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INTRODUCTION
1
ANTONIO LA PERGOL « Le rôle de la Cour constitutionnelle dans la consolidation de l'Etat de droit » in
annuaire de la Commission européenne pour la démocratie par le droit, Bucarest 1994, volume 010, p. 152.
2
LUZOLO BAMBI Lessa, Manuel de procédure pénale, PUC, Kinshasa, 2011, p. 131.
2
Dès son institution, la Cour constitutionnelle est appelée à mettre l'accent sur la
défense de la Constitution, considérée comme norme suprême de l'Etat. En tant que telle, elle
limite tous les pouvoirs de l'Etat, dont les organes ne peuvent agir que dans le cadre des
compétences qui leur ont été dévolues par la Constitution. 3 Dépasser ces compétences
reviendrait à commettre un abus de pouvoir vis-à-vis de la Constitution et déboucherait ainsi
sur des actes dépourvus de toute validité juridique. De tels actes sont particulièrement nuisibles
au système lorsqu'ils sont dus au législateur, lequel donne ainsi naissance à des normes
contraires à la Constitution4.
3
Article 43 Loi Organique N° 13/026 du 15 Octobre 2013 Portante Organisation et Fonctionnement de La Cour
Constitutionnelle.
4
Fabrice HOURQUEBIE, « L’indépendance de la justice dans les pays francophone », in Les Cahiers de la
justice, n° 2, 2012, p. 41.
3
5
Article 44 Loi Organique N° 13/026 du 15 Octobre 2013 Portante Organisation et Fonctionnement de La Cour
Constitutionnelle.
6
Voir le paragraphe deuxième du préambule de la loi Organique N° 13/026 du 15 Octobre 2013 Portant
Organisation et Fonctionnement de La Cour Constitutionnelle.
7
KABANGE NTABALA, « Les innovations projetées dans l’organisation et le fonctionnement de la Cour
constitutionnelle », communication lors de Journées des réflexions sur la mise en place des ordres juridictionnels
prévus par la Constitution du 18 février 2006, Faculté de Droit, Université de Kinshasa, du 29 au 31 janvier 2009,
p.3, inédit.
4
Ainsi donc, le choix de ce sujet est motivé par le besoin de montrer dans quelle
mesure les modes de désignation des juges a la cour constitutionnelle Congolais s’avère être
dangereux au principe d’indépendance qui est un acquis pour une juridiction d’une telle
importance et combien importante au sein du pouvoir judiciaire congolais comme la cour
constitutionnelle ; aussi dangereux au principe d’impartialité qui doit caractérisé les juges
constitutionnelles, sachant que trois de ces neuf juges provient de la propre initiative du
président de la république8, pendant que la cour constitutionnelle « 9est la juridiction pénale du
Président de la République et du Premier Ministre pour les infractions politiques de haute
trahison, d’outrage au Parlement, d’atteinte à l’honneur ou à la probité ainsi que pour délit
d’initié »
L’intérêt qui anime un chercheur à choisir un sujet s’inscrit dans le cadre d’un
Sentiment de ce qui importe, ce qui convient, en quelque manière que ce soit, à l’utilité, à
l’avantage d’une personne ou d’une collectivité, d’un individu ou en ce qui concerne soit leur
bien physique et matériel, soit leur bien intellectuel et moral, soit leur considération.
Ainsi, l’intérêt qui nous a poussés à effectuer le choix sur ce sujet se situe à trois
niveaux : Scientifique, pratique et individuel.
8
Article 158 de la constitution du 18 Février 2006 de la République Démocratique du Congo
9
Article 164 de la constitution du 18 Février 2006 de la République Démocratique du Congo
5
A. Intérêt scientifique
Nous pensons par ailleurs, que les résultats qui proviendront de cette analyse
serviront des pistes des solutions aux autres chercheurs préoccupés par les modes de désignation
des juges constitutionnelles congolais.
