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1

INTRODUCTION

1. PRESENTATION DE L’OBJET DE LA RECHERCHE

La pensée européenne d’instauration d’une justice constitutionnelle trouve son


Origine dans les constitutions tchécoslovaque et autrichienne de 1920. Cette fut par la suite
repris par la constitution de nombreux pays - non seulement en Europe, mais également en
Amérique latine, en Asie et en Afrique.1

L’indépendance du pouvoir judiciaire constitue un prérequis au maintien de


l’Etat de droit, ce qui exige de la part des personnes publiques et privées de se soumettre aux
décisions des cours et tribunaux. Cela vaut tout particulièrement pour les pouvoirs publics (le
Président de la République, le Gouvernement et le parlement etc.) lorsque le juge
constitutionnel sanctionne l’inconstitutionnalité de leurs actes, leurs abus de pouvoir. En fait,
la non-exécution de décisions de justice, dans le cas d’espèce des arrêts de la Cour
constitutionnelle, nuit à la crédibilité du système judiciaire. L’installation de la Cour
constitutionnelle en RDC a permis au constituant non seulement, de séparer le contentieux
constitutionnel du contentieux administratif et judiciaire, mais aussi de renforcer
l’indépendance du pouvoir judiciaire face aux pouvoirs législatif et exécutif. Ce qui explique le
caractère définitif et la portée absolue de ses arrêts.2

La justice Constitutionnelle en effet, suppose l'existence d'une juridiction


distincte du système judiciaire ordinaire, caractérisée par une composition et des procédures
différentes et habilitée à s'assurer de la constitutionnalité des normes adoptées par le parlement
pour, le cas échéant, annuler celles d'entre elles qui ne seraient pas conformes à la Constitution.2
Face à cette pensée combien importante pour le pouvoir judiciaire de la création d’une Cour
constitutionnelle. Ainsi, la République Démocratique du Congo(RDC) n’a pas fait exception en
rendant effectif la création de la Cour constitutionnelle, instituée par la Constitution du 18
février 2006, quoique n’est pas du tout une innovation en soi. C’est une institution bien connue
dans l’histoire constitutionnelle du pays, car la Loi fondamentale du 19 mai 1960 relative aux
structures du Congo, aussi bien que la Constitution de Luluabourg du 1er août 1964 l’avaient
tour à tour prévue, mais à un degré d’organisation suffisamment varié.

1
ANTONIO LA PERGOL « Le rôle de la Cour constitutionnelle dans la consolidation de l'Etat de droit » in
annuaire de la Commission européenne pour la démocratie par le droit, Bucarest 1994, volume 010, p. 152.
2
LUZOLO BAMBI Lessa, Manuel de procédure pénale, PUC, Kinshasa, 2011, p. 131.
2

Dès son institution, la Cour constitutionnelle est appelée à mettre l'accent sur la
défense de la Constitution, considérée comme norme suprême de l'Etat. En tant que telle, elle
limite tous les pouvoirs de l'Etat, dont les organes ne peuvent agir que dans le cadre des
compétences qui leur ont été dévolues par la Constitution. 3 Dépasser ces compétences
reviendrait à commettre un abus de pouvoir vis-à-vis de la Constitution et déboucherait ainsi
sur des actes dépourvus de toute validité juridique. De tels actes sont particulièrement nuisibles
au système lorsqu'ils sont dus au législateur, lequel donne ainsi naissance à des normes
contraires à la Constitution4.

3
Article 43 Loi Organique N° 13/026 du 15 Octobre 2013 Portante Organisation et Fonctionnement de La Cour
Constitutionnelle.
4
Fabrice HOURQUEBIE, « L’indépendance de la justice dans les pays francophone », in Les Cahiers de la
justice, n° 2, 2012, p. 41.
3

La création d'une juridiction dotée du pouvoir d'annuler des inconstitutionnelles


permet ainsi de préserver le principe de la subordination de tous les pouvoirs à la loi, tout en
garantissant la conformité de la loi à la Constitution.5 La création d'une telle juridiction est ainsi
liée à la volonté de garantir une certaine stabilité démocratique et constitutionnelle compte tenu
de menaces passées ou présentes, et d'empêcher que des pouvoirs conférés par la Constitution
ne soient peu à peu grignotés, jusqu'à disparaître, par une majorité parlementaire totalement
irrespectueuse de cette dernière. De ce point de vue, la mission d'une juridiction
constitutionnelle serait de protéger la Constitution de toute situation qui menacerait son intégrité.

Elle vise non seulement à répondre à l’option du constituant de séparer le


contentieux constitutionnel du contentieux administratif et judiciaire, mais aussi à renforcer
l’indépendance du pouvoir judiciaire face aux pouvoirs législatif et exécutif.6

Conformément à l’article 149 de la Constitution du 18 février 2006, la Cour


constitutionnelle fait partie intégrante du pouvoir judiciaire. Ceci est une innovation parce que
les autres constitutions passées en faisaient plutôt un organe juridictionnel à part entière 7 ,
comme c’est le cas dans le système européen de justice constitutionnelle. Dans ce système, les
Cours constitutionnelles sont composées d’une seule catégorie de membres. Cependant, la Cour
congolaise est composée de deux catégories de magistrats auxquels seront associés, en plus, de
nombreux collaborateurs directs.

La Cour Constitutionnelle congolaise est à coloration politique. Ses membres


Procèdent d’une combinaison de juristes et de non-juristes. Au total, ils doivent être au nombre
de neuf, les seuls à avoir le pouvoir de dire le droit pour le compte de la Cour. Effet, la
compétence de désignation des membres de la Cour constitutionnelle est partagée entre le
Président de la République, le Parlement et le Conseil supérieur de la Magistrature, qui
choisissent chacun trois membres. Par ailleurs, ce mode désignation n’est pas sans soulevé des
inquiétudes, quant à la garantie du principe de l’indépendance de la Cour et au principe
d’impartialité qui doit caractériser les neufs juges.

5
Article 44 Loi Organique N° 13/026 du 15 Octobre 2013 Portante Organisation et Fonctionnement de La Cour
Constitutionnelle.
6
Voir le paragraphe deuxième du préambule de la loi Organique N° 13/026 du 15 Octobre 2013 Portant
Organisation et Fonctionnement de La Cour Constitutionnelle.
7
KABANGE NTABALA, « Les innovations projetées dans l’organisation et le fonctionnement de la Cour
constitutionnelle », communication lors de Journées des réflexions sur la mise en place des ordres juridictionnels
prévus par la Constitution du 18 février 2006, Faculté de Droit, Université de Kinshasa, du 29 au 31 janvier 2009,
p.3, inédit.
4

De ce qui précède, la mise en œuvre de la raison d’être de la Cour


Constitutionnelle Congolaise dépend essentiellement de la qualité des membres commis à sa
composition mais de la portée de l’exécution de ces arrêts. De ce fait, notre étude consiste à «
l’exécution des arrets de la Cour Constitutionnelle en RDC : Etude de lege feranda».

2. CHOIX ET INTERET DU SUJET

2.1 CHOIX DU SUJET

Le choix du sujet se saisie en effet, comme le premier pas qu’effectue tout


Investigateur scientifique. Il est donc la cause qu’il l’a incité à choisir tel ou tel autre sujet.
Ainsi, le choix du présent sujet effectuer par nous est le résultat bénéfique d’une observation
qui a engendré une inquiétude.

Ainsi donc, le choix de ce sujet est motivé par le besoin de montrer dans quelle
mesure les modes de désignation des juges a la cour constitutionnelle Congolais s’avère être
dangereux au principe d’indépendance qui est un acquis pour une juridiction d’une telle
importance et combien importante au sein du pouvoir judiciaire congolais comme la cour
constitutionnelle ; aussi dangereux au principe d’impartialité qui doit caractérisé les juges
constitutionnelles, sachant que trois de ces neuf juges provient de la propre initiative du
président de la république8, pendant que la cour constitutionnelle « 9est la juridiction pénale du
Président de la République et du Premier Ministre pour les infractions politiques de haute
trahison, d’outrage au Parlement, d’atteinte à l’honneur ou à la probité ainsi que pour délit
d’initié »

2.2 INTERET DU SUJET

L’intérêt qui anime un chercheur à choisir un sujet s’inscrit dans le cadre d’un
Sentiment de ce qui importe, ce qui convient, en quelque manière que ce soit, à l’utilité, à
l’avantage d’une personne ou d’une collectivité, d’un individu ou en ce qui concerne soit leur
bien physique et matériel, soit leur bien intellectuel et moral, soit leur considération.

Ainsi, l’intérêt qui nous a poussés à effectuer le choix sur ce sujet se situe à trois
niveaux : Scientifique, pratique et individuel.

8
Article 158 de la constitution du 18 Février 2006 de la République Démocratique du Congo
9
Article 164 de la constitution du 18 Février 2006 de la République Démocratique du Congo
5

A. Intérêt scientifique

L’université étant une institution dont la mission primordiale est la formation et


La transformation des citoyens ; Elle se révèle comme un champ ou espace sur lequel sont
menées diverses activités, parmi lesquelles l’enseignement et la recherche scientifique. De ce
fait, ce travail est une contribution à la science, il constituera une référence pour les futures
chercheures dans ce domaine.

En effet, cette étude analyse scientifiquement la portée de l’exécution des arrêts


de la Cour constitutionnelle, ces notions, la compréhension des mécanismes de leur applicabilité,
les instruments juridiques consacrant son essence, mais également les sujet bénéficiaires et les
dispositions y relatives.

Nous pensons par ailleurs, que les résultats qui proviendront de cette analyse
serviront des pistes des solutions aux autres chercheurs préoccupés par les modes de désignation
des juges constitutionnelles congolais.

B. Intérêt pratique ou social

L’intérêt social d’une recherche scientifique s’inscrit dans le cadre d’éclairé la


société à appréhender quelques pistes des réponses par rapport une question qui comporte
quelques zones d’ombres.

En fait, cette étude permettra à la société congolaise d’entrer en connaissance


des moyens légaux qui concoure à l’exécution des arrêts de a Cour constitutionnelles congolaise,
ainsi que des toutes les conditions requises pour sa mise en œuvre.

C. Intérêt personnel ou individuel

De façon personnelle, le choix de ce sujet nous permet d’élargir notre


connaissance par rapport aux questions relatives au droit constitutionnel et aussi à bien
appréhender les notions relatives à l’exécution des arrêts de a Cour constitutionnelles
congolaise.

Elle nous amené également à déployer personnellement des efforts pour


Accumuler des nouvelles connaissances et compléter celles que nous avons déjà acquises dans
le cadre de la recherche scientifique.
6

3. ETAT DE LA QUESTION

Nous ne pouvons pas nous lancer dans la profondeur de notre étude sans pour
autant relever quelques travaux de recherche qui ont abordé d’une manière ou d’une autre le
sujet qui fait l’objet de notre préoccupation. C’est l’étape de l’état de la question qui est le
dégagement du niveau où se trouve le débat scientifique autour de l’objet sous examen.

