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1

INTRODUCTION GENERALE

I. Présentation de l’objet d’étude

Il n'est point de société sans ordre, s'il n'est point de société sans
justice, encore moins de justice sans juge investi de pouvoir de la rendre. Car toute
société a un cadre juridique pour réglementer la vie des hommes vivant en son sein
et ainsi la régulation du bon fonctionnement des institutions. Cela étant, l'Etat a non
seulement l'obligation de réaliser le bien commun, mais aussi d'assurer la protection
et la garantie des droits individuels. Or atteindre cet objectif apparait en principe un
idéal impossible dans un pays où il y a du désordre dans la gestion du pouvoir public
et aussi dans son organisation.

C'est au Droit, sans doute qu'est dévolue cette mission consistant à


garantir la paix sociale dans une sécurité plus grande. Ainsi donc la mission finale du
droit demeure, la recherche de la paix, le rétablissement de la justice, le maintien de
l'ordre, de la tranquillité et de l'harmonie dans toute la société.

De nos jours, il n'est secret pour personne que les conflits de


séparation des pouvoirs entre l'exécutif et le judiciaire s'imposent avec acuité
nonobstant le cadre légal institué par le législateur notamment la constitution et les
lois organiques.

Singulièrement, le principe de séparation du pouvoir entre l'exécutif


et le judiciaire en droit positif congolais, notamment le ministre de la justice face aux
magistrats du parquet comme c'est d'eux qu'il s'agit dans ce travail, reste un mythe
et même existant.

Pour précision, le législateur congolais forge pour le ministre de la


justice membre de l'exécutif le pouvoir de saisir le Procureur Général près la Cour de
Cassation des faits qui relèvent de sa compétence en vue de mettre l'action publique
en marche1 mais aussi le pouvoir judiciaire est indépendant du pouvoir législatif et du
pouvoir exécutif.2 Toutefois, le pouvoir exécutif ne peut donner d'injonction au juge

KAVUNJA T., Droit Judiciaire Congolais et Compétence Judiciaire, TII, 6ème éd, BUKAVU, 2008.
1

KIKALA PENE AMOUNA G., attributions du Ministère Public et procédure pénale, Tl, éd, AMOUNA, Kin,
2

2006.
2

3
dans l'exercice de sa fonction, ni statuer sur les différends, ni les entraver.

Dans tous les systèmes de justice pénale, le ministère public :

- Décide s'il y a lieu d'engager ou de continuer les poursuites ;

- Exerce les poursuites devant les tribunaux ;

- Peut former des recours à l'encontre de toutes ou certaines décisions de


justice.

Dans certains systèmes de justice pénale, le ministère public


également : Met en œuvre la politique pénale nationale, en l’adaptant, le cas échéant,
aux réalités régionales ou locales ; Conduit, dirige ou supervise l'enquête ; Veille à ce
que les victimes reçoivent aide et assistance effectives ; Décide des mesures
alternatives à la poursuite ; Supervise la mise à exécution des décisions de justice ;
etc.

Le ministère public est avisé des infractions qui sont commises soit
par des plaintes déposées par les victimes de ces infractions, soit par des
dénonciations faites par des tiers, des particuliers ou par des autorités publiques qui
sont dans l’obligation d’en avertir les autorités judiciaires, soit enfin de l’une ou de
l’autre façon. Les officiers du ministère public vérifient si les faits portés à leur
connaissance constituent des infractions à la loi pénale.

Le Procureur Général de la République peut recevoir du Ministre de la


Justice une injonction pour exécuter l’action publique devant toutes les juridictions
inférieures. En ce cas, il ne peut pas prendre part au délibéré de la Cour Suprême
lorsque les décisions rendues dans les causes où il a été partie poursuivante sont
frappées de pourvoi en Cassation.

La loi reconnaît au Ministre de la justice le pouvoir réglementaire en


matière judiciaire, notamment : le pouvoir de fixation des taux, des droits, taxes et
redevances à percevoir à l’initiative du Ministère de la justice ; le pouvoir de fixation
des taux et des taxes des recettes administratives et judiciaires ; la nomination des

MONTESQUIEU et Flarnmarion ; « esprits des lois », 2e Ed. Paris, 2013, p, 253.


3
3

juges assesseurs des tribunaux de paix ; la nomination des magistrats inspecteurs


près les tribunaux de paix.
La Loi organique n°13/011 du 11 avril 2013 portant organisation, fonctionnement et
Compétences des Juridictions de l’ordre judiciaire place, dans son article 70, le
ministère public sous l’autorité du Ministre de la justice. Son article 35 accorde à la
même autorité, un droit d’injonction sur le ministère public. Ce droit consiste
essentiellement à demander que soit initiée ou continuée une action publique4.

Mais, ce pouvoir était mis en cause par la constitution du 18 février


2006. En effet, aux termes de l’article 149, al.2 une problématique sur l’appartenance
du parquet au pouvoir judiciaire lequel est indépendant du pouvoir exécutif et
législatif, a vu le jour. L’article 149, al.1 disposait : « Le pouvoir judiciaire est
indépendant du pouvoir législatif et du pouvoir exécutif. Il est dévolu aux Cours et
Tribunaux qui sont : la Cour constitutionnelle, la Cour de cassation, le Conseil d’Etat,
la Haute Cour militaire, les cours et tribunaux civils et militaires ainsi que les
parquets rattachés à ces juridictions…»

Pourtant, il faut relever que la nature des attributs du ministère public


emmène ce dernier à se situer plus près du pouvoir exécutif. En effet, le ministère
public veille au respect des actes législatifs et réglementaires censés être exécutés
par l’administration, qui relève du pouvoir exécutif. A ce titre, il remplit les mêmes
fonctions qu’un fonctionnaire de l’Etat. En outre, en vue de l’exécution des décisions
judiciaires dont il est chargé par la loi, le ministère public doit recourir aux unités de
la force publique, qui relèvent également du pouvoir exécutif. Ainsi, aussi bien en
amont qu’en aval, les fonctions du ministère public le mettent en rapport plus direct
avec le pouvoir exécutif.

II. CHOIX ET INTERET DE L’OBJET D’ETUDE

II.1. CHOIX DE L’OBJET D’ETUDE

Ce travail que nous estimons heureux de publier les résultats dans le


monde des réflexions, n'est pas le fruit du hasard. Bien au contraire, est une
conséquence logique de l'inapplication de certaines dispositions légales de la bonne

4
Articles 70 et 35 de la Loi organique n°13/011 du 11 avril 2013 portant organisation, fonctionnement et
Compétences des Juridi
4

administration de la justice en République Démocratique du Congo qui a suscité en


nous le goût de nous y pencher.

En effet, malgré les textes qui régissent l'organisation, fonction et


compétence de juridictions de l'ordre judiciaire en République Démocratique du
Congo, un décalage sérieux existe entre la volonté législative et la légitimité de règles
juridiques ou à tout le moins leur matérialisation dans la société qui constitue deux
réalités qui sont radicalement opposées.

II.2. INTERET DE L’OBJET D’ETUDE

Kalunga Tshikala Victor, Dans son ouvrage rédaction de mémoire en


Droit, nous fait savoir que l’intérêt du sujet consiste à faire la motivation qui conduit
son choix.5

C’est ainsi que ce présent travail trouve son intérêt à trois niveaux
dont : L’intérêt social, l’intérêt scientifique et l’intérêt personnel.

1. Intérêt social 

Au niveau de la société, ce travail jouera un rôle libérateur au carcan


dans lequel plusieurs magistrats qui croient aux intimidations politiciennes en évitant
des révocations, de manque des promotions pour enfin abandonner l'applicabilité de
la justice juste, constitue un obstacle pour l'Etat Congolais et au développement de
ce qui est dû au bienêtre collectif dans une justice plus grande et équitable.

2. Intérêt scientifique 

Au niveau scientifique, notre démarche intellectuelle créera un débat


qui pourra déterminer les autres chercheurs de nous compléter et par rapport à
nous-mêmes, d'entreprendre en profondeur les investigations qui ont pour tenant et
aboutissant notre spécialisation.

3. Intérêt personnel 

Ce présent travail nous permettra d’approfondir notre connaissance


en la matière et d’apporter notre pierre dans la construction de la science qui sera

Victor KALUNGA TSHIKALA, Rédaction des mémoires en Droit « Guide pratique » Lubumbashi, 2021
5

p19.
5

sanctionné par l’obtention du diplôme de premier cycle en Droit Privé et Judiciaire de


l’Université de Lubumbashi.

III. ETAT DE LA QUESTION

Le domaine scientifique, plus précisément celui de la recherche reste


celui où la complémentarité est imposante.

L'état de la question est définit comme « un relève des publications


antérieures qui, de manière directe ou indirecte ont porté le même thème et non le
même sujet que celui abordé par de recherche dans un domaine ».6

Nous avons relevé certains travaux scientifiques qui ont essayé


d'analyser de la séparation des pouvoirs. Ainsi, Inga Sombola Chris, dans son étude
intéressante sur le pouvoir judiciaire et la protection de lois en droit positif congolais,
il s'insurge contre les articles 151 de la constitution du 18 février 2006 tel que
modifié en 2011 et l'article 70 de la loi-organique n°13/011-B du 11 Avril 2013 portant
organisation, fonctionnement et compétence des juridictions de l'ordre judiciaire.7

Quant à Kabasele Muamba Fred, il ne se donne pour mission de


commenter la loi en matière de l'organisation du pouvoir judiciaire pour une
vulgarisation de nature à permettre du ministère public organe fortement
hiérarchisé.8

Notre demande scientifique se démarque de cogitations précédentes


en ce sens que nous mettons un accent particulier sur le ministère public face à
l’autorité du ministre de la justice face au principe de la séparation des pouvoirs, qui
de toute évidence dans l'état de la législation actuelle, crée une entrave très sérieuse
et plonge le pays non seulement dans une insécurité juridique et judiciaire, mais
aussi inadaptés.