3. ETAT DE LA QUESTION
Nous ne pouvons pas nous lancer dans la profondeur de notre étude sans pour
autant relever quelques travaux de recherche qui ont abordé d’une manière ou d’une autre le
sujet qui fait l’objet de notre préoccupation. C’est l’étape de l’état de la question qui est le
dégagement du niveau où se trouve le débat scientifique autour de l’objet sous examen.
10
BALINGENE KAHOMBO « l’originalité de la cour constitutionnelle congolaise : son organisation et ses
compétences » librairie africaine d’études juridiques, volume 6, Kenya 2011, p.3
7
Il s'agit, à vrai dire, d'une socialisation des pratiques et des conceptions politiques.
L'Etat de droit, vu sous cet angle, est une question de civilisation finalement. Par ailleurs, le
primat de la Constitution garanti par le juge est l'affirmation d'un principe de civilisation qui
veut simplement dire que ce qui est décidé par le plus grand nombre doit être respecté par la
minorité, fût-elle celle qui dirige. C'est un renversement des principes millénaires qui postulent
la domination de la minorité sur la majorité. C'est une restitution du pouvoir au peuple.
11
ADOUKI Delphine Emmanuel, « Contribution à l’étude de l’autorité des décisions du juge constitutionnel en
Afrique », Revue Française de droit constitutionnel, n°95, mars 2013, pp. 611638
12
Dieudonné KALUBA DIBWA« Du contentieux constitutionnel en République Démocratique
du Congo. Contribution à l'étude des fondements et des modalités d'exercice de la justice
constitutionnelle » Thèse de Doctorat en droit Université de Kinshasa 2010, p. 253.
8
4. PROBLEMATIQUE ET HYPOTHESES
4.1 PROBLEMATIQUE
13
QUIVY.R et CAMPERNOUDHT.JL, Manuel de recherche en sciences sociales, 3eme éd, Dunod, Paris,
2006, p.101
9
Alors les questions préoccupantes sont celles de savoir quelle est la portée de
l’article 168, alinéa 1èr de la constitution du 18 février 2006? Et quels sont les effets des
décisions du juge constitutionnel sur les pouvoirs publics ?
4.2 HYPOTHESES
L’une des exigences de la recherche scientifique est qu’il ne faut, non seulement
Soulever des inquiétudes en posant des questions mais aussi savoir y réserver des réponses
hypothétiques. Les quelles réponses servent véritablement de fil conducteur de la recherche
physique, c’est également elle qui suggère les techniques de recherche à mettre en œuvre
ultérieurement.14
14
ALBARELLO LUC, apprendre à rechercher, éd de back, Bruxelles, 1999, p.43
10
Congolais est auréolé d’un ensemble de garanties juridiques qui constituent les gages de son
indépendance.
Ainsi, la question sur les effets des décisions du juge constitutionnel sur les
pouvoirs publics est résolue par l’article 168, alinéa 1èr de la constitution du 18 février 2006
qui dispose: «les arrêts de la Cour constitutionnelle ne sont susceptibles d’aucun recours et sont
immédiatement exécutoires. Ils sont obligatoires et s’imposent aux pouvoirs publics, à toutes
les autorités administratives et juridictionnelles, civiles et militaires ainsi qu’aux particuliers».
Pour mener à bien notre travail scientifique, l’utilisation d’un certain nombre des
Méthodes et techniques s’avère indispensable.
15
SHOMBA KINYAMBA, S., Méthode de la recherche scientifique, éd, MES, King-RDC, p. 46
11
Il est une évidence qu’une étude sur la Cour constitutionnelle Congolaise ne peut
être que vaste, suite à la complexité de la matière qui la compose. Mais une analyse pertinente
conduit à apprendre dans ce vaste champ, l’angle d’approche et la circonférence de l’étude à
appréhender. Ainsi, notre travail sera délimité : sur le plan matériel, et sur le plan d’espace.
5.1 Sur le plan matériel : Sur ce plan notre travail porte sur le droit public
qui est l’ensemble des règles qui président à l’organisation de l’Etat et le gouvernement, les
rapports entre l’Etat et les particuliers, au sens stricte, ce travail portera aussi sur le droit
constitutionnel.
