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1

EPIGRAPHE

« La justice est pour un Etat de droit ce que le


sang est pour le corps humain ».

Félix-Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO,


Discours du Président de la République démocratique du
Congo à l’occasion de la célébration du 30 juin 2020.
2

DEDICACE

A notre mère Esther KAMWANYA BIAYI, pour son éducation,


son amour et pour tous ses efforts consentis à notre formation.
3

AVANT-PROPOS

L’aboutissement du présent travail de fin cycle en droit témoigne de


la disponibilité de tous ceux, qui, à quelque titre et de quelle que manière que ce
soit, en ont favorisé la réalisation.

Nous remercions monsieur le Professeur BOONGI EFONDA


EFOLOTE Jean-René, qui a accepté d'assurer la direction de ce travail de fin de
cycle. De même, Nous lui sommes particulièrement reconnaissant de l’intérêt
qu’il a manifesté à l’égard de notre travail et des remarques y apportées.

Nous remercions également Monsieur Fabrice TSHBUYI, pour


s’être rendu disponible et pour nous avoir prodigué maints conseils à chaque fois
que nous en avons sollicités ainsi que pour ses multiples encouragements dans la
réalisation de ce travail.

Par la même occasion, ma gratitude s’exprime aux autres


professeurs qui ont contribué à ma formation depuis la première année de droit
jusqu’à ce jour, à l’Université Protestante au Congo.

A tous les miens et miennes non nommément cités pour leurs


soutiens et conseils.

Steny NYEMBO MUTAMBA


4

LISTE DE SIGLES ET ABREVIATIONS

ACJC : Annuaire Congolais de Justice Constitutionnelle

AIJC : Annuaire international de Justice Constitutionnelle

CC : Cour constitutionnelle

CRECO : Centre des recherches sur l’Etat et la constitution


EUA : Editions Universitaires Africaines

JO RDC : Journal officiel de la Republique Démocratique du Congo


LAEJ : Librairie africaine d’études juridiques

LGDJ : Librairie Générale de Droit et de Jurisprudences


Mel. : Mélanges.

Op.cit. : ouvrage cité


PUF : Presses Universitaires de France

PUK : Presses de l’Université de Kinshasa

PUL : Presse de l’Université de Lubumbashi

R.Const. : Rôle constitutionnel

RDC : République Démocratique du Congo


RFDC : Revue française de droit constitutionnel

UNIKIN : Université de Kinshasa


UPC : Université Protestante au Congo

Vol. : Volume
5

INTRODUCTION

1. Problématique du sujet
Les Etats du monde moderne ont, à quelques exceptions près, une
constitution1. Elle est définie comme la loi fondamentale de l’État dont l’objet
spécifique est l’organisation des pouvoirs publics et la détermination de leurs
rapports et comportant aussi des dispositions relatives aux libertés publiques
ainsi qu’à l’organisation territoriale2.

Par son objet d’organisation des pouvoirs publics, la Constitution


établit et aménage les trois pouvoirs traditionnels de l’Etat qui sont : les
pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire. Ces pouvoirs traditionnels sont, en
République Démocratique du Congo, exercés par le truchement institutions
politiques ci-après : le Président de la République, le Parlement, le
Gouvernement et les Cours et tribunaux3.

En République Démocratique du Congo, la justice est assurée par le


pouvoir judiciaire lequel est composé de trois ordres de juridiction, à savoir :
l’ordre constitutionnel, l’ordre judiciaire et l’ordre administratif.

Le premier ordre, qui nous intéresse, est composé d’une seule


juridiction appelée la « Cour constitutionnelle ». Le deuxième ordre comprend
des juridictions ordinaires et spécialisées, lesquelles connaissent des litiges de
droit commun. Il est chapoté par la « Cour de Cassation ». Le troisième ordre,
quant à lui, comprend des juridictions connaissant des contentieux administratifs
qui opposent l’Administration publique et les administrés. Il est, à son tour,
chapoté par le « Conseil d’Etat ».

1
BAKANDEJA WA MPUNGU G., « La nouvelle constitution de la République Démocratique du Congo
: sources et innovations », In : Annales de la Faculté de Droit, UNIKIN, PUK, 2007, p.1
2
AVRIL P. et J. GICQUEL., Lexique de droit constitutionnel, Paris, PUF, 2003. p.34.
3
Article 68 de la Constitution de la RDC du 18 février 2006 telle que modifiée par la Loi n° 11/002 du 20
janvier 2011 portant révision de certains articles de la Constitution, JORDC, numéro spécial du 5 février
2011.
6

L’établissement d’une cour constitutionnelle incarne la justice


constitutionnelle, laquelle expression désigne l’ensemble des institutions et
techniques grâce auxquelles est assurée, sans restriction, la suprématie de la
Constitution4.

Par ailleurs, l’institution de la justice constitutionnelle en Afrique, tout


comme en RDC, n’est pas le fruit du hasard.

En effet, les États africains dans leur majorité ont connu à partir des
années 90 des changements politiques qui ont bouleversé leurs architectures
institutionnelles et politiques au point de justifier une lecture sous le paradigme
de la démocratisation.

Les profonds bouleversements politiques liés à des revendications


économiques et sociales au début des années 1990 ont largement influencé les
systèmes politiques et institutionnels d’Afrique. Ils ont provoqué des transitions
des régimes autoritaires vers des régimes politiques démocratiques et doté pour
la plupart des Etats d’Afrique francophone de nouvelles Constitutions, celles-ci,
fruit d’un consensus national ou d’une révision imposée.5

L’objectif du renouveau constitutionnel africain est de créer les


conditions favorables à l’émergence de la démocratie et de l’Etat de Droit, il y a
eu dès lors une volonté tendant à l’encadrement juridique de la vie politique et
au respect de la légalité constitutionnelle tant par les gouvernants que par les
gouvernés.

Depuis ce renouveau démocratique, le juge constitutionnel africain, et


congolais en particulier, est devenu un acteur clé dans la protection de l’Etat de
Droit et dans la régulation des institutions politiques.

4
FAVOREU L., Droit constitutionnel, 21e édition, Paris, Dalloz, 2019. p.249.
5
DIALLO I. « À la recherche d'un modèle africain de justice constitutionnelle. », In : Annuaire international
de justice constitutionnelle, 20-2004, 2005. - La révision de la Constitution. pp. 93-120.
7

Au demeurant de ces considérations, quelques questions méritent de


résumer notre problématique, à savoir :

 De quelle manière la cour constitutionnelle congolaise participe-


t-elle dans la construction d’un Etat de droit ?
 Comment la Cour constitutionnelle est-elle organisée ?

Aux questions soulevées, notre hypothèse tentera d’y répondre.

2. Hypothèse
Les hypothèses sont des réponses provisoires aux questions
spécifiques de la recherche, en attente de leur validation en fin de travail6.

Face aux questions que nous nous sommes posées dans la


problématique, nous pouvons présenter les hypothèses de notre travail de la
manière suivante :

Dans toute société organisée, la justice joue un rôle très important.


Elle est considérée comme l’un des piliers de la démocratie, elle en est
également le gardien. Le secteur de la justice est le pilier le plus important dans
l’Etat de Droit pour toute société, il est un gage de stabilité et de paix pour toute
société qui émerge d’une situation des conflits.

La manière dont la Cour Constitutionnelle pourrait-elle contribuer à


l’émergence de l’Etat de droit consiste en premier à protéger les droits et les
libertés fondamentaux de la personne humaine.

En effet, les droits de l’homme resteraient de simples énoncés


théoriques si aucune garantie concrète et effective de leur protection n’était
offerte aux personnes qui en sont titulaires.

BANZELINO GIANZ B., Le guide de rédaction d’un travail de Fin de Cycle, Kinshasa, UPC, Faculté de
6

Droit, Année académique 2017-2018. p.9.


8

A cet égard, la Cour constitutionnelle est une garantie institutionnelle


de protection des droits fondamentaux, en ceci qu’elle a, en effet,
nécessairement dans ses attributions la protection des droits constitutionnels,
même si cela n’est pas dit expressément dans la Constitution7.

Ensuite, la Cour Constitutionnelle participe à la construction de l’Etat


de droit au Congo en régulant la vie politique par sa mission d’assurer le
contrôle de constitutionnalité des lois et des règlements.

3. Intérêt du sujet
Le choix pour étudier notre sujet a été motivé par deux intérêts. L’un est
scientifique et l’autre pratique.

S’agissant de l’intérêt scientifique, le choix de notre étude a été mu par la


volonté de mettre à la disposition de la communauté scientifique congolaise le
fruit de notre recherche pouvant permettre à tout congolais et, bien évidemment,
à nos éventuels lecteurs de connaitre et de comprendre le rôle du juge
constitutionnel dans l’émergence de l’Etat de droit.

Concernant l’intérêt pratique, nous pensons que le présent Travail de fin


de cycle va pouvoir servir de cadre de référence aux étudiants de la Faculté de
Droit, et à tout chercheur, qui traiteront d’un sujet similaire.

4. Délimitation du sujet
Le présent travail se limite dans le temps et dans l’espace.

Pour ce faire, la présente étude se réalise en République démocratique du


Congo en tenant compte de l’entrée en vigueur de la constitution du 18 février
2006 à 2020 marquant les quatorze ans d’existence de cette loi fondamentale.

NGONDANKOY NKOY-ea-LOONGYA, P.-G., Cours des Libertés publiques. Syllabus à l’intention des
7

Etudiants de deuxième Licence en Droit, UNIKIN 2013-2014, p.60.


9

5. Méthodologie du travail
Pour bien faire ce travail, nous allons recourir aux méthodes et techniques.

Nous allons recourir d’une part, à la méthode juridique, plus précisément à la


méthode exégétique8, qui nous sera utile dans l’analyse et l’interprétation des textes
légaux se rapportant à notre sujet d’étude.

Pour le professeur DJOLI, cette méthode est normative en ceci qu’elle


consiste à exposer et à analyser les textes de loi et divers documents à la matière
traitée en recherchant sans cesse le droit applicable au cas d’espèce9.

