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SYSTÈMES POLITIQUES AFRICAINS

Elle entraîne dans la foule la naissance de plusieurs Etats notamment le Cameroune, le


Mali, le Madagascar, le Dahomey (actuel Benin), le Niger, la Haute-Volta (actuel
burkina-faso),la cote d’ivoir, le congo brazzaville le gabon, la mauritanie et le sénégal.
Tous ces Etats avaient ces trois éléments (territoire, population, autorité politique)
indispensables au regard du droit international pour constituer un Etat.
Cependant, se pose la question du régime politique à adopter. Dans certains cas, le
colonisateur avait laissé un appareil étatique; fallait-il le maintenir, le transformer ou l'éliminer
radicalement ?
Dans d’autre cas, il fallait créer ex nihilo, à partir de rien, un appareil étatique.
Pour résoudre ces problèmes, presque tous les pays africains, qu’ils soient anglophones ou
francophones, ont eu la même attitude: ils ont maintenu l’appareil étatique laissé par le
colonisateur et en y apportant des modifications vraiment mineures; dans tous les cas, ils se
sont profondément inspirés des institutions politiques métropolitaines.
Toutefois, trois ans après l’accession des indépendances, la plupart des Etats africains
allaient sous la pression des réalités de toutes sortes changer leur régime politique.
● Les raisons du choix du régime parlementaire
-La volonté de l'hégémonie de l’ancien colonisateur
-Le rôle des conseillers techniques
-La formation des élites politiques
Plusieurs leaders africains ont fait l'école française. Ils ont eu leurs premières expériences
dans les excroissances (filiales) des parties politiques métropolitaines. Leopold S. Senghor,
Mamadou Dia, Houphouët Boigny, Lamine Gueye, Abbas Gueye, Amadou Diop… ont tous
été députés à l'assemblée nationale française. D’autres comme Senghor et Ouphe ont
exercé des fonctions ministérielles. Donc quand il s’agissait de choisir un régime politique, la
plupart des leaders africains ont préféré reproduire les institutions métropolitaines qu’ils
avaient déjà pratiqué.
Dans ce contexte, Alain Gondolfe affirmait avec force que: “la formation des élites a été
un souci constant de la politique française d’outre-mer. Sans doute, le développement
de l’institution, la fréquentation des lycées et des facultés par des étudiants africains
ont ils contribué pour une part à l'arrachement de la fibre constitutionnelle,
democratique et parlementaire dans le cœur des jeunes élites. mais le facteur
déterminant a été certainement l’association des africains à la vie politique française.
A cet égard, 12 ans de pratique des assemblées métropolitaines ou locales… ont
permis de mieux déterminer le mécanisme des institutions d’en apprécier les mérites
et …. d’en noter les défauts”
-Les rivalités entre les leaders politiques
Le premier choc au sein de l'élite dirigeante sera l’instrument de mesure des régimes
politiques choisis par les africains au lendemain des indépendances. Ces rivalités pouvaient
avoir comme origines les ambitions politiques ou personnelles des leaders, les conflits
idéologiques et les contributions tribales. De même, tous ces facteurs pouvaient se
cristalliser sur les mêmes protagonistes. Sur un registre essentiellement personnel et
politique, l’exemple senegalais en est une parfaite illustration. A l'indépendance, les autorités
politiques avaient opté pour un régime parlementaire. L.S. Senghor PR exerçait les fonctions
de Chef de l’Etat et Mamadou Dia, Président du conseil était le chef du Gouvernement. Mais
la crise politique et institutionnelle de 1962 a pour conséquence, l'éviction du président du
conseil et son incarcération pour tentative de coup d’etat. RDP 1963 ( la première partie
explique la crise de 1962 comme une crise institutionnelle.) blocage des institutions,
atteinte à la liberté d’aller et de devenir).