5.2 Sur le plan de l’espace : Quant à l’espace, notre travail portera sur le
7. SUBDIVISION DU TRAVAIL
Constitutionnelle (section 1). En second lieu, sur l’organisation et fonctionnement (section 2).
Nous abordons ce sujet à travers trois étapes que sont : la Loi fondamentale
du 19 mai 1960 relative aux structures du Congo ou l'héritage du droit colonial belge, la
Constitution du 1er août 1964 et la Cour suprême de justice instituée par la Constitution
du 24 juin 1967. Malgré cette classification, l'on peut également retracer l'histoire de la
justice congolaise en deux périodes : celle de la création et de l'installation manquée d'une
16
KABANGE NTABALA, « Les innovations projetées dans l’organisation et le fonctionnement de la Cour
constitutionnelle », communication lors de Journées des réflexions sur la mise en place des ordres juridictionnels
prévus par la Constitution du 18 février 2006, Faculté de Droit, Université de Kinshasa, du 29 au 31 janvier 2009,
inédit, p.3.
13
Mais avant d'y arriver, disons un mot sur l'héritage du droit colonial belge
en ce domaine.
De prime abord, l'on doit rappeler que c'est seulement en 1980 que la
Belgique s'est dotée d'une juridiction constitutionnelle, appelée « Cour d'arbitrage » à
l'origine, dont la composition, la compétence et le fonctionnement sont déterminés par
renvoi de l'article 142 de la Constitution coordonnée, par la loi spéciale du 6 janvier 1989
sur la Cour d'arbitrage.17Ainsi, la Cour d'arbitrage statuait-elle, par voie d'arrêt, sur les
recours en annulation, en tout ou en partie, d'une loi, d'un décret ou d'une règle législative
des communautés ou des régions portée en vertu de la Constitution.18
17
Loi de révision de la constitution belge du 7 février 1831 qui introduisit dans la Constitution un article 107 ter
(actuel article 142). Cet article fut révisé à son tour le 15 juillet 1988 en vue d'étendre les compétences de la Cour
d'arbitrage et d'exiger l'adoption d'une loi spéciale pour régler sa composition, son fonctionnement et ses
compétences.
18
Voir M.B., 7 janvier 1989 ; Les codes Larcier belges, tome VI, A. Droit public, 2003, p.340 ; Complément
tome VI, 2004, mis à jour au 1er janvier 2004, p.79.
14
Par ailleurs, c'est dans cet esprit que la résolution n°6 relative à
l'organisation du Parlement congolais, en son point 15, de la Conférence de la Table
Ronde politique tenue à Bruxelles du 20 janvier au 20 février 1960 énonçait clairement
« qu'il n'y avait pas lieu de reconnaître aux tribunaux relevant de l'ordre judiciaire
l'appréciation de la constitutionnalité des lois nationales ou provinciales ».
19
Elisabethville, 21 mars 1916, Jur. Col., 1925, p.304 ; Léopoldville, 8 septembre 1936, RJCB, 1937, p.105 ;
Codes Piron et Devos, tome 1, 1960, p.17
15
Il est utile de noter qu'en ce qui concerne les effets ou sanctions du contrôle de
constitutionnalité de la Cour constitutionnelle à travers sa chambre de constitutionnalité, toute
16
loi ou ordonnance-loi déclarée non conforme à la Constitution provisoire est abrogée de plein
droit ; il en est de même du sort de l'édit provincial au regard de la Constitution provinciale. Il
s'agit naturellement d'un contrôle a posteriori.20
Cependant, s'agissant du contrôle a priori par voie d'arrêts motivés, les lois et
édits déclarés non-conformes ne peuvent être promulgués ; il en est de même des ordonnances-
lois qui ne peuvent, dans ces conditions, être signées.
20
Article 230, §1 in fine, de la Loi fondamentale du 19 mai 1960.
21
Article 231, §2, de la Loi fondamentale du 19 mai 1960.
22
Article 232 de la loi fondamentale du 19 mai 1960.
23
Article 231, §3, de la Loi fondamentale du 19 mai 1960.