C'est pourquoi, dans la plupart de cas, il freine l'évolution de la justice


congolaise et qui lui fait perdre même son sens.

6
Victor KALUNGA TSHIKALA, op.cit ,p21
INGA SOMBOLA Chris ; «  le pouvoir judiciaire et la protection de lois en droit positif congolais »
7

mémoire d’obtention de dip


8
KABASELE MUAMBA Fred ; « commentaire sur la loi en matière de l'organisation du pouvoir judiciaire
pour une vulgarisation de n » mémoire d’obtention de diplôme de licence en droit privé judiciaire,
université de Kisangani 2016.
6

A travers notre prise de position traduite en acte par la rédaction de


cet ouvrage scientifique, nous allons à bon droit créer un réajustement ou à tout le
moins, une nouvelle donne dans le fonctionnement de la justice congolaise pour
sortir de l'impasse.

IV. PROBLEMATIQUE DE RECHERCHE

La problématique c'est la question principale que l'auteur se pose et


à laquelle il attend répondre au bout de ses recherches.9

Elle doit être formulée de sorte qu'elle aille directement ou


indirectement au thème contenu dans le sujet ».

Disons directement que, la théorie classique de trois pouvoirs


enseigne en effet que le pouvoir législatif crée la loi, tandis que le pouvoir judiciaire
est le seul compétent, à l'exclusion de tout autre, pour interpréter la loi dans le but
d'en faire application à des litiges particuliers.

Par ailleurs, la non intériorisation des règles juridiques par bon


nombre des congolais ballotés par deux sentiments contradictoires entre le respect
des textes et celui de satisfaire les intérêts égoïstes en interférant dans le pouvoir
judiciaire, a attiré notre attention.

Ainsi nos préoccupations tourneront autour des questions suivantes


:

1. L'indépendance des magistrats du parquet dans la séparation des pouvoirs


en droit positif congolais, est-ce un mythe ou une réalité ?

2. Quels sont les mécanismes de garantie et consolidation des pouvoirs entre


le législatif, l'exécutif et judiciaire en droit positif congolais ?

3. Quelles sont les mesures législatives prévues pour sécuriser les


magistrats face aux injonctions du ministre de la justice ?

4. L'implication des pouvoirs publics aux magistrats du parquet pour protéger


leur indépendance est-elle encourageante ou décourageante ?

Voilà les questions autour desquelles nous graviterons et tenterons de répondre


9
KALUNGA TSHIKALA op.cit. p.23.
7

dans les lignes qui suivront.

V. HYPOTHESE DU TRAVAIL

L’hypothèse est une réponse provisoire donnée aux questions de la


problématique. Elle servira de fil conducteur, car elle est une conjecture, ou « une
proposition de réponse à la question posée.10 A dire vrai, l’hypothèse de travail est le
point de départ d’une investigation scientifique.

En effet, il semble qu'indépendamment de la volonté législative,


l'indépendance des magistrats du parquet c'est un mythe, car l'indépendance signifie
que l'autorité judiciaire, le magistrat et son activité essentielle doivent être à l'abri
d'ingérences internes quelles qu'en soit leur origine et leur nature.

Nous noterons que la constitution de 2006 tel que modifié à ces


jours, la loi n°06/020 du 10 Octobre 2006 portant statut des magistrats et la loi
organique n°13/011-B du 11 Avril portant organisation, fonctionnement et
compétence des juridictions de l'ordre judiciaire, consacrent la séparation des
pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire en droit positif et accordent ainsi
l'indépendance des magistrats.11

Il se peut que les règles juridiques organisant cette séparation des


pouvoirs soient muettes sur la sécurisation des magistrats face aux injonctions du
ministre de la justice. Cela se traduisait par l'inexistence des sanctions pénales et
civiles contre tous usurpateurs (ministre de la justice).

Enfin, l'Etat en sa qualité de Garant de l'ordre public peut dorénavant


mettre en œuvre les mesures contraignantes pénales et civiles d'accompagnement
pour une efficacité indéniable dans la matérialisation stricte de ce qui est dû aux
magistrats du parquet comme acteur du pouvoir judiciaire.

VI. METHODES ET TECHNIQUES DE RECHERCHE

A. METHODES DE RECHERCHE

Elle se définit comme l'ensemble d'opérations par lesquelles une

Louis MPALA MBABULA , Initiation à la Recherche Scientifique, Lubumbashi, 6e Ed. Mpala mars
10

2011, P.59.
11
La loi n°06/020 du 10 Octobre 2006 portant statut des magistrats
8

discipline scientifique cherche à atteindre les réalités qu'elle poursuit, les démontre
et les vérifie.

Cela étant, dans le cadre de notre travail scientifique qui ne peut être
le résultat d'une recherche désordonnée, mais plutôt une recherche cohérente et
méthodique. Ce travail n'échappera pas à cette exigence qui se veut scientifique.

Pour nous rendre intéressant, d’une part nous nous servirons de la


méthode exégétique.

- Méthode exégétique

La méthode exégétique, nous servira dans la mesure où les


renseignements obtenus parviendront en grande partie de l'analyse et de
l'interprétation des dispositions légales en la matière.

Elle nous permettra de relever les données à travers un cadre qui est
la loi pour sortir son imperfection en République Démocratique du Congo à propos de
la séparation des pouvoirs judiciaires et exécutifs.

- La méthode comparative :

Elle se fonde sur la comparaison, c’est une opération consistant à


étudier parallèlement deux systèmes en vue d’en dégager les convergences et les
divergences. Ainsi, elle nous a permis d’effectuer un parallélisme entre une ou
plusieurs législations notamment des divers Etats pour qu’enfin l’on dégage les
similitudes et dissimilitudes au regard de notre droit positif.

B. TECHNIQUES DE RECHERCHE

Elle est l'ensemble des moyens par lesquels le chercheur parvient à


récolter les données nécessaires à l'analyse d'un sujet de recherche.

Cela étant, dans le cadre de notre travail, quant aux techniques, nous
allons nous inspirer de deux techniques que voici : la technique documentaire d'une
part, qui consistera et permettra de consulter les textes des lois, les ouvrages des
professeurs, la jurisprudence etc.

La Technique d'interview d'autre part qui, à travers elle, nous


9

interrogerons certains magistrats pour nous rassurer de leur sort face à l’autorité du
ministre de la justice et certains praticiens de l'art juridique.

VII. DELIMITATION DU TRAVAIL

Le problème du ministère public face à l’autorité du ministre de la


justice, est un sujet que nous voulons traiter en l'insérant dans l'espace.

Cette étude étant circonscrite par rapport à l'espace, elle sera limitée
sur le territoire de la République Démocratique du Congo.

Quant à la matière, elle concerne le droit positif congolais et plus


particulièrement sur le fonctionnement du ministère public ; c'est-à-dire l'organe
judiciaire assurant le déroulement et l'administration des procès.

Dans le temps, la délimitation de ce travail va de 2011 à ces jours.

VIII. DIVISION DU TRAVAIL

Outre l'introduction et la conclusion, le présent travail comprend deux chapitres :

- Le premier chapitre traitera de la séparation du pouvoir entre les organes de


l'Etat. Il sera subdivisé en deux section où respectivement nous analyserons les
généralités sur les pouvoirs et de l'indépendance entre organes du pouvoir.

- Le deuxième se basera sur le pouvoir d'injonction du ministre de la justice sur le


parquet. Dans sa première section, nous parlerons de la base juridique, et la
deuxième section sera focalisée sur les garanties de l'indépendance du
ministère public dans l'exercice de l'action publique.

CHAPITRE 1 : GENERALITES SUR LE MINISTERE PUBLIC

SECTION 1 : CADRE CONCEPTUEL

 §1 : Ministère public

Selon le lexique des termes juridiques, le ministère public est un


ensemble des Magistrats de carrière qui sont chargés, devant certaines juridictions,
de requérir l’application de la loi et de veiller aux intérêts généraux de la société12.
Pour M. Florence Goyet et Maurice. Roland, le ministère public est une institution

12
GUILLEN, (R) et VINCENT, (J) lexique des termes juridiques, 9e éd, Dalloz, Paris, 1993, p.349.
10

destinée à assurer la défense de l’intérêt général et de l’ordre public en veillant à ce


13
que la loi et le Droit soient observés et exactement appliqués .

Ce sont les magistrats du parquet qui ont la mission de rechercher


les infractions lesquelles perturbent effectivement l’ordre public, d’arrêter leurs
auteurs et de les traduire devant les cours et tribunaux en exerçant l’action publique
afin de solliciter l’application des sanctions prévues par le Législateur. Le ministère
public désigne à la fois l’institution et les membres qui composent cette institution
qui sont les Magistrats.

