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0.INTRODUCTION

A. LA PROBLEMATIQUE

Il est de principe constitutionnel et surtout de notoriété


publique que nul n’est censé ignoré la loi1, D’où le principe général du droit
« nemo censetur ignorare legem ».

La Constitution du 18 février à son article 62 dans son alinéa


deuxième dispose que « toute personne est tenue de respecter la constitution
et se conformer aux lois de la république ». La compréhension issue de
l’analyse de la disposition constitutionnelle sus-évoquée nous permet
d’affirmer que le constituant soumet tout citoyen à un devoir constitutionnel
qui est celui non seulement de connaitre, mais aussi de respecter les lois de
la république. Il revient au Professeur Ambroise Kamukuny Mukinay de
renchérir que « parmi les droits dont doit jouir la constitution, en tant que
texte fondamental, en vue de rendre ses dispositions effectives, deux
méritent une attention particulière : il s’agit d’abord du droit de la
constitution d’être connue de ses destinataires, et ensuite, de la constitution
d’être respectée2 ».

Certes, tout citoyen congolais est soumis à un devoir


constitutionnel de connaitre les lois de la république, la constitution et de les
respecter. Il serait illusoire de soumettre un individu à une obligation de
connaissance de tel ou tel texte légal alors qu’aucun moyen n’est mis à sa
disposition pour l’atteinte de cette finalité combien importante en ce que son
respect en dépend.

Soucieux de voir les lois de la république être respectées par ses


destinataires, le constituant congolais va mettre, pour connaitre la teneur
des lois de la république, le citoyen congolais à la disposition de pouvoirs
publics qui ont pour mission d’assurer la diffusion et l’enseignement (la
vulgarisation) des lois ou de la constitution. À ce sujet, la Constitution du 18
février de 2006 telle que modifiée à ces jours, dispose à son art. 45 alinéa 5
que « les pouvoirs publics ont le devoir d’assurer la diffusion et
l’enseignement de la Constitution, de la Déclaration Universelle des droits de
l’Homme, de la Charte africaine de droit de l’homme et des peuples ainsi que
de toutes les conventions régionales et internationales humanitaires dûment
ratifiées3 ».

Il est important de faire mention du décret n°046-A/2003 du 23 mars


2003 portant création, organisation et fonctionnement d’un service
1
Article 62 de la Constitution
2
A. KAMUKUNYI MUKINAY, Cours de droit constitutionnel congolais, Kinshasa, sm, 2015-2016, p.158.
3
Article 45 al.5 de la Constitution
2
spécialisé dénommé « journal officiel de la République Démocratique du
Congo en abrégé « J.O.R.D.C. » ; lequel décret nous énumère les missions et
alors les missions originaires du service spécialisé de l’Etat en l’occurrence
le journal officiel et donc aux termes des articles 3 et 4 du décret du 28
mars 2003 portant création, organisation et fonctionnement du J.O.R.D.C,
le journal officiel de la RDC a pour mission :

1. La publication et la diffusion des textes législatifs et règlementaires pris


par les autorités compétentes conformément à la constitution ;
2. La publication et la diffusion des actes de procédure, des actes des
sociétés, d’association et des protêts
3. Des partis politiques, des dessins et des modèles industriels, des
marques de fabrique, de commerce et de service ainsi que tout autre
acte visé par la loi ;
4. La mise à jour et la coordination des textes législatifs et règlementaires 4.

La lecture des dispositions légales ci-haut notées démontre


combien sont remarquables et grands les efforts fournis par l’Etat Congolais
pour instituer les mécanismes pouvant permettre non seulement aux
citoyens de connaitre les lois de la république et de les respecter mais aussi
qui permettent à donner le sens au principe nemo censetur ignorare
legem,

Lequel principe rend l’Etat par le biais de pouvoirs publics


débiteur des citoyens dont l’obligation est la diffusion et l’enseignement
(vulgarisation) des lois, afin que ces derniers n’en prétextent l’ignorance ou
son inexistence en cas de la répression. A Cécile DE TERWANGNE de noter
que « dès lors qu’un Etat édicte les normes, il est confronté à la question
élémentaire de la connaissance par chacun des droits et obligations établis
par le prescrit juridique5 ».

Il est dommage qu’en dépit des efforts remarquables et grands


fournis par l’Etat pour l’institution des mécanismes tendant à faciliter la
connaissance des lois aux citoyens, notre constat demeure désolant et
inquiétant en ceci que ces efforts ne sont que remarquables et grands dans
le texte alors que petits et non remarquables dans la pratique, beaux dans le
texte alors que sur terrain laids car plusieurs textes légaux n’ont pas fait
objet de vulgarisation notamment : le code pénale congolais, code de
procédure pénale etc….

De ce fait, nous nous proposons à travers cette réflexion de


démontrer comment la non vulgarisation des lois est génératrice des
4
Décret numéro 046-A/2OO3 du 28 mars 2003 portant création, organisation et fonctionnement d’un service
spécialisé dénommé journal officiel de la république démocratique du congo.
5
C. DE TERWANGNE, L’information juridique-quel devoir de diffusion pour l’Etat dans la société de l’information
? dans Ubiquité-droit de technologie de l’information, n°17, (2OO3), p.61.
3
conséquences négatives en droit positif congolais, un questionnement vaut
sa peine à savoir :

La vulgarisation des textes juridiques est-elle effective en RDC ? Si


c’est vrai , quels en sont les indicateurs ? Si non quelles sont les
difficultés et comment les surmonter ?