17
C'est le lieu de citer le professeur Vunduawe te Pemako qui indique qu'à cette
période, des compétences juridictionnelles avaient été conférées à des institutions étrangères à
savoir : la Cour de cassation, le Conseil d'Etat et la Cour des comptes de Belgique. L'arrêt
Mahamba rendu le 24 mars 1961 par le Conseil d'Etat belge, agissant à titre transitoire comme
juridiction administrative, est un cas d'illustration. Cet arrêt décrète l'incompétence du Conseil
d'Etat belge pour cause d'impossibilité de rendre un arrêt pour un Etat étranger et pour cause du
mauvais état de relations diplomatiques entre les deux pays.24
Il faut préciser tout de suite que cet arrêt est intervenu en matière administrative
et non en matière constitutionnelle. En effet, la matière constitutionnelle devait être traitée par
la chambre de conflits et la chambre de constitutionnalité qui, toutes les deux, formaient le juge
constitutionnel congolais de transition.
L'on peut se rapporter aux développements que nous avons consacrés plus loin
à la Constitution dite de Luluabourg même si avec le professeur Vunduawe te Pemako, nous
pouvons affirmer que dès lors que le peuple souverain est intervenu pour l'adopter, aucun
reproche ne peut lui être fait car son pouvoir est inconditionnel et inconditionné.26
24
Article 232 de la loi fondamentale du 19 mai 1960.
25
L’ordonnance n° 226 du 29 septembre 1963 clôturant la session parlementaire et instituant une commission
d'élaboration d'un projet de Constitution.
26
VUNDUAWE te PEMAKO (F.), Traité de droit administratif, op.cit., p.101.
18
C'est le lieu de dire que c'est par les articles 53 et 165 de la Constitution du
1er août 1964 que la Cour constitutionnelle a été, à nouveau, instituée dans l'histoire de notre
pays.
Le mémoire explicatif nous donne les raisons de sa création. On peut donc lire
que « le problème de la constitutionnalité des actes législatifs, celui de l'interprétation de la
Constitution et celui du jugement des autorités gouvernementales accusées de haute trahison et
de violation intentionnelle de la Constitution, ont retenu l'attention de la Commission. Celle-ci
a rejeté le projet que la sous-commission judiciaire avait présenté et qui désignait la Cour
suprême de justice comme juridiction compétente pour connaître de ces affaires. Elle a estimé
que l'appréciation de la constitutionnalité des lois, l'interprétation de la Constitution et le
jugement des autorités gouvernementales étaient des questions présentant un caractère politique
trop accentué pour être examinées par une juridiction de l'ordre judiciaire. C'est pourquoi elle a
prévu l'institution d'une juridiction spéciale dénommée Cour constitutionnelle ».27
27
Article 167, alinéa 1er, 1°, de la Constitution du 1er août 1964.
19
De l'analyse de cette disposition, l'on peut dire que la Cour constitutionnelle ainsi
instituée est une juridiction spécialisée qui dispose du monopole de l'exercice de la justice
constitutionnelle. Le constituant du 1er août 1964 a donc opté pour un système centralisé de
contrôle de constitutionnalité, suivant le modèle européen inspiré, comme on le sait déjà, de
l'Ecole de Vienne dirigée par l'éminent juriste autrichien Hans Kelsen.
En Belgique, Rusen Ergec affirme que « l'accès très large des particuliers à la
justice constitutionnelle, presque sans équivalent en droit comparé, constitue un progrès
considérable dans la protection des libertés constitutionnelles et le raffermissement de l'Etat de
droit dont la Cour apparaît de plus en plus comme la clef de voûte ».31
28
Article 167, alinéas 2,3 et 4, de la Constitution du 1 er août 1964.
29
Article 167, alinéa 1er, 2°, de la Constitution du 1er août 1964
30
ROUSSEAU (D.), Droit du contentieux constitutionnel, 6ème édition, Paris, Montchrestien, 2001, p.69.
31
Voy BURDEAU (G.), HAMON (F.) et TROPER (M.), Droit constitutionnel, 24ème édition, Paris, LGDJ, 1995,
p.677.