D’autre part, nous ferons appel à la méthode sociologique au contraire est


cette conception des faits qui se dégage des coutumes, des pratiques et des
traditions. Sa démarche est purement descriptive et explicative. Sans vouloir faire
de la sociologie, quand bien même que le droit serait un produit social, nous
apprécierons la réalité en la confrontant aux normes préétablies afin de trouver les
inadéquations aux fins de proposer, à la limite de nos appréciations, des solutions
éventuelles

S’agissant de la technique nous recourons à celle dite documentaire laquelle


nous permettra au cours de nos analyses d’exploiter les données contenues dans les
ouvrages, les articles des revues, les notes des cours portant sur notre domaine
d'étude ainsi que d'autres documents des sujets différents mais complémentaires
afin d’enrichir notre travail.

6. Subdivision du travail

Afin de mieux cerner les lignes essentielles de notre travail, nous avons
subdivisé la présente étude en deux chapitres. Le premier traite de l’organisation et
du fonctionnement de la Cour constitutionnelle ; et le deuxième abordera du rôle de
la cour constitutionnelle congolaise dans l’émergence de l’Etat de droit.

8
ESAMBO KANGASHE J.-L., Le droit constitutionnel, Academia-L ’Harmattan, Bruxelles, 2013, p.28
9
DJOLI ESENG’EKELI J., Droit constitutionnel tome II : l’expérience congolais, L’Harmattan, Paris, 2013.,
p.17.
10

CHAPITRE 1. ORGANISATION ET FONCTIONNEMENT DE LA


COUR CONSTITUTIONNELLE
La constitution du 18 février 2006 établit les trois pouvoirs
traditionnels de l’Etat, à savoir : l’exécutif, le législatif et le judiciaire.

Au premier pouvoir appartient la mission d’exécuter les lois votées


par le parlement ainsi que celle de conduire la politique interne et externe du
Pays. Au second pouvoir, la constitution lui reconnait les prérogatives d’élaborer
les lois et de contrôler leur exécution au niveau du gouvernement, des
entreprises publiques, des établissements et des services publics à caractère
national. Au dernier, elle attribue le pouvoir de dire le droit et donc de rendre
justice.

Le pouvoir de rendre justice ou de dire le droit est, en Republique


Démocratique du Congo, indépendant du pouvoir législatif et du pouvoir
exécutif. Son indépendance trouve sa source dans la théorie de séparation des
pouvoirs et est consacrée dans la Constitution.

Il est, selon le Professeur ESAMBO, composé des cours et tribunaux


et quelques fois des parquets qui y sont rattachés10. Ces derniers sont : la Cour
constitutionnelle, la Cour de cassation, le Conseil d’Etat, la Haute Cour militaire
ainsi que les cours et tribunaux civils et militaires. Par ailleurs, la justice est
rendue sur l’ensemble du territoire national au nom du peuple11.

De ce qui précède, l’étude de la cour constitutionnelle, comme


composante du pouvoir judiciaire, fait appel à connaitre d’une part les
compétences que la constitution lui assigne (section 1) et d’autre part, son
fonctionnement (Section 2)

10
ESAMBO KANGASHE J.-L., Le droit constitutionnel, Bruxelles, Academia-L ’Harmattan, p.147.
11
Article 149 Constitution de la RDC du 18 février 2006 telle que modifiée par la Loi N° 11/002 du 20
janvier 2011 portant révision de certains articles de la Constitution, JORDC, numéro spécial du 5 février
2011
11

SECTION 1. LES COMPETENCES DE LA COUR CONSTITUTIONNELLE

En droit, la Cour constitutionnelle désigne une juridiction en charge


du respect de la Constitution, qui contrôle en particulier la constitutionnalité des
lois et veille au respect des droits fondamentaux. Et le concept de compétence
s’entend de manière générale, pour une autorité publique ou une juridiction,
aptitude légale à accomplir un acte ou à instruire et juger un procès12.

Selon Jean GICQUEL et Pierre AVRIL, la compétence en droit


constitutionnel s’entend de la « nature et étendue des pouvoirs attribués à une
autorité publique »13. Pour eux, la compétence d’une autorité publique
s’apprécie tant du point de vue matériel que temporel et spatial.

En Republique Démocratique du Congo, la Cour constitutionnelle


exerce plusieurs compétences. Celles-ci dépendent, en grande partie du modèle à
partir la juridiction a été constituée. La Cour constitutionnelle étant une
juridiction d’attribution, elle ne peut statuer que lorsque sa compétence résulte
avec certitude des textes juridiques qui ont défini, et par là même limiter sa
compétence. C’est pourquoi la Constitution congolaise de 2006 confère à la
Cour constitutionnelle des compétences aussi diverses que variées14.

Ainsi, les compétences de la Cour résultent des dispositions des


articles 74, 76,99, 128, 139, 145, 160, 161, 162, 163, 164, 167 alinéa 1er et 216
de la constitution. A cela, s’ajoute l’article 197 habilitant la Cour à prolonger le
délai des élections provinciales en cas de force majeure.

Sommes toutes, ces compétences de la Cour peuvent être non


contentieuses (§1) et contentieuses (§2).

12
LADEGAILLERIE V., Lexique de termes juridiques, Paris, Anaxagora, 2005, p.147.
13
AVRIL P. et J. GICQUEL., Lexique de droit constitutionnel, Paris, PUF, 2003, p.83
14
MAVUNGU MVUMBI-di-NGOMA J.P., La justice constitutionnelle en République Démocratique du Congo :
Aperçu sur la compétence de la Cour constitutionnelle et procédure devant cette haute juridiction, Kinshasa, Editions
Universitaires Africaines. p.30.
12

§1. Les compétences non-contentieuses


En matière non contentieuse, la Cour ne tranche pas sur un différend,
mais elle constate un fait ou une situation juridique. Selon BALINGENE, la
Cour agit, ici, en tant qu’autorité constitutionnelle, car elle ne vient pas
organiser un procès constitutionnel visant à vider un litige d’application ou
d’interprétation d’une disposition contenue dans la Constitution. Simplement,
elle accomplit un certain nombre d’activités nécessaires au bon fonctionnement
d’un Etat de droit démocratique15.

A cet égard, plusieurs matières relèvent de la compétence non


contentieuse de la Cour, notamment : la réception des serments, la déclaration
des patrimoines, la conformité à la Constitution des lois organiques, des
règlements des chambres parlementaires du congrès et des institutions d’appui à
la démocratie, la vacance de la présidence de la République.

A. Juge de la réception des serments

La prestation du serment devant la Cour Constitutionnelle, prévue à


l’article 74 de la Constitution et à l’article 82 de la Loi organique sur la Cour, est
une formalité constitutionnelle et légale substantielle obligatoire, préliminaire
indispensable à l’entrée en fonction du président de la République élu, ça parait
être la condition rigoureuse de la régularité des actes et ordonnances qu’il aura à
prendre16.

La Cour reçoit également les serments des membres des institutions


d’appui à la démocratie : Le bureau de la Commission Electorale Nationale
Indépendante, la Commission Nationale des Droits de l’Homme, le Conseil
Supérieur de l’Audiovisuel et de la Communication.

15
BALINGENE KAHOMBO, « L’originalité de la Cour constitutionnelle congolaise : son organisation et
ses compétences », in : Librairie Africaine d’Etudes Juridiques, vol.6, Août 2011, p.24
16
KAZADI MPIANA J., Droit constitutionnel congolais. Notes des cours à l’usage de l’étudiant, Lubumbashi,
PUL. p. 87.
13

B. Juge de la déclaration du patrimoine familial

Aux termes de l’article 99 de la Constitution et l’article 83 de la loi


organique sur la Cour constitutionnelle, l’obligation est faite au président de la
République et aux membres du gouvernement de déposer devant la Cour
constitutionnelle, la déclaration écrite de leur patrimoine familial. A cet égard, la
Cour constitutionnelle communique la déclaration du patrimoine de ces derniers
à l’administration fiscale dans les trente jours. A défaut de cette déclaration, les
personnes concernées sont réputées démissionnaire.

A ce sujet, le professeur KAZADI MPIANA souligne que l’accès au


pouvoir procure de nombreux avantages tant matériels que financiers et
certains sont susceptibles de déboucher sur l’enrichissement illicite ou sur
l’abus des ressources et des biens publics17.

Ainsi ces dispositions constitutionnelles existent car visent à endiguer


ou à prévenir les effets pervers de cet enrichissement par la prescription de
certaines vertus à l’intention des agents revêtus d’un mandat public.

C. Juge du constat de la vacance ou de l’empêchement définitif de l’exercice


des fonctions du président de la République

L’article 76 de la Constitution prévoit l’hypothèse où la Cour peut être


conviée à constater par un arrêt déclaratif, la vacance ou l’empêchement définitif
du président de la République d’exercer ses fonctions. Pareil arrêt de la Cour a
pour effet d’attribuer l’exercice par intérim des fonctions présidentielles par le
président du sénat, et l’obligation d’organiser l’élection du président de la
République dans les conditions et délais prévus par la constitution18.

17
KAZADI MPIANA J., « La déclaration du patrimoine familial du président de la République et des
membres du gouvernement en Droit constitutionnel congolais. Un édifice fictif ?», in : Annuaire Congolais de
Justice Constitutionnelle, vol. 2, 2017, p. 213
18
BALINGENE KAHOMBO P., « L’originalité de la Cour constitutionnelle congolaise : son organisation
et ses compétences », in : Librairie Africaine d’Etudes Juridiques, vol. 6, 2011, p.24
14

D. Juge de la constitutionnalité

Il s’agit ici de la conformité à la Constitution des lois organiques, des


règlements intérieurs des chambres parlementaires du congrès et des institutions
d’appui à la démocratie. C’est un contrôle a priori, car intervenant avant la mise
en vigueur d’une norme.

En effet, la loi organique désigne une loi votée par le Parlement pour
compléter les dispositions de la Constitution c’est-à-dire qu’elles ont pour objet de
préciser l’organisation et le fonctionnement des pouvoirs publics19.