La complémentarité caractérisant le domaine de la science et celui de la


recherche, ou les critiques et reformulations se succèdent, il nous a semblé judicieux de vérifier
si notre sujet n’aurait pas déjà fait l’objet des préoccupations, en proposant en quelques lignes
les idées des chercheurs qui ont abordés les points saillants relatifs à notre travail et de donner
la démarcation entre ce travail et ceux de nos prédécesseurs.

BALINGENE KAHOMBO parlant de « l’originalité de la cour constitutionnelle


congolaise : son organisation et ses compétences »,10 pense que les décisions ou arrêts de la
Cour Constitutionnelle Congolaise doivent être exécutées d’office car ils revêtent l’autorité
incontestable de la chose jugée l’article 168, alinéa 1er de la constitution définit en second lieu,
l’autorité de la chose jugée attachée aux décisions de la Cour constitutionnelle. Cette autorité a
été définie par la doctrine comme étant une autorité absolue de chose jugée avec effet erga
omnes. La centralisation du contrôle de constitutionnalité, avec effet abrogatif erga omnes, est
un important gage de sécurité juridique et de cohérence dans la protection des droits
fondamentaux. Pour ce qui concerne les arrêts d’inconstitutionnalité, la référence à l’article 168
al. 2 de la constitution s’impose. En effet, lorsque la Cour déclare l’inconstitutionnalité d’une
norme, d’une loi ou d’un acte, la norme cesse de produire effet dès le lendemain de la
publication de l’arrêt au journal officiel. Les effets de la chose jugée sont donc généraux car
aucune autorité (administrative, militaire, ou juridictionnelle) et aucun justiciable ne sont en
mesure de se prévaloir de la loi ou de l’acte inconstitutionnel.

Pour ADOUKI Delphine Emmanuel, dans la Revue Française de droit constitutionnel


« Contribution à l’étude de l’autorité des décisions du juge constitutionnel en Afrique » pense que,
L’autorité des décisions des juridictions constitutionnelles s’explique par le statut
constitutionnel de gardiens de la constitution qui leur est conféré. Elles sont chargées à ce titre,
de la garantie juridictionnelle de la constitution. Ce juge de la loi veille à la conformité à la
constitution des textes subséquents et, cette garantie juridictionnelle de la constitution établit

10
BALINGENE KAHOMBO « l’originalité de la cour constitutionnelle congolaise : son organisation et ses
compétences » librairie africaine d’études juridiques, volume 6, Kenya 2011, p.3
7

« un rapport de correspondance d’un degré inférieur à un degré supérieur de l’ordre juridique ».


Sans elle, la constitution n’est qu’un programme politique, à la rigueur obligatoire moralement,
un recueil de bons conseils à l’usage du législateur, mais dont il est juridiquement libre de tenir
ou de ne pas tenir compte, puisque ces actes, même faits en violation de ses préceptes, seront
en tout état de cause valables. Elle place la constitution au sommet de la pyramide des normes
d’où elle trace des principes, des directives, des limites pour le contenu des lois à venir11

Pour Dieudonné KALUBA DIBWA dans sa thèse intitulée « Du contentieux


constitutionnel en République Démocratique du Congo. Contribution à l'étude des fondements
et des modalités d'exercice de la justice constitutionnelle » 12 pense que En effet, la
transformation de l'ordre politique vient du fait que si le juge constitutionnel par ses décisions
les plus courageuses influe certainement sur l'ordonnancement juridique, cette influence aboutit
presqu'inéluctablement à une transformation de l'ordre politique qui est ainsi « saisi par le
droit ».

Il s'agit, à vrai dire, d'une socialisation des pratiques et des conceptions politiques.
L'Etat de droit, vu sous cet angle, est une question de civilisation finalement. Par ailleurs, le
primat de la Constitution garanti par le juge est l'affirmation d'un principe de civilisation qui
veut simplement dire que ce qui est décidé par le plus grand nombre doit être respecté par la
minorité, fût-elle celle qui dirige. C'est un renversement des principes millénaires qui postulent
la domination de la minorité sur la majorité. C'est une restitution du pouvoir au peuple.

Il est utile, à ce niveau, d'analyser en deux moments les implications théoriques


du contrôle de constitutionnalité lorsqu'il s'exerce avant ou après la promulgation de la loi. Ce
démarquage temporel est une sorte de summa divisio en matière de contrôle de
constitutionnalité. Qu'il soit exercé avant ou après la promulgation de la loi, le contrôle a pour
but institutionnel de purifier l'ordonnancement juridique.

De notre part, La question de l’exécution des décisions de la Cour


constitutionnelle en RDC est résolue par l’article 168, alinéa 1ièr de la constitution du 18 février
2006 qui dispose: «les arrêts de la Cour constitutionnelle ne sont susceptibles d’aucun recours
et sont immédiatement exécutoires. Ils sont obligatoires et s’imposent aux pouvoirs publics, à

11
ADOUKI Delphine Emmanuel, « Contribution à l’étude de l’autorité des décisions du juge constitutionnel en
Afrique », Revue Française de droit constitutionnel, n°95, mars 2013, pp. 611638
12
Dieudonné KALUBA DIBWA« Du contentieux constitutionnel en République Démocratique
du Congo. Contribution à l'étude des fondements et des modalités d'exercice de la justice
constitutionnelle » Thèse de Doctorat en droit Université de Kinshasa 2010, p. 253.
8

toutes les autorités administratives et juridictionnelles, civiles et militaires ainsi qu’aux


particuliers». L’expression « pouvoirs publics » que le constituant congolais a utilisée est de
plus globalisante. En effet, le terme recouvre une multitude d’autorités publiques allant du chef
de l’Etat au chef de quartier d’une commune rurale. C’est dire que le constituant a voulu que
toutes les autorités publiques au Congo soient assujetties aux décisions du juge constitutionnel
et malgré ce terme qui est générique, il a éprouvé la nécessité de citer les autorités
administratives et juridictionnelles, civiles et militaires. Il est connu que, de tous les pouvoirs
dans l’Etat, ce sont le législateur et le Gouvernement qui sont portés à violer la constitution
pour la simple raison que ce sont les instances qui sont au fait de l’action. En effet, il est presque
naturel que ceux qui agissent soient enclins à se donner des libertés avec les normes suprêmes
en ce qui est de l’action quotidienne. C’est le fondement même du contrôle de constitutionnalité
en République démocratique du Congo. Les décisions des cours constitutionnelles affectent les
autorités administratives pour au moins deux raisons. Premièrement, les autorités
administratives sont établies et exercent leurs pouvoirs en vertu de la loi. Deuxièmement, étant
donné que l’initiative des lois adoptées par les parlementaires est rare en Afrique, la quasi-
totalité des lois adoptées par les parlements africains ont été initiées par le pouvoir exécutif. Il
est donc important de veiller à ce que les autorités administratives, en tant qu’agents de mise en
œuvre de la politique gouvernementale au sein du pouvoir exécutif, se conforment aux décisions
des juridictions chargées du contrôle de constitutionnalité.

4. PROBLEMATIQUE ET HYPOTHESES

4.1 PROBLEMATIQUE

La science oblige quasiment une prise de conscience de la préoccupation dans


Étude scientifique. Cela suppose que l’on doit cerner apriori et clairement les problèmes à
analyser dans le but d’orienter systématiquement l’étude.

La problématique est l’approche ou là Perspective qu’on décide d’adopter pour


traiter le problème posé par la question de départ. Elle est une manière d’interroger les
phénomènes étudiés.13

De notre part, la problématique est la question centrale que se pose le chercheur


Autour de laquelle il mènera ses recherches.

13
QUIVY.R et CAMPERNOUDHT.JL, Manuel de recherche en sciences sociales, 3eme éd, Dunod, Paris,
2006, p.101
9

En effet l’indépendance du pouvoir judiciaire constitue un prérequis au maintien


de l’Etat de droit, ce qui exige de la part des personnes publiques et privées de se soumettre aux
décisions des cours et tribunaux. Cela vaut tout particulièrement pour les pouvoirs publics (le
Président de la République, le Gouvernement et le parlement etc.) lorsque le juge
constitutionnel sanctionne l’inconstitutionnalité de leurs actes, leurs abus de pouvoir. En fait,
la non-exécution de décisions de justice, dans le cas d’espèce des arrêts de la Cour
constitutionnelle, nuit à la crédibilité du système judiciaire. L’installation de la Cour
constitutionnelle en RDC a permis au constituant non seulement, de séparer le contentieux
constitutionnel du contentieux administratif et judiciaire, mais aussi de renforcer
l’indépendance du pouvoir judiciaire face aux pouvoirs législatif et exécutif. Ce qui explique le
caractère définitif et la portée absolue de ses arrêts.

Les juridictions constitutionnelles ont pour mission de prendre des décisions


pour prévenir ou résoudre les crises relevant de leurs domaines de compétence.

Alors les questions préoccupantes sont celles de savoir quelle est la portée de
l’article 168, alinéa 1èr de la constitution du 18 février 2006? Et quels sont les effets des
décisions du juge constitutionnel sur les pouvoirs publics ?

4.2 HYPOTHESES

L’une des exigences de la recherche scientifique est qu’il ne faut, non seulement
Soulever des inquiétudes en posant des questions mais aussi savoir y réserver des réponses
hypothétiques. Les quelles réponses servent véritablement de fil conducteur de la recherche
physique, c’est également elle qui suggère les techniques de recherche à mettre en œuvre
ultérieurement.14

En effet, la Constitutions Congolaise consacre même un titre entier à la justice


Constitutionnelle au même titre que le Président de la République et l’Assemblée nationale. Le
juge constitutionnel Congolais bénéficie de garanties constitutionnelles d’indépendance ; de
même les textes portant sur sa création réitèrent cette indépendance juridique. D’ailleurs, cette
indépendance est renforcée dans l’exercice du pouvoir juridictionnel en ce sens que ses
décisions bénéficient également d’une autorité constitutionnelle qui s’impose sur toutes les
institutions administratives, juridictionnelles, civiles, politiques. Le juge constitutionnel

14
ALBARELLO LUC, apprendre à rechercher, éd de back, Bruxelles, 1999, p.43
10

Congolais est auréolé d’un ensemble de garanties juridiques qui constituent les gages de son
indépendance.

Ainsi, la question sur les effets des décisions du juge constitutionnel sur les
pouvoirs publics est résolue par l’article 168, alinéa 1èr de la constitution du 18 février 2006
qui dispose: «les arrêts de la Cour constitutionnelle ne sont susceptibles d’aucun recours et sont
immédiatement exécutoires. Ils sont obligatoires et s’imposent aux pouvoirs publics, à toutes
les autorités administratives et juridictionnelles, civiles et militaires ainsi qu’aux particuliers».