Le ministère public en tant que membre de l’institution est aussi


appelé « Magistrat du parquet » étant donné que c’est ici où se situe son cabinet de
travail. Il est encore désigné sous le nom de « Magistrats debout »; cela provient du
fait que les Magistrats du ministère public se lèvent pendant l’audience pénale
lorsqu’ils s’adressent au juge pour requérir l’application de la loi contre des prévenus
qu’ils ont traduits en justice ou que les parties civiles
ont directement cités. Même en matière de Droit privé, ils sont tenus de se lever
pendant l’audience lorsqu’ils veulent donner point de vue sur une question, poser des
questions aux parties ou même plaider selon qu’ils figurent au procès entant que
partie jointe ou partie principale14.

Quant à nous le ministère public est l’expression par laquelle on


désigne l’ensemble des magistrats qui dans une juridiction sont chargés de défendre
les intérêts de la collectivité nationale. Les magistrats du ministère public constituent
la magistrature debout, ainsi appelée en raison de ce qu’aux audiences auxquelles ils
assistent, ces magistrats prennent la parole debout alors que, les juges restent assis,
d’où, par opposition pour désigner ces derniers, l’expression magistrature assise ou
encore magistrats du siège.

Il faut noter que le ministère public, en matière pénale, est toujours


partie principale car c’est lui qui exerce l’action publique à l’exclusion de toute autre
partie, même dans le cas où l’instance a été initiée par une partie privée par la
citation directe. Dans le cas où l’instance a été instituée par une partie privée par la

13
GOYEN, (F), Le Ministère Public, Sirey, Paris, 1936, Roland, le ministère public en droit français SEM-Jur. 1950, cité par
KILPene AMUNA, Attributions du ministère public et procédure pénale, tome I, éd. Amuna, Kin., 2006, p.1.
14
KILALA Pene-AMUNA, Attributions du Ministère Public et Procédure pénale, tome I, éd. Amuna, Kin., 2006, p.3.
11

citation directe. Cette expression de « Magistrat debout » s’oppose à celle de «


Magistrat assis » lequel désigne les juges. Ces derniers sont appelés ainsi parce
qu’ils restent assis durant les audiences; c’est eux qui tiennent la police d’audience
nonobstant le pouvoir du ministère public de veiller au maintien de l’ordre public dans
les cours et tribunaux. Le ministère public est également nommé « organe de la loi »
car c’est à lui qu’incombe la charge de veiller à l’application des lois afin de mieux
assurer la défense de l’intérêt général et de l’ordre public. Le ministère public est
donc en toute matière (civile ou répressive) et à tout moment (origine de l’action ou
déroulement des procès), l’organe de la loi, chargé de l’interpréter pour la défendre.
Cette considération emporte, du point de vue
de l’organisation du ministère public, un certain nombre de conséquences15.

- Elle impose, tout d’abord, l’unité du ministère public, en matière


civile et en matière répressive, qui s’explique parce que le fondement de leur action
est identique, alors qu’on ne la comprendrait pas si l’un faisait entendre la voix de la
loi alors que l’autre serait
l’agent d’une poursuite arbitraire.

- La même considération requiert, en second lieu, l’opportunité du


(MP) ministère public à la magistrature, car cette dernière est seule compétente pour
interpréter la loi. La théorie classique des trois pouvoirs enseigne, en effet, que le
pouvoir législatif fait la loi et que le pouvoir exécutif pourvoit à exécution, mais que
seul le pouvoir judiciaire est compétent, à l’exclusion de tout autre, pour l’interpréter
dans le but d’en faire application à des litiges particuliers. 16

- La nécessaire appartenance à la magistrature de la personne


chargée de mettre l’action publique en mouvement conduit, enfin, à rejeter, parmi les
moyens de mettre en œuvre la souveraineté populaire, quant aux attributions du
ministère public, non seulement le système de l’accusation populaire, mais aussi
celui de l’élection directe d’un accusateur public qui, au moins tel qu’il a été conçu en
France, ne requiert aucune connaissance particulière chez la personne investie du
droit de poursuivre17.

15
RASSAT (M. L.), le ministère public entre son passé et son avenir, paris, L.G.D.J,1965, p.145, n°142.
16
DUVERGER (M), institutions politiques et droit constitutionnel, 7e éd 1963, p. 169.
17
BURDEAU, (G), Droit constitutionnel et institutions politiques, 10ème éd. Paris, Puf, 1963, p.139.
12

Le ministère public est, enfin appelé « partie publique », « accusateur


public ou avocat de la société » car son rôle essentiel pendant le procès pénal,
résulte de son statut particulier par rapport aux autres parties et aux autres organes
judiciaires et consiste en effet, dans l’exercice de l’action publique, au nom de la
société, même dans le cas où cette action a été déclenchée par le procédé de la
citation directe, à l’initiative d’une partie privée. Partie demanderesse, le ministère
public assume la charge de la preuve de son accusation à l’encontre de la partie
poursuivie18.

Tous ces qualificatifs donnés au ministère public prouvent à


suffisance son importance que le législateur lui accorde dans la société et combien
sa tâche est lourde. C’est d’ailleurs pourquoi, dans la recherche des infractions et
l’arrestation de leurs auteurs, le législateur a adjoint des officiers de police judiciaire
au ministère public pour ainsi lui permettre de bien accomplir sa mission et ce, sans
aucune faillite. Le juge du tribunal de paix joue le rôle du ministère public auprès de
sa juridiction siégeant en matière répressive lorsqu’un officier du ministère public ou
un Officier de Police Judiciaire à compétence générale n’a pas été désigné par le
procureur de la république pour exercer les fonctions du ministère public. Le juge du
tribunal de paix n’est donc pas un magistrat débout ou magistrat du parquet; il est
principalement un magistrat assis de la même manière que les autres de la
magistrature assise. Ce n’est qu’exceptionnellement qu’il remplit les fonctions du
ministère public en cas de défaut de ce dernier au tribunal de paix et son
organisation est nettement différente de celle de ministère public19.

§2 : La nature juridique du ministère public

La question de départ qui se pose est celle de savoir si le ministère


public est un agent d’exécution du pouvoir exécutif. D’où la nature juridique du
ministère public fait l’objet d’opinions divergentes, néanmoins, le problème qui se
pose ici est celui de savoir si le ministère public est magistrat ou simple agent
d’exécution du pouvoir exécutif. Selon la doctrine classique enseigne BAYONA
BAMEYA, traditionnellement, il a été affirmé que les Officiers du Ministère Public sont

18
LUZOLO BAMBI, cours de l’organisation et de la compétence judiciaires, UNIKIS, fac. de droit,
G1; année académique 2004-2005,
19
Ibidem
13

20
des agents du pouvoir exécutif auprès des tribunaux.

En droit congolais, pareille affirmation trouve son appui sur l’art. 66


de la loi organique n°13/011-B du 11 avril 2013 portant organisation, fonctionnement
et compétences des juridictions de l’ordre judiciaire, qui dispose « le ministère public
surveille l’exécution les actes législatifs, des actes réglementaires et des jugements.
Il poursuit d’office cette exécution dans les dispositions qui intéressent l’ordre public
». Ainsi donc, agent d’exécution donc fonctionnaires, les Officiers du Ministère Public
doivent recevoir les ordres du gouvernement. Mais la même doctrine classique prend
la précaution d’ajouter que les Officiers du Ministère Public sont aussi magistrats
puisqu’ils concourent à l’audience, à l’interprétation et à l’application de la loi et en
cette dernière qualité, ils ont la liberté de parole21. En effet, argue-t-on, les officiers du
ministère public sont principalement fonctionnaires et subsidiairement magistrats;
fonctionnaires dans l’ensemble de leurs attributions, ils deviennent magistrats à
l’audience dans la mesure où ils gardent le droit de faire connaître leurs opinions. De
son coté, Madame Michèle LAURE RASSAT, dans sa thèse de doctorat : « Le
ministère public entre son passé et son avenir », soutient que la conception classique
qui considère les magistrats du parquet comme des simples agents de l’exécutif est
à combattre. Car, si dans l’ancien droit les Officiers du Ministère Public étaient les
agents du pouvoir royal auprès des tribunaux agissant au nom du Roi et sa
délégation; c’est parce que le Roi était souverain. Or depuis la révolution Française
1879, la souveraineté apportent à la nation; les officiers du ministère public ne sont
donc et ne peuvent donc être que les représentants de la nation, et c’est par le fait
d’une erreur évidente que la doctrine soutient encore unanimement qu’ils sont les
agents du pouvoir exécutif auprès des tribunaux.22

SECTION 2 : INDEPENDANCE ENTRE ORGANES DU POUVOIR


§1 ENTRE L'EXECUTIF ET LE LEGISLATIF

La faculté d'empêcher permet à l'exécutif de neutraliser le pouvoir


législatif. Concrètement, il s'agit du droit de veto, car la puissance qu'à l'exécutif,
comme nous l'avons dit supra, doit prendre part à la législation par sa faculté

20
BAYONA BAMEYA, Cours de procédure pénale, UNIKIN, fac. De droit, G2, année académique,1999-2000, p. 19.
21
BAYONA BAMEYA, op.cit p. 23.
22
Madame MICHELE LAURE RASSAT, Le ministère public entre son passé et son avenir, paris, L.G.D.J, 1967, p. 96, n°48à164.
14

d'empêcher ; sans quoi, elle sera bientôt de ces prérogatives,

D'aucun n'ignore que la constitution de notre République qui serait


l'œuvre du parlement, celle de 2006 telle que modifiée en 2011 ne répond pas au
principe de l'indépendance du pouvoir législatif qui, produit des lois taillées sur
mesure afin de promouvoir et satisfaire les intérêts d'une classe politique qui était au
pouvoir et qui n'est restée qu'au niveau d'annonce et textuel.