Les lois organiques constituent une catégorie particulière de lois en ceci


qu’elles sont incontestablement subordonnées à la Constitution, tant en ce qui
concerne leur domaine d’intervention que leur contenu, et leur constitutionnalité est
obligatoirement contrôlée par la cour constitutionnelle. Elles sont formellement des
lois, votées par le législateur, selon une procédure qui connaît quelques
aménagements par rapport à la procédure d’élaboration d’une loi ordinaire20.

Le règlement intérieur, de manière générale, désigne une résolution


déterminant les méthodes et règles de travail intérieures devant être observées dans
le fonctionnement d’une assemblée, d’un conseil, d’un organe ou d’un ordre 21. En
l’espèce, il désigne un texte de droit régissant l’organisation et le fonctionnement
interne des assemblées parlementaires et des institutions d’Appui à la Démocratie.

En République Démocratique du Congo, les lois organiques et les


règlements intérieurs sont, avant leur promulgation, soumis à la Cour
constitutionnelle qui se prononce sur leur conformité à la constitution. Elles
doivent, de ce fait, respecter la Constitution et plus généralement tout principe et
règle à valeur constitutionnelle.

19
ESAMBO KANGASHE J.-L., op.cit. p.92.
20
AVRIL P et GICQUEL J., Droit parlementaire, 4e éd., Paris, Montchrestien, 2010, p. 462.
21
CORNU G., Vocabulaire juridique, 12e éd., Paris, PUF., 2018, p. 933.
15

§2. Les compétences contentieuses

La Cour constitutionnelle, comme juge, n’exerce pas que des


attributions non contentieuses ou gracieuses. Il aussi arrive de trancher sur un
conflit de droit porté devant lui, en d’autres termes, il y a des matières où elle est
appelée à trancher un litige.

Ainsi, en matière contentieuse, la Cour constitutionnelle est juge du


contentieux électoral, des conflits de compétences, de l’interprétation de la
Constitution, conflit des normes et juge pénal du président de la Republique et
du Premier ministre.

A. Juge pénal du Président de la Republique et du Premier ministre

La Cour est la juridiction pénale du Président de la République et du


Premier Ministre pour les infractions politiques de haute trahison, d’outrage au
Parlement, d’atteinte à l’honneur ou à la probité ainsi que pour délit d’initié22.

Elle connaît aussi des infractions de droit commun qui ont été
commises par l’un ou l’autre dans l’exercice ou à l’occasion de l’exercice de ses
fonctions. Elle est enfin compétente pour juger leurs coauteurs et complices.

B. Juge du contentieux électoral et référendaire

La Cour statue sur le contentieux électoral. Compte tenu de la


variabilité de ce contentieux, elle agit es qualité en tant que juge électoral. En
effet, elle est dotée des compétences pour juger de la régularité du processus des
élections présidentielle et législatives au niveau national23.

22
Article 72 de La loi organique n° 13 /026 du 15 octobre 2013 portant organisation et fonctionnement de
la Cour constitutionnelle
23
BALINGENE KAHOMBO P., op.cit. p.19.
16

Enfin, il sied de noter qu’en matière électorale la Cour ne détient pas


le monopole, car d’autres juges électoraux se situent à différents degrés du
pouvoir judicaire. Cependant, la Cour a le monopole du contentieux
référendaire24.

C. Juge des conflits de compétences


La Cour tranche des conflits de compétences entre les pouvoirs
législatif et exécutif, l’Etat et les provinces ainsi qu’entre les ordres de
juridictions.

Dans le premier cas, il faut noter qu’il y a conflit de compétence


lorsqu’une matière est prise par l’un des pouvoirs en violation du domaine de
compétence matérielle de l’autre. En ce cas, la Cour se prononce sur le caractère
législatif ou règlementaire des matières en cause25. Dans le deuxième cas, Il y a
conflit de compétences entre l’Etat et la province lorsqu’un acte est pris en
violation des articles 202 à 205 de la Constitution. A cet effet, la Cour statue sur
l’échelon du pouvoir compétent.

Dans le dernier cas, elle juge de conflit d’attribution entre les


juridictions de l’ordre judiciaire et celles de l’ordre administratif. En ce cas, le
rôle de la Cour constitutionnelle est comparable à celui du Tribunal des conflits
en France. Elle connaît dès lors des recours contre les arrêts rendus par la Cour
de cassation et le Conseil d’Etat en tant qu’ils se prononcent sur l’attribution du
litige aux juridictions de l’ordre judiciaire ou administratif26.

D. Juge de conflit des normes

A la différence du contrôle a priori, le contrôle a posteriori s’exerce


après l’entrée en vigueur d’une loi ou de toute norme juridique.

24
BALINGENE KAHOMBO P., op.cit. p.18
25
Article 59 de La loi organique n° 13 /026 du 15 octobre 2013 portant organisation et fonctionnement de
la Cour constitutionnelle
26
WALINE J. Droit administratif, 28e éd.Paris, Dalloz, 2018. p. 625.
17

Le contrôle a posteriori permet d’assurer que la loi, au moment où elle


s’applique est ou n’est pas conforme à la Constitution27.

La Cour est juge de la Constitutionnalité des Lois, des actes ayant


force de Loi, des édits, des Règlements Intérieurs des Chambres parlementaires,
du Congrès, des Institutions d’Appui à la Démocratie ainsi que des actes
réglementaires des autorités administratives.

E. Juge d’interprétation de la Constitution

L’interprétation est une opération qui consiste à expliquer le sens d’un


texte. En principe réservée aux dispositions obscures, elle est dite doctrinale
quand elle émane des commentateurs, et authentique quand elle résulte de la
décision des autorités investies du pouvoir d’appliquer le texte, en d’autres
termes, l’interprétation de la Constitution tend à déceler l’esprit de la norme
constitutionnelle et à assurer sa bonne application28. Seule la Constitution peut
faire l’objet d’interprétation devant la Cour constitutionnelle.

Au terme de l’article 54 de la loi organique, une catégorie des


personnes est habilitée à la requérir, il s’agit : du Président de la République, du
Gouvernement, du Président du Sénat, du Président de l’Assemblée Nationale,
d’un dixième des membres de chacune des Chambres parlementaires, des
Gouverneurs de Province et des Présidents des Assemblées Provinciales.

Cette opération peut porter sur un ou plusieurs articles. Enfin,


l’interprétation de la Cour constitutionnelle lie les pouvoirs publics, les autorités
administratives et juridictionnelles, civiles et militaires ainsi que les
particuliers29.

27
ESAMBO KANGASHE J.-L., op.cit. p.120.
28
ROUSSEAU D., GAHDOUN P.-Y., et BONNET J., Droit du contentieux constitutionnel, 11e édition.
LGDJ, Paris, 2016, p. 293.
29
Article 56 de La loi organique n° 13 /026 du 15 octobre 2013 portant organisation et fonctionnement de
la Cour constitutionnelle.
18

SECTION 2. LE FONCTIONNEMENT DE LA COUR


CONSTITUTIONNELLE

Dans un Etat, le pouvoir judicaire est habituellement composé des


cours et tribunaux, et quelques fois des parquets qui y sont rattacher pour
fonctionner30.

Le fonctionnement de la Cour constitutionnelle, comme tout organe


composant le pouvoir judiciaire en Republique Démocratique du Congo,
implique l’intervention de divers organes.

Ainsi, pour assurer l’exercice de ses compétences et


l’accomplissement de ses missions constitutionnelles sur le territoire de la RDC,
la Cour constitutionnelle, dispose d’un corps de magistrats particuliers de
parleurs compétences, leurs qualifications et leurs modes de désignation, qui
forme sa composition (§1) et d’un Parquet général est institué près celle-ci (§2).
Enfin, elle bénéficie de l’expertise des Conseillers référendaires et d’un greffe
(§3).

§1. La composition de la cour constitutionnelle

En droit, la composition désigne les membres d’un corps ou d’une


assemblée, les personnes qui en font constitutivement partie31. En l’espèce, la
composition doit s’entendre des membres qui sont des personnes siégeant
effectivement à une audience de la Cour constitutionnelle.

Au terme de l’article 2 de sa loi organique, il est disposé que « La


Cour Constitutionnelle, ci-après la Cour, comprend neuf membres nommés par
le Président de la République, dont trois sur sa propre initiative, trois désignés
par le Parlement réuni en Congrès et trois autres par le Conseil Supérieur de la
Magistrature. »
30
ESAMBO KANGASHE J.-L., op.cit. p.153
31
CORNU G. op.cit. p.242
19

Par ailleurs, les deux tiers des membres qui composent la Cour
doivent être des juristes provenant des magistratures, du barreau ou de
l’enseignement supérieur.

Enfin, la composition de la Cour constitutionnelle est renouvelable par


tiers tous les trois ans. Lors de son renouvellement, il est procédé au tirage au
sort d’un membre par groupe. Pour siéger à la Cour constitutionnelle, il suffit
d’être congolais et justifier d’une expérience éprouvée de quinze ans dans les
domaines juridique ou politique32.

§2. Le parquet général près la cour constitutionnelle


Le parquet général près la Cour constitutionnelle est un du corps du
pouvoir judiciaire exerçant auprès de celle-ci les fonctions du ministère public.
Il est composé d’un Procureur Général près cette juridiction, qui en est
l’autorité, des Premiers Avocats Généraux, des Avocats Généraux, du Cabinet
du Procureur Général près la Cour constitutionnelle et du Secrétariat.

Son institution dérive des compétences répressives de la Cour


constitutionnelle ; Celle-ci est, comme vu ci-haut, le juge pénal du Président de
la République, du Premier ministre ainsi que de leurs co-auteurs ou complices.
Dès lors l’exercice de l’action publique y est assuré par le soin du Ministère
public près cette juridiction33.

Le Parquet général près la Cour assume le rôle d’organe de la loi. En


matière répressive, il a pour rôle de rechercher et de constater les infractions
relevant de la compétence de la Cour constitutionnelle, de soutenir l’accusation
et de requérir les peines. Dans les autres matières de la compétence de la Cour,
il émet des avis motivés.

ESAMBO KANGASHE J.-L., op.cit. p.108.


