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DROIT COMMERCIAL

Section 2 : L’inscription au registre du commerce et du crédit mobilier


Celle-ci est parfois présentée, eu égard à son importance particulière, comme une
condition d’accès à la profession commerciale. Cela n’est pas vrai, car il s’agit d’une
véritable obligation qui pèse sur les personnes physiques commerçantes.
Selon l’article 44, al. 1 AUDCG « toute personne physique dont l’immatriculation est
requise par la loi doit, dans le premier mois de l’exercice de son activité, demander au
greffe de la juridiction compétente ou à l’organe compétent dans l’Etat Partie, dans le
ressort de laquelle son activité se déroule, son immatriculation au Registre du
Commerce et du Crédit Mobilier ».
Il apparaît que l’immatriculation est beaucoup plus qu’une formalité légale ou une
simple condition d’accès à l’activité commerciale. Elle doit s’analyser en une véritable
obligation incombant à tout commerçant dès son entrée en activité.

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Si le commerçant est tenu de s’immatriculer, selon les articles 34, 39 et 62 AUDCG,
l’entreprenant quant à lui doit déclarer son activité au registre du commerce.
Organisé par les articles 34 à 81 AUDCG, le Registre du Commerce et du Crédit
Mobilier (R.C.C.M) est une institution fondamentale dont le but est de pallier les
difficultés d’avoir des renseignements précis sur les commerçants ou les entreprenants.
Le registre de commerce est important car c’est un instrument d’information pour les
pouvoirs publics qui ont besoin de renseignement et de statistiques pour diriger
l’économie.
C’est aussi un instrument d’information pour les tiers, il est nécessaire en effet que le
tiers appelé à faire crédit à des commerçants ou entreprenants puisse obtenir rapidement
les renseignements susceptibles de justifier l’octroi de ce crédit ou de légitimer une
prudente réserve.
Il répond aussi à la nécessité de mettre en place un système efficace permettant
d’atteindre les objectifs suivants :
● centralisation de l’information ;
● accessibilité des renseignements pour la transparence et la loyauté dans les affaires ;
● fiabilité des informations pour une meilleure sécurité et célérité des affaires.
Paragraphe 1 : L’organisation du R.C.C.M
Les articles 37, 75 et 77 de l’AUDCG indiquent avec précision les divers registres,
répertoires et dossiers qui doivent être tenus tant pour l’immatriculation des
commerçants que pour la déclaration d’activité de l’entreprenant et pour les inscriptions
des sûretés mobilières et du crédit-bail.
Ainsi, l’ensemble des RCCM et des fichiers nationaux de la zone OHADA devraient
tenir les mêmes registres et répertoires, demander les mêmes informations et documents
aux assujettis. Par voie de conséquence, le fichier régional devrait recevoir les mêmes
informations et documents des fichiers nationaux de chaque Etat partie. L’objectif étant
que les informations données par les registres et fichiers pour chaque assujetti et pour
chaque Etat partie soient équivalentes et que les assujettis ne soient plus soumis à des
demandes d’information et de pièces d’information différentes dans les Etats parties.
Cette harmonisation était enfin indispensable pour l’informatisation, la mise en place de
l’utilisation des procédures électroniques pour l’exécution de ses

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missions par le RCCM et les fichiers, ainsi que pour l’accomplissement de leurs
obligations par les assujettis.
Il y a trois éléments, le RCCM proprement dit que l’on appelait autrefois le registre
local, le fichier national qu’on appelait le registre central et le registre régional.
A. Le fichier local
Il est tenu au greffe du tribunal compétent en matière commerciale ou par un organe
compétent dans chaque Etat partie sous la surveillance du président du tribunal ou d’un
juge commis à cet effet. Il comprend quatre éléments :
▬ un registre d’arrivée mentionnant dans l’ordre chronologique la date et le numéro de
chaque déclaration acceptée, les noms, prénoms, raison ou dénomination sociale du
déclarant ainsi que l’objet de la déclaration ;
▬ un répertoire des personnes immatriculées et des entreprenants tenu par ordre
alphabétique ;
▬ un répertoire par numéro des personnes immatriculées et des entreprenants ;
▬ une collection de dossiers individuels pour chaque entreprenant et chaque personne
immatriculée tenue par ordre alphabétique.
B. Le fichier national
Il est tenu dans chaque Etat partie un fichier national. Le fichier national est quant à lui
tenu par l’organe désigné par chaque Etat partie, sous la surveillance du ministère de la
Justice. Il centralise les renseignements consignés dans chaque Registre du Commeret
du Crédit Mobilier.