Au Congo les rivalités politiques sur fond d’affirmation d’ambition personnelle et de


coloration ethniques ont mené à l'instabilité institutionnelle et au déchirement au différents
segments. Le bras de fer entre Patrice Lumumba et Josephe Kasa a abouti à l'arrestation et
a l’assassination de Lumumba et à la prise du pouvoir par Mamadou s.
En sommes, les juristes et les politologues sont unanimes pour attester l’existence d’un lien
étroit entre les situations particulières d’un peuple et ses Lois. Montesquieu écrivait à cet
égard: “la loi, en général, est la raison humaine, en tant qu’elle ouvert tous les peuples
de la terre, et les lois politiques et civiles de chaque nation ne doivent être que les cas
particulier s’appliquer cette raison humaine.
elles doivent être tellement propres au peuple pour lequel elles sont faites que c'est
un grand hasard si celles d’une nation peuvent convenir à une autre”. (De l’esprit des
lois, livre 1, chapitre 3)
Faisant échos,à ces vues savantes de Montesquieu, le professeur Gonidec écrit “une
bonne constitution doit être non pas breve et obscure comme le soutient Napoléon,
mais modelée sur les structures économiques et sociales de la société à laquelle elle
est destinée, Sinon, on risque de créer un divorce entre le droit et les faits”. (les droits
africains, tome 1, Paris NLDGY, 1977).
Enfin, pour Lévy-Bruhl, “les règles juridiques d’un pays sont un miroir de ses
aspirations et du rapport des forces qui y entrent en jeu” (sociologie du droit 1959,page
133)
● L'avènement du parti unique en Afrique
Après l’accession à la souveraineté nationale, plusieurs Etats africains reconnaissent dans
leur constitution la création des partis politiques, donc le multipartisme. Mais très vite,
certains dirigeants se sont rendu compte que ces dispositions constitutionnelles étaient
incompatibles avec les réalités africaines. Dans ces conditions, certains Etats ont opté pour
un parti unique. Les raisons évoquées étaient multiples. Le monopartisme était un excellent
moyen de lutte contre le régionalisme et les reflex ethniques . A cet égard, le parti unique
apparaissait comme le ciment de l'unité nationale. La consolidation de l’Etat nécessite un
parti unique qui mobilise tous les citoyens et concentre l’essentiel des pouvoirs.
La création d’un parti unique est effectuée selon trois procédés. D’abord, la négociation,
procédure normale, se déroule entre les représentants du parti majoritaire et ceux de
l’opposition en vue de parvenir à une fusion ou à une intégration. Ensuite, l’adoption d’une
loi électorale adéquate constitue le second procédé de fondation du parti unique. Le scrutin
national a été utilisé par des dirigeants africains pour éliminer leurs concurrents. c’est un
scrutin de liste majoritaire à 1 pour 2 tours (le plus souvent à 1 tour). Portant sur une liste
nationale comportant autant de candidats que de sièges à pourvoir. Par conséquent, la liste
qui obtient la majorité des suffrages exprimés remporte tous les sièges. Enfin, les partis qui
ont refusé la négociation sont interdits et leurs dirigeants emprisonnés ou mis en résidence
surveillée ou contraints à l’exil.
Le recours au parti unique se justifie selon Ahmed Mahiou par la combinaison d’une triple
nécessité relative à l’intégration nationale, à la construction de l’ETAT et au développement
économique.
➔ LES NÉCESSITÉS DE L'INTÉGRATION NATIONALE
Les Etats africains d’expression française nouvellement indépendants ont pour tâche
primordiale le regroupement des multiples ethnies et tribus disséminés à l’intérieur du
territoire afin de constituer une nation. Ils s’investissent ainsi dans la définition d’une
conscience nationale authentique pour mettre en place un régime démocratique. En effet, la
démocratie pluraliste ne peut se concevoir que dans une nation au sens moderne de ce
terme, une nation à laquelle chaque personne a conscience d’appartenir, au-delà de toute
divergence d’ordre philosophique, religieux ou politique.Dans une véritable nation, les
divisions restent internes et ne remettent pas en cause les limites géographiques,
linguistiques…, en un mot les frontières du pays. L’affirmation de l’unité nationale vise à
stabiliser les frontières issues de la colonisation. L'intangibilité des frontières est proclamée
à plusieurs reprises par la charte de l’OUA. Le préambule de la charte affirme que les Etats
africains “sont fermement résolus à sauvegarder et à consolider… leur intégrité
territoriale”; Ensuite l’article 2 assigne aux ETATS, entre autres objectifs importants de «
défendre leur souveraineté, leur intégrité et leur indépendance » ;
Enfin, l’article 3 fait du « respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de
chaque Etat » un principe essentiel.
Les partis uniques se veulent alors les défenseurs de l'intégrité de territoires artificiels,
certes, mais dans lesquels ils sont nés et dont ils ont épousé les dimensions. Les partis
uniques se proposent comme un but majeur pour forger la nation. Pour créer une
conscience nationale authentique et conforme, la négation de l’opposition devient une
nécessité.
Ainsi, les dirigeants africains contestent l’existence d’une opposition pour plusieurs raisons:
Ainsi,
● elle incarne les ferments de la division et constitue alors un danger pour la vie du
pays;
● elle ne mérite pas sa place car elle ne fonde uniquement sur la demagogie;
● Enfin elle ne peut contenir ses activités dans les limites légales et se confond
souvent avec la rébellion.
Le PR ivoirien Houphouët B. soutient à cet effet que “ nous ne voulons pas que la
démocratie soit une source de clivages, de luttes puériles au cours desquelles la
meilleur part de nos énergies serait gaspillée. Nous voulons poursuivre en paix et
dans l’union le travail de construction nationale”.