32

DJUMA BILALI LOKEMA G.-P. « Parquet Général près la Cour Constitutionnelle de la République
33

Démocratique du Congo », in : Annuaire Congolais de Justice Constitutionnelle. Vol.1. 2016, p. 89-110


20

§3. Les conseillers référendaires et le greffe


L’étude de ce dernier paragraphe s’appréhende selon qu’il s’agit d’une
part des conseillers référendaire (A) et d’autre part du greffe de la Cour
constitutionnelle (B).

A. Les conseillers référendaires

Il est un corps de conseillers placé sous l’autorité du Président de la


Cour. Leur nombre de Conseillers référendaires ne peut dépasser soixante.

Les Conseillers référendaires assistent la Cour dans l’étude et la


préparation technique des dossiers dont elle est saisie. A cet effet, les Conseillers
référendaires mettent à la disposition des membres de la Cour des éléments de
doctrine et de jurisprudence dont ils ont besoin pour dire le droit
constitutionnel34.

Pour être à la hauteur de leurs tâches, les Conseillers référendaires


doivent s’investir dans la documentation, les études et la recherche sur les
questions de droit, en général, singulièrement de droit constitutionnel.

En outre, ils étudient les dossiers qui leurs sont soumis et rédigent des
rapports relatant succinctement les faits de la cause, l’état de la procédure suivie,
les moyens des requérants, ainsi que d’éventuelles fins de non-recevoir opposées
par d’autres parties à la cause, et proposent des notes juridiques aux juges
responsables du traitement desdits dossiers35.

Ils peuvent, sur décision de la Cour, être associés à des enquêtes ou à


des instructions menées par les membres de la Cour constitutionnelle. A cet
effet, ils font rapport de l’exécution de leur mission à la Cour constitutionnelle.

34
WETSH’OKONDA KOSSO M. « Conseillers référendaires de la Cour constitutionnelle : « des gens de
justice uniques en leur genre ? » in : Annuaire Congolais de Justice Constitutionnelle. Vol. 1. 2016., p.69-88.
35
BALINGENE KAHOMBO, op.cit., p.18.
21

Pour siéger comme conseiller référendaire à la Cour constitutionnelle,


il suffit être de nationalité congolaise être titulaire d’un diplôme de licence en
droit d’un diplôme ou équivalent ; être de bonne moralité et justifier d’une
expérience professionnelle de dix ans au moins dans le domaine juridique,
administratif ou politique.

B. Le greffe

La Cour constitutionnelle est dotée d’un greffe dirigé par un greffier


en chef. Le greffe est composé de plusieurs greffiers, des huissiers et des agents
administratifs. C’est le service central de la Cour constitutionnelle.

Il exerce les missions classiques reconnues au greffier : assister la


juridiction dans l’exercice de ses fonctions notamment en tenant la plume, les
registres, en instrumentant par le canal des huissiers des exploits (significations),
en procèdent à des notifications en assurant la responsabilité de toutes les
charges administratives36.

36
KABASELE LUSONGO G., « La Cour constitutionnelle et la justice constitutionnelle en RDC », in :
Les Analyses juridiques, n°29, juillet 2014. p.17.
22

CHAPITRE 2. CONTRIBUTION DE LA COUR CONSTITUTIONNELLE


A L’EMERGENCE DE L’ETAT DE DROIT

De manière générale, la constitution d’un Etat, comme la RDC,


comporte un double objet : l’aménagement des règles relatives à l’organisation et
au fonctionnement du pouvoir politique, d’une part et d’autre part, l’établissement
des règles se rapportant aux prérogatives reconnues aux individus vivant sous la
juridiction d’un Etat37.

Ce texte a vocation à instaurer un Etat de droit c’est-à-dire un système


institutionnel dans lequel la puissance publique et la population sont soumises au
droit. Dans le fait, c’est une société dans laquelle les normes juridiques sont
hiérarchisées de telle sorte que la puissance de l’Etat est encadrée par la loi
fondamentale et lois qui lui sont inférieures, l’égalité des sujets de droit est garantie
devant les normes juridiques et l’existence de juridictions indépendantes38.

Dans un tel Etat, le pouvoir ne peut user que des moyens autorisés par
l’ordre juridique en vigueur, tandis que les administrés disposent des voies de
recours juridictionnel contre les abus qu’il est susceptible de commettre 39. Donc,
toute personne peut contester une décision de la puissance publique en lui opposant
les normes qu’elle a elle-même édictées devant les juridictions, dès lors que celle-ci
n’est pas conforme à la constitution.

Ainsi, le rôle de la Cour constitutionnelle pour contribuer à l’émergence


de l’Etat de droit, est d’une part, d’assurer la protection des droits fondamentaux
(Section 1) et d’autre part, de réguler la vie politique (Section 2).

37
KAZADI MPIANA J., Droit constitutionnel congolais. Notes des cours à l’usage de l’étudiant, Lubumbashi,
PUL. p. 35.
38
FAVOREU L., « Procédures et techniques de protection des droits fondamentaux : Conseil
constitutionnel français », in Cours constitutionnelles européennes et droits fondamentaux. Economica, 1982, pp.
65.
39
FUNGA LUFE MOTEMA A.-C., « Etat de droit et protection juridictionnelles des droits
fondamentaux » in : ACJC, vol 2. 2017, p.495
23

SECTION 1. LA PROTECTION DES DROITS ET LIBERTES


FONDAMENTAUX

En Republique Démocratique du Congo, le pouvoir judiciaire est le


garant des libertés individuelles et des droits fondamentaux des citoyens40.

Le pouvoir judiciaire ayant été dévolu, aux termes de l’article 149, alinéa
1er, de la Constitution, « aux cours et tribunaux qui sont : la Cour constitutionnelle,
la Cour de cassation, le Conseil d’Etat, la Haute Cour militaire, les cours et
tribunaux civils et militaires », c’est en somme à l’ensemble des juridictions de
l’ordre constitutionnel, de l’ordre administratif et de l’ordre judiciaire qu’est ainsi
confiée la mission de protection des droits et libertés fondamentaux. Ces cours et
tribunaux peuvent, par principe et dans l’exercice de leurs compétences respectives,
assurer la protection des droits fondamentaux41.

Ainsi pour cerner cette mission dévolue notamment à la Cour


constitutionnelle, il est important de comprendre tout d’abord la notion de « droits
et libertés fondamentaux » (§1), ensuite aborder les différentes manières
qu’emploie la Cour pour assurer leur protection (§2).

§1. Notion sur les droits et libertés fondamentaux

Les droits et libertés fondamentaux désignent donc simplement les droits


et libertés protégés par des normes constitutionnelles et internationales42. A la
lumière de cette définition doctrinale, il nous semble nécessaire de faire un
parallélisme entre les concepts de droits de l’homme et les libertés publiques tant
du point des vues origines et finalités.

Une confusion a été, souvent, entretenue entre le droit naturel et les


libertés publiques. Et pourtant, une ligne de démarcation entre les deux est

40
Article 150, al. 1er de la Constitution de la RDC du 18 février 2006 telle que modifiée par la Loi N°
11/002 du 20 janvier 2011 portant révision de certains articles de la Constitution, JORDC, numéro spécial
du 5 février 2011.
41
NGONDANKOY NKOY-ea-LOONGYA, P.-G., Cours des Libertés publiques. Syllabus à l’intention des
Etudiants de deuxième Licence en Droit, UNIKIN 2013-2014. p.23
42
FAVOREU L., Droit constitutionnel, 21e édition, Paris, Dalloz, 2019. p.930.
24

envisageable. A l’opposé des droits de l’homme qui dérivent du droit naturel, les
libertés publiques sont constituées des droits attachés à l’homme en tant qu’être
humain et garantis par le droit positif43. En d’autre termes, parler des libertés
publiques en général traduit l’examen des droits reconnus aux citoyens par l’Etat
dans son droit positif interne. Les libertés sont dites « publiques » que si l’Etat
intervient pour les reconnaitre et les aménager, quel que soit leur objet ; elles
traduisent en fait la transposition dans le droit positif d’un Etat donné, des droits de
l’homme ou mieux, des droits humains44.

Souvent pris pour synonymes, les droits de l’homme sont, tant par leur
origine que par leur finalité, différents des libertés publiques. Ainsi qu’il a été
relevé dans les rapports entre les libertés publiques et le droit naturel duquel
dérivent les droits de l’homme, les libertés publiques s’en démarquent aussi bien
par leur origine que par leur contenu.

Au niveau de l’origine, on signale que l’une et l’autre notion résultent de


deux différentes branches de droit, à savoir, le droit naturel pour les droits de
l’homme et le droit positif les libertés publiques. Les droits de l’homme existent
indépendamment de leur reconnaissance par le droit positif. Les libertés publiques
désignent, en revanche, des droits de la personne humaine reconnus et aménagés
par les autorités publiques45. Du point de vue de leur finalité, on note qu’à la
différence des libertés publiques, les droits de l’homme ont vocation à consacrer les
pouvoirs d’autodétermination tant et si bien que la nature humaine a besoin d’un
minimum de sécurité matérielle. Ils confèrent à leurs titulaires, non pas un pouvoir
de libre option ni de libre action mais une créance que la société est tenue de
fournir. Pour y pourvoir, l’Etat est obligé d’offrir des prestations positives
impliquant, en même temps, la création des services publics46.

43
FAVOREU L., op.cit. 21e édition, Paris, Dalloz, 2019. p.938
44
BARUANI SALEH J., Cours de droits humains, Kinshasa, UPC, Faculté de droit, année académique
2018-2019, p.18.
45
ESAMBO KANGASHE J.-L. Traité de droit constitutionnel congolais, L’Harmattan, 2018, p.134.
46
Ibidem.
25

§2. La cour constitutionnelle : gardienne des droits et libertés


fondamentaux

La protection des droits fondamentaux est désormais tellement


associée à l'institution de la justice constitutionnelle que l'on a tendance parfois à
en faire la fonction essentielle sinon exclusive de ladite institution47.

Selon le Professeur NGONDAKOY, la Cour constitutionnelle est en


soi une garantie institutionnelle de protection des droits fondamentaux. Toute
juridiction constitutionnelle a, en effet, nécessairement dans ses attributions la
protection des droits constitutionnels, même si cela n’est pas dit expressément
dans la Constitution.