20
Par ailleurs, l'article 196 (dispositions transitoires) avait prévu qu'en attendant
cette installation, la Cour d'appel de Léopoldville actuellement Kinshasa exercera les
attributions dévolues par la Constitution à la Cour constitutionnelle.
C'est ce qui justifie qu'en tant que juge constitutionnel, la Cour d'appel de
Léopoldville a eu à connaître du contentieux électoral dans l'affaire qui avait opposé Monsieur
Bomboko et consorts contre la République. La contestation était en rapport avec les élections
législatives pluralistes organisées en 1964 par le gouvernement Moïse Tshombe.
32
Voy GICQUEL (J.), Droit constitutionnel et institutions politiques, 17ème édition, Paris, Montchrestien, 2001,
pp.718-719
21
proprement dite. Cette dernière n'a jamais connu d'installation en raison de circonstances
politiques de l'époque33.
Au-delà des guerres, des sécessions et des rebellions qui ont émaillé les quatre
premières années de l'indépendance, il y a lieu d'épingler aussi l'absence phénoménale de
juristes congolais formés pour siéger à une si haute instance.
Du reste, il est constant dans notre pays que la formation des cadres n'a pas fait
l'objet des préoccupations des dirigeants de première heure de l'Etat congolais de sorte que ce
mécanisme avalant des milliers des cadres apparaissait comme des ombres sur un tableau
d'illusions. Une chose est de prévoir un mécanisme, une autre est de trouver des personnalités
aptes à l'animer. Comme on le verra, à l'installation de la Cour suprême de justice, le pays a dû
recourir à des non magistrats et à des juristes étrangers.34
33
PACTET (P.), Institutions politiques et droit constitutionnel, 9ème édition, Paris, Masson, 1989, p.464
34
CHANTEBOUT (B.), Droit constitutionnel et science politique, 15ème édition, Paris, Armand Colin, 1998,
pp.600-602.
35
Proclamation du Haut-Commandement de l'Armée Nationale Congolaise en date du 24 novembre
1965, M.C., n°spécial, décembre 1965, p.1.
22
Comme pour le cas précédent, cette Cour constitutionnelle n'a pas aussi vu le jour bien
qu'instituée. Mais dans un premier temps, la Cour d'appel de Kinshasa avait dû exercer les
attributions dévolues à celle-là. Par la suite, en vertu de l'article VII, alinéa 2, des dispositions
transitoires de la Constitution dite révolutionnaire du 24 juin 1967, la Cour suprême de justice
a eu à remplacer la Cour d'appel de Kinshasa dans ce rôle de suppléance. Par ailleurs, la Cour
suprême de justice continue de bénéficier, depuis 1968 jusqu'à ce jour, de cette compétence, et
ce, malgré la succession des textes constitutionnels dont une tentative de systématisation a été
amorcée en introduction générale de cette étude.
36
Article 60 de la Constitution du 24 juin 1967.
37
Mémoire explicatif de la Constitution du 1er août 1964, pp. 111-112.
23
Est-ce un oubli ? Sans doute. La Cour suprême de justice ne sera dotée d'une
section de législation qu'en 1972, à travers la révision constitutionnelle, intervenue plus
exactement le 3 juillet 1972.
38
Article 1er de la loi n°72-008 du 3 juillet 1972 portant révision de l'article 60 de la Constitution
39
Article 122, alinéa 2, de l'ordonnance-loi du 8 janvier 1969 portant procédure devant la Cour suprême de justice
24
Depuis lors, la Cour suprême de justice, toutes sections réunies, est devenu juge
constitutionnel du pays. Aujourd'hui, l'ordonnance-loi n°82-017 du 31 mars 1982 fixe
40
Article 122, alinéa 2, de l'ordonnance-loi du 8 janvier 1969 portant procédure devant la Cour suprême de justice
25
l'organisation et la procédure à suivre devant la Cour suprême de justice.41 Mais ajoutons aussi
que la Cour suprême de justice avait perdu son rôle de juge constitutionnel, du moins dans sa
dimension de contentieux électoral, en 1988 et ce, au profit du Comité central du Mouvement
populaire de la Révolution, Parti-Etat42.