Pour le PR guinéen S. TOURE “il n’y a pas de place pour une opposition dont la
tactique servira uniquement à divertir les énergies populaires des tâches à réaliser”.

L.S. Senghor, le chef de l’Etat senegalais, ne conçoit qu’une opposition constructive.


Selon lui les droits de la minorité doivent être respectés mais à condition qu’elle honore ses
devoirs; le rôle de l’opposition est, certes de critiquer, “mais critique et esprit critique
mais non esprit de critique, dénigrement systématique. la critique doit être
constructive en démocratie, servir l'intérêt général, non les intérêts de clans”.
Aux nécessités de l'intégration nationale s’ajoute celle de la construction de l’Etat.

➔ Les nécessités de la construction de l’Etat


Le parti unique aménage les institutions pour renforcer le rôle de l’Etat. Ceci exige la
symbiose entre le chef de parti et le chef de l’Etat qui est le leader national. La suprématie
du leader conduit à la personnalisation du pouvoir qui se manifeste par la confusion des
pouvoirs, l'élimination des concurrents et le culte de la personnalité. De même , les
institutions étatiques sont subordonnées aux organes du parti (l’organigramme du parti). Le
renforcement de la construction de l’Etat exige aussi le contrôle de l’administration. Le parti
supplante l’administration et les structures partisanes sont substituées à celles de
l'administration.
Les nécessités de l'intégration nationale et de la construction de l’ETAT se combinent avec
celles du développement économique.