Pour lui, la Cour assure cette protection à travers l’ensemble des


contentieux qui lui sont dévolus, qu’il s’agisse du contentieux normatif (A), du
contentieux électoral et référendaire (B), du contentieux relatif aux conflits de
compétence (C), du contentieux pénal (D) ou même du contrôle du respect
proprement dit des droits constitutionnels (contentieux des droits
constitutionnels)48.

A. La protection juridictionnelle par le biais du contentieux normatif

La Cour constitutionnelle assure la protection des droits fondamentaux


par le biais du contentieux normatif en assurant le contrôle de conformité à la
Constitution d’un certain nombre d’actes désignés par la Constitution ou par les
lois de la République aux fins de garantir leur régularité ainsi que leur sécurité
juridique. Il s’agit de faire en sorte que ces actes ne puissent porter atteinte aux
droits garantis aux personnes par la norme suprême et fondamentale de l’Etat49.

47
FAVOREU L., op.cit. p.818
48
NGONDANKOY NKOY-ea-LOONGYA, P.-G., op.cit. p.59.
49
Idem. p.60
26

Parmi les actes concernés par ce contrôle de constitutionnalité, la


Constitution cite, bien évidemment, les lois, les actes ayant force de loi, les
Règlements intérieurs des Chambres parlementaires, ceux des Institutions d’appui à
la démocratie ainsi que les actes réglementaires des autorités administratives. Il
faudra y ajouter aussi les traités et accords internationaux ainsi que les édits des
Assemblées provinciales50.

En effet, lorsque la Cour constitutionnelle est appelée à censurer un traité


ou accord international, un acte législatif national ou provincial, un règlement
intérieur des Chambres parlementaires et des Institutions d’appui à la démocratie
ou un acte réglementaire d’une autorité administrative au regard de ces
dispositions, elle prévient, par le fait, la violation des droits fondamentaux du fait
de ces actes et assure, par ce biais, la protection des « droits humains, des libertés
fondamentales et des devoirs du citoyen et de l’Etat » reconnus au Titre II de la
Constitution. Cette protection est, certes, indirecte et médiate parce qu’elle prévient
une violation potentielle d’un droit ou d’une liberté ; elle n’en est pas moins réelle
et effective51.

Il y a donc entre contrôle de constitutionnalité des normes juridiques et


protection des droits constitutionnels un tel rapport de causalité et
d’interdépendance que la mission du juge constitutionnel en matière de protection
des droits fondamentaux n’a pas besoin d’être définie expressément. Cette mission
est indissociablement affirmée dans l’attribution au juge constitutionnel de la
compétence d’assurer la conformité des actes juridiques aux dispositions de la
Constitution relatives aux droits fondamentaux.

50
Article 43 Loi-organique N°13 /026 du 15 octobre 2013 portant organisation et fonctionnement de la
Cour constitutionnelle.
51
NGONDANKOY NKOY-ea-LOONGYA P.-G., op.cit. p.59.
27

B. La protection juridictionnelle par le biais du contentieux électoral et


référendaire
Dans le cas du contentieux électoral ou référendaire, la protection
assurée par la Cour constitutionnelle est encore plus directe puisqu‘elle peut
viser directement la sauvegarde d’un des droits politiques les plus en vue, à
savoir : soit le droit à l’électorat, soit le droit à l’éligibilité.

Ici la Cour assure, en effet, la protection de ces deux droits


constitutionnels à travers la sanction des fraudes et des irrégularités électorales
et/ou référendaires qui les affectent et qu’elle aurait su, dans ses investigations,
découvrir. Etant entendu qu’elle est habilitée à prononcer cette sanction sur pied
de l’article 161, alinéa 2, de la Constitution - qui fait d’elle le juge du
contentieux électoral et référendaire – et que lesdites fraudes ou irrégularités
peuvent être appréciées au regard des dispositions de la Constitution protégeant
ces deux droits, l’on ne peut pas dire que le juge électoral ainsi désigné n’est pas
protecteur des droits fondamentaux52.

La sanction des fraudes et des irrégularités électorales constitue donc,


en fait, l’une des façons pour la Cour constitutionnelle d’assurer la protection de
tous les droits à la participation à la vie politique affirmés, à l’article 5 ou dans
d’autres articles de la Constitution ; ce qui est une façon de protéger lesdits
droits. La Cour ne peut donc pas faire comme si la sanction des fraudes et des
irrégularités électorales n’est qu’une simple question technique de la conformité
des agissements électoraux au Droit positif électoral ; elle est surtout un enjeu
pour la protection des droits constitutionnellement garantis53.

52
NGONDANKOY NKOY-ea-LOONGYA P.-G., op.cit. p.63
53
Ibidem.
28

C. La protection juridictionnelle par le biais du contentieux du conflit des


compétences
De tous les chefs de compétence de la juridiction constitutionnelle,
celui-ci paraît être le plus éloigné des préoccupations en rapport avec les droits
fondamentaux. D’abord parce que, comme son nom l’indique, il s’agit ici d’un
conflit de compétence entre les autorités, tantôt entre le Pouvoir législatif et le
Pouvoir exécutif, tantôt entre l’Etat et les provinces54. Ensuite parce que, aussi
bien dans la doctrine que dans la jurisprudence, il n’est pas de coutume de
rapprocher ce type de contentieux de celui des droits fondamentaux.

En réalité, la sanction par le juge constitutionnel des empiètements de


compétences est une manière comme une autre de protéger les droits
fondamentaux, c’est-à-dire les libertés publiques tantôt des personnes physiques
- qui sont obligées chaque jour de subir le poids des prérogatives de ces autorités
- tantôt celles des personnes morales publiques - qui sont obligées ainsi de
défendre leurs propres prérogatives contre la toute-puissance de l’Etat (ce qu’on
appelle parfois « les libertés des collectivités publiques »55.

On voit donc que, par le biais du règlement des conflits de


compétences entre les autorités, certaines libertés publiques peuvent être
protégées par le juge constitutionnel sans que, au départ, cela ait été
expressément prévu comme l’une de ses attributions. Si donc le juge
constitutionnel fait une bonne application des articles de la Constitution,
particulièrement ceux qui protègent les prérogatives tant des individus que des
collectivités publiques, il est et sera toujours compté comme l’un des protecteurs
les plus attitrés des droits fondamentaux.

54
Article 161, al. 3, de la Constitution de la RDC du 18 février 2006 telle que modifiée par la Loi N° 11/002
du 20 janvier 2011 portant révision de certains articles de la Constitution, JORDC, numéro spécial du 5
février 2011
55
Lire en ce sens, ROUSSEAU D., GAHDOUN P.-Y. et BONNET J., Droit du contentieux constitutionnel,
11e édition. LGDJ, Paris, 2016 ; p. 416.
29

D. La protection juridictionnelle par le biais du jugement pénal de certaines


autorités

Ici aussi, des esprits peu habitués peuvent se rebiffer. Comment un


contentieux pénal, qui vise avant tout et presqu’exclusivement la sanction de la
« loi pénale », peut-il se transformer en contentieux constitutionnel et, par ce
biais, en contentieux des droits fondamentaux ?

La question de savoir si le jugement pénal du Président de la


République et du Premier ministre, prévu par les articles 164 et 165 de la
Constitution, est un contentieux constitutionnel fait l’objet d’autres
développements56. Contentons-nous, pour l’instant, de celle du rôle de ce juge
pénal spécial qu’est la Cour constitutionnelle dans la protection des droits
fondamentaux par le biais du jugement pénal des autorités visées ci-dessus.
Comment les droits fondamentaux peuvent-ils se trouver protégés par ce biais ?

Disons tout de suite que cette protection des droits constitutionnels est
indirecte. Elle n’est et ne peut être assurée que par le biais des victimes des
infractions pénales reprochées au Président de la République et/ou au Premier
ministre. Pour autant, qui sont-elles ces victimes ? Quelles sont les catégories de
leurs droits fondamentaux violées par les agissements illégaux du Président de la
République et du Premier ministre ?

Pour répondre à ces interrogations, il convient de passer par un


exemple. L’une des infractions pénales, sinon la plus fréquente, qui peut être
reprochée au Président de la République ou au Premier ministre c’est le
détournement des deniers publics57.

56
NGONDANKOY NKOY-ea-LOONGYA (P.-G.), Droit du contentieux constitutionnel, Louvain-la-Neuve,
Academia-L’Harmattan s.a. (à paraître). p.98.
57
NYABIRUNGU MWENE SONGA, Traité de droit pénal général congolais, 2e édition, Collection Droit et
Société, 2007. p.216.
30

Si cette infraction est consommée, elle affecte non seulement le


budget de l’Etat, mais aussi et surtout, tous ceux qui sont obligés de vivre de ce
budget en l’espèce : fonctionnaires dont le versement des salaires ne peut plus
convenablement être assuré, créanciers dont le paiement des dus ne peut plus
être dû, bailleurs qui attendent le remboursement des prêts, et finalement, le
citoyen lambda dont le développement du pays est postposé58.

E. La protection juridictionnelle directe des droits fondamentaux par la Cour


constitutionnelle
En dehors de toutes ces hypothèses de protection indirecte des droits
fondamentaux, la Cour constitutionnelle congolaise est aussi compétente pour
assurer, de manière directe, la protection des droits constitutionnels à travers
cette sorte d’action populaire organisée par l’article 49 de sa loi organique, aux
termes duquel « A l’exception des traités et accords internationaux, le Procureur
Général saisit d’office la Cour pour inconstitutionnalité des actes visés à l’article
43 de la présente Loi, lorsqu’ils portent atteinte aux droits fondamentaux de la
personne humaine ou aux libertés publiques59».

Il s’agit donc d’une action populaire directe exercée par le Procureur


général près la Cour constitutionnelle contre lesdits actes, lequel peut
précisément fonder son action sur une disposition de la Constitution consacrant
un droit fondamental afin d’obtenir l’annulation d’une loi, d’un édit, d’un acte
ayant force de loi, d’un règlement intérieur ou d’un règlement pris par les
autorités publiques compétentes60.