5. METHODES ET TECHNIQUE DE LA RECHERCHE

Pour mener à bien notre travail scientifique, l’utilisation d’un certain nombre des
Méthodes et techniques s’avère indispensable.

5.1 METHODES DE RECHERCHE

Au regard du domaine qui fait l’objet de nos recherchent et dans la limite de


Laquelle nous effectuons notre recherche, il nous a semblé logique de procéder par la méthode
exégétique. Cette méthode est comprise comme interprétative ou analytique consistant à
dégager des textes l’esprit authentique du législateur en vue d’en comprendre la portée et les
limites qu’il fixe à leur application.

Cette méthode nous permet dans le cadre de notre travail, d’analyser et


D’interpréter les textes nationaux, les arrêts de la Cour constitutionnelle congolaise, et les autres
textes des lois afin de rechercher leurs significations et leurs portés et ainsi mesurer leur impacte.

5.2 TECHNIQUE DE LA RECHERCHE

Dans le cadre de notre recherche, nous avons fait recours à la technique


documentaire. Celle-ci consiste à consulter les documents ayant trait à l’objet de la recherche.

Elle met en présence du chercheur des documents supposés contenir des


informations nécessaires à la recherche. Elle est aussi, une technique observation indirecte.15

15
SHOMBA KINYAMBA, S., Méthode de la recherche scientifique, éd, MES, King-RDC, p. 46
11

6. DELIMITATION DU CHAMP DU TRAVAIL

Il est une évidence qu’une étude sur la Cour constitutionnelle Congolaise ne peut
être que vaste, suite à la complexité de la matière qui la compose. Mais une analyse pertinente
conduit à apprendre dans ce vaste champ, l’angle d’approche et la circonférence de l’étude à
appréhender. Ainsi, notre travail sera délimité : sur le plan matériel, et sur le plan d’espace.

5.1 Sur le plan matériel : Sur ce plan notre travail porte sur le droit public
qui est l’ensemble des règles qui président à l’organisation de l’Etat et le gouvernement, les
rapports entre l’Etat et les particuliers, au sens stricte, ce travail portera aussi sur le droit
constitutionnel.

5.2 Sur le plan de l’espace : Quant à l’espace, notre travail portera sur le

Territoire de la République Démocratique du Congo qui est le lieu sur lequel se


porte la Cour constitutionnelle Congolaise.
5.3 Sur le plan temporel : concernant le temps nous partirons de l’entrée en
vigueur de la constitution du 18 février 2006 en passant par la loi organique n° 13 3/ /026 du
15 octobre 2013 portant création et fonctionnement de la Cour constitutionnelle

7. SUBDIVISION DU TRAVAIL

Notre étude est subdivisée en deux chapitres, hormis l’introduction et la


conclusion. Le premier chapitre portera sur La Cour Constitutionnelle En République
Démocratique Du Congo, et le deuxième chapitre va porter l’exécution des arrêts de la Cour
Constitutionnelle en RDC : Etude de lege feranda.
12

CHAPITRE I : LA COUR CONSTITUTIONNELLE EN REPUBLIQUE


DEMOCRATIQUE DU CONGO
Conformément à l’article 149 de la Constitution du 18 février 2006 telle que
modifiée et complétée à ce jour, la Cour constitutionnelle fait partie intégrante du pouvoir
judiciaire. Ceci est une innovation parce que les autres constitutions passées en faisaient plutôt
un organe juridictionnel à part entière.16
Les articles 157 à 169 de la Constitution sont consacrés à la Cour
Constitutionnelle. Ces dispositions sont complétées par la loi organique n°13/026 du 15 octobre
2013 portant organisation et fonctionnement de la Cour constitutionnelle.

De manière générale, si la plupart des questions relatives à l’organisation et au


Fonctionnement de la Cour constitutionnelle, notamment quant à ses compétences, à sa
procédure et aux effets de ses décisions sont déjà, en principe, réglées par la Constitution et la
loi organique susvisée, l’article 41 de ce dernier texte renvoie cependant à un Règlement
intérieur pour les compléter, tout comme l’article 88 qui reconnait au Règlement de la Cour le
pouvoir de fixer le nombre et la dénomination des rôles.

Ainsi donc, ce chapitre portera premièrement lieu sur la présentation de la cour

Constitutionnelle (section 1). En second lieu, sur l’organisation et fonctionnement (section 2).

SECTION 1 ORIGINES ET EVOLUTION HISTORIQUE DE LA NOTION


DE JURIDICTION CONSTITUTIONNELLE EN REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU
CONGO

Nous abordons ce sujet à travers trois étapes que sont : la Loi fondamentale
du 19 mai 1960 relative aux structures du Congo ou l'héritage du droit colonial belge, la
Constitution du 1er août 1964 et la Cour suprême de justice instituée par la Constitution
du 24 juin 1967. Malgré cette classification, l'on peut également retracer l'histoire de la
justice congolaise en deux périodes : celle de la création et de l'installation manquée d'une

16
KABANGE NTABALA, « Les innovations projetées dans l’organisation et le fonctionnement de la Cour
constitutionnelle », communication lors de Journées des réflexions sur la mise en place des ordres juridictionnels
prévus par la Constitution du 18 février 2006, Faculté de Droit, Université de Kinshasa, du 29 au 31 janvier 2009,
inédit, p.3.
13

Cour constitutionnelle et l'époque de l'institutionnalisation de la Cour suprême de justice,


toutes sections réunies, comme juge constitutionnel.

Mais avant d'y arriver, disons un mot sur l'héritage du droit colonial belge
en ce domaine.

De prime abord, l'on doit rappeler que c'est seulement en 1980 que la
Belgique s'est dotée d'une juridiction constitutionnelle, appelée « Cour d'arbitrage » à
l'origine, dont la composition, la compétence et le fonctionnement sont déterminés par
renvoi de l'article 142 de la Constitution coordonnée, par la loi spéciale du 6 janvier 1989
sur la Cour d'arbitrage.17Ainsi, la Cour d'arbitrage statuait-elle, par voie d'arrêt, sur les
recours en annulation, en tout ou en partie, d'une loi, d'un décret ou d'une règle législative
des communautés ou des régions portée en vertu de la Constitution.18

De ce qui précède, et ce, jusqu'en 1980, il y a eu, en Belgique, absence de


contrôle de constitutionnalité des lois. Le texte constitutionnel du 7 février 1831 n'en
faisait aucune mention. Les cours et tribunaux ne pouvaient, jusqu'à la création du Conseil
d'Etat en 1946, que refuser d'appliquer les actes administratifs illégaux par voie de
l'exception d'illégalité.

L'on peut comprendre qu'en vertu de l'article 107 de la Constitution belge


à l'époque les règlements devaient être conformes aux lois et autres normes supra
législatives dont la Constitution elle-même.

Aussi, indirectement les cours et tribunaux devaient-ils refuser d'appliquer


des règlements inconstitutionnels. Longtemps, « la Belgique reste attachée au dogme de
l'infaillibilité du législateur. Elle ne prescrit pas, à l'origine, le contrôle juridictionnel des
lois. Elle le prohibe même. Pendant plus d'un siècle, elle n'a organisé de contrôle qu'à
l'égard des règlements ».

17
Loi de révision de la constitution belge du 7 février 1831 qui introduisit dans la Constitution un article 107 ter
(actuel article 142). Cet article fut révisé à son tour le 15 juillet 1988 en vue d'étendre les compétences de la Cour
d'arbitrage et d'exiger l'adoption d'une loi spéciale pour régler sa composition, son fonctionnement et ses
compétences.
18
Voir M.B., 7 janvier 1989 ; Les codes Larcier belges, tome VI, A. Droit public, 2003, p.340 ; Complément
tome VI, 2004, mis à jour au 1er janvier 2004, p.79.
14

En effet, le contrôle de constitutionnalité des règlements était tenu en


échec lorsque la violation de la Constitution était le fait d'une règle du niveau de la loi
dont le règlement ne fait que procurer exécution. Ce raisonnement se dégage à partir de
l'article 107, actuel article 159, de la Constitution belge.

Dans ce contexte, l'on peut comprendre aisément qu'aucune disposition de


la Loi du 18 octobre 1908 sur le gouvernement du Congo belge, dite la Charte coloniale,
ne pouvait faire mention du contrôle des lois.

Néanmoins, la Charte coloniale avait, en son article 7, prévu la possibilité


d'exception d'illégalité des décrets, actes législatifs du Roi, en ces termes : « les cours et
tribunaux n'appliquent les décrets qu'autant qu'ils ne sont pas contraires aux lois ».

Et par la suite, la jurisprudence a étendu logiquement cette compétence des


cours et tribunaux aux ordonnances législatives. En effet, il a été jugé que « l'article 7 de
la Charte coloniale qui déclare que les cours et tribunaux n'appliqueront les décrets que
pour autant qu'ils ne soient pas contraires aux lois, doit s'appliquer également aux
ordonnances législatives ».19

Par ailleurs, c'est dans cet esprit que la résolution n°6 relative à
l'organisation du Parlement congolais, en son point 15, de la Conférence de la Table
Ronde politique tenue à Bruxelles du 20 janvier au 20 février 1960 énonçait clairement
« qu'il n'y avait pas lieu de reconnaître aux tribunaux relevant de l'ordre judiciaire
l'appréciation de la constitutionnalité des lois nationales ou provinciales ».

C'est donc finalement le Parlement belge de l'époque, influencé sans doute


par le mouvement constitutionnaliste européen, qui est le géniteur historique de la Cour
constitutionnelle congolaise car il introduisit des dispositions relatives à cette institution
dans la Loi fondamentale relative aux structures du Congo.

En cela, le Parlement belge avait rejoint le camp de ceux qui pensent


donner à la suprématie constitutionnelle une garantie juridictionnelle. Car l'Etat de droit,

19
Elisabethville, 21 mars 1916, Jur. Col., 1925, p.304 ; Léopoldville, 8 septembre 1936, RJCB, 1937, p.105 ;
Codes Piron et Devos, tome 1, 1960, p.17
15

c'est d'abord et enfin, l'Etat de la Constitution. Au commencement, dirait Francis Delpérée,


était la Constitution. Retraçons à présent les étapes successives de l'installation de cette
justice constitutionnelle en République démocratique du Congo.

Paragraphe 1: Création et installation manquée de la Cour


constitutionnelle par la Loi fondamentale du 19 mai 1960

La Cour constitutionnelle fut créée par l'article 226 de la Loi Fondamentale du


19 mai 1960 relative aux structures du Congo. Ses décisions et arrêts ne devraient pas être
susceptibles de recours. La Cour était composée de trois chambres : une chambre de
constitutionnalité, une chambre des conflits et une chambre d'administration.