Cependant, la séparation de pouvoirs exige une source différente de


légitimation, ou un acte différent de légitimation provenant de la même source pour
chacune des puissances distinctes. Si le pouvoir législatif nomme le pouvoir exécutif
et judiciaire comme l'a indiqué Montesquieu, il n'y aura pas de séparation de
pouvoirs, puisque le pouvoir de nomination comporte le pouvoir de révoquer.

Il est évident que, si le monarque prenait part à la législation par la


faculté de statuer, il n'y aurait plus de liberté,

Quant à ce qui concerne le législatif et l'exécutif, Montesquieu n'a


jamais employé le terme de « Séparation », il prône une collaboration et une
distribution de ces deux pouvoirs, pas une opposition des organes, il parle plutôt de «
combinaison, de fusion et de la liaison de pouvoirs »23

Cette distribution n'est donc qu'organique, les fonctions mélangées,


l'objectif étant un contrôle mutuel des pouvoirs, afin d'empêcher le despotisme.

Face à cette cohabitation de ces deux pouvoirs (Exécutif et législatif)


nous voyons mal de l'intérêt de pouvoir judiciaire, qui applique les lois. Un pouvoir qui
ne peut être et jamais au même niveau que les deux autres.

§2 ENTRE LE LEGISLATIF ET LE JUDICIAIRE

Disons directement que le pouvoir législatif est confié au parlement,


organe qui se charge de légiférer ou édicter les lois et le pouvoir judiciaire est le
garant des libertés individuelles et les droits fondamentaux des citoyens.

MONTESQUIEU, De l'Esprit des lois, op. cit p268.


23
15

Cependant, le pouvoir législatif depuis l'indépendant de la République


Démocratique du Congo est une mission constitutionnelle qui est représentée ou
divisée en deux chambres dont l'assemblée nationale et le Séant dont leur mission
est de légiférer les lois.

Par contre, selon la constitution, le pouvoir judiciaire est indépendant


du pouvoir de l'exécutif. Il est exercé par la cours suprême de justice, les cours
d'appel et les tribunaux civils et militaires. C'est le Conseil Supérieur de la
magistrature qui propose les nominations et sanctionne les magistrats.

Dans la pratique, le pouvoir judiciaire dépendant du Président de la


République, qui nomme révoque les magistrats. En effet, l'indépendance du pouvoir
judiciaire est peut être l'élément le plus important de la séparation des pouvoirs, celui
qui protège les citoyens de l'arbitraire. Les principales interactions entre l'exécutif et
le pouvoir judiciaire se situent, d'une part, au moment de la nomination des
magistrats et d'autre part, et de façon continue, dans le rôle du ministère public.

La constitution prévoit que le Chef de l'Etat nomme et révoque


les officiers du ministère public prêt les cours et tribunaux sous réserve des
prérogatives du Conseil Supérieur de la Magistrature.

Il nous revient aussi de préciser que les dispositions qui


régissent l'équilibre des pouvoirs exécutif et législatif entre eux et entre les branches
qui les composent figurent parmi celles dont l'enjeu politique immédiat fut le lus qui
a tiqué notre attention dans la rédaction de ce travail.

Le nouvel ordre politique qui chapote actuellement le pouvoir


législatif appelle avant tout la mise en place d'un régime démocratique fondée sur
l'Etat de droit surtout que prône le Chef de l'Etat et sur l'ordonnancement
constitutionnel assurant la séparation effective des pouvoirs en même temps que
leurs collaborations afin d'éviter d'une part, toute concentration des pouvoirs entre
les mains d'un seul organe et, d'autre part, tout blocage préjudiciable du régime en
cas d'absence collaboration judicieuse entre ces pouvoirs.

Car, il n'est secret pour tout congolais, des conséquences que peut
16

avoir l'inobservance mutuelle des règles liées de chaque organe de l'Etat. Les
congolais savent également que la concentration excessive du pouvoir dans les
mains d'une seule personne et les interférences entre pouvoirs peuvent mener à des
dérives extrêmement néfastes.

De tout ce qui précède, le corps de règle relatif au pouvoir judiciaire


constitue assurément un élément capital du nouvel équilibre constitutionnel et une
garantie essentielle de sa pérennité dans le sens d'affirmer toujours l'indépendance
de ce dernier dont les membres sont en principe nommés promus et révoqués par le
Président de la République sur proposition du Conseil Supérieur de la Magistrature
désormais composé exclusivement des magistrats.

§3 ENTRE L'EXECUTIF ET LE JUDICIAIRE

Sans raison de nous répéter, la République Démocratique du Congo


consacre le principe de la séparation de pouvoirs entre l'exécutif et le judiciaire.
Cependant, dans la pratique, l'exécutif prédomine et remporte sur le pouvoir
judiciaire.

La question qui reste à se poser est celle de savoir que faire pour une
séparation effective de ces trois pouvoirs ? La séparation du pouvoir est un principe
sacro-saint consacré par la constitution dans tout Etat qui se veut Démocratique.
Dans la constitution de notre pays, il est fait mention de ce principe à l'article 149. Le
constituant insiste sur l'indépendance du pouvoir judiciaire à l'égard de deux autres.24

L'Article 151 de la constitution de notre pays est catégorique : «  le


pouvoir exécutif ne peut donner d'injonction au juge dans l'exercice de sa juridiction,
ni s'opposer à l'exécution d'une décision de justice. Le pouvoir législatif ne peut ni
statuer sur les différends juridictionnels ni modifiés une décision de justice ni à
s'opposer à son exécution. Toute loi dont l'objectif est manifestement de fournir une
solution à un procès en cours est nulle et de nul effet25.

24
Article 149 de la loi du 18 février 2006 telle que modifiée par la loi du 20 février 2011 portant
constitution de la républiqu
25
Article 151 de la loi du 18 février 2006 telle que modifiée par la loi du 20 février 2011 portant
constitution de la républiqu
17

Cependant, dans la pratique en République Démocratique du Congo,


le pouvoir exécutif domine sur les deux autres pouvoirs qui ne sont devenus que des
canaux par lesquels il concrétise et légitime ses décisions.

En République Démocratique du Congo, le pouvoir législatif et


judiciaire sont devenus des simples marionnettes du régime en place.

Avec trop de regrets, l'affaire KATUMBI TCHAPWE relève le manque


d'indépendance du pouvoir judiciaire au détriment du pouvoir exécutif. En Juillet
2016, voici ce qu'avait déclaré sur TV5 MONDE la Juge Chantai RAMAZANI WAZURI
qui avait condamné Moïse KATUMBI à trois ans de prison ; « C'est un dossier
politique dans lequel nous avons reçu des pressions, nous n'avons pas délibéré, et
les juges n'avaient pas d'intime conviction. Tout ce qu'on nous a demandé de faire,
nous l'avons fait sous pression ».26

Voilà, bien que démenti par le gouvernement, de tels propos venant


d'une Juge, amènent à se poser une question sur l'indépendance de notre justice.
Malgré le soutien du Conseil des droits de l'homme, de l'ONU dont bénéficie
KATUMBI, la justice congolaise ne cessait de mettre des obstacles pour empêcher
son retour au pays.

Autre preuve de l'inexistence d'une vraie justice et indépendante en


R.D.C, dans son chapitre relative au mesure de description politique où l'on veut
libérer même des prisonniers qui avaient commis des infractions réelles et libérer
après l'interférence de l'exécutif en utilisant une discrimination d'appartenance
politique.

Surabondamment, quelles que soient les qualités des textes légaux


en la matière, il appartiendra toujours aux hommes et femmes qui sont appelés à
servir au sein de ces institutions et des organes constitutionnellement établis, de
remplir dans l'intérêt exclusif de la nation et des citoyens qui la composent.

La constitution et toutes les lois organiques en la matière ne peuvent

26
www.wikipedia.com (France24.cd). page consulté le 15 Août 2022 à 11h30.
18

que favoriser le fonctionnement d'un Etat de droit, mais ce sont les hommes et
femmes qui accompliront les différentes fonctions instituées et qui assureront la
lourde responsabilité d'exercer leurs compétences de manière à assurer
l'épanouissement des citoyens et de développement de la nation.

CHAPITRE II : LE MINISTERE PUBLIC CONGOLAIS FACE A L’AUTORITE DU MINISTRE


DE LA JUSTICE : ETAT DE LIEU ET PERSPECTIVES

SECTION 1 : BASE JURIDIQUE

§1 RAPPORT ENTRE LE MINISTRE DE LA JUSTICE ET LE MINISTERE PUBLIC

Le Ministre de la Justice, organe indépendant qui a le pouvoir


d'injonction sur le Ministère Public qui jouit aussi de l'indépendance qui est relative.

