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Nom : Ahmada Tel : 778722621

UCAD 2022/2023

FACULTE DES SCIENCES JURIDIQUES ET POLITIQUES (FSJP)

NIVEAU : LICENCE III

COURS : CONTENTIEUX CONSTITUTIONNEL

PROF : Meïssa DIAKHATE

NOTION DE CONTENTIEUX DE CONSTITUTIONNEL

Le constitutionnalisme est un courant d’idée apparu au XVIII ème siècle en Europe et en


Amérique du Nord. C’est un mouvement historique qui préconise l’adoption de constitution
écrite dans le but de faire obstacle à l’arbitraire du pouvoir. Cette philosophie qui se veut
libérale est également caractéristique de l’évolution constitutionnelle en Afrique Sub-
Saharienne Francophone. Après une brève phase démocratique, à l’aube des indépendances,
il faut attendre le début des années 1990 pour assister à l’avènement du renouveau
démocratique. D’abord, les États se sont dotés de constitution écrite, d’inspiration
démocratique et libérale. Ensuite, les règles de valeurs constitutionnelles sont plus
nombreuses, plus importantes, plus protectrice des droits de l’homme. Enfin, la violation des
normes constitutionnelles par les pouvoirs publics connaît dans certains cas, un début de
sanction par le juge constitutionnel. Plus particulièrement, la vague de démocratisation des
années 1990, à contribuer à l’évolution sémantique de la constitution (I) et au développement
du contentieux constitutionnel (II).

I- LES DIFFERENTS SENS DE LA CONSTITUTION

Les constituions démocratiques peuvent revêtir toute une variété de forme mais aussi de
contenu. Plus simplement l’évolution constitutionnel permet de définir la constitution en
terme d’institution politique (A) et de norme suprême (B)
A- LA CONSTITUTION, UN ENSEMBLE D’INSTITUTIONS POLITIQUES

La naissance des constitutions écrites coïncident avec le rayonnement des régimes


démocratiques organisées selon le principe des séparation des pouvoirs. La distribution des
pouvoirs entre les organes exécutifs, législatifs et judiciaires est une architecture politique qui
trouve son siège dans l’article 16 de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen de
1789 proclamant que « toute société dans laquelle la garantie des droits n’est pas assurée, ni
la séparation des pouvoirs déterminés n’a point de constitution ». Sous ce rapport, la
constitution organise les pouvoirs publics composant l’État et détermine leurs relations. La
finalité est sans doute de permettre l’équilibre des pouvoirs en tant que fondement de la liberté
politique. D’ailleurs, Marcel Prélot estime que la constitution est l’ensemble des règles qui
fondent l’État dans son existence, en déterminant les formes, lui procurent ses structures et
son organisation. Dans ce cadre, la constitution fixe les compétences des différents organes de
l’État et la manière dont ils sont désignés, tout en réglant les rapports entre les pouvoirs (la
faculté de se contrôler mutuellement). En droit constitutionnel contemporain, la mutation est
amorcée sous la plume du doyen Hauriou qui fonde l’idée de dualité de la constitution. Il est
ainsi distingué la constitution politique consacrée à l’organisation et au fonctionnement de
l’État et la constitution sociale relative aux droits et libertés des citoyens. Désormais, les
droits et libertés sont érigés en règles juridiques soumises à l’interprétation et à la garantie du
juge. Ils s’appliquent tant dans les relations entre les pouvoirs publics et les particuliers
qu’entre les personnes privées. À la limite, les droits et libertés constituent un nécessaire
contre-pouvoir démocratique.

A- LA CONSTITUTION, UNE NORME SUPREME

La constitution apparaît selon Hans Kelsen, comme la norme suprême de l’ordre juridique
interne. Cet ordre juridique peut être représenté par une pyramide des normes. La constitution
occupe le sommet de cette pyramide tandis que les autres normes juridiques (lois,
règlements) vont occuper, selon leur rang hiérarchique, les différents étages inférieurs.
L’organisation du système normatif repose, pour une grande part sur la constitution dont le
rôle essentiel est de réguler le processus de création des normes. Après avoir causé le principe
même de leurs créations, la constitution détermine comment les normes d’un ordre juridique
donné vont être créés, c’est-à-dire et selon quelle procédure, les règles de droit seront créées
ou produite. Sous ce rapport, les normes inférieures tirent leurs validités juridiques de la
conformité à la norme supérieure jusqu’à aboutir à la norme suprême ou constitution de
l’État. Ainsi, la constitution demeure un acte juridique qui exerce une supériorité sur les
autres normes. Mais pour être effective, elle a besoin d’une garantie juridictionnelle. C’est
la mission assignée à la justice constitutionnelle, à travers notamment la fonction d’interprète
authentique de la constitution.