De trois, ce sont la chambre de constitutionnalité et la chambre des conflits qui


nous intéressent ici. La chambre de constitutionnalité était compétente pour se prononcer par
arrêt sur la conformité des mesures législatives centrales ou provinciales aux dispositions de la
Loi fondamentale relative aux structures du Congo et de celle relative aux libertés publiques
qui formèrent les deux, rappelons-le, en vertu des articles 3,5 et 230 de la Loi fondamentale du
19 mai 1960 la Constitution provisoire de l'Etat du Congo.

Ici, le contrôle par voie d'arrêt se fait a posteriori, c'est-à-dire après la


promulgation des actes législatifs centraux (loi provenant du Parlement et ordonnance-loi
émanant du Chef de l'Etat) et provinciaux (édit émanant de l'assemblée provinciale).

Il faut cependant affirmer que le contrôle des actes législatifs centraux et


provinciaux pouvait se faire aussi a priori par voie d'arrêts motivés. En effet, la chambre de
constitutionnalité devait être obligatoirement saisie avant la promulgation des lois et, sauf
urgence spéciale dûment constatée, avant la signature des ordonnances-lois par le Chef de l'Etat.

Soulignons que ce mécanisme de contrôle était principalement organisé au


niveau du pouvoir central. Toutefois, la chambre de constitutionnalité pouvait être saisie avant
la promulgation des édits. Cependant, les lois et édits budgétaires étaient exclus de tout contrôle
de constitutionnalité.

Il est utile de noter qu'en ce qui concerne les effets ou sanctions du contrôle de
constitutionnalité de la Cour constitutionnelle à travers sa chambre de constitutionnalité, toute
16

loi ou ordonnance-loi déclarée non conforme à la Constitution provisoire est abrogée de plein
droit ; il en est de même du sort de l'édit provincial au regard de la Constitution provinciale. Il
s'agit naturellement d'un contrôle a posteriori.20

Cependant, s'agissant du contrôle a priori par voie d'arrêts motivés, les lois et
édits déclarés non-conformes ne peuvent être promulgués ; il en est de même des ordonnances-
lois qui ne peuvent, dans ces conditions, être signées.

Par ailleurs, en tant que juridiction constitutionnelle, la chambre de


constitutionnalité était aussi reconnue compétente pour connaître du contentieux de la division
verticale des pouvoirs.

En effet, la chambre de constitutionnalité devait se prononcer sur chaque


Constitution provinciale dès son adoption par l'Assemblée provinciale. Une Constitution
provinciale ou certaines de ses dispositions déclarées non-conformes ne pouvaient être
promulguées.21Et de manière subsidiaire, du fait que la chambre des conflits était chargée de
trancher les conflits de compétence entre le pouvoir central et le pouvoir provincial, 22 la
chambre de constitutionnalité pouvait également vérifier si les édits ne sont pas contraires aux
lois, aux ordonnances-lois, règlements et ordonnances dans les matières relevant à la fois des
pouvoir central et provincial.23La chambre des conflits, en revanche, était compétente pour
régler les conflits pouvant survenir entre le pouvoir central et les provinces.

En attendant l'installation de la Cour constitutionnelle ainsi instituée mais qui n'a


pas vu le jour, le Conseil d'Etat de Belgique était reconnu, par l'article 253 de la Loi
fondamentale, compétent pour exercer les attributions de la Cour constitutionnelle. Cette
reconnaissance de compétence fut supprimée par l'article 3 de la Loi constitutionnelle du 18
juillet 1963 portant modification de la Loi fondamentale du 19 mai 1960 relative aux structures
du Congo.

20
Article 230, §1 in fine, de la Loi fondamentale du 19 mai 1960.
21
Article 231, §2, de la Loi fondamentale du 19 mai 1960.
22
Article 232 de la loi fondamentale du 19 mai 1960.
23
Article 231, §3, de la Loi fondamentale du 19 mai 1960.
17

C'est le lieu de citer le professeur Vunduawe te Pemako qui indique qu'à cette
période, des compétences juridictionnelles avaient été conférées à des institutions étrangères à
savoir : la Cour de cassation, le Conseil d'Etat et la Cour des comptes de Belgique. L'arrêt
Mahamba rendu le 24 mars 1961 par le Conseil d'Etat belge, agissant à titre transitoire comme
juridiction administrative, est un cas d'illustration. Cet arrêt décrète l'incompétence du Conseil
d'Etat belge pour cause d'impossibilité de rendre un arrêt pour un Etat étranger et pour cause du
mauvais état de relations diplomatiques entre les deux pays.24

Il faut préciser tout de suite que cet arrêt est intervenu en matière administrative
et non en matière constitutionnelle. En effet, la matière constitutionnelle devait être traitée par
la chambre de conflits et la chambre de constitutionnalité qui, toutes les deux, formaient le juge
constitutionnel congolais de transition.

Dès lors, faute d'installation de la Cour constitutionnelle par ailleurs, le pays ne


disposa pas, jusqu'à l'adoption de la Constitution du 1er août 1964, d'une juridiction
constitutionnelle.

Paragraphe 2. Création de la Cour constitutionnelle par la Constitution du


1er août 1964

Contrairement à l'article 4 de la Loi fondamentale relative aux structures du


Congo du 19 mai 1960 qui prévoit que seuls, « le Chef de l'Etat et les deux chambres composent
le pouvoir constituant », le Président Joseph Kasa Vubu, après avoir renvoyé le Parlement,
mettra plutôt sur pied une commission constitutionnelle chargée d'élaborer le projet de
Constitution qui fut soumis plus tard au référendum.25

L'on peut se rapporter aux développements que nous avons consacrés plus loin
à la Constitution dite de Luluabourg même si avec le professeur Vunduawe te Pemako, nous
pouvons affirmer que dès lors que le peuple souverain est intervenu pour l'adopter, aucun
reproche ne peut lui être fait car son pouvoir est inconditionnel et inconditionné.26

24
Article 232 de la loi fondamentale du 19 mai 1960.
25
L’ordonnance n° 226 du 29 septembre 1963 clôturant la session parlementaire et instituant une commission
d'élaboration d'un projet de Constitution.
26
VUNDUAWE te PEMAKO (F.), Traité de droit administratif, op.cit., p.101.
18

C'est le lieu de dire que c'est par les articles 53 et 165 de la Constitution du
1er août 1964 que la Cour constitutionnelle a été, à nouveau, instituée dans l'histoire de notre
pays.

Le mémoire explicatif nous donne les raisons de sa création. On peut donc lire
que « le problème de la constitutionnalité des actes législatifs, celui de l'interprétation de la
Constitution et celui du jugement des autorités gouvernementales accusées de haute trahison et
de violation intentionnelle de la Constitution, ont retenu l'attention de la Commission. Celle-ci
a rejeté le projet que la sous-commission judiciaire avait présenté et qui désignait la Cour
suprême de justice comme juridiction compétente pour connaître de ces affaires. Elle a estimé
que l'appréciation de la constitutionnalité des lois, l'interprétation de la Constitution et le
jugement des autorités gouvernementales étaient des questions présentant un caractère politique
trop accentué pour être examinées par une juridiction de l'ordre judiciaire. C'est pourquoi elle a
prévu l'institution d'une juridiction spéciale dénommée Cour constitutionnelle ».27

Par ailleurs, l'article 167 de la Constitution dite de Luluabourg définit la


compétence de la Cour constitutionnelle en ces termes : « la Cour constitutionnelle est
compétente pour connaître :

1° des recours en appréciation de la constitutionnalité des lois et des actes ayant


force de loi ;

2° des recours en interprétation de la présente Constitution, (...) ;

3° de toutes les affaires à l'égard desquelles la présente Constitution lui attribue


compétence ;

4° de toutes les affaires à l'égard desquelles la législation nationale lui attribue


compétence. La Cour constitutionnelle veille à la régularité de l'élection du Président de la
République et des Gouverneurs de province. La Cour statue, en cas de contestation, sur la
régularité des élections des membres du parlement et des assemblées provinciales. Elle veille à
la régularité des opérations de référendum ».

27
Article 167, alinéa 1er, 1°, de la Constitution du 1er août 1964.
19

De l'analyse de cette disposition, l'on peut dire que la Cour constitutionnelle ainsi
instituée est une juridiction spécialisée qui dispose du monopole de l'exercice de la justice
constitutionnelle. Le constituant du 1er août 1964 a donc opté pour un système centralisé de
contrôle de constitutionnalité, suivant le modèle européen inspiré, comme on le sait déjà, de
l'Ecole de Vienne dirigée par l'éminent juriste autrichien Hans Kelsen.

La Cour constitutionnelle congolaise devait donc remplir trois des quatre


missions principales reconnues à une juridiction constitutionnelle en droit comparé, à savoir :
le contrôle de constitutionnalité des actes législatifs, le contentieux des élections et des
consultations populaires et le contentieux de la division verticale des pouvoirs.28

Le seul principal contentieux existant en droit comparé, depuis quelque temps


d'ailleurs, au niveau de la juridiction constitutionnelle, qui ne fut pas organisé par la
Constitution sous revue est celui des libertés et droits fondamentaux.29

Dans ce contentieux, la juridiction constitutionnelle devient gardienne des droits


et libertés fondamentaux notamment contre la volonté législative d'une majorité
gouvernementale. Ceci induit que le droit de saisine soit élargi. L'élargissement de la saisine
aux parlementaires appartenant à un ou plusieurs groupes de l'opposition est devenu, en France,
un élément essentiel du statut de l'opposition.30

En Belgique, Rusen Ergec affirme que « l'accès très large des particuliers à la
justice constitutionnelle, presque sans équivalent en droit comparé, constitue un progrès
considérable dans la protection des libertés constitutionnelles et le raffermissement de l'Etat de
droit dont la Cour apparaît de plus en plus comme la clef de voûte ».31

Ce contentieux apparaît donc pour la doctrine occidentale comme le contentieux


phare de la justice constitutionnelle. 622(*)

28
Article 167, alinéas 2,3 et 4, de la Constitution du 1 er août 1964.
29
Article 167, alinéa 1er, 2°, de la Constitution du 1er août 1964
30
ROUSSEAU (D.), Droit du contentieux constitutionnel, 6ème édition, Paris, Montchrestien, 2001, p.69.
31
Voy BURDEAU (G.), HAMON (F.) et TROPER (M.), Droit constitutionnel, 24ème édition, Paris, LGDJ, 1995,
p.677.
20

Sur la saisine de la Cour constitutionnelle congolaise par les particuliers, on peut


rappeler l'explication fournie dans le Mémoire explicatif de la Constitution où il est dit qu' « on
notera que les particuliers (personnes physiques ou morales) ne seront habilités à saisir eux-
mêmes la Cour constitutionnelle. Dans l'esprit de la disposition proposée par le Secrétariat
(article 168 de la Constitution), ils pourront, néanmoins, soulever une exception
d'inconstitutionnalité devant la Cour suprême de justice lorsqu'ils y introduisent un pourvoi en
cassation. Dans ce cas, si elle estime que la disposition législative attaquée par le requérant est
inconstitutionnelle, la Cour suprême pourra, elle, saisir la Cour constitutionnelle d'une demande
en appréciation de la constitutionnalité ».32

Enfin, faute de texte d'organisation prévu pourtant à l'article 165, alinéa 7, de la


Constitution qui devait fixer la procédure à suivre devant la Cour constitutionnelle, cette
dernière n'a jamais été opérationnelle.