➔ LES NÉCESSITÉS DU DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE


Les pays africains qui accèdent à la souveraineté internationale en 1960 ont une
caractéristique commune : le sous-développement.
L’absence d’infrastructures et de cadres et de capitaux nécessaires au décollage
économique complique la tâche. De plus, les populations réclament une élévation de leur
niveau de vie, le bénéfice du progrès technique et de l'instruction. Il faut donc orienter toutes
les énergies vers la satisfaction de ces demandes. Pour le PR camerone A. AYIDO, la lutte
contre le sous développement ne peut exister sans un instrument vivant, solidement
structuré, “le parti national unifié et démocratie, véritable expression du génie africain
et de ses tendances communautaires”.
L’encadrement des populations visent d’une part, à renforcer ou à créer une conscience
nationale et d'autre part à assurer la mobilisation des énergies en vue du développement
économique. Le parti unique devient l’instrument privilégié d'encadrement des agents
publics, des fonctionnaires, des paysans et des ouvriers. De même, les syndicats sont
appelés ou contraints à se fondre en une centrale unique au service du parti. L’organisation
syndicale devient ainsi une filiale, un « appendice du parti unique ».
L’importance du parti justifie sa place dans le dispositif institutionnel. Ainsi, le parti politique
peut être de droit ou de fait. De Droit, le parti politique unique constitue dans certains pays la
première institution de l’Etat. Dans ce cas, c'est le parti unique qui structure, informe et
intruse l’Etat. Il est l’Etat, il se confond avec lui. On parle alors d'un parti Etat. La
constitution consacre un titre particulier au parti unique”. Il en est ainsi au Bénin, au
Gabon, au Congo, au Zaïre, au Togo… Au Bénin et au Congo, le parti unique est
d'obédience marxiste et Léniniste. De fait, les autorités refusent la légalisation des partis
politiques bien qu’il existe une disposition express de la constitution a cet effet . De même,
certaines formations politiques sont dissoutes. D’autres sont contraints de se fondre dans le
parti au pouvoir sous peine de disparaître. C’est le cas en Guinée, au Sénégal, au
Cameroun, en Côte d'ivoire etc. On parle alors de parti unifié. En réalité, en dehors du
processus de création des formations politiques, il n’existe aucune différence entre le parti
unique institutionnaliste et le parti unifié. L’un et l’autre sont des partis uniques totalitaires en
ce sens qu'ils ne tolèrent pas de parti d'opposition et fournissent une explication globale de
la réalité. La généralisation du parti unique n'exclut pas les expériences multi partisanes
isolées. C'est ainsi que le pluralisme partisan fut tenté plus tard en Haute Volta (B) en
Centrafrique, au Sénégal etc mais l'échec est patent conduisant ainsi les militaires au
pouvoir dans les deux premiers pays.
L'évolution politique démontre que le monopartisme se caractérise par une négation
constante et flagrante des libertés publiques. Le parti unique n’a apporté ni développement
économique ni stabilité politique et encore moins de cohésion nationale. L'échec de cette
expérience est d'écrire par le professeur A. Bockel qui “...”
Pourtant, dès 1965 A. Levis avait perçus les dangers du parti unique: “un système politique
dans lequel le peuple abandonne ses droit à un parti unique a necessairement les memes
mauvais résultats qu’un système économique dans lequel le marché est livré à un groupe
monopolistique d’homme d’affaire, le parti unique ne peut faire la démonstration d’aucun de
ses vérités qu’il se donne. il ne peut ni représenter tout le peuple ni assurer la liberté des
discussion ni garantir un gouvernement stable ni surtout concilier les différences qui
séparent les divers groupes régionaux…”

❖ La transition democratique
1. Les conférences nationales
Dans les Etats pratiquement francophones, la convocation des conférences
nationales ne s'était pas faite avec la volonté expresse de rendre celle-ci souveraine.
Dans certains pays, l'idée de recourir à ce procédé émanait soit de la volonté du
gouvernement en place soit d’un pacte conclu entre le gouvernement et l’opposition,
ce qui supposait de mélanger la susceptibilité de ceux qui du pouvoir.
La souveraineté de la conférence nationale signifie que les actes adoptés par cette
assemblée sont exécutoires. Selon maurice Kamto ce sont des actes “absolus,
irrévocables et insusceptibles de contrôle, de validation ou d’abrogation par une
autre instance que la conférence de nationale”. Elle signifie aussi que l’institution est
indissoluble jusqu'à son terme, sauf auto-dissolution, qu’aucun pouvoir ne lui est
supérieur, et que nulle autre instance qu’elle ne peut suspendre son fonctionnement:
Mali et Bénin.
2. La conférence nationale non souveraine
La conférence nationale non souveraine ou à souveraineté limitée selon les
expressions du Professeur Maurice Kamto, ne pose pas de difficulté sur le plan
juridique. Elle se conçoit simplement comme un large forum de discussion dont les
conclusions sont remises au pouvoir en place qui en disposent à sa guise. Si elle est
mi- souverain, la conférence nationale devient une institution publique ad hoc ayant
une fonction normative mais pas exécutive. Cette formule combine en effet la force
exécutoire des décisions de la conférence avec le respect des institutions publiques
qui sont chargées de leur application. Elle n'entraîne donc pas la mise entre
parenthèses suivie de la table rase des institutions constitutionnelles existantes
comme dans le cadre d’une conférence nationale souveraine.
De fait, la conférence nationale du Gabon s’apparente à une négociation où chaque