II- LA SPECIFICITE DU CONTENTIEUX CONSTITUTIONNEL

L’idée de supériorité de la constitution en tant que norme fondamentale justifie


l’aménagement d’un système de garantie juridictionnel efficace. Cela suppose une certaine
conception du contentieux constitutionnel (A) et un système juridictionnel prévu à cet effet
(B)

A- LES DIFFERENTES CONCEPTIONS DU CONTENTIEUX CONSTITUTIONNEL

L’expression contentieux constitutionnel a une double signification. Au sens strict, le


contentieux constitutionnel désigne l’ensemble des règles d’organisation et de
fonctionnement de la juridiction constitutionnel par opposition au fond du droit. Avec la
possibilité de porter un tel contentieux devant des juridictions présentant des caractères
juridictionnels, le contentieux constitutionnel correspond désormais à un objet plus précis.
Cela nécessite que l’on soit en présence d’une juridiction dont le statut consacre
l’indépendance de ses membres. Entendu de manière large, le contentieux constitutionnel se
rapporte à l’ensemble des litiges liés à l’application de la constitution. L’usage de
l’expression implique alors une contestation, un litige devant une juridiction et dont l’objet est
une disposition de nature constitutionnelle. Cette compréhension a pour avantage d’inclure
l’ensemble des décisions rendues par les juridictions chargées d’appliquer la constitution.

B- LES SYSTEMES DE CONTENTIEUX CONSTITUTIONNEL

À priori, deux systèmes s’imposent dans la classification des types de contentieux


constitutionnel. Dans le système institué aux États Unies, la justice constitutionnelle est
confiée à l'ensemble de l’appareil juridictionnel. Il ne se distingue pas de la justice ordinaire
dans la mesure où tous les litiges, quelle que soient leurs natures, sont jugée par les mêmes
tribunaux. Dans ce pareil système, la dimension constitutionnelle peut être présente dans
tous les litiges et ne n’exige pas un traitement particulier. Il a été établi par la Cour
suprême des États Unies à partir des célèbres arrêts de 1803 Marbury Madison. Dans cet
arrêt, la cour suprême s’est reconnue compétente pour écarter une loi contraire à la
constitution. Il s’agit d’un système défensif qui repose sur plusieurs caractéristiques : un
contrôle diffus ou décentralisé, un contrôle concret ou incident, un contrôle par voie
d’exception.

Par ces travaux Hans Kelsen a mis au point un autre système de justice constitutionnelle
(modèle européen) fonctionnant différemment de celui des Etats-Unis. Le contentieux porté
devant une juridiction constitutionnelle et tout autre. Il est de nature constitutionnelle,
distincte du contentieux ordinaire. Quelle que soit sa dénomination (Cour constitutionnelle,
Tribunal constitutionnel, Haute cour constitutionnelle, Conseil constitutionnel), il est
question, d’une juridiction créée pour connaître spécialement et exclusivement du contentieux
constitutionnel, situé hors de l’appareil judiciaire ordinaire et indépendante de celui-ci. Ce
modèle offensif, inventé en Europe, présente un certain nombre de caractéristiques propres :
Un contrôle concentré, des décisions revêtues de l’autorité absolue de la chose jugée et un
contrôle par voie d’action (un procès objectif fait à la loi). Particulièrement en Afrique, le
renouveau de la justice constitutionnelle a donné lieu à un modèle variable. Le système adopté
par les États, s’il se rapproche du modèle européen de justice constitutionnelle, n’est pas en
soi une reproduction à l’état pur ; on y observe l’utilisation de procédés appartenant aux deux
modèles. C’est ainsi que les cours constitutionnelles du Bénin et de Gabon ainsi que le
Conseil constitutionnel du Sénégal peuvent être saisies d’un contrôle avant la promulgation
de la loi mais aussi d’un recours en inconstitutionnalité par le biais de l’exception dite
d’inconstitutionnalité.