C. Le fichier régional
Il est tenu au greffe de la C.C.J.A. Ce fichier centralise les renseignements contenus
dans chaque fichier national.

Paragraphe 2 : Le fonctionnement du R.C.C.M.

A. L’opération initiale

1. Les persones assujetties

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L’AUDCG étend à plusieurs types de personnes la possibilité de faire des demandes
d’immatriculation. Au-delà des catégories classiques que sont les personnes physiques
commerçantes et les sociétés commerciales, le texte mentionne également les sociétés
civiles par leur forme et commerciales par leur objet, le groupement d’intérêt
économique, les succursales au sens de l’Acte uniforme relatif au droit des sociétés
commerciales et du groupement d’intérêt économique (AUDSC-GIE), toute personne
physique exerçant une activité professionnelle ou tout groupement doté de la
personnalité juridique que la loi soumet à l’immatriculation au RCCM, les
établissements publics ayant une activité économique et bénéficiant d’une autonomie
juridique et financière108. L’introduction des derniers cités est la preuve d’une réelle
volonté de transparence, y compris pour les operateurs du secteur public. Le but
recherché est que toutes les entités soient répertoriées.
108 AUDCG, Art. 35.
Les personnes physiques ont l’obligation d’introduire une requête dans le premier mois
de l’exploitation.
La demande d’immatriculation doit être introduite dans le mois de la constitution du
groupement commercial.
Sont enfin concernés les entreprenants qui sont tenus de déclarer leur activité au greffe
de la juridiction compétente ou à l’organe compétent dans l’Etat partie, dans le ressort
duquel ils exercent.
L’entreprenant ne peut commencer son activité qu’après la réception de son numéro de
déclaration d’activité, lequel sera mentionné sur ses factures, bons de commande, tarifs
et documents ou correspondances professionnels.
L’immatriculation et la déclaration d’activité de l’entreprenant sont incompatibles, car
le régime juridique de l’entreprenant est distinct de celui du commerçant immatriculé.

2. Les modalités

La demande d’immatriculation est déposée au greffe de la juridiction compétente ou à


l’organe compétent dans l’Etat partie, dans le ressort de laquelle se trouve le commerce

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lorsqu’il s’agit de personnes physiques. Pour les personnes morales, la demande est
déposée au greffe de la juridiction compétente ou à l’organe compétent

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Les articles 66 et 69 l’AUDCG organisent le contentieux entre le greffier et les assujettis,
mais aussi entre les tiers et le greffier.
L’organisation du contentieux permet de rendre effectifs les droits résultant des
missions, et notamment celui d’avoir, dès le dépôt, le numéro d’immatriculation et de
déclaration d’activité ainsi que, pour les tiers, leur droit à obtenir l’information détenue
par le RCCM. Dans la logique de permettre l’accès des tiers aux informations détenues
par le greffe, l’AUDCG donne le droit à ces derniers de saisir la juridiction compétente
ou l’autorité compétente dans l’Etat partie, statuant à bref délai, en cas de manquement
à une formalité prescrite par l’AUDCG. Les tiers deviennent ainsi des acteurs importants
dans l’exactitude et l’actualisation des informations répertoriées.