Le camp a fait des concessions sur la base d’arguments juridiques ou


constitutionnels. “la conférence nationale a pour objet de proposer des orientations
appropriées en vue de conduire la nation vers une démocratie véritable et
multipartite, ces propositions seront adressées au PR pour leur insertion dans les
lois et règlements de la république”.
La première caractéristique de la conférence nationale non souveraine est de
conforter la position du Chef de l’Etat sur la scène politique. L'autorité du PR n’est
pas ébranlée, ses pouvoirs et sa fonction restent intacts. Toutefois, il consente à la
légalisation des partis politi ques et reste maître du calendrier politique.
3. La démocratisation par la conférence nationale
La démocratisation par la constitution désigne le processus d’adoption, restauration
des régimes démocratiques par le biais de la constitution. Dans ce cadre, les
pouvoirs publics optent directement pour l'élaboration d’une nouvelle constitution ou
la modification de la loi fondamentale dans le respect des procédures établies par
celle en vigueur. Il n y a donc pas de conférence nationale souveraine ou de
conférence nationale non souveraine. Il n y a donc pas de rupture brutale de l’ordre
juridique existant. Au contraire, la mutation constitutionnelle emprunte la voie
normale d'édification d’une nouvelle constitution. On assiste alors à un
réaménagement du dispositif institutionnel dont l’objectif est de réactiver ou d'insérer
le multipartisme dans la nouvelle loi fondamentale.

Titre 1: Les visages du constitutionnalisme en Afrique


Chapitre 1: La rupture de l’ordre constitutionnel
Chapitre 2 : La suspension de la constitution

Titre 2: La normalisation des institutions


Chapitre 1: Le rétablissement de l’ordre constitutionnel
Chapitre 2: La stabilisation de l’ordre constitutionnel

(Démarche du cours : les modalités et les conséquences)

Tentative de définition de la notion l’ordre constitutionnel


Les auteurs du dictionnaire de droit constitutionnel précisent qu"' … Une constitution
ne se réduit jamais complètement à sa forme, aux statuts techniques de ses
dispositions. même s’il existe un document écrit solennel censé regrouper les
principales règles d’organisation du pouvoir, il doit être toujours complété par d’autres
éléments…” C’est notamment le cas des textes secondaires comme les lois
organiques, les textes non écrits, la jurisprudence. “...en sommes, pour appréhender
utilement le phénomène constitutionnel, on peut considérer qu’une constitution
s’apparente sans doute davantage à un ordre constitutionnel” complexe qu'à une
norme suprême. En tout état de cause loin d'être statique [ même lorsque prédomine
essentiellement l'écrit], la constitution ainsi entendue fait l’objet d’un travail continuel
de redéfinition par les acteurs du jeu institutionnel, attestant par là que le droit
constitutionnel est marqué par une dynamique particulière et constitue un droit
irréductiblement politique”.
La constitution est conçue à la fois comme ordre et norme.
Dans son premier sens, la constitution désigne un ordre, c'est-à- dire une
ordonnance ou une structure de la société et/ou de l’Etat. Cet ordre, en raison de ses
valeurs fondamentales dont il est porteur, produit tout seul des normes qui sont
elles-mêmes fondamentales (c’est-a-dire fondatrice et/ou suprême d’un point de vue
hiérarchique).
Autrement dit, la constitution en tant qu'ordre... désigne une situation stable a un
moment donné, les rapports de pouvoirs sociaux et politiques: c'est-a-dire la
structure fondamentale de la société et/ou de l’Etat”.
Précisément, l’ordre constitutionnel est souvent assimilé à l’ordre démocrate.
Mais, les deux conceptions, bien que très proches, n’expriment pas la même
réalité. Alors que l’ordre constitutionnel postule l’architecture
constitutionnelle, l'agencement des organes, l'annonce des règles et des
normes constitutionnelles, l’ordre democratique renvoie beaucoup plus à
l'accession et à la conservation du pouvoir politique. Il place le peuple au centre
de ses préoccupations. Dès lors, l’ordre democratique est souvent contenu et prévu
dans la constitution. Ainsi, les règles relatives à la condition du pouvoir politique(
les conditions d'entrée et de sortie de l'autorité concernée):
l'élection au suffrage universel directe, la liberté de participation aux électeurs,
les règles relatives à la candidature aux élections politiques, l'indépendance et
et l'impartialité de l’organe électoral, la transparence du processus électoral, la
prévision et la crédibilité de la justice électorale, participent d’un ensemble de
règles destinées à construire l’ordre democratique. On le voit, la condition
d'accès et de transmission du pouvoir politique, la gestion du pouvoir selon des
procédures démocratiques, l’association du peuple directement ou indirectement à la
décision publique constituent les éléments moteurs de l’ordre democratique.
La mise en cause de l’ordre constitutionnel impacte forcément l’ordre democratique
(août 2016 l'annulation au Kenya par la Cour suprême kenyane), les soulèvements
populaires ou les révolutions qui permettent au peuple de renverser les autorités
légitimes auxquelles on reproche la gestion autoritaire du pouvoir politique emporte
l’ordre democratique (au Mali par exemple IBK). Dès lors, l’ordre democratique et
l’ordre constitutionnel semblent être liés dans leur destin.

