si la théorie de la souveraineté nationale attire par son aura


populaire et que le développement de nouvelles technologies de télécommunications
comme l'Internet vient réactiver le rêve d'une démocratie directe, plusieurs constitutions
recourent à des formules transactionnelles mêlant les deux théories démocratiques de
souveraineté.

C'est le compromis parfois bancal que nous donne l'article 3 al.1 de la


constitution française du 4 octobre 1958 et reprise à l'art 5 de la Constitution de la
R.D.C.- « La souveraineté nationale au peuple. Tout pourvoir émane du peuple qui l'exerce
directement par voie de referendum ou d'élection et indirectement par ses représentants».

Ainsi si la primauté est réservée à la souveraineté nationale, on peut y


adjoindre la technique de la souveraineté populaire comme le référendum.

Par ailleurs, la souveraineté n'est plus ni absolue, ni indivisible: autant


elle est auto-limitée par le droit en se soumettant à des règles pour son exercice, se
conjuguant d'ailleurs plus à la notion de responsabilité, notamment celle de protéger et
d'assurer le développement de son titulaire ultime: le souverain primaire, à savoir la
population; autant on admet aujourd'hui la divisibilité et la fragmentation de ce concept
avec l'émergence des Etats à souveraineté partagée (la nouvelle Calédonie en France)
ou de souveraineté regroupée dans le cadre de nouvelles formes d'intégration d'Etats.

Il reste que ne mériteront la qualification d'Etat que les collectivités


présentant le caractère unique d'être souverain.
TITRE II
L'ETAT : CADRE D'EXERCICE DU POUVOIR POLITIQUE

Le pouvoir politique s'inscrit et s'exerce dans le cadre de l'Etat qui constitue


son support et sa charpente. L'Etat apparaît ainsi comme l'institution des institutions.
L'Etat se présente comme le cadre spatial privilégié au sein duquel
s'affrontent le pouvoir et la liberté; en clair les gouvernants et les gouvernés. Ainsi,
l'Etat représente la donne fondamentale du Droit constitutionnel. Réalité aisément
perceptible actuellement, cette notion recouvre une aventure incertaine et complexe; sa
maturation est plus le produit du hasard et de l'histoire que de certitude et de
l'invention, il est une idée, une représentions de l'esprit, un artifice juridique. L'Etat
moderne se présente comme la modalité d'organisation sociale exemplaire et
généralisée. Il reste qu'il ne saurait être regardé comme une notion absolue et
définitive: il s'agit d'une forme historique d'organisation qui est susceptible de
variations et des mutations.

Nous allons tenter de le saisir à travers quatre chapitres qui s'ordonnancent de


la manière suivante

Chapitre 1 : Notion et genèse de l'Etat


Chapitre 2 : Conditions d'existence de l'Etat
Chapitre 3 : Forme d'Etats
Chapitre 4 : Conceptions fonctions et fonctions de l'Etat
CHAPITRE I. NOTION ET GENESE DE L'ETAT

L'Etat, forme perfectionnée de la société, est le fruit d'une longue


évolution. Il ne saurait être regardé comme une notion absolue et définitive, mais comme
une forme historique d'organisation.

Qu'est ce l’Etat ?

Section 1 : Notion de L'Etat

Il existe plusieurs définitions du mot ETAT: On peut retenir une définition


étymologique, générique et spécifique.

§1. Acception étymologique

C'est dans l'antiquité romaine que nous trouvons les premiers éléments du
mot Etat. Il vient du verbe latin « stare », qui donne le substantif « STATUS » qui veut
dire ce qui est débout, qui traduit une certaine position, l'idée d'une stabilité de situation;
ce qui le distingue des créations instinctives, telles que les tribus, ou « improvisées »,
telles que les entités nées d'occupation ou conquêtes. L'Etat est l'œuvre de la raison.
Il suppose l'existence d'un territoire, le consentement de ceux qui y habitent, et la
détention d'un pouvoir de contrainte qui s'exprime par le droit.

Ce vocable n'avait pas à l'origine un sens précis; il prend une signification


politique par l'adjonction du terminatif «status rei publicae» ou «res publica », l'état de
la chose, ou la chose publique. Au fil des. Temps le mot « status » sans son complément
mais avec une majuscule se suffira à lui-même. C'est en Italie que le mot fut utilisé pour la
première fois par Nicolas Machiavel dans son ouvrage Le prince où il précise que «.toutes
les dominations qui ont_ eu ou ont autorité sur les hommes sont des Etats, et sont ou des
Républiques ou des principautés», « tutti sono stati'e sono o republice oprincipati ».

Ainsi, explique M. Prélot, le terme « stato » s'introduit dans la langue moderne


avec le sens qu'il gardera de l'institution politique en soi située au dessus des régimes
particuliers.

Le mot « stato » sera transposé en allemand (staat) et en anglais state).


Actuellement le mot Etat a pris dans la langue courante des acceptions
différentes.
§2. Acceptions génériques

Nous avons dans le sens courant trois acceptions du mot


Etat.

Au sens large, le mot désigne l'organisation globale de la société, une


collectivité organisée ayant comme support sociologique une nation. Ainsi l'Etat constitue
l'enveloppe ou l'armature juridique d'un phénomène sociologique, la collectivité tout
entière appelée la nation: C'est l'Etat-nation.

Au sens restreint le mot Etat désigne les pouvoirs publics, c'est-à-dire les
gouvernants, les organes qui exercent les fonctions de l'Etat par rapport aux gouvernés:
c'est l'Etat gouvernement.

Au sens lus étroit, le mot Etat désigne au sein des pouvoirs publics
l'élément central par rapport aux collectivités territoriales (communes, provinces).

§3. Acceptions spécifiques

D'une manière plus technique, Politiquement avec MAX Weber (1864-1920)


l'Etat est défini comme « une communauté humaine qui dans les limites d'un territoire
déterminé revendique avec succès pour son propre compte le monopole de la violence ». 1

Sociologiquement, Raymond Guillien et Jean Vincent nous disent que «


L'Etat est une espèce particulière de société politique résultant de la fixation sur un territoire
d'une collectivité humaine relativement homogène régie par un pouvoir institutionnalisé
comportant le monopole de la force armée »2.On se réfère au système social entier.

Juridiquement, Carré de Malberg définit l'Etat « comme une personne


morale collective souveraine et soumise au droit qu'elle crée.»3

'

1
Cite par Zarka, J. C., Introduction qu droit constitutionnel, Paris, Ellipses, 2003, p.11.
2
Guillien, R, et Vincent, J., Lecrique des termes juridiques, Dalloz, 2003, p. 107.
3
Carré de Malbcrg, Contribution à la théorie générale de l'Etat, cité par Bardeau, p.29.
Haurlou Maurice conclut en disant « il n'y a d'État au sens précis et exact du
terme qu'au moment précis où dans une population de civilisation avancée le pouvoir
politique s'étant dégagé de tout élément patrimonial, prend l'aspect d'une autorité souveraine
s'exerçant sur des hommes libres. Celle-ci cesse d'être assimilable à une propriété
privée : le pouvoir du prince, ou un bien de famille. On doit réserver l'appellation Etat à la
forme définie, perfectionnée, éminente de la collectivité politique, création de la volonté et
de la raison humaines appliquant leurs efforts et leurs réflexions aux problèmes de
l'organisation civique.»1

Comment se forme alors l'Etat ?

Section 2. Formation de l’Etat

Marcel Prélot nous prévient que « L'Etat est un phénomène humain localisé
géographiquement, la carte étatique ou politique ne s'étant jamais superposé exactement à
la carte physique du monde habité et habitable. »2

Il importe donc de saisir comment l'Etat se forme. Plusieurs théories sont


élaborées; elles tentent d'expliquer la genèse de l'Etat soit par la formation juridique, soit
par formation extra-juridique.

§1. La formation juridique de L'Etat ou La théorie juridique de genèse de l’Etat

L'école qui soutient la thèse du fondement juridique de l'Etat est


essentiellement constituée par des auteurs qui pensent que L'Etat est une formation
politique voulue et réalisée consciemment de manière conventionnelle.

Trois auteurs se sont rendus illustres dans l'articulation de ces théories dites
conventionnelles d'origine de l'Etat: Thomas Hobbes et Jean-Jacques Rousseau pour la
théorie du contrat social et John Locke pour la théorie du contrat politique.

1
Hauriou, M., Principes de Droit Public, cité par Prelot, M., bnstitutions politiques et droit `
constitutionnel, Paris, Dalloz, 1969, p.3.
2
Prelot, M., Instiguions politiques et droit constitutionnel, Paris, Dalloz, 1969, p.l.
A. La théorie du contrat social

Des esquisses de cette théorie peuvent être trouvées au moyen âge,


notamment dans les œuvres de certains théologiens comme Althusius. Elle sera
néanmoins systématisée par Thomas Hobbes. Jean Jacques Rousseau dans son
ouvrage Le contrat social va donner un nouveau contour à cette théorie qui va à la fin du
XVIIIe s. fortement inspiré les hommes de la révolution française. Cette théorie
dominera la pensée politique du XIXe s.

Nous examinerons cette théorie d'origine contractuelle de l'Etat d'abord


selon Thomas Hobbes et ensuite selon Jean Jacques Rousseau.

1. La théorie du Contrat social selon Thomas Hobbes a. Présentation de la théorie

Dans son ouvrage, « Le Léviathan », paru en 1651, Thomas Hobbes estime


que « la condition humaine est une condition de guerre de chacun contre chacun» 1 .
Dans cette insécurité généralisée, d'absence du droit et du tort de la justice et de l'injustice,
la force et la ruse y sont les vertus cardinales.

Aussi pour sortir de l'insécurité inhérente à cet état de nature, les hommes
ont été amenés à accomplir un pacte_ entre eux: un contrat social par lequel, ils
renoncent à la dangereuse liberté sans limite dont-ils jouissent dans l'Etat de nature et
ils confient et abandonnent leurs droits à un monstre appelé le «LEVIATHAN ».

b. Appréciation de la théorie du Contrat selon Hobbes

La théorie de Hobbes a influencé largement le XVIIe s., surtout en France


où elle fut exploitée par Bossuet pour donner un fondement doctrinal à la monarchie
absolue de Louis XIV. Il s'agit donc d'une théorie qui justifie l'absolutisme et donne
fondement à l'autoritarisme.

1
Hobbes, T., Leviathan, trad R. Anthony, Paris, Gallimard, 1921, p.198, reed 2004.
Par ailleurs le pacte créateur dont parle Hobbes, est loin d'être un contrat,
car le Léviathan qui serait une des parties au contrat, prend et conserve toute la
souveraineté tandis que les sujets renoncent à tout: il n'y a ni concours de volontés
comme dans un contrat classique, ni égalité encore moins la liberté.

Ainsi la théorie de Hobbes sera complétée par celle de Jean-Jacques


Rousseau.

2. La théorie du contrat social selon Jean Jacques ROUSSEAU

a. Présentation de la théorie

Comme Thomas Hobbes, Jean Jacques Rousseau part également de l'état de


nature.

Selon Rousseau, les hommes étaient à l'origine égaux, libres, indépendants


et bons. Aussi, sentant la nécessité qu'il y avait à mettre en commun la gestion de
leurs intérêts, les hommes ont renoncé à leur liberté de plein gré par un accord
général que Rousseau appelle contrat social qui est le fondement de l'Etat.

L'Etat serait une association politique librement formée par les participants
au contrat social. Ainsi la souveraineté de I Etat, c'est la volonté générale de
contractants, la somme de leurs volontés individuelles.

b. Critique de la théorie du contrat social de Rousseau

Cette théorie présente une grande force de persuasion et on comprend que


les contemporains de J.J. Rousseau ont été séduits par cette théorie: les libertés ou
droits individuels seraient donc cette part de la liberté primitive, naturelle qu'on accepte
d'y renoncer qu'au bénéfice non pas d'un monstre mais de la volonté générale, abstraite,
indivisible.

Cependant pour séduisante qu'elle soit, on ne trouve pas de trace historique du


contrat social.
B. La théorie du contrat politique de John LOCKE
a. Exposé de la théorie

Dans son Essai sur le gouvernement civil paru en 1690, John Locke (1632-
1704) estime que les hommes à l'état de nature étaient relativement heureux ; ils n'ont
voulu instituer l'Etat que pour accéder à un bonheur plus complet par une vie collective
plus dense. Aussi, ils ont conclu un contrat non pas, par chacun d'eux avec le futur
monarque, ce qui est malaisé à croire, mais un contrat politique qui est un accord
entre personnages ou corps politiques déjà regroupés ou constituant des cadres sociaux
de la nation ou les organisations sociales préexistantes à l'Etat.

Ces structures s'entendent pour établir un pouvoir politique, central et


ainsi créer un Etat. Ainsi Locke écrit « ce qui donne naissance à une société politique, ce
qui l'institue effectivement, n'est autre chose que le consentement par lequel un cert ain
nombre d'hommes libres, prêts à accepter le principe majoritaire acceptent de s'unir
pour former un seul corps social. C'est cela et cela encore qui pourrait donner
naissance à un gouvernement légitime»1 . Ainsi le passage ne se fait pas d'individu libre
à l'Etat, mais d'une organisation sociale à l'Etat.

b. Appréciation de la théorie du contrat politique

La théorie de John Locke a beaucoup influencé les révolutionnaires en


Angleterre, aux Etats-Unis et en France au XVIIIe s. Certains événements historiques
semblent corroborer cette théorie. C'est le cas notamment de la grande charte de Jean
sans terre d'Angleterre conclu avec les barons féodaux anglais en 1215. On peut
également citer l'exemple des anciennes colonies britanniques de l'Amérique du Nord qui
ont créé une confédération, transformée en fédération en 1787. Enfin nous pouvons évoquer
la charte française de 1830 présentée à la suite d'une entente entre le Duc d'Orléans qui
allait monter sur le trône sous le nom de Louis-Philippe et les assemblées législatives
de la restauration, chambres des pais et chambres des députés qui étaient en place.

Cependant ces contrats politiques comme le dit le professeur. Marcel


Lihau, « s'ils ont existé, ils ont eu un caractère plutôt occidental : tous les Etats ne sont
pas issus de ces contrats. D'ailleurs, an peut se demander si ces contrats n'ont pas été plutôt

1
Locke, J., Traité sur le gouvernement civil, Paris, Fayot 1953, p.63.
à l'origine des régimes politiques c'est à dire de la façon d'aménager l'Etat que
des Etats eux-mêmes.»1

Par ailleurs, ces instruments contractuels perdent très rapidement leur


caractère conventionnel et finissent par être imposés par la force. Par exemple le
caractère conventionnel de la constitution de 1787 n'a pas empêché les Etats du Nord à
imposer aux Etats du Sud de rester dans l'union en 1861 après une guerre de cinq ans.

Il reste que Locke apparaît comme le père du libéralisme politique. Comme


l'homme de Hobbes, tout en concédant sa liberté, il conserve par devers lui les droits
qu'il peut opposer, le cas échéant, à l'ETAT.

Toutes ces critiques ne doivent pas nous amener à ignorer le mérite de ces
théories conventionnelles de l'Etat. En somme leur mérite réside dans leur intuition
exacte, à savoir que l'Etat n'est pas brutalement imposé par une loi naturelle, il n'est pas
une donnée, mais une construction : il est une œuvre des hommes, une œuvre plus au
moins volontaire, une idée qui réclame de tous sinon une participation active, du
moins un consentement, une adhésion.

La place faite à un but social déclenche la soumission du peuple et provoque


l'acceptation du pouvoir : l'exigence du bien commun « Commonwealth », autre nom de
l'Etat en anglais.

Ce qui nous amène à la théorie de la fondation et de l'institution.

c. Théorie de fondation et l'institution


A. Exposé

Cette théorie a été élaborée par Maurice Hauriou. Son fils André Hauriou
résume la pensée de son père en ces termes « l'Etat est un groupement d'individus,
dirigé par un gouvernement central au nom d'une idée d'entreprise, qui est la réalisation
d'un certain ordre social et politique, dont les sujets de l'Etat sont les bénéficiaires ».

L'Etat présente donc le caractère d'un organisme social structuré par trois
éléments

1
Lihau, M., cité par Ntumba Luaba, Droit constitutionnel général, EUA, Kinshasa, 2005, p.26.
1°) Une idée d'entreprise qui consiste en la réalisation d'un certain ordre
social et politique ;

2°) un pouvoir organisé et exercé par les organes de l'Etat pour la


réalisation de l'idée ;

3°) les bénéficiaires de l'entreprise, c'est-à-dire les individus, sujets de


l'Etat, et tous ceux qui résident sur son territoire.

La conjugaison de ces trois éléments forme une institution.

La Création De l'Etat Selon Maurice Hauriou serait une opération juridique


qui s'analyse en deux temps

1°) La fondation, au moment où les individus conçoivent l'idée d'entreprise


et les moyens à mettre en œuvre pour la réaliser, ils fondent un organisme par les
procédés juridiques qu'ils trouvent à leur possession dans le droit existant.

2°) Les adhésions : celles-ci interviennent afin de donner corps et assurer la


réalisation de l'entreprise.

B. Appréciation

A la différence de la théorie du contrat où il y a croisement de volontés, ici il


y a concours de volontés pour la réalisation d'un même but : l'entreprise ou l'institution.

Aussi les partisans de cette théorie déplorent-ils la généralisation abusive


de l'idée du contrat chez Rousseau. On cite comme illustration de ce processus la
naissance de L'Etat anglais, résultat d'une fondation qui a été instituée par Guillaume le
Conquérant et par ses barons.

Cependant Duverger estime que cette théorie est passablement obscure et


repose sur une appréciation insuffisante des faits. Cette théorie donne une part trop
grande à l'élément rationnel et conscient et au phénomène juridique.
§2. LA FORMATION EXTRA-JURIDIQUE DE L'ETAT

Une tendance rejette la naissance de l'Etat hors du droit : on parle alors


de la formation extra-juridique de l'Etat tant il est vrai que ce phénomène Etat est une «
aventure incertaine » qui mélange le fait, la raison, la vision, la volonté, l'émotion, voire
l'accident.

On regroupe les thèses non-conventionnelles ou les théories extra-


juridiques de l'Etat en deux : la théorie du fondement socio-historique, la théorie de la
création de l'Etat en dehors du droit et la théorie marxiste du fondement de l'Etat.

A. La théorie socio-historique de la genèse de l'État ou la thèse de conflit

1. Exposé de la théorie

De Polybe à Duguit, beaucoup d'auteurs ont cru trouver l'explication de la


genèse du phénomène étatique dans un Etat de chose résultant d'un conflit qui, à un
moment de l'histoire, aurait opposé les groupes primitifs. L'école du conflit est défendue par les
sociologues et les historiens qui considèrent que la formation de l'Etat est le résultat
tantôt de la conquête, tantôt de l'hétérogénéité culturelle dans une aire géographique d'une
certaine étendue, tantôt les tensions politiques entre tribus. En somme l'Etat serait le
résultat d'une stratification provoquée dans une collectivité par la différenciation entre
une classe supérieure ou gouvernants et une classe inférieure gouvernée; l'Etat étant
alors la constitution sociale ayant pour but d'assurer la domination des gouvernants contre
les révoltes de l'intérieur et les attaques du dehors.»1

2. Appréciation de la théorie

La thèse de conflit évoque des exemples historiques dont il serait difficile de


contester l'authenticité sinon la pertinence, tant il est démontré que la lutte entre les
groupes est un phénomène majeur dans l'émergence de l'Etat.

Cependant ce souci de réalisme ne rend pas compte de la formation de tous les


Etats. En effet, un grand nombre d'Etats sont en dehors de son champ d'explication.
Par ailleurs, on peut

1
Oppenheimer, R., L’Etat, ses origines, son évolution et son avenir, Paris, 1913, pp.11.
observer qu'il y a des conquêtes qui n'ont pas réussi à fonder un Etat. Il ne faut donc
pas confondre certains phénomènes qui accompagnent l'apparition de l'Etat, mais
dont on ne saurait affirmer qu'ils le constituent.

B. La thèse marxiste de l'origine de l'État

1. Exposé de la théorie

L'explication marxiste de l'origine de l'Etat s'apparente à la théorie du conflit


en ce sens que l'Etat serait le résultat d'une lutte : il y a lutte des classes. Selon Karl
Max et ses émules Engels et Lénine, l'Etat est l'aboutissement d'un processus déclenché
par l'antagonisme des classes. Dans un premier mouvement la classe dominante
essentiellement bourgeoise établit son pouvoir qui correspond à sa situation économique,
puis dans une seconde phase cette classe qui occupe la position dominante cherche à
maintenir sa domination sur l'autre classe pour éviter d'être dépossédée par elle.
Puisqu'elle freine une évolution inéluctable elle devient oppressive. L'Etat ne
peut être conçu que comme un instrument de cette oppression.

2. Appréciation

La théorie marxiste analyse la réalité du pouvoir qui a existé à la fin du


XVIIIe s. et au début du XIXe s.

Marx et Engels ont été profondément marqués par inhumanité de la société


industrielle de leur temps et par l'indifférence avec laquelle les gouvernants laissaient les
détenteurs de puissance économique imposer leurs lois aux plus faibles.

Cependant il convient de distinguer les utilisations historiques de la


formule étatique et celle qui constitue l'essence de l'Etat. Si dans bien des pays à
travers l'histoire, l'organisation étatique a assuré la prépondérance de la classe sociale
parvenue à se rendre maître, tel d'ailleurs l'Etat des tsars a yant servi d'instrument de
domination d'une aristocratie foncière autant que l'Etat soviétique lui-même qui servit à
la domination des autres classes-les apparatchiks par la classe prolétarienne, il est
inexact que ces dominations soient la fonction encore moins l'essence primaire de
l'Etat. L'Etat naît du souci d'assigner au pouvoir une assise qui le désolidarise des
intérêts d'un groupe particulier. Quels sont alors les éléments constitutifs de l'Etat.
CHAPITRE II: ELEMENTS CONSTITUTIFS DE L'ETAT

Raymond Carré de Malberg définit l'Etat comme une communauté d'hommes,


fixée sur un territoire propre et possédant une organisation. D'où résulte pour le groupe
envisagé dans ses rapports avec ses membres une puissance supérieure d'action, de
commandement et de coercition.

Ainsi pour qu'un Etat existe, il est nécessaire de réunir un certain nombre
d'éléments constitutifs qui conditionnent la naissance, la disparition et l'éventuelle
résurrection de l'Etat autant que son existence proprement dite :

1° un élément matériel ou physique: le territoire ;


2° un élément personnel ou humain : la population ;
3° un élément formel ou organisationnel: la puissance publique.

Ces éléments forment les conditions nécessaires, cumulatives et non


alternatives mais non suffisantes pour qu'il y ait un Etat. Car il faut un élément décisif,
politique : la souveraineté.

Section 1. Le territoire

L'Etat a été défini par Maurice Hauriou comme un phénomène «


essentiellement spatial »; il ne peut pas y avoir d'Etat sans territoire. Socle physique,
base de l'existence de l'Etat, le territoire nécessite qu'on saisisse son importance, ensuite
ses éléments et enfin le rôle et la nature du droit de l'Etat.

§1. Importance du Territoire

- Le territoire présentée une importance capitale puisque sur lui, s'est installé la
population, sur lui s exerce la puissance et le pouvoir politique.

Marcel Prélot souligne « l'importance de l'attache au sol apparaît


primordiale pour la société étatique [...]. Toute société composée d'êtres humains est à
certains égards « territoriale » puisqu'il n'y a point de vie individuelle ou collective qui
ne doive trouver son point d'insertion en un lieu déterminé du globe.»1

1
Prelot, M., Institutions Politiques et droit Constitutionnel, Dalloz, 1972, p.9.
§2. Les éléments du territoire

La notion du territoire comprend dans le langage juridique une portion de la


surface terrestre, l'espace aérien qui surplombe cette portion de la surface terrestre et
le sous-sol. A cela, il faut ajouter pour l'Etat côtier la bande de la mer adjacente à cette
côte.

A. Territoire terrestre

Il est enserré par les frontières fixées sur le terrain avec un soin minutieux
par des commissions de techniciens. Depuis le XIX e siècle, les frontières terrestres
sont conçues sous une forme linéaire. On oppose les frontières naturelles (lignes de
crêtes ou celle du partage des eaux concernant un massif montagneux) aux frontières
artificielles. Ces dernières sont fixées par des traités.

B. Le territoire maritime

La mer territoriale est un espace maritime qui s'étend de côte vers les larges
jusqu'à une étendue qui est fixée pour le droit international de la mer par la
Convention Mont bay du . 10 décembre 1982. L'Etat riverain étend de façon
progressive, à l’époque contemporaine, sa souveraineté sur l'espace maritime. Ce dernier
comprend

- les eaux intérieures : espace sur lequel l'Etat des compétences identiques à
celles qu'il déploie sur son territoire terrestre, sur une bande, véritable territoire
immergé, appelée la mer territoriale (12.000 marins);

- et sur une zone économique exclusive, qui englobe la notion géologique


de plateau continental. (200 milles nautiques);

- au-delà, s'étend la haute mer, ouverte à tous les Etats, riverains ou non,
en vertu du principe de liberté qui la caractérise.

C. Le territoire aérien ou l'espace aérien

Le territoire aérien est la couche d'air atmosphérique surplomba le


territoire terrestre et maritime. Le survol en temps de paix du territoire national par
des avions civils étranger est réglementé par la convention de Chicago du 07/12/1944.
L'Etat possède de droit de police et de surveillance dans la couche d'air qui
surplombe son territoire, en dehors de l'espace extra -atmosphérique.

§3. Le rôle du territoire

Pour expliquer le rôle du territoire dans l’Etat plusieurs théories ont été
proposées

A. La théorie du territoire- objet

Cette théorie qui considère le territoire comme la propriété de l'Etat,


avait cours au temps de la féodalité. On confondait la propriété, notion de droit
privé avec le pouvoir politique, notion de droit public. L'Etat moderne a mis fin à cette
confusion. Désormais, les gouvernants ne sont heureusement propriétaires ni du pouvoir,
ni du territoire, ni des gouvernés.

B. La théorie du territoire-sujet-

La théorie du territoire-sujet est liée à une vision organiciste de l'Etat.


Selon cette vision, l’Etat serait un être comparable à un être vivant et le territoire est
envisagé le territoire comme un élément de la personnalité même de l'Etat parce que
sans territoire l'Etat ne pourrait exprimer sa volonté.

La volonté de l'Etat est autonome et souveraine. Cette j souveraineté ne peut


se manifester qu'à l'intérieur ou à travers un territoire qui devient par la suite un élément
de la volonté et de la personnalité de l'Etat. '-

Cette théorie qui transposait les connaissances acquises en matière de


biologie sur le plan de la sociologie donne des résultats désastreux, car aboutissant
notamment à justifier la guerre et l'accroissement de l'espace vital.

C. La théorie du territoire-limite ou la conception moderne du territoire

-Le territoire est considéré comme la circonscription à l'intérieur de


laquelle s'exerce la puissance de l'Etat. La limite matérielle à l'action de gouvernants.
Cette théorie a été proposée au début du XXe s. par Léon Duguit sous le nom de
territoire limite; elle a l'avantage de la simplicité.
L'Etat exerce une autorité exclusive dans les limites de son territoire.

Section 2. La population

La substance humaine de l'Etat, en quelque sorte, est constituée par la


population. Nous allons étudier cette question de la population sous deux angles : sous
l'angle juridique d'abord et sous l'angle sociologique ensuite.

§1. La notion de:-population sous l'angle juridique

Par population sous l'angle juridique, nous entendons tous les individus qui
vivent et travaillent sur le territoire d'un Etat. Dans cette perspective, la population
comprend les nationaux, les étrangers et les personnes en situation intermédiaire.

A. Les nationaux

Par nationaux, il faut entendre les individus qui sont unis à l'Etat par un lien
de rattachement désigné sous le nom de nationalité.

Chaque Etat est libre de déterminer le système selon lequel sa nationalité


sera acquise: L'Etat peut choisir le jus sanguinis qui est l'acquisition de nationalité
par le sans un s'orienter vers le jus-soli qui est l'acquisition de la nationalité par le lieu

Mais, l'Etat peut combiner les deux systèmes de jus sanguinis et jus soli.

B. Les étrangers

Il s'agit des personnes qui sont sujets d'autres Etats et qui vivent ou
résident dans un Etat qui n'est pas le leur. Parmi les étrangers il peut exister une différence
de statut.

Ainsi les diplomates bénéficient de certains privilèges appelés immunité


diplomatique alors que les étrangers non diplomates ne peuvent avoir que certains droits.

C. Situation intermédiaire

Il existe des situations intermédiaires dans la population d'un Etat. On


distingue :
1. le cas des résidents communautaires comme les ressortissants de l'Union
Européenne qui ont des droits spécifiques proches si pas égaux avec les nationaux ;

2. on trouve la même situation dans le cas des ressortissants des pays


membres du Commonwealth britannique qui ont un statut commun, en plus de leur nationalité
propre qu'ils gardent ;

3. les apatrides c'est-à-dire les personnes qui ont perdu leurs nationalités et
qui n'ont pas encore une nouvelle nationalité. Par exemple les personnes en exil.

§2. La population sous l'angle sociologique

La population tend à s'identifier à la nation, il est important de distinguer


la population, qui est l'ensemble d'individus qui vivent sur le territoire sans lien affectif
entre eux. En suite la nation qui peut être saisi au sens objectif ou subjectif qui
comprend les vivants, les morts et ceux qui vont naître. Enfin 1e peuple, c'est-à-dire
l'ensemble des vivants qui habitent sur un territoire et qui ont un certain lien entre eux.

A. La Conception objective de la nation

D'après cette conception, la nation se définit à partir de critères objectifs tels


que : une même langue, une même religion, une même race.

La conception objective ou déterministe a été développée essentiellement par


des juristes allemands: Fichte, Paul Laband, Jellinek et Ihering. C'est l'école dite
allemande ou école de Strasbourg. Les travaux de cette école ont été affinés par deux
français : Gobiineau et Vacher, et ils ont été repris et systématisés par. Hitler. Les partis
d'extrême droite européens continuent de véhiculer cette vision.

Cette conception essentiellement allemande pose un principe qu'il existe


une hiérarchie entre les diverses races humaines au sommet desquelles se trouve la
race Aryenne et au bas de l'échelle, les races de couleurs et à des degrés divers, les
races blanches non aryenne.
L'Etat parfait est celui qui correspond à une race. Cette théorie a donné
naissance à la conception nationale socialiste de 1 l'Etat et a généré de mesures visant à
éliminer de la communauté allemande, les éléments n'entrant pas dans la race (les juifs,
les hommes de couleur, etc.)
Une autre application a été la doctrine de l'apartheid ou de séparation
développée en Afrique Australe avec l'installation de colons Hollandais à partir de 1652
et: l'Etablissement de colons britannique à partir de 1795.

Cette doctrine d'Apartheid fondée sur les idées rattachées à Dieu, à la bible et
au racisme, propose l'organisation systématique de la ségrégation afin de maintenir la
supériorité de colons blancs au préjudice des autres races plus précisément de la race
noire.

Chaque race doit constituer son Etat spécifique appelé Bantoustan.

B. La conception subjective de la nation

Cette conception subjective repose essentiellement sur la volonté de vivre


ensemble et elle a été développée par les auteurs Français Ernest Renan, Fustel de
Coulanges, Michelet (1823-1892), Hauriou et l'italien Mancini.

Dans cette conception, les critères qui permettent de distinguer la nation


ne sont pas de signes extérieurs: la taille, la forme de crâne, la couleur de la peau et des
cheveux, mais ce sont les éléments spirituels tels que: le souvenir historique, la
communauté d'intérêt ou de destin. Par, exemple la cohabitation sur un même
territoire ou encore le sentiment d'une parenté spirituelle.

Ernest Renan (1823-1892) a défini la nation comme « une âme, un


principe spirituel partagé, le désir de vivre ensemble [...]. Une nation est donc une
grande solidarité, E...] l'existence d'une nation est un plébiscite de tous les jours.» 1

La conception subjective de la nation paraît plus proche de la réalité : il


existe des nations qui ne forment pas une unité linguistique, raciale, religieuse, ethnique
et culturelle. Cette réalité a poussé les publicistes à considérer la nation essentiellement
comme une donne psychologie C'est-à-dire la volonté d'un certain nombre d'hommes en vue
bien sûr de vivre ensemble. Ceci nous amène à voir l'Etat et la nation.

1
Renan, E., qu’est-ce qu’une nation ? , mars 1882.
C. Le rapport entre l'État et la nation

Ce rapport entre l'Etat et la nation est très complexe. On peut distinguer deux
types de relation:

1. la coïncidence ou non-coïncidence de l'Etat et de la nation;


2. l'antériorité ou postériorité de la nation et de l'Etat.

1. La coïncidence ou non-coïncidence de l'État et de la nation

Dans ce premier type des rapports, on recherche à savoir si certaines nations


sont reparties sur le territoire de plusieurs Etats ou bien certains Etats comprennent
plusieurs nations.

La nation est une réalité d'ordre historique et sociologique qui se caractérise


par un haut degré de cohésion qui unit ses membres. Par contre l'Etat est une réalité de
nature essentiellement juridique. La rencontre entre l'Etat et la nation peut donner soit
des nations pluri-étatiques soit des Etats plurinationaux.

a. La nation pluri-étatique

Certaines communautés culturelles ou nations sont reparties sur le


territoire de plusieurs Etats. C'est le cas des Kurdes (Irak), Slovaques (Tchèque,
Slovaques), Hongrie, Pologne, Magyars (Hongrie); Tutsi (Congo, Burundi, Rwanda).

Ces nations sont reparties sur différents Etats mais gardent de contact
permanent entre elles. Cela peut être très souvent la cause des tensions dans leurs
différents Etats.

b. Les Etats pluri-nationaux

Certains Etats englobent plusieurs nations. On les appelle les Etats


multinationaux ou plurinationaux. C'est le cas de la Suisse allemanique ou
germanophone.
En conclusion, La nation ne se confond pas avec l'Etat, pourtant entre les
deux réalités il existe une interaction.

L'Etat a pour mission d'assurer la cohésion entre toutes ses composantes. Il


est important de noter qu'il faut cesser de voir une opposition entre ethnie ou tribu et
nation. Ces deux niveaux d'identification collective s'emboîtent. La référence au
C. Le rapport entre l'Etat et la nation

Ce rapport entre l'Etat et la nation est très complexe. On peut distinguer deux
types de relation:

1. la coïncidence ou non-coïncidence de l'Etat et de la nation;


2. l'antériorité ou postériorité de la nation et de l'Etat.

1. La coïncidence ou non-coïncidence de !'État et de la nation

Dans ce premier type des rapports, on recherche à savoir si certaines nations sont
reparties sur le territoire de plusieurs Etats ou bien certains Etats comprennent plusieurs
nations.

La nation est une réalité d'ordre historique et sociologique qui se caractérise par
un haut degré de cohésion qui unit ses membres.. Par contre l'Etat est une réalité de
nature essentiellement juridique. La rencontre entre l'Etat et la nation peut donner soit
des nations pluri-étatiques soit des Etats plurinationaux.

a. La nation pluri-étatique

Certaines communautés culturelles ou nations sont reparties sur le territoire


de plusieurs Etats. C'est le cas des Kurdes (Irak), Slovaques (Tchèque, Slovaques),
Hongrie, Pologne, Magyars (Hongrie); Tutsi (Congo, Burundi, Rwanda).

Ces nations sont reparties sur différents Etats mais gardent de contact
permanent entre elles. Cela peut être très souvent la cause des tensions dans leurs
différents Etats.

b. Les Etats pluri-nationaux

Certains Etats englobent plusieurs nations. On les appelle les Etats


multinationaux ou plurinationaux. C'est le cas de la Suisse allemanique ou
germanophone.

En conclusion, La nation ne se confond pas avec l'Etat, pourtant entre les deux
réalités il existe une interaction.