Car, les décisions du Comité central relatives à l'examen des dossiers des
candidatures au Conseil législatif ainsi que celles du Comité régional du MPR concernant des
candidatures aux différents conseils des entités administratives décentralisées de l'époque
n'étaient susceptibles d'aucun recours.44
Rappelons que créer le 15 novembre 1980, le Comité central est devenu l'organe
de conception, d'inspiration, d'orientation et de décision du MPR, en lieu et place du Bureau
politique qui fut ramené à un simple rôle d'organe de contrôle des décisions du Parti-Etat. Par
la suite, à travers une nouvelle révision constitutionnelle, réalisée le 27 janvier 1988, le
contentieux électoral fut confié exclusivement au Comité central du MPR.
41
Articles 102, alinéa 1er, de l'Acte constitutionnel de la Transition du 9 avril 1994 ; 150, alinéas 1er et 2, de la Constitution
de la transition du 4 avril 2003.
42
Journal Officiel Zaïrois, n°7, 1er avril 1982, pp.11-27.
43
Article 103 de la Constitution de la République du Zaïre, telle que révisée par la Loi n°82-004 du 31 décembre 1982.
44
VUNDUAWE te PEMAKO (F.), A l'ombre du Léopard. Vérités sur le régime de Mobutu Sese Seko, tome I, Bruxelles,
éditions Zaïre Libre, 2000, pp.166-183.
26
A ce jour aussi, la procédure devant la Cour suprême de justice n'a jamais été
modifiée pour tenir compte de cette révision constitutionnelle, les articles 136 à 143 de la
procédure portée par l'ordonnance-loi n°82-017 du 31 mars 1982 ayant été abrogés
27
Sous cette transition issue du dialogue de Sun City, on peut relever que les actes
législatifs en l'occurrence les lois ordinaires ne peuvent être promulguées sans la consultation
du juge constitutionnel ; mais si elle est faite, un texte de loi déclaré non-conforme à la
Constitution, quoique voté, ne peut plus être promulgué en l'état.
Le constituant a fait la part des choses entre les membres proprement dits de la
Cour constitutionnelle et les magistrats du Parquet général près celle-ci. Il faut dire qu’une telle
composition bipartite de la Cour au niveau des magistrats est une originalité congolaise, car
aucun autre pays de tradition romano-germanique n’a institué un Ministère public
constitutionnel. Quel dosage juridique est-il fait dans l’organisation de ces magistrats
45
LUNDA BULULU (V. de P.), Conduire la première transition au Congo-Zaïre, collection Mémoires
africaines, Paris, Le Harmattan, 2003, pp.155-158
46
L’article 121, alinéa 2, de la Constitution de la transition
47
VUNDUAWE te PEMAKO, op.cit. ; p. 849
28
Paragraphe 1 Organisation
Les critères pour devenir membres de la Cour Constitutionnelle sont ainsi variés
Les 2/3 des membres de la Cour doivent être des juristes ; et nul ne peut être
nommé à la Cour s'il ne justifie d'une « expérience éprouvée de quinze ans dans les domaines
juridique ou politique»49.
48
St. BOLLE, « Vers une Cour constitutionnelle à la congolaise », http://www.la-constitution-enafrique.org/, 24
septembre 2008
49
L'article 3, alinéa 2, de la proposition de Loi organique telle qu’amendée par la Commission PAJ de
l’Assemblée nationale.
50
Article 158 de la Constitution Congolaise du 18 Fevri2 2006.
29
Une fois désignés, tous les membres de la Cour sont, en fin de compte, nommés
Par ordonnance présidentielle pour un mandat de neuf ans non renouvelable. Ils élisent parmi
eux le Président de la Cour pour un mandat de trois ans renouvelable une seule fois, au scrutin
majoritaire à deux tours au bulletin secret (article 7 de la proposition de Loi organique amendée
par la Commission PAJ). Ses fonctions sont de nature administrative : administration de la Cour
et de son personnel. Il est également le Président du Conseil supérieur de la Magistrature
(CSM)51.