Celui-ci dispose d’un pouvoir d’injonction sur le Parquet. Il l’exerce en


saisissant le Procureur Général près la Cour de Cassation ou le Procureur Général
près la Cour d'Appel selon le cas, sans interférer dans la conduite de l'action
publique, mais celui-ci peut donner injonction au ministère public.27

Ainsi, au terme des articles 70, 72 et 73 in fine de la loi organique


n°13/011-B du 11 Avril 2013 portant organisation, fonctionnement et compétence
des juridictions de l'ordre judiciaire, il est confié au Ministre de la Justice le Pouvoir
d'injonction sur le Procureur Général près la Cour de Cassation et sur le Procureur le
Procureur Général près la Cour d'Appel. Il peut donner ordre à chacun de ces hauts
magistrats de mettre l'action publique en mouvement.28

Il en ressort également de l'article 15 alinéa 2 de la loi organique


n°06/020 du 10 Octobre 2006 portant statut du magistrat tel que modifiée et
complétée par la loi organique n°15/014 du 01 Août 2015 qui prévoit que le Ministre

27
Article 70 de la loi-organique n°13/011-B du 11 Avril 2013 portant organisation, fonctionnement et
compétence des juridictionsn°Spé, 4 Mai 2013.
28
Article 72 et 73 de la loi-organique n°13/011-B du 11 Avril 2013 portant organisation,
fonctionnement et compétence des juridi
19

29
de la Justice a un pouvoir d'injonction sur le parquet. Même si la loi n'a pas indiqué
le contour ou la forme de cette injonction, la doctrine oriente sa compréhension en
deux dimensions :

- Le ministre de la justice peut donner d'injonctions positives au procureur


général près la cour de cassation ou au procureur général près la cour
d'appel, à l'Auditeur près la haute cour militaire, de mettre en mouvement
l'action publique, ce qui signifie qu'il peut adresser les instructions
générales sur l'action publique.

- Le ministre de la justice ne peut pas donner d'injonction négative au


procureur général près la cour de cassation ou au procureur général près la
cour d'appel, c'est-à-dire il ne peut pas donner les ordres de ne pas
poursuivre tel justiciable ou de classer sans suite un dossier.

Cependant, les articles précités viennent rabaisser l'indépendance du


ministère public jusqu'au niveau de l'époque du code de l'organisation et de la
compétence judiciaire du 31 Mars 1989 sous le MPR parti-Etat.

Sous d'autres cieux par contre, une solution a été adopter et apparaît
aux yeux d'un observateur averti, non seulement la plus performante, mais aussi la
plus souhaitable. Ainsi lors de la rédaction de la constitution après l'Etat Indépendant
du Congo, le constituant a accordé une grande attention aux structures du parquet.
Pour éviter que les pouvoirs du ministère public puissent être utilisés de façon
politique erronée, ce qui avait été le cas sous le régime fasciste, qui avait jugé
nécessaire de rompre avec le lien traditionnel qui avait jusque-là placé le ministère
public sous l'autorité du ministre de la justice. Le constituant n'a pas toutefois jugé
nécessaire de séparer les magistrats du siège et du parquet en deux corps distincts.
Car, les uns et les autres sont recrutés au terme du même concours public. Pour
mieux garantir une indépendance effective des juges et magistrats du parquet,
l'assemblée constituante a en outre opté pour une formule très simple d'autonomie »
de la magistrature, en déposant que toutes les décisions liées au statut des
magistrats (du siège et du parquet), depuis le recrutement jusqu'au départ en retraite,
seraient de la compétence du conseil supérieur de la magistrature et qu'une majorité

KAVUNDJA, Droit judiciaire congolais, et compétences judiciaires, TOME II, 6ème éd. BUKAVU, 2008,
29

p. 155.
20

correspondant aux deux tiers de ses membres serait constituée de magistrats


30
directement élus par leurs collègues.

En outre, les membres du ministère public dans l'exercice de leur


mission, jouissent d'une indépendance vis-à-vis des institutions judiciaires auprès
desquelles ils sont attachés. C'est pourquoi, bien que précédent, les magistrats n'ont
aucunement pas qualité d'avaliser le ministère public ou d'émettre des appréciations
sur la manière dont il exerce ses fonctions, critiquer l'usage qu'il fait de ses pouvoirs,
lui adresser des reproches ou des éloges, et ils ne peuvent en principe, lui adresser
un blâme, des ordres ; ceci dans le souci de préserver l'autonomie de cet organe,
surtout en matière répressive.

Certes, il y a des exceptions à ce principe, qui se justifient par le


rapport et par la nécessité de l'harmonie processuel en matière répressive où le juge
apprécie la légalité et la régularité des actes du ministère public ainsi que le
fondement de ses prétentions et allégations. C'est ainsi qu'en matière de flagrance,
le Tribunal, aux termes de l'article 6 de l'ordonnance-loi relative à la répression des
infractions intentionnelles flagrantes31, peut décider la mise en détention préventive
du détenu si à l'échéance du délai de cette procédure, l'affaire n'est pas
suffisamment instruite pour qu'il intervienne le jugement. D'autres exceptions telles
que les visites domiciliaires durant l'instruction préparatoire fixée à l'article 22 du
code de procédure pénale, des articles 86, 87 et 88 sur le jugement d'incompétence
du juge de paix pouvant conduire devant le ministère public près le tribunal de grande
instance, les infractions d'audience quant à elle, sont dans le chef d'un militaire,
renseignent sur la limite du principe d'indépendance du ministère public.

Toutes ces exceptions démontrent que selon les règles de la


compétence, m le ministère public, ni le juge ne peuvent se donner d'injonctions ou
d'ordres vis-à-vis des justiciables.

Le ministère public est indépendant en matière pénale qu'en matière


civile. Il décide de la suite d'une action publique portée à son cabinet, il peut classer

F, KABASELE, le ministère public congolais, organe fortement hiérarchisé nécessitant sa


30

réforme, mémoire, 12 Droit, UNIKIN, 2010.


31
Article 6 de l'ordonnance-loi du 24 Février 1978 relative à la répression des infractions
intentionnelles flagrantes, JOROZ n°, 15 Mars 1978.
21

sans suite, soit par amende transactionnelle, soit le fixer.

Cette réflexion peut être proposée par la doctrine la plus autorisée


qui peut soutenir qu'il faut « dépolitiser la justice » en supprimant tout pouvoir du
ministre de la justice dans les actions individuelles et en imaginant un système d'un
parquet véritablement indépendant du pouvoir exécutif32 ce qui peut faire que la
collaboration entre ces deux organes ne puisse perdre de sens afin d'être considérée
comme une interférence ou une injonction que le ministre de la justice arrive à
donner.

§2 ETENDUE DU POUVOIR DU MINISTRE DE LÀ JUSTICE

Le ministre de la justice en République Démocratique du Congo


comme dans d'autres pays doit veiller au bon fonctionnement du « système judiciaire
».

Le ministre de la Justice dispose d’un pouvoir d’injonction sur le


Parquet. Il l’exerce en saisissant le Procureur Général près la Cour de Cassation ou le
Procureur Général près la Cour d'Appel selon le cas afin d'initier une instruction sur
une affaire pénale déterminée.33

S'agissant du pouvoir d'injonction qu'a le ministre de la justice sur le


ministère public, il faut souligner que ce droit n'emporte pas celui de veto.

En effet, l'Etat dispose de trois pouvoirs traditionnels tels que dit


ci-haut : le pouvoir législatif, le pouvoir exécutif et le pouvoir judiciaire. Sans raison de
nous répéter, le pouvoir exécutif a pour mission principale d'exécuter les lois
élaborées par le pouvoir législatif. La loi pénale élaborée par le pouvoir législatif doit
aussi être exécutée par le pouvoir exécutif et cela par le truchement du ministère de
la justice et garde des sceaux.

Ainsi, par injonctions d'exercer l'action publique que le ministre de la


justice que le ministre de la justice peut donner au ministère public, il accomplit à cet
effet l'une des missions fondamentales du pouvoir exécutif en matière d'exécution

J. PRADEL, Procédure pénale. Paris, 16ème éd. CUJAS, 2011, n°158 cité par T. KAVUNDJA,
32

Doit judiciaire congolais, Tome II, op. cit, p. 157.


33
Article 70 de la loi organique n°13/011-B du 11 Avril 2013 portant organisation, fonctionnement et
compétence de juridiction d
22

des lois. Lui-même ne peut pas exercer cette action publique puisqu'il n'est pas
magistrat de parquet et que cette attribution relève exclusivement du pouvoir
judiciaire.

Le pouvoir du ministre de la justice ne se limitera donc qu'à donner


des injonctions, et l'action publique ne sera exercée que par le ministère public car
c'est lui seul qui représente la société toute entière et aussi le pouvoir exécutif
auprès des juges ; c'est celui seul, l'avocat de la société

Le droit de veto qui est celui de lever un obstacle à l'exercice de


l'action publique, ne peut pas trouver des justifications suffisantes dans le cadre du
droit congolais actuel de la procédure pénale34 selon le professeur KISAKA, il y a
plusieurs raisons contre le droit de veto dont : II est d'abord difficile d'admettre
l'existence de ce droit de veto au ministre de la justice compte tenu du principe
intangible de séparation de pouvoir reconnu à chacun de trois organes traditionnels
de l'Etat à savoir : le législatif, l'exécutif et le judiciaire. En vertu de ce principe, la
mission dévolue au pouvoir judicaire, celle de dire le droit ne peut en aucun cas être
régulièrement accomplie par un membre du pouvoir exécutif qui est le ministre de la
justice.

Il convient enfin de faire observer que l'exercice du droit de veto peut


se heurter à une règle destinée à assurer la liberté du ministère public : la liberté de la
parole. Un officier du ministère public peut, à l'audience, développer oralement autres
choses que des ordres lui données ou des instructions reçues, sans faute
quelconque. Il s'agit d'un principe généralement admis en procédure pénale,
largement et traditionnellement suivi par la pratique judiciaire.35

BAYONA-ba-MEA est également de même avis que le ministre de la


justice n'a pas le droit de veto contre les actes du ministère public bien que ce dernier
exerce ses fonctions sous son autorité.