L'Etat a pour mission d'assurer la cohésion entre toutes


ses composantes. Il est important de noter qu'il faut cesser de
voir une opposition entre ethnie ou tribu et nation. Ces deux
aux d'identification collective s'emboîtent. La référence au
2. La protection des minorités

Tout en reconnaissant le principe de nationalité, il est important d'assurer


une certaine protection des minorités. Ce principe a été organisé par le traité de Paris
du 30/03/1856 et le système a été généralisé à la conférence de Paix de 1919.

Le traité de 1919 affirme que les minorités de naissance, de nationalité, de


langue et de race ont droit:

Au libre exercice tant public que privé de toute fois, religion ou croyance.

• Libre usage de la langue nationale, ainsi que l'enseignement dans celle-ci.

• Egalité du point de vue de la jouissance du droit civil et politique.

II. L'Etat antérieur à la nation.

L'hypothèse d'un Etat antérieur à la nation correspond à l'édification des


Etats-Unis d'Amérique et recouvre la quasi-totalité des Etats d'Afrique noire.

L'Etat américain a été fondé par la constitution de 1787 et la nation


américaine n'a été vraisemblablement fondée que lorsque le congrès a arrêté le flot
puissant de l'immigration qui résorbait constamment la collectivité nationale, c'est -à-
dire au lendemain de la guerre de 1914 - 1918.

Ainsi l’Etat américain a précédé la nation. A notre époque, l'émergence


de nouveaux Etats d'Afrique noire et particulièrement révélatrice de cette hypothèse.
Ces Etats se sont constitués autour de 1960. Il s'agit des structures issues du partage
artificiel de l'espace qui a eu lieu en 1885 à Berlin.

Des peuples que tous opposaient se sont retrouvés brutalement scindés en


plusieurs colonies et plus tard en Etats. Cette situation est à la base de multiples
conflits dans les nouveaux Etats. Pour faire face à cette violence, l'O.U.A a proclamé
en 1963, le principe de l'intangibilité de frontières. Il reste que les différences
linguistiques, la multiplicité ethnique, l'éparpillement géographique sont des facteurs
qui posent
problème à l'émergence d'une cohésion et exige une architecture et une
articulation juridique spécifique.

Section 3. L'organisation du pouvoir public ou puissance publique

L'existence d'une autorité publique qui exerce le pouvoir sur le territoire


constitue la 3e condition d'existence de l'Etat. Cette autorité publique prend toutes les
décisions relatives à la gestion des affaires communes.

A. Définition de puissance publique

Elle signifie d'abord, pouvoir général de direction. Celui-ci donne à l'Etat la


prérogative d'édicter des règles de conduite et à prescrire toutes les mesures nécessaires
pour la gestion des communautés. D'aucuns parlent du gouvernement.

Elle signifie ensuite un pouvoir exclusif de coercition grâce auquel l'Etat


parviendra à imposer ses décisions et à les faire exécuter au besoin par la force matérielle
(Manu militari).

L'Etat est le seul de tous les groupements organisés à détenir la force


publique et c'est dans ce monopole de la contrainte que réside finalement son attribut essentiel.

Dans toute société organisée, il faut qu'une instance puisse trancher en


dernier ressort. Ce recours suprême vient du fait que l'Etat est le dépositaire des
intérêts de la communauté toute entière.

B. Caractéristiques de puissance publique

La puissance publique est unique, continue, légitime, effective, et


autonome.

a. L'unité

L'unité de la puissance publique signifie l'indivisibilité de celle-ci, malgré la


pluralité des gouvernants. Chaque partie met en œuvre la puissance publique dans sa plénitude
et sa totalité.
b. La continuité de l'Etat

L'activité de l'Etat est continue malgré le caractère éphémère de dirigeants.


L'Etat est présumé éternel pour sécuriser les relations sociales internes et internationales
(externes).

c. La légitimité et légalité de la puissance publique

La puissance publique doit être légitime, car dérivant de l'Etat, de l'intérêt


général et non de l'individu ou de quelques individus.

Au point de vue politique, la volonté des gouvernants doit prévaloir. II est


intéressant de distinguer :

- le gouvernement légal
- le gouvernement légitime.

1. Le gouvernement légal ou gouvernement de droit est un gouvernement la


parturition est conforme à l'ordre constitutionnel existant.

2. Le gouvernement légitime est celui dont la politique est approuvée par


la majorité de gouvernés. La légitimité gouvernementale implique une conformité
presque journalière entre la politique faite par les gouvernants et la volonté des
gouvernés.

d. L'effectivité

La puissance publique ne peut être abstraite, elle doit être exercée


effectivement. L'Etat doit assurer un certain nombre de fonctions fondamentales. Par
exemple, assurer la justice, assurer la sécurité. La légitimité et l'effectivité finissent par
se confondre. Un gouvernement qui pratique une politique contraire aux aspirations des
gouvernés finit par sombrer dans l'ineffectivité.

L'autonomie

La puissance publique doit être autonome, elle présente à ce titre 3 éléments :

1. le caractère inconditionnel de la puissance publique,


2. le procédé de décision unilatéral,
3. l'exercice de la contrainte matérielle.
1. Le caractère inconditionnel de la puissance publique

C'est une puissance originaire de domination

2. Procédé de décision unilatéral:

C'est un droit qui implique la réquisition des biens, le droit d'expropriation


pour cause d'utilité publique. La puissance donne à l'Etat le pouvoir d'injonction et les
gouvernants jouissent du bénéfice ou du privilège du préalable, c'est-à-dire l'exécution
d'abord, la réclamation après.

3. L'exercice de contrainte matérielle

C'est un complément de la décision unilatérale. La contrainte sanctionne le


pouvoir. L'institutionnalisation de la puissance publique purifie la force brute. En
définitive, la force sans justice produit la tyrannie, mais justice sans force produit
l'impuissance.

Section 4 : le critère spécifique d'existence de l'Etat: la souveraineté.

On peut définir juridiquement l'Etat comme une personne morale de droit


public, territoriale et souveraine.

De cette définition se dégagent deux éléments fondamentaux qui caractérisent


un Etat la personnalité juridique de l'Etat la souveraineté de l'Etat.

§1. Etat : personne juridique morale

A. Signification de la personnalité juridique de l'Etat

Création humaine, l'Etat apparaît comme une entité et, en terme juridique,
comme une institution, comme une personne morale détachée de la personne physique des
gouvernants.

La personnalité morale est une invention, une fiction, un artifice qui permet
de donner à une abstraction les effets de droit qui résultent de l'activité des personnes
physiques représentant ce groupe : l'Etat est la personnification juridique de la nation.
L'évolution de la société a consisté 'à institutionnaliser le pouvoir
politique, c'est-à-dire à le dissocier progressivement pour le confier à l'Etat.

B. Les conséquences liées à la personnalité juridique de l'Etat

La personnalité juridique de l'Etat permet de rendre compte à la fois de sa


capacité et de sa continuité.

1. La capacité de l'État

Par capacité, il faut entendre la faculté de pouvoir et d'agir au nom de la


collectivité. L'Etat devient ainsi un sujet de pouvoir et de droit doter d'une vie propre
et indépendante des volontés individuelles de tous ses membres. L'Etat constitue une
unité distincte des gouvernants eux-mêmes. La capacité de l'Etat permet donc d'imputer à
la collectivité nationale les effets de droit, qui résultent de l'activité des personnes
physiques qui le représentent. Ainsi les gouvernants ne font qu'exercer les
compétences au nom de l'Etat, et leurs actes sont imputés à l'Etat au nom duquel ils
gouvernent.

2. La continuité de l'Etat

En tant qu'entité, l'être juridique, l'Etat subsiste aussi bien à ses


dirigeants éphémères qu'aux générations. L'Etat est en effet permanent car les
changements qui surviennent dans sa composition ou sa direction n'affectent ni
son existence, ni sa durée de ses décisions. Chaque génération se trouve engagée
par les obligations contractées par sa devancière. C'est la théorie de la succession de
l'Etat. Ce principe permet ainsi d'assurer un fonctionnement continu de pouvoir
indispensable à la sécurité de relations juridiques. Les dirigeants peuvent mourir,
les gouvernements renversés mais l'Etat subsiste.

La personnalité juridique de I Etat ne suffit pas pour autant à le


caractériser, il faut ajouter un élément qui n'appartient qu'à lui : c'est « la
souveraineté».

§2. L'État, une personne morale souveraine

- Le critère spécifique de la définition d'un Etat est la souveraineté.


Celle-ci est la caractéristique qui donne l'être à l'Etat dit Loyseau en 1608. En somme, «
sans souveraineté juridique, point d'Etat.»
A. Notion de souveraineté

Dégagée par Jean Bodin (1529-1596), la souveraineté est la puissance


suprême absolue. C'est la compétence des compétences comme dit Georq Jellinek: la
souveraineté de l'Etat signifie que celui-ci ne connaît en principe aucune organisation qui
lui soit supérieure ou concurrente. Ainsi Julien La Ferrière définit la souveraineté comme
« un pouvoir de droit originaire et suprême ».

Pouvoir de droit, le pouvoir de l'Etat n'est pas un simple phénomène de force,


mais un type d'organisation ou d'aménagement du pouvoir selon les règles préétablies aux
quelles adhèrent consciemment ou inconsciemment les individus dans l'Etat.

Pouvoir originaire, l'Etat ne tient son autorité d'aucune autre personne,


d'aucune autre autorité: personne ne lui a délégué son pouvoir ; il naît avec ses pouvoirs.

Pouvoir suprême, le pouvoir de l'Etat ne reconnaît aucune autre autorité


qui lui est supérieure, dans ou hors de l'Etat. Il ne peut rencontrer ni supérieur, ni égal, ni
concurrent.

B. Expression de la souveraineté

La souveraineté revêt une double signification, à savoir la souveraineté


externe et la souveraineté interne.

1. La souveraineté externe ou politique se traduit par une indépendance


absolue. Il y a absence de toute sujétion, à l'égard des puissances étrangères. Cette
forme de souveraineté consiste â - affirmer que l'Etat est affranchi de toute espèce de
subordination. En d'autres termes, la souveraineté implique la négation de toute entrave,
de toute subordination vis-à-vis d'un autre Etat. Il s'en suit que la souveraineté est
l'apanage de l'Etat alors que les organisations internationales ne bénéficient que d'un
transfert de compétences.

2. La souveraineté interne ou juridique consiste à affirmer le caractère


irréductible, unique du pouvoir de l'Etat. Cette supériorité absolue lui confère la
compétence des compétences dont celle d'imposer sa volonté à l'intérieur de son
territoire non seulement aux hommes mais aussi à tous les groupements publics et
privés.

Cette puissance originaire de domination permet de distinguer l'Etat des


autres collectivités publiques: seul l'Etat
dispose, en effet, de la faculté de s'organiser lui-même selon sa propre volonté.

La souveraineté est la manifestation de la volonté spécifique de l'Etat.


Celui-ci assume seul un certain nombre d'attributs: droit de législation et de
réglementation, de justice, de police, de battre monnaie, de d'entretenir une armée...

C. Portée de la souveraineté

L'Etat détermine lui-même ses propres compétences et ses propres


règles fondamentales. Celles-ci sont inscrite ans la constitution. 'Etat dispose onc
d'un pouvoir d'auto--organisation, c'est-à-dire il a la qualité pour déterminer lui-même ses
attributions ; la façon de les exercer est coulée dans une norme fondamentale qu'est la
constitution.

D. La souveraineté et le droit

L'Etat, quoique souverain, connaît un certain nombre de limitations aussi


bien sur le plan interne que sur le plan international.

1. Sur le plan interne, L'Etat est soumis au droit ;

« Il est de l'essence de la puissance souveraine de ne pouvoir être limitée.


Elle peut tout ou elle n'est rien », écrit Rousseau1.

Cependant, la souveraineté n'est pas l'omnipotence, encore moins


l'arbitraire. Si l'Etat est maître de son organisation, il se doit d'appliquer les principes
qu'il a lui-même posés. Il ne peut s'affranchir du droit.
L'exercice du pouvoir ou de la puissance publique n'est autorisée que sur fa
base de la constitution et des lois formellement et matériellement compatibles avec la
constitution et) ayant pour but la protection de l'être humain, la liberté, l'équité et la
sécurité publique.

Ainsi, l’Etat se limite lui-même en se soumettant librement aux règles


de droit dans l'exercice de son pouvoir. C'est ce que nous appelons « Etat de droit ».

1
J.J. Rousseau cit. jean Gicqel et Jeau-Eric Gicquel, Droit constitutionnel et institutions politiques, p.59.
L'Etat de droit, notion apparue au XIXe s. en Allemagne et élaborée par Von
Mohl qui parlait de Rechsstaat différent de Polizeistaat. L'Etat es ainsi défini comme une
personne juridique souveraine et soumise au droit qu'elle crée.
L'Etat « est un système normatif dynamique » ; il se confond avec le droit. Car
l'Etat par le fait même qu'il est organisé, implique un ordre juridique dans lequel se résument
sa naissance et sa fin.
Le droit est donc incarné par l'Etat et l'Etat suppose le droit. Le couple serait à
ce point indissociable que parlant de l'un, il est souvent implicite que l'on parle de l'autre.
Hans Kelsen (1881-1937) estime même que l'expression « Etat de droit »
constitue une tautologie « puisque l'Etat personnifie l'ordre juridique.»

Aujourd'hui, la souveraineté de l'Etat au plan interne se conjugue en terme de


responsabilité de protection de son territoire I et sa population.

De même, au plan interne la notion de « souveraineté - forteresse » fait désormais


place à la notion de souveraineté partagée: l'Accord de Nouméa du 5 mai 1998 avec la notion de
coresponsabilité et celle de l'accroissement du phénomène de régionalisation sur fond de
fragilité de certains Etats reflètent cette mutation.

2. Sur le plan international: l'auto-limitation de l'Etat

L'Etat peut s'imposer à lui-même des limitations de souveraineté par la conclusion


des traités et conventions.

De même, il doit respecter dans le cadre du droit international la souveraineté des


autres Etats, sans oublier ce qu'il convient d'appeler le « jus cogens ».

Enfin, l'action de l'Etat est placée sous le sceau de l'interdépendance politique et


économique.

La souveraineté de l'Etat est rendue problématique qu'il convient d'appeler «la


mondialisation de l'économie » qui se traduit par la généralisation sur la planète entière de
l'économie du marché, l'apparition de véritables institutions de la communauté internationale
telles la Cour Pénale Internationale, la reconnaissance progressive d'un « droit d'ingérence ».
Mais on ne peut pas parler encore de « la fin des souverainetés» ou d'un monde sans
souverainetés.
CHAPITRE III. LES FORMES DE L'ETAT

Le pouvoir de l'Etat s'exerçant dans l'espace, son articulation peut


prendre les différentes formes suivantes: les Etats simples ou unitaires (section I), les Etats
composés (section II) et les composés d'Etats. (Section III).

Section 1. L'Etat unitaire


§1. Définition

L'Etat unitaire ou simple par opposition à l'Etat composé est celui qui
ne possède qu'un seul centre d'impulsion et de décision politique et
gouvernementale.

Le pouvoir politique, dans la totalité de ses attributions de ses


fonctions, relève d'un centre unique qui est la personne juridique de l'Etat. C'est une
organisation politico-juridictionnelle homogène

- tous les individus placés sous une seule souveraineté,


- tous les citoyens sont sous une seule et même autorité,
- tous vivent sous le même régime constitutionnel et son regis par
les mêmes lois.

L'Etat est donc unique et ses organes possèdent toutes les attributions
étatiques. Autrement dit, la totalité de la souveraineté interne et internationale
appartient à l'Etat. Aucun partage de compétences n'existe entre cette « personne
morale » et les autres personnes morales.
§2. Formes d'Etats unitaires

L’Etat unitaire peut être centralisé (A) ou décentralisé. (B)


A. L'Etat unitaire centralisé

1. Définition

L'Etat unitaire centralisé est celui dans lequel l'organe constitutionnel


répond à la triple unité de souveraineté, de la puissance de l'Etat et de gouvernement

La souveraineté est unique parce qu'elle réside dans la collectivité


envisagée globalement sans tenir compte de la diversité des aspirations locales
qu'englobe la société politique ;
ii. la puissance de l'Etat est unique parce qu'elle s'exprime à travers
une seule idée de droit voulue par le souverain lui -même et s'exerce uniformément
sur l'ensemble du territoire; et

iii. l'organisation gouvernementale est unique à la fois parce que


les décisions du gouvernement engagent l'Etat tout entier.

Finalement l'Etat unitaire apparaît juridiquement comme celui dont le


pouvoir est « un » dans son fondement, dans sa structure et dans son exercice.

2. Modalités de la centralisation

La centralisation connaît deux modalités: la concentration et la


déconcentration.
a. La concentration

L'Etat unitaire concentré est celui où il n'existe aucune autorité de


décision nommée par l'Etat au niveau local: il y a monopole dans l'émission des
règles juridiques et centralisation des moyens matériels pour en assurer l'exécution.

Toutes les décisions sont prises sans exception par les autorisés
politiques et administratives centrales. Les fonctionnaires locaux de l'ETAT répartis
sur le territoire, se contentent de transmettre les dossiers à la capitale et d'exécuter
ensuite matériellement les décisions prises à la capitale.

Ce système est utopique et théorique. Un Etat unitaire centralisé et


concentré n'existe pas. C'est une hypothèse d'école :
il y aurait engorgement et irresponsabilité. Ainsi on recourt à la
déconcentration.

b. La déconcentration

La déconcentration peut être défini comme le système par lequel, le pouvoir


central gouverne et administre au moyen d'agents locaux nommés par lui et qui ont chacun
des compétences de décision pour une portion du territoire, mais qui lui sont entièrement
subordonnés.

La déconcentration s'analyse en trois éléments

1. Un pouvoir de décision limité est remis à des fonctionnaires de l'État


nommés par le pouvoir central et assurant leurs fonctions dans les circonscriptions
administratives, simples découpages du territoire national ;

2. les fonctionnaires sont des autorités déconcentrées, agissant au nom de


l'Etat et poursuivant l'intérêt général sous le contrôle du pouvoir central ;

3. les autorités déconcentrées sont étroitement surveillées par les


mécanismes de contrôle de légalité et d'opportunité qui s'exercent sur leurs actes et
par le pouvoir d'instruction qui oriente leur comportement: on parle d'un contrôle
hiérarchique.

L'existence de la déconcentration ne change rien à l'unité absolue de


l'Etat. C'est une simple exigence d'allégement de la structure centrale de l'Etat centralisé. Les
agents de l'Etat ne sont pas indépendants; ils demeurent étroitement liés aux autorités
centrales par un lien hiérarchique. Selon la célèbre formule, d'Odilon Barrot, un
auteur du XIXe s: « avec la déconcentration, c'est le marteau qui frappe, mais on a
raccourci le manche ».

B. L'ÉTAT UNITAIRE DECENTRALISE

La décentralisation repose sur la reconnaissance d'autres centres de décision


que l'Etat. Nous allons d'abord dégager sa définition, ses avantages, ses formes ainsi que
la notion de tutelle administrative.
1. Définition

La décentralisation est un mode de gestion de service public qui consiste à


confier certaines tâches aux autorités locales et le pouvoir central se borne à surveiller
la manière dont elles pourvoient à leur bon fonctionnement.

2. Caractéristiques de la décentralisation

Ce système d'organisation étatique se caractérise par quatre éléments


fondamentaux, à savoir

a. les collectivités locales décentralisées se voient reconnaître la personnalité


juridique et gèrent les affaires locales et représentent les intérêts locaux distincts de
l'intérêt national. Elles ne sont donc pas des simples circonscriptions administratives de
l'Etat ;

b. ces collectivités locales disposent d'organes propres, élus et qui disposent


d'un pouvoir de décision pour la gestion des affaires locales ;

c. les Entités décentralisées dispose d'un budget propre financé par des
ressources propres ;

d. La décentralisation consacre le contrôle des actes juridiques des


autorités décentralisées. La décentralisation signifie l'auto-administration, c'est-à-dire le fait
de remettre le pouvoir de décision à des organes autres que de simples agents du pouvoir
central non soumis au contrôle hiérarchique et qui sont souvent élus par des citoyens
intéressés. La décentralisation institue plutôt, un contrôle de_ tutelle qui ne porte pas sur
l'opportunité mais seulement sur la légalité et qui vise à s'assurer
de la conformité des actes à la constitution, aux lois et règlements.

A cet égard, la décentralisation présente des avantages.

3. Les avantages de la décentralisation

La décentralisation comporte un triple avantage :

- avantage administratif,
- avantage social,
- avantage politique.
a. Au point de vue administratif :

La décentralisation allège la charge de l'Etat `dans la gestion de services


publics et assure leur prise en charge par les autorités les plus qualifiées. Elle permet
d'adapter la gestion de service aux conditions du milieu.

b. Au point de vue social

C'est un moyen d'éducation politique des citoyens car tout contact avec le
réel a une valeur formatrice. La décentralisation rend l'individu sensible à l'influence
qui peut s'exercer sur les affaires publiques, il y a donc appropriation et intéressement
aux questions et à la vie de la cité.

c. Au point de vue politique :

La décentralisation apporte un appui au pouvoir par la participation des


citoyens, en même temps elle permet la limitation des pouvoirs des gouvernants.

En somme, la décentralisation procure au pouvoir une assise réelle, une


gestion de proximité mais, limite les initiatives qui ne rencontrent pas l'adhésion au groupe
intéressé.

4. Les limites de la décentralisation

Il y a des cas qui échappent à l'action de l'autorité décentralisée


notamment :
- les services relevant de la souveraineté de l'Etat,
- Il n'y a pas de décentralisation sans élection. Or qui dit élection introduit la
politique et ses dérives dans l'administration,
- les besoins collectifs auxquels doit pourvoir les services publics sont
extrêmement complexes et leur satisfaction exige des moyens et des
compétences qu'on ne peut trouver qu'à l'échelon national,
- la technicité des services publics vient en outre soulever la grande question de
recrutement.
§3. De l'Etat régionalisé ou le régionalisme constitutionnel

A. Définition

Un Etat Régional est une organisation caractérisée par la reconnaissance


constitutionnelle d'une réelle autonomie politique et normative au profit des collectivités
régionales tout en sauvegardant le caractère unitaire de l'Etat.
En effet, un certain nombre d'Etats, notamment l'Italie, l'Espagne et la
R.D. Congo ont approfondi leur décentralisation de sorte que ils ont abouti à une
forme fortement décentralisée de l'Etat unitaire mais que d'aucuns qualifient d'Etat sui-
generis ou encore de nouvelle forme d'Etats composés ou Etats autonomiques.

Dans cette forme d'Etat on confie à des régions une large autonomie avec
une organisation politique propre, renforcée par un pouvoir législatif défini et garanti par la
constitution qui le distingue clairement des Etats unitaires classiques.

Ces Etats sont qualifiés par certains d'Etats unitaires parce que l'ordre
juridique demeure un contrairement aux Etats fédéraux où coexistent deux ordres :
l'ordre fédéral et l'ordre des Etats fédérés. En fait, l'Etat régionalisé n'est pas
formellement différent de l'Etat unitaire décentralisé. Il se veut être la forme extrême
de la décentralisation garantie par ailleurs par la constitution. Il s'agirait d'une
décentralisation dite politique.

Les composantes de l'Etat régionalisé n'ont pas de pouvoir constituant, car


elles ne sont pas des Etats mais des collectivités infra-étatiques.

Le régionalisme constitutionnel concerne une entité territoriale


suffisamment vaste et sur une unité naturelle, historique, géographique, économique et
culturelle. Il s'applique ainsi à donner une solution psychologique et une résonance
affective à un problème administratif, c'est pourquoi Marcel Prelot estime que « le
régionalisme est une mystique. La décentralisation est une mécanique».
- Etat unitaire- et Etat composé et se situe entre ces deux types d'Etats.
Pierre Bon dit à propos de cet Etat qu'il est « d'une forme
intermédiaire, entre l'État unitaire classique et L'Etat Fédéral qui conjugue unicité
de l'Etat et autonomie politique de ses éléments composants»1 .

Cette forme d'Etat serait même une nouvelle forme d'Etat composé ou
Etat complexe. Ainsi, Frank Moderne analysant l'Etat Espagnol organisé par la
constitution du 29 novembre 1978 le définit comme « une forme d'État composé, qui
admet la combinaison de deux niveaux de pouvoir politique sans être pour autant un
Etat fédéral»2 .

Les hésitations sur une identification et une qualification de l'Etat


régional résultent de deux ambiguïtés, l'une tenant à l'imperfection d'une
architecture en voie de stabilisation, l'autre traduisant la difficulté à qualifier une
expérience « sui generis ».

III s'agit en définitive d'une « synthèse originale qui tente une symbiose
nouvelle entre l'unité et la diversité qui se montre rebelle à une conceptualisation
fondée sur la distinction théorique entre Etat unitaire et Etat composé »3 .

Section 2. Les Etats composés ou les Etats complexes

Les Etats composés ou les Etats d'Etats sont des structures différentes
selon la rigidité du lien unit leurs parties composantes.

Maurice Hauriou définit un Etat composé comme une collectivité


divisible en parties internes méritant elles même au principal l'appellation de l'Etat,
mais qui restent unies par un lien de société.

On distingue deux formes d'Etats composés

- les formes anciennes,


- les formes modernes.
.

1
Pierre, B., in L'état autosomique : forme novelle ou transitoire en Europe ? in Econonica, 1994, p.60.
2
Moderne, E., « L'Etat des autonomies dans l'Etat des autonomies », in revue française de Droit Constitutionnel,
1996, N°2, p.205
3
Baguenard, J., L'ET•AT, une arcane e incertaine, ELLIPSES, Paris, 1998, p125
§1. Les formes anciennes
On distingue deux formes: l'union personnelle et l'union réelle.

1. L'union personnelle

L'union personnelle est le groupement de plusieurs Etats qui, tout en restant


distincts, avaient le même souverain pour des raisons de succession.

L'unification ne concerne que la propriété du pouvoir, mais les deux


gouvernements sont indépendants.

Il y a donc agrégation dans la personne d'un même chef de deux ou


plusieurs Etats qui conservent juridiquement la plénitude de leurs compétences. Par
exemple:

1. Angleterre et le Royaume de Hanovre en1714, avec l'avènement au


trône du roi Georges 1er .
2. Le Pérou, la Colombie et le Venezuela, trois républiques qui furent
gouvernés par un seul président, à savoir Simon Bolivar de 1813 et 1816.
3. Le royaume de la Belgique et le Congo entre1885 et 1908.

2. L'union réelle

Les Etats sont unis d'une manière volontaire et non accidentelle en la


personne d'un même chef, non seulement quand à la souveraineté c'est-à-dire la propriété
du pouvoir, mais aussi partiellement quand au gouvernement, c'est-à-dire quant à l'exercice
du pouvoir.

L'union réelle se réalise non seulement au niveau d'un chef commun mais
aussi au niveau des matières « Res».

L'union gouvernementale s'établit sur une catégorie d’affaires telles que


dans le domaine des Affaires étrangères, de la défense nationale et des finances.
Cependant le gouvernement reste distinct dans les autres branches. On a une
administration commune sur certains domaines spécifiques. Par exemple

1. l'union créée en 1867 entre l'Autriche et la Hongrie en vertu du


compromit qui devait être renouvelé tout les dix ans. Celle union a pris fin en 1918;
2. l'union réelle: la Suède et la Norvège en 1815 en vertu du Traité de Tost où
la Norvège vaincue avait été obligée d'accepter les conditions de la Suède et la
souveraineté de la dynastie suédoise jusqu'au 26/10/1905, date à laquelle par le traité
de Stockholm à la suite d'une insurrection pacifique, la Norvège recouvra sa liberté et se
donna une dynastie propre.

§2. La forme moderne de l'Etat composé : le fédéralisme 1. L'étude de l'Etat fédéral

L'Etat fédéral est la seule forme moderne de l'Etat Composé ou


complexe. Nous allons l'analyser à travers sa définition, sa localisation, les différentes
formes, ses principes et son évolution actuelle.

A. Définition de l'État fédéral


L’Etat fédéral est une superposition d'Etats qui nous met en face d'un Etat à
double étage, avec au niveau supérieur ou premier niveau, un Etat fédéral ou la
fédération et au second niveau ou inférieur des Etats fédérés. Il s'agit donc d'un groupe
d'Etats qui consentent de manière égalitaire de transférer une partie de leurs compétences
au profit d'un regroupement politique supérieur qu'ils constituent. Ce concept vient du latin,
foedus alliance ou pacte. C'est l'adoption d'une constitution qui donne naissance à IV tat
fédéral. L'unité de l'Etat fédéral repose sur elle.

Les Etats membres sont indépendants dans un système national, leurs


relations ne sont pas d'ordre diplomatique, mais de nature interne ou constitutionnelle.

B. Localisation

Les Etats fédéraux sont nombreux à l'heure actuelle


- En Amérique où nous avons l'Argentine, le Brésil, le Canada, le Mexique,
le Venezuela.
- En Asie : l'Inde, la Birmanie et la Malaisie.
- En Afrique : le Nigeria,
- En Europe : l'Allemagne, la Suisse.
- En Océanie : l'Australie
C. Formes

On distingue deux types de fédéralisme selon G. Scelle le fédéralisme par


agrégation et le fédéralisme par dissociation.

1. Le Fédéralisme par agrégation ou par association une pluralité


d'Etats unitaires indépendants consent de se regrouper en un seul ensemble fédéral. Ainsi
on trouve dans ce cas le fédéralisme allemand celui des Etats-Unis et de la Suisse.
2. L'Etat fédéral par dissociation ou par ségrégation. Cette forme de
fédéralisé est née de l'évolution ou de l'éclatement d'un Etat unitaire qui ne peut
maintenir son unité en raison de l'hétérogénéité des groupes humains qui le composent et
ou en raison de l'immensité du pays qui rend un gouvernement unifié impraticable.
Ainsi ses composantes se décident de se donner une certaine indépendance juridique et
politique. 'est le cas de l'Inde, et de la Belgique en 1993.

D. Principes de fédéralisme

Construction rationnelle, le fédéralisme s'organise autour de six principes

1. l'autonomie,
2. la participation,
3. la garantie,
4. la subsidiarité,
5. la coopération, et
6. la complémentarité.

1. L'autonomie

L'autonomie est l'attribut de tout être, individu ou collectivité. L'Etat


fédéral se construit autour de la diversité des collectivités de base. C'est à partir de cet
élément que se construit le cadre unique. L'Etat fédéral englobe les entités étatiques
fédérées mais elle ne les absorbe pas. Il y a superposition et non fusion. Dès lors le
principe essentiel est celui qui exprime l'identité propre des Etats fédérés : le principe
d'autonomie.
Les entités fédérées ont donc la capacité d'auto affirmation, d'auto-définition,
d'auto-organisation et d'auto-gestion, c'est-à-dire les entités fédérées ont le pouvoir de
se gouverner et de s'administrer librement selon les statuts qu'elles se sont données en
respectant le pacte fédéral appelé Foedus avec des constitutions propres.

La détention d'un pouvoir constituant originaire traduit le fait qu'après la


création de l'Etat fédéral, les entités politiques initiales sont effectivement restées
des Etats et ne sont pas devenues de simples collectivités infra-étatiques.

Cependant même si les Etats fédérés, membres de l'Etat fédéral conservent


leur nature d'Etat, ils perdent leur personnalité juridique sur le plan international
nonobstant quelques permissivités sur le plan économique, culturel ou géographique.

Ainsi le principe d'autonomie connaît trois limites

- les limites qui tiennent au respect de la répartition des compétences


(principe de subsidiarité)
- les limites d'ordre procédural: l'autonomie, plus précisément l'auto-
affirmation et l'auto-définition, etc. sont des droits certes inattaquables
mais qui s'exercent selon l'ordre fédéral suivant les voies et les procédures
instituées ;

- les limites du pacte et le loyalisme fédéral. Cette limite interdit la


sécession.

2. La participation

La fédération doit assurer l'association active des unités fédérées au pouvoir


de l'Etat fédéral. Ce principe doit assurer aux Etats fédérés une représentation (aspect
organique) et un pouvoir d'action (aspect fonctionnel) au niveau de l'étage fédéral afin de
leur permettre de participer à la vie fédérale.
- sur le plan organique de la participation, le fédéralisme nécessite le
bicaméralisme. Dans tout Etat fédéral, il existe un parlement bicaméral: l'une des
chambres représente l'ensemble de la population: c'est la chambre fédérale et l'autre
chambre représente les Etats fédérés; c'est la cambre des Etats. Ainsi le fédéralisme
assure une participation égalitaire (de manière indirecte du chaque Etat fédéré) à
l'élaboration des décisions valables pour la fédération. Le Sénat (Etats-Unis), le
Bundesrat (Allemagne) et le Conseil des Etats (suisse).

- Sur le plan fonctionnel, les unités fédérales peuvent être parties prenantes
dans la désignation de l'exécutif fédéral.

En suisse, le Conseil des Etats, avec le Conseil national, élit un


gouvernement collégial; le conseil fédéral participe à l'élection du président fédéral.

3. La garantie

Il faut garantir d'une part le droit contre les débordements de la force (garantie
des compétences) et d'autre part il convient de mettre chaque personne de chaque
collectivité en état d'user effectivement des droits qui leur sont reconnus (garantie
d'utilisation des compétences).

Les garanties de compétence sont normatives, c'est-à-dire que la constitution


doit énumérer les droits et les pouvoirs, et les libertés locales. Elle doit être renforcée par
une garantie juridictionnelle, matérielle, politique et psychologique. Mais la garantie de
compétence est liée à la garantie d'utilisation des compétences. En effet, chaque collectivité
doit être à même d'utiliser ses compétences afin de concrétiser l'optimum social à tous les
niveaux de la fédération. Ainsi se réalise la péréquation des charges et des ressources qui
imposent aux collectivités les mieux nanties de rétrocéder une partie de leur revenu pour
permettre aux collectivités moins nanties de faire face à leurs problèmes.

4. La subsidiarité ou l'exacte adéquation

La subsidiarité ou l'exacte adéquation est un principe départiteur des


compétences qui assigne à chaque niveau et à chaque type de collectivités des tâches
déterminées et des compétences qu'elle est capable de gérer efficacement sans nuire à la
collectivité centrale et aux autres collectivités.
La collectivité de base doit transférer à la collectivité supérieure les
compétences qu'elle n'est pas à même d'exercer convenablement. La collectivité dite
supérieure n'intervient qu'à titre subsidiaire, à titre accessoire. Tel est le sens de
l'expression subsidiarité.

5. La coopération

Le fédéralisme est une philosophie des rapports sociaux et


intercommunautaires qui mise sur la valeur de la décision librement consentie.
L'ordre fédéral tend à réduire le droit de subordination au profit du droit de
coordination, mieux de coopération. Le droit de, domination doit céder au droit
consensuel comme au droit contractuel. Il s'agit d'un droit négocié d'un pacte et non d'un
ordre imposé. Cette coopération est à la fois institutionnelle et relationnelle.

6. La complémentarité

Le fédéralisme consacre et constate l'existence d'une société plurielle. Mais


cette pluralité se vit dans l'unité: E pluribus unum disent les Américains. Le fédéralisme
focalise et emploie ces diversités, ces énergies plurielles pour une dynamique nationale de
développement. Le principe de complémentarité se saisit de la diversité socioculturelle,
qui ne signifie nullement antagonisme et affrontement. Ainsi loin de s'opposer à ses
composantes, l'Etat central profite au mieux de ses entités fédérées qui créent la
richesse Et inversement, ces dernières profitent à leur tour du pouvoir central comme
moyen d'appui et d'épanouissement 1

La fonctionnalité du fédéralisme est liée à la fluidité et l'interaction


dynamique de ces six principes qui en définitive sont dans un lien logique.

E. L'évolution contemporaine du fédéralisme

Elle semble marquée par un processus de centralisation qui tend à vider le


fédéralisme de son contenu au profit d'une centralisation au bénéfice de l'Etat fédéral.