section 1: La rupture de l’ordre constitutionnel


Les modalités de rupture de l’ordre constitution sont de trois ordres : Le coupt d’Etat,
l’insurrection politique, la révolution.
Parag 1: Le coup d’Etat
Les causes:
● La corruption,
● Le détournement de deniers publics
● La politisation du fait ethnique ou tribale
● le désordre causé par la classe politique

Les coups d’Etat sont devenus une préoccupation majeure des dirigeants
africains. Ainsi ont-ils adopté des mesures fortes pour résoudre ce problème qui
constitue une source d'instabilité politique dans le continent.
Les chefs d’Etat et de gouvernement reconnaissent que le phénomène des coups
d'Etat a provoqué une violation flagrante des principes fondamentaux de notre
organisation continentale et de l'organisation des Nations unies. Ce phénomène est
également en contradiction avec la position adoptée par notre organisation en 1997 à
Harare, a la suite du coup d’etat intervenu en Sierra Leone, position par laquelle, les
Etats membres ont, sans équivoque, condamne et rejette tout changement
anticonstitutionnel de gouvernement.
“Nous réaffirmons que les coups d’etat sont regrettable et inacceptable sur
notre continent, d’autant plus qu’il survienne au moment où notre peuple se
sont engagés de respecter l’etat de droit fondé sur la volonté populaire
exprimée par la voie des urnes et non par la force.” ( déclaration sur le cadre
pour une réaction de l’OUA face au changement anticonstitutionnel de
gouvernement, 10-12 juillet 2000 au Togo).
En droit constitutionnel classique, le coup d’etat était présenté comme un
phénomène exceptionnel. Un pouvoir de fait se substitue en un régime democratique
en employant des procédés violents de prise de pouvoir politique. Selon Carré de
Malberg “ les mouvements révolutionnaires et coups d’etat offrent ceci de commun
que les uns et les autres constituent des actes de violence et s'opèrent par
conséquent, en dehors du droit établi par la constitution en vigueur. Dès lors il serait
puéril, de se demander en pareil cas, a qui appartiendrait l’exercice légitime du
pouvoir constituant. A la suite d’un bouleversement politique résultant de tel
événement, il n’y a plus ni principe juridique ni règle constitutionnelle: on ne se trouve
plus sur le terrain du droit mais en présence de la force. le pouvoir constituant
tombera aux mains du plus fort. tantôt on verra au lendemain du coup d’etat un
dictateur impose au pays une constitution qui sera son œuvre personnelle… tantôt
sera une assemblée qui se saisit d’une constitution et qui s'érigeant en constituante
refera une constitution.