L'article 70 de la loi organique n°13/011-B du 11 Avril 2013 portant


organisation, fonctionnement et compétence de juridiction de l'ordre judiciaire

KISAKA-KIA NGOYI, Cours de procédure pénale, 2ème Graduât Droit, UNÎKIN, 1989-1990, p. 46.
34

35
R. MERLE et V. VITU, Traité de procédure pénale, p. 85 et S cité par G. KILALA PENE AMUNA, les
attributions du ministère publi
23

dispose : « les officiers du ministère public sont placés sous l'autorité du ministre
ayant la justice dans ses attributions ». N'est-ce pas contredire le principe de la
plénitude de l'action publique qui appartient au ministère public ?

M. BAYONA ne le pense pas, pour lui, il est certain que le ministre de


la justice n'est pas un super officier du ministère public. Mais il est tout aussi certain
que celui-ci n'est pas étranger au déroulement du procès pénal.

La doctrine classique analyse cette autorité en un droit d'injonction,


qui s'exerce sous trois formes :

- Un droit d'ordonner des poursuites ;

- Un droit d'impulsion ;

- Un droit de regard.

Mais il faut aussi signaler que la doctrine classique n'a jamais voulu reconnaître au
ministre de la justice un « droit de veto » qui consiste à empêcher l'exercice de
l'action publique.

A) SELON LA CONSTITUTION DU 18 FEVRIER 2006

La constitution du 18 Février 2006 réaffirme l'indépendance du


pouvoir judiciaire. Cette indépendance voudrait que les magistrats dans l'exercice de
leurs fonctions ne soient soumis qu'à l'autorité de la loi, ils ne doivent recevoir
d'injonction venant de qui que ce soit.

Le monde judiciaire comprend les magistrats du siège et les


magistrats du parquet. Ces derniers composants ainsi le ministère public et qui ont
pour mission de rechercher les infractions aux actes législatifs et réglementaires qui
sont commis sur le territoire national, rassembler les moyens de preuves, poursuivre
leurs auteurs, fixer les dossiers à la juridiction compétente, réclamer la
condamnation et enfin, veiller à l'exécution de la peine.

En outre, ils recouvrent les plaintes et dénonciation, ils font tous les
actes d'instruction (Article 67 de la loi organique n°13/011-B du 11 Avril 2013 portant
organisation, fonctionnement et compétence de juridiction de l'ordre judiciaire
d'OCJ). Ils sont placés sous l'autorité du ministre de la justice sur injonction de qui,
24

36
ils peuvent initier ou continuer toute instruction préparatoire , cas du procureur
général près la cour de cassation.

Or la constitution du 18 Février 2006 en son article 149 stipule que le


pouvoir judiciaire est indépendant du pouvoir législatif et du pouvoir exécutif. Il est
dévolu aux cours et tribunaux. Malgré que les parquets ne sont pas cités parmi les
institutions auxquelles le pouvoir judiciaire est dévolu comme ils viennent prêter
main forte au judiciaire il serait vrai que le parquet soit totalement indépendant du
pouvoir exécutif dans l'accomplissement de cette tâche afin que l'indépendance du
pouvoir judiciaire vis-à-vis des autres pouvoirs soit effective.

Comment pouvons-nous alors apprécier le pouvoir d'injonction qu'a


le ministre de la justice sur le procureur général près la cours de cassation ? Ensuite,
les magistrats du parquet peuvent-ils continuer à l'état actuel à demeurer sous
l'autorité du ministre de la justice.

En réponse à cette question, nous pensons que la constitution a


tranché en faveur du pouvoir judiciaire. Le parquet dans sa mission de rechercher les
infractions, doit jouir d'une indépendance totale. Ainsi, le pouvoir exécutif doit pour sa
part, lui garantir les moyens, la soumission du parquet au ministre de la justice
membre du pouvoir exécutif dans l'accomplissement de sa tâche judiciaire peut
entraîner des conséquences néfastes pour les justiciables.

Le pouvoir hiérarchique du ministre de la justice sur le ministère


public justifie son pouvoir d'injonction sur le procureur général près la cour de
cassation et le procureur général près la cour d'appel. Ainsi, ce dernier, sur injonction
partisane du ministre de la justice, pourra étouffer certains dossiers sensibles pour le
pouvoir exécutif et également inculper certaines personnes jugées indésirables par le
pouvoir exécutif; comme tel est le cas avec les propositions des lois MÏNAKU et
SAKATA que nous considérons à notre humble avis comme un poison contre
l'appareil judiciaire congolais. Nous avons constaté que ces propositions de lois
présentent des modifications amères et abjectes qui constituent une violation grave
des dispositions des articles 82, 149, 151 et 152 de la constitution et tendant à
usurper les prérogatives du président de la République pour les conférer par une

36
Article 72 de la loi-organique n°13/011-B du 11 Avril 2O13, op. cit.
25

loi-organique au ministre de la justice, membre du gouvernement. Ces propositions


des lois (MINÂKU ET SAKATÂ) tendent à faire du ministre de la justice un interface
entre l'exécutif et le judiciaire alors que la constitution ne le prévoit nulle part.

Ces lois veulent créer un autre organe de gestion des magistrats


alors que le Conseil Supérieur de la Magistrature a été institué à cette fin (article 149
et 151 de la constitution), elles font intervenir le ministre de la Justice à l'élaboration
du budget judiciaire alors que cette compétence est révolue au seul Conseil
Supérieur de la Magistrature (article 149 alinéa 2 de la constitution) ; elles
confondent le pouvoir d'injonction qui est limitée à la saisine et ouverture des
enquêtes judiciaires à la plénitude de l'action publique, réservée au seul procureur
général près la cour de cassation et près la cour d'appel aux fins d'assurer la
supervision de toute instruction répressive. Donc elles transvertissent le pouvoir
d'injonction du ministre de la justice en plénitude de l'action publique, en
conséquence sur son injonction, le magistrat et est obligée sous réserve des
sanctions disciplinaires à lui faire rapport (au ministre de la justice) par écrit, d'où
celui qui décide de leur issue et non le magistrat.

B) NOTRE POINT DE VUE SUR LA REVISION DE L'ARTICLE 149 DE LA CONSTITUTION


DU 18 FEVRIER 2006

Cette forme d'innovation met ainsi à péril l'indépendance de la


magistrature pourtant scellée par la constitution originaire de 2006. Selon l'article
149 non révisé de la constitution du 18 Février 2006, les magistrats du Parquet
faisaient antérieurement partie du pouvoir judiciaire. Ainsi, ils étaient juridiquement
affranchis de l'autorité hiérarchique du ministre de la justice, une innovation qui a été
bien saluée et louée. Néanmoins, le courant politique actuel désireux de réviser la
constitution après seulement quelques années d'existence, n'a pas épargné l'article
149 qui, aujourd'hui se trouve révisé.

Et nous constatons que le ministre de la justice est remis dans ses


prérogatives d'avant 2006. D'où les magistrats du parquet exercent actuellement
leurs fonctions sous l'autorité hiérarchique du ministre de la justice.

Pour nous, c'est un recul de droit qui risque d'entamer l'indépendance


de la magistrature et qui l'a déjà entamé. Cependant, le ministère public n'a plus de
26

mains libres pour couvrir les enquêtes sur n'importe quel cas lui soumis. Et pour des
dossiers comportant les enjeux politiques, les réalités politiques risqueront de
l'emporter favorisant ainsi que l'impunité.

§3 DU POUVOIR D'INJONCTION DU MINISTRE DE LA JUSTICE ET DE


L'INDEPENDANCE DU MINISTERE PUBLIC

Disons directement que le ministre de la Justice en République


Démocratique du Congo comme dans d'autres pays au monde, doit veiller au bon
fonctionnement du système judiciaire. Cependant s'agissant du pouvoir d'injonction
qu'a le ministre de la justice sur le ministère public, il faut souligner que ce droit
n'emporte pas celui de veto.

Le constituant affirme l'indépendance du pouvoir judiciaire à l'égard


politique. Il insiste sur la nécessité d'instaurer un Etat de droit par un pouvoir
judiciaire indépendant. L'indépendance du pouvoir judiciaire n'est rien d'autre que la
faculté laissée aux magistrats d'exercer librement leurs fonctions sans interférence
d'aucun autre pouvoir.37

Le courant actuel sur l'émergence du constitutionnalisme est donc


un mouvement philosophique enclenché aux XIIIème siècle visant à insérer le pouvoir
législatif jadis absolu dans les règles très souvent écrites par la technique de
séparation des pouvoirs et surtout la protection des droits de l'homme. Ces deux
impératifs étant garantis par un pouvoir judiciaire indépendant.38

Ce mouvement se meurt lentement, voire encore très lentement en


République Démocratique du Congo. Ainsi que la beauté des textes garantissant
l'indépendance des magistrats du parquet et trahi par !a pratique.

La démocratie est une culture élitiste, c'est-à-dire qu'elle ne peut être


manipulée à bon escient que par un homme de culture supérieure, prêt à tolérer le
partage du pouvoir car finalement, la démocratie est une vertu en tout état de cause,
la plus grande difficulté à souligner dans le rapport entre la justice et la démocratie

37
J.L ESAMBO KANGASHE, cité par LUZOLO BAMBI LESSA, notes de cours, procédure
pénale, G2 Droit, UNIKIN, 2008-2009, inédit.
38
J. DJOLI ESENG'EKELI, cours de droit constitutionnel congolais, notes polycopiées, G2, UNKIN,
2007-2008, p. 22.
27

est qu'en rapprochant les deux réalités, la tendance actuelle encline au


développement même de la démocratique et que, dans Etat justement démocratique,
les pouvoirs législatifs et exécutifs tirent directement leur légitimité selon les modes
d'une investiture par le peuple souverain.