En effet, le système fédéral est le résultat d'un compromis et ce compromis


est consécutif à une opposition de

1
Niemba J.S., l’Etat de droit, démocratique, fédéral, Paris, L’Harmattan, 2002.
force, l'équilibre sur lequel est fondé le système fédéral est très clair et
stable.

Sur le plan sociologique, le fédéralisme suppose une homogénéité, un


vouloir vivre ensemble malgré la diversité. L'absence de cet élément met en péril le
modèle fédéral. Ainsi en Afrique, il en existe qu'un seul Etat fédéral qui fonctionne sur
un modèle d'autonomie, c'est un fédéralisme segmenté.

Il apparaît un néofédéralisme ou un fédéralisme coopératif. On assiste à un


déplacement de pouvoir de décision de deux niveaux: gouvernement fédéral et fédéré au
bénéfice d'un mécanisme plus ou moins complexe et formalisé de négociation
intergouvernemental se traduit par la mise en œuvre au niveau intergouvernemental de
programme, de convention, d'accord vivant d'harmoniser la politique et à croiser le
financement qu'il s'agisse d'aménager le territoire politique, culturel, d'éducation, etc.

Cette coordination ou coopération aussi bien autre entité fédéré ou de l'Etat


fédéral s'opère parfois en dehors du strict cadre cons. On passe d'un modèle pyramidal à
un modèle en réseau. Le composé d'Etat est une association d'Etats souverains étant égaux
qui partain nombre de domaine formellement par un organe commun. Nous allons
étudier deux types de composés d'Etat

Section III : Les composés d'Etats

Même si nombreux auteurs les classent dans la catégorie des Etats composés
au même titre que les Etats fédération peut avec M. Prélot et Boulouis regrouper
certaines communautés dans une catégorie spécifique emprunter à la terminologie
germanique (staatenbund), l'expression « composés d'Etats » a le mérite de montrer
que ces institutions ne sont pas en elles-mêmes des Etats mais des associations d'Etats. 1

Nous étudierons la forme moderne et une construction post-moderne


(l'union européenne).

1
Acquiviva, J.-CI., Droit constitutionnel et institutions politiques, Paris, Dunod, 1992, p.14.
§1. La confédération d'Etats

A. Définition

Les Etats confédérés sont des Etats souverains qui possèdent à ce titre la
personnalité internationale Leurs rapports respectifs sont purement diplomatiques. La
confédération n'est pas un Etat, mais une réunion des Etats.

Toutes les décisions qui sont prises à l'unanimité et ne sont pas valables
sur base du traité constitutif qu'après la confirmation par les autorités de chaque Etat.
Chaque membre de la confédération peut s'en retirer librement.

B. Caractères de la confédération
1. La confédération est un groupement de caractère international où les
Etats membres conservent leur souveraineté et leur personnalité internationale.

2. La confédération d'Etat ne forme pas un Etat central distinct de ses


membres.

3. La confédération est une forme très perfectionnée de fédéralisme. Le


lien juridique qui unit les Etats confédérés est un traité international, par les Etats
membres et adopté par l'unanimité tous les Etats. Le lien de droit international qui
est établi d'une manière égalitaire.

C. Organes confédéraux

Ils sont très peu évolués. Très souvent on distingue un seul organe
confédéral chargé d'agir au nom de la confédération, c'est le conseil des
représentants du gouvernement des Etats membres qu'on appel « la diète
constitutionnelle,» Ce conseil confédéral ou la diète délibère de manière égalitaire
puisque toutes les décisions doivent être prises à l'unanimité.

Cette règle d'unanimité est fondamentale. C'est l'une des caractéristiques


et l'une de critère essentiel de la confédération. C'est le cas notamment de la
confédération germanique créée en 1815; des Etats-Unis et l'Amérique du Nord
(1777-1787) qui a organisé une union perpétuelle de 13 colonies anglaises... leurs
tutelles, elle donna naissance l'Etats-Unis. La confédération Suisse
née en 1481 en est même héritière. Cette confédération est devenue une
fédération 1848. En Afrique, le Sénégal et la Gambie ont formé une confédération
appelée la SENEGAMBIE, confédération qui a implosé.

§2. Les associations d'Etats : l'Union Européenne

La construction européenne est l'un des phénomènes majeurs de ce


début de ce XXIe s. De prime abord, on est en présence d'un phénomène de type
confédéral. Cependant cette analyse reste insuffisante, car l'union présente certains
traits de fédéralisme. On est en face d'un phénomène constitutionnel nouveau. L'union
européenne est une structure se situant à un niveau d'intégration très supérieure à celui
d'une confédération, mais inférieur a celui d'un Etat fédéral.

a. L'union n'est pas vraiment une confédération

L'Union Européenne s'éloigne de la confédération sur plusieurs points

1. les décisions issues des institutions européennes sont directement


applicables aux ressortissants des Etats membre sans nécessité d'une intervention
ultérieure des Etats membres et sans formalité de réception particulière ;

2. les décisions ne sont pas toutes prises à l'humanité, mais dans de très
nombreux cas à la majorité qualifiée.
Le parlement dispose dans certains domaines d'un pouvoir de co-décision
ou d'avis conforme ;

3. le droit communautaire l'emporte sur le droit national.

b. L'union n'est pas non plus une fédération

En effet, l'Union Européenne est fondée sur des traités internationaux et


la souveraineté des Etats membres est préservée. Ses structures précisées par les traités
et ceux-ci ne peuvent être modifiés qu'à l'unanimité des Etats membres. Quant au
processus «constitutionnel» en cours, il est bloqué suite à l'ambiguïté de son contenu
et de l'imprécision de sa forme: il s'agit d'un document proche d'une constitution dans
son contenu tout en demeurant un traité. Ainsi ce traité établissant une constitution
européenne en cours de discussion, malgré son appellation volontairement confuse,
conserve le statut d'un traité international (CC 15novembre 2004).
En somme, l'union n'est pas vraiment un Etat, ni une organisation
internationale mais en quelque sorte un concept de troisième type, comme le témoigne le
concept «traité constitutionnel », formule de compromis.

L'union n'est certainement pas un Etat et ne dispose pas de souveraineté.


Mais elle repose sur un partage des compétences comme toutes les entités fédérales. La
conclusion est que l'Union a pris` la forme d'une fédération sans pour autant accéder à la
qualité étatique. On est donc en présence d'un phénomène constitutionnel nouveau.
On parle de « communauté supranationale »41, une construction pré-fédérale, en deçà
de l'État fédéral, mais à un stade supra étatique ou communautaire, c'est-à-dire au-
delà de l'organisation interétatique. '

Section IV : Les critères de distinction de diverses formes de l'Etat

Nous envisagerons d'abord la distinction entre l'Etat fédéral et l'Etat unitaire


décentralisé, ensuite entre l'Etat fédéral et la structure confédérale.

La distinction entre les deux entités peut être recherchée au plan politique et
juridique.

A. Critère politique

Ce critère 'est quanti if, la distinction entre l'État fédéral et l'État unitaire
décentralisé réside dans le poids du volume des
-compétences reconnues aux collectivités : les Etats membres d'une entité
fédérale ont la liberté de se donner une constitution : ils possèdent un pouvoir constituant ;
il n'en est pas de même pour une entité décentralisée d'un Etat.

. B. Critère juridique

§1. Distinction entre l'État fédéral et Etat unitaire décentralisé

Ce critère est quantitatif : il analyse le mode d exercice des compétences. Si


pour un Etat membre de l'Etat fédéral, l'exercice des compétences est libre, il n'en est
pas ainsi pour une entité administrative décentralisée sur laquelle pèse la tutelle. Au
fond

il existe une liberté qui est


limitée

1
jacqué, J.P., Droit Constitutionnel et Institutions politiques, Dalloz, Paris, 2003, p.13.
dans un Etat unitaire, le point de départ est le principe d'unité alors que dans
un Etat fédéral, le point de départ est le principe de pluralité.
§2. Distinction entre Etat fédéral et une confédération

§3. Distinction entre Etat fédéral et un Etat régional

Entre un Etat fédéral et l'Etat régional la distinction est fondée sur


deux points : l'indivisibilité et l'autonomie La différence entre les deux
réside dans le siège de la souveraineté : dans la confédération, la souveraineté,
appartient à chaque Etat qui compose la confédération. D'où souverainetés
multiples tandis que dans l'Etat fédéral, la souveraineté se trouve dans une seule
entité : « la fédération ». D'où souveraineté unique.

Ainsi l'Etat fédéral n'a pas en principe de personnalité internationale.


C'est un Etat composé alors qu'une confédération est une alliance ou composé
d'Etats. Il faut noter qu'il y a absence de constitution dans une confédération fondée
sur un traité international d'ou les décisions exigent en principe l'unanimité dans le
processus décisionnel entre organes intergouvernementaux. constitutionnelle.

- L'indivisibilité de l'Etat ré Tonal : l'Etat régional est un Etat unitaire


fortement décentralisé. Sa structure demeure fondamentalement indivisible alors qu'il
y a pluralité et superposition d'ordres juridiques dans l'Etat fédéral : celui de l'Etat
fédéral et celui de chaque entité fédérée. Cela implique la superposition d'ordres
constitutionnels distincts.

- l'autonomie constitutionnelle : l'Etat régional sans quitter véritable-


la forme unitaire dispose d'une autonomie politique (auto-gouvernement), mais ne
dispose pas de pouvoir constituant, la seule constitution demeure celle de l'Etat,
même s'il dispose d'un véritable pouvoir législatif. Les Institutions politiques de ces
entités sont encadrées par la constitution et la loi nationale par contre dans l'Etat
fédéral chaque entité fédérée dispose d'un pouvoir Constituant. Chaque Etat fédéral
peut librement organiser ses pouvoirs dans le respect de certaines prescriptions
de la constitution fédérale. Mais quelles sont les différentes conceptions de l'Etat ?
CHAPITRE IV. CONCEPTIONS ET FONCTIONS DE L'ETAT

Le problème de l'Etat, écrit Jacques Donnedieu de Vabres, « est pour une


large part un problème psychologique (...] il ne vit que dans l'esprit de ses serviteurs, que
d'une certaine forme d'idéalisme, c'est-à-dire qu'il est souvent une opération de l'esprit, en
même temps qu'une orientation de l'action.»1

L'Etat ne saurait être regardé comme une réalité absolue et comme une notion
définitive ; il s'agit d'une forme historique d'organisation sociale ou contingente, liée au
développement de la civilisation.

Idée, on peut donc avoir plusieurs conceptions de L'Etat et plusieurs variantes


de fonctions de cette organisation

Section L Les différentes conceptions de l'Etat

L'histoire constitutionnelle nous permet de retenir essentiellement deux


conceptions: l'Etat totalitaire et l'Etat libéral.

Ces deux doctrines politiques se sont partagé le monde pendant la plus


grande partie du XXe s.

Aujourd'hui il semble naître un certain humanisme autour de ce qu'il convient


d'appeler un Etat de Droit.

§1. L'Etat libéral ou L'Etat minimalitaire


Pour les libéraux, c'est l'individu qui est premier et l'Etat second. Les
hommes naissent et demeurent libres et égaux, proclame l'article 1ef de la déclaration
des droits de l'homme », L'Etat doit se présenter juste comme « un mal nécessaire ».
Car « le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et
imprescriptibles » (art.2 de la déclaration de 1789). La société et l'Etat sont donc au
service de l'homme qui demeure la valeur première.

Ces conceptions libérales sont théorisées par Benjamin Constant (1767-


.1830) qui estime que le principe premier est la liberté, il entend par liberté, le triomphe de
l'individualité tant sur l'autorité qui voudrait gouverner par le despotisme que sur les
masses qui réclament le droit d'asservir la minorité il trouve comme émules Alexis de
Tocqueville (1805-1859) et François Guizot (1787-1874). Ensemble, ils estiment que
Le triomphe de

1
Donnedieu de Vabres, L'!'tat , P.U.F., qu e sais-je ? , 1971, p.13.
l'individualité va de pair avec l'affaiblissement de l'autorité étatique, qui doit
s'exercer en tous domaines avec réserve. Les individus ne doivent laisser à L'Etat que
le minimum des libertés indispensables à la vie en société.

Ainsi l'Etat doit se faire le plus petit possible : c'est l'Etat minimalitaire
opposé de L'Etat totalitaire. Cet Etat intervient le moins possible dans les consciences
(libertés d'opinion et de religion : pas de vérité officielle), dans l'économie, il faut «
laisser faire le marché ». Ainsi cet Etat doit assurer le minimum d'ordre propice à
l'épanouissement des libertés, et qui s'oppose donc à toute intervention de l'Etat dans le
domaine économique et social.

Les libertés doivent être garanties par la constitution qui en définit quelques
principes et les lois doivent être conformes à ces principes constitutionnels.

Un tel système est souvent conservateur et générateur d'inégalités, car la


passivité d'un tel Etat se traduit par des graves disparités ou fractures sociales, le
développement de la précarité et l'augmentation dramatique du nombre de ceux qui
vivent en dessous du seuil de pauvreté. Ainsi « du melting pot » on passe au « patchwork
ghettoisé ». La crise internationale actuelle a démontré les limites théoriques pratiques de
cette construction.

§2. L'Etat totalitaire

L'Etat totalitaire est une conception étatique selon laquelle le pouvoir


politique qui dirige souverainement confisque et contrôle la totalité des activités de la
société (activités politiques économiques, sociales, culturelles et religieuses).

Cet Etat a été parfaitement défini par Mussolini:« rien en dehors de l'Etat,
rien contre l'Etat, tout dans l'Etat ».

''L'Etat totalitaire impose donc le monisme idéologique. II peut être aristocratique,


populaire ou révolutionnaire, ethnique ou religieux ou même obscurantiste.

Cette conception absolutiste de l'Etat part du courant de pensée qui rejette au


XVIes. L'axiome posé par Saint-Paul selon lequel le pouvoir vient de Dieu. Partant de la
théorie contractuelle de Hobbes (1588-1679), qui estime que pour éviter le behemoth ou
l'enfer, les hommes doivent abandonner leurs droits au Léviathan, garant de l'ordre.
Celui-ci n'est pas lié par ce contrat auquel il est extérieur. Il lui est donc permis
d'opprimer ses sujets. Dans les années 1930, la pensée de Hobbes va être invoquée par
les théoriciens du fascisme et du nationalisme-socialisme, et tout
particulièrement Car[ Schmitt (1888-1985).

§3. L'État de Droit

L'échec du marxisme, les limites de l'Etat rninimaliste, nous met en face


d'une certaine obsolescence des idéologies, « la fin de l'histoire ». Aussi, on voit
apparaître « les gestionnaires pragmatiques » ayant partout tendance à prendre les
relais des politiques ? C'est ce que G.Burdeau appelle, dès 1970: « L'Etat fonctionnel ».

Mais la beauté de l'épure, de ces nouveaux credo et discours politiques


modernes cachent la victoire et la généralisation des valeurs libérales et démocratiques.
On parle de néo-libéralisme ayant pour pendant juridique l'Etat de droit que Lebreton
définit comme « un Etat qui à la fois esclave et protecteur des libertés, tire sa
légitimité de son aptitude à les développer, et à y soumettre. Pour que cette mission-
soumission caractéristique de l'ETAT DE droit soit menée a bien, deux conditions doivent
être réunies ; il faut d'une part l'action le gouvernants soit inséré ` une hieraré des-
normes, au sommer de~uelle fgure la déclaration _des droit; et que d'autre part-que les
juges soient suffisamment indépendants pour sànctianner les méconnaissances du droit et
de !a hiérarchie ainsi étabiiè» 1 . Q and à Fa mond Carré de Malberg (1861 -1935), le
I~&ricëpt d'Etat de droit radui < un a qui, ans ses rapports avec ses sujets 2et pour la
garantie de leur statut individuel, se soumet lui-même à un régime de droit.»

Au delà de sa valeur pédagogique et ses vertus mirobolantes, l'affirmation de


l'Etat de droit est indissociable de l'État minimum. Ainsi J. Chevalier souligne qu'il
s'inscrit délibérément dans un contexte l’ideologique liberal 3 même si Raymond
Carré de Malberg estime que « le régime de l'État de droit est conçu dans l'intérêt des
citoyens et a pour but de les prémunir et de les défendre contre l'arbitraire des
autorités étatiques »4.

Cette approche orthodoxe cache souvent un intégrisme idéologique sur fond


d'exportation des modèles et méthodes universalisables mais non universels : ici, comme
ailleurs, on
.`

1
Lebreton, G., Libertés publiques et droits de 1 homme, l'aris,Armand colin, 1995, p.25.
2
cité Zarka p.36.
3
Chevalier, J., L'Etat de droit, Paris, Alonichrestien, 1992, p.66
4
Carré de Malberg
navigue entre la transplantation à réussir et le vomissement légitime.

En réalité ces différentes conceptions sont liées aux contextes socio-politiques


spécifiques; elles doivent être corrélées et faire l'objet des investissements variés suivant
les contextes socio-politiques à la fois orthodoxes mais aussi hétérodoxes ancrés sur fond
d'innovation et de créativité.
Ainsi paraphrasant Robert Badinter, nous pouvons dire « qu'il n' y a point
d'Etat de droit démocratique, modèle préétabli ; il y a plutôt des principes. Ce qui
n'est pas la même chose. Il n'y a pas pour parvenir à un Etat de droit
démocratique, des recettes pures. Il y a des expériences avec des conséquences que
l'histoire de chaque pays permet de dégager » ;

Il reste, que cette notion d'Etat de droit est devenu le concept fondateur du
droit public moderne, et quoique voué à l'inachèvement et à l'incomplétude, elle
présente donc bien, dans les sociétés contemporains la force mais aussi les limites
d'un véritable mythe.1

Section II. Les différentes fonctions de l'Etat

Les fonctions de l'Etat se définissent par référence à la vision de la


communauté de destin, par rapport à la place et la valeur de l'homme dans la société.

Selon Thomas d'Aquin, les Etats devraient rechercher le « bien commun ».


Notion également qualifiée « d'intérêt général ».

Il existe une interprétation politique et une analyse juridique des fonctions de


l'Etat.

§1. Interprétation politique des fonctions de l'Etat.

L'interprétation politique est liée avec l'évolution de différentes conceptions


du rôle de l'Etat. On oppose généralement traditionnellement l'ETAT gendarme à l'Etat
providence.

A. l'Etat -Gendarme

L'Etat gendarme est l'Etat qui aurait existé jusqu' à la première guerre
mondiale, Il est comme son nom l'indique « celui qui se borne à exercer une fonction
de défense à l'égard de

1
Lire Chevalier J., l'Etat de droit, Paris, Montchrestien, 2003.
l'extérieur et une fonction de police à l'intérieur mais sans Intervenir dans le
libre jeu des forces intellectuelle, sociales et économiques, » 1

Certes cette fonction est une donnée existentielle de l'Etat « puissance


publique ».Pour exister l'Etat doit revendiquer et obtenir « le monopole de la violence
physique légitime » et l'importance de cette fonction se vérifie par la diversité des
structures qui dans les Etats se consacrent totalement ou partiellement a sa prise en
compte (ministère de la défense, intérieur, justice, affaires étrangères...).

Cependant pour satisfaire pleinement le besoin de sécurité qui sous-tend


cette fonction d'ordre, l'Etat doit affirmer son rôle d'arbitre et de protecteur, il faut
préserver la sécurité publique sous toutes ses formes: c'est l'Etat-gendarme.

Le maintien de l'ordre et de la sécurité représentent l'essentiel du rôle de


l'Etat Cette fonction d'ordre innerve toutes les structures politiques : lé monopole
d'émission de la monnaie, emploi, agriculture, industrie, commerce,

Cependant le contexte des difficultés économiques intenses de Ventre- deux


guerres et particulièrement après la seconde guerre mondiale, les désastres sociaux et
les impératifs de la reconstruction vont opérer des mutations dans la perception du rôle
de l'Etat: l'Etat devient providence.

B. L'Etat- Providence

L'Etat providence est celui dont toute catégorie sociale défavorisée ou dans
une situation difficile attend secours. En effet, la crise de 1929 a poussé « l'Etat-
gendarme » replié sur sa fonction d'ordre à accentuer son emprise sur les activités
économiques et dans la vie sociale. Alors vint le temps de l'Etat providence. Le
changement d'appellation est tout à fait significatif. Le terme « gendarme » symbolise la
force publique, alors que le terme providence venant du latin « providere » signifie
« pourvoir » vgut dire depuis seneque « la sagesse divine prévoyant tout et pourvoyant a
tout »2. La connotation religieuse symbolise l'espoir absolu mis dans un état sacralisé.

1
Debbasch, C et allii, Droit constitutionnel et instituüons politiques, Economica, Paris, p.26 .
2
Dictionnaire étymologique et historique du français, Larousse, 1994, p.625.
L'Etat doit donc veiller aux besoins essentiels et vitaux des individus Aussi il est de sa
responsabilité d'assurer à tous une protection en matière de santé, d'assurer la sécurité matérielle,
le repos, les loisirs et les conditions nécessaires au développement de l'individu et de la famille.
Il doit faire en sorte de garantir un égal accès à l'instruction, à la formation professionnelle et à
la culture ..

Mais à tout attendre de l'Etat et à vouloir tout faire, le « welfare state », ne pouvait que
provoquer les abus d'un être omnipotent; ce qui va ternir son image, renforcer les désillusions
et « la faillite de l'Etat ».L'Etat va alors recadrer ses interventions.

C. L'Etat-interventionniste ou l'Etat-Acteur Economique et social.

L'Etat, s'il ne peut pas être l'assistant social, ne pouvait cependant pas renoncer à
son rôle de planificateur, d'orientateur de l'économie. Il va aiguiser des outils d'intervention et
d'orientation de l'économie. Là où il ne planifie pas, Il va nationaliser notamment les secteurs
stratégiques: le gaz, l'électricité, le chemin de fer ....

Des mesures protectrices sont prises en faveur de certaines catégories des personnes;
des nouveaux droits sont affirmés, les acquis sociaux.

Ce statut d'acteur social et économique, poussé à l'extrême avec la planification va


provoquer l'effondrement de l'économie étatique notamment à l'Est symbolisée par la chute du
mur de Berlin et la déroute de l'Union soviétique. Il va s'en suivre une contre-réaction vigoureuse
afin de mettre fin à la boursouflure étatique. L'anti-étatisme va provoquer l'émergence de l'Etat
néolibéral.

D. L'Etat néo-Libéral ou l'ordre spontané.

Les politiques des années 80 et 90 ont été caractérisées par le renouvellement des
idéologies libérales : réduire la taille de l'Etat devint le leitmotiv politique dominant. Les
recommandations faites par les institutions financières comme le fons monétaire international et
la banque mondiale, encouragèrent une série de mesures destinées à réduire le degré
d'intervention de l'Etat dans les affaires économiques Le credo du «Washington consensus »
est que les secteurs étatisés notamment les pays en voie développement faisaient obstacle à
la croissance et ils ne pouvaient être assainis à long terme que par la libéralisation
économique ; Pour Hayek A, de qui cette vision prend appui, le marché est
plus efficace en tant qu'il permet d'assurer la garantie de libertés Sa supériorité décisive
réside dans le fait que l'ordre qu'il crée d'une part échappe à la volonté humaine, à
l'arbitraire d'une instance (ordre hétéronome), d'autre part n'obéit à aucune hiérarchie :
c'est un « ordre spontané ».

Le nouveau droit de cet Etat est exclusif par essence de toute législation
visant à mettre en pratique un idéal de justice distributive et à fortiori toute mesure
d'intervention ou de réglementation ; C'est le temps de la dérégulation.

Ainsi dans un ordre économique basé sur le marché, le concept de justice


sociale, n'a ni sens, ni contenu. Il opte pour un ordre spontané, ord re auto-généré ou
structure auto-organisée. Pour Hayek et les tenants de i `école néolibérale « ' l'Etat est cette
organisation du peuple d'un territoire sous un gouvernement unique à laquelle 'l'on
demande de fournir de façon effective un cadre à l'intérieur duquel peuvent se former les
ordres auto générés, mais qui englobe seulement l'appareil des pouvoirs publics et n'a pas à
déterminer les activités des libres individus »1.

Cette vision de l'Etat a montré ses limites et la crise financière actuelle a


étalé au grand jour les limites de ce capitalisme sauvage. Cet échec va provoquer le
retour au grand jour de l'interventionnisme étatique avec des mécanismes proches de
nationalisation à un capitalisme à visage humain.

Ce recadrage met en évidence le « besoin »présent de l'Etat dans le


développement des nations.

E. Vers l'Etat -stratège

Si en un moment on a cru que l'Etat allait perdre sa primordialité, il y


a aujourd'hui le réflexe du « retour de l'Etat ». D'abord comme garant de la sécurité
nationale et donc protecteur de la liberté et mais surtout visionnai, Il y a un besoin d'Etat,
mais l'Etat d'aujourd'hui doit être un Etat -stratège. Comme au Japon son rôle devra
s'apparenter à celui d'un guide et d'un coordonnateur, Un Etat, maître des horloges
selon l'expression d e Philippe Delmas2 c'est-à-dire pragmatique et programmatique,
maître de temps et des circonstances. Un Etat « ré », régulateur, réconciliateur et
réorganisateur. L'attention glisse du gouvernement (les institutions et les agents

1
Hayck, F., cité par Arnaud A.J., Entre modernité er nnondialisation , Paris,L.G.D.J.,1998, p.128 ,
2
Delmas, Ph. Le Maïtre des horloges, Modernité de l'action publique, Paris Odile Jacob, 1991.
chargés de gouverner) vers la gouvernante (l'art ou la manière de gouverner
dans un contexte social et politique fragmenté et traversé par des réseaux divers).la
gouvernance, la bonne s'entend, est définie comme la gestion réussie d'affaires
communautaires à travers un mélangé d'acteurs-publics, privés et
associatifs afin de contribuer au bien commun. Car " only a change of
governance can pro vide the legitimacy and capacity"

Aussi, l'Etat stratège dans sa dimension de prévisibilité et d'anticipation s'occupe


moins de l'étendue des compétences (scope) que de l'efficacité, de la capacité, de sa
force (strenght), c'est-à-dire, la possibilité qu'ont les Etats de planifier et d'exécuter leur
politique, et d'imposer les lois de façon nette et transparente, ce qu'on désigne
généralement par la capacité institutionnelle. Ainsi un Etat doit assurer les fonctions
minimales suivantes, fournitures des biens publics de base ou simples, la défense, loi et
ordre, droits de propriété, gestion macroéconomique, santé publique, Education 1 . Il y a
ensuite des fonctions intermédiaires (protection de l'environnement; régulation des
services, régulation financière et enfin des fonctions activistes (coordination des activités
privées, stimulation des marchés, redistribution du capital).

§2. L'analyse juridique des fonctions de l'ETAT

L'analyse traditionnelle présente une double classification des fonctions de


l'Etat suivant que l'on adopte un point de vue formel ou un point de vue matériel

A. L'analyse formelle

Est celle qui prend en considération l'organe qui a édicté l'acte et


secondairement la procédure qui a été suivie pour édicter l'acte de ce point de vue
formel. On distingue trois fonctions: la fonction législative, la fonction exécutive, la
fonction_ juridictionnelle.

B. L'analyse matérielle

Elle prend en considération le contenu et la portée de l'acte.

1
Source : World bank Développement record, 1997 cité parFukuyama F, state Building, la table ronde, Paris, 2004.
- la fonction législative consiste à formuler des règles de droit et l'acte
législatif sera tout acte à portée générale et impersonnelle ;
- la fonction exécutive consiste a adapter à des cas concrets les règles de droit
des actes individuels conformes à la règle de droit posée par l'acte législatif ;

- la fonction juridictionnelle consiste à résoudre un litige: l'acte


juridictionnel est celui qui est pris au cours d'une telle procédure.

Tel est l'enjeu de nouvelles configurations de l'Etat Mais quelque soit la


figure qu'Il va prendre, l'Etat doit :

1. exercer sans faiblesse ses fonctions régaliennes de défense, justice,


sécurité sur l'ensemble du territoire sans exception ;

2. assumer ses fonctions classiques de réglementation en vue de permettre


l'épanouissement des initiatives individuelles « sans nuire a autrui et sans dégrader
l'environnement » ;

3. dans sa fonction économique indispensable comme acteur et


entrepreneur mais aussi comme régulateur et stabilisateur.

4. être le garant et le protecteur de la cohésion sociale. La solidarité et la


redistribution en sont les aspects. De même l'aménagement du territoire est l'outil de
structuration de ce lien de solidarité.

Notions, éléments constitutifs, formes, conceptions et fonctions se trouvent


consacrés dans un texte à valeur particulière et supérieure appelée Constitution.
TITRE III
LES REGLES DE JEU DU POUVOIR POLITIQUE DANS L'ETAT
LA CONSTITUTION

La naissance de l'Etat coïncide au moment précis ou il se lote une


constitution. Aussi, lorsque l'Etat existe, il n'est pas possible d'éluder le problème des règles
qui s'appliquent à 'autorité politique. Ainsi toute société politique comporte un corps les
règles écrites ou non, destinées à fixer les modalités l'acquisition, d'exercice et de
transmission du pouvoir politique au sein de l’Etat.
En effet la rencontre entre un peuple, un territoire et une puissance souveraine
se traduit et s'inscrit sur une « pierre », sur une table des lois », dans une charte ou pacte
qui s'appelle a Constitution dans laquelle est définie l'articulation du pouvoir.
Cette loi fondamentale ou Grundnorm selon Kelsen règle es droits politiques
de la nation, les modalités d'acquisition, D'exercice et d'évolution du pouvoir politique.
Cette « opération constituant se présente en effet comme le socle de la
fondation de l'Etat »1. Son avènement représente un moment privilégié dans la vie d'un
peuple, en ce sens qu'elle coïncide avec l'achèvement du processus d'institutionnalisation et
de rationalisation du pouvoir.
La constitution obéit ainsi à un rythme binaire : en ce qu'elle fixe, d'une part,
le mode de désignation des gouvernants, et détermine, d'autre part, les droits ou libertés des
gouvernés. Tels sont les deux versants du constitutionnalisme, ce mouvement philosophique
visant à limiter l'arbitraire du pouvoir monarchique par des règles écrites et la sauvegarde
des libertés individuelles.
La Constitution se présente comme la loi des lois : tout procède d'elle, elle est
la norme-mère.

Nous allons aborder ce titre fondamental de notre cours en cinq chapitres.

Chapitre Ier : Origine et notion de Constitution


Chapitre II : Formes et Fonctions des Constitutions
Chapitre III : Elaboration et révision des Constitutions
Chapitre IV: Protection de la Constitution

1
Bastid, P., L’idée de Constitution, Paris, 1985.
CHAPITRE PREMIER
ORIGINE ET NOTION DE LA CONSTITUTION

Section I. Aux origines de la constitution


Sans remonter à l'antiquité et aux constitutions des cités grecques recensées,
le mot constitution pour définir le statut du pouvoir est utilisé à partir du XVIIIe s. par les
philosophes du siècle des lumières.
Le constitutionnalisme avec John Locke et Montesquieu comme chef de file
est un mouvement qui tend à lutter contre l'absolutisme royal en définissant les règles
relatives à l'organisation et au fonctionnement du pouvoir public et en aménageant les droits
et libertés du citoyen.
Ce mouvement connaît son couronnement avec la révolution française et
l'article 16 de la déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789 affirmera: « toute
société dans laquelle la garanties de droit n'est pas assurée ni la séparation des pouvoirs
déterminée, n'à point de constitution. »
Le constitutionnalisme « classique » est donc né avec la rédaction des
constitutions révolutionnaires, alors que le constitutionnalisme «moderne » apparaît avec le
contrôle de la constitutionnalité des lois.
On distingue donc deux veines dans le mouvement constitutionnel : la veine
pragmatique et la vague dogmatique.

§1. La veine Pragmatique du constitutionnalisme


Le courant de constitutionalisme pragmatique est symbolisé par le mouvement
constitutionnel Britannique. Il s'agit d'une lente et pragmatique mouvement de limitation de
l'absolutisme royal par l'émergence et la consolidation du pouvoir parlementaire.
En effet, les britanniques connurent une constitution écrite avec l'éphémère
république cromwellienne consécutive à l'exécution de Charles le' en 1649: « the instrument
of government » autrement dit une constitution.
Après la restauration, les royalistes effaceront ce qui s'associait avec la
dictature. Cette parenthèse renouera la veine pragmatique commencée au début du XIIIe s.,
lorsque les premières libertés furent consignées dans la « magna carta » de 1215, charte du
féodalisme contre les prétentions de la couronne, dans laquelle sont consignées les
privilèges seigneuriaux face aux ambitions du monarque. Les pouvoirs royaux sont limités
par le
« magnum concilium » qui reçoit le droit de consentir l'impôt et de
présenter des pétitions.
En 1628, la « etition of rights » circonscrit davantage les prérogatives royales
et en 1679 une loi consacre « l'habeas corpus » qui interdit toute détention au-delà de 24
heures.
« Le bill of rights » de 1689 consacre les droits du parlent: le roi ne peut plus
suspendre les lois, ni lever l'impôt, ni entretenir une armée en temps de paix sans le
consentement du parlement en échange d'acceptation par la dynastie d'orange de son
installation.
« L'act of settlement » (acte d'établissement) de 1701 fixe les règles de
succession au trône et prévoit l'obligation pour nouveau roi de prêter serment et signer les
déclarations de droit.
En 1714, la mort de la Reine sans descendance permit à son petit neveu, un
prince de la maison de Hanovre de monter sur le trône sous le nom de Georges 1e r. Mais ne
parlant pas l'anglais, il manifesta son désintérêt pour les affaires anglaises. En conséquence
le pouvoir glissa entre les mains d'un ministre en particulier, qui prendra le titre de premier
ministre.
D'autres textes comme la « parliament act » de 1911 et de 1919 modifient les
rapports entre les deux chambres. Ainsi ce droit constitutionnel pragmatique, d'essence
coutumière règle l'essentiel des prérogatives royales.
Dans cette vision, fruit de la pratique, l'absence de constitution écrite est une
garantie du régime démocratique puisqu'elle assure la stricte subordination du monarque
aux représentants du peuple et constitue un authentique modèle de constitutionnalisme.
§2. La veine dogmatique du constitutionnalisme
La veine dogmatique du constitutionnalisme tire son origine des révolutions
américaines et française. La révolution américaine
Le conflit entre l'Angleterre et ses colonies d'Amérique devait se conclure en
1776 par la déclaration de Virginie. Il va bientôt confirmer l'attachement des colons aux
textes écrits l'histoire anglaise leur a appris que l'arbitraire du pouvoir royal se fondait sur le
flou entourant les droits « immémoriaux » et non écrits de la couronne.
Aussi pour éviter cet écueil, les anciennes colonies vont s'attacher à rédiger
des constitutions écrites dont cinq furent approuvées par le peuple: « le résultat de la
révolution américaine, écrit Thomas Paine dans les droits de l'homme, c'est que la
constitution était devenue « la bible politique » des Américains. Rien n'étant plus commun,
lorsqu'il s'élevait quel que débat sur le principe d'un bill sur l'étendue de quelque espèce
d'autorité, le devoir est de tirer leur constitution de leur poche, et de lire le chapitre qui avait
rapport avec la matière en question. Telle est l'essence de la Constitution fédérale de 1787
qui fonde les Etats-Unis d'Amérique. Pays récent, les Etats-Unis ont la première constitution
écrite et la plus ancienne en vigueur.