Par ailleurs, l'article 196 (dispositions transitoires) avait prévu qu'en attendant
cette installation, la Cour d'appel de Léopoldville actuellement Kinshasa exercera les
attributions dévolues par la Constitution à la Cour constitutionnelle.

C'est ce qui justifie qu'en tant que juge constitutionnel, la Cour d'appel de
Léopoldville a eu à connaître du contentieux électoral dans l'affaire qui avait opposé Monsieur
Bomboko et consorts contre la République. La contestation était en rapport avec les élections
législatives pluralistes organisées en 1964 par le gouvernement Moïse Tshombe.

Il faut cependant dire que ce transfert de compétence de juridiction


constitutionnelle à une Cour d'appel ne devrait pas être érigé en principe. Le pays sorti de
perturbations aussi intenses que cruelles que l'on connaît avait-il réellement les moyens de sa
politique ? Au-delà du catéchisme constitutionnel occidental en vogue à cette époque, le juge
constitutionnel était-il un besoin social ressenti par les congolais ? Rien n'est moins sûr. La
solution pragmatique était de confier cette fonction à un seul juge. La Cour suprême de justice
jouera désormais le rôle de juge constitutionnel en remplaçant la Cour constitutionnelle

32
Voy GICQUEL (J.), Droit constitutionnel et institutions politiques, 17ème édition, Paris, Montchrestien, 2001,
pp.718-719
21

proprement dite. Cette dernière n'a jamais connu d'installation en raison de circonstances
politiques de l'époque33.

Au-delà des guerres, des sécessions et des rebellions qui ont émaillé les quatre
premières années de l'indépendance, il y a lieu d'épingler aussi l'absence phénoménale de
juristes congolais formés pour siéger à une si haute instance.

Du reste, il est constant dans notre pays que la formation des cadres n'a pas fait
l'objet des préoccupations des dirigeants de première heure de l'Etat congolais de sorte que ce
mécanisme avalant des milliers des cadres apparaissait comme des ombres sur un tableau
d'illusions. Une chose est de prévoir un mécanisme, une autre est de trouver des personnalités
aptes à l'animer. Comme on le verra, à l'installation de la Cour suprême de justice, le pays a dû
recourir à des non magistrats et à des juristes étrangers.34

Paragraphe 3. La Cour suprême de justice instituée juge constitutionnel par


la Constitution du 24 juin 1967

Après le coup d'Etat militaire du 24 novembre 196535, le nouveau régime s'est


résolu de doter le pays d'une nouvelle Constitution. Le projet de celle-ci fut rédigé par une
commission gouvernementale présidée par le Chef de l'Etat lui-même. Le peuple l'a adopté lors
du référendum organisé du 4 au 24 juin 1967. La nouvelle Constitution fut donc promulguée
par le Président de la République le 24 juin 1967. Et, revenant sur le sujet, on peut noter que
c'est pour la même motivation que celle évoquée en 1964 que la Cour constitutionnelle fut créée
par les articles 19 et 70 de la Constitution du 24 juin 1967. Aussi les développements que nous
avons faits s'agissant de la compétence de la Cour constitutionnelle instituée par la Constitution
de 1964 et les différentes natures de contentieux qui s'y rattachent demeurent valables.

Néanmoins, le constituant de 1967 ayant opté pour la forme unitaire de l'Etat, le


contentieux de la division verticale des pouvoirs ne devait plus être retenu, car sans objet.

33
PACTET (P.), Institutions politiques et droit constitutionnel, 9ème édition, Paris, Masson, 1989, p.464
34
CHANTEBOUT (B.), Droit constitutionnel et science politique, 15ème édition, Paris, Armand Colin, 1998,
pp.600-602.
35
Proclamation du Haut-Commandement de l'Armée Nationale Congolaise en date du 24 novembre
1965, M.C., n°spécial, décembre 1965, p.1.
22

Comme pour le cas précédent, cette Cour constitutionnelle n'a pas aussi vu le jour bien
qu'instituée. Mais dans un premier temps, la Cour d'appel de Kinshasa avait dû exercer les
attributions dévolues à celle-là. Par la suite, en vertu de l'article VII, alinéa 2, des dispositions
transitoires de la Constitution dite révolutionnaire du 24 juin 1967, la Cour suprême de justice
a eu à remplacer la Cour d'appel de Kinshasa dans ce rôle de suppléance. Par ailleurs, la Cour
suprême de justice continue de bénéficier, depuis 1968 jusqu'à ce jour, de cette compétence, et
ce, malgré la succession des textes constitutionnels dont une tentative de systématisation a été
amorcée en introduction générale de cette étude.

Ainsi donc, l'attribution à la Cour suprême de justice de la compétence de


juridiction constitutionnelle s'est réalisée en deux temps : d'abord, comme juge constitutionnel
provisoire (1968-1974) et ensuite, comme juge constitutionnel définitif (de 1974 à ce jour).

A. La Cour suprême de justice, juge constitutionnel provisoire (1968-1974)

Au départ, la Cour suprême de justice, créée à nouveau par l'article 59 de la


Constitution de 1967 et faisant partie de l'ordre judiciaire, devait exercer uniquement le rôle
que joue une Cour de cassation et celui du Conseil d'Etat.36

En effet, disposant de deux sections : la section judiciaire et la section


administrative, la Cour suprême de justice était rendue compétente pour connaître des pourvois
en cassation, juger les membres du Gouvernement et connaître des recours en annulation formés
contre les actes et décisions des autorités administratives centrales de même que l'appel contre
les décisions rendues par les Cours d'appel et de demandes d'indemnités pour dommage
exceptionnel. On peut remarquer que ne comprenant pas à l'origine une section de législation,
la Cour suprême de justice n'a pas pu jouer le rôle d'organe consultatif du gouvernement. Faute
d'un conseil de législation, le pays n'a donc pas disposé pendant cette période d'un organisme
de consultation dans le cadre du processus d'élaboration des actes législatifs et réglementaires.37

36
Article 60 de la Constitution du 24 juin 1967.
37
Mémoire explicatif de la Constitution du 1er août 1964, pp. 111-112.
23

Est-ce un oubli ? Sans doute. La Cour suprême de justice ne sera dotée d'une
section de législation qu'en 1972, à travers la révision constitutionnelle, intervenue plus
exactement le 3 juillet 1972.

Cependant, l'article VII, alinéa 2, des dispositions transitoires de la Constitution


sous revue ajoute, de manière provisoire, à la Cour suprême de justice une compétence de
juridiction constitutionnelle.38 En effet, cet alinéa est libellé comme suit : « Si la Cour suprême
de justice est créée avant la Cour constitutionnelle, elle exercera, en attendant la création de
celle-ci, les attributions de la Cour constitutionnelle ». Cette disposition constitutionnelle a été
appliquée à travers l'ordonnance-loi n°68-248 du 10 juillet 1968 portant code de l'organisation
et de la compétence judiciaires. Cette législation fut complétée par le texte définissant la
procédure suivie devant la Cour suprême de justice. Il faut néanmoins rappeler que déjà, sur
base du code de l'organisation et de la compétence judiciaires, la Cour suprême de justice avait
été installée officiellement le 23 novembre 1968.

Ainsi, la condition évoquée par la Constitution à l'article VII de ses dispositions


transitoires fut remplie. La Cour suprême de justice devint, dès cet instant, juge constitutionnel
provisoire du pays. L'article 122 de la procédure devant la Cour suprême de justice est venu
compléter l'alinéa 2, de l'article VII des dispositions transitoires de la Constitution, en précisant
que « la Cour suprême de justice, sections réunies, exercera jusqu'à l'installation de la Cour
constitutionnelle, les attributions de celle-ci ». De cette disposition, il se dégage clairement que
ce n'est pas l'une ou l'autre de ses deux sections qui jouera le rôle de juge constitutionnel, mais
plutôt la Cour suprême de justice, toutes sections réunies. Et, c'est le principe depuis lors. En
outre, s'agissant de la saisine, seules les autorités politiques, d'une part, et les deux sections de
la Cour suprême de justice, d'autre part, peuvent saisir le juge constitutionnel39 :

- le Président de la République par une requête écrite ;

- le parlement suivant deux modalités : par une résolution lorsque c'est


l'Assemblée qui agit ; et par une décision transmise à la Cour par le Président de l'Assemblée
lorsque l'initiative part du Bureau de l'Assemblée nationale ;

38
Article 1er de la loi n°72-008 du 3 juillet 1972 portant révision de l'article 60 de la Constitution
39
Article 122, alinéa 2, de l'ordonnance-loi du 8 janvier 1969 portant procédure devant la Cour suprême de justice
24

- la section judiciaire ou la section administrative de la Cour suprême de justice,


selon le cas, par un arrêt transmis à la Cour par le Procureur Général de la République.

De ce qui précède, on peut observer que l'exception d'inconstitutionnalité d'une


loi ou d'une ordonnance-loi ne pouvait être soulevée, au départ, par les parties que devant l'une
des sections de la Cour suprême de justice.

En effet, les particuliers peuvent soulever, écrit l'auteur du mémoire explicatif


de la Constitution du 24 juin 1967, « une exception d'inconstitutionnalité de la loi devant la
Cour suprême de justice lorsqu'ils y introduisent un pourvoi en cassation. Dans ce cas, si elle
estime que la législation attaquée par le requérant est inconstitutionnelle, la Cour suprême de
justice pourra, elle, saisir la Cour constitutionnelle ».40

En plus, il sied de noter que le concours du Procureur général de la République,


dans la saisine du juge constitutionnel, n'était nécessaire qu'en cas d'appréciation de
constitutionnalité postulée par la Cour suprême de justice. Les autorités politiques saisissaient
directement elles-mêmes le juge constitutionnel dans les formes rappelées ci-avant.

B. La Cour suprême de justice, juge constitutionnel définitif (de 1974 à ce jour)

C'est en effet à travers la révision constitutionnelle du 15 août 1974 que le


constituant confie à la Cour suprême de justice la compétence de contrôle de la
constitutionnalité des lois. Et c'est au législateur que revenait la compétence d'aller dans les
détails des attributions de la Cour suprême de justice.

En effet, l'article 70 (nouveau) de la Constitution du 24 juin 1967, telle que


révisée par la loi n°74-020 du 15 août 1974, était libellé comme suit : « L'organisation, la
compétence de la Cour suprême de justice et la procédure à suivre sont réglées par la loi. Le
contrôle de constitutionnalité des lois relève de la Cour suprême de justice». Ainsi, la Cour
constitutionnelle jamais installée, fut supprimée.