L’intérêt de tous étant que l’information fournie soit exacte, les articles 66 et 68
prévoient que tout requérant peut saisir la juridiction compétente pour obliger l’assujetti
à accomplir les formalités mises à sa charge.
De même, lorsque certaines décisions de justice devraient être transcrites d’office et
qu’il y a carence, l’article 43 AUDCG permet à toute personne intéressée d’en demander
la transcription au RCCM.
Enfin, toute personne qui entend se prévaloir d’une décision de justice dont la
transcription doit être faite d’office doit établir que cette dernière a été faite à charge
pour elle d’en demander la transcription au RCCM compétent.
L’ensemble des dispositions maintenues, réaménagées ou nouvelles vise à l’instauration
d’un système d’informations juridiques, économiques et financières sincères et à jour
permettant la facilitation et la rapidité de l’accomplissement des formalités.
L’informatisation est un des éléments phares indispensables pour l’aboutissement
ultime de ces innovations. Cependant, le texte n’est que la base, un changement
d’approche des responsables en charge du RCCM mais aussi des assujettis et des
praticiens conduira à une efficience totale de la reforme. Les opérateurs économiques
de l’espace OHADA ne peuvent qu’y gagner, car la transparence de l’information
apportera un climat de confiance et de sécurisation qui ne pourra que favoriser les
relations entre les différents acteurs économiques, attirer les investisseurs étrangers et
inciter l’investissement national.

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B. Les opérations ultérieures

L’inscription initiale doit être constamment mise à jour. C’est pourquoi le commerçant
doit demander une inscription modificative chaque fois qu’il y a un changement de sa
situation. Il doit également demander sa radiation lorsqu’il cesse ses activités.

1. Les inscriptions modificatives

Une immatriculation secondaire doit être requise dans le délai d’un mois à compter du
début de l’exploitation si l’assujettie exploite des établissements commerciaux
secondaires ou des succursales dans le ressort d’autres juridictions.

De la même manière, les éléments qui jalonnent la vie du commerçant doivent être
constatés par la rectification ou le complément des énonciations portées sur le registre
de commerce. Il en est ainsi des modifications concernant l’état civil, le régime
matrimonial ou la capacité de l’assujetti.
La demande de mention rectificative ou complémentaire doit être présentée au greffier
ou au responsable de l’organe compétent dans l’Etat partie dans un délai de trente (30)
jours à compter de la modification survenue. Elle est signée par l’assujetti lui-même ou
par tout mandataire dûment constitué à cet effet, c’est-à-dire justifiant d’une procuration
en bonne et due forme.
Le greffier ou le responsable de l’organe compétent dans l’Etat partie dès réception de
la demande rectificative ou modificative délivre un accusé d’enregistrement qui
mentionne la formalité accomplie ainsi que sa date116.
L’entreprenant qui change d’activité ou de lieu d’exercice de son activité doit en faire
une déclaration modificative, sans frais, au greffe ou à l’organe compétent dans l’Etat
partie du Registre de Commerce et de Crédit Mobilier compétent.

2. La radiation

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L’article 55 AUDCG envisage les cas de radiation de la personne physique immatriculée
au Registre de Commerce et de Crédit Mobilier. Ainsi, lorsque le

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commerçant cesse les activités, la radiation doit être demandée. Il peut s’agit de
cessation volontaire, dans ce cas c’est l’intéressé lui-même qui doit demander sa
radiation dans un délai d’un mois à compter de cette cessation d’activité.
Il se peut aussi que la cessation soit involontaire, par exemple le décès du commerçant,
dans ce cas, il appartient aux héritiers de demander la radiation ou la modification de
l’inscription s’ils doivent continuer l’exploitation. Ils doivent le faire dans un délai de
trois mois à compter du décès.
En cas de dissolution ou de nullité d’une personne morale, l’article 58 AUDCG prévoit
que c’est le liquidateur qui doit demander la radiation dans le délai d’un mois à compter
de la clôture des opérations de liquidation. A défaut, le greffe du tribunal compétent ou
l’organe compétent dans l’Etat partie procède à la radiation sur décision du tribunal ou
de l’autorité compétente dans l’Etat partie, statuant à bref délai, rendue à la demande de
tout intéressé.
L’entreprenant qui cesse son activité est tenu de faire, sans frais, une déclaration à cet
effet auprès du greffe compétent ou de l’organe compétent dans l’Etat partie.