B. La révolution française
Cette veine trouve sa source dans les écrits, de l'école du droit de la nature,
dont le fondateur est le juriste hollandais Hugues De Groot Alias Grotius.
Ce courant sera développé en France et aboutira à la théorie du contrat social.
Ainsi un pacte unit les gouvernés aux gouvernants, pacte par lequel les gouvernés
reconnaissent le pouvoir des gouvernants et les gouvernants reconnaissent les gouvernés.
Ce page doit être écrit afin de fixer de manière durable, inflexible, comme les
lois de la divinité afin qu'aucun être humain ne puisse se placer au-dessus de lui. 1
Le constitutionnaliste moderne est donc né avec les rédactions de constitution
à partir de 1789, mais plus précisément avec la constitution de 1791.
En effet sous l'ancien régime, en France, les lois fondamentales du royaume
dégagées au XVIe s. forment un certain nombre de règles intangibles mais non écrites.
Mais de nature coutumière et vague, elles consistent principalement, dans la
théorie monarchique de l'inaliénabilité du domaine de la couronne et la loi de succession.
N'ayant pour objet que de constituer le pouvoir royal, ces textes, tout en ébauchant l'idée
que le pouvoir peut-être circonscrit par un ordre juridique même non écrit, pose problème
au niveau de leur fondement car la tradition est par nature imprécise, mouvante et librement
interprétée par le monarque.
C'est donc la révolution française qui va consacrer l'adoption de la
Constitution énonçant des principes juridiques écrits, clairs et stables auxquels le monarque
doit se conformer (constitution de 1791).
Il n'est plus à la source de ces règles qui sont énoncées par une entité abstraite
et le monarque tient son pouvoir d'elle. Ainsi le constitutionnalisme se caractériserait
désormais comme un mouvement qui préconise l'adoption d'une constitution écrite comme
l'instrument d'un combat en faveur d'un Etat libéral et modéré et obstacle à l'exercice
arbitraire du pouvoir. Elle est une arme contre le despotisme en déterminant une
organisation cohérente et rationnelle de l'Etat. Mais elle a aussi et surtout pour objectif
d'éviter l'arbitraire en définissant clairement les règles du jeu politique en empêchant toutes
les interprétations que permettent les constitutions totalement-coutumières.
Le constitutionnalisme vise à instaurer ce que Montesquieu appelait « un
gouvernement limite » et qu'on appellera un « gouvernent constitutionnel » au XIXe s, et
actuellement un Etat de droit qui s'oppose à un Etat de police : un système dans lequel es i u
aires du pouvoir po i i-que ne peuvent l'exercer que conformément à des règles pré-établies
qui ne peuvent être modifiées arbitrairement.
Cette vague ou mouvement a, par l'universalisme de la révolution et la
colonisation embrasé l'humanité toute entière à tel point que le constitutionnalisme est
devenu u patrimoine universel commun, et l'a option d'une constitution est le standard de
tout Etat moderne.

Comment peut-on alors définir une constitution ?


Section 2 : Notion de constitution

On peut retenir plusieurs définitions du concept constitution.

1. La constitution au sens matériel


Le critère matériel qui prend en considération le contenu du texte fondateur
définit la constitution comme l'ensemble des règles écrites ou non relatives à l'accession, à
l'exercice et à la dévolution du pouvoir politique, aux libertés et droits fondamentaux des
citoyens.

Ainsi tout he.


On rencontre donc au minimum dans une constitution, les règles relatives à la
forme de l'Etat (Etat unitaire ou fédéral), au statut des gouvernants, à l'exercice du pouvoir
et aux relations entre les pouvoirs publics ou constitués. En bref, il s'agit des règles les plus
importantes de l Etat qui ressortissent logiquement du droit constitutionnel. En ce sens, tout
Etat possède nécessairement une Constitution.

§2. La constitution au sens formel


Ce critère organique privilégie le contenant et non le contenu, c'est-à-dire la
procédure juridique d'élaboration et de révision de la loi fondamentale. La constitution est
alors définie comme un ensemble des règles juridiques élaborées et révisées selon une
procédure supérieure spécifique à celle utilisée pour la loi ordinaire. Il suit de la que la
norme constitutionnelle est, à la fois, privilégiée et protégée

Privilégiée, en ce sens qu'elle est unique en son genre;


Protégée, dès lors qu'elle est hors d'atteinte des autres normes qui, par
définition, lui sont inférieures. Elle relève de la supra-légalité.
I La constitution est la norme fondamentale qu'on appelle Grund Norm. Selon
Hans Kelsen (1881-1973), la constitution se situe au sommet de la hiérarchie ou « pyramide
des normes ». Le contrôle de la constitutionnalité de normes inférieures conforte et préserve
la suprématie de la constitution. Faute de quoi, celle-ci ne
serait qu’une b arrière de papier et la hiérarchie des règles de droit, un trompe-l’œil.

§3. La constitution au sens substantiel

Dans sa substance ou essence, la constitution est l'expression philosophique et


politique d'une communauté, d'une unité politique enracinée dans un ensemble culturel. Elle
n'est pas seulement un ensemble de règles, mais elle est un texte qui exprime une vision du
m_ onde, un projet de la société, un projet politique une idée de l'homme Cet esprit sùr-
détermine et transverse le texte; c'est son âme, son identité, son principe structurant.
En effet dit Peter Haberle: « la constitution n'est pas un seulement un
instrument juridique pour les juristes. Elle apparaît essentiellement comme un guide pour
les non juristes. Elle est surtout l'expression d'un état de développement culturel d'un
peuple. Elle est le miroir d'un héritage culturel et le fondement de ses espérances »1.
La constitution doit être élaborée sur l'idée que l'État est un moment de la
volonté rationnelle dans son développement dialectique: en effet, «la constitution est en
premier 2lieu l'organisation de l'État et le processus de sa vie organique par rapport à lui-
même ».
Ainsi la constitution est l'âme du corps étatique : elle traduit l'identité d'un
peuple. La constitution d'un pays, d'une nation, c'est ce qui constitue_ plus qu'un code des
lois. Elle est le socle de son identité et le nerf de sa conscience politique, son organicité, la
mémoire organisée de ce peuple. 3
Mais au fond, il y a coïncidence entre les trois critères, car habituellement les
règles les plus importantes de l'État (critère matériel) bénéficient du régime juridique
supérieur (critère formel); et ce régime juridique pour bénéficier d'une adhérence doit
traduire une vision et un projet spécifique d'un peuple (dimension anthropologique). Une
constitution dit Carl Schmitt est

1
Haberle, P., Droit constitutionnel, Paris, Econotnica, 2004, p.14.
2
Hegel, F., cité par Boutet, D., op.cit, p.163.
3
Lire Metena, S.P., avant les élections est égal avant les élections, in Congo .4 rique, avril 2008, nM24, pp.293-327.
l'âme de la cité1, mieux une représentation d'un peuple comme sujet agissante 2.

Au demeurant, la dissociation de ces trois critères n'est pas à exclure :


- on a connu des Etats disposant uniquement d'une constitution matérielle.
On cite l'Italie avec le statut de 1861 à 1946; Israël avec ses 11 lois
fondamentales formant sa constitution; la Grande-Bretagne qui est
présentée comme l'Etat sans constitution formelle.
- On peut trouver dans une constitution formelle des dispositions étrangères
au droit constitutionnel. On cite l'article 80 de la constitution Suisse relatif
à l'abattage du bétail.

1
Schmidit, C., Théorie de la constitution, Paris, PUF, 1993, p.132.
2
Eboussi, B., La démocratie en au Cameroun, Paris, L’Harmattan, 1997.
CHAPITRE II. LES FORMES ET LES FONCTIONS DES
CONSTITUTIONS

Section 1 : Les formes des constitutions. On distingue généralement

- la constitution écrite, et

- la constitution coutumière.

§1. La Constitution écrite


On parle de constitution écrite lorsque les règles fixant le statut du pouvoir de
l'Etat et les garanties accordées aux citoyens sont fixées et coulées dans un document écrit
qui se qualifie lui-même de fondamental.
Tous les Etats ou presque ont maintenant une constitution écrite. L'apparition
des constitutions écrites est l'expression du constitutionnalisme moderne, mouvement qui
est apparu au XVIIIQ s. et qui s'est efforcé, d'ailleurs avec succès, de substituer aux
coutumes existantes, souvent vagues et imprécises et qui laissaient de très grandes
possibilités d'action discrétionnaire aux souverains, des constitutions écrites connues
comme devant limiter l'absolutisme pouvoirs monarchiques. Ainsi les modes de dévolution
et d'exercice du pouvoir politique sont fixés une fois pour toutes dans une charte
fondamentale servant de règle du jeu.

§2. La Constitution coutumière


On parle de constitution coutumière lorsque les règles concernant le
fonctionnement politique de l'Etat, se sont cristallisées progressivement sans être
nécessairement inscrites dans un seul texte écrit qui se dénomme constitution. Ces règles
coutumières reposent sur la répétition, sans discontinuité véritable, et pendant une certaine
durée, de précédents qui recueillent un très large consensus pour ne pas dire l'assentiment
général. C'est le cas de la constitution anglaise.
Toutefois remarquons que l'opposition entre constitution écrite et coutumière
ne doit pas être surestimée. Ainsi :
1) Aucune constitution n'est exclusivement coutumière. Il y a toujours, même
de façon isolée ou éparpillée quelques écrits. L'illustration la plus convaincante est celle de
la Grande-Bretagne. On y trouve, outre les règles coutumières, la grande charte ou magna
carta de 1215, de Biil of Right de 1628.
2) Aucune constitution n'est exclusivement écrite. Car en principe la coutume
doit être logiquement exclue d'une constitution. Mais en fait toute constitution, même écrite,
ne peut tout prévoir, ni tout régler ; et ses lacunes laissent des places vides qu'un certain
nombre d'usages et pratiques qui n'ont pas été expressément prévus par le texte. C'est ce
qu'on appelle coutume constitutionnelle. Par delà le texte dit-on, on trouve la coutume
constitutionnelle.
II s'agit d'une règle de droit non écrite qui résulte du précédent constant,
continu auquel les pouvoirs publics se soumettent.
En effet avec H. Capitant nous reconnaissons « l'étrange faiblesse des textes
en matière constitutionnelle, la force d'évasion de la vie politique hors des formules où l'on
a tenté de l'enserrer, le divorce presque constant qui en résulte entre l'apparence juridique et
la réalité politique, en un mot l'importance de la coutume constitutionnelle, à côté et souvent
à l'encontre des coutumes écrites »1.
De cette affirmation découlent les quatre caractères de la coutume
constitutionnelle

1) la constance, c'est-à-dire la répétition dans le temps d'un même fait ;

2) la continuité, c'est-à-dire la répétition ininterrompue d'un même fait ;


3) la conviction ; c'est-à-dire la coutume doit être considérée comme une
véritable règle de droit. C'est « l'opinio juris necessitas » ou sentiment de l'obligation
juridique et l'obligatoire.

4) Le consensus : la coutume doit faire l'objet d'un large consensus.

En tout état de cause, II faut noter :


- 5 la coutume ne peut jamais abroger ni modifier une disposition écrite et
précise ;

1
Capitan, R., la coutume constitutionnelle, Réed, RDP,1979, p.962.
i

la coutume peut, dans certaines conditions, suppléer la constitution écrite en


cas de silence (coutume supplétive) et surtout permettre son interprétation en cas
d'incertitude. (Coutume interprétative) Elle est alors supplétive ou interprétative. L'article
153 in fine de la constitution précise que : « les cours et tribunaux, civils et militaires,
appliquent ... la coutume pour autant que celle-ci ne soit pas contraire à l'ordre public
ou aux bonnes mœurs ».

C'est ici le lieu d'aborder la question de la convention constitutionnelle, terme qui tire sa
fortune de l'analyse de la pratique constitutionnelle britannique. En effet, s'inspirant de
l'anglais A. Dicey. Les conventions constitutionnelles ou constitutionnelles convention est
une solution décidée après discussion entre les autorités politiques constitutionnelles, les
partis politiques, la majorité et l'opposition et les parties concernées par la question.
La solution n'est du droit constitutionnel strictement dit. Mas elle est effectivement
appliquée. Le droit strict devient le droit dormant (sleeping law) 1

Droit éminemment politique, conventionnel et pratique, la convention


constitutionnelle naît des décisions prises par les acteurs politiques.
Ces décisions sont juridiquement obligatoires parce qu'elles émanent d'organes
constitutionnels habilités à les prendre, mais leur portée est limitée à l'espèce décidée.
L'entente des acteurs est un élément déterminant de la convention constitutionnelle.
Ainsi, cet élément quasi-contractuel, génère une sorte d'auto-obligation. Il s'agit d'une
règle de nature politique une pratique politique non justiciable.

SECTION II. FONCTIONS DE LA CONSTITUTION

La constitution est une loi supérieure que se donne un peuple non seulement
pour régir les modalités d'acquisition, mais exercice et dévolution du pouvoir
politique, mais aussi pour régler les rapports entre les gouvernants et les gouvernés. On
peut retenir trois fonctions :

- La fonction génétique de la constitution


- La fonction organique de la constitution
-La fonction axiologique de la constitution ;

1
Borella, F,op.cit.p.71
§1. La fonction génétique de la constitution
La constitution est le fondement de l'Etat, elle est le bastion du pouvoir
politique de l'Etat. La constitution est la source de légitimité, elle fonde l'autorité des
gouvernants. Ainsi toute autorité investie conformément à la constitution est présumée
légitime.

§2. La fonction organique de la constitution


La constitution détermine le statut des gouvernants ou des services de l'Etat.
Elle a pour fonction de poser les règles du jeu politique et de distribuer le rôle de différents
acteurs politiques. C'est le « map power ». La constitution fixe précisément les fonctions de
chaque autorité et les attributions correspondant à chaque fonction.

§3. La fonction axiologique de la constitution


La constitution détermine des objectifs idéologiques et politiques des Etats.
C'est en somme l'idée fondamentale qui permet aux individus humains constitués en
citoyens, non seulement de se créer et de s'organiser en une cité terrestre capable à la fois
d'imiter et de défier celle des dieux. Montesquieu voyait dans cette idée fondamentale le
nœud de la communauté politique : c'est en elle que gît l'idée fondamentale d'ordre et de
bonheur désirables que se fait un groupe social face aux défis que lui lance son
environnement. Cette idée de soi et de son monde propre, son ethos, c'est ce qu'Eric Weil
appelle le sacré de la communauté, sa constitutionnalité, pour laquelle « la mort peut très
bien ne pas être le plus grand des maux ». 1

1
Metena, op.cit, p.318.
CHAPITRE III : ELABORATION ET REVISION DE LA
CONSTITUTION

Une constitution est vivante : elle reproduit le cycle biologique : elle naît, se
développe et meurt. Son existence est rythmée par les déformations de la vie politique à
travers le pouvoir constituant.
On appelle pouvoir constituant l'ensemble d'organes chargés d'élaborer ou de
réviser la constitution.

On distingue

- le pouvoir constituant originaire et

- le pouvoir constituant dérivé ou institué.

Section 1. Le pouvoir constituant originaire ou l'élaboration


de la constitution
§1. Définition du pouvoir constituant originaire
Le pouvoir constituant originaire est celui qui intervient pour élaborer une
constitution, soit lors qu'aucune constitution n'est en vigueur, soit lorsque l'ordre juridique
ancien disparaît. Cette situation survient lorsqu'il y a création d'un Etat nouveau, lors d'une
révolution ou du démembrement d'un Etat, ou encore lorsque plusieurs Etats se mettent
ensemble.

§2. Caractères du pouvoir constituant originaire.


A- Le pouvoir constituant originaire est initial et discrétionnaire: il intervient
dans un espace vierge. Le pouvoir constituant « vraiment originaire ne relève pas du droit ».
B- Le pouvoir constituant originaire est inconditionné. II se situe donc dans
une perspective de rupture et est censé se développer sur un terrain vierge ou de vide
juridique.
Ainsi, le pouvoir constituant originaire bénéficie en principe d'une liberté
totale. Cependant la souveraineté serait arbitraire si elle n'était pas limitée. En effet, le
caractère illimité et prométhéen, du pouvoir constituant originaire, pouvoir démiurge quasi-
divin doit être relativisé. Tout pouvoir se fonde sur un grand récit, un ordre politique
imprégnant toute la société. Une constitution reflète toujours un certain nombre des valeurs
supra-constitutionnelles. II faut donc tenir compte de la finalité politique; et s'il est
démocratique,' de ce que la conscience sociale est prête à accepter. Sinon, nous sommes
dans une position d'abus ou de fraude constitutionnelle.

§2, Modes d'élaboration des constitutions

On distingue 3 modes d'élaboration des constitutions :


- les modes autoritaires,
- les modes semi démocratiques, et
- les modes démocratiques.
Comme on peut bien le remarquer, le critère de distinction repose sur la
participation du peuple dans le processus constitutionnel.

A. Les procédés autoritaires d'élaboration des constitutions


Le peuple est hors circuit. II est penitus extranel lors de l'élaboration des
constitutions. Celle-ci est l'œuvre des gouvernants et ne fait que l'objet d'une ratification ou
d'un habillage populaire. On distingue deux modes autoritaires
- l'octroi et
- le plébiscite

1) L'octroi
Le titulaire du pouvoir accorde par sa seule volonté, sa magnanimité, une
constitution à ses sujets. La loi fondamentale du 19 mai 1960, œuvre du parlement Belge,
peut être considérée comme une constitution octroyée. De même le décret-loi
constitutionnel n°003 du 27 mai 1997 relatif à l'exercice des pouvoirs publics en RDC fut
l'œuvre unilatérale de Laurent Désiré Kabila ;
2) Le plébiscite constituant
La constitution est comme dans le cas précédent l'œuvre d'un seul homme ou
d'un groupe d'hommes. Toutefois la participation du peuple n'est pas exclue. II intervient en
aval pour entériner un texte dont il ne connaît, peut être pas, ni les tenants ni les
aboutissants.

B. Le procédé serai-démocratique
Bien qu'une controverse semble être soulevée quant à la nature véritable du
pacte, l'orthodoxie scientifique nous pousse à le considérer comme un mode serai-
démocratique d'autant plus qu'il s'établit une transaction ou un compromis entre un homme
et une ou plusieurs assemblées représentatives. On cite comme exemple la constitution
belge de 1831.

C. Les procédés démocratiques


Le pouvoir constituant appartient au peuple souverain, et les gouvernants
puisent leur autorité dans le consentement des gouvernés. Ces derniers élaborent et
adoptent, soit directement leurs constitutions, soit directement en assemblée constituante,
soit indirectement par intermédiaire des représentants élus. Dans cette dernière hypothèse,
les gouvernés gardent le pouvoir décisionnel par référendum.
1. Élection d'une assemblée constituante
C'est le procédé par lequel le soin d'élaborer la constitution est confié à une
assemblée spécialement désignée à cet effet. L'assemblée constituante souveraine ou la
convention rédige et approuve le texte sans intervention du peuple qui lui a délégué cette
compétence.
Cette assemblée peut-être spécifique ou ad hoc. On cite la convention de
Philadelphie qui élabora la constitution fédérale des États-Unis de 1787.

Elle peut aussi être constituante et législative.


2. Le référendum constituant
Le référendum apparaît comme le procédé le plus démocratique parce qu'il
associe le peuple à l'élaboration de la constitution. Le projet est mis au point par une
assemblée constituante élue, mais il doit être ratifié par le peuple pour être juridiquement
parfait. La démocratie tient au fait que le peuple intervient en amont et aval, de la genèse à
l'apocalypse.
Section 2 : Le pouvoir constituant dérivé ou La révision de
la constitution
.Les constitutions ne sont pas des tentes dressées pour le sommeil
disait Royer-Collard. Vivre, n'est c) pas s'adapter ? La rigidité ne doit pas amener au
blocage indéfini des institutions. Il convient donc de solliciter le pouvoir constituant dérivé
ou institué, car un peuple est toujours maître de changer ses lois, même les meilleures.
La nation a le droit imprescriptible de changer sa constitution, déclare le
constituant de 1791. Une génération ne peut assujettir à ses lois les générations futures.
Considérée comme le fondement des préoccupations majeures d'un peuple, la
constitution doit, s'il échet, être repensée pour s'accommoder aux nouvelles mentalités.
Aussi les auteurs des constitutions prévoient dans le texte même les formes et
les mécanismes à respectée pour réviser la loi fondamentale. Le les 218 219 220 de la
constitution du 18 février 2006 en disent mieux.

§1. Les caractères du pouvoir constituant dérivé


Le pouvoir de révision, qui est l'expression de la souveraineté, au même titre
que le pouvoir d'élaboration, peut se résumer à travers les deux caractères ci-après :

- il est institué ou subordonné ;

- il est auto-limité.

A. Le caractère institué et subordonné


Le constituant originaire prévoit à l'avance, sous l'aspect des clauses de
révision, les conditions selon lesquelles son œuvre sera modifiée le moment venu. D'où la
subordination de principe du pouvoir dérivé au pouvoir constituant originaire.
B. Le caractère auto-limité du pouvoir de révision
En principe la révision est en théorie limitée dans sa démarche, de manière à
parvenir en un équilibre entre le souci d'adapter la constitution à de nouvelles réalités et
celui, malgré tout, de préserver son identité.

§2. Etendue du pouvoir constituant dérivé


La constitution peut fixer des limites afin d'éviter des fraudes implicites qui
changent le fond d'une constitution. Ces limites peuvent porter sur

1. le moment;

2. la période ;

3. la matière.
La constitution du 18 février 2006 précise en son article 219
qu'aucune révision ne peut intervenir pendant l'état de guerre, l’état d'urgence ou l'état de
sicle ni pendant l'intérim â présidence de la république ni lorsque l'assemblée nationale et le
sénat se trouvent empêchés de se réunir librement (limite par rapport au moment).La
constitution peut fixer un délai minimum fendant lequel on ne peut la réviser.
Par ailleurs, la forme républicaine de l'Etat, Je principe _ du suffi _universel,
la forme représentative du gouvernement, le nombre et la durée des mandats du président_
de république, l'indépendance du pouvoir_ judiciaire, les pluralismes politique et syndical
ne peuvent faire l'objet de révision constitutionnelle (limite par rapport à la matière).

Notons que la doctrine tend à distinguer les révisions capitales et latérales.


- Les révisions capitales ou majeures ont pour objet de révise a nature du
régime, de changer fondamentalement la philosophie du pouvoir. Sous la deuxième
république, la constitution était celle du 24 juin 1967. Cependant, la révision
constitutionnelle du 15 août 1974 avait profondément remis la question la nature même du
régime politique. On parle de la fraude à la constitution sui est définie comme « le procédé
par lequel l'autorité de révision utilise ses pouvoirs dans un but autre que celui en vue
duquel ils1 ont été conférés, c’est-à-dire dans le but d'établir un régime fondamentalement
différent» . Ici les

1
Debbasch et alii, Droit constitutionnel, p.111.
formes constitutionnelles sont apparemment conservées alors que l'objectif
poursuivi est atteint par un changement radical de l'esprit des institutions. Ainsi le
constituant dérivé peut utiliser son pouvoir de révision pour mettre en place des nouvelles
constitutions qualifiées intentionnellement des « révisions constitutionnelles ».
- Les révisions latérales ou mineures : sont destinées à combler les lacunes ou
corriger les imperfections techniques.

§3. Procédure
La révision de la constitution peut être plus ou moins aisée en raison de la
nature souple ou rigide de la constitution.
A. La constitution est souple lorsque la loi fondamentale ne prévoit pas de
règles particulières pour sa modification. La constitution est alors révisée par les organes
compétents et selon la procédure prévue pour l'élaboration des lois ordinaires.
B. La constitution est rigide quand sa révision s'opère selon une procédure
spéciale et complexe différente de celle des lois ordinaires. (Réunion de deux chambres,
vote à majorité qualifiée, recours au référendum, ratification des institutions provinciales).

La procédure de la révision comprend trois phases


- L'initiative qui peut être populaire, législative ou gouvernementale;
- L'élaboration du texte par une assemblée ou par une commission;
- L'adoption de la révision : par une ou plusieurs assemblées ou par le
peuple.
Sous la constitution du 18 février 2006, l'initiative de la révision
constitutionnelle appartient concurremment au président de la république, au gouvernement
après délibération en conseil des ministres, à chacune des chambres du parlement à
l'initiative de la moitié de ses membres, à une fraction du peuple congolais, en l'occurrence
100.000 personnes, s'exprimant par une pétition adressée à l'une des deux chambres. II
appartient à l'assemblée nationale et au sénat de décider, à la majorité absolue de chaque
chambre, du bien fondé du projet, de la proposition ou de la pétition de la révision. En
principe, la révision n'est définitive que si le projet, la propositio nou la pétition est
approuvée par référendum. Toutefois, le projet, la proposition ou la pétition n'est pas sou mis
au référendum lorsque l'assemblée nationale ou le sénat réunis en congrès l'approuvent à la
majorité des trois cinquième des membres les composant.
CHAPITRE IV : LA SUPREMATIE OU LA PROTECTION DE LA
CONSTITUTION
« Une constitution est un corps de règles obligatoires, ou ce n'est rien »,
affirmait Sieyès S. De fait, sans une garantie, elle se réduirait à une œuvre morte, à une
coquille vide. En effet, « sans le contrôle efficace et effectif de constitutionnalité, une
constitution n'est plus qu'un simple parchemin sur lequel on peut raturer et même dénaturer le
contenu sans crainte d'une quelconque sanction. Si tel est l'entendement, il n'y à point de
constitution1».

La suprématie de la constitution sur les autres règles juridiques implique que des
mécanismes soient mis en œuvre pour que soit assurée la conformité de celles-ci à celle-là :
on parle alors de la protection de la constitution. C'est à cette seule condition qu'on peut dire
« Au commencement du droit est la constitution ».2

Considérée ainsi comme la loi des lois, la constitution est protégée aussi bien
par le peuple, par un organe politique (contrôle non juridictionnel) que par un organe
juridictionnel (contrôle juridictionnel).

Section 1. Le contrôle non juridictionnel

Ce contrôle peut être exercé par le peuple, agissant directement ou par un


organe politique.

§1. Contrôle direct par le peuple

Sanction politique inorganisée, ce contrôle est exercé par le peuple en vertu de


son droit de résistance à l'oppression voire à l'insurrection. (Article 2 de la déclaration des
droits de l'homme). En effet, toute souveraineté déléguée est contrôlable.

Ainsi, la déclaration d'indépendance américaine de 1776 affirme: « quand le


gouvernement viole le droit du peuple, l'insurrection est pour le peuple et chaque portion du
peuple, la plus sacrée et la plus indispensable des obligations.»

1
Boshab, E., Les dispositions transitoires relatives à la cour constitutionnelle de la république
démocratique du Congo : le contrôle de constitutionnalité en RDC, 2008, p.28.
2
Delperée, F., Droit Constitutionnel, Bruxelles, Larcier, 12981, p.54.
L'article 64 de la constitution congolaise stipule: « tout congolais a le droit de
faire échec à tout individu qui prend le pouvoir par la force ou l'exerce en violation des
dispositions de la constitution ».

En somme « Ce ne sont pas des pierres, mais les hommes qui constituent le
véritable rempart des cités » disait Platon. La constitution grecque du 9 juin 1975 stipule en
son article 120 que « l'observation de la constitution est confiée au patriotisme est confiée au
patriotisme des helléens qui ont le droit et le devoir de résister par tous les moyens contre
personne entreprenant son abolition par la violence. »

§2. Le contrôle par un organe politique

Le contrôle par un organe politique est le système dans lequel, une assemblée
politique est chargée de contrôler la constitutionnalité des lois e manière préventive par les
mécanismes de régulations interne et mutuelle : le droit de veto, motions de censure ou de
défiance, l'interpellation....

Mais ces techniques sont souvent aléatoires, car elles relèvent de l'auto-
limitation. Elles sont sauvent théoriques au même inefficaces surtout Inefficaces surtout
lorsqu’il y a coïncidence des majorités présidentielle et parlementaire. Le parlement,
transformé en une caisse de résonance des décisions de l'exécutif, n'ose pas annuler un acte
ayan force de loi qui violerait la constitution.

Section 2 : Le contrôle par un organe juridictionnel

Ce contrôle est celui qu'assure le juge en vertu de son pouvoir de gardien de la


loi et de l’ordre public. L'opération se réduit à une analyse de conformité entre la norme de
référence, c'est-à-dire la constitution (préambule inclus) et les normes contrôlées.

Le contrôle juridictionnel est réalisé par deux modalités

- contrôle par voie d'action,

- contrôle par voie d'exception.


§1. Contrôle par voie d'action

Par ce contrôle dit objectif, le requérant demande directement au juge


l'annulation I dé loi pour inconstitutionnalité (contrôle a priori) ou de la censurer (contrôle a
posteriori). Il s'agit donc d'un procès objectif ou abstrait fait à la loi. La loi inconstitutionnelle
sera annulée ex tunc c'est-à-dire qu'elle sera supposée n'avoir jamais existée et cette
annulation vaut erga, omnes c'est-à-dire à l'égard de tous les citoyens qui en bénéficient.

§2. Le contrôle par voie d'exception

Le contrôle par voie d'exception ou contrôle subjectif ou encore concret


s'effectue au cours d'un litige, l'une des deux parties demande au tribunal de ne pas faire
application de la loi évoquée par l'autre partie, l'estimant contraire à la constitution on parle
alors de l'exception d'inconstitutionnalité.

Cette question devra être tranchée avant que le juge ne statue sur le fond. Ce
contrôle est donc un incident qui vient se greffer sur la procédure principale. C'est ce qui
ressort de l'analyse de l'article 162 de la constitution du 18 février 2006.

Ce contrôle ne conduit pas à l'annulation de la loi, mais seulement à la mise à


l'écart « hic et nunc » de la loi dans les cas

Section 3. Les applications du contrôle de constitutionnalité

On distingue deux systèmes :

- Américain et
- Européen.

§1. Le système américain

Aux Etats-Unis, tous les tribunaux depuis le plus modeste jusqu'à la cour
suprême peuvent contrôler la constitutionnalité des lois. Ils le font à l'occasion de n'importe
quel procès. Le problème de la constitutionnalité s'ajoute donc indirectement au procès, le
juge est saisi par voix d'exception. Il s’agit d'un contrôle diff us ; ce modèle a été transposé au
Canada, Mexique, au Brésil, Argentine et au Japon.
II n'était pas prévu par la constitution de 1787; il s'est développé à l'initiative
des tribunaux eux-mêmes, à partir de 1803, à l'occasion de l'affaire Marbury contre Madison.
Marbury demandait à la cour suprême l'application par le gouvernement fédéral d'une
décision de nomination dont il était le bénéficiaire. Le juge MARSHALL qui présidait la
cour, recevra la demande de Marbury, mais tout en la considérant comme non fondée; il
reconnut et posa le principe fondamental de contrôle de constitutionnalité de loi par voix
juridictionnelle. « Nous sommes régis par la constitution, mais celle-ci est ce que les juges
disent qu'elle est.» Dira le chief justice Hughes en 1937.

§2. Le système européen

C'est le professeur de droit public autrichien Hans Kelsen qui est à l'origine de
ce système. Dans sa conception. L'Etat n'est qu'un ensemble de normes hiérarchisées, et la
constitution est au sommet de la hiérarchie. Ainsi, il faut faire respecter l'autorité de la
constitution par une juridiction unique. Kelsen a eu une idée de la faire respecter par un
tribunal créée spécialement à cet effet et la constitution autrichienne de 1920 a mis ce projet
en application.

Les constitutions Tchécoslovaque de 1920, et Espagnole de 1931 vont


emboîter le pas à la constitution Autrichienne.

En 1970, le Portugal et la Grèce vont se doter également de juridictions


constitutionnelles. L'Allemagne et l'Italie ont suivi après la 2e guerre mondiale. La France
s'est dotée dès 1958 d'une juridiction constitutionnelle. Il en est ainsi pour les pays africains
francophones.

En République Démocratique du Congo, la cour constitutionnelle est l'unique


juge de l'exception d'inconstitutionnalité.

Il faut dire qu'il y a possibilité de combiner les deux méthodes, mais tout est
question de l'environnement politique et de la dextérité des juges.

En définitive, le contrôle de constitutionnalité est le reflet par excellence de la


saisine de la politique par le droit, mieux de la juridicisation et la judiciarisation de la vie
politique. Ces glissements font craindre l'émergence du « gouvernement des juges ». Mais il
faut se méfier davantage d'un « gouvernement sans juges » au sein duquel la force attachée à
une dictature de la majorité politique supplante celle du droit. Le contrôle de
constitutionnalité nous permet de dire qu'on n'a pas juridiquement tort, parce qu'on est
politiquement minoritaire.
TITRE IV
L'AMENAGEMENT DU POUVOIR POLITIQUE

Dans un groupe social le pouvoir politique peut être exercé par un seul homme,
chef de tribu, dans un petit groupe social, par le président de comité, et par un patron ou
gérant dans une petite entreprise.

Mais lorsque le groupe s'étend, l'articulation du pouvoir devient complexe.


Aussi pour des raisons d'efficacité, il faut le structurer, l'organiser ou le diviser
nécessairement entre plusieurs acteurs.

A cet impératif de nécessité et d'efficacité se greffe la dimension


philosophique: la théorie de la liberté politique qui ne peut être garantie que par une certaine
distribution des pouvoirs. La séparation des pouvoirs est le principe d'organisation politique
selon lequel une même autorité publique ne doit pas exercer toutes les fonctions. Tout homme
tend à aller jusqu'au bout de son pouvoir, notait Thucydide. Car, dit Lord Acton « le pouvoir
rend fou, le pouvoir absolu rend absolument fou ». Ainsi si nécessairement, la puissance de
l'Etat est une, elle doit s'exprimer par plusieurs bouches ou par divers organes.

L'analyse de ce titre s'articule autour de deux chapitres :

- Théorie de séparation des pouvoirs (Chapitre I).


- Agencement des pouvoirs (Chapitre II).
CHAPITRE I
LA THEORIE DE LA SÉPARATION DES POUVOIRS

SECTION1 : FONDEMENT HISTORIQUE DE LA THEORIE DE

SEPARATION DES POUVOIRS

§1. ORIGINE

L'assaut contre l'absolutisme est une préoccupation permanente des


philosophes. Au commencement il y a Aristote. Dans son ouvrage « le politique», dans
l'optique d'une division technique, il croit utile d'opérer une distinction entre les trois
catégories de pouvoir. Aussi, il écrit : « dans tout gouvernement il y a trois pouvoirs
essentiels à chacun desquels le sage législateur doit faire place de la manière la plus
convenable. Le premier de ces trois pouvoirs est celui qui délibère sur les affaires de
l'Etat; le deuxième comprend toutes les magistratures ou pouvoirs constitués, c'est-à-
dire ceux dont l'État a besoin pour agir ; le troisième embrasse les offices de
juridiction »1 .

Cette approche sera approfondie par John Locke dans son « Traité sur le
gouvernement civil » publié en 1690. Il écrit « ce serait provoquer une tentation trop
forte pour la fragilité humaine sujette à l'ambition, que de confier à ceux -là même qui
ont déjà le pouvoir de faire des lois, celui de les exécuter. C'est pourquoi on en vient
à séparer le pouvoir législatif et le pouvoir exécutif ». En définitive, il distingue dans
l'Etat trois catégories de pouvoirs : le pouvoir exécutif, le pouvoir législatif et le pouvoir
fédératif; pour Locke, qui ne parle pas encore du pouvoir juridictionnel, le pouvoir
législatif doit être clairement séparé des autres pouvoirs. En revanche, le pouvoir
exécutif et le pouvoir confédératif doivent être réunis. Sa théorie sera enrichie par
Montesquieu dans son livre intitulé « Esprit des lois » publié en 1748.

En effet, selon les propres mots de Montesquieu, « c'est une expérience


éternelle que tout homme qui a du pouvoir est porté à en abuser » ; il va jusqu'à
trouver des limites pour que l'on ne puisse pas abuser du pouvoir, il faut que, par la
disposition des choses, « le pouvoir arrête le pouvoir».

1
Artiste, politique, VI, XI, I, Paris, Garnies-flammation, 1993.
Aussi, afin de proscrire l'absolutisme royal, Montesquieu développe « une
théorie de la liberté politique, garantie par une certaine distribution des pouvoirs». Il
écrit dans le livre XI, chapitre 6 intitulé « De la constitution d'Angleterre »: « tout serait
perdu si le même homme, ou le même corps des principaux, ou des nobles ou du peuple,
exerçaient ces trois pouvoirs: celui de faire des lois, celui d'exécuter, de discuter les
résolutions publiques, et celui de juger les crimes ou les différends des particuliers ».