a. essai de définition et position du problème


Le coup d'État est défini par J.P Pinabel comme étant une “pratique volontaire et
consciente de l'armée, ou d’une partie de celle-ci, pour s'emparer des
institutions étatiques, et occuper le pouvoir d’Etat. La plupart des prises de
pouvoirs ressemblent à des coups de main. Elles ne dépassent pas les
alentours du palais présidentiel, du siège des différentes institutions et de
quelques centres stratégiques de la capitale”.
Pour Olivier Duhamel et Yves Mény “ le coup d’etat s’analyse à un changement
de gouvernement opère hors des procédures constitutionnelles en vigueur,
par une action entreprise au sein même de l’Etat au niveau de ses dirigeants
ou de ses agents”.
Dans la terminologie des organisations supranationales africaines, on utilise le
changement anticonstitutionnel de gouvernement. Ce changement anticonstitutionnel
de gouvernement dans sa version stricte doit englober d’abord les auteurs de coups
d'État militaires. Par changement anticonstitutionnel de gouvernement, il faut
entendre en vertu de l'article 23 de la CADEG (Charte Africaine de la Démocratie
des Elections et de Gouvernance), le putsch, le coup d’etat, l'intervention des
mercenaires ou des rebelles ou encore le refus de la part du gouvernement sortant
de reconnaître le vainqueur des élections. Cette liste n’est pas exhaustive. Dans une
première acception, le changement anticonstitutionnel vise le coup d’etat perpétré
par les militaires. plus nombreuses et plus violentes, cette forme de prise du pouvoir
est rencontrée dans la plupart des pays africains. Avant la transition democratique
des années de 1990, elle constituait un mode normal de dévolution du pouvoir
politique. Avec la période des coups d’etat, sous une période de non application de la
constitution. En effet, les militaires ont estimé que les régimes civils ont essayé en
appliquant la constitution ou en n'appliquant pas, dans les domaines économique de
la lutte ou une bonne gestion de l’etat et de la consolidation de l'unité nationale. Le
rôle des partis politiques, l’existence d’un exécutif et d’un législatif avec les risques
de renversement du gouvernement, l'aménagement des libertés individuelles, tous
ces facteurs ont été considérés par les militaires comme ayant secret cette situation
chaotique et donc incompatible avec tout effort de développement national. Mais très
rapidement, les coups d'État militaires se sont révélés comme une force alternative,
parce que les militaires se sont rendus compte qu’ils n'étaient pas libres de leurs
agissements.
Cet échec des régimes militaires a été le pueril des revendications populaires . Avec
la transition democratique, les nouvelles constitutions adoptées en vue d’encadrer
juridiquement la conquête et l'exercice du pouvoir politique rejettent le coup d’etat.
On pensait que le mouvement de contestation populaire des régimes autoritaires
ayant donné naissance au constitution de la transition democratique qui légitimait le
pouvoir des gouvernants par le suffrage universel allait éradiquer définitivement
l'intervention de l'armée dans la vie politique africaine. Mais, à l'épreuve des faits,
cette conception est apparue illusoire.
De plus, on assiste au retour des militaires au pouvoir au point que l’on a pu parler
d'institutionnalisation du coup d’etat. Le renversement des régimes pluralistes remet
en cause les acquis de la démocratisation et hypothèque l’exercice des libertés
provisoires, fait peser l'instabilité de l'Etat et dissuade les opérateurs économiques à
investir dans le pays considéré.

b. La subordination du pouvoir militaire au pouvoir civil


La subordination des militaires aux autorités civiles doit être un signe palpable de
leur volonté de se désengager du pouvoir politique. La démocratie est précisément le
cadre dans lequel cette mutation est possible. l’institutionnalisation du pouvoir
suppose que la démocratie doit pouvoir favoriser le principe de subordination. cette
mutation vers une armée beaucoup moins pesante et républicaine… il importe avant
tout de clarifier les compétences en matières militaires entre les composantes de
l'exécutif et de legislatif, avec à la clé une répartition minutieuse des rôles”. Par
ailleurs, la subordination du pouvoir militaire au pouvoir civil implique le respect de la
suprématie du civil sur le militaire. selon VION, “... Le principe de la suprématie du
pouvoir civil présuppose l’existence d’un pouvoir civil respectueux de la loi. Tout effort
d'établir cette suprématie perd son sens si les gouvernements ne sont pas
respecteux ni les libertés individuelles ni la démocratie et voient en l'armée un
instrument de répression des forces spéciales. On peut difficilement obtenir de
l'armée et de façon durable une loyauté sans faille à l'égard des gouvernements
corrompus parvenus illégalement au pouvoir et s’employant à ruiner les mécanismes
de la démocratie. or, une société sans tradition démocratiques ne peut engendrer
des gouvernements respectueux des règles relatives au pouvoir politique”
Si l’on veut que le principe de la supériorité de l'autorité civile sur l'armée devienne
une réalité en Afrique, il faut que les gouvernants soient issus des élections libres
transparente et républicaine, que l’exercice du pouvoir soit democratique et evitant
d’instrumentaliser les contre-pouvoirs, notamment la justice et surtout les juridictions
constitutionnelles en se gardant aussi de tripatouille la loi fondamentale et le code
électoral en vue d'empêcher toute possibilité d’alternance. Dans ce prolongement, la
mise en œuvre du principe implique l’existence de mécanismes de contrôle du
pouvoir civil sur l'armée. Un tel contrôle est à la fois l'œuvre du pouvoir et législatif.