Depuis lors, la Cour suprême de justice, toutes sections réunies, est devenu juge
constitutionnel du pays. Aujourd'hui, l'ordonnance-loi n°82-017 du 31 mars 1982 fixe

40
Article 122, alinéa 2, de l'ordonnance-loi du 8 janvier 1969 portant procédure devant la Cour suprême de justice
25

l'organisation et la procédure à suivre devant la Cour suprême de justice.41 Mais ajoutons aussi
que la Cour suprême de justice avait perdu son rôle de juge constitutionnel, du moins dans sa
dimension de contentieux électoral, en 1988 et ce, au profit du Comité central du Mouvement
populaire de la Révolution, Parti-Etat42.

En effet, jusqu'à cette année-là, la Cour suprême de justice était reconnue


compétente pour connaître des contestations électorales. 43Mais la loi électorale du 10 janvier
1987 précisait, en ses articles 140 et 141, que la Cour suprême de justice est compétente en
matière de contentieux des élections des membres du Conseil législatif (Parlement de l'époque)
et les Cours d'appel, du contentieux des élections des membres des entités administratives
décentralisées (Région, Ville, Zone et Collectivité).

Et, dans le système politique du Mouvement populaire de la Révolution, ces


instances judiciaires ne pouvaient connaître que des contestations fondées sur la violation des
conditions légales d'éligibilité et de la régularité des élections.

Car, les décisions du Comité central relatives à l'examen des dossiers des
candidatures au Conseil législatif ainsi que celles du Comité régional du MPR concernant des
candidatures aux différents conseils des entités administratives décentralisées de l'époque
n'étaient susceptibles d'aucun recours.44

C. Le Comité central du Mouvement populaire de la Révolution, organe de


règlement du contentieux électoral (1988-1990)

Rappelons que créer le 15 novembre 1980, le Comité central est devenu l'organe
de conception, d'inspiration, d'orientation et de décision du MPR, en lieu et place du Bureau
politique qui fut ramené à un simple rôle d'organe de contrôle des décisions du Parti-Etat. Par
la suite, à travers une nouvelle révision constitutionnelle, réalisée le 27 janvier 1988, le
contentieux électoral fut confié exclusivement au Comité central du MPR.

41
Articles 102, alinéa 1er, de l'Acte constitutionnel de la Transition du 9 avril 1994 ; 150, alinéas 1er et 2, de la Constitution
de la transition du 4 avril 2003.
42
Journal Officiel Zaïrois, n°7, 1er avril 1982, pp.11-27.
43
Article 103 de la Constitution de la République du Zaïre, telle que révisée par la Loi n°82-004 du 31 décembre 1982.
44
VUNDUAWE te PEMAKO (F.), A l'ombre du Léopard. Vérités sur le régime de Mobutu Sese Seko, tome I, Bruxelles,
éditions Zaïre Libre, 2000, pp.166-183.
26

L'article 60, alinéa 3, de la Constitution fut désormais libellé comme suit : « Il


(le Comité central) connaît des contestations électorales ». Il s'agit de toutes les élections
organisées dans le pays (élection présidentielle, élections législatives et au niveau des entités
administratives décentralisées).

L'exposé des motifs de la loi constitutionnelle du 27 janvier 1988 donne


l'explication suivante, de cette évolution : « Le contentieux électoral étant une matière
essentiellement politique, il est hautement indiqué qu'il soit vidé par un organe politique ».

Ainsi, en matière de contentieux électoral dans ce régime du monisme


intégral dit du Parti-Etat, le recours judiciaire est remplacé par le recours politique, selon
l'expression de l'exposé des motifs précité. Cette réforme du système de contrôle des élections
aurait dû être parachevée par la mise sur pied de la procédure devant le Comité central siégeant
en cette matière délicate.

Mais, le règlement intérieur du Comité central du MPR du 17 octobre 1986 ne


fut pas modifié pour intégrer cette évolution, probablement à cause de la précipitation des
évènements de l'Europe de l'Est, à la suite de la désintégration de l'URSS, qui obligèrent le
Président MOBUTU à faire des anticipations pour réformer le système politique du MPR.

La Cour suprême de justice ne récupérera son attribution du contentieux électoral


qu'en 1990. En effet, l'article 103 de la Constitution de la République du Zaïre, telle que
modifiée par la loi n°90-002 du 5 juillet 1990, énonçait que « sans préjudice des autres
compétences qui lui sont reconnues par la présente Constitution ou par les lois, la Cour suprême
de justice connaît des contestations nées des élections présidentielles, législatives et du
référendum ».

A ce jour aussi, la procédure devant la Cour suprême de justice n'a jamais été
modifiée pour tenir compte de cette révision constitutionnelle, les articles 136 à 143 de la
procédure portée par l'ordonnance-loi n°82-017 du 31 mars 1982 ayant été abrogés
27

indirectement et implicitement par l'article 1er des dispositions transitoires de la Constitution


révisée le 27 janvier 1988.)45

Par ailleurs, actuellement, la justice constitutionnelle a connu une évolution


notable en rapport avec le contrôle a priori d'actes législatifs et d'actes d'assemblée 46. En effet,
la Constitution de la transition du 4 avril 2003 a introduit la procédure de consultation préalable
et obligatoire de la Cour suprême de justice, toutes sections réunies, avant la promulgation des
lois organiques ou avant l'entrée en vigueur des règlements intérieurs de l'Assemblée nationale
et du Sénat.

Sous cette transition issue du dialogue de Sun City, on peut relever que les actes
législatifs en l'occurrence les lois ordinaires ne peuvent être promulguées sans la consultation
du juge constitutionnel ; mais si elle est faite, un texte de loi déclaré non-conforme à la
Constitution, quoique voté, ne peut plus être promulgué en l'état.

SECTION 2 ORGANISATION ET COMPETENCES DU JUGE


CONSTITUTIONNEL

Conformément à l’article 149 de la Constitution du 18 février 2006, la Cour


Constitutionnelle fait partie intégrante du pouvoir judiciaire. Ceci est une innovation parce que
les autres constitutions passées en faisaient plutôt un organe juridictionnel à part entière 47 ,
comme c’est le cas dans le système européen de justice constitutionnelle. Dans ce système, les
cours constitutionnelles sont composées d’une seule catégorie de membres. Cependant, la Cour
congolaise est composée de deux catégories de magistrats auxquels seront associés, en plus, de
nombreux collaborateurs directs.

Le constituant a fait la part des choses entre les membres proprement dits de la
Cour constitutionnelle et les magistrats du Parquet général près celle-ci. Il faut dire qu’une telle
composition bipartite de la Cour au niveau des magistrats est une originalité congolaise, car
aucun autre pays de tradition romano-germanique n’a institué un Ministère public
constitutionnel. Quel dosage juridique est-il fait dans l’organisation de ces magistrats

45
LUNDA BULULU (V. de P.), Conduire la première transition au Congo-Zaïre, collection Mémoires
africaines, Paris, Le Harmattan, 2003, pp.155-158
46
L’article 121, alinéa 2, de la Constitution de la transition
47
VUNDUAWE te PEMAKO, op.cit. ; p. 849
28

constitutionnels pour ne pas compromettre l’indépendance due à toute institution


juridictionnelle et, partant, son efficacité ? Pour y répondre, il convient de voir, tour à tour, les
membres proprement dits de la Cour constitutionnelle ainsi que les magistrats affectés à son
Parquet général.48

Paragraphe 1 Organisation

1.1 Membre de la Cour

Les critères pour devenir membres de la Cour Constitutionnelle sont ainsi variés

En fonction de la distinction établie par le constituant entre les membres nommés


en raison de leur qualité de juristes et les autres.

Les 2/3 des membres de la Cour doivent être des juristes ; et nul ne peut être
nommé à la Cour s'il ne justifie d'une « expérience éprouvée de quinze ans dans les domaines
juridique ou politique»49.

Concernant la première composante, en plus d’être juristes, la Constitution exige


que les 2/3 des membres de la Cour proviennent de trois horizons différents : la magistrature,
le barreau ou l’enseignement universitaire50. Par contre, s’agissant de la seconde composante,
c’est-à-dire les autres membres de la Cour, ils n’ont pas besoin d’être des juristes et s’ils le sont,
il faut qu’ils aient une expérience dans le domaine politique. Ce qui signifie que la Constitution
ne semble pas exclure l’hypothèse où la Cour ne serait composée que de juristes, dans la mesure
où les politiciens appelés à siéger en son sein peuvent également avoir des compétences avérées
en droit. Le nombre de 2/3 ci-dessus semble donc être un minimum en deçà duquel il est interdit
de descendre.

Ainsi, la compétence de désignation des membres de la Cour Constitutionnelle


est partagée entre le Président de la République, le Parlement et le Conseil supérieur de la
Magistrature, qui choisissent chacun trois membres. Aux termes de l’article 3, alinéa 2, de la
proposition de Loi organique, « Deux membres désignés par le Président de la République et

48
St. BOLLE, « Vers une Cour constitutionnelle à la congolaise », http://www.la-constitution-enafrique.org/, 24
septembre 2008
49
L'article 3, alinéa 2, de la proposition de Loi organique telle qu’amendée par la Commission PAJ de
l’Assemblée nationale.
50
Article 158 de la Constitution Congolaise du 18 Fevri2 2006.
29

un membre désigné par le Parlement doivent être issus du barreau ou de l’enseignement


supérieur ». Ce sont eux qui, avec les trois autres qui seront issus de la magistrature,
constitueront les 2/3 de membres juristes exigés à l’article 158 de la Constitution.

Une fois désignés, tous les membres de la Cour sont, en fin de compte, nommés
Par ordonnance présidentielle pour un mandat de neuf ans non renouvelable. Ils élisent parmi
eux le Président de la Cour pour un mandat de trois ans renouvelable une seule fois, au scrutin
majoritaire à deux tours au bulletin secret (article 7 de la proposition de Loi organique amendée
par la Commission PAJ). Ses fonctions sont de nature administrative : administration de la Cour
et de son personnel. Il est également le Président du Conseil supérieur de la Magistrature
(CSM)51.

Nul ne peut être nommé membre de la Cour : 1. s’il n’est Congolais ; 2. s’il ne
justifie d’une expérience éprouvée de quinze ans dans le domaine juridique ou politique. Est
nulle de plein droit toute nomination intervenue en violation des articles 2 et 3 de la présente
Loi organique.52

Les trois membres désignés par le Conseil Supérieur de la Magistrature sont


exclusivement choisis parmi les magistrats en activité. Le mandat des membres de la Cour est
de neuf ans. Il n’est pas renouvelable. La Cour est renouvelée par le tiers tous les trois ans.
Lors des deux premiers renouvellements, il est procédé au tirage au sort du membre sortant par
groupe pour les membres initialement nommés. Il est pourvu au remplacement de tous
membres de la Cour un mois au plus tôt ou une semaine au plus tard avant l’expiration du
mandat dans les conditions prévues aux articles 2 à 6 de la présente Loi organique.