Cette vision dégagée de la pratique politique anglaise selon Montesquieu


avait largement inspiré les constituants Américains de 1787 qui distribuent les fonctions
de l'Etat à des organes indépendants en vue d'assurer l'équilibre des pouvoirs: « cheks
and balances »; « freins et contrepoids ».

La révolution française, par l'article 16 de la déclaration des droits de


l'homme et du citoyen de 1789, proclamera : « toute société dans laquelle la garantie des
droits n'est pas assurée, ni la séparation des pouvoirs déterminée n’à point de constitution
».
§2. Systématisation de la théorie de la séparation des
pouvoirs

De nos jours encore, le principe de séparation des pouvoirs connaît


toujours un immense prestige, il est en fait un credo de la démocratie libérale » affirme
Gaudemet1. On parle d'un « mythe fondateur », car sans la séparation des pouvoirs, il n'y a
que le despotisme.

Selon Michel Troper, « une constitution qui instituerait des autorités non
spécialisées et non indépendantes les unes à l'égard des autres n'en serait pas une »2 . Aussi,
il est consacré par la plupart des constitutions modernes et perdure un peu partout et fait
figure de principe constitutionnel sanctionné par les juridictions; même si certains
croyaient qu'il a épuisé sa fonction historique. Ainsi, en R.D. Congo, le principe de la
séparation des pouvoirs a toujours été parmi les lignes maîtresses qui ont caractérisé
les différentes constitutions ayant régi notre pays.

1
Gaudernet, P. M., La séparation des pouvoirs, mythe et réalité, in Chronique xxiii, Dalloz,
1961, p.121 et suivantes.
2
Cité Heymann-Doat A., Libertés publiques et Droits de l'Homme, Paix, LGDJ, Paris, 2000,
p.124.
Cependant, il sied de noter que la puissance mythologique de ce principe est
remise en cause aussi bien sur le plan théorique et que pratique.

SECTION 2 : REMISE EN QUESTION DE LA THEORIE DE LA


SEPARATION DES POUVOIRS

§1. Sur le plan théorique

Le mythe de la séparation des pouvoirs a fait l'objet d'une contestation en


règle. On estime que cette théorie est une « illusion historique », un modèle « purement
imaginaire ». Eisenmann C. et Léon Duguit évoquent donc une « théorie théologique », un
mystère de la trinité politique, simple reproduction de celui de la trinité divine. D'ailleurs
selon Montesquieu, l'essence du pouvoir d'Etat, ne saurait se partager ; aussi il n'a jamais
utilisé l'expression « séparation des pouvoirs ». Cependant, pour qu'il fonctionne
efficacement, le pouvoir peut être distribué entre différents organes spécialisés, qui sont
complémentaires et doivent « aller de concert ».

§2. Sur le plan pratique

On considère de plus en plus la théorie de Montesquieu comme inapte à


rendre compte de la réalité de l'organisation du pouvoir aujourd'hui. Les pouvoirs ne sont
guère spécialisés dans leurs fonctions, le pouvoir exécutif ayant absorbé une partie de la
fonction d'édicter les normes du Parlement. Tandis que le pouvoir législatif voit sa fonction
d'édicter réduite au profit d'une fonction de contrôle et de délibération. Bien plus, la
séparation, même organique, disparaît avec le phénomène partisan dès lorsqu'un parti
dominant occupe le gouvernement et la majorité du parlement. Seule, dès lors, l'opposition
assure la fonction de contrôle. Les pouvoirs, enfin, se sont multipliés et on ne peut analyser
la vie politique moderne sans prendre en compte les partis, les médias, et surtout un juge
indépendant.

Dans toutes les démocraties contemporaines, la séparation des pouvoirs


repose en réalité sur la distinction que l'on doit faire entre la fonction d'impulsion assurée
par l'Exécutif et la fonction de contrôle exercée par les assemblées parlementaires ou encore
la faculté de statuer et la faculté d'empêcher.
SECTION 3 : VALEUR ACTUELLE DE LA THEORIE DE
SEPARATION DES POUVOIRS

Aujourd'hui, la théorie de la séparation des pouvoirs ne mérite en réalité ni


L'excès d'honneur, ni cette indignité ;Elle demeure néanmoins le socle du fonctionnement des
démocraties modernes une des recettes les plus fameuses de la science politique libérale, qui
doit être analysée en tenant compte des modalités de limitation des pouvoirs expérimentées
sous d'autres cultures notamment africaines qui consacrait plutôt la théorie de différenciation
de pouvoirs: pouvoir spirituel versus pouvoir politique, pouvoir sur les hommes versus pouvoir
sur la terre. Ici, il est dit que la meilleure façon d'exercer le pouvoir est de le partager. Les
lubas disent : « bukalenge budi tshinsangi sangi, badi kumutu bakuate, badi kumikolo
bakuate. Nankupatukuata bualu, tuamanya mua kubuamba ». Littéralement « le pouvoir est
consubstantiel du partage. Il faut que les uns le tiennent par la tête, les autres par les
membres, de telle sorte qu'en cas des problèmes, que l'on sache quoi faire et comment faire. »1

En définitive, l'intérêt du principe de la séparation- des pouvoirs n'est pas


seulement dans le fait que c'est une technique constitutionnelle qui permet d'éviter le
despotisme par la protection plus accrue des droits des individus ; par le fait qu'il constitue un
moyen de sauvegarde de l'indépendance ou de l'autorité du pouvoir judiciaire, socle de l'Etat
de droit, mais aussi il présente l'intérêt pédagogique de nous offrir le -critère de classification
des régimes politiques par, une déclinaison des différentes modalités d'agencement des
pouvoirs.

1
Tshiyembe Mwayila, Etat Multinational et démocratie Africaine, Paris, L’Harmattan, 2001.
CHAPITRE II : L'AGENCEMENT DES POUVOIRS

Montesquieu distingue trois fonctions différentes

- la fonction législative (élaboration des règles générales) ;


- la fonction exécutive (exécution des règles générales) et
- la fonction juridictionnelle (règlements des litiges).

Ainsi l'exercice de chaque fonction correspond à un pouvoir : le pouvoir


législatif, le pouvoir exécutif et le pouvoir judiciaire. L'analyse classique se limite à
l'agencement et à l'articulation des pouvoirs législatif et exécutif. Montesquieu
considérait le pouvoir juridictionnel comme « invisible et en quelque sorte nul », il
doit rester indépendant afin de préserver l'équilibre mais surtout garantir les libertés
individuelles. Aussi, on parle de l'autorité juridictionnelle car le juge n'a pas pour fonction
principale d'édicter des normes, il dit la loi.

Le présent chapitre est divisé en deux sections :

- éléments d'agencement des pouvoirs (section 1) ;


- modalités d'agencement des pouvoirs (section 2).

SECTION 1 : ELEMENTS D'AGENCEMENT DES POUVOIRS

S'appuyant sur les pertinentes idées de Montesquieu, nous pouvons dégager le


triptyque suivant :
- la puissance législative : le pouvoir d'élaborer les lois, de les
modifier et de les abroger ;
- la puissance exécutive : le pouvoir de faire exécuter les lois ;
- la puissance de juger : le pouvoir de punir les infractions et de
juger les différends.
§1. Le pouvoir exécutif

Le terme gouvernement pouvant prêter à confusion, on désigne cette


branche du pouvoir par le terme exécutif qui se réfère à la tâche accomplie par ses
organes.

La notion, la structure, le rôle du pouvoir exécutif font l'objet du


développement ci-dessous.

A. Notion

La notion de pouvoir exécutif est fort vague

- au sens matériel, il évoque l'exécution des lois ;


- au sens organique, il renvoie à l'autorité politique chargée d'exécuter les
lois.

B. Structure de l'Exécutif

Au cours de l'histoire, l'exécutif s'est présenté sous des formes bien différentes

- L'exécutif moniste,
- l'exécutif dualiste

1. L'exécutif moniste ou monocéphale: l'Exécutif est moniste ou monocéphale


quand toutes les compétences de l'exécutif sont dévolues à un seul organe.

Il peut prendre deux formes

a. L'Exécutif moniste unipersonnel ou monocratique : le pouvoir exécutif est


confié à un homme seul. On cite souvent le cas du président des États -Unis à la fois
chef de l'État et chef du gouvernement.

b. L'exécutif moniste collégial : l'expression "exécutif collégial" désigne un


exécutif dans lequel plusieurs personnes sont associées pour gouverner.

Il y a plusieurs types d'exécutif moniste collégial :

1. .le diumvirat comme à Rome où on a connu le système de deux consuls;


2. le triumvirat : le cas de Pompée, César et Crassus à Rome ; le cas de Apithy,
Omadegbe et soglo au Benin.
3. le directoire : le principe du directoire est que toutes les décisions sont prises
par un groupe d'hommes ou comité. En théorie, il y a égalité c'est-à-dire pas de
préséance, pas de suprématie, pas de spécialisation des affaires. Outre l'égalité, il
y a la collégialité : aucun des membres ne peut décider sans l'accord de l'autre.
Mais dans la pratique, il y a toujours un qui s'affirme.

2. L'Exécutif dualiste ou bicéphale : il y a exécutif dualiste lorsque les


compétences de l'exécutif sont partagées entre deux organes : un chef de l'Etat et un
gouvernement. Il peut y avoir une nette prépondérance du gouvernement, avec à sa tête
le premier ministre, sur le président ou monarque (régime parlementaire), parfois il
existe une nette prééminence du Président de la République ou chef de l'Etat sur le
premier ministre et son gouvernement (régime présidentiel) `

C. Rôle de l'exécutif

Les compétences de l'exécutif sont énumérées dans la constitution.


Celle-ci fixe les attributions du chef de l'Etat et ou du Gouvernement. On distingue les
fonctions traditionnelles et des tendances récentes de l'évolution de l'Exécutif.

1. Les fonctions traditionnelles de l'exécutif

On distingue la fonction administrative et la participation à la fonction législative.


- Au plan administratif, l'exécutif assure l'exécution des lois, la direction de
l'administration et exerce des compétences dans l'ordre international et en matière militaire.
- Au plan de la participation à la fonction législative l'exécutif exerce une
influence significative sur la fonction législative. Ce qui modifie son évolution actuelle. On
parle même de l’absorption de la fonction législative par la fonction exécutive ; car le
parlement n’exerce plus seul la fonction législative, il y a délégation du pouvoir législatif.
2. Tendances récentes de l'évolution de l'exécutif

Il est observé une tendance générale au renforcement de l'exécutif. En effet,


outre sa transformation par l'absorption de la fonction législative, le développement, la
complexité et la technicité des interventions étatiques dans la vie socio-économiques, la
démocratisation de la vie politique sur fond de nouvelles techniques de communication
et la gestion de l'image ont amplifié le phénomène de la personnalisation du pouvoir.
Cette expression couvre deux notions différentes: le pouvoir personnalisé et le pouvoir
personnel.

- Le pouvoir personnel désigne une réalité institutionnelle : une seule personne


contrôle ou concentre tous les pouvoirs, tous les attributs de la souveraineté. Elle
maîtrise la totalité des rouages de l'appareil de l'Etat. C'est le problème, bien connu de la
confusion des pouvoirs ou la dictature contemporaine.

- Le pouvoir personnalisé ne concerne non le domaine institutionnel, mais la


psychologie sociale. Un personnage symbolise, incarne la nation, l'Etat, le parti, etc. Il
s'identifie au groupe qui se reconnaît en lui. C'est un phénomène sociologique
consécutif au mode de suffrage universel et à la liaison entre la politique et les médias.
Ces derniers instaurent une « démocratie directe », permettant une relation instantanée
voire affective entre le pouvoir exécutif et les citoyens.

Ainsi, il peut y avoir personnalisation sans qu'il y ait pouvoir personnel (W.
Churchill, J. Kennedy, Barack Obama). A l'inverse il 1peut y avoir pouvoir personnel
sans personnalisation (les dictatures froides ou cyniques)

§2. Le Parlement ou l'Assemblée

Le parlement est le principal organe législatif. Il importe donc, à ce stade


d'analyse, d'en cerner la notion, les structures et les fonctions.

1
Sur celle question de personnalisation du pouvoir, lire R.G. Schwartzehberg, l'Etat spectacle. Essai
sur et contre « le star system »en politique, Flammarion, 1977.
A. Notion

Le parlement, « lieu où l'on parle », organe par excellence de la démocratie


représentative est un organe collectif, composé, d'un nombre assez élevé des membres
chargés d'édicter des lois selon une certaine procédure et de contrôler l'exécutif.

B. Structures des parlements

On peut classer les assemblées suivant deux critères

1. le mode de désignation : on distingue alors dans ce cas des assemblées élues,


héréditaires, cooptées, ou nommées par l'exécutif ;

2. la structure: le parlement peut être monocaméral ou bicaméral. La seconde


chambre peut être fédérale: elle a alors pour rôle de représenter, au niveau
national, les Etats fédérés; ensuite, elle peut aussi être démocratique: elle a
pour mission de faire entendre la voix dans un Etat unitaire et les attentes
des collectivités locales face au pouvoir central; enfin elle peut être
aristocratique et corporative: elle a pour devoir de représenter une classe
sociale ou des intérêts économiques.

C. Fonctions des parlements

Il faut d'entrée de jeu avouer que les fonctions classiques du parlement on sub
un déclin qui appelle obligatoirement une requalification de l'activité parlementaire.

1. Les fonctions traditionnelles

Les fonctions traditionnelles des parlements sont

- la fonction législative : d'un point de vue organique, la loi est définie


comme l'acte édicté par le parlement suivant la procédure législative en
vigueur ;
- la fonction financière : l'élaboration de la loi des finances (autorisation)
et le contrôle du budget caractérisent les pouvoirs financiers du
Parlement.
- La fonction de désignation de l'Exécutif : cette fonction s'exerce parfois
par une participation à l'existence de l'exécutif, soit que le parlement
participe à la désignation du Chef de l'Etat, soit que le parlement
participe à la désignation du Chef du
gouvernement et des ministres suivant différentes formules qui impliquent un accord ou
une approbation préalable ou postérieure. Parfois la chambre basse élit le Chef du
Gouvernement (élection du Chancelier allemand par le Bundestag).

- La fonction de contrôle de l'Exécutif : le contrôle de l'action de l'exécutif, se


manifeste par la mise en jeu éventuelle de la responsabilité politique du Gouvernement, et
par le recours à diverses procédures, telles que l'interpellation, les questions écrites,
orales avec ou sans débat, les questions d'actualité, les interpellations et les commissions
d'enquête.

- La fonction judiciaire à l'égard de l'exécutif : le législatif peut traduire les


membres de l'Exécutif devant les juridictions ordinaires ou se constituer directement en
juridiction. C'est le cas du sénat aux Etats-Unis, la Chambre des lords Britannique, la
haute Cour de justice en France...).

- La fonction de sélection est sans doute la plus discrète mais pas la moins
utile: les assemblées parlementaires remplissent une activité de formation et de sélection du
personnel politique et gouvernemental.

Mais le rôle du Parlement a subi un déclin.

a. Déclin des fonctions parlementaires traditionnelles

Les fonctions traditionnelles des assemblées sont sensiblement réduites par


l'extension croissante des compétences de l'exécutif qui reposent sur les considérations ci-
après :

- Le déclin de la fonction de législation: traditionnellement exercée par le


parlement, la fonction de législation a été en partie confisquée par
l'exécutif. Le parlement est l'objet d'un double dessaisissement, par le
bas et par le haut, de ses compétences législatives. Dans les Etats
unitaires, la décentralisation a été renforcée au point de priver le
Parlement d'une partie de son pouvoir législatif au profit des
collectivités régionales. Dans les ensembles supra-nationaux, le déclin
des compétences législatives du Parlement est parfois considérable
puisque le droit communautaire dérivé entre directement dans
l'ordonnancement juridique des Etats membres: le principe de
l'immédiateté et de la supranationalité.
- Le déclin des fonctions financières : dans les démocraties modernes, les
Assemblées ont souvent perdu l'initiative des dépenses ; de plus, les
dispositions du projet de loi peuvent être mises en vigueur par
ordonnance (France et dans les Pays Africains francophones). Le
phénomène de débudgétisation s'est développé.

Cependant le parlement conserve un rôle fondamental.

b. Les nouvelles fonctions des parlements

Les parlements ont perdu leurs rôles traditionnels, notamment la fonction


principale du pouvoir législatif. Actuellement on parle dit pouvoir délibérant.

le rôle de représentions nationale : élus de base, ils sont au quotidien plus


proche de la population par rapport aux autres structures élues qui peuvent être happées
par les bureaucraties et les technostructures.

Le pouvoir délibérant : par la réflexion et le débat au -sein des parlements.

- Le pouvoir de contrôle politique : le parlement conserve son rôle de contrôle de


l'action gouvernementale. C'est sans doute une fonction devenue essentielle dans les
parlements contemporains.

Même lorsqu'elle est cohérente, la majorité exerce toujours, à partir du


parlement, une pression centripète sur son équipe « qui joue», pression qui devient
centrifuge lorsque la coalition est composite et fragile.

Quant à l'opposition, elle utilise l'Assemblée comme tribune pour se faire


entendre, émettre des propositions ou gêner 'action gouvernementale.

Aussi, la séparation des pouvoirs passe désormais « entre la « majorité »


(exécutif+parlementaires de la majorité) qui gouverne et « l'Opposition»
parlementaire qui
contrôle au moyen des questions écrites, des questions orales, et des travaux des commissions
parlementaires »1.

Au fond, le déclin des assemblées est certain mais il reste relatif, car les
Assemblées demeurant irremplaçables dans un système démocratique.

Aussi l'aménagement du pouvoir ou la classification des régimes continue à être


la résultante des rapports entre l'exécutif et le parlement.

SECTION II. MODALITES D'AGENCEMENT CLASSIQUE DES


POUVOIRS PUBLICS OU LES RÉGIMES POLITIQUES

La constitution établit deux organes : l'organe législatif et l'organe exécutif. Il


reste à se demander quels seront les rapports entre les deux, rapports qui nous donnent
les formes du gouvernement, les structures du gouvernement ou encore les régimes
politiques.

Le mot « régime » vient du latin « regimen » qui signifie, organisation,


ensemble des règles. Couplé avec le concept politique, il est défini par Maurice Duverger
comme « un ensemble complet d'institutions coordonnées ou articulées qui se réfèrent à la fois au
fondement du pouvoir, au choix de gouvernants, à leurs relations et à leurs limitations. »

La notion de régime politique est proche du système politique : « ensemble


plus large que le terme régime politique, comprenant l'agencement coordonné non pas
seulement des institutions, mais aussi des relations entre le régime avec le système social,
économique, technique, culturel, idéologique, et environnemental ».

Olivier Duhamel définit le régime politique comme « un ensemble des règles


constitutionnelles relatives à l'attribution et à la révocation des pouvoirs ; et le « système »
comme l'exercice du pouvoir tel qu'il résulte de la pratique institutionnelle dominante. »2

C'est dans la même perspective que le Professeur Djelo E.O. définit le


régime politique : « un ensemble des rapports qu'entretiennent les pouvoirs publics entre
eux, plus spécialement

1
Champagne, G., l'Essentiel du Droit Constitutionnel, Paris, Gualino Editeur, 2004, p.84.
2
Duhamel, O, Le Droit Constitutionnel, 2 Les Démocraties, Paris, Seuil, 2000, p.346.
Entre le pouvoir législatif (le parlement) et le pouvoir exécutif (gouvernement) »1 .

De ces rapports se dégagent la typologie classique des régimes politiques


(§1) ; par ailleurs, avec l'émergence des partis politiques naît une typologie moderne
(§2) ; laquelle combinée avec la première engendre la typologie systémique (§3).

§1. Typologie classique des régimes politiques


A. Présentation de la typologie

La classification traditionnelle des régimes politiques est fondée autour


des rapports entre les trois pouvoirs, rapports découlant de la théorie de séparation
élaborée par Montesquieu. Ainsi cette séparation peut-être tranchée ou rigide, elle aboutit
à leur indépendance dans le cadre du régime présidentiel dont le modèle-type est celui
des Etats-Unis d'Amérique. Cependant cette séparation peut être nuancée, souple ou
atténuée organisée dans ne perspective de collaboration des pouvoirs qui débouche sur le
régime parlementaire, appelé également le gouvernement de Cabinet. Mais ces pouvoirs
peuvent être en confusion dans une séparation formelle des pouvoirs, une confusion
pouvant se faire soit au profit de l'Assemblée, c'est le régime d'assemblée avec comme
la démocratie de concordance suisse soit au profit de l'Exécutif dont l'exemple type
est le modèle Mobutiste du 15 Août 1974 et Kabiliste du 27 mai 1997.

Une tendance actuelle estime pouvoir faire marcher les éléments du


régime parlementaire et du régime présidentiel : le régime mixte qui est à la fois semi-
présidentiel semi-parlementaire sont le prototype serait la Constitution française de 1958.

B. Analyse des différents régimes politiques


1. Le régime de confusion des pouvoirs

Avant d'épiloguer sur les formes de confusion des pouvoirs, il importe d'en
dégager la définition.

1
Djeclo, E.O., Droit Constitutionnel et Institutionnels Politiques, Faculté de Droit, Cours polycopie, Unikin,
1985-1986, p.105.
a. Définition

Les régimes de confusion sont par définition, contraires aux préceptes


posés par Montesquieu ; ces régimes se réalisent lors qu'un même organe
constitutionnel exerce, soit de manière légale, soit arbitrairement les principales
fonctions de l'État.

Un organe unique cumule les trois fonctions. Il n'y a qu'un seul organe
gouvernemental dans l'Etat; tous les autres ayant un caractère administratif. Il est
investi d'une multiplicité des fonctions: législative, exécutive, et très souvent
juridictionnelle.

b. Formes de confusion des pouvoirs

On distingue deux types de confusion des pouvoirs en tenant compte du critère


organique ou du critère matériel.

b1. Classification matérielle des régimes de Confusion des pouvoirs.

Cette classification tient compte de l'étendue de la confusion des pouvoirs qui


peut être absolue lorsqu'on a un organe unique multifonctionnel. On peut citer, à titre
indicatif, la loi constitutionnelle n°74/020 du 15 août 1974 consacrant le mobutisme et la
plénitude des pouvoirs au sein du mouvement populaire de la révolution ; le décret-loi n°003
du 27 mai 1997 portant fonctionnement et exercice des pouvoirs publics.

En outre, cette confusion du pouvoir est souvent relative. Elle se réalise


lorsque les organes gouvernementaux sont étroitement subordonnés de telle sorte l'un d'entre
eux est investi de tous les pouvoirs de décision avec une multiplicité apparente.

On cite la Constitution française de 1793 dite montagnarde inspirée par la


convention, approuvée par referendum institue la confusion des pouvoirs au profit du corps
législatif qui dispose du pouvoir exécutif.

b2. Classification organique de confusions des pouvoirs

Cette classification a pour critère l'organe bénéficiaire, de la confusion. Ainsi


la confusion peut être organisée soit au profit du parlement (régime d'assemblée ou
conventionnel), soit au profit de l'exécutif (régime de concentration des pouvoirs ou
dictatorial ou encore autoritaire).
c. a confusion des pouvoirs au profit de l'exécutif ou le
régime de concentration des pouvoirs
Le régime de confusion des pouvoirs au profit de l’exécutif peut prendre
des formes variées. On distingue :
- les formes anciennes et
- les formes modernes.

1. Formes anciennes

La confusion des pouvoirs au profit de l'exécutif apparaît comme la forme


élémentaire et primitive du pouvoir politique qu'on trouve dans les sociétés : « la
monocratie » qui est le régime où le pouvoir est détenu et exercé par un seul homme.

Comme formes anciennes de confusion des pouvoirs tous retenons

- La monarchie absolue. C'est lorsque tous les pouvoirs sont détenus par un
seul homme, par hérédité ou par volonté divine.
- La tyrannie. C'est lorsqu'un seul homme détient le pouvoir pour son propre
et seul intérêt, alors que le pouvoir monarchique est organisé par un certain nombre
des règles morales ou religieuses, notamment des « lois fondamentales du royaume que
le roi doit respecter. »

- La dictature ancienne : la confusion des pouvoirs est exercée par un homme


pour un temps déterminé et pour un objectif déterminé.

2. Les Formes modernes

Les formes contemporaines de confusion des pouvoirs au profit de


l'exécutif sont désignées par le terme générique et péjoratif de dictature. Cette
modalité prend plusieurs contours ou détours mais on se trouve en face « d'un régime
dans lequel un homme ayant accédé au pouvoir par la force concentre la totalité les pouvoirs et
prétend poursuivre l'intérêt public, un intérêt ayant été défini par lui. Ces dictatures sont
permanentes, c'est-à-dire jusqu'à la mort ou à son renversement »1.

1
Debbasch, C., et allii, Droit Constitutionnel, op.cit., p.148.
Dans cette perspective, on peut distinguer deux types de dictatures:

- les dictatures militaires : ce sont des régimes de concentration des


pouvoirs entre les mains d'un militaire, parfois d'un civil. Mais l'essence formelle ou
réelle du pouvoir est l'armée. Cette dictature se prétend être une solution à une
situation de crise politique et sociale.
- les dictatures totalitaires : ce sont des régimes de concentration des
pouvoirs entre les mains d'un homme soutenu par un parti qui se donne pour objectif
soit de changer la société (dictature révolutionnaire), soit de lutter contre le
changement de la société (conservatrice ou fasciste).

- les dictatures composites : ce sont des dictatures ou prédatocraties qui


recourent à plusieurs recettes, les unes archaïques, les fidélités ethniques
traditionnelles, les mécanismes de contrainte des partis révolutionnaires, la
propagande raffinée, la violence armée et des services secrets ...

b. Le régime de Confusion des pouvoirs au profit de L'Assemblée ou le Régime


d'Assemblée ou conventionnel

Nous allons commencer par le définir, ensuite dégager ses caractéristiques


et enfin examiner ses applications.

1. Définition

Nous retenons deux définitions : une définition large et une autre restreinte.

- Au sens large

Au sens large, on désigne par régime d'Assemblée, tout régime dans lequel
les assemblées ont reçu de la constitution ou ont pris en fait une prépondérance politique
sur le gouvernement.
On a souvent cité la troisième et la 4eme République française, qui étaient
des régimes parlementaires.

- Au sens strict

Le Régime d'Assemblée doit s'étendre du système dans lequel l'Exécutif est


contraint de se plier aux volontés de l'assemblée sans pouvoir démissionner puisqu'il
n'est qu'un exécutant ou une émanation.
Dans un tel régime, le gouvernement est « le commis de l’Assemblée ». En
suisse, c’est l’assemblée fédérale qui exerce l’autorité suprême de la confédération ; elle élit le
conseil fédéral.

2. Caractéristiques

La subordination de l’exécutif à l’Assemblée se caractérise par trois éléments :

1. La forme collégiale de l’exécutif

L’exécutif comprend plusieurs personnes avec des pouvoirs égaux. Cela


l’affaiblit encore un peu plus en évitant la personnification du pouvoir ou le pouvoir personnel
et en favorisant une diffusion des pouvoirs.

2. La nomination de l’exécutif par l’Assemblée

Les membres de l’exécutif sont nommés et révoqués par l’Assemblée. Cette


caractéristique est celle qui manifeste le plus la prépondérance de la deuxième sur le premier.

3. Le droit pour l’Assemblée de censurer l’Exécutif sans possibilité pour


l’exécutif de démissionner.

L’Assemblée dicte sa conduite à l’exécutif. Il peut voter sa défiance, mais


l’exécutif ne peut se démettre pour autant. Il doit tout simplement infléchir sa politique pour
se conformer à la volonté des parlementaires.

3. Applications

Il faut distinguer les applications historiques et les applications actuelles.

3.1. Applications historiques

L’histoire constitutionnelle nous offre quelques exemples :

- Le système mis en place par la constitution montagnarde du 24 juin 1793, le


régime de la convention tel qu’il a fonctionné entre 1792 et 1795 ;
- le système de gouvernement soviétique pouvait également être considéré comme
un gouvernement d'Assemblée. Tous les pouvoirs appartenaient théoriquement au soviet
suprême et le gouvernement n'était qu'un organe subordonné. Mais en réalité toutes les
institutions de l'Etat, soviet suprême praesidium du soviet suprême, conseil des ministres
étaient subordonnés au parti communiste plus précisément au Comité central du pecus. La
confusion des pouvoirs bénéficiait au comité central, plus précisément au Secrétaire
Général du Parti qui exerçait la réalité du pouvoir.

3.2. Application présente

Le régime suisse est le seul exemple contemporain qui puisse être donné
comme exemple du régime d'assemblée (constitution du 29 mai 1874 remplacée par
celle du 18 avril 1999).

Le gouvernement est inféodé au parlement qui lui adresse des


interpellations, des postulats et des motions dans le but d'infléchir sa politique. En
revanche le gouvernement ne dispose d'aucun moyen de pression sur l'Assemblée
fédérale : il ne peut dissoudre les chambres.

Mais en réalité le régime d'Assemblée n'a jamais fonctionné: il s'agit en fait


d'un gouvernement directorial: élus pour 4 ans, les conseillers fédéraux restent en
fonction en moyenne 12 ans parfois 30 ans. Ainsi le Gouvernement bénéficie d'une liberté
d'action d'autant plus que le parlement ne siège que trois mois par an. Ainsi «si le Régime
est d'assemblée, le Système ne l'est pas. »

Voilà pourquoi la doctrine estime que le régime d'assemblée est un mythe ou


une utopie.

c. Le Régime de séparation stricte des pouvoirs ou le


régime présidentiel

Le régime de séparation stricte ou rigide des pouvoirs appelé également


Présidentiel, concept forgé par Bagehot Walter, auteur Britannique, pour l'opposer au
gouvernement britannique de Cabinet, est une systématisation de l'observation du
fonctionnement de la Constitution Américaine de 1787.
a. Définition

Le régime présidentiel est celui dans lequel les pouvoirs s'absorbent dans
leurs fonctions respectives et s'isolent l'un de l'autre dans une spécialisation
fonctionnelle et irrévocabilité mutuelle.

b. Organisation des pouvoirs publics

La charpente ou la structure d'un régime présidentiel est simple sinon


rudimentaire à la limite.

b l. Un exécutif monocéphale

Le pouvoir exécutif est confié à une seule et même personne, le président


de la République qui cumule les attributions de chef d'Etat et de Gouvernement. Il est assisté
des collaborateurs, ses ministres qui sont appelés Secrétaires et celui des affaires
étrangères Secrétaire d'Etat qui sont nommés et révoqués ad nutum : c'est-à-dire
librement.

- Le président tire son autorité de son investiture populaire. A ce titre, il est


indépendant du parlement, qui ne peut mettre en cause sa responsabilité politique, ni du
reste, celle des secrétaires. A charge de revanche, il ne peut disposer, à son encontre,
du droit de dissolution.

Il y a absence de moyens d'action réciproques entre l'assemblée et


l'exécutif, il y a séparation de pouvoirs par isolement ou spécialisation-entre les organes
qui sont en équilibre: c'est ce qu'on appelle « cheks and balances »: il y a freins et
contre poids.

b2. Un parlement bicaméral


Le Congrès est composé de deux chambres, qui s’affirment comme un
authentique contre-pouvoir, et nullement un faire valoir, à la différence du régime
présidentialiste.
C. Fonctionnement ou Relations entre les pouvoirs publics

A l'image de la séparation des pouvoirs, les relations entre les pouvoirs se


résument par la spécialisation fonctionnelle et l'indépendance ou l'autonomie organique.

cl. Spécialisation fonctionnelle

Chaque pouvoir est tenu de s'occuper de ses fonctions traditionnelles. Au


législatif doivent revenir les pouvoirs d'édicter les lois et de voter le budget ; à l'exécutif
le pouvoir d'exécuter les lois et d'exercer la fonction administrative.

c2. L'indépendance organique

L'exécutif et le législatif sont indépendants quant à l'origine de leur


recrutement respectif : l'organe législatif ne peut pas participer à la désignation de
l'organe exécutif et réciproquement, l'organe exécutif ne peut pas participer à la
désignation de l'organe législatif. Les deux pouvoirs procèdent du suffrage et ont donc
une égale légitimité populaire.

- Cependant, chaque organe dispose de la faculté d'empêcher : aux Etats-


Unis par exemple, le président dispose du veto législatif suspensif qui ne peut être levé
que par un vote de deux de tiers de membres de chambres du congrès, lequel est très
difficile à atteindre. Par ce mécanisme se développe la « diplomatie de couloir », appelée aussi
parlementarisme du couloir.
Par ailleurs, le Sénat qui est présidé par le Vice-président doit donner son
consentement à la nomination des hauts fonctionnaires et des juges de la Cour suprême.

En outre, par le biais de son pouvoir budgétaire, le congrès peut


exercer une influence importante sur l'action du Président notamment en politique
extérieure.

La chambre des Représentants peut enfin selon la procédure de


l'impeachment mettre en cause la responsabilité pénale du président et celui-ci sera jugé
par le Sénat qui, en cas de culpabilité prononcée à la majorité de deux tiers de ses
membres, condamne le président. Cette condamnation vaut destitution.
L'histoire Américaine a connu trois cas :

- En 1867, la décision d'impeachment fut votée contre le Président Andrew


Johnson. La destitution fut repoussée par le sénat à une voix près.

- En Juillet 1974, la commission judiciaire de la chambre avait voté la


même décision, à une forte majorité contre le Président Richard Nixon, à propos de
l'Affaire Watergate. Afin d'éviter l'impeachment, Nixon démissionna le 9 août 1974.

- En décembre 1998, Bill Clinton fut plongé dans l'affaire Monica


Lewinsky. La chambre des représentants a voté la mise en cause du Président mais ce
dernier sera acquitté par le Sénat le 12 février 1999.

d. Le régime de séparation des pouvoirs : pérennité et évolution

Le régime présidentiel constitue une exception américaine. Il est resté


constant, équilibré, malgré des moments de déséquilibre en faveur d'un pouvoir. Sous
peine de blocage, chaque pouvoir disposant des moyens de neutraliser l'autre, le régime
ne peut fonctionner que par des compromis. Telle est la quintessence de l'exception
américaine. Aussi le président JF Kennedy disait que « le Président est doté de pouvoirs
constitutionnels extraordinaires qu'il exerce dans des limites extraordinaires ». A l'image
de Gulliver, les pouvoirs enchaînés garantissent la liberté, selon la vision des pères
fondateurs.

Aux Etats-Unis, le pouvoir présidentiel ne risque pas de se transformer en


dictature, parce que les hommes politiques de ce pays savent qu'ils ne sont que les
mandataires de la volonté populaire, et l'opinion publique, est trop consciente de ses
droits et de ses prérogatives pour tolérer l'installation d'un pouvoir despotique.

Aussi, l'exportation du modèle produit toujours des altérations, telles que des
variantes « présidentialistes » africaines ou sud-américaines. L'équilibre est rompu au
profit du Président allant jusqu'à l'octroi à des régimes asymétriques de concentration des
pouvoirs au profit d'un homme.
3. Le Régime de séparation souple ou de collaboration des
pouvoirs
Le régime de séparation souple des pouvoirs ou régime parlementaire
occupe une place centrale dans l'étude de la classification des régimes.

Historiquement, ce régime est né en Grande-Bretagne au XVIIe s. puis la


formule s'est généralisée dans l'ensemble de démocraties occidentales et dans tous les
pays surdéveloppés à l'exception des Etats-Unis, même si dans son esprit, les constituants
américains voulaient aménager, pour un président dans un cadre républicain, le système
de monarchie limitée qu'ils avaient vu fonctionner dans la mère-patrie1.

Pour tout cerner sur le régime parlementaire, il importe d'analyser les


points ci-après :

- définition (A) ;
- organisation des pouvoirs publics (B) ;
- rapports entre les pouvoirs publics (C) ;
- formes du régime parlementaire (D) ;
- état actuel du régime parlementaire (E).