58
NYABIRUNGU MWENE SONGA, op.cit. p. 278.
59
NGONDANKOY NKOY-ea-LOONGYA P.-G., op.cit. p.65.
60
Ibidem.
31

A la différence des premières hypothèses, on est ici dans la protection


directe des droits fondamentaux, c’est-à-dire dans une sorte d’amparo à
l’espagnole, qui n’est certes pas exercée par le peuple lui-même, mais qui l’est
forcément à son profit. Il en découle que les compétences de la Cour
constitutionnelle ne proviennent pas uniquement du texte de la Constitution.

En définitive, la protection des droits et libertés résultera surtout des


effets et de l’influence de la jurisprudence établie par la Cour constitutionnelle
ou la Cour suprême sur la jurisprudence des juridictions ordinaires61 ; en outre,
la Cour constitutionnelle peut assurer la protection des droits fondamentaux
même si, formellement, cette attribution ne lui est pas reconnue dans la
Constitution ou dans la loi62.

Dans ce cas, elle s’acquitte de cette noble mission de façon indirecte


par le biais de ces autres types de compétence. En revanche, lorsque cette
compétence lui est expressément reconnue, cette protection des droits
constitutionnels est forcément directe63.

Au total, la protection juridictionnelle des droits fondamentaux est


l’une des conditions substantielles à l’existence d’un Etat de droit qui, comme
tout Etat, se caractérise par une normativité à laquelle, il se soumet lui-même
afin de garantir sa propre survie64. Dès lors l’exercice par la Cour
constitutionnelle de l’ensemble de ses compétences est une manière comme une
autre pour elle d’assurer la protection des droits fondamentaux. Et sur ce point,
la Cour constitutionnelle apparaît comme le premier mécanisme juridictionnel
institué par la Constitution pour la protection desdits droits, contribuant ainsi à
l’émergence d’un Etat de droit en RDC.

61
FAVOREU L., op.cit. p.412.
62
NGONDANKOY NKOY-ea-LOONGYA P.-G., op.cit. p.60.
63
Ibidem.
64
FUNGA LUFE MOTEMA A.-C., op.cit. p.495
32

SECTION 2. LA REGULATION DE LA VIE POLITIQUE CONGOLAISE

Les juridictions constitutionnelles africaines francophones sont l'objet


d'un regain certain d'intérêt. Cet intérêt de la doctrine porte, cependant et,
principalement sur la place des Cours constitutionnelles dans l'architecture
institutionnelle des États, l'ascendant nouveau et la crédibilité nouvelle qu'elles
ont acquis comme « éléments incontournables des Etats de droit à construire »65.

Selon FAVOREU, l'État de droit, aujourd'hui, repose sur trois piliers :


l’encadrement juridique du pouvoir et la protection des droits humains par la
Constitution ; le contrôle du pouvoir par la justice constitutionnelle ; la division
du pouvoir entre les trois organes de l’Etat66.

Partant d'un état des lieux ex ante qui a révélé le rôle essentiellement
cosmétique de la justice constitutionnelle en Afrique, la doctrine et les
chercheurs manifestent leur contentement à l'égard de la nouvelle génération de
juridictions constitutionnelles africaines ; celles-ci « développent une
jurisprudence démontrant à la fois leur capacité d'imagination et leur
indépendance d'esprit » marquant ainsi le passage du « formalisme à
l'effectivité» d'un constitutionnalisme orienté vers la démocratie pluraliste et
l'État de droit67.

Ainsi le présent chapitre est consacrée à déterminer les contours de la


fonction de régulation de la vie politique de la cour constitutionnelle. Pour ce
faire, nous allons partir des généralités de ce concept (§1.), pour finir par cerner
sa manifestation dans l’émergence d’un Etat de droit en RDC (§2).

65
NICAISE M. « La fonction de régulation des juridictions constitutionnelles en Afrique francophone ». In:
Annuaire international de justice constitutionnelle, 23-2007, 2008. Constitution et liberté d'expression -Famille
et droits fondamentaux. pp. 45-66;
66
FAVOREU L., op.cit. p. 38.
67
DU BOIS DE GAUDUSSON J., « Défense et illustration du constitutionnalisme en Afrique après quinze
ans de pratique du pouvoir », in Mélanges Louis Favoreu, Paris, Dalloz, 2007, p. 613.
33

§1. Généralités sur la régulation

L’étude de cette section s’articulera à appréhender l’approche lexicale


de du terme régulation (A) et les différents types de celle-ci (B).

A. Approche lexicale de la régulation de la vie politique

Selon le vocabulaire juridique, la fonction est régulatrice et celle qui a


pour but de normaliser, de régulariser le cours d’activités et d’opérations
diverses, notamment de faire respecter, dans ses applications multiples, la
cohérence d’une règle.68

Selon KAZADI MPIANA, par pouvoir de régulation de la vie


politique, nous attendons pouvoir régulateur du fonctionnement des institutions
et de l’activité des pouvoirs publics telle que développée de manière
jurisprudentielle par le juge constitutionnel congolais à l’instar des autres juges
constitutionnels ou sur fondement d’une compétence d’attribution expresse.69

Pour lui, comme certains auteurs, la fonction de régulation constitue


une prérogative additionnelle, un étage supplémentaire de l’architecture de
superpositions des juridictions constitutionnelles africaines.

B. Les types de régulation

Gilles BADET en analysant la réalité jurisprudentielle de la fonction


de régulation distingue deux manières, pour la Cour constitutionnelle, de réguler
le fonctionnement des institutions des pouvoirs : la régulation « lubrifiant
institutionnel » et la régulation « discipline des acteurs publics »70.

68
CORNU G., Vocabulaire juridique.8e édition. Paris, PUF, 792.
69
KAZADI J. MPIANA, « Cour constitutionnelle, motion de censure et garantie des libertés et droits
fondamentaux à l’une de l’arrêt Jean-Claude KAZEMBE », in : Annuaire congolais de justice constitutionnelle.
vol. 2, 2017, p.555
70
BADET G. Contrôle intra normatif et contrôle ultra normatif de constitutionnalité. Louvain, CRECO., 2012, p.
192.
34

1. La régulation « lubrifiant institutionnel »

La régulation lubrifiant institutionnel consiste pour la Cour


constitutionnelle, à intervenir, sur demande, pour, par sa décision et les
injonctions qu’elle comporte, faire échec à une situation de paralysie imminente
ou réelle d’une ou de plusieurs institutions de la République.71

A cet égard, la juridiction constitutionnelle agit en vue de débloquer la


paralysie du fonctionnement de certaines institutions ou d’éviter la paralysie du
processus électoral – évitant ainsi un vide institutionnel, par défaut de pourvoir à
un poste dont le mandat du titulaire en fonction est arrivé à son terme sans que
des dispositions constitutionnelles n’aient expressément prévu le cas de figure. Il
souligne que par cette intervention, la juridiction constitutionnelle développe
une jurisprudence qui sert dans le fonctionnement –en cours ou à venir- des
institutions en question, de lubrifiant institutionnel72.

2. La régulation « discipline des acteurs politiques »

La régulation « discipline des acteurs politiques » a un caractère «


disciplinaire » et consiste, pour la Cour constitutionnelle, sur demande, et alors
même qu’aucune paralysie effective ou imminente n’est à déplorer dans le
fonctionnement d’une institution de la République, à sanctionner, si elle l’estime
nécessaire, par déclaration d’inconstitutionnalité, le comportement d’acteur
public considéré contraire aux prescriptions de la Constitution ou du bloc de
constitutionnalité, et à faire, en cas de besoin des injonctions correctives qui
paraissent devoir s’imposer en vue d’un nouveau comportement conforme aux
prescriptions constitutionnelles.73

71
BADET G. op.cit. p. 192.
72
Ibidem.
73
NICAISE M. « La fonction de régulation des juridictions constitutionnelles en Afrique francophone », in:
Annuaire international de justice constitutionnelle, 23-2007, 2008. pp. 45-66
35

§2. Manifestation de la régulation de la vie politique par la cour


constitutionnelle congolaise

D’emblée, il faut à ce niveau préciser que, si à certaines juridictions


constitutionnelles africaines cette compétence est reconnue expressément74, ce
n’est pas le cas pour la Cour constitutionnelle congolaise. Cependant, le
professeur KAZADI MPIANA affirme qu’en RDC cette régulation, comme
fonction, exercée par la Cour constitutionnelle résulte de la pratique
jurisprudentielle de la Cour suprême de justice agissant en qualité de Cour
constitutionnelle75.

Pour le professeur MAVUNGU, les compétences implicites de la


Cour constitutionnelle de la RDC découlent du pouvoir régulateur du
fonctionnement des institutions et de l’activité des pouvoirs publics76.

Pour une partie de la doctrine congolaise, la compétence de régulation


de la vie politique qu’exerce la Cour constitutionnelle est considérée comme une
compétence implicite ou inhérente à toute juridiction constitutionnelle. Pour
elle, la Cour, gardienne de la constitution et des valeurs que celle-ci protège, est
habilitée à exercer non seulement les compétences qui lui sont expressément
attribuées par les textes juridiques mais également celles qui, sans être
expressément mentionnées, lui sont nécessaires pour donner effet utile aux
dispositions expresses.

Ainsi, pour s’en convaincre, nous allons passer en revue certaines


jurisprudences qui, au regard de la doctrine voit en elles la manifestation de la
fonction de régulation de la vie par la Cour constitutionnelle congolaise.

74
Lire en ce sens NICAISE M. « La fonction de régulation des juridictions constitutionnelles en Afrique
francophone », in: Annuaire international de justice constitutionnelle, 23-2007, 2008. pp. 45-66
75
KAZADI MPIANA J., « Cour constitutionnelle, motion de censure et garantie des libertés et droits
fondamentaux à l’une de l’arrêt Jean-Claude KAZEMBE », dans Annuaire congolais de justice constitutionnelle
(CCJC/CYCJ), vol. 2, 2017, p.561.
76
MAVUNGU MVUMBI-di-NGOMA., op.cit. p.34.
36

A. L’arrêt R.Const. 00338 du 17 octobre 2016


L’arrêt rendu faisait à la requête initiée par la Commission Electorale
Nationale Indépendante, CENI en sigle, tendant à obtenir le report de la convocation et
de l’organisation des scrutins prévus dans sa décision N°001/CENI/BUR/15 du 12
février 2015 portant publication du calendrier des élections provinciales, urbaines,
municipales et locales 2015 et des élections présidentielle et législatives 2016.