Le membre de la Cour nommé en remplacement de celui dont les fonctions ont


pris fin avant terme achève le mandat de ce dernier. Il peut être nommé pour un autre mandat
s’il a exercé les fonctions de remplacement pendant moins de trois ans. Le Président de la Cour
est élu par ses pairs pour une durée de trois ans renouvelables une seule fois, dans les conditions
déterminées dans le Règlement Intérieur. Il est investi par Ordonnance du Président de la
République. Avant d’entrer en fonction, les membres de la Cour sont présentés à la Nation,
devant le Président de la République, l’Assemblée Nationale, le Sénat et le Conseil Supérieur

51
Article 18 de la Loi organique n°08/013 du 05 août 2008 portant organisation et fonctionnement du Conseil
supérieur de la Magistrature
52
Article 159 de la constitution du 18 Février 2006
30

de la Magistrature représenté par son Bureau. Ils prêtent serment devant le Président de la
République. Les membres de la Cour sont régis par un statut particulier.

1.2 Parquet Général près la Cour Constitutionnelle

L’institution d'un Parquet général près la Cour constitutionnelle, exerçant « les


fonctions de Ministère public près cette Cour » 53 peut paraître incongrue 54 . Le texte de la
Commission PAJ de l'Assemblée nationale propose, ainsi, d'assimiler ce Parquet aux autres
ministères publics près les juridictions de l'ordre judiciaire ou administratif. Il faut rappeler que
ce choix n'a été fait en droit positif par aucun des pays se rattachant au modèle essénien ou
européen de justice constitutionnelle. La Constitution de 2006, en son article 149, alinéa 2,
prévoit expressément que la Cour constitutionnelle, composante du pouvoir judiciaire «
indépendant du pouvoir législatif et du pouvoir exécutif » (article 149, alinéa 1), est dotée, à
l'instar des autres juridictions, d'un parquet, à charge pour le législateur organique de régler le
statut de ses membres et de circonscrire leurs fonctions. Ce Parquet sera composé d’un
Procureur général, du Premier Avocat général et de deux avocats généraux près la Cour
constitutionnelle55. Le Président de la République les nommera, parmi les magistrats de l’ordre
judiciaire ou administratif ayant au moins quinze ans d’expérience56, conformément au statut57
des magistrats du 10 octobre 2006, sur proposition du CSM pour un mandat de 6 ans,
renouvelable étant donné le silence du texte. Dès lors, quelques difficultés surgissent.
Premièrement, le Procureur général près la Cour constitutionnelle est membre du CSM58 et dont
il est le Premier Vice-président59.

Dès lors, un mandat de 6 ans sans autre précision paraît-il indiqué dans ces
Conditions ? Le Procureur général près la Cour constitutionnelle se déportera-t-il alors même
qu'aucune règle écrite ne semble l'y contraindre ? De même, le Président de la République
pourrait fort bien repousser la proposition de reconduction du haut magistrat sortant que
formulerait le CSM. Dans tous les cas, un tel magistrat perdrait son indépendance dans la

53
Article 11 de la proposition de Loi organique du député Bule, telle qu’amendée par la Commission PAJ
54
St. BOLLE, opacity. p.34
55
Article 13, alinéa 1, de la proposition de Loi organique du député Bule, telle qu’amendée par la Commission
PAJ
56
Article 13, alinéa 2, op.cit.
57
Loi organique n°06/020 du 10 octobre 2006 portant statut des magistrats.
58
Article 152, alinéa 2, point 2, de la Constitution du 18 février 2006.
59
Article 19, alinéa 1, point 1 de la Loi organique du 05 août 2008 portant organisation et fonctionnement du
Conseil supérieur de la Magistrature.
31

mesure où il serait amené à se mettre sous le « protectorat » du Président de la République en


vue de s’assurer un renouvellement aisé de son mandat. C’est pourquoi un mandat valable
jusqu'à la mise à la retraite ou un mandat non renouvelable, comme ce fut déjà prévu dans la
proposition initiale de l’honorable député Bule32, serait plus approprié.

1.2.1. Mission du parquet

Les missions du Parquet général près la Cour constitutionnelle seraient


essentiellement de quatre types : assurer le rôle du Ministère public dans toutes les affaires
pénales relevant de la compétence de la Cour, saisir la Cour en inconstitutionnalité pour la
protection des droits fondamentaux de la personne humaine60, assister à toutes ses audiences
avec la faculté de faire des observations orales, recevoir communication du dossier de procédure
en vue de formuler, dans un délai de 15 jours francs, un avis, après les conclusions des parties
et avant l'intervention du Rapporteur. Et bien que cette procédure semble emprunter au droit
privé et suscite déjà des critiques en doctrine, notamment celles du professeur Mampuya61, c'est
bien après cet avis du Ministère public que le Président de la Cour constitutionnelle confiera le
dossier à un membre de la Cour pour rapport62. Il s’agit là des fonctions assez délicates, mais
pour l’exercice desquelles les magistrats du Parquet général près la Cour constitutionnelle, aussi
bien que les membres proprement dits de celle-ci, sont secondés par un certain nombre des
collaborateurs directs.

Paragraphe 2 Compétences de la Cour du juge constitutionnel

Les compétences de la Cour résultent des dispositions des articles 74, 76, 99,
128, 139, 145, 160, 161, 162, 163, 164, 167 alinéa 1er et 216 de la Constitution.

La problématique de la compétence du juge constitutionnel a toujours suscité


un intérêt particulier : celui de déterminer la nature de ce juge tant il est vrai que le législateur
congolais, compte tenu de l'importance et de la sensibilité de la matière, a souvent affiché une
attitude très circonspecte.

60
Art 58 nouveau de la proposition de Loi organique de la Cour constitutionnelle, amendée par la Commission
PAJ de l’Assemblée nationale.
61
MAMPUYA KANUK’A TSHIABO, « A propos du projet de Loi organique sur la Cour constitutionnelle »,
Quotidien "Le Phare" du 9 avril 2008 ; article rapporté par St. BOLLE, « Quelle Cour constitutionnelle en RD
du Congo ? », http://www.la-constitution-en-afrique.org/, 16 avril 2008.
62
Article 38 nouveau de la proposition de Loi organique de la Cour constitutionnelle, amendée par la
Commission PAJ de l’Assemblée nationale.
32

Il en résulte qu'il y a sans nul doute une corrélation entre le type de régime
politique avec la compétence attribuée à une juridiction en matière constitutionnelle.

Pour être complet, disons d'un mot, que la compétence d'un juge est
son aptitude à instruire et à juger un litige tandis que le juge lui-même est l'autorité investie
de ce même pouvoir, dans les limites et l'étendue de ses attributions. Cette définition rejoint
la doctrine qui enseigne que la compétence peut s'analyser comme une aptitude légale, pour
une autorité publique ou une juridiction, à accomplir un acte ou à instruire et à juger un
procès.63

Il s'agira donc dans cette étude de saisir la compétence comme l'étendue et les
limites des attributions constitutionnelles et légales reconnues à la juridiction constitutionnelle
par le droit positif.

Il faut ajouter qu'à chaque niveau interviendra l'approche diachronique qui nous
permettra en même temps que nous étudierons le droit posé de jeter un regard appuyé sur le
passé qui est souvent révélateur de l'évolution de nos mécanismes institutionnels. Au
demeurant, abordant une matière essentiellement prétorienne, l'approche jurisprudentielle sera
ici abondamment utilisée.

Par ailleurs, les attributions de la juridiction constitutionnelle étant de nature


différente selon la classification que nous en avions dégagée en droit comparé, il importe
d'aborder le sujet par l'analyse des attributions en matière gracieuse avant d'aborder celles que
cette juridiction possède en matière contentieuse.

2.1 contrôle de constitutionnalité

La Cour connaît de la constitutionnalité des traités et accords internationaux,


des Lois, des actes ayant force de Loi, des édits, des Règlements Intérieurs des Chambres
parlementaires, du Congrès et des Institutions d’Appui à la Démocratie ainsi que des actes
règlementaires des autorités administratives.64

63
GUILLIEN (R.) et VINCENT (J.), Lexique des termes juridiques, 6ème édition, Paris, Dalloz, 1985, p.98
64
Article 43 de la Loi organique n° 1 n° 13 3/ /026 026 du 15 octobre 2013 15 octobre 2013 portant organisation
et fonctionnement de la cour constitutionnelle
33

A. Du Contrôle par voie d’action

Les Lois auxquelles la Constitution confère le caractère de Loi organique ne


Peuvent être promulguées qu’après déclaration par la Cour de leur conformité à la Constitution.
La Cour est saisie par le Président de la République. Elle statue dans le délai de quinze jours
de sa saisine. Passé ce délai, la Loi est réputée conforme. Avant d’être mis en application, le
Règlement Intérieur des Chambres parlementaires, du Congrès et ceux des

Institutions d’Appui à la Démocratie sont transmis à la Cour qui se prononce


sur leur conformité à la Constitution dans le délai de quinze jours à dater de sa saisine. Passé
ce délai, le Règlement Intérieur est réputé conforme.65

Les modifications des Règlements Intérieurs visés à l’alinéa précédent sont


Soumises à la même procédure. Les dispositions déclarées non conformes ne peuvent être
mises en application. Les Ordonnances prises après délibération en Conseil des Ministres par
le Président de la République, en cas d’état d’urgence ou de siège sont, dès leur signature,
soumises à la Cour. La Cour déclare, toutes affaires cessantes, si elles dérogent ou non à la
Constitution. Ces Ordonnances ne peuvent être mises en application que dans le respect des
dispositions de l’article 61 de la Constitution.66

La Cour peut être saisie d’un recours visant à faire déclarer une Loi à promulguer
non conforme à la Constitution par : Président de la République ou le Premier Ministre, dans
les quinze jours qui suivent la transmission à eux faite de la Loi définitivement adoptée ; le
Président de l’Assemblée Nationale, le Président du Sénat ou le dixième des Députés ou
Sénateurs au moins, dans les quinze jours qui suivent l’adoption définitive de la Loi. La Cour
se prononce dans les trente jours de sa saisine. En cas d’urgence, ce délai est ramené à huit jours
à la demande du Gouvernement. Passé ce délai, la Loi est réputée conforme.67

Toute personne peut saisir la Cour pour inconstitutionnalité de tout acte visé à
L’article 43 de la présente Loi organique à l’exception des traités et accords internationaux. A
l’exception des traités et accords internationaux, le Procureur Général saisit d’office la Cour

65
Idem, Article 44
66
Article 45 de la Loi organique n° 1 n° 13 3/ /026 026 du 15 octobre 2013 15 octobre 2013 portant organisation
et fonctionnement de la cour constitutionnelle
67
Article 46 de la loi de 2013 portantes organisations et fonctionnement de la cour constitutionnelle
34

pour inconstitutionnalité des actes visés à l’article 43 de la présente Loi organique lorsqu’ils
portent atteinte aux droits fondamentaux de la personne humaine ou aux libertés publiques.