A. Définition

Le régime parlementaire est un régime dans lequel « les organes de !' État
collaborent et dépendent nullement: la collaboration fonctionnelle, autant qu'élargie se
joint à la révocabilité mutuelle ».2

B. Organisation des pouvoirs publics

D'une manière générale, conformément à ses origines britanniques, ce


régime se caractérise par un exécutif bicéphale et un parlement bicaméral:

1. Un exécutif bicéphale

Le parlementarisme se caractérise par le dualisme de l'exécutif constitué


par dissociation en deux organes : un chef de l'Etat, l'élément fixe et le gouvernement,
l'élément mobile ou stable.

1
Gicquel, J., et Gicquel, J.E., Droit Constitutionnel et Institutions politiques, op.cit, p.122.
2
Gicquel, E., et Gicquel, J.E., op.cit, p.124.
- Le chef de l'Etat est politiquement irresponsable. Il peut être élu par le
Parlement. Ce fut le cas en France sous la III' et IV' républiques ; en RDC sous la Iere
république, mais il peut aussi accéder au trône par hérédité. C'est le cas au Royaume-Uni,
en Belgique, aux Pays scandinaves.

Le Gouvernement ou le Cabinet Ministériel est un organe collégial et


solidaire, c'est la pièce essentielle, la cheville ouvrière du régime parlementaire. C'est
par lui que s'établit la collaboration entre l'exécutif et le parlement.

Les ministres sont dirigés par un chef de gouvernement (premier


Ministre, Chancelier, Président du Conseil) qui est nommé suivant les résultats des
élections.

Pour gouverner, le Gouvernement a besoin de la confiance de la majorité


parlementaire. Ce soutien se manifeste par le vote d'investiture. Le contreseing ministériel
est caractéristique du régime parlementaire. Toute décision présidentielle doit être
contresignée par le Gouvernement qui par cet acte endosse la responsabilité politique de
tout acte ou décision du Chef de l’'Etat.

2. Un parlement bicaméral

Le bicamérisme (ou bicaméralisme) emporte la division du parlement en


deux chambres. Sans être indispensable pour le fonctionnement du régime
parlementaire, le bicamérisme est cependant utile pour que la chambre unique ne
devienne pas trop puissante et inique en face d'un exécutif divisé en deux organes. C'est
pour quoi on a souvent comparé la seconde chambre à une digue, à un barrage, ou à un
frein destiné à arrêter la poussée populaire qui se manifeste dans la chambre élue au
suffrage universel.

C. RAPPORTS ENTRE LES POUVOIRS PUBLICS

Le régime parlementaire, affirmait Léon Blum, « c'est la vie en ménage » :


cette boutade veut dire que l'organe exécutif et l'organe législatif doivent collaborer entre
eux pour l'exercice des principales fonctions étatiques sur base de la confiance ou de la
solidarité. Sur cette base juridique s'instaure entre les deux organes une collaboration
fonctionnelle équilibrée et sanctionnée.
1. Collaboration équilibrée

La vie en commun se marque par plusieurs façons

- du point de vue personnel : il y a compatibilité entre les fonctions


parlementaire et gouvernementale. De la sorte, l'unité est largement assurée.

- Du point de vue fonctionnel : il existe des compétences ouvertes ou


concurrentes. Il n'y a pas de cloisons étanches, le parlement participe aux activités de
l'exécutif et vice-versa. La communauté peut être traversée par des difficultés mais
l'existence de mécanismes régulateurs assurera le retour à la sérénité.

2. La collaboration sanctionnée

En régime parlementaire, les pouvoirs sont comptables de leurs actes, en


d'autres termes, révocables mutuellement.

Le parlement dispose sur le gouvernement des mécanismes de révocation par


la mise en jeu de la responsabilité politique du gouvernement devant le parlement.
Cette mise en jeu peut avoir lieu soit à l'initiative du parlement par le vote de renvoi
collectif du gouvernement ou la motion de censure ou de renvoi individuel d'un
Ministre ou motion de défiance, soit à l'initiative du gouvernement lui -même : e
gouvernement menace de démissionner en posant la question de confiance si le parlement,
ne lui donne pas les moyens de mener sa politique. Il s'agit d'un chantage à la démission
qui constitue un instrument de pression sur le parlement pour obtenir son soutien à la
politique gouvernementale.

En contrepartie, le gouvernement dispose d'une arme qui lui permet


d'exercer une pression sérieuse sur le parlement : le droit de dissolution : celle-ci consiste
pour l'exécutif à abréger la durée des mandats des parlementaires afin de provoquer
des nouvelles élections.

L'existence de ces moyens de pression réciproques provoque l'équilibre et


l'harmonie entre les deux pouvoirs qui sont obligés d'aller de concert, de collaborer.
D. Formes des régimes parlementaires

Le régime parlementaire est le régime politique le plus ~2 'qué dans les


démocraties occidentales. Mais en réalité, il n'y a cas ..n régime parlementaire mais des
parlementarismes avec

- des modalités traditionnelles,


- des modalités contemporaines.

1. Modalités traditionnelles

a. Le régime parlementaire moniste et régime parlementaire dualiste.

- Dans le régime parlementaire moniste, le Gouvernement n'est responsable


que devant la chambre élue au suffrage universel ; il y a effacement du chef de l'Etat qui
joue un rôle théorique, protocolaire ou symbolique. Tous les actes qu'ils posent doivent
avoir le contre seing c'est-à-dire ils doivent être sénés par un ministre qui endosse la
responsabilité, car le gouvernement, émanation de la majorité parlementaire est investi de
la plénitude du pouvoir exécutif. Nous avons donc un président à la fois irresponsable et
inactif qui ne gouverne pas : « le dieu terne de la République » dira Anatole France.
C'est le cas en Allemagne, en Italie ou encore dans les monarchies espagnoles et
britannique.

- Dans le régime parlementaire dualiste ou orléaniste

Le parlementarisme dualiste repose sur la double responsabilité du Gouvernement : le


gouvernement -est responsable à la fois devant le chef de l'Etat qui a un rôle actif et
devant la chambre. Il bénéficie alors d'une double légitimité. Selon Guizot, en 1846 : « le
trône n'est pas un fauteuil vide ni une machine inerte». Le chef de l'Etat demeure un
acteur politique tandis que le gouvernement assure le rôle d'interface ou de liaison entre
celui-ci et les chambres. Comme Louis-Philippe d'Orléan Il tire le qualificatif, le chef de
l'Etat est investi d'une part ; constitutionnelle : C'est un ménage a trois : roi-chambres-
gouvernement.

On cite la France et la RDC en cas de non-cohabitation.


2. Modalités contemporaines du parlementarisme

a. Régime parlementaire majoritaire et régime non-majoritaire

Le régime parlementaire majoritaire est un régime dans lequel le


gouvernement bénéficie d'une majorité stable et cohérente lui permettant de se maintenir
au pouvoir pendant toute la durée de la législature (Gouvernement de législature. C'est le
cas du Royaume-Uni, du Japon. Ce régime majoritaire s'exerce dans le cadre du
bipartisme et débouche sur un régime de concentration des pouvoirs au profit de la
majorité.

Le Parlementarisme non majoritaire est la conséquence du multipartisme


intégral : le gouvernement s'appuie sur des coalitions des partis, coalitions parlementaires
précaires et éphémères. Le Gouvernement est faible car il doit multiplier les compromis
pour maintenir la coalition. L'instabilité gouvernementale est chronique l'équipe
gouvernementale est paralysée, harcelée, asservie par l'assemblée. La démocratie
représentative se transforme en partitocratie (ex : Italie, Belgique, aux Pays-bas).

b. Le régime parlementaire rationalisé et le régime parlementaire inorganisé

Le régime parlementaire rationalisé - selon l'expression de Boris Mirkine-


Guetzevitch- est un régime organisé de façon à éviter l'instabilité ministérielle chronique
et garantir un fonctionnement efficace des Institutions politiques. Il se caractérise par
une série de mesures techniques visant à établir des équilibres institutionnels n'existant
pas du seul fait des forces politiques. Ces mécanismes visent à favoriser la stabilité
gouvernementale et a amélioré l'efficacité de l'action gouvernementale. C'est une
technique orthopédique selon Prélot.

La motion de défiance constructive de l'article 67 de la constitution


allemande prévoit que le Bundestag ne peut manifester sa défiance au Chancelier qu'en
élisant son successeur à la majorité absolue.
- L'article 49 qui limite le domaine de la loi fait de l'exécutif le législateur
de droit commun alors que le parlement n'a plus qu'une compétence
d'attribution, la fixation de l'ordre du jour des assemblées par le
gouvernement (art48) et l'art 49.3.

C. Le régime parlementaire inorganisé ou déséquilibré.

Le régime parlementaire peut conduire à un régime controversé ou un


régime dénaturé dans lequel l'exécutif est entièrement subordonné au législatif ; les
structures sont celles d'un régime parlementaire, mais les pouvoirs respectifs de
l'exécutif et du parlement sont assez éloignés de l'esprit du parlementarisme : l'exécutif
est faible sur fond de multipartisme intégral face à un législatif fort. Dans un certain
nombre de régimes d'assemblée, le jeu des partis multiples paralyse l'action du
gouvernement.

Nous pouvons citer, à titre purement indicatif le cas de la loi fondamentale du


19 mai 1960 sur les structures du Congo.

E. Etat actuel du régime parlementaire

L'évolution contemporaine des régimes parlementaires est tributaire du jeu


des partis politiques et du rôle d'impulsion, de leadership de l'exécutif. Le régime
parlementaire est désormais, au moins au cours d'une législature, un régime de
concentration des pouvoirs au profit d'un parti ou d'une coalition bien davantage qu'un
régime d'équilibre. Le Cabinet exerce, notamment en Grande-Bretagne une véritable
dictature que lui assure une majorité fidèle.

L'aménagement a peut-être changé mais l'esprit reste le régime parlementaire


reste l'une des meilleures garanties de la démocratie. Ainsi il se définit aujourd'hui comme
le gouvernement de la majorité sous le contrôle de l'opposition avec l'arbitrage du peuple.
Il importe donc de noter que les désillusions du parle mentalisme résultent du caractère
subtil (distinction du chef de l’état et du Chef du gouvernement), fragile (vulnérabilité
aux crises), contraignant avec la valorisation de l'opposition. Sur ce dernier point la mise
sur un même plan du gouvernement et opposition est parfaitement concevable dans les
pays où les élites ont compris que la démocratie fait prévaloir le consensus et le sens du
compromis : « il y a ici élimination de l'aspect passionnel : es problèmes, cet art de
compromis, cette propension à la
nuance et à la prudence qui supposent une classe politique non conflictuelle, rompue à ces
exercices subtils »1.

4. Régimes mixtes

Depuis un demi-siècle environ, sont élaborées des constitutions qui


empruntent à la fois au régime présidentiel et au régime parlementaire.

D'origine journalistique (promue par Beuve-Mary), Le régime semi-


présidentiel, selon Duverger, est « un régime dans lequel le président de la République est
élu au suffrage universel direct et qu'il possède certains pouvoirs propres qui excèdent ceux
d'un chef d'Etat parlementaire normal. Cependant, le Gouvernement reste confié à un
cabinet formé d'un premier Ministre et de Ministres qui peuvent être renversés par un vote
du parlement »2.

Ce Régime emprunte au régime présidentiel l'élection du président au


suffrage universel direct, l'existence des pouvoirs propres et importants au profit du chef de
l'Etat et accessoirement, l'impossibilité pour les ministres d'être en même temps
parlementaires.

Alain Peyreffite attribue à De Gaulle cette appréciation « nous avons un


régime mi-parlementaire, mi-présidentiel. Il est mi-parlementaire puisque l'assemblée peut
renverser le gouvernement ; il est mi-présidentiel puisque le président est élu au président
universel pour (sept ans) et que le gouvernement procède de lui seul » 2.

Certains auteurs estiment que par sa « versatilité » ce régime semi-


présidentiel est « une coquille vide », car la Constitution française de 1958 avec sa révision
de 1962 qui semble être le modèle du régime semi-présidentiel a donné lieu à plusieurs
lectures. Au départ, il s'est agi d'un régime parlementaire rationalisé, avec un président
arbitre et un premier ministre chef de Exécutif. La dérive gaulliste consacrée par la révision
du 6 novembre 1962 qui institue l'élection du Chef de l'Etat au suffrage universel aboutit
au présidentialisme proche de la « monarchie républicaine ou élective » ou à un régime
parlementaire classique

1
Schwarzenbcrg, R.G., Sociologie politique, Paris, Montchrestien, 1994, p.233.
2
Duverger, M., Institutions politiques et Droit Constitutionnel, PUF, Paris,1970, p.227.
2
Lavaux, Ph., Destin du présidentialisrne, Paris, 2002,p..2.
dit aussi régime de cohabitation. L'histoire politique de la France fait état de
trois cohabitations :
- de 1986 à 1988 : première cohabitation entre Mitterrand et Chirac ;
- de 1993 à 1995 : deuxième cohabitation entre Mitterrand et Balladur ;
- de 1997 à 2002 : troisième cohabitation entre Chirac et Jospin.

Ce régime pose des questions de cohérence, sa précarité et sa fragilité


génèrent des risques de conflits. Le régime fonctionne en France de manière démocratique
non pas à cause des techniques constitutionnelles mais de l'auto-limitation du chef de
l'Etat, du faisceau des libertés publiques protégées et plus encore par l'ethos du peuple
français qui fait entendre sa voix souveraine: « le chef de l'Etat n'est jamais, en définitive
que l'obligé du suffrage universel »1. Et même si des voix s'élèvent pour reformer ce
régime en proposant pour les uns une évolution vers un régime présidentiel, et pour
d'autres l'émergence d'une Vl ème république, l'exception française continue à susciter
curiosités et difficultés de transpiantabilité. La réalité est que « le système français apparaît
en somme comme une sorte de miracle, car ce modèle en tant que tel n'a été conçu ni même
voulu par personne. Il a été forgé au cours d'un demi-siècle par des fragments de doctrines
et des pratiques commodes, mis bout à bout par bonheur ou par chance, et triés par une
espèce de sélection naturelle qui a entériné les réussites... au besoin empiriquement
coordonné. »2

Section 3. Typologie moderne des régimes politiques

La séparation des pouvoirs de Montesquieu nous a permis de dégager une


classification traditionnelle des régimes politiques. Cependant cette classification quoique
pertinente est devenue inadéquate, et Duverger d'affirmer: « qui connaît le droit
constitutionnel classique et ignore le rôle des partis politiques a une fausse idée des
régimes politiques contemporain ; qui connaît le rôle des partis politiques et ignore le droit
constitutionnel classique à une vue incomplète de régimes politiques contemporains».

Aussi propose-t-il une typologie des régimes politiques basés sur le caractère
compétitif ou non--compétitif des régimes.

1
Gicquel, J. et Gicquel, J.E, op. cit, p.133.
2
Vedel, G., in Le monde, 16 septembre 2000.
L'élément clé de cette classification est donc le parti politique défini comme
« un groupement organisé pour participer à la vie politique, en vue de conquérir totalement
ou partiellement le pouvoir et d'y faire prévaloir les idées et les intérêts de ses membres. »1

Ainsi, selon que le système admet ou non la concurrence, la compétitivité ou


non, on distingue les régimes unitaires et les régimes pluralistes ou démocratiques.

§1. Régime politique non compétitif ou unitaire

Les régimes politiques unitaires ou monolitiques se caractérisent par le fait


que le jeu politique s'articule sur un seul parti politique. Seule s'exprime une seule force
politique qui monopolise l'exercice du pouvoir dans l'Etat. La volonté nationale est
supposée unifiée et toute opposition est considérée comme logiquement antinationale et
doit être réprimée.

Le régime politique monopartisme modifie la structure du gouvernement en


concentrant tous les pouvoirs de l'Etat dans le parti unique.

Les organes de l'Etat (gouvernement, parlement et appareil judiciaire), du


fait de la détention par le parti unique du centre de décision deviennent des moyens et des
instruments par lesquels le pouvoir traduit ses volontés en acte.

On distingue plusieurs types de régimes unitaires dont les deux suivants

- le régime unitaire de type monopartiste ;


- le système Unitaire sans partis.

A. Le régime des partis uniques

1. Définition

Grande innovation du XXe s. ce système quoiqu'en recul, notamment avec


l'éclatement de l'URSS et l'émergence de démocraties en Europe centrale, orientale, et les
tentatives

1
Goguel, F., cité par Debbasch, op. cit, p.181
africaines, continue cependant à régenter la Chine (socialisme du marché), le Vietnam,
Cuba, Corée du Nord.

Inventé par Lénine et Mussolini, il suppose qu'une seule organisation régente


directement la vie politique en étant le centre d'impulsion politique ou indirectement en
proscrivant les partis d'opposition.

Le parti est unique parce qu'il bénéficie du monopole de la représentation


politique, aucun autre parti n'étant toléré.

2. Types
On distingue plusieurs types de partis uniques dont les suivants
a. Les partis uniques communistes d'inspiration marxiste. Le parti est l'avant-
garde de la classe ouvrière, qui exerce la dictature du prolétariat ;

b. les partis uniques réactionnaires tels que le parti national-socialiste


nazi, le parti fasciste de Mussolini ;

c. les partis uniques du tiers monde : les régimes du tiers monde issus de la
décolonisation ont justifié l'institutionnalisation des partis uniques sur fond de trois
arguments

1° le parti unique est un instrument d'intégration nationale,


2° le parti unique est un instrument de modernisation économique, et
3° le parti unique est le reflet de l'homogénéité sociale.

Dans la pratique, ces partis se sont révélés être des simples instruments
au service d'un pouvoir personnel atomistique car une seule personne contrôle ou concentre
tous les pouvoirs, tous les attributs de la souveraineté. Ayant globalement échoué, ces
régimes monopartismes sont en net recul même s'il existe toujours un écart plus au moins
notable entre les textes et la pratique : les textes peuvent faire croire à l'existence
d'institutions démocratiques et libérales mais la réalité est souvent différente.
La Chine, le Vietnam, la Syrie ... continuent à vivre sous des régimes
monopartismes.
B. Les régimes sans partis

Les régimes sans partis sont des dictatures techniques ou des dictatures qui ne
correspondent à aucune mutation du corps social. Elles se proposent d'éliminer ou de
gommer les différences sociales, mais elles sont des préludes à la création des partis
uniques ou voilent des partis uniques.

C. Les régimes semi-unitaires

Entre les régimes de parti unique et les régimes compétitifs, il n'y a pas de
rupture absolue. On rencontre en fait deux types des régimes intermédiaires : les partis
dominants et les partis uniques à structure souple.

1. Les partis uniques à structure souple

Normalement les partis uniques ont une structure monolithique. On n'y


tolère pas la floraison des tendances ou des fractions intérieures, réunissant des gens à
des nuances diverses différentes de la doctrine officielle. Ils sont excommuniés, chassés,
exclus.

Cependant on peut concevoir en théorie un parti moins rigide ou souple.

2. Les partis dominants

Ici plusieurs partis existent mais l'un d'entre eux est beaucoup plus grand
que les autres de sorte que détenant une majorité écrasante au sein du parlement, il
concentre tous les pouvoirs dans ses mains sans risque réel de les perdre lors d'une
prochaine élection.

Mais l'opposition peut affronter les élections de façon plus au moins


paisible, elle peut intervenir au parlement et bénéficier d'une certaine liberté. Mais il
s'agit d'un pluralisme de pacotille à vocation cosmétique.

§2. Régime politique compétitif ou pluraliste

Un régime compétitif est un régime ouvert à toutes les forces politiques


ou partis politiques qui peuvent prétendre conquérir et exercer le pouvoir et aucun
n'écrase les autres au point d'exercer une domination.
constitutionnel statique, ne saisit pas toutes les dynamiques informelles et les
postures des acteurs apparents ou non apparentes. L'approche systémique est fondée sur
les modalités d'exercice du pouvoir à partir des pratiques constitutionnelles et politiques
dominantes. Ainsi aux grands types des régimes parlementaires, présidentiel et semi-
présidentiel, sont substitués trois types de systèmes : parlementariste, gouvernementaliste,
et présidentialiste.
On appelle système, l'exercice du pouvoir tel qu'il résulte de la pratique
institutionnelle dominante; ce système va donc audelà de la typologie classique basée sur
des présupposés méthodologiques qui se limitent aux critères tirés de l'agencement
constitutionnel entre les fonctions et les organes de l'Etat au dépens du jeu
institutionnel rée des acteurs.

Il est en effet important de ne pas perdre de vue affirme


Hanspeter Kriesi que « les institutions ne se limitent pas aux prescriptions
constitutionnelles et aux pratiques politiques formalisées. Elles incluent aussi les pratiques
et les procédures établies de manière informelle ainsi que les conditions structurelles et
culturelles de la société »1.
La typologie systémique se décline en trois variantes: les systèmes
gouvernementaliste, présidentialiste et parlementariste.

§1. Le système gouvernementaliste ou primo-ministérialiste


Une majorité stable gouverne sous l'égide de son chef, le premier ministre «
primus inter pares ». Le cabinet
gouvernement britannique, dirigé par un premier ministre arcbouté à sa
majorité parlementaire est le modèle type de ce système.

§2. Le système présidentialiste

Aux Etats-Unis et en Angleterre, on utilise le mot « presidentialism » à tous


les régimes qui pratiquent l'élection du chef de l'Etat au suffrage universel. Dans ce
système, un
président élu au suffrage universel est investi d'un pouvoir de direction
politique Il conduit la nation avec l'aide des collaborateurs qui forment son équipe
gouvernementale.
Il ne s'agit pas d'une simple transposition factice ou péjorative du
modèle présidentiel américain, il faut prendre ce terme dans son sens à la fois
intelligible et positif, Le presidential governement qui se réfère selon l'expression de
l'anglais Bagehot
à la structure monocratique et non collégiale de l’exécutif américain1.

En France, on parle du présidentialisme parlementaire ou majoritaire; Aux


Etats-Unis: le présidentialisme n'a d'autre solution de rechange que le gouvernement «
congressionnel »; Ainsi, « Le président américain est un homme au pouvoir extraordinaire
qu'il exerce dans les limites extraordinaires » disait John Kennedy.

En Afrique: on se retrouve dans le présidentialisme absolu ou fermé ou encore


tribal: une dictature personnelle appuyée par un clan et une armée lézardée se dissimule
derrière un décor constitutionnel, une contrefaçon de la démocratie il s'agit d'une dérive
autoritaire, un avatar inéluctable du mimétisme. 2

En Amérique latine, on parle de « presidencialismo »qui s'oppose au


parlementarisme on observe l'émergence d'un modèle dégénéré ou déformé du régime
présidentiel américain qui assure la prépondérance du président de la République, désigné
ou appuyé par l'armée qui étouffe l'autonomie du parlement C'est la contrefaçon consulaire
du modèle américain, qui n'a pas respecté le partage équilibré des pouvoir et a laissé le
chef de l'Etat accaparer toute l'influence politique. Hugo Chavez du Venezuela représente
aujourd'hui cette dérive.

Il est évident que ces différences de degrés entre le modèle américain,


l'exception française et les glissements africains et sud-américains peuvent engendrer des
différences de nature, cependant dans une démarche typologique, il faut retenir comme
élément critique du système l'exercice réel du pouvoir d'orientation politique par un
Président ou chef d'Etat élu Ce qui exclut dans cette version les modèles portugais,
irlandais qui restent dans le système parlementariste.

§3. Le système parlementariste

L'Etat est dirigé par un gouvernement instable résultant d'une coalition non
désignée par les électeurs et non dotée d'un leader incontesté. C'est le cas de la Belgique.
On peut aussi citer l'Italie, la Pologne....
L'avantage de cette approche est d'être dynamique car elle ne préjuge pas mais
découle du fonctionnement réel des institutions. Elle est attentive aux formes plurielles et
changeantes qu'empruntent les rapports entre pouvoirs et forces politiques.

1
Lavaux, Ph., Destin du présidentialisme, Paris, PUF, 2002, p.9.
2
Duhamel, O., et Méney, Y., Dictionnaire constitutionnel, PUF, Paris, 1992, P.812
Ainsi, dans cette perspective, le pouvoir est moins une donnée invariable
qu'une relation mouvante : le pouvoir est un rapport de force dont l'un peut retirer
davantage que l'autre, mais également, l'un n'est jamais totalement démuni devant l'autre.
Georges Burdeau estime à cet effet que: « l'approche systémique s'occupe moins des
aménagements de formules juridiques que des données humaines, sociales et économiques »1.
On parle de « living constitution ».

Ainsi, pour O. Duhamel « le système politique doit se comprendre dans sa


totalité. Le régime constitutionnel nous en donne les principales clés ... le
constitutionnaliste et le politologue sont ainsi réconciliés. »2

1
Burdeau, G., La démocratie, Ed.seuil, Paris, 1956, p.9
2
Duhamel, O., op.cit, p.374.
TITRE V. LA PARTICIPATION AU POUVOIR POLITIQUE

Avec G. Burdeau, nous avons dit que l'Etat apparaît comme un artifice
créé grâce aux volontés qui, dans leur origine comme dans leur substance, sont des
volontés humaines »1. L'Etat est avant tout l'effet des volontés jouant à l'encontre des
aspirations, des penchants, des indifférences de l'individu porté à se laisser docilement
entraîné par des instincts égoïstes.

Ces volontés établissent un contrat social, une personne morale, souveraine,


un ordonnancement des droits et des devoirs pour la paix intérieure et la survie du
Groupe face aux menaces extérieures. L'Etat est donc l'instrument de réalisation de notre
destinée temporelle.

Somme des volontés, L'Etat ne peut faire l'économie de l'impératif de la


participation des individus-citoyens ou groupes organisés en partis politiques ou
groupes de pression qui sont donc acteurs, actifs ou passifs de la construction de la
vie de la cité.

Cette participation est le ferment de l'existence de la République, et


l'adhésion ou la déliquescence de l'Etat découle de la qualité de cette participation. Ainsi «
l'Etat peut faillir par déficit de sens, étant alors perçu comme importé, étranger,
traduisant une puissante aliénation culturelle. Il peut aussi s'effondrer par l'incapacité
d'imposer son autorité, de contrôler le territoire qui est de sa compétence, d'extraire ou
de redistribuer des ressources 2z.
Les acteurs de participation (chapitre I) et les modes de participation
(chapitre II) constituent le substrat du présent titre.

1
Burdeau, G L'Etat, p.54.
2
Badie, B., La Société plurielle entre mythes et réalités (pp.59-70), in SmTtiso (J.) A la
recherche démocratie, Mélanges offerts à Guy Herinet, J., Paris,
de la IGirthala, 2002.
CHAPITRE I
LES ACTEURS DU JEU POLITIQUE : LES PARTIS
POLITIQUES ET LES GROUPES DE PRESSION
« Evoquer un régime politique sans se référer aux partis revient à décrire un
tableau sans parler des couleurs » affirme G Burdeau ; leur reconnaissance par le Droit
constitutionnel est récente. La constitution du 18 février 2006 précise en son article 6 « les
partis politiques concourent à l'expression du suffrage, au renforcement de la conscience
nationale et à l'éducation civique. Ils se forment et exercent librement leurs activités dans le
respect de la loi, de l'ordre public et des bonnes mceurs ».

Ainsi, les partis politiques constituent désormais des éléments indispensables de


la démocratie. Hans Kelsen écrit à cet effet que«/a démocratie (...) ne peut sérieusement
exister que si les individus se groupent d'après leurs fins et affinités politiques, c'est-à-dire que
si , entre l'individu et l'État, viennent s'insérer ces formations, collectivités dont chacune
représente une certaine orientation commune à ses membres : un parti politique. La
démocratie est donc nécessairement et inévitablement un Etat de partis (parteienstaat) »1car ils
sont les garants de la liberté et les instruments privilégiés de la participation politique (section
I), on les distingue des structures voisines qui participent elles, de manière indirecte à la vie
politique, savoir les groupes de pression (section 2).

Section I : Les partis politiques

Il semble utile de définir les partis politiques (§1) avant d'en dégager les origines
(§2), les typologies (§3), les rôles (§4).

§1. Définition

A. Énoncé de la définition

Un parti politique se présente comme une organisation durable des personnes,


unies par une même philosophie ou une idéologie, dont elles poursuivent la réalisation, avec
comme finalité la conquête et l'exercice du pouvoir.

1
KELSEN, H., La démocratie, Sa nature-Sa valeur, trad.Charles Eisenmann, 1932, p.30 et suivantes.
B. Analyse de la définition

Avec Joseph Lapalombara et Myron Wiener', cette définition nous permet de


saisir les traits caractéristiques d'un parti politique

- organisation: les partis politiques ont des organes structurés, des


appareils ou machines implantés au niveau central et à l'échelon local ;

- organisation durable: la durée de vie dépasse celle de son fondateur. C'est


le trait qui le différencie d'avec les factions, les clans et les clientèles;

- ayant une certaine idéologie : un parti politique est une organisation au


service d'une idée, il cherche à la traduire dans les faits des options politiques ;

- conquête et exercice du pouvoir : un parti doit avoir une démarche


programmatique pour accéder au pouvoir, l'exercer et le conserver, et ce, contrairement
aux groupes de pression qui veulent influencer le pouvoir.

§2. Origine des partis politiques

L'apparition des partis politiques est récente. Certes, ils ont pratiquement
toujours existé, même s'ils n'étaient pas toujours organisés sous la forme que nous
connaissons actuellement. Il s'agissait plutôt des factions.

- C'est ainsi que dans les cités grecques, les grandes familles, les maîtres
du jeu du commerce et des affaires, avaient leurs obligés.

- A Rome, les partis politiques s'identifiaient plutôt à deux grandes classes


sociales: il y avait le parti des plébéiens et le parti» des patriciens.

- Sous la République française, les clubs apparaissent comme ancêtres des


partis français d'aujourd'hui, mais ils n'existaient pas sous une forme structurée.
Avant le XIXe s. Ils étaient organisés en groupes parlementaires, en clubs, en factions
plus au moins organisés.
C'est à partir en 1830 qu'on peut déceler l'apparition des partis politiques
comme organisations extra-parlementaires.

Historiquement, les partis politiques sont apparus en démocratie libérale.


Ils sont liés au développement du régime parlementaire en Angleterre et sont apparus
dans ce pays dès le XVIIe s. sous la forme des groupes parlementaires, les tories et les
whigs, ancêtres du parti conservateur et du parti libéral.

D'une manière générale, l'apparition du suffrage universel dans les


différents Etats devait accélérer la croissance des formations politiques, ainsi que
l'apparition de nouveaux partis organisés.

Au Congo, les élections de décembre 1957 peuvent constituer le point de


départ de l'histoire des partis politiques' , comme appendices des partis belges ou
syndicats belges. On cite l'Action socialiste, créée en décembre 1957 à Léopoldville,
ayant une forte parenté avec le Parti socialiste beige et le F.G.T.B. il en est de même
pour l'Union Congolaise fondée à Elisabethville par Kitenge et l'avocat Belge A.
Rubbens, qui était en rapport avec les intellectuels catholiques progressistes belges.
Mais la plupart des partis étaient d'essence tribale, tel l'ABAKO, en 1957,
ayant au départ des liens avec les missionnaires. Par ailleurs, suite à la déclaration
gouvernementale belge du début de l'année 1959, des partis politiques naissent,
d'abord à compte-gouttes, puis massivement au milieu de l'année. On en dénombra une
bonne centaine durant les dix-huit derniers mois du régime colonial. Sur le plan
formel, la loi fondamentale n'avait rien prévu en matière des partis politiques. Par
contre la constitution de Luluabourg en parle en son article 30, la deuxième République
fonctionnera sous le régime de parti unique, puis de parti-Etat. Le Multipartisme sera
autorisé à partir de 19902.
.Actuellement c'est la loi n° 04/002 du 15 mars 2004 sur l'organisation et le
fonctionnement des partis politiques qui fixe les conditions d'existence des partis politiques
congolais.

Les partis congolais. d'hier comme d'aujourd'hui demeurent des partis


éphémères, fragmentaires; des partis
rconstanciels, des partis des comitards ou monopersonnels, des partis-
leaders-idéologie, des partis essentiellement urbains, sans

- Boc andeke, B., Le Parlement congolais sous le régime de la foi


fondamentale, PUZ, Kinshasa, 1992, p.181. ü+i n 90 -002 du 05 juillet 1990 et la loi N°90-008
d 25 décembre 1990.
vision programmatique précise et base idéologique claire, sans tradition de sélection, des
partis « fourre-tout » sur fond de tribalisme, de régionalisme, opportunisme et de
clientélisme.1

§3. Typologie des partis politiques

Il existe plusieurs typologies des partis politiques, une typologie


traditionnelle et les typologies modernes.

A. La typologie traditionnelle

Elaborée par M. Duverger 2, la typologie traditionnelle distingue les partis des


cadres et les partis des masses.

1. Les partis des cadres, nés au XIXe s, se présentent comme des partis
notables, des personnalités influentes, d'élus, ne trouvant au plan local que des comités
électoraux.

2. Les partis de masse : sont apparus aux XXe s, avec le développement du


socialisme et du communisme. Ils cherchent à rassembler le plus grand nombre
d'adhérant. L'organisation prend de l'importance et par voie de corollaire, la discipline.
Leur but est la réalisation d'un ordre social nouveau. Ils sont fortement structurés et
hiérarchisés.

B. La typologie moderne

La typologie Moderne est celle de Jean Charlot3, qui tient compte non
seulement de l'idéologie ou de la structure apparente des partis, mais également de
leurs choix stratégiques. Ce qui nous conduit à distinguer trois sortes des partis

1. Les partis d'électeurs; qui se préoccupent avant tout d'attirer et de


charmer le plus grand nombre d'électeurs.

Ces partis de rassemblement ont été popularisés sous la dénomination de


partis « attrape-tout.», traduction de l'expression « catch-ail parties » de Kirschheimer et
Neumann4. Ils cultivent le pragmatisme au dépens de l'idéologie.

C'est le cas de New labour britannique

1
Pour cette partie, lire abondamment Bomandeke Bonicka, op.cit, p.85 et suivants.
2
Duverger, M., Les partis politiques, 1951.
3
Charlot, J., Le phénomène gaulli.ue, 1970.
4
Neumann, S., Modern political parties, Approaches to comparative politics, 1956.
2. Les partis des militants qui s'identifient à une classe sociale et valorisent
une idéologie dont ils sont porteurs ; il s'agit de partis de représentation catégorielle ou
sectorielle avec une organisation pyramidale. C'est le cas du parti communiste français.

3. Les partis des notables: ils sont essentiellement tournés sur les
personnalités, privilégiant la qualité de l'adhérant aux dépens du nombre d'adhérant, peu
structurés et appliquent une discipline lâche et n'ont pas de programme strict. C'est le cas
de l'UDF en France.

Il faut noter qu'Il apparaît aujourd'hui des nouvelles formes des partis : «
les single-issue parties » ou partis d'une seule cause tels CNPT, les écologistes, les alter-
mondialistes avec des fortunes diverses, ces aspirations peuvent être ignorées, canalisées
ou récupérées par les partis traditionnels.

§4. Rôle des partis politiques

- Les partis politiques ont, en général la fonction intermédiaire entre le


peuple et le pouvoir et assument, lorsqu'ils ont réussi à conquérir le pouvoir, la
conduite de la politique nationale. Concrètement, ils assument cinq tâches
Les partis politiques de la majorité apportent leur soutien au
gouvernement (la fonction constituante définie par theodore Lowi en 1967).

- Les partis d'opposition contestent l'action de l'exécutif et proposent un


programme politique de rechange (la fonction programmatique).

G. Lavau parle de la fonction tribunitienne qui consiste à -eprésenter


officiellement le mécontentement et la colère des catégories plébéiennes ou défavorisées
ou exclues.

- Les partis politiques éclairent sinon éduquent l'opinion, par des réunions
politiques, des manifestations, séminaires, des r .-acts, journaux, publications:

- Les partis politiques sélectionnent les candidats aux élections, à ce titre ils
constituent le vivier de la classe politique.