HYPOTHÈSES

Bien que le constituant de 2006 ait donné aux pouvoir


publics le devoir d’assumer l’enseignement (vulgarisation) des textes
juridiques pour permettre aux citoyens non-spécialistes pour en connaître la
teneur et de les respecter, L’approche empirique nous permet de déceler
l’inexistence de l’enseignement ( vulgarisation), des textes juridiques par les
pouvoirs publics qui en ont l’obligation en RDC et ce défaut est du à
multiples raisons qui s’érigent en difficultés notamment : la production
excessive des textes juridiques en RDC ; La faible mobilisation des moyens
pour cette fin .

D’où, mobiliser les moyens par l’État pour l'atteinte


de cette finalité qu’est l’enseignement (vulgarisation) des textes juridiques
s’avère urgente et alors nécessaire car les autres difficultés de la non
vulgarisation seront résolues à la seule condition de mettre les fonds par
l’État à la disposition pouvoirs publics pour rendre effective la vulgarisation
ou l’enseignement des textes juridiques En RDC.

B. CHOIX ET INTERET DU SUJET

Sur le plan scientifique, l’on connaît de manière notoire qu’un


chercheur jette son dévolu sur telle ou telle autre thématique qui rencontre
son domaine de recherche ou soit telle est son intuition, cependant pour
notre part non ce thème nous permet d’étendre nos horizons de savoir en
matière de vulgarisation des textes juridiques. A la lumière de ce qui
précède, l’intérêt pour lequel nous abordons ce thème est double autrement
dit : théorique et pratique.

Du point de vue pratique, cette réflexion se veut une


amphétamine pour les gouvernants de bien assumer la tâche qui leur
incombe à l’occurrence la vulgarisation et la diffusion des lois mais aussi
pour les citoyens de s’approprier de ces mécanismes (la vulgarisation et la
diffusion) dont ils sont seuls bénéficiaires afin de bien connaitre les teneurs
de lois.

Du point de vue théorique ce sujet permet à tout scientifique de


s'en servir pour support en matière de la diffusion et surtout de la
4
vulgarisation des lois que Cécile de TERWAGNE appelle information
juridique6.

C.DELIMITATION DU SUJET

Le dies ad quo et dies ad quem de tout travail scientifique sont


d’une importance capitale en ce qu’ils servent pour le chercheur, les lecteurs
de précision et de repère ainsi donc notre travail est limité dans le temps et
dans l’espace.

 Du point de vue temporel, nous prenons en compte l’année 2006,


l’année pendant laquelle la RDC s’est dotée d’une constitution légitime
qui est une loi mère, de qui certains textes juridiques n’ayant pas fait
objet de la vulgarisation tirent leur légitimité, à titre illustratif : la loi
de 2015 modifiant et complétant le décret de 1940 portant code pénal.
jusqu’à ces jours.
 Du point de vue spatial, ce travail couvre le territoire national
congolais sur toute son étendue.

D.METHODES ET TECHNIQUES

A. MÉTHODES
Au cours de cette analyse nos références ont été puisées dans les trois
3 méthodes juridiques.

Par méthode, on entend un moyen pas une fin. C’est un


instrument devant permettre à l’esprit de s’épanouir, à la réflexion de
s’élargir à l’expression de s’éclairer. Le Professeur Ambroise Kamukuni
Mukinay note « le propre de la méthode est d’aider à comprendre au sens le
plus large non les résultats de la recherche scientifique mais le processus de
la recherche lui-même7 ».

1. Méthode téléologique ou contextuelle

Cette méthode nous a permis de comprendre la volonté ou le


ratio legis du constituant et bien plus du législateur en situant les
dispositions légales dans leurs contextes et leurs finalités poursuivies.

2. Méthode systématique ou holistique


6
C. DE TERWANGNE, op.cit., p.61
7
A. KAMUKUNYI MUKINAY, Contribution à l’étude de la fraude en droit constitutionnel congolais, Paris,
harmatan, 2007, p.31
5
Cette méthode nous a comme l’autre aider à comprendre les
prescrits légaux en faisant une analyse tenant compte de leur intégralité ou
entièreté.

3. Méthode exégétique

Celle-ci nous a aussi permis de s’inspirer de la linguistique pour


bien comprendre la volonté escomptée du constituant.

4. Technique documentaire

Celle-ci nous a permis d’interroger certains ouvrages qui ont


traité de la question de la vulgarisation juridique.

E. ANNONCE DU PLAN

Notre travail est subdivisé en deux chapitres dont : Fondement


et cadre normatif de la vulgarisation des textes juridiques qui constitue le
premier chapitre, qui sera pour sa part scindé en deux sections : définition
de la vulgarisation (première section) cadre normatif de la vulgarisation
(deuxième section).

Ensuite, le deuxième chapitre traitera De l’effectivité de la


vulgarisation des textes juridiques en Droit positif congolais, il est pour sa
part subdivisé en deux sections : les avantages et de la vulgarisation et les
inconvénients de la non vulgarisation (première section) les difficultés et les
remèdes face à la non vulgarisation (deuxième section). Tel est le plan de
notre travail.

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