Nul ne peut être nommé membre de la Cour : 1. s’il n’est Congolais ; 2. s’il ne
justifie d’une expérience éprouvée de quinze ans dans le domaine juridique ou politique. Est
nulle de plein droit toute nomination intervenue en violation des articles 2 et 3 de la présente
Loi organique.52
51
Article 18 de la Loi organique n°08/013 du 05 août 2008 portant organisation et fonctionnement du Conseil
supérieur de la Magistrature
52
Article 159 de la constitution du 18 Février 2006
30
de la Magistrature représenté par son Bureau. Ils prêtent serment devant le Président de la
République. Les membres de la Cour sont régis par un statut particulier.
Dès lors, un mandat de 6 ans sans autre précision paraît-il indiqué dans ces
Conditions ? Le Procureur général près la Cour constitutionnelle se déportera-t-il alors même
qu'aucune règle écrite ne semble l'y contraindre ? De même, le Président de la République
pourrait fort bien repousser la proposition de reconduction du haut magistrat sortant que
formulerait le CSM. Dans tous les cas, un tel magistrat perdrait son indépendance dans la
53
Article 11 de la proposition de Loi organique du député Bule, telle qu’amendée par la Commission PAJ
54
St. BOLLE, opacity. p.34
55
Article 13, alinéa 1, de la proposition de Loi organique du député Bule, telle qu’amendée par la Commission
PAJ
56
Article 13, alinéa 2, op.cit.
57
Loi organique n°06/020 du 10 octobre 2006 portant statut des magistrats.
58
Article 152, alinéa 2, point 2, de la Constitution du 18 février 2006.
59
Article 19, alinéa 1, point 1 de la Loi organique du 05 août 2008 portant organisation et fonctionnement du
Conseil supérieur de la Magistrature.
31
Les compétences de la Cour résultent des dispositions des articles 74, 76, 99,
128, 139, 145, 160, 161, 162, 163, 164, 167 alinéa 1er et 216 de la Constitution.
60
Art 58 nouveau de la proposition de Loi organique de la Cour constitutionnelle, amendée par la Commission
PAJ de l’Assemblée nationale.
61
MAMPUYA KANUK’A TSHIABO, « A propos du projet de Loi organique sur la Cour constitutionnelle »,
Quotidien "Le Phare" du 9 avril 2008 ; article rapporté par St. BOLLE, « Quelle Cour constitutionnelle en RD
du Congo ? », http://www.la-constitution-en-afrique.org/, 16 avril 2008.
62
Article 38 nouveau de la proposition de Loi organique de la Cour constitutionnelle, amendée par la
Commission PAJ de l’Assemblée nationale.
32
Il en résulte qu'il y a sans nul doute une corrélation entre le type de régime
politique avec la compétence attribuée à une juridiction en matière constitutionnelle.
Pour être complet, disons d'un mot, que la compétence d'un juge est
son aptitude à instruire et à juger un litige tandis que le juge lui-même est l'autorité investie
de ce même pouvoir, dans les limites et l'étendue de ses attributions. Cette définition rejoint
la doctrine qui enseigne que la compétence peut s'analyser comme une aptitude légale, pour
une autorité publique ou une juridiction, à accomplir un acte ou à instruire et à juger un
procès.63
Il s'agira donc dans cette étude de saisir la compétence comme l'étendue et les
limites des attributions constitutionnelles et légales reconnues à la juridiction constitutionnelle
par le droit positif.
Il faut ajouter qu'à chaque niveau interviendra l'approche diachronique qui nous
permettra en même temps que nous étudierons le droit posé de jeter un regard appuyé sur le
passé qui est souvent révélateur de l'évolution de nos mécanismes institutionnels. Au
demeurant, abordant une matière essentiellement prétorienne, l'approche jurisprudentielle sera
ici abondamment utilisée.