- Enfin, ils encadrent et surveillent les élus pour les


-
intenir dans la discipline du parti.
Section II : Les groupes de pression

La participation politique des citoyens se fait de manière apparente à travers


les partis politiques, mais de manière indirecte au travers des couloirs ou lobbies par des
groupes de pression ou d'intérêts. En effet, selon les pères fondateurs américains,
notamment James Madison pour qu'il y ait une démocratie équilibrée, il aut multiplier
les partis et diversifier les intérêts dans la société. Il nous faut définir, donner les types et
les fonctions des partis politiques.

§1. Définition A. Enoncé

Un groupe de pression peut se définir comme « une organisation constituée


pour la défense d'intérêts et exerçant une pression sur les pouvoirs publics afin d'obtenir
d'eux des décisions conformes à ses intérêts »1.

B. Analyse de la définition

Cette définition dégage donc trois éléments 1. L'existence d'un


groupe organisé.

L'existence d'un intérêt peut être sporadique ou éphémère ou permanent


dans chaque cas, un groupe peut s'organiser pour prendre en charge la gestion de cet
intérêt par une association momentanée ou permanente

2. La défense d'intérêts

Un groupe ou association ainsi constituée, vise la défense ou la promotion


d'intérêts particuliers ou généraux. Ces intérêts sont nombreux ou divers : moraux ou
matériels, financiers ou patronaux, branches d'industries, groupements économiques ou
sociaux.
3. L'exercice de pression
Les groupes de pression visent non pas a exercer le pouvoir mais a
amener les pouvoirs publics à prendre des décisions conformes à leurs intérêts.
On peut distinguer les groupes de pression suivant leurs objectifs ou suivant
leurs méthodes.

1. Suivant les objectifs

On peut distinguer les groups qui tentent d'assurer la protection d'intérêts


respectables, se confondant pratiquement avec l'intérêt général (environnement, santé
publique, catégories défavorisées.

- les groupes qui poursuivent des intérêts particuliers femmes, associations à but
économique, lutte contre l'avortement, homosexuels... le plus souvent au détriment des
autres catégories

2. Suivant les méthodes

On distingue les groupes qui exercent leur action publiquement et ceux dont
l'influence est dissimulée ou occulte.

§3. Les Fonctions des groupes de pression

Les groupes de pression assurent trois fonctions 1. La fonction


d'articulation des intérêts

L'articulation des intérêts selon G. Almond et B. Powel est le processus par


lequel les individus et les groupes de pression formulent leurs demandes auprès des
décideurs politiques. Cette fonction d'expression d'intérêts est fondamentale dans le
cadre d'un système politique. Il appartient donc au système d'opérer la fonction
agrégative, d'homogénéisation et d'harmonisation des revendications. Les groupes de
pression font donc la traduction des intérêts des groupes qui ne risquent donc pas de
perturber le système.

2. La fonction manifeste de revendication

Selon J. MEYNAUD, les groupes de pression ont trois `onctions principales

- fournir une information concrète aux systèmes politiques ;


- ensuite les groupes de pression, en permettant l'expression de leurs
revendications, assurent le système de leur consentement ou adhésion aux décisions ;
- et enfin les groupes de pression permettent la conciliation des
revendications. Il y a donc canalisation et rationalisation des aspirations.

3. La fonction latente d'intégration

Selon Merton R.K. les groupes de pression exercent une fonction manifeste
de revendication voire de contestation certains; ils exercent une fonction latente
d'intégration en canalisant les flux revendicatifs dépouillés de leurs virtualités
révolutionnaires.

Il reste que les groupes de pression peuvent devenir un danger pour la


démocratie en désagrégeant l'intérêt général et en prenant en otage l'Etat par des
corporations (complexe militaroindustriel, religieux ou sectaire) et d'intérêts croisés
obscurs voire maffieux (les rapports incestueux entre pouvoirs politiques, pouvoirs
économiques et grands groupes médiatiques).
CHAPITRE II
LES MODES DE PARTICIPATION AU JEU POLITIQUE

Pour Bouthros Bouthros Ghali, la démocratie est un système dans lequel


«le pouvoir souverain réside dans le peuple », et cette localisation populaire exige que «
l'ensemble de la société puisse participe, à fous les niveaux, au processus de prise de décision
et en exercer le contrôle»1. Pour y parvenir «la tenue d'élections libres régulières au
suffrage universel constitue une condition nécessaire, mais non suffisante, à l'existence d'un
régime démocratique».
Il n'est donc pas facile de définir la démocratie. Car
comme ironisait G. Bernanos, «le dernier degré de corruption d'un mot, c'est de
pouvoir servir à tout le monde, et celui de démocratie en serait bientôt-là ».

De fait, « la démocratie est comme la liberté, un de ces mots qui chantent


plus qu'ils ne parlent et au nom desquels beaucoup des crimes ont été commis »2.
Ainsi, on a connu de démocraties populaires, on parle de la démocratie occidentale, ou
encore africaine, etc.
Il reste que s'il est peut être difficile de définir conceptuellement la démocratie
sans adjectif, « l'on sait immédiatement à qui ou à quoi on a affaire lorsqu'on se trouve en
sa présence »3.
On peut participer au jeu politique soit par des modes non démocratiques (section 1), soit
par des modes démocratiques (section 2).

1
Bouthros, B. G., L'interaction démocratie et développement, Unesco, Paris, 2002, p.9.
2
Bernanos, cité Turpin p.187.
3
Turpin ,D., Droit Constitutionnel, p.212.
SECTION I
LES MODES NON DEMOCRATIQUES OU LES CHOIX
AUTOCRATIQUES

Les principales techniques utilisées dans les modes non-démocratiques ou


autocratiques sont l'hérédité (§1), la cooptation (§2) et la conquête (§3).

§1. L'HEREDITE

L'hérédité transpose en Droit Constitutionnel, Vie système de transmission des


biens aux héritiers naturels utilisé en droit privé : le pouvoir se lègue comme un élément
patrimonial1.

Nous allons d'abord définir l'hérédité (A), analyser ses formes (B), ainsi que sa
situation actuelle (C).

A. Notion d'hérédité

L'hérédité est une technique par laquelle le pouvoir est dévolu suivant
certaines règles à un membre de la famille de la personne qui exerçait jusque là le
pouvoir et dont les fonctions viennent de prendre fin. C'est le cas dans les monarchies et
Etats néo-patrimoniaux africains.

B. Formes

Il y a deux formes d'hérédité : l'hérédité individuelle ou monarchique (1) et les


assemblées héréditaires (2)

1. L'hérédité individuelle ou monarchie

Il y a hérédité individuelle lorsque les fonctions sont dévolues à un individu;


l'hérédité individuelle peut être patriarcale ou matriarcale.

Elle est patriarcale lorsque l'héritage du pouvoir se transmet en ligne


paternelle.

Elle est matriarcale quand l'héritage du pouvoir se transmet en ligne


maternelle.

1
Mpongo-Bokako, Droit Constitutionnel, op. cit, p.217
L'héritage est dit par primogéniture lorsque les règles dynastiques font que le
pouvoir est dévolu à l'aîné des enfants. II peut être mâle comme pour la loi salique en
France ou transmise comme dans la couronne britannique héréditairement au sein de la
dynastie de Windsor (Hanovre) par ordre de primogéniture sans excepter les femmes.

L'héritage est dit par division lorsque le pouvoir se transmet par un


partage du territoire gouverné par le précédent gouvernant entre ses enfants.

2. Les Assemblées héréditaires

Il y a Assemblée héréditaire lorsqu'une assemblée est composée des


membres qui y accèdent par voie d'hérédité. C'est le cas de la chambre des Lords en
Grande-Bretagne.

D. Situation actuelle de l'hérédité.


A l'heure actuelle, l'hérédité n'est plus acceptée par l'opinion comme
technique du choix des gouvernants. Mais elle sert à assurer la continuité de
certaines monarchies européennes: le monarque incarnant la stabilité, la permanence
et la continuité de la Nation. Par ailleurs, l'Etat africain néo-patrimonial développe des
rebondissements historiques de succession héréditaire sur fond de contrainte (RDC,
TOGO,...) tout comme il est observé des modes démocratiques de succession aux
charges et aux circonscriptions dans les pays industrialisés (clan Kennedy, clan Bush,
...).

§2. Cooptation

Nous allons d'abord définir la cooptation (A), dégageait


ses formes (B) et la cooptation dans les régimes contemporains(C).

A. Notion

La cooptation est la technique par laquelle le gouvernant en exercice ou en


fonction désigne le gouvernant futur : le successeur est désigné par le prédécesseur.
B. Formes de cooptation

Il nous faut la définir (A), en dégager les formes (B), l'analyser dans les régimes
contemporains (C).

a. La cooptation d'un individu

C'est la coopération qui consiste pour le gouvernant en place à désigner celui


qui le remplacera. Elle se présente sous diverses modalités.
La cooptation peut être juridique ou de fait ; directe ou indirecte, du vivant du
gouvernant ou par testament.

1.1. La cooptation juridique est celle qui se fait conformément aux règles
consacrées par la constitution alors que la cooptation de fait est celle qui n'est pas
consacrée officiellement.

1.2. La cooptation directe est celle qui est l'oeuvre d'une décision définitive du
gouvernement en fonction. En revanche, la cooptation indirecte est celle par laquelle le
gouvernement propose un candidat à un corps ou organe institué.

1.3. La cooptation du vivant du gouvernement est celle qui intervient tant que
celui-ci n'est pas encore décédé alors que la cooptation par testament est celle qui se
réalise en se référant à l'acte testamentaire laissé par le défunt

b. La cooptation d'une assemblée

A la mort d'un membre de l'Assemblée, les survivants désignent son


successeur.

c. L'actualité de la cooptation

La modernité du Droit constitutionnel n'a pas totalement éliminé cette


procédure. Elle est souvent la marque d'un régime autoritaire et ou oligarchique, en
tout cas insuffisamment institutionnalisé. Dans les régimes démocratiques, les élections
prennent l'allure d'un mélange d'une l'élection proprement dite lorsque le député qui se
retire désigne lui-même son successeur.
§3. Conquête

Carré de Malberg est formel : « il n'y a point de place dans la science du droit
public pour un chapitre consacré à une t héori e j uridique des coups d' Ét at ou des
r évol ut ions»' . Cependant, ces techniques sont fort utilisées en pratique et beaucoup
de gouvernants sont issus de la conquête.

Nous allons définir la conquête (A) et analyser les formes de conquête.

A. Notion

La conquête est une technique qui permet à une personne ou à un groupe de


personnes de s'accaparer du pouvoir par la force de l'armée ou du peuple.

B. Formes

On distingue en théorie deux formes de conquête de pouvoir : la révolution


(1) et le coup d'Etat (2).
1. Révolution
La révolution est une transformation brutale, radicale et rapide des structures
politiques, sociales, et parfois économiques, d'un pays. 2

C'est une technique qui met fin à la légalité constitutionnelle pour donner
naissance à un nouvel ordre constitutionnel positif. Elle est donc comme le dit Liet-veaux
« une abrogation de la constitution en violant les règles prévues à cet effet ».

La révolution est considérée comme le moyen ultime pour un peuple opprimé


et privé de ses droits de se libérer de d'oppression.
Ainsi la révolution n'est pas seulement une négation, elle est aussi, et davantage
encore porteuse d'avenir. Elle apparaît donc comme un instrument de rénovation
politique et sociale. La révolution résulte d'une action non limitée à l'appareil de l'Etat
mais est toujours sous-tendue par un mouvement populaire puissant, spontané ou
encore encadré dont la force balaye l'ordre établi.

2. Le coup d'Etat

Le coup d'Etat s'analyse comme un changement des gouvernants opéré, hors


des procédures constitutionnelles en vigueur, par une action entreprise au sein même
de l'Etat au niveau de ses dirigeants ou de ses agents plus souvent des militaires
(pronunciamento).

Contrairement à la révolution, dans le cas du coup d'Etat, la population se borne à


l'acceptation passive ou craintive de ce qu'elle considère comme « « une révolution de palais
».

En somme la révolution, qui se réfère à l'idéologie démocratique, a pour


objet de redonner au peuple l'exercice du pouvoir constituant originaire afin de lui
permettre de fonder une nouvelle société alors que les coups d'Etats et les pronunciamentos
militaires se proposent seulement de chasser l'équipe au pouvoir pour lui substituer une
autre : « ils confisquent la souveraineté et se gardent généralement de donner au peuple
l'occasion de s'exprimer, si ce n'est, parfois longtemps après, pour ratifier sous la
pression ce qui a été élaboré en dehors de lui »1.

Dans la pratique, afin de sortir du cercle vicieux, les putschistes recourent


aux modes apparemment démocratiques afin de couvrir leur tare génétique qui
malheureusement disparaît difficilement. « La structure même de tout régime dictatorial
rend difficile l'évolution ultérieure vers la liberté 2» : tout groupe qui a du pouvoir est
porté à le conserver. Autrement dit affirme Schwartzenberg « toute dictature secrète
rapidement une classe sociologique de soutien, un appareil bureaucratique, qui a
intérêt à son maintien. Cette « pesanteur sociologique » explique la permanence de
fait des dictateurs, qui au lieu de se libéraliser, de s'épanouir en démocraties, se
dégradent en bureaucraties ». En
ésume, « une dictature ne se démocratise pas, elle se bureaucratise ».

Section II. Le choix démocratique : élection

Historiquement la démocratie, qui est née dans la Grèce antique, est à la fois
un idéal et un mode de gouvernement. Le concept est formé de deux racines
grecques, « demos » (le peuple) et « cratos » (le pouvoir), le mot démocratie
signifie littéralement le « gouvernement du peuple » ou « le peuple au pouvoir », « le
gouvernement du peuple par lui-même » ; selfgovernment selon l'expression anglo-saxonne,
ou mieux encore selon la formule employée par le président Lincoln le 19 novembre 1863
sur le champ de bataille de Gettysburg : « gouvernement du
peuple, par le peuple, pour le peuple. Il s'ensuit une triple
articulation non pas simultanée mais cumulative de tout pouvoir politique qui se veut
démocratique : origine, exercice et finalité populaires du pouvoir.

L'extension du modèle démocratique moderne à la fin du XXe s., a conduit


certains auteurs à parler de la fin de l'histoire (F. Fukuyamà),. Il reste cependant
acquis que la démocratie-apparaît comme le disait Winston Churchill : « le pire
des régimes, à l'exception de tous les autres».

Ce mode de gouvernement qui assure directement ou indirectement la


participation populaire au pouvoir utilise le procédé de l'élection.

En effet pour choisir ou sanctionner les gouvernants, plutôt que de faire


confiance au sort ou à l'hérédité ou a la violence, cette technique qui est à la fois
ancienne (les rois ont d'abord été élus) et rëlativement récente, l'élection est considérée
comme la technique démocratique par excellence. Aujourd'hui,
Lipset - définit la « démocratie comme un système politique qui à rin -térieur d'un complexe
social, permet le renouvellement légal du personnel dirigeant et comme un mécanisme
social qui permet à une très grande partie de la population d'exercer une influence sur 'es
décisions importantes en choisissant les responsables. » Ainsi, hélas, « on a tendance à
réduire le geste démocratique dans la
mécanique électorale »1affirme Louise Arbour.
L'établissement des règles permettant la participation électorale libre, dégagée des
pressions (vote secret), des fraudes, est un processus qui est loin d'être terminée L'extension de
corps électoral à l'ensemble de la population (suffrage universel) par la suppression de
discriminations d'ordre financier contre les pauvres, sexuels contre les femmes, ou encore raciales
est une lente progression et une conquête quotidienne. Aujourd'hui le suffrage universel « est la
plus grande force politique des temps modernes »1opinait Eismein ;, l'élection permet à
l'électeur d'approuver ou de rejeter une -politique, en même temps qu'elle se traduit pour l'électeur
par le choix d'une équipe chargée d'appliquer une politique.

Nous allons d'abord analyser l'évolution et l'universalisation de ce pouvoir de suffrage.

§1. L'évolution et l'universalisation du droit de suffrage

Les théoriciens du droit naturel moderne marquent l'origine de l'Etat dans une
approche contractualiste : l'Etat repose et perdure par le consentement ; ce consentement doit être
explicite, renouvelé au travers le droit de suffrage 2 ou expression de la volonté
consentante de chaque citoyen de participer à la société politique, l'assentiment ou
confiance.

Il importe de cerner la mutation suffrage restreint - suffrage universel.

A. Le suffrage restreint

Comme le dévoilent les débats ouverts en France au sein de l'Assemblée constituante,


l'élection est perçue comme la meilleure technique pour limiter l'intervention du peuple dans les
affaires publiques par rapport à la démocratie antique et- populaire ou les représentants dû peup
el' nt désignés par-tirage au sort, ce qui permettait à tous -lé s citoy sne quelque soit leur statut
social d'accéder aux magistratures. Ainsi « le suffrage universel se présentait comme une
organisation rudimentaire repoussée par une civilisation avancé » affirmera EISMEN.
Ainsi le suffrage peut être restreint (1) ou déformé (2).
1. Les mécanismes de restriction du droit de suffrage

Le suffrage universel est relativement récent puis qu'il ne date que d'environ un
siècle. Le suffrage peut être restreint lorsque les électeurs sont sélectionnés en fonction de
critères.

a. Le suffrage censitaire

Le premier critère de restriction du suffrage est la fortune ou suffrage censitaire. De


nombreux pays ont pratiqué le système censitaire, qui consiste à accorder le droit de vote
qu'aux seuls possesseurs d'un montant de revenu attesté par le paiement d'un certain
montant d'impôt appelé "cens". Ce sont des citoyens actifs qui forment le pays légal au
dessus du pays réel de la masse des « citoyens passifs»: seuls les payeurs devaient
être les conseillers: No representation without taxation pour multiples raisons.

b. Le suffrage masculin

Alors qu'au moyen âge, les femmes étaient souvent admises dans les assemblées
électorales, elles sont généralement victimes d'une discrimination faisant prévaloir un
suffrage masculin. Pendant très longtemps les femmes ont été écartées de toute
participation à la vie politique, pour multiples raisons
génétiques d'abord, on estimait biologiquement que les femmes seraient vouées
à la trilogie de 3K : « kinder, kuche, kirch » selon les allemands : les enfants, la
cuisine et l'église. Charles Esmein écrit à ce sujet que « le
développement historique de l'humanité a rendu fort douteuse leur capacité politique,
en les faisant, au contraire, éminemment propres aux fonctions familiales »1 ;
cet ordre d'arguments est développé à l'époque par certains hommes comme,
Hauriou M. et la commission d'interprétation coranique de Koweït en 1985.

Un psychologue Américain Allan Pease affirme que « pour entrer en politique, il


faut rechercher le pouvoir, l'autorité, la domination ... il faut donc avoir une mentalité
d'homme pour faire carrière dans ce domaine. C'est toujours la testostérone qui se
cache derrière : le taux d'hormones a un impact direct sur les comportements et la manière
de penser et d'appréhender l'environnement. Les femmes qui font la politique ont souvent
un surplus d'hormones mâles avec un « cerveau féminin » 1.

Morales : L'éditorial du figaro se demandait en 1877 si « après les femmes, les


bœufs allaient voter » l'expression « homme public » n'a pas véritablement
d'équivalent au féminin, et la reine victoria « vouait au fouet les femmes
militantes qui oubliaient les devoirs de leurs sexes ». J.J. Rousseau affirmait que «
la dignité de la femme est de rester inconnue » car ajoute Proud'hon « elles ont pour
alternative être ménagères ou courtisanes».

Juridiques : l'incapacité de la femme est inscrite dans le code du travail. Elle


doit, lorsqu'elle est mariée, obtenir l'autorisation pour tous les actes juridiques dans
lesquels elle s'oblige à une prestation qu'elle doit effectuer en personne.

Politiques : les femmes sont suspectées de conservatisme et de soumission. Le


Général Argentin Videla estime que « dans toute l'échelle animale, la femme est par
nature passive, conservatrice et uniquement agressive quand il s'agit de défendre
les petits, quand on observe que quelques femmes arrivent à abandonner leur foyer en
défense des idéologies qui soutiennent le terrorisme, évidemment, nous sommes en
présence de psychopathes dont la maladie est plus forte que l'instinct ancestral ». Les
femmes redoutent en politique le changement, et leur vote accentue la
personnalisation du pouvoir.

Contre toutes ces raisons, suite aux pressions des mouvements féministes (les
suffragettes d'abord : Georges Sand, Emily Davidson, ou Susan Anthony aux Etats-
Unis), les femmes ont été admises au droit de suffrage pour la première fois en 1869 aux
Etats-Unis (Wyoming), ce droit sera généralisé par le XIXe amendement, la Nouvelle-
Zélande et l'Australie le feront respectivement en 1893 et 1902. Le mouvement va
s'étendre après la première guerre mondiale. Les femmes espagnoles durent attendre
1931, et les françaises en 1945 et les belges en 1948, les suisses en 1971 et le
referendum sur les quotas a été rejeté le 12 mars 2000 ; en France, la loi
constitutionnelle du 99569 du 8 juillet 1999 a consacré par l'article 3 in fine la parité,
mais son application pose toujours les problèmes. Mais on peut se
féliciter du duel au sommet qui a opposé pour le second tour des présidentielles le 6 mai
2007, Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal. En république Démocratique du Congo, la
Constitution du 18 février 2006 a consacré le principe de parité mais les lois
essentielles d'application doivent articuler concrètement cette proclamation de foi.
L'écueil fondamental est le non-pouvoir des femmes dans nos cultures au-delà de la
féminisation réelle de la vie politique. Ce combat de droits de l'homme doit continuer.

c. Le suffrage des jeunes

Le suffrage peut être restreint en recourant au critère naturel de l'âge. La


majorité peut, ou non correspondre à la majorité civile: Ainsi en France, on vote à 18
ans, en Angleterre en 21 ans, au Brésil à 16ans. L'âge d'éligibilité est aussi mouvant. On
estime que le vote des jeunes est révolutionnaire car plus épris aux changements que
les personnes âgées. D'autres parlent d'immaturité même si les jeunes arrivent à l'âge
adulte plus tôt et participent à la vie économique du pays.

d. Le suffrage capacitaire

Il est possible de limiter le droit de suffrage en fonction de la capacité: le droit


de vote est alors réservé à ceux qui ont un certain niveau d'instruction. En pratique, on
observe que le suffrage capacitaire sert à écarter des urnes les citoyens de race, ou les
citoyens nouvellement naturalisés ne maîtrisant pas la langue. Il fut utilisé dans ce
but dans certains Etats fédérés américains jusqu'à ce qu'une loi du 6 août 1965
l'interdise. (Literacy test consistant à exiger pour l'inscription sur les listes électorales
une lecture et un commentaire de la constitution devant un jury blanc).

D'autres restrictions sont toujours en cours: la nationalité étrangère, les


comportements indigènes ... ici aussi les idées vont évoluer mais les plus grands dangers
gisent dans les mécanismes de déformation du suffrage apparemment universel.

1. Les mécanismes de déformation du suffrage universel

Quoiqu'il est observé une évolution quantitative vers le suffrage universel,


c'est-à-dire un suffrage qui n'est limité par aucune condition, on peut cependant
déformer ce droit et atténuer la portée démocratique du suffrage universel à défaut de
pouvoir le supprimer.
Nous allons d'abord analyser ces manipulations et les techniques pour y faire face.

A. Les manipulations du suffrage universel

- le suffrage indirect : le suffrage direct est celui par lequel les citoyens élisent
eux-mêmes sans intermédiaires, leurs représentants tandis que le suffrage indirect est celui
qui comporte deux ou plusieurs degrés ou étapes d'élection, les citoyens élisant certains
d'entre eux qui élisent eux-mêmes les représentants. C'est le cas des sénateurs qui sont
les élus des élus. On parle ici d'une distorsion légitime consécutive à la structure de l'Etat.

- le suffrage inégalitaire: le principe d'égalité des citoyens débouche sur celui de


l'égalité du vote de chaque citoyen. Cela signifie que chaque électeur ne dispose que
d'une seule voix: « one man, one voice. » Cependant des formes instituées de suffrage
inégalitaire ont longtemps perduré un système dans lequel certains citoyens disposent de
plusieurs voix le vote plural et le vote multiple ;

- le vote plural consiste à accorder plusieurs voix à l'électeur remplissant


certaines conditions ; ainsi le vote familial proportionne le nombre de voix au nombre
d'enfants de l'électeur (en France en 1923, en Belgique de 1893 à 1921), ou le système
qui attribue une voix supplémentaire soit aux porteurs de rentes de l'Etat, soit aux
titulaires de certains diplômes ;

- le vote multiple permet a un électeur de voter dans plusieurs circonscriptions


s'il remplit les conditions pour y être inscrit. C'est le système anglais de « franchises
électorales » abandonné en 1951: « un citoyen pouvait voter au bureau électoral
de son domicile, à celui du siège de son commerce et à celui de l'université où il est
diplômé, sous réserve de pouvoir se déplacer. »

B. Les manipulations des conditions de déroulement de


vote

L'opération électorale doit se dérouler selon une procédure précautionneuse car


le vote doit être libre, secret et sincère.

- le vote est libre : rarement obligatoire :il s'agit de l'exercice d'un droit que le
citoyen est libre de ne pas exercer; cette liberté se manifeste non seulement par la
préférence
accordée à un candidat parmi ceux qui se présentent, mais aussi par la faculté de mettre
une enveloppe vide ou un bulletin blanc dans l'urne, voire également de ne pas
participer à l'élection par l'abstention. Mais dans certains pays comme la Belgique,
le Danemark, la Grèce, le Luxembourg .... Le vote est obligatoire.

- le vote est toujours secret : le secret de vote est inhérent à la démocratie afin de
mettre l'électeur à l'abri de toute intimidation, des pressions. Ce secret est assuré par le
passage à l'isoloir. Ce dernier est adopté en 1872 en Grande Bretagne (ballot act), en 1913
en France, un an après l'Italie.

- le suffrage doit être sincère : la fraude électorale consiste en une manoeuvre dans
le but d'altérer la liberté et la sincérité de vote; Cependant il faut que cette irrégularité
ait été déterminante sur l'issue du scrutin pour vicier le résultat. En effet, en dehors
d'abus de propagandes, il faut éviter des manipulations telles que les bourrages
d'urnes, procès verbaux truqués, fraudes à l'inscription, détournements des cartes
d'électeurs, documents falsifiés, etc.

A ces manipulations proprement dites, la sincérité du vote peut être entachée


par des pressions exercées sur les électeurs, la corruption, les intimidations, la
suppression de la presse d'opposition, l'interdiction des réunions publiques ou les
restrictions des mouvements d'opposants ou encore le charcutage électoral qui est une
manipulation volontaire visant à découper à son avantage une circonscription.

L'expert de ce jeu subtil fut Elbridge Gerry, gouverneur du Massachusetts. En


1812 ses amis emportent 29 sièges avec 50.614 voix contre 11 sièges à leurs
adversaires avec 51.776 suffrages. Cette distorsion territoriale prit
le nom « gerrymandering ».

Il faut souhaiter que les défis posés par l'inexorable généralisation du vote
électronique puisse améliorer les conditions de liberté et de sincérité des élections.

Afin d'éviter les manipulations, il est toujours institué un contentieux électoral.

§2. Le contentieux électoral

Afin de garantir la régularité des opérations électorales il est toujours institué un


contentieux électoral. Les litiges auxquels
exclusive d'une combinaison. Ainsi deux logiques s'opposent :la logique majoritaire et la
logique proportionnelle selon que l'on met en avant l'efficacité et la supériorité
numérique ou l'équité et l'idée de l'équilibre représentatif entre les différentes tendances
de l'opinion publique. Il se dégage donc trois modes de scrutin

le système majoritaire(SM)
le système proportionnel (RP) le système mixte ou
hybride.

François Mitterrand estime « qu'il n' y a de bonne loi électorale », tout dépend
des résultats que l'on en escompte, sachant que le meilleur est celui qui vous permet
d'atteindre votre objectif politique. Mais le choix entre les deux logiques suppose au
préalable la détermination du type de scrutin ; scrutin uninominal ou pluri nominal.

A. TYPES DE SCRUTINS : LE SCRUTIN UNINOMINAL ET LE SCRUTIN


PLURINOMINAL

En fonction du nombre d'élus à désigner. On distingue soit le scrutin uninominal soit


le scrutin plurinominal.

1. Le scrutin uninominal se caractérise par le fait que chaque bulletin de vote


ne peut porter qu'un seul nom. Les candidats se présentent individuellement. Chaque
voix va à un nom. Ce mode de scrutin personnalise l'élection. Il est habituel de dire que le
scrutin uninominal est un vote pour un homme.

2. Le scrutin plurinominal ou scrutin de liste, est organisé lorsque chaque électeur


vote pour une série des candidats inscrits sur un même bulletin ou liste.

Le scrutin de liste dépersonnalise le scrutin, accroît le rôle des partis


politiques et permet en principe un combat d'idées et de programmes. Mais il peut être
un simple conglomérat de personnalités ou des notabilités locales.

Le rôle des appareils politiques peut être nuancé si l'électeur dispose d'une
marge de liberté à l'égard des listes: Ainsi le citoyen peut être tenu de voter pour une
liste entière, auquel cas on parlera de « listes bloquées ». A l'opposé, il peut conserver .I ne
latitude, en confectionnant sa propre liste, à partir des candidats présentés sur les
différentes listes: c'est « le système du panachage » ou il peut intervertir l'ordre de
présentation à l'intérieur d'une même liste « système du vote préférentiel. »
Autant de questions dont la solution manifestera la volonté, soit de faire
prédominer la liberté de choix de l'électeur soit la cohésion des partis
politiques.

Corrélé avec les modes de scrutin, le scrutin majoritaire peut être


associé à la fois au scrutin uninominal et de liste tandis que, la représentation
proportionnelle ne peut être associée qu'au scrutin de liste.

B. MODES DE SCRUTINS

- le scrutin majoritaire (SM) ;


- le scrutin proportionnel (RP).

Le scrutin majoritaire et le scrutin proportionnel sont des modalités


pratiques permettant de déterminer selon les quelles bases seront pourvus les
sièges en compétition au cours d'élections ; il est tenu compte de nombre de voix
qu'il est nécessaire de réunir pour être élu.

1. Les systèmes majoritaires a. Origine et


définition

Le scrutin majoritaire est le plus ancien de tous les systèmes


électoraux. C'est à lui que Simon de Montfort eut recours en 1265 pour l'élection du
Parlement britannique. Ce système a été revendiqué par les juristes comme
Carré de Malberg, Adémar Eismein, René Capitant ; Duverger et Burdeau.

Il consiste à attribuer le ou les sièges convoités aux candidats ayant


obtenu le plus de voix ou le candidat qui arrive en tête : « The winner take all »,

b. Types des scrutins majoritaires

Il faut distinguer le système majoritaire à un tour et le système


majoritaire à 2 tours. f

r> 4~e4 ~>Xk 1. Le système majoritaire à un tour

Dans le système majoritaire à un tour, est élu le candidat ayant obtenu le plus
grand nombre des suffrages, quelque soit le pourcentage des voix recueillies. La
majorité simple ou relative
suffit pour être élu, C'est le plus simple, le plus brutal mais pas forcément le moins
démocratique.

Le système majoritaire à un tour est en vigueur depuis la fin du XVIIIe s. en


Grande-Bretagne, aux Etats-Unis et dans la plupart des pays anglo-saxons.

Exemple : sur 100.000 suffrages exprimés, A=40.000 voix, B=45.000 voix,


C=15.000 voix, le candidat B est élu, puisque c'est lui qui recueille le plus de voix.

Dans ce système électoral majoritaire à un tour, les électeurs sont souvent


confrontés à la nécessité de « voter utile ». En effet, une sorte de contrainte est exercée
sur l'électeur, car il aura tendance à préférer donner sa voix à un candidat qui a des
chances de remporter l'élection plutôt qu'à un autre qui n'a aucune chance, même si
ce dernier correspond davantage à ses idées. Ce système favorise la bipolarisation.

Ainsi le système majoritaire a le mérite de favoriser l'émergence d'une majorité


parlementaire claire et contribue ainsi à la stabilité gouvernementale.

Ce système à un tour favorise le bipartisme. Ici les partis de moindre


importance n'ont vraiment pas de chance pour s'affirmer et se développer.
majoritaire à deux tours
Ce système favoriserait l'injustice en engendrant une disproportion entre le
pourcentage des voix obtenus et celui des sièges remportés: il y a sur-représentation
énoncée par la formule en 1898 de Edgeworth qualifiée de « loi du cube »: selon cette
loi du cube si le rapport de suffrages obtenus par les deux partis est de A/B, le
rapport des sièges est de A 3/B3 Ainsi il y a une prime à la majorité.

De plus, le résultat des élections peut être modifié par un déplacement de voix
très faible du parti anciennement majoritaire vers celui qui va le devenir, que les
britanniques appellent « loi de « swing ». Jean Jaurès parle d'un « scrutin de
voleurs » avec danger de radicalisation des partis exclus : 50,01 % de voix = 100 et
49,99% = 0

2 Le système
Dans le scrutin majoritaire à deux tours, le
candidat ou la
este ne peuvent être élus au premier tour que s'ils emportent la
majorité absolue de suffrages exprimés c'est-à-dire plus de la moitié des suffrages.

Si donc au premier tour, aucun candidat n'obtient la majorité absolue des


suffrages, on dit qu'il y a ballotage. Au second tour, la majorité relative suffit c'est -à-
dire celui qui a obtenu le plus grand nombre de voix est élu, quelqu'en soit le chiffre.

Exemple : 1ef tour, 100.000 électeurs inscrits, 81000 votants, 1000 bulletins
blancs ou nuls. Après dépouillement, les résultats se présentent comme suit

A : 30000 voix, B=20000 voix,C=15000 voix,D=2000 voix, E=13000 voix.


La majorité absolue (M.A) = la moitié des voix + 1 M.A = 80.000 + 1= 40.000 + 1
= 39.501 2
Il y aura ballottage car au Ier tour aucun candidat n'a obtenu la majorité
absolue, ne se présente que les deux premiers candidats.

Au second tour : 83 000 voix exprimés ; A=43.000 voix, B=40 000 voix

A est élu.

Ce système donne à l'élu une forte légitimité mais son inconvénient est de
favoriser au second tour des manoeuvres politiciennes peu claires.

Ce système majoritaire, scrutin centripète, favorise donc la fusion ou des alliances


des partis politiques, selon I M.Duverger « le scrutin majoritaire à deux tours tend à un
multipartisme tempéré par des alliances ». On parle du multipartisme polarisé.
M.A=40.001 voix t
Ce système favorise l'immoralité et une faible qualité du débat national. On parle
des « mares stagnantes » de la politique.
2. Les systèmes proportionnels

a. Définition et origine
La représentation proportionnelle consiste à repartir les sièges à pourvoir
proportionnellement au nombre de voix obtenues par chaque liste ou chaque parti.

Ce système a été inventé par le mathématicien belge Victor d'Hondt et fut


appliqué en Belgique en 1899. La recherche des méthodes mathématiques d'attribution
des sièges en fonction des voix pour assurer une meilleure adéquation entre la composition
des Assemblées et les votes des électeurs s'est alors développée. Ainsi « la représentation
proportionnelle est la fille de la statistique, son développement s'inscrit dans celui de
la croyance en la capacité de la science à rationaliser la politique »1.

Ce scrutin a été préconisé par Hans Kelsen « l'idée proportionnaliste


s'insère dans l'idéologie de la démocratie et son action dans sa réalité ; le parlementarisme
»2

Il était préconisé par des maîtres tels que Léo Gambetta, Aristide Briand, Jean
Jaurès et le publiciste Joseph Barthélemy.» Il écrit « cinq enfants reçoivent un gâteau,
trois d'entre eux préfèrent le manger tout entier : c'est le système majoritaire. Chacun
des cinq enfants en prend une part . c'est le système proportionnaliste »3.