En effet, face à l’incapacité de la CENI d’organiser les élections dans le


délai par la constitution, la situation politique était très agitée avec des cartons jaunes
et rouges distribués aux uns et aux autres et les appels incessants de l’opposition ainsi
que de la société civile au Président sortant à rendre les tabliers à la fin de son mandat,
en cas de non tenue de l’élection présidentielle au 19 décembre 201677. C’est dans ce
contact tendu que le Président de la CENI déposa sa requête à la Cour
constitutionnelle.

Dans le raisonnement de son arrêt du 17 octobre 2016, la Cour


constitutionnelle dit :« l’élection du Président de la République tout comme celle des
députés nationaux et des sénateurs, est un droit fondamental des citoyens dont la Cour
constitutionnelle ne doit, en tant que gardienne des libertés publiques, des droits
fondamentaux, et régulatrice de la vie politique, les priver78 ; »Elle précise en outre
« en tant que gardienne de la constituions, des libertés publiques et des droits
fondamentaux qui y sont consacrés, la Cour constitutionnelle est appelée à s’assurer
du respect par les pouvoirs publics et les citoyens de ces dispositions et exercer un
rôle de régulation de la vie politique79.

Dans le cas d’espèce, la requête vise effectivement la protection des


droits et libertés fondamentaux des citoyens de toute la République Démocratique

77
DJUMA BILALI LOKEMA G.-P. CIHUNDA J et KAPINGA S. « Le contentieux du calendrier
électoral devant la Cour constitutionnelle sous l’arrêt R.Const. 00338 du 17 octobre 2016 » in Annuaire
Congolais de Justice Constitutionnelle, Vol 2. 2017, p.476.
78
CC, Arrêt R.Const. 0338 du 17 octobre 2016, Vingt-unième feuillet in : ACJC.
79
Ibidem.
37

du Congo notamment celui d’être dirigé par un Président de la République et des


députés et sénateurs régulièrement et démocratiques élus80 ».

Ainsi la Cour constate l’impossibilité de la CENI d’organiser les scrutins


prévus dans le calendrier du 12 février 2015 pour toutes les contraintes évoquées
par elle ; et l’autorise par conséquent à élaborer un nouveau calendrier dans un
délai objectif et raisonnable exigé par les opérations techniques de refonte du
fichier électoral afin de s’assurer de la régularité des scrutins prévus81. Enfin, selon
le Professeur KAZADI MPIANA la Cour s’est appuyée à la fois sur son rôle de
régulateur de la vie politique et de garant de la protection des droits consacrés par
la loi fondamentale pour rendre cet arrêt dont le prononcé a suscité plusieurs
réactions dans l’opinion publique en raison de son importance sur la suite du
processus électoral en RDC.

B. L’affaire KAZEMBE

Elu par l’Assemblée provinciale du Haut-Katanga, le 26 /03/2016


comme Gouverneur de cette province, le requérant a été destitué avec son
équipe gouvernementale par les députés provinciaux réunis en session plénière
le 18 Avril 2017 au cours de laquelle ils ont voté la motion de censure
N°001/AP/HK-KAT/2017.

Selon le requérant, la motion de censure, qui est l’acte par lequel


l’Assemblée provinciale met en cause la responsabilité politique de l’exécutif
provincial, est intervenue sans débat contradictoire en violation des prescrits de
la constitution, de la loi portant principes sur la libre administration des
provinces ainsi que le règlement intérieur de l’Assemblée provinciale82.

80
CC, Arrêt R.Const. 0338..., Vingt-cinquième feuillet.
81
Ibidem.
82
KAZADI MPIANA J., « Cour constitutionnelle, motion de censure et garantie des libertés et droits fondamentaux
… op.cit.p.529
38

Pour le requérant, les droits de la défense et le droit de recours ont été


violé dans la procédure ayant abouti à la destitution étant donné que le jour de la
discussion et du vote de la motion le requérant était en mission officielle à
Kinshasa. Ayant intérêt à ce que l’Etat de droit soit consolidé par le respect des
textes régissant les institutions publiques, le requérant exercera alors son recours
en inconstitutionnalité de ladite motion en vertu de l’article 162 al. 2 de la
constitution aux termes de laquelle toute personne peut saisir la Cour
constitutionnelle pour inconstitutionnalité de tout acte législatif ou
réglementaire83.

Au soutènement de son action, le requérant avait appuyé sa prétention


d’une part en se référant à une jurisprudence de la Cour suprême de Justice qui
qualifiait la motion de censure d’acte législatif et d’autre part sur la doctrine de
Professeur VUNDUAWE qui enseigne que « des résolutions, des
recommandations, décisions d’entérinement etc. sont des actes parlementaires
ou d’assemblées soumis au contrôle de Constitutionnalité par la Cour
constitutionnelle.84». Il a en outre relevé trois moyens de fond pour soutenir sa
requête : le premier est tiré de la violation des articles 19, al.3 et 61 point 5 de la
constitution ; le deuxième est tiré de l’article 138 de la constitution prescrivant
les moyens d’information et de contrôle d’une Assemblée sur le gouvernement
du fait de leur inutilisation par l’Assemblée provinciale et enfin le troisième
moyen se fonde sur la violation de l’article 198 al. 10 de la même loi
fondamentale conférant au Président de la Republique la prérogative de relever
de ses fonctions le gouvernement de province en cas de crise avérée entre le
gouverneur de province et l’Assemblée provinciale85.

83
KAZADI MPIANA J., « Cour constitutionnelle, motion de censure et garantie des libertés et droits fondamentaux
… op.cit.p.530.
84
Ibidem.
85
Ibidem.
39

La défenderesse dans son mémoire en réplique oppose des fins de


non-recevoir en soutenant que :

- La motion de censure ou défiance adoptée par l’Assemblée


provinciale échappe au contrôle de constitutionalité car elle
constitue une décision mettant en cause la responsabilité politique
du gouverneur ;

- La deuxième fin de non-recevoir est tirée du défaut de la qualité


dans le chef du requérant se prévalant du titre de gouverneur de
Province sans en fournir les références de l’ordonnance
présidentielle l’ayant investie d’une part et que seul le
regroupement politique – majorité présidentielle- qui avait présenté
et soutenu la candidature du requérant en vue de son maintien en
poste ;

- Enfin, en adoptant une motion de censure, l’Assemblée provinciale


du Haut-Katanga a exercé ses prérogatives tirées de la constitution
et n’a nullement usurpé les attributions du Président de la
Republique86.

Bien que les moyens invoqués par les parties à l’action présentent une
certaine importance, dans le cadre de ce travail, nous nous focaliserons sur
l’analyse du raisonnement de la Cour qui sera complété par une opinion
doctrinale.

KAZADI MPIANA J., « Cour constitutionnelle, motion de censure et garantie des libertés et droits fondamentaux
86

… op.cit.p.531.
40

En effet, la lecture de l’arrêt de l’affaire KAZAMBE renseigne que la


Cour a reçu la requête et l’a dit fondée ; en conséquence, elle a déclaré non
conforme à la constitution, et partant, nulle la motion de censure de l’Assemblée
provinciale du Haut pour n’avoir pas respecté les droits de la défense.

Selon le Professeur KAZADI MPIANA, les motions de censure ou de


défiance peuvent donner lieu à un blocage dans le fonctionnement des
institutions provinciales et la Cour, dans la qualité d’organe régulateur du bon
fonctionnement des pouvoirs publics, de leur activité et de la vie politique, est
compétente pour débloquer la situation87.

Il soutient en outre que les motions de défiance ou de censure mettent


parfois en exergue les violations des droits de la défense et le droit de recours
constitutionnellement garantis. A cet égard, il a été jugé par la Cour elle-même
que dès lors qu’une motion de censure ou de défiance viole les droits auxquels la
Constitution consacre une protection particulière, elle doit affirmer sa
compétence88.

Enfin, dans une lecture combinée des articles 60, 61 et 150 al.1 er de la
constitution, il ressort que le respect des droits fondamentaux s’impose à tous les
pouvoirs publics, y compris les Assemblées provinciales, et celles ne peuvent
méconnaitre les droits fondamentaux des citoyens.

87
KAZADI MPIANA J., « Cour constitutionnelle, motion de censure et garantie des libertés et droits fondamentaux
… op.cit.p.540
88
Ibidem.
41

CONCLUSION

Nous voici arrivé à la fin de la rédaction de travail qui a porté sur le


rôle de la cour constitutionnelle dans l’émergence d’un Etat de droit. Qu’il nous
soit permis de rappeler les lignes essentielles ayant guidé cette étude.

Le premier chapitre notre travail a traité de l’organisation et du


fonctionnement de la Cour constitutionnelle congolaise. En effet, d’une part, il a
été question pour nous d’appréhender les compétences que celle-ci exerce en
RDC. A cet égard, nous avons noté que l’ensemble des compétences de la Cour
peuvent être contentieuses et non-contentieuses. D’autre part, il a été traité du
fonctionnement de la Cour constitution. A cet effet, nous avons remarqué que
son fonctionnement fait intervenir certains organes dont la Composition ; le
parquet général ; les conseillers référendaires et le Greffe. Chacun de ces
organes agissant dans les limites de leurs fonctions que les textes juridiques leur
attribuent.

Le deuxième chapitre du présent travail a porté sur la contribution de


la cour constitutionnelle à l’émergence de l’Etat de droit en RDC. Durant cette
étude, nous avons noté que l’organe chargé d’assurer la constitutionnalité des
lois et des actes réglementaires ainsi que des règlements intérieurs des
assemblées parlementaires ainsi que ceux des institutions d’appui à la
démocratie, peut contribuer à l’émergence de l’Etat de droit en assurant la
protection des droits fondamentaux et la régulation de la vie politique.