En outre, l'indépendance du ministère public dans l'administration de


la justice restera un élément essentiel pour la protection de la société. L'homme
d'aujourd'hui diffère de celui d'hier a comme vocation l'autodépassement constat,
cependant l'un des problèmes de la justice en République Démocratique du Congo
c'est l'absence d'un pouvoir judiciaire réellement indépendant.

Il nous revient à affirmer que les magistrats ne sont pas toujours


départis d'une certaine allégeance envers l'homme qui les a nommés, le Président de
la République et le parti au pouvoir pendant des longues années.

Tout bien considéré, une bonne justice tire son fondement de la


démocratie car celle-ci a comme objectif principal, la mise en place d'un Etat de droit
à telle enseigne qu'en démocratie, la justice se fait couronné de sa promotion.

De cette façon l'on doit souligner en guise de conclusion deux grands


rôles de la justice dans la démocratie : elle est une garantie contre l'arbitraire du
pouvoir et en réalise par la même limitation.

SECTION 2 : GARANTIES DE L'INDEPENDANCE DU MINISTERE PUBLIC DANS


L'EXERCICE DE L'ACTION PUBLIQUE

L'indépendance est garantie par des grands principes, mais certains


ne s'appliquent pas à tous les magistrats, et il peut y avoir des limites à
l'indépendance. Citons également, l'existence d'un organe protégeant les magistrats:
le Conseil Supérieur de la Magistrature.

Selon le Magistrat Français du XXè Siècle Louis CASAMAYOR, « le


véritable nom de l'indépendance est courage, ce n'est pas l'ignorance d'une pression,
une résistance à cette pression ».

Cette indépendance est nécessaire car elle est la condition de la


légitimité du juge et de la sanction qu'il prononce. Un individu condamné pénalement,
n'acceptera la sanction qu'à condition qu'elle soit prononcée par un juge.
28

L'impartialité est une condition de l'acceptation de la sanction. L'indépendance est


néanmoins difficile à avoir, car il s'agit d'un état d'esprit

Ce qui voudrait dire que, le Ministère Public doit être indépendant,


mais il n'appartient qu'à lui d'obéir à ce devoir d'indépendance. Il peut y avoir des
sources dépendances internes ou externes à l'autorité judiciaire.

La mission traditionnelle de l'officier du ministère public autrement


appelé magistrat débout et de lancer et exercer l'action du juge la condamnation du
délinquant à une peine ou à une mesure de sûreté.

Pour mieux garantir une indépendance effective des juges et des


magistrats debout, l'assemblée constituante a opté pour une formule très simple «
d'autonomie » de la magistrature, en disposant que toutes les décisions liées au
statut des magistrats (du siège et du parquet), depuis le recrutement jusqu'au départ
en retraite, seraient de la compétence du Conseil Supérieur de la Magistrature et
qu'une majorité correspondant au tiers de ses membres serait constituée des
magistrats directement élus par leurs collègues.39

Cependant, il sied de signaler que l'assemblée constituante a ensuite


attribué aux magistrats du parquet le monopole de l'action publique de même que le
pouvoir de diriger la police judiciaire durant la phase de l'enquête. Elle a voulu que ce
monopole soit exercé en toute indépendance c'est-à-dire en excluant toute forme de
responsabilité politique, directe ou indirecte, existant dans les autres démocraties
constitutionnelles.

Ici, chacun des magistrats et de partout doit être indépendant dans


l'exercice de l'action publique et doit vivre l'indépendance tel que prônée par la loi en
la matière qui est aux yeux de tous une hypothèse rare dans la réalité pratique.

§1 DE L'INSECURITE JURIDIQUE ET JUDICIAIRE DES MAGISTRATS FACEA


L'INDEPENDANCE

1.1. L'INSECURITE JURIDIQUE

Certes, toute société quelle que soit sa taille doit au préalable avoir
un cadre juridique pour régir la vie des hommes dans la société.

39
www.wikipédia .org/action-publique/publication, page consulté, le 13Août 2022 à 12h30
29

Cependant, un ensemble des mesures, des régies à caractère


tendant à assurer la protection de la société contre certaines violations à aménager
et à garantir le droit et la sécurité sont là. En quelque sorte, c'est la mise en œuvre
des stratégies que l'Etat manque pour lutter contre la dépendance du pouvoir
judiciaire aux autres pouvoirs.

En effet, les instruments juridiques actuellement en vigueur en


République Démocratique du Congo ne sont ni efficaces ni socialement utiles
comparativement aux pratiques actuelles pour faire affirmer l'autorité du ministère
public dans une sécurité plus grande.

1.2. L'INSECURITE JUDICIAIRE

Le dysfonctionnement de l'appareil judiciaire est aussi à la base du


non-respect des lois sur l'indépendance du pouvoir judiciaire et des magistrats du
parquet, du fait qu'il engendre la dépendance pure et simple suite à une lenteur dans
le traitement des certains dossiers qui, du reste sensibles,

Très souvent, nous constatons que les décisions judiciaires


interviennent avec un grand retard dans l'indépendance totale de la société dans le
seul but de protéger certains contacts des politiciens, des hommes influents et des
pots de vin.

Ce qui pousse la société à ne pas inspirer confiance en la justice


officielle, une justice qui rime d'une corruption criante qui mène tout le système
judiciaire congolais.

Devant cette impasse qui dénote do pouvoir d'injonction qu'a le


ministre de la justice sur les magistrats du parquet s'interprète comme prendre la
politique et la mettre au-dessus de la justice, la victime qui veut faire sanctionner
positivement son droit par voie judiciaire se voit davantage victimisée dès lors qu'elle
n'a pas un politicien derrière.

Ce qui nous pousse à dire dans les termes précis et claires que,
aussi longtemps que la justice officielle ne sera pas assainie par des magistrats ou
animateur indépendant et l'amélioration de leurs conditions de vie, le droit en générai
et l'indépendance des magistrats en particulier demeurait une simple déclaration
30

d'intention.

SECTION 3 : CRITIQUES ET SUGGESTIONS

§1 CRITIQUES

Les critiques sont une évaluation d’un domaine ou d’une organisation


quelconque qui a pour mission de ressortir au sein de l’organisation les points forts
ainsi que les points faibles et surtout d’en proposer des nouvelles pistes des
solutions.

Parlant des critiques nous allons essayer de donner quelques points


positifs et négatifs rencontrées durant l’élaboration de notre travail.

1. Points positifs

Nous avons remarqués une bonne mission finale du droit qui demeure, la
recherche de la paix, le rétablissement de la justice, le maintien de l'ordre, de
la tranquillité et de l'harmonie dans toute la société.

2. Point négatif

- Nous avons remarqués que il y a plusieurs magistrats qui croient aux


intimidations politiciennes en évitant des révocations, de manque des
promotions pour enfin abandonner l'applicabilité de la justice juste, cela
constitue un obstacle pour l'Etat Congolais et au développement de ce qui
est dû au bienêtre collectif dans une justice plus grande et équitable ;

- Il sied de souligner aussi qu'indépendamment de la volonté législative,


31

l'indépendance des magistrats du parquet c'est un mythe, car


l'indépendance signifie que l'autorité judiciaire, le magistrat et son activité
essentielle doivent être à l'abri d'ingérences internes quelles qu'en soit leur
origine et leur nature. C’est-à-dire les magistrats du parquet ne sont pas
indépendants.

§ 2 SUGGESTIONS

La suggestion permet de donner nos opinions par rapport aux critiques


négatives énumérées ci- haut. Entant que citoyen congolais, nous suggérons à
l’Etat :

- En sa qualité de garant de l'ordre public de mettre dorénavant en œuvre les


mesures contraignantes pénales et civiles d'accompagnement pour une
efficacité indéniable dans la matérialisation stricte de ce qui est dû aux
magistrats du parquet comme acteur du pouvoir judiciaire.
- De mettre en application les règles juridiques organisant la séparation des
pouvoirs sur la sécurisation des magistrats face aux injonctions du ministre de la
justice. Et des sanctions pénales et civiles contre tous usurpateurs (ministre de
la justice).
32

CONCLUSION

Nous voici arriver à la fin de notre travail qui s’est basé sur le
ministère public congolais face à l’autorité du ministre de la justice, état de lieu et
perspective.

Pourtant, il nous a été loisible de nous intronisé en invitant deux


méthodes et quelques techniques dont la méthode exégétique et comparative, ainsi
que la technique documentaire et la technique d’interview, une démarche qui nous a
permis de répondre stricto-sensu de ma question relative au bon fonctionnement de
la justice qui requiert les quatre organes qui, chacun dans sa sphère, concourent à
l’administration de la justice soit indépendant. Toutes les constitutions qu’a connues
la République Démocratique du Congo ont consacrés, d’une manière ou d’une autre,
l’indépendance du pouvoir judiciaire.

La constitution du 18 février 2006 garantit, dans son article 149,


l’indépendance de pouvoir judiciaire vis-à-vis d’autres pouvoirs. En effet, l’article
33

précité dispose que le pouvoir judiciaire est indépendant du pouvoir législatif et du


pouvoir exécutif. L’article 150 de la même constitution renchérit, à l’alinéa 2, que les
magistrats sont soumis, dans l’exercice de leur fonction, qu’à l’autorité de la loi.