Le système proportionnel apparaît être aujourd'hui le système électoral


dominant en Europe et celui qui est proposé au pays post-conflits.

b. L'organisation du scrutin à la proportionnelle

La représentation proportionnelle permet à chaque parti politique d'obtenir un


nombre de sièges proportionnel au nombre de voix qu'il a obtenu.

Le système proportionnel postule un scrutin de liste. Il implique également


que l'élection se fasse lors du tour unique. Les listes pré-établies par les appareils
politiques doivent comporter

Martin, P., Les svstèines électoraux et les modes de scrutin, 3 `édit, Montchreslien, Paris,
2006, p.60.
Kelsen H., La démocratie, sa nature, sa valeur, Eisenmann,
1932. Cité par Turpin, p.325.
autant de candidats qu'il existe de sièges à pourvoir dans la circonscription,

Il implique un double opération : attribution des sièges au quotient, puis


l'attribution des restes.

1. L'attribution des sièges

Pour repartir les sièges proportionnellement aux voix, il existe trois systèmes :
le quotient électoral, le nombre uniforme, le quotient national.

- Le quotient électoral est la technique la plus répandue : le quotient est le


nombre des voix nécessaires pour obtenir un siège, il est obtenu en divisant le nombre de
suffrages exprimés (V) par le nombre de sièges à pourvoir de chaque
circonscription(S) soit Q=V/S. Ce quotient simple s'appelle le quotient de Hare.

A l'issue du scrutin, chaque liste recevra autant des sièges qu'elle aura obtenu de
fois le quotient électoral ;
- la formule de nombre uniforme : c'est la loi qui va fixer à l'avance, pour
l'ensemble du territoire, le nombre de voix nécessaires pour qu'une liste puisse
obtenir un député. Chaque liste a autant des députés que de fois ce nombre -dit
nombre uniforme-sera compris dans la somme des voix qu'elle aura recueillies ;
- la formule du quotient national, il est calculé en divisant l'ensemble des suffrages
exprimés dans toutes les circonscriptions du pays par le nombre total de sièges à attribuer.
Cependant il ne peut être attribué que lorsque l'on dispose des résultats définitifs du
scrutin, ce qui entraîne des délais assez longs.

2. L'attribution des restes

Malgré tout, quelque soit le système adopté, le problème d'attribution des restes
subsiste : c'est-à-dire des suffrages inemployés et des sièges non pourvus. Afin de
procéder à cette deuxième répartition, deux solutions sont envisageables : la
proportionnelle intégrale et la proportionnelle approchée.

a. La proportionnelle intégrale

Il s'agit de regrouper, sur le plan national les restes de chacune des formations
politiques qui ont présenté des listes et d'attribuer à chaque formation autant de sièges
supplémentaires
que le nombre uniforme sera contenu dans le chiffre dans le chiffre total de ses restes.

Ce système de proportionnelle intégrale, a le mérite suivant: la simplicité et


la photographie réelle de la société. Cependant, elle n'est pas à l'abri de certains
inconvénients: il contribue comme en Israël « aux marchandages coalitionnels »; il
favorise la corruption politique' selon Greilsammer et rend impossible la formation
d'une majorité.

b. La proportionnelle approchée

La proportionnelle approchée fonctionne dans le cadre d'une pluralité de


circonscriptions, l'attribution de restes s'opère suivant deux méthodes: le système du plus
fort reste (PFR) ou le système de là plus forte moyenne (PFM). Ce qui implique dans un
premier temps, l'utilisation de la formule du quotient électoral.

1.1. La méthode des plus forts restes (méthode Hamilton 1792)

Cette méthode consiste à appliquer d'abord le quotient simple et ensuite


attribuer les sièges qui restent à pourvoir aux listes présentant le plus grand nombre de
suffrages inemployés. Les sièges restant sont attribués à chaque liste selon l'ordre
décroissant des suffrages inemployés après la première répartition. Ce système favorise
les petits partis aux dépens des grandes formations.

2.2. Méthode de la plus forte moyenne (méthode Jefferson 1792)

On applique te quotient électoral simple et ensuite procéder à l'attribution


fictive d'un siège à chaque liste en divisant le nombre de voix obtenues par chaque liste
par le nombre de sièges obtenues par celle-ci plus un.

Cela permet d'obtenir, pour chaque liste, une moyenne de suffrages


exprimés. C'est aux listes ayant les plus fortes moyennes que les sièges restants seront
attribués. Cette méthode avantage les grandes formations politiques.
2.3. Illustration des systèmes proportionnels

Dans une circonscription X, il y a 10 sièges à pourvoir. Suffrages exprimés


500.000 voix.

Résultats obtenus : liste A=175000 voix, liste B=85.000 vois ; liste C=95.000
voix ; liste D=30000 voix, liste E = 115.000 voix ;
Deux opérations doivent être réalisées

- d'abord déterminer le quotient électoral dans la circonscription considérée. Le


QE est calculé en divisant le nombre des suffrages exprimés par le nombre des sièges
attribués à la circonscription.

- Ensuite, pour repartir les sièges entre les listes, il convient de diviser le
QE par le nombre de voix obtenues par chaque liste.

QE= 500.000/10 (suffrages exprimés)=50.000 voix. Première répartition

liste A =175.000 :50.000= 3 sièges liste B =85.000 :50.000=


1 siège liste C= 95.000 :50.000= 1 siège liste D =30.000
:50.000 = 0 Siège liste E =115.000 :50.000 = 2 sièges

Soit 7 sièges pourvus et 3 sièges non pourvus Deuxième attribution

Les listes sont attribuées au niveau local, plus rarement au niveau national.

Deux méthodes sont généralement utilisées : celles des plus forts restes (PFR) et
celle de la plus forte moyenne (PFM).

-lére méthode (PFR), elle attribue les sièges restant aux partis qui ont le plus
nombre de voix inemployées. Ce système favorise les petits partis aux dépens des grandes
formations.
- Nombre de voix inutilisées

Liste A=175000voix (3X50000)=25 0000voix Liste B =85000 voix


(1X50000)=35 000 voix Liste C=95 0000 voix (1X50000)=45000 voix
Liste D=30000 voix (0X50000) = 30000 VOIX Liste E=115 000 voix
(2X5000)= 150000 voix

Le Sème siège est attribué à C, le Sème à B, le 10ème à D.


Au total A à 3 sièges, B à 2 sièges, C à 1 siège, D à 1 siège et Eà2 sièges.

2ème méthode : (PFM) est plus complexe. Il convient de diviser pour chaque
parti, le nombre de voix obtenues par le nombre total de sièges qu'il obtiendrait si on
lui attribuait le siège restant. On compare alors ces diverses moyennes. Le parti qui
obtient la PFM reçoit le siège.

SR=siège réel, SF=siège fictif


Liste A=175000 :4(3SR+lSF)=43750 Liste B=85000
:2(1SR+1SF)=42500 Liste C=95000 :2(1SR+1SF)=47500
Liste D=30000 :1(OSR+lSR)=30000 Liste E=115000
:3(2SR+1SF)=38333

Le 8e siège est attribué à C (dont la nouvelle est95000 :3(2SR+1SF)=31660), le


Sème
siège est à A (dont la nouvelle moyenne est de 175000 :5(4SR+1SF)=35000 voix) et
le loè1e siège est attribué à B dont la moyenne est de 85.000/2.

Donc la liste A a 4 sièges, la liste B a t sièges, la liste a 2 sièges, la liste D 0 siège, et


la liste E a 2 sièges.

Par rapport à la méthode PFR, le parti A le plus puissant gagne 1 siège, le parti
D le plus faible perd 1 siège. En conséquence, cette méthode favorise les grands partis.

Il existe d'autres méthodes de calcul tel que le système d'Hondt qui donne les
mêmes résultats et des approches perfectionnées de ces systèmes proportionnels.

- Ainsi la représentation proportionnelle permet de rendre impossible la


prédominante exclusive d'une formation politique qui ne bénéficie pas du soutien d'une
majorité dans le pays.
- Elle donne une représentation fidèle de l'opinion. La représentation
proportionnelle favorise le pluralisme qui avec l'équilibre des pouvoirs, est une
condition fondamentale de la démocratie. Bien plus, elle assure à l'électeur un large
choix et lui permet de trouver, dans le large éventail des partis existants, celui qui
correspond le mieux à ses idées.

Cependant si le scrutin majoritaire est un « miroir brisé dans lequel la société


ne se reconnaît pas, la proportionnelle semble être « une photographie de brouillard »,
car elle fragmente et atomise exagérément la scène politique et favorise un choix
médiatisé par des partis.

Michel Debré affirme en 194... que « la bombe atomique est une arme
incertaine comparée à un tel procédé qui tue l'État en lui ôtant tout pouvoir»'.
Ferdinand Hermens dira que la proportionnelle serait responsable de
l'ingouvernabilité de la République de Weimar et donc de l'arrivée de Hitler.

Aussi certains pays ont adopté des systèmes mixtes. 3. Les systèmes mixtes

Ces systèmes électoraux combien les deux principes proportionnalistes et


majoritaires. Ils s'efforcent de concilier l'équité et la gouvernabilité en cumulant
l'efficacité gouvernementale propre au scrutin majoritaire et la représentation des minorités
propres au scrutin proportionnel.

Mais les systèmes mixtes présentent toujours une logique dominante.

Comme systèmes mixtes, nous pouvons citer le système des apparentements de


la loi française du 9 mai 1951, qui fut un système essentiellement proportionna liste à
correctif majoritaire. La loi électorale municipale de 192... établit un système
fondamentalement majoritaire corrigé par un mécanisme proportionnel: la liste des
candidats qui obtiennent au premier tour la majorité absolue se voit attribuer, a titre de
scrutin majoritaire, la majorité des sièges à pourvoir. Les autres sièges sont répartis à la
représentation proportionnelle suivant la règle de la plus forte moyenne entre toutes les
listes ayant obtenu au moins 5%.

Le système mixte allemand pour les élections dit du « double vote » est
un système fondamentalement proportionnel à correctif majoritaire. Il s'agit d'un
système mixte « équilibré »: tout électeur dispose de deux voix avec ce
système électoral original qui combine le scrutin majoritaire à un tour de
type britannique et de la représentation proportionnelle. La moitié des membres du
Bundestag est élue au scrutin uninominal à un tour.

La seconde voix est utilisée par l'électeur pour choisir une des listes de partis qui
se présentent dans le cadre de chaque land. Il y a donc un vote de sympathie et un vote
idéologique.

§4. Conséquences ou effets politiques des systèmes électoraux

Les préférences en faveur de l'un ou l'autre système sont souvent


dépendantes des expériences politiques de' chaque pays et de la vision du régime
politique dans lequel on vit ou on
désire vivre: « les scrutins majoritaires correspondent à des
systèmes d'affrontement ou la concurrence et les scrutins proportionnels à des
systèmes de coopération entre1 les forces afin d'aboutir à la formation d'un
gouvernement d'union nationale ».

Mais il est toujours indiqué d'avoir un consensus politique sur les systèmes
électoraux afin d'avoir une démocratie gouvernante. En effet les modes de scrutins
nous révèlent que la distinction fondamentale entre régimes majoritaires (France,
Allemagne, Etats-Unis, GB, Portugal, Espagne ...). Régimes nonmajoritaires (Italie,
Pays-Bas, Danemark, Belgique, Irlande...) est autrement plus pertinente aujourd'hui
qu'entre régime parlementaire et régime présidentiel2: dans le premier, les citoyens
décident qui gouverne et pourquoi tandis que dans le second les électeurs
désignent ceux qui choisiront à leurs places les gouvernants et les options
politiques. Il reste que l'influence des modes de scrutin sur la stabilité des
systèmes politiques ne s'avère pas plus évidente. En effet, celle-ci dépend
beaucoup plus de la structuration idéologique du système partisan et d e la
vigueur de l'armature institutionnelle. Dès lors l'existence politique du
gouvernement ne dépend pas du parlement. C'est le cas du régime présidentiel
américain ou la substitution de la représentation proportionnelle au scrutin
majoritaire ne porterait sans doute pas atteint à la gouvernabilité du régime.

Martin, P, Les systèmes électoraux, op.cit, p.133. z


Duhamel, O., Droit Constitutionnel, op.cit, p...
En définitive, le système idéal affirme Jacqué serait « celui donc qui permettrait l'efficacité
gouvernementale tout en offrant aux nouveaux courants d'opinion des possibilités
d'insertion dans le jeu politique»'. Cependant, sans verser dans le déterminisme, d'une
manière générale, un régime électoral n'accompagne pas seulement un système politique ; s'il
ne le crée pas, il le structure : le two -party system anglais est le produit du système
majoritaire a un tour tout comme la partitocratie de la Ivème
République française est la conséquence de la proportionnelle.
BIBLIOGRAPHIE SELECTIVE
I. Usuels et ouvrages méthodologiques

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Vunduawe Te Pemako, F., Traité de droit administratif, Bruxelles,
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III. Cours

Djelo Empenge, O. droit constitutionnel et institutions politiques, UNIKIN, Théorie


générale de l'Etat, Faculté de droit, 1997-1998.
Kitete,K. O., Cours de droit constitutionnel et institutions politiques,
UNIKIN, Faculté de droit, 1993-1994.
Lihau Ebua Libana La Molengo, M., Cours de droit constitutionnel et institutions
politiques, UNAZA, Faculté de droit, 1977-1978.
TABLE DES MATIERES

INTRODUCTION GENERALE .................................................... 1


I. DEFINIR LE DROIT CONSTITUTIONNEL ...................... 3
A. Analyse de cette définition ............................................... 4
I. Le Droit Constitutionnel : une branche du Droit ................... 5
II. Le Droit Constitutionnel, une branche du Droit public .............. 7
Distinction entre le Droit Public et Droit privé .................................... 7
a. Définition .................................................................................... 7
b. Critères de la distinction ............................................................. 7
c. Caractères de la distinction ......................................................... 8
d. Portée de la distinction ............................................................... 8
e. Relativité et transformation de la distinction ............................ 9
III. Le Droit Constitutionnel : une branche du Droit public
interne ........................................................................................ 10
IV. Droit Constitutionnel étudie les règles juridiques ......... 11
a. Spécificités des règles du Droit Constitutionnel ............. 12
1. Un droit de la pratique ............................................................ 12
2. Droit conventionnel .................................................................. 15
3. Un droit instrumental ............................................................... 15
V. Le droit constitutionnel étudie les règles juridiques relatives à
l'établissement, à l'organisation et au fonctionnement et du
pouvoir politique ........................................................................ 16
A. - Au niveau génétique du pouvoir politique : ................... 16
~_ ETABLISSEMENT ............................................................... 16
LB. Au Plan structurel, organisationnel ou anatomique du .......... pouvoir
politique : EXERCICE .............................................................. 16
C. Au Plan physiologique ou fonctionnel du pouvoir .................................... 16
Politique : dévolution du pouvoir politique ............................................... 16
VI. Les transformations du Droit constitutionnel par
l'adjonction de l'expression « Institutions Politiques» ............................ 17
. Institution ..................................................................................................18
1. Définition ................................................................................................ 18
2. Catégories d'institutions ........................................................................ 19
a. Les Institutions- organes ............................................................19
b. Institutions mécanismes ............................................................ 19
B. Institutions Politiques ....................................................... 20
C. Conséquences de l'adjonction du concept « institutions
politiques » au droit Constitutionnel ou les transformations du
droit Constitutionnel ............................................................. 22
VII. Méthodes d'approche ...................................................... 26
A. L'approche juridique ....................................................... 26
B. L'approche sociologique .................................................. 27
VIII. INTERET DU COURS ................................................. 29
IX. Plan sommaire .................................................................. 31
LES PRINCIPES STRUCTURAUX DU DROIT
CONSTITUTIONNEL.. ………………………………………..33
TITRE le' ........................................................................................ 35
L'ENJEU DU DROIT CONSTITUTIONNEL : ............................... 35
LE POUVOIR POLITIQUE ........................................................... 35
CHAPITRE I................................................................................... 35
CADRE CONCEPTUEL : DEFINIR LE POUVOIR POLITIQUE 35
SECTION I : DU POUVOIR ..................................................... 35
CHAPITRE II ................................................................................ 39
DU POUVOIR DANS LES SOCIETES ANIMALES ........................ 39
Section I. Le Pouvoir chez les animaux inférieurs : les
« organisations d'insectes» .......................................................... 40
Section II. Le pouvoir chez les Animaux supérieurs ................... 40
CHAPITRE III ............................................................................... 43
DU POUVOIR DANS LES SOCIETES HUMAINES…..43
SECTION 1. Formes de pouvoir politique dans temps dans les
sociétés humaines ...................................................................... 43
§1. Le pouvoir diffus ............................................................. 43
§2. Pouvoir personnalisé ou autoritaire .......................................... 44
§3. Pouvoir institutionnalisé .................................................... 45
Section II. Les formes de pouvoir politique dans l'espace .............. 47
§1. Le pouvoir politique dans Les sociétés sous -développées 48
§2. Le pouvoir politique dans les sociétés développées .......... 48
§3. Le pouvoir politique dans les sociétés post-industrielles. 50
Section III. Les caractères du pouvoir politique ......................... 51
§1. Le pouvoir politique est contraignant .................................. 51
§2. Le caractère initial du pouvoir politique ............................ 52
§3. Le caractère global du pouvoir politique .......................... 52
CHAPITRE IV : LE FONDEMENT DU POUVOIR POLITIQUE 53
SECTION I. FONDEMENT SOCIOLOGIQUE DU POUVOIR
POLITIQUE .............................................................................. 54
§1. Le paradigme de la nature .................................................. 54
A. Le pouvoir comme donnée immédiate de la conscience ...........55
1. La notion de prestige ................................................................... 55
2. Le rôle du prestige ....................................................................... 55
B. Le pouvoir comme produit de la socialisation ........................... 56
§2. Le paradigme de la croyance ............................................. 56
§3. Paradigme de la contrainte ................................................ 58
<t-~A. La contrainte physique ............................................................... 59
" B. La contrainte économique ............................................................... 59
4-Y C. Contrainte psychologique ou par l'encadrement collectif ..................61
1. Définition de la propagande ....................................................... 61
2. Principes de la propagande .......................................................... 62
§4. Paradigme de l'intérêt ........................................................ 63
SECTION II : FONDEMENT JURIDIQUE DU POUVOIR POLITIQUE63
§1. Définition de la souveraineté ..............................................64
§2. Caractères de la souveraineté ............................................ 64
§3. Les théories de la souveraineté ........................................... 65
A. Les théories théocratiques ....................................................
1. La théorie du droit divin ou de la souveraineté divine ........
2. La théorie d'investiture divine de gouvernants ou de droit divi surnaturel
3. La théorie d'investiture providentielle ...................................
4. Les conséquences des théories théocratiques de la souveraine
..........................................................................................
B. Théories démocratiques de la souveraineté ...................
i. La théorie de la souveraineté populaire ...................................
a. Présentation de la théorie ........................................................
b. Les conséquences de la théorie ............................................... E
c. Critique de la théorie de souveraineté populaire ..................
E
- Illusion de la démocratie directe ................................................ E –
Les correctifs par des techniques de démocratie semi-directe . E
II. La théorie de la souveraineté nationale ................................... 7
a. Présentation ............................................................................... 7
b. Les conséquences ...................................................................... 7
C. Critiques de la théorie de la souveraineté nationale ............ 7.
1. La théorie de souveraineté nationale est une fiction ................... 7.
Juridique ....................................................................................... 7:
2. La théorie de la souveraineté nationale est une fiction ................. 7
Juridique dangereuse .................................................................... 7_
III. Evolution actuelle des théories de la souveraineté ............... 7~
TITRE II ....................................................................................... 7_`
L'ETAT : CADRE D'EXERCICE DU POUVOIR POLITIQUE 7`
CHAPITRE I. NOTION ET GENESE DE L'ETAT .................. 7;
Section 1 : Notion de L'Etat ....................................................... 7;
§1. Acception étymologique ................................................. 7
§2. Acceptions génériques .................................................... 7é
§3. Acceptions spécifiques ................................................... 7é
Section 2. Formation de l'Etat ................l .................................................7~
§1. La formation juridique de L'Etat ou La theorie juridique. 7<
de genèse de l'Etat ................................................................. 7!
A. La théorie du contrat social ...................................................... 8(
1. La théorie du Contrat social selon Thomas Hobbes ..................... 8(
a. Présentation de la théorie : ........................................................ 8(
b. Appréciation de la théorie du Contrat selon .......................... 8(
Hobbes .......................................................................................... 8(
2. La théorie du contrat social selon jean Jacques ROUSSEAU ...8:
a. Présentation de la théorie ......................................................... 8
b. Critique de la théorie du contrat social de ................................ 8
Rousseau ...................................................................................... 8
B. La théorie du contrat politique de John LOCKE .................... 8;
a. Exposé de la théorie ................................................................ 8.
b. Appréciation de la théorie du contrat politique ............................ 8'
c. Théorie de fondation et l'institution ........................................ 8
A. Exposé : .................................................................................... 8
B. Appréciation ............................................................................. 8
§2. LA FORMATION EXTRA-JURIDIQUE DE L'ETAT 84
A. La théorie socio-historique de la genèse de l'Etat ou la thèse de
conflit ........................................................................................... 85
1. Exposé de la théorie ................................................................. 85
2. Appréciation de la théorie ....................................................... 85
B. La thèse marxiste de l'origine de l'Etat .................................. 86
1. Exposé de la théorie ................................................................. 86
2. Appréciation :............................................................................ 86
CHAPITRE II : ELEMENTS CONSTITUTIFS DE L'ETAT .............. 87
Section 1. Le territoire ............................................................. 87
§1. Importance du Territoire ................................................. 87
§2. Les éléments du territoire ................................................ 88
A. Territoire terrestre .................................................................... 88
B. Le territoire maritime ................................................................ 88
C. Le territoire aérien ou l'espace aérien ...................................... 88
§3. Le rôle du territoire ........................................................ 89
A. La théorie du territoire- objet ................................................... 89
B. La théorie du territoire-sujet ................................................... 89
C. La théorie du territoire-limite ou la conception moderne du territoire 89
Section 2. La population .......................................................... 90
§1. La notion de population sous l'angle juridique .................... 90
A. Les nationaux ........................................................................... 90
B. Les étrangers ........................................................................... 90
C. Situation intermédiaire ............................................................ 90
` §2. La population sous l'angle sociologique .... , ..................91
A. La Conception objective de la nation ..................................... 91
C. Le rapport entre l'Etat et la nation ......................................................... 93
1. La coïncidence ou non-coïncidence de l'Etat et de la nation .... ……93
a. La nation pluri-étatique ............................................................ 93
b. Les Etats pluri-nationaux ......................................................... 93
2. L'antériorité ou la postériorité de la nation et ................................ 94
de l'Etat ......................................................................................... 94
I. La nation antérieure à l'Etat ....................................................... 94
1. Principe de nationalité ............................................................. 94
2. La protection des minorités ...................................................... 95
II. L'Etat antérieur à la nation ...................................................... 95
Section 3. L'organisation du pouvoir public ou puissance publique 96
A. Définition de puissance publique ............................................ 96
B. Caractéristiques de puissance publique .................................. 96
a. L'unité ....................................................................................... 96
b. La continuité de l'Etat ............................................................... 97
mec. La légitimité et légalité de la puissance publique ..................... 97
d. L'effectivité ............................................................................... 97
e. L'autonomie : ............................................................................. 97
1. Le caractère inconditionnel de la puissance publique ................... 98
2. Procédé de décision unilatéral : ................................................ 98
3. L'exercice de contrainte matérielle : ......................................... 98
Section 4 : le critère spécifique d'existence de l'Etat: la
souveraineté ............................................................................... 98
§1. Etat : personne juridique morale .................................... 98
A. Signification de la personnalité juridique de l'Etat ....................... 98
B. Les conséquences liées à la personnalité juridique de l'Etat...99
1. La capacité de l'Etat ................................................................. 99
2. La continuité de l'Etat .............................................................. 99
§2. L'Etat, une personne morale souveraine ........................ 99
A. Notion de souveraineté .......................................................... 100
B. Expression de la souveraineté ............................................... 100
C. Portée de la souveraineté ....................................................... 101
D. La souveraineté et le droit ..................................................... 101
CHAPITRE III. LES FORMES DE L'ETAT ............................ 103
Section 1. L'Etat unitaire ........................................................ 103
§1. Définition ....................................................................... 103
§2. Formes d'Etats unitaires ................................................. 103
A. L'Etat unitaire centralisé ........................................................ 104
1. Définition ................................................................................. 104
2. Modalités de la centralisation .............................................. 104
a. La concentration : ..................................................................... 104
b. La déconcentration : ................................................................ 105
B. L'ETAT UNITAIRE DECENTRALISE ................................ 105
1. Définition ................................................................................. 106
3. Les avantages de la décentralisation ..................................... 106
4. Les limites de la décentralisation ........................................... 107
§3. De l'Etat régionalisé ou le régionalisme constitutionnel 108
A. Définition ......................................................................... 108
Section 2. Les Etats composés ou les Etats complexes ......... 109
§1. Les formes anciennes .................................................... 110
1. L'union personnelle ................................................................ 110
2. L'union réelle .......................................................................... 110
§2. La forme moderne de l'Etat composé : le fédéralisme, 111
1. L'étude de l'Etat fédéral ................................................... 111
A. Définition de l'Etat fédéral ..................................................... 111
B. Localisation ............................................................................. 111
C. Formes ..................................................................................... 112
D. Principes de fédéralisme ......................................................... 112
1. L'autonomie ............................................................................ 112
2. La participation ....................................................................... 113
3. La garantie .............................................................................. 114
4. La subsidiarité ou l'exacte adéquation ................................... 114
5. La coopération ........................................................................ 115
E. L'évolution contemporaine du fédéralisme ............................ 115
Section III : Les composés d'Etats ........................................... 115
§1. La confédération d'Etats .................................................................117
A. Définition..................................................................................117
B. Caractères de la confédération ................................................117
C. Organes confédéraux ................................................................117
§2. Les associations d'Etats : l'Union Européenne ................. 118
a. L'union n'est pas vraiment une confédération .............................. 118
b. L'union n'est pas non plus une fédération ..................................... 118
Section IV : Les critères de distinction de diverses formes de
l'Etat ......................................................................................... 119
§1. Distinction entre l'Etat fédéral et Etat unitaire décentralisé
................................................................................. 119
A. Critère politique...................................................................... 119
B. Critère juridique ..................................................................... 119
§2. Distinction entre Etat fédéral et une confédération ............ 120
§3. Distinction entre Etat fédéral et un Etat régional ............... 120
CHAPITRE IV. CONCEPTIONS ET FONCTIONS DE L'ETAT ... 121
Section I. Les différentes conceptions de l'Etat ............................ 121
§1. L'Etat libéral ou L'Etat minimalitaire ............................... 121
§2. L'Etat totalitaire .............................................................. 122
§3. L'Etat de Droit ................................................................. 123.
Section II. Les différentes fonctions de l'Etat ............................... 124
§1. Interprétation politique des fonctions de l'Etat.................. 124
A. l'Etat -Gendarme ............................................................................ 124
B. L'Etat- Providence..................................................................... 125
§2. L'analyse juridique des fonctions de l’ETAT .................. 128
A. L'analyse formelle..................................................................... 128
B. L'analyse matérielle ................................................................. 128
TITRE III ...................................................................................... 131
LES REGLES DE JEU DU POUVOIR POLITIQUE DANS L'ETAT :
LA CONSTITUTION ................................................................ 131
CHAPITRE PREMIER :................................................................133
ORIGINE ET NOTION DE LA CONSTITUTION .......................... 133
Section I. Aux origines de la constitution ................................. 133
§1. La veine pragmatique du constitutionnalisme ................... 133
§2. La veine dogmatique du constitutionnalisme .................... 135
B. La révolution française .................................................................... 135
Section 2 . Notion de constitution ...................................................... 137
§2. La constitution au sens formel ......................................... 137
§3. La constitution au sens substantiel .................................... 138
CHAPITRE II. LES FORMES ET LES FONCTIONS DES
CONSTITUTIONS ........................................................... 141
Section 1 ! Les formes des constitutions ................................1.41
§1. La Constitution écrite .......................................................... 141
§2. La Constitution coutumière ................................................ 141
SECTION II. FONCTIONS DE LA CONSTITUTION .............. 143
§1. La fonction génétique de la constitution ............................... 144
§2. La fonction organique de la constitution .............................. 144
§3. La fonction axiologique de la constitution ........................ 144
CHAPITRE III : ÉLABORATION ET RÉVISION DE LA CONSTITUTION
............................................................................................................. 145
Section 1. Le pouvoir constituant originaire ou l'élaboration de la
constitution .............................................................................. 145
§1. Définition du pouvoir constituant originaire ............... 145
§2. Modes d'élaboration des constitutions ......................... 146
A. Les procédés autoritaires d'élaboration des constitutions ..... 146
B. Le procédé semi-démocratique ..................................... 147
C. Les procédés démocratiques ........................................... 147
1. Élection d'une assemblée constituante ................................... 147
2. Le référendum constituant .............................................................. 148
Section 2 : Le pouvoir constituant dérivé ou La révision de la
constitution .................................................................................. 148
§1. Les caractères du pouvoir constituant dérivé ................. 148
A. Le caractère institué et subordonné ..................................... 148
B. Le caractère auto-limité du pouvoir de révision ................. 149
§2. Étendue du pouvoir constituant dérivé ..................... 149
§3. Procédure ..................................................................... 150
CHAPITRE IV : LA SUPRÉMATIE OU LA PROTECTION
DE LA 151
CONSTITUTION ..................................................................... 151
Section 1. Le contrôle non juridictionnel ..........................
§1. Contrôle direct par le peuple ............................................... 151
§2. Le contrôle par un organe politique ................................... 152
Section 2 : Le contrôle par un organe juridictionnel ....... 152
§1. Contrôle par voie d'action ................................................... 153
§2. Le contrôle par voie d'exception ......................................... 153,
Section 3. Les applications du contrôle de constitutionnalité . 153
§1. Le système américain .................................................. 153
§2. Le système européen ................................................... 154
TITRE IV ................................................................................... 155
L'AMÉNAGEMENT DU POUVOIR POLITIQUE ................ 155
EPARATION DES POUVOIRS ………………………...160
s..~ CHAPITRE II : L'AGENCEMENT DES POUVOIRS ………….161
CHAPITRE I ………………………………………………….157
LA THÉORIE DE LA SÉPARATION DES POUVOIRS ….157
SECTION1 : FONDEMENT HISTORIQUE DE LA THÉORIE
DE SÉPARATION DES POUVOIRS ………………...........157
§1. ORIGINE ……………………………………………157
§2. Systématisation de la théorie de la séparation des
Pouvoirs …………………………………………………158
SECTION 2 : REMISE EN QUESTION DE LA THÉORIE
DE LA SÉPARATION DES POUVOIRS ………………..159
§1. Sur le plan théorique ………………………………159
§2. Sur le plan pratique ………………………………...159
SECTION 3 : VALEUR ACTUELLE DE LA THÉORIE DE
SECTION 1 : ÉLÉMENTS D'AGENCEMENT DES POUVOIRS….161
§1. Le pouvoir exécutif …………………………………162
A. Notion ................. …………………………………………...161
B. Structure de l'Exécutif ............................................................ 162
C. Rôle de l'exécutif .................................................................... 163
§2. Le Parlement ou l'Assemblée ...................................... 164
A. Notion ...................................................................................... 165
B. Structures des parlements ..................................................... 165
C. Fonctions des parlements ...................................................... 165
L SECTION II. MODALITES D'AGENCEMENT CLASSIQUE
DESPOUVOIRS PUBLICS OU LES RÉGIMES POLITIQUES ..168
§1. Typologie classique des régimes politiques ..................... 169
A. Présentation de la typologie ................................................... 169
B. Analyse des différents régimes politiques .............................. 169
1. Le régime de confusion des pouvoirs .................................... 169
a. Définition .................................................................................. 170
b. Formes de confusion des pouvoirs ......................................... 170
c. a confusion des pouvoirs au profit de l'exécutif ou le régime de
concentration des pouvoirs ......................................................... 171
1. Formes anciennes .................................................................... 171
2. Les Formes modernes ............................................................. 171
b. Le régime de Confusion des pouvoirs au profit de ...................... 172
L'Assemblée ou le Régime d'Assemblée ou conventionnel ............ 172
1. Définition ................................................................................. 172
2. Caractéristiques ........................................................................ 173
3. Applications ............................................................................ 173
c. Le Régime de séparation stricte des pouvoirs ou le régime
présidentiel ................................................................................... 174
a. Définition .................................................................................. 175
b. Organisation des pouvoirs publics ......................................... 175
C. Fonctionnement ou Relations entre les pouvoirs publics............. 176
d. Le régime de séparation des pouvoirs : pérennité et évolution
3. Le Régime de séparation souple ou de collaboration des pouvoirs 178
A. Définition ................................................................................. 178
B. Organisation des pouvoirs publics ........................................ 178
1. Un exécutif bicéphale ............................................................. 178
2. Un parlement bicaméral ........................................................... 179
C. RAPPORTS ENTRE LES POUVOIRS PUBLICS .............. 179
1. Collaboration équilibrée ......................................................... 180
2. La collaboration sanctionnée : ................................................. 180
D. Formes des régimes parlementaires ....................................... 181
1. Modalités traditionnelles ........................................................ 181
2. Modalités contemporaines du parlementarisme .................... 182
a. Régime parlementaire majoritaire et régime non-majoritaire 182
b. Le régime parlementaire rationalisé et le régime parlementaire
inorganisé .................................................................................... 182
SEL I ION I................................................................................ 204
LES MODES NON DEMOCRATIQUES OU LES CHOIX
AUTOCRATIQUES ............................................................... 204
§1. L'HEREDITE ................................................................. 204
A. Notion d'hérédité ................................................................... 204
B. Formes ....................................................................................
1. L'hérédité individuelle ou monarchie .................................... 204
2. Les Assemblées héréditaires ................................................... 205
D. Situation actuelle de l'hérédité ............................................... 205
§2. Cooptation ..................................................................... 205
A. Notion ..................................................................................... 205
B. Formes de cooptation ............................................................. 206
a. La cooptation d'un individu ................................................... 206
b. La cooptation d'une assemblée .............................................. 206
c. L'actualité de la cooptation .................................................... 206
§3. Conquête ....................................................................... 207
A. Notion ..................................................................................... 207
B. Formes ..................................................................................... 207
1. Révolution .............................................................................. 207
2. Le coup d'Etat ........................................................................ 208
Section II. Le choix démocratique : élection ...................... 209
§1. L'évolution et l'universalisation du droit de suffrage.... 210
A. Le suffrage restreint ........................................................ 210
1. Les mécanismes de restriction du droit de suffrage .................... 211
a. Le suffrage censitaire .............................................................. 211
b. Le suffrage masculin .............................................................. 211
c. Le suffrage des jeunes ............................................................ 213
d. Le suffrage capacitaire ........................................................... 213
1. Les mécanismes de déformation du suffrage universel ............. 213
A. Les manipulations du suffrage universel ............................... 214
B. Les manipulations des conditions de déroulement de vote .. 214
§2. Le contentieux électoral .............................................. 215
A. TYPES DE SCRUTINS : LE SCRUTIN UNINOMINAL ET LE
SCRUTIN PLURINOMINAL ................................................... 217
B. MODES DE SCRUTINS : ..................................................... 218
1. Les systèmes majoritaires ....................................................... 218
a. Origine et définition .............................................................. 218
b. Types des scrutins majoritaires ............................................. 218
2. Les systèmes proportionnels ................................................. 221
a. Définition et origine ............................................................... 221
b. L'organisation du scrutin à la proportionnelle ..................... 221
1. L'attribution des sièges ........................................................... 222
2. L'attribution des restes ............................................................ 222
a. La proportionnelle intégrale .................................................... 222
b. La proportionnelle approchée ................................................ 223
1.1. La méthode des plus forts restes ......................................... 223
(méthode Hamilton 1792) .......................................................... 223

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Me John

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