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La Cour constitutionnelle

La constitution marocaine de 2011 a instauré dans ses articles 129 à 134 une Cour constitutionnelle.
La loi organique 066.13 est venue déterminer les règles d’organisation et de fonctionnement de
cette cour. Cela ne veut pas dire que le droit marocain ne connaissait pas cette institution avant cette
date, bien au contraire, l’institution de la justice constitutionnelle au Maroc est fait ancien qui s’est
produit après l’indépendance du pays.

En effet, c’est dans le cadre de la première constitution de 1962 que fut crée une chambre
constitutionnelle au sein de la cour suprême. Un conseil constitutionnel vient se substituer à celle-ci
dans le cadre de la constitution de 1996.

La Cour constitutionnelle a une place particulière dans le système juridictionnelle car elle
n’appartient ni aux juridictions ordinaires ni aux juridictions ordinaires spécialisées.

La constitution de 2011 s’est inspirée du model anglosaxon en la matière, c'est-à-dire, le contrôle


judiciaire de la constitutionnalité des lois plusieurs indicateurs le prouvent. D’abord la constitution a
traité la cour constitutionnelle dans son titre VIII juste après le titre consacré au pouvoir judiciaire.
Ensuite, dans l’article 130 elle a insisté sur le fait que le choix des membres de la Cour doit se porté
sur des personnalités disposant d’une haute formation dans le domaine juridique et d’une
compétence judiciaire, doctrinale ou administrative.

A. La composition de la Cour constitutionnelle

Aux termes de l’article 130 de la constitution du 29 juillet 2011 et de l’article 1 de la loi organique n°
066.13 du 13 août 2014 relative à la Cour constitutionnelle. Celle-ci est composée de douze (12)
membres nommés pour une durée de neuf (9) ans non renouvelable, parmi les personnalités
disposant d'une haute formation dans le domaine juridique et d'une compétence judiciaire,
doctrinale ou administrative, ayant exercé leur profession depuis plus de quinze (15) ans, et
reconnues pour leur impartialité et leur probité.

Ces membres sont répartis comme suit:

- six (6) membres désignés par dahir, dont un membre proposé par le secrétaire
général du Conseil supérieur des Ouléma;

- trois (3) membres élus par la Chambre des représentants ;

- trois (3) membres élus par la Chambre des conseillers.

Le Roi nomme le président de la Cour constitutionnelle par dahir parmi les membres composant
ladite Cour.

Les dahirs de nomination du président et des membres de la Cour Constitutionnelle nommés par le
Roi, ainsi qu'un extrait des procès-verbaux de la séance plénière des deux chambres du Parlement
contenant les résultats des élections des membres de chacune des deux chambres sont publiés au
Bulletin officiel.

Pour éviter tout soupçon de partialité les fonctions des membres de la Cour sont incompatibles avec
celle de membres de gouvernement, du parlement, du Conseil supérieur du pouvoir judiciaire, du
Conseil économique, social et environnemental ou de toute instance et institution prévues au titre
XII de la Constitution.

Elles sont également incompatibles avec l'exercice de toute autre fonction publique ou mission
publique élective ou tout emploi salarié dans une société commerciale et avec l'exercice de fonctions
rémunérées par un État étranger, une organisation internationale ou une organisation internationale
non gouvernementale, et avec l’exercice de toute profession à titre libéral.

Les cas de remplacement des membres de la Cour sont prévus à l’article 12 de la loi 066.13.

B. Les attributions de la Cour constitutionnelle

D’après l’article 132 de la constitution la Cour constitutionnelle exerce les attributions qui lui sont
dévolues par les articles de la constitution et les dispositions des lois organiques. Elle statue par
ailleurs, sur la régularité de l’élection des membres du parlement et des opérations des référendums.

Initialement, dans l’esprit des constituants, la chambre constitutionnelle et par la suite le conseil
constitutionnel étaient conçu comme un organe chargé de contrôler l’activité législative et de veiller
au respect des pouvoirs du gouvernement. Ce rôle s’est considérablement élargi avec

l’instauration de la Cour constitutionnelle qui va s’imposer désormais comme la gardienne des droits
et libertés fondamentaux.

On peut résumer l’essentiel des attributions constitutionnelles de la Cour aux cas suivants :

- Les lois organiques avant leur promulgation et les règlements de la chambre des
représentants et de la chambre des conseillers, avant leur application, doivent être soumis à la cour
constitutionnelle qui se prononce sur leur conformité à la constitution. (Contrôle obligatoire)

- Les lois avant leur promulgation (contrôle a priori de la constitutionalité des lois), peuvent
être déférées à la cour constitutionnelle par le Roi, le chef du gouvernement, le président de la
chambre des représentants, le président de la chambre des conseillers, ou par le cinquième des
membres de la chambre des représentants ou par quarante membres de chambre des conseillers.
(Contrôle facultatif)

- La Cour peut être saisie par le Roi, le chef du gouvernement, le président de la chambre des
représentants, le président de la chambre des conseillers, le sixième des membres de la première
chambre ou le quart des membres de la deuxième chambre, pour se prononcer sur la conformité
d’un engagement international à la constitution. Si la cour déclare que celui-ci comporte une
disposition inconstitutionnelle, sa ratification ne peut intervenir qu’après la révision de la
constitution.

- En matière juridictionnelle, la Cour constitutionnelle statue sur la régularité de l’élection des


membres du parlement et des referendums.

- La Cour constitutionnelle est compétente pour connaitre d’une exception


d’inconstitutionnalité soulevée au cours d’un procès, lorsqu’il est soutenu par l’une des parties que la
loi dont dépend l’issue du litige, porte atteinte aux droits et libertés garanties par la Constitutions
( contrôle a posteriori de la constitutionalité des lois).

Dans le premier et le deuxième cas la Cour constitutionnelle statue dans un délai d’un mois à
compter de sa saisine, toutefois, à la demande du gouvernement, s’il y a urgence, ce délai est
ramené à huit jours. Dans ces mêmes cas la saisine de la Cour suspend le délai de promulgation et
une disposition est déclarée inconstitutionnelle ne peut être promulguée ni mise en application.

Dans le dernier cas si la Cour déclare une disposition inconstitutionnelle celle-ci est abrogée à
compter de la fixée par la Cour dans sa décision.

Les décisions de la Cour constitutionnelle ne sont susceptibles d’aucun recours. Elles s’imposent aux
pouvoirs publics et à toutes les autorités administratives et judiciaires.

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