La radiation emporte la perte des droits résultant de l’immatriculation ou de la


déclaration.
Paragraphe 3 : Les effets de l’inscription ou du défaut d’inscription au RCCM

A. Les effets de l’inscription au RCCM

L’effet principal que la loi attache à l’immatriculation c’est la présomption simple de


commercialité. Celui qui est immatriculé au RCCM est présumé avoir la qualité de
commerçant. Cette présomption est simple aussi bien pour les personnes physiques que
pour les personnes morales, puisque l’article 59, al. 1 AUDCG ne fait pas de distinction.
Du fait du caractère simple de cette présomption, il doit être possible de prouver par tous
moyens que telle personne immatriculée l’a été à tort et que malgré cette
immatriculation, elle n’a pas la qualité de commerçant.
Mais cette présomption ne joue pas à l’égard des personnes physiques non-
commerçantes qui se sont immatriculées en vertu d’une disposition légale, ni à l’égard

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des personnes morales non-commerçantes, ni à l’égard des Groupements d’Intérêt
Economique.
La personne physique qui a satisfait aux obligations déclaratives est présumée avoir la
qualité d’entreprenant. Par ailleurs, l’entreprenant déclaré au RCCM bénéficie de la
liberté de preuve, de la courte prescription commerciale et des règles relatives au bail
professionnel.

Toute personne physique ou morale immatriculée ou toute personne physique déclarée


au Registre du Commerce et de Crédit Mobilier est tenue de mentionner sur ses factures,
bons de commande, tarifs et documents ou correspondances professionnels, son numéro
et lieu d’immatriculation ou de déclaration121.

B. Les effets du défaut d’inscription

La situation de la personne non immatriculée est assez originale. En effet, la personne


physique assujettie à l’immatriculation et qui s’abstient d’y procéder ne peut se prévaloir
de sa qualité de commerçant à l’égard des tiers et de l’administration ; elle ne peut donc
bénéficier des droits des commerçants.
Dans le même temps, cette personne ne pourra pas invoquer ce défaut d’immatriculation
pour se soustraire aux responsabilités et aux obligations qui découlent de la qualité de
commerçant. Cette personne peut, par exemple, être déclarée en faillite.
Au total, le commerçant non immatriculé est soumis aux obligations du commerçant,
mais ne peut pas bénéficier des droits. Il convient d’observer que si l’immatriculation
n’est pas requise dans le délai, le tribunal peut soit d’office, soit à la requête du greffe
ou de tout intéressé rendre une décision enjoignant l’intéressé de procéder à cette
immatriculation.
Il en est de même de la personne physique assujettie au régime de la déclaration qui
s’abstient d’accomplir cette formalité.
Lorsqu’il s’agit d’une personne morale, le défaut d’immatriculation au RCCM ne lui
permet pas d’acquérir la personnalité juridique. Cependant, elle ne peut invoquer un

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défaut d’immatriculation pour se soustraire aux responsabilités et obligations inhérentes
à cette qualité

C. Les effets du déf.aut d’accomplissement des formalités ultérieures

1. La mention des faits ou actes intéressant le commerçant

Pour les inscriptions postérieures, l’AUDCG ne se préoccupe des effets que sous l’angle
de leur non accomplissement. C’est ainsi que le fait ou l’acte qui aurait dû être
mentionné et qui ne l’aurait pas été ne peut pas être opposé par le commerçant, aux tiers
et à l’administration, sauf s’il prouve que ceux-ci en ont eu connaissance par d’autres
moyens123.
Le défaut de mention n’empêche pas cependant les tiers et l’Administration de se
prévaloir de l’acte ou du fait non mentionné contre l’assujetti. Il faut souligner là aussi
la possibilité pour le tribunal de reconnaître à l’intéressé l’inscription des mentions
complémentaires ou rectificatives omises.

2. La radiation

Le commerçant qui cesse ses activités doit se faire radier du R.C.CM. Le défaut de
radiation emporte une présomption irréfragable de commercialité. Dès lors, le tiers est
fondé à considérer que le commerçant qui cesse ses activités, mais qui omet de se faire
radier conserve la qualité de commerçant avec la possibilité d’être déclaré en cessation
des paiements.
Cette personne retirée mais non radiée est donc dans l’impossibilité d’apporter par
d’autres moyens la preuve de la perte da sa qualité de commerçant et ne peut pas
bénéficier des droits de commerçant. Le greffe ou l’organe compétent dans l’Etat
partie peut procéder à la radiation après décision de la juridiction compétente ou de
l’autorité compétente dans l’Etat partie, statuant à bref délai, saisie à sa requête ou à
celle de tout intéressé.

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