Dans le premier cas, la Cour assure cette protection à travers


l’ensemble des contentieux qui lui sont dévolus, qu’il s’agisse du contentieux
normatif, du contentieux électoral et référendaire, du contentieux relatif aux
conflits de compétence, du contentieux pénal ou même du contrôle du respect
proprement dit des droits constitutionnels (contentieux des droits
constitutionnels).
42

Dans le second cas, nous avons noté la Cour y contribue par la


régulation de la vie politique, laquelle s’entend de son pouvoir régulateur du
fonctionnement des institutions et de l’activité des pouvoirs publics telle que
développée de manière jurisprudentielle par le juge constitutionnel congolais à
l’instar des autres juges constitutionnels ou sur fondement d’une compétence
d’attribution expresse.

Nous avons aussi souligné qu’à la différence des autres juridictions


africaines où cette compétence est expresse, en RDC celle-ci est implicite car
elle résulte de la pratique jurisprudentielle de la Cour suprême de justice
agissant en qualité de Cour constitutionnelle.

Pour s’en convaincre, nous avons passé en revue certaines


jurisprudences qui, au regard de la doctrine voit en elles la manifestation de la
fonction de régulation de la vie par la Cour constitutionnelle congolaise.
43

BIBLIOGRAPHIE

1. Textes légaux et jurisprudence

- Constitution de la RDC du 18 février 2006 telle que modifiée par la Loi


N° 11/002 du 20 janvier 2011 portant révision de certains articles de la
Constitution, JORDC, numéro spécial du 5 février 2011 ;

- Loi-organique N°13 /026 du 15 octobre 2013 portant organisation et


fonctionnement de la Cour constitutionnelle ;

- Arrêt. R.const. 00338 du 17 octobre 2016

2. Ouvrages

- AVRIL P. et J. GICQUEL., Lexique de droit constitutionnel, Paris, PUF,


2003 ;

- AVRIL P et GICQUEL J., Droit parlementaire, 4e éd., Paris, Montchrestien,


2010 ;

- BADET G. Contrôle intra normatif et contrôle ultra normatif de


constitutionnalité. Louvain, CRECO., 2012 ;

- CORNU G., Vocabulaire juridique, 12e éd., Paris, PUF., 2018 ;

- DJOLI ESENG’EKELI J., Droit constitutionnel tome II : l’expérience


congolais, L’Harmattan, Paris, 2013.

- ESAMBO KANGASHE J.-L., Le droit constitutionnel, Academia-L


’Harmattan ; Bruxelles, 2013 ;

- ESAMBO KANGASHE J.-L. Traité de droit constitutionnel congolais,


L’Harmattan, 2017 ;

- FAVOREU L., Droit constitutionnel, 21e édition, Paris, Dalloz, 2019 ;

- LADEGAILLERIE V., Lexique des termes juridiques, Paris, Anaxagora,


2005 ;

- MAVUNGU MVUMBI-di-NGOMA J.P., La justice constitutionnelle en


République Démocratique du Congo : Aperçu sur la compétence de la Cour
constitutionnelle et procédure devant cette haute juridiction, Kinshasa,
Editions Universitaires Africaines ;
44

- NGONDANKOY NKOY-ea-LOONGYA (P.-G.), Droit du contentieux


constitutionnel, Louvain-la-Neuve, Academia-L’Harmattan s.a. (à paraître) ;

- NYABIRUNGU MWENE SONGA, Traité de droit pénal général


congolais, 2e édition, Collection Droit et Société, 2007 ;

- ROUSSEAU D., GAHDOUN P.-Y., et BONNET J., Droit du contentieux


constitutionnel, 11e édition. LGDJ, Paris, 2016 ;

- WALINE J. Droit administratif, 28eéd. Paris, Dalloz, 2018.

3. Articles des revues

- BAKANDEJA WA MPUNGU G., « La nouvelle constitution de la


Republique Démocratique du Congo : sources et innovations », In : Annales
de la Faculté de Droit, UNIKIN, PUK, 2007.

- BALINGENE KAHOMBO, « L’originalité de la Cour constitutionnelle


congolaise : son organisation et ses compétences », in : Librairie Africaine
d’Etudes Juridiques, vol.6, Août 2011.

- DU BOIS DE GAUDUSSON J., « Défense et illustration du


constitutionnalisme en Afrique après quinze ans de pratique du pouvoir », in
Mél. Louis Favoreu, Paris, Dalloz, 2007, p. 613.

- DIALLO I. « À la recherche d'un modèle africain de justice


constitutionnelle. », in : Annuaire international de justice constitutionnelle,
20-2004, 2005. - La révision de la Constitution. pp. 93-120 ;

- DJUMA BILALI LOKEMA G.-P. « Parquet Général près la Cour


Constitutionnelle de La République Démocratique du Congo », in : Annuaire
Congolais de Justice Constitutionnelle. Vol.1. 2016, p. 89-110 ;

- DJUMA BILALI LOKEMA G.-P. CIHUNDA J et KAPINGA S. « Le


contentieux du calendrier électoral devant la Cour constitutionnelle sous
l’arrêt R.Const. 00338 du 17 octobre 2016 » in Annuaire Congolais de
Justice Constitutionnelle, Vol 2. 2017, p.476 et s ;

- FAVOREU L., « Procédures et techniques de protection des droits


fondamentaux : Conseil constitutionnel français », in Cours
constitutionnelles européennes et droits fondamentaux. Economica, 1982,
pp. 65.
45

- FUNGA LUFE MOTEMA A.-C., « Etat de droit et protection


juridictionnelles des droits fondamentaux » in : Annuaire Congolais de
Justice Constitutionnelle, vol 2. 2017, p.495 et s ;

- KABASELE LUSONGO G., « La Cour constitutionnelle et la justice


constitutionnelle en RDC », in : Les Analyses juridiques, n°29, juillet 2014.
p.17 et s. ;

- KAZADI MPIANA J., « La déclaration du patrimoine familial du président


de la République et des membres du gouvernement en Droit constitutionnel
congolais. Un édifice fictif ?», in : Annuaire Congolais de Justice
Constitutionnelle, vol. 2, 2017, p. 213 et s ;

- KAZADI MPIANA J., « Cour constitutionnelle, motion de censure et


garantie des libertés et droits fondamentaux à l’une de l’arrêt Jean-Claude
KAZEMBE », dans Annuaire congolais de justice constitutionnelle
(CCJC/CYCJ), vol. 2, 2017, p.561 et s ;

- NICAISE M. « La fonction de régulation des juridictions constitutionnelles


en Afrique francophone ». in: Annuaire international de justice
constitutionnelle, 23-2007, 2008. Constitution et liberté d'expression -
Famille et droits fondamentaux. pp. 45-66 ;

- WETSH’OKONDA KOSSO M. « Conseillers référendaires de la Cour


constitutionnelle : des gens de justice uniques en leur genre ? » in : Annuaire
Congolais de Justice Constitutionnelle. Vol. 1. 2016., p.69-88.

4. Cours

- BANZELINO GIANZ B., Le guide de rédaction d’un travail de Fin de


Cycle, Kinshasa, UPC, Faculté de Droit, Année académique 2017-2018.
- BARUANI SALEH J., Cours de droits humains, Kinshasa, UPC, Faculté
de droit, année académique 2018-2019

- KAZADI MPIANA J., Droit constitutionnel congolais. Notes des cours à


l’usage de l’étudiant, Lubumbashi, PUL, 2018-2019.

- NGONDANKOY NKOY-ea-LOONGYA, P.-G., Cours des Libertés


publiques. Syllabus à l’intention des Etudiants de deuxième Licence en
Droit, UNIKIN 2013-2014.
46

EPIGRAPHE ............................................................................................................................ 1
DEDICACE............................................................................................................................... 2
AVANT-PROPOS .................................................................................................................... 3
LISTE DE SIGLES ET ABREVIATIONS ............................................................................ 4
INTRODUCTION .................................................................................................................... 5
1. Problématique du sujet .................................................................................................... 5
2. Hypothèse ........................................................................................................................ 7
3. Intérêt du sujet ................................................................................................................. 8
4. Délimitation du sujet ....................................................................................................... 8
5. Méthodologie du travail .................................................................................................. 9
6. Subdivision du travail...................................................................................................... 9
CHAPITRE 1. ORGANISATION ET FONCTIONNEMENT DE LA COUR
CONSTITUTIONNELLE ..................................................................................................... 10
SECTION 1. LES COMPETENCES DE LA COUR CONSTITUTIONNELLE .................... 11
§1. Les compétences non-contentieuses ............................................................................... 12
§2. Les compétences contentieuses ...................................................................................... 15
SECTION 2. LE FONCTIONNEMENT DE LA COUR CONSTITUTIONNELLE............... 18
§1. La composition de la cour constitutionnelle .................................................................. 18
§2. Le parquet général près la cour constitutionnelle........................................................... 19
§3. Les conseillers référendaires et le greffe ........................................................................ 20
CHAPITRE 2. CONTRIBUTION DE LA COUR CONSTITUTIONNELLE A
L’EMERGENCE DE L’ETAT DE DROIT......................................................................... 22
SECTION 1. LA PROTECTION DES DROITS ET LIBERTES FONDAMENTAUX ........... 23
§1. Notion sur les droits et libertés fondamentaux ............................................................... 23
§2. La cour constitutionnelle : gardienne des droits et libertés fondamentaux .................... 25
SECTION 2. LA REGULATION DE LA VIE POLITIQUE CONGOLAISE ........................ 32
§1. Généralités sur la régulation ........................................................................................... 33
§2. Manifestation de la régulation de la vie politique par la cour constitutionnelle
congolaise ............................................................................................................................. 35
CONCLUSION ....................................................................................................................... 41
BIBLIOGRAPHIE ................................................................................................................. 43
1. Textes légaux et jurisprudence ...................................................................................... 43
2. Ouvrages ........................................................................................................................ 43
3. Articles des revues ........................................................................................................ 44
4. Cours ............................................................................................................................. 45

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