L’indépendance du pouvoir judiciaire ne signifie pas « séparation »,


car la justice doit compter sur la coopération avec les autres pouvoirs :
l’indépendance ne doit donc pas être absolue, car ce qui importe est qu’il n’y ait ni
entrave, ni pression dans la mission propre de l’organe juridictionnel. La même
affirmation peut valoir pour les autres organes judiciaires. Les organes judiciaires
doivent s’abstenir d’empiéter sur les prérogatives et pouvoirs de l’exécutif et du
législatif.

REFERENCE BIBLIOGRAPHIQUE
I. TEXTES DE LOIS
- La loi n°006/019 du 20 juillet 2006 modifiant et complétant le décret du 06
août 1959 portant code de procédure pénale congolais ;

- La Loi n°2021-1729 du 22 décembre 2021 portant code de procédure pénale


français.

- La loi n°06/020 du 10 Octobre 2006 portant statut des magistrats ;


- Loi du 18 février 2006 telle que modifiée par la loi du 20 février 2011 portant
constitution de la république démocratique du Congo ;

- Loi organique n°1 3/010 du 19 février 2013 relative à la procédure devant la


34

cour de cassation ;

- Loi organique n°13/011-B du 11 avril 2013 portant organisation,


fonctionnement et compétence des juridictions de l’ordre judiciaire. J.O RDC,
n°Spé, 4 Mai 2013 ;

- Loi organique n°13/026 du 15 octobre 2013 portant organisation et


fonctionnement de la cour constitutionnelle ;

- L'ordonnance-loi du 24 Février 1978 relative à la répression des infractions


intentionnelles flagrantes, JOROZ n°G, 15 Mars 1978.

II. OUVRAGES
- BURDEAU, (G), Droit constitutionnel et institutions politiques, 10ème éd.
Paris, Puf, 1963 ;
- DUVERGER (M), institutions politiques et droit constitutionnel, 7e éd 1963,
p. 169.

- GOYEN, (F), Le Ministère Public, Sirey, Paris, 1936, Roland, le ministère


public en droit français SEM-Jur. 1950 ;
- GUILLEN, (R) et VINCENT, (J) lexique des termes juridiques, 9e éd, Dalloz,
Paris, 1993 ;
- J. PRADEL, Procédure pénale. Paris, 16ème éd. CUJAS, 2011, n°158 Tome
II, p. 157 ;

- KAVUNDJA, Droit judiciaire congolais, et compétences judiciaires, TOME II,


6ème éd. BUKAVU, 2008 ;

- KIKALA PENE AMOUNA G., attributions du Ministère Public et procédure


pénale, Tl, éd, AMOUNA, Kin, 2006 ;
- KILALA Pene-AMUNA, Attributions du Ministère Public et Procédure
pénale, tome I, éd. Amuna, Kin., 2006 ;

- Louis MPALA MBABULA ; Initiation à la Recherche Scientifique,


Lubumbashi, 6e Ed. Mpala mars 2011 ;
- MICHELE LAURE RASSAT, Le ministère public entre son passé et son
avenir, paris, L.G.D.J, 1967 ;
35

MONTESQUIEU et Flarnmarion ; « esprits des lois », 2 Ed. Paris, 2013 ;


e
-
- R. MERLE et V. VITU, Traité de procédure pénale, p. 85 et S cité par G.
KILALA PENE AMUNA, les attributions du ministère public et procédure
pénale, TOME 1, éd. AMUNA, Kinshasa, 2006 ;

- RASSAT (M. L.), le ministère public entre son passé et son avenir, paris,
L.G.D.J, 1965 ;
- Victor KALUNGA TSHIKALA, Rédaction des mémoires en Droit « Guide
pratique » Lubumbashi, 2021 ;

III. REVUES
- HAYOIT de TERMICOURT « Propos sur le ministère public » in Rev .dr. pén.
Crim, 1936 ;
- TSHIBASU PANDAMADI « L’application des circonstances atténuantes en
Droit Congolais. Ecueils ou adjuvants d’une justice équitable ». in Revue
Justitia de la faculté de Droit/UNILU vol n°1 mai 1998.

IV. NOTES DE COURS


- BAYONA BAMEYA : Syllabus de procédure pénale 2ème graduat Droit/UNIKIN
Année Académique 1999-2000 ;
- J. DJOLI ESENG'EKELI, cours de droit constitutionnel congolais, notes
polycopiées, G2, UNKIN, 2007-2008 ;

- J.L ESAMBO KANGASHE, notes de cours, procédure pénale, G2 Droit,


UNIKIN, 2008-2009, inédit.

- KATAMBWE MALIPO G. : Syllabus de procédure civile 2ème graduat


Droit/UNILU 2020-2021;
- KISAKA-KIA NGOYI, Cours de procédure pénale, 2ème Graduât Droit,
UNÎKIN, 1989-1990 ;

- LUZOLO BAMBI, cours de l’organisation et de la compétence judiciaires,


UNIKIS, fac. de droit, G1; année académique 2004-2005 ;
- TSHIBASU PANDAMADI : Syllabus de procédure pénale 2ème graduat
Droit/UNILU 2020-2021;
36

V. MEMOIRES ET TRAVAIL DE FIN DE CYCLE


- F, KABASELE, le ministère public congolais, organe fortement hiérarchisé
nécessitant sa réforme, mémoire, 12 Droit, UNIKIN, 2010 ;

- INGA SOMBOLA Chris ; «  le pouvoir judiciaire et la protection de lois en droit


positif congolais » mémoire d’obtention de diplôme de licence en droit privé
judiciaire, université de Kinshasa 2012 ;
- KABASELE MUAMBA Fred ; « commentaire sur la loi en matière de
l'organisation du pouvoir judiciaire pour une vulgarisation de nature à
permettre du ministère public organe fortement hiérarchisé » mémoire
d’obtention de diplôme de licence en droit privé judiciaire, université de
Kisangani 2016.

VI. WEBOGRAPHIES

- www.wikipédia.org/action-publique/publication, page consulté, le 13 Août


2022 à 12h30 ;

- www.wikipedia.com (France24.cd). Page consulté le 15 Août 2022 à 11h30.


37

TABLE DES MATIERES

INTRODUCTION GENERALE 1
I. Présentation de l’objet d’étude 1
II. CHOIX ET INTERET DE L’OBJET D’ETUDE 3
II.1. CHOIX DE L’OBJET D’ETUDE 3
II.2. INTERET DE L’OBJET D’ETUDE 3
1. Intérêt social 4
2. Intérêt scientifique 4
3. Intérêt personnel 4
III. ETAT DE LA QUESTION 4
IV. PROBLEMATIQUE DE RECHERCHE 5
V. HYPOTHESE DU TRAVAIL 6
VI. METHODES ET TECHNIQUES DE RECHERCHE 7
A. METHODES DE RECHERCHE 7
- Méthode exégétique 7
- La méthode comparative : 7
B. TECHNIQUES DE RECHERCHE 8
VII. DELIMITATION DU TRAVAIL 8
VIII. DIVISION DU TRAVAIL 8
CHAPITRE 1 : GENERALITES SUR LE MINISTERE PUBLIC 9
SECTION 1 : CADRE CONCEPTUEL 9
§1 : Ministère public 9
§2 : La nature juridique du ministère public 11
SECTION 2 : INDEPENDANCE ENTRE ORGANES DU POUVOIR 12
§1 ENTRE L'EXECUTIF ET LE LEGISLATIF 12
§2 ENTRE LE LEGISLATIF ET LE JUDICIAIRE 13
§3 ENTRE L'EXECUTIF ET LE JUDICIAIRE 15
CHAPITRE II : LE MINISTERE PUBLIC CONGOLAIS FACE A L’AUTORITE DU MINISTRE
DE LA JUSTICE : ETAT DE LIEU ET PERSPECTIVES 17
SECTION 1 : BASE JURIDIQUE 17
38

§1 RAPPORT ENTRE LE MINISTRE DE LA JUSTICE ET LE MINISTERE PUBLIC 17


§2 ETENDUE DU POUVOIR DU MINISTRE DE LÀ JUSTICE 19
A) SELON LA CONSTITUTION DU 18 FEVRIER 2006 21
B) NOTRE POINT DE VUE SUR LA REVISION DE L'ARTICLE 149 DE LA CONSTITUTION
DU 18 FEVRIER 2006 23
§3 DU POUVOIR D'INJONCTION DU MINISTRE DE LA JUSTICE ET DE
L'INDEPENDANCE DU MINISTERE PUBLIC 24
SECTION 2 : GARANTIES DE L'INDEPENDANCE DU MINISTERE PUBLIC DANS
L'EXERCICE DE L'ACTION PUBLIQUE 25
§1 DE L'INSECURITE JURIDIQUE ET JUDICIAIRE DES MAGISTRATS FACE A
L'INDEPENDANCE 26
1.1. L'INSECURITE JURIDIQUE 26
1.2. L'INSECURITE JUDICIAIRE 27
SECTION 3 : CRITIQUES ET SUGGESTIONS 28
§1 : CRITIQUES 28
§ 2 : SUGGESTIONS 28
CONCLUSION 30
BIBLIOGRAPHIE 31
I. TEXTES DE LOIS 31
II. OUVRAGES 31
III. REVUES 32
IV. NOTES DE COURS 32
V. MEMOIRES ET TRAVAIL DE FIN DE CYCLE 33
VI. WEBOGRAPHIES 33

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