63
GUILLIEN (R.) et VINCENT (J.), Lexique des termes juridiques, 6ème édition, Paris, Dalloz, 1985, p.98
64
Article 43 de la Loi organique n° 1 n° 13 3/ /026 026 du 15 octobre 2013 15 octobre 2013 portant organisation
et fonctionnement de la cour constitutionnelle
33
La Cour peut être saisie d’un recours visant à faire déclarer une Loi à promulguer
non conforme à la Constitution par : Président de la République ou le Premier Ministre, dans
les quinze jours qui suivent la transmission à eux faite de la Loi définitivement adoptée ; le
Président de l’Assemblée Nationale, le Président du Sénat ou le dixième des Députés ou
Sénateurs au moins, dans les quinze jours qui suivent l’adoption définitive de la Loi. La Cour
se prononce dans les trente jours de sa saisine. En cas d’urgence, ce délai est ramené à huit jours
à la demande du Gouvernement. Passé ce délai, la Loi est réputée conforme.67
Toute personne peut saisir la Cour pour inconstitutionnalité de tout acte visé à
L’article 43 de la présente Loi organique à l’exception des traités et accords internationaux. A
l’exception des traités et accords internationaux, le Procureur Général saisit d’office la Cour
65
Idem, Article 44
66
Article 45 de la Loi organique n° 1 n° 13 3/ /026 026 du 15 octobre 2013 15 octobre 2013 portant organisation
et fonctionnement de la cour constitutionnelle
67
Article 46 de la loi de 2013 portantes organisations et fonctionnement de la cour constitutionnelle
34
pour inconstitutionnalité des actes visés à l’article 43 de la présente Loi organique lorsqu’ils
portent atteinte aux droits fondamentaux de la personne humaine ou aux libertés publiques.
68
Article 50 de la loi portant organisation et fonctionnement de la cour constitutionnelle
69
Article 51 de la loi portant organisation et fonctionnement de la cour constitutionnelle
70
Article 53 de la loi portant organisation et fonctionnement de la cour constitutionnelle
71
Article 55 de la loi portant organisation et fonctionnement de la cour constitutionnelle
35
72
Article 60 de la loi portant organisation et fonctionnement de la cour constitutionnelle
73
Article de la loi portant organisation et fonctionnement de la cour constitutionnelle
36
cassation ou le Conseil d’Etat au motif que la demande relève en tout ou en partie de l’autre
ordre.74
74
Article 67 de la loi portant organisation et fonctionnement de la cour constitutionnelle
75
Articla 71 portant organisation et fonctionnement de la cour constitutionnelle
76
Article 72 portantes organisations et fonctionnement de la cour constitutionnelle
77
Article 73 portantes organisations et fonctionnement de la cour constitutionnelle
37
la République et l’intégrité de son territoire ; détourne les forces armées de la République à ses
fins propres ; organise des formations militaires, paramilitaires ou des milices privées ou
entretient une jeunesse armée. La haute trahison est punie de la servitude pénale à perpétuité.78
L’atteinte à l’honneur est constituée des faits définis dans les sections III et IV
Du titre VI du Code Pénal, Livre II, et est punie des peines privatives de liberté qui y sont
prévues, ainsi que d’une amende de dix à cinquante millions de Francs congolais. Il y a atteinte
à la probité lorsque le Président de la République ou le Premier Ministre est reconnu auteur,
coauteur ou complice de détournement de deniers publics, de corruption ou d’enrichissement
illicite. L’atteinte à la probité est constituée des faits prévus dans la section VII du titre IV du
Code Pénal Livre II et est punie des mêmes peines.79
78
Article 75 portantes organisations et fonctionnement de la cour constitutionnelle
79
Article 77 2013 portant organisation et fonctionnement de la cour constitutionnelle
80
Article 78 2013 portant organisation et fonctionnement de la cour constitutionnelle
81
Article 80 2013 portant organisation et fonctionnement de la cour constitutionnelle
38
82
Article 81 2013 portant organisation et fonctionnement de la cour constitutionnelle
83
KABANGE NTABALA, op.cit., p.3.