CHAPITRE II : LE CONSEIL CONSTITUTIONNEL, UNE INSTITUTION AUTONOME


SPECIALISEE

La naissance de la justice constitutionnelle au Sénégal remonte à l’ordonnance n °60-17 du


30 Septembre 1960 portant loi organique sur la Cour suprême. Il ressort de l’article 1er de
cette ordonnance que la cour suprême se prononce sur la constitutionnalité des lois et des
engagements internationaux. Dans un contexte d’unité de juridiction, les attributions
constitutionnelles de la cour suprême étaient dévolues à une formation intégrée à la
juridiction. Les affaires entrant dans la compétence de la cour suprême en vertu de l’article
1er précité sont portées devant les « sections réunies ». À la suite de la crise politique de
1988 (Contestation des résultats de l’élection présidentielle, revendication estudiantine
entrainant une année blanche), l’État sénégalais a entrepris d’importantes réformes juridiques
aboutissant à l’adoption de la loi n°92-17 du 7 Février 1992 portant code électoral (appelé
code consensuel ), ainsi que l’instauration d’une dualité de juridiction au sommet de
l’organisation judiciaire par la loi n°92-22 du 30 mai 1992 portant révision de la constitution
(une Cour de Cassation, un Conseil d’État, un Conseil constitutionnel et, en 1999, une
cour des comptes). La justice constitutionnelle venait ainsi d’être autonome (I) et spécialisé
par le traitement du contentieux jusque-là dévolue à la Cour suprême en matière
constitutionnelle (II).

I- L’AUTONOMIE DU CONSEIL CONSTITUTIONNEL

Le Conseil constitutionnel bénéficie, en tant qu’institution de la République (au sens de


l’article 6 de la Constitution du 22 Janvier 2001) d’une large autonomie, principale pré
caractéristique par rapport à l’ancienne Cour suprême. Cette autonomie est garantie par la loi
organique n°2016-23 du 14 Juillet 2016 relative au Conseil Constitutionnel abrogeant la loi
organique n° 92– 23 du 30 mai 1992. Il est ainsi reconnu au Conseil, une autonomie
administrative et financière (A) et au juge constitutionnel des garanties d’indépendance (B).

A- L’AUTONOMIE ADMINISTRATIVE ET FINANCIERE

Le Conseil dispose d’une autonomie administrative et financière indispensable à l’exercice de


sa mission constitutionnelle.

1- L’AUTONOMIE ADMINSITRATIVE

L’autonomie administrative se traduit par d’importante prérogative reconnue au président du


Conseil constitutionnel. Aux termes du décret n° 2021-300 du 25 Février 2021 portant
approbation du règlement intérieur du Conseil Constitutionnel, le Président est chargé de
l’administration et de la discipline du Conseil constitutionnel. Il exerce directement son
autorité sur tout le personnel, organise un travail et réparti les tâches entre les membres du
Conseil. À cet effet, il dispose d’un cabinet dont les membres, nommés par lui, comprennent
notamment un directeur de cabinet, une assistante de direction, un chargé du protocole,
un chargé de communication et d’un chauffeur. Le Conseil constitutionnel dispose pour sa
part, un secrétariat, dirigé par le greffier en chef, d’un service d’études et de documentation
ainsi que d’un service administratif et financier. Ces différents services sont placés sous
l’autorité du président du Conseil constitutionnel. Le service d’étude et de documentation
comprend outre le coordonnateur qui est un membre du Conseil, des magistrats des cours et
tribunaux et des enseignants des facultés de droit ainsi que d’un greffier en chef, d’un greffier,
d’un bibliothécaire, et/ou archiviste, d’un chargé de communication, et d’un informaticien
administrateur de site. Le service administratif et financier comprend le bureau du
personnel et de gestion ainsi que le bureau de la comptabilité des matières. Le chef du service
est nommé par ordonnance du Président du Conseil constitutionnel. Il est chargé de la
préparation du projet de budget. En outre, il assure le suivi de l’exécution de budget dans les
conditions déterminées par le règlement intérieur du Conseil constitutionnel.

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