Le recours visé à l’article 48 de la présente Loi organique n’est recevable que


s’il est introduit dans les six mois suivant la publication de l’acte au Journal Officiel ou suivant
la date de sa mise en application.68

Le recours en inconstitutionnalité d’une Loi d’approbation ou d’autorisation de


Ratification d’un traité n’est recevable que s’il est introduit dans les soixante jours qui suivent
la publication de cette Loi au Journal Officiel. Tout acte déclaré non conforme à la Constitution
est nul et de nul effet.69

B. Du contrôle par voie d’exception

Hormis les traités et accords internationaux, toute personne peut invoquer


l’inconstitutionnalité des actes cités à l’article 43 de la présente Loi organique dans une affaire
qui la concerne devant une juridiction. Ce droit est reconnu aussi à la juridiction saisie et au
Ministère public. Dans ce cas, la juridiction sursoit à statuer et saisit la Cour toutes affaires
cessantes. La Cour statue par un Arrêt motivé. Celui-ci est signifié à la juridiction concernée et
s’impose à elle. L’acte déclaré non conforme à la Constitution ne peut être appliqué dans le
procès en cours.70

2.2. L’interprétation De La Constitution

La Cour connaît des recours en interprétation de la Constitution à la requête du


Président de la République, du Gouvernement, du Président du Sénat, du Président de
l’Assemblée Nationale, d’un dixième des membres de chacune des Chambres parlementaires,
des Gouverneurs de Province et des Présidents des Assemblées Provinciales. La requête
mentionne les dispositions dont l’interprétation est sollicitée. La Cour statue dans le délai de
trente jours à compter du dépôt du recours. En cas d’urgence, à la demande du Gouvernement,
ce délai est ramené à huit jours. Sauf cas de force majeure dûment motivé, le dépassement de
ces délais entraîne les sanctions prévues par le statut des membres de la Cour.71

68
Article 50 de la loi portant organisation et fonctionnement de la cour constitutionnelle
69
Article 51 de la loi portant organisation et fonctionnement de la cour constitutionnelle
70
Article 53 de la loi portant organisation et fonctionnement de la cour constitutionnelle
71
Article 55 de la loi portant organisation et fonctionnement de la cour constitutionnelle
35

2.3. Conflit de compétences ou d’attribution

A. Entre le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif

La Cour connaît des conflits de compétence entre le pouvoir exécutif et le


Pouvoir législatif. Il y a conflit de compétence lorsque l’un des actes énumérés à l’article 43 de
la présente Loi organique est pris par l’un des pouvoirs en violation du domaine de compétence
matérielle de l’autre. La Cour statue sur saisine des autorités ou du groupe d’autorités citées à
l’article 54 de la présente Loi organique. Elle se prononce sur le caractère législatif ou
règlementaire des matières en cause. A la demande du Gouvernement, la Cour détermine le
caractère règlementaire d’une matière réglée par une Loi mais relevant désormais du domaine
règlementaire.72

B. Entre l’Etat et les Provinces

La Cour connaît des conflits de compétence entre l’Etat et les Provinces. Il y a


conflit de compétences lorsque l’un des actes énumérés à l’article 43 de la présente Loi
organique est pris en violation des articles 202 à 205 de la Constitution. La Cour statue sur
saisine des autorités ou du groupe d’autorités citées à l’article 54 de la présente Loi organique.
Elle se prononce sur l’échelon du pouvoir compétent. Dans les matières relevant de la
compétence concurrente entre l’Etat et les Provinces, énumérées à l’article 203 de la
Constitution, tout édit incompatible avec les Lois et les règlements nationaux est nul de plein
droit. Le recours introduit dans ce cadre est précédé de la notification de la nature de
l’incompatibilité à la Province concernée.73

C. Entre les ordres de juridictions

La Cour connaît des conflits d’attribution entre les ordres de juridiction. Il y a


conflit d’attribution, lorsque la Cour de Cassation et le Conseil d’Etat déclarent tous une
juridiction de l’ordre judiciaire et une juridiction de l’ordre administratif compétente ou
incompétente pour connaître d’une même demande mue entre les mêmes parties. Le recours
n’est recevable que si une exception d’incompétence a été soulevée par ou devant la Cour de

72
Article 60 de la loi portant organisation et fonctionnement de la cour constitutionnelle
73
Article de la loi portant organisation et fonctionnement de la cour constitutionnelle
36

cassation ou le Conseil d’Etat au motif que la demande relève en tout ou en partie de l’autre
ordre.74

La demande n’est recevable que dans les deux mois de la signification de la


décision d’où résulte le conflit. Lorsque la Cour de Cassation et le Conseil d’Etat ont, l’une et
l’autre, déclaré une juridiction de l’ordre judiciaire et une juridiction de l’ordre administratif
compétentes, celle-ci sursoit à statuer quant au fond jusqu’à l’expiration du délai prévu à
l’article précédent et, en cas de recours, jusqu’à la décision sur le conflit. Lorsque la Cour a
vidé le conflit, la juridiction de l’ordre qui n’a pas été reconnu compétente est dessaisie de plein
droit de l’action pendante devant elle. La juridiction de l’ordre reconnue compétente est seule
habilitée à trancher le fond du litige sur une nouvelle demande de la partie la plus diligente dans
le respect des règles prévues par la Loi. La prescription est suspendue pendant la procédure de
règlement du conflit. L’Arrêt de règlement de conflit s’impose aux deux ordres de juridiction.
75

2.4. De la compétence pénale

La Cour est la juridiction pénale du Président de la République et du Premier


Ministre pour les infractions politiques de haute trahison, d’outrage au Parlement, d’atteinte à
l’honneur ou à la probité ainsi que pour délit d’initié. 76 Elle connaît aussi des infractions de
droit commun commises par l’un ou l’autre

Dans l’exercice ou à l’occasion de l’exercice de ses fonctions. Elle est également


compétente pour juger leurs coauteurs et complices.

Il y a haute trahison lorsque le Président de la République a violé


intentionnellement la Constitution ou lorsque lui ou le Premier Ministre est reconnu auteur,
coauteur ou complice des violations graves et caractérisées des droits de l’homme ou de cession
d’une partie du territoire national.77

Le Président de la République ou le Premier Ministre se rend également


coupable de l’infraction de haute trahison lorsque l’un ou l’autre : institue ou tente d’instituer
un parti unique sous quelque forme que ce soit ; manque à son devoir de sauvegarder l’unité de

74
Article 67 de la loi portant organisation et fonctionnement de la cour constitutionnelle
75
Articla 71 portant organisation et fonctionnement de la cour constitutionnelle
76
Article 72 portantes organisations et fonctionnement de la cour constitutionnelle
77
Article 73 portantes organisations et fonctionnement de la cour constitutionnelle
37

la République et l’intégrité de son territoire ; détourne les forces armées de la République à ses
fins propres ; organise des formations militaires, paramilitaires ou des milices privées ou
entretient une jeunesse armée. La haute trahison est punie de la servitude pénale à perpétuité.78

Il y a atteinte à l’honneur lorsque le comportement personnel du Président de


la République ou du Premier Ministre est contraire aux bonnes mœurs.

L’atteinte à l’honneur est constituée des faits définis dans les sections III et IV
Du titre VI du Code Pénal, Livre II, et est punie des peines privatives de liberté qui y sont
prévues, ainsi que d’une amende de dix à cinquante millions de Francs congolais. Il y a atteinte
à la probité lorsque le Président de la République ou le Premier Ministre est reconnu auteur,
coauteur ou complice de détournement de deniers publics, de corruption ou d’enrichissement
illicite. L’atteinte à la probité est constituée des faits prévus dans la section VII du titre IV du
Code Pénal Livre II et est punie des mêmes peines.79

Il y a délit d’initié dans le chef du Président de la République ou du Premier


Ministre lorsque l’un ou l’autre effectue des opérations sur valeurs immobilières ou sur
marchandises à l’égard desquelles il possède, en raison de ses fonctions, des informations
privilégiées et dont il tire profit avant que celles-ci ne soient connues du public. Il englobe
l’achat ou la vente d’actions fondées sur des renseignements qui ne seraient jamais divulgués
aux actionnaires. Le délit d’initié est puni d’une servitude pénale principale de dix à vingt ans
et d’une amende de dix à cinquante millions de Francs congolais.80

Il y a outrage au Parlement, lorsque, sur des questions posées par l’une ou


l’autre Chambre du Parlement sur l’activité gouvernementale, le Premier Ministre ne fournit
aucune réponse dans un délai de trente jours à dater de la réception de la question. L’outrage
au Parlement est puni de cinq à dix ans de servitude pénale principale. La décision de
poursuites et la mise en accusation du Président de la République ou du Premier Ministre sont
votées à la majorité de deux tiers des membres du Parlement réunis en Congrès. 81

2.5. Du contentieux électoral

78
Article 75 portantes organisations et fonctionnement de la cour constitutionnelle
79
Article 77 2013 portant organisation et fonctionnement de la cour constitutionnelle
80
Article 78 2013 portant organisation et fonctionnement de la cour constitutionnelle
81
Article 80 2013 portant organisation et fonctionnement de la cour constitutionnelle
38

La Cour est jugée du contentieux des élections présidentielles, législatives


nationales et du référendum. Elle connaît des recours en contestation de la régularité des
candidatures, des résultats des élections présidentielles, législatives nationales ainsi que du
référendum. Elle proclame les résultats définitifs de ces consultations. 82

Ainsi, en guise de conclusion partielle de ce premier chapitre il faut savoir par


rapport à la Cour Constitutionnelle que Conformément à l’article 149 de la Constitution du 18
février 2006 telle que modifiée et complétée à ce jour, la Cour constitutionnelle fait partie
intégrante du pouvoir judiciaire. Ceci est une innovation parce que les autres constitutions
passées en faisaient plutôt un organe juridictionnel à part entière.83

Les articles 157 à 169 de la Constitution sont consacrés à la Cour


Constitutionnelle. Ces dispositions sont complétées par la loi organique n°13/026 du 15 octobre
2013 portant organisation et fonctionnement de la Cour constitutionnelle.

De manière générale, si la plupart des questions relatives à l’organisation et au


fonctionnement de la Cour constitutionnelle, notamment quant à ses compétences, à sa
procédure et aux effets de ses décisions sont déjà, en principe, réglées par la Constitution et la
loi organique susvisée, l’article 41 de ce dernier texte renvoie cependant à un Règlement
intérieur pour les compléter, tout comme l’article 88 qui reconnait au Règlement de la Cour le
pouvoir de fixer le nombre et la dénomination des rôles.

82
Article 81 2013 portant organisation et fonctionnement de la cour constitutionnelle
83
KABANGE NTABALA, op.cit., p.3.

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