c. La consécration constitutionnelle de la répression des coups d’etat

1.
2.
3. L'insurrection ou la révolte populaire
La révolte du populaire est le fait d’une partie du peuple qui conteste le
gouvernement en place au moyen de manifestations de rue, parfois violentes.
Quant à la révolution, elle vise le renversement de l’ordre social et juridique établi et
son remplacement par un nouvel ordre; elle ”présuppose la suspension du
fonctionnement normal du droit pour instaurer un nouvel ordre”.
Il peut arriver que la révolte ou l’insurrection populaire se transforme en révolution qui
va détruire l’ordre juridique en place pour le remplacer par un nouvel ordre. Ex:
Burkina Faso.

Section 2: Le retour à l'ordre Constitutionnel


Para1: le rétablissement de l’ordre Constitutionnel ou la restauration
Le rétablissement ou la restauration de l’ordre constitutionnel n’est pas en être enjeu
en droit constitutionnel. On a pu parler de restauration de l'État, d'opération, de
“restaurer l’espoir”, de “rétablissement des autorités légitimes”, de "rétablissement
d’un gouvernement renversé ou dissous”, à la suite d’un Coup d'État. Ces différentes
terminologies impliquent une rupture avec l’ordre normal ou le fonctionnement
régulier des structures étatiques qui est mis à rude épreuve. Ainsi, le rétablissement
de l’ordre constitutionnel s'étend du déploiement de mécanismes juridiques et de
l’exigence ferme de respecter le cadre constitutionnel propice au fonctionnement
normal des institutions d’un pays.
“Rétablir” signifie remettre en place une situation antérieure; remettre au bout du
jour; restaurer le cadre juridique et les institutions d’un pays.
a la lumiere de ces considérations, le rétablissement de l’ordre constitutionnel
s’analyse comme l’exigence d’une restauration des institutions politiques et du
régime prévus par la constitution d’un Etat qui a été suspendus ou abrogés à la suite
d’un coup d’etat ou d’une insurrection populaire ou encore d’une révolution. Il s’agit
ici, de mettre à terme à une confiscation de la souveraineté et du pouvoir politique,
par le biais de mécanismes anti démocratiques de prise de pouvoir. Concrètement, il
s’agira dans le cadre du retour à l'ordre constitutionnel de permettre aux autorités
évincées par la force de retrouver l'intégralité de leurs fonctions constitutionnelles. s’il
est souvent difficile voire impossible de remettre la situation antérieure en état, il est
mis en position un régime transitoire favorisant le retour d’un pouvoir civil avec des
autorités légitimes.
On relève ici l'implication active des organisations internationales, régionales ou
sous-régionales qui exigent le retour de à l'ordre constitutionnel. Elles s’imposent le
respect des dispositions constitutionnelles qui, le plus souvent, reflètent un ordre
constitutionnel régional ou sous-régional, qui se développent de plus en plus. On a
pu parler de “Constitution de la CEDEAO” pour qualifier les règles de convergence
constitutionnelle adoptées dans l’espace Ouest-africain.
La Charte africaine de la démocratie des élections et de la gouvernance
(CADEG), qualifiée aussi de constitution nationale, s’inscrit dans cette même
dynamique continentale de promotion de la démocratie, des élections, de l'état de
droit et du respect des droits de l’Homme.
Cette évolution impose une surveillance réciproque des Etats dans les pratiques
démocratiques. Elle démontre le changement de perspectives du droit constitutionnel
qui s’internationalise mais aussi du droit international contemporain lui-même. Si le
droit international public classique reposait sur le respect de la souveraineté des
Etats, et l'indifférence par rapport au régime politique de l’Etat, aujourd’hui
l’autonomie constitutionnelle est mise à une épreuve. Les organisations
supranationales interviennent de plus en plus dans le domaine des compétences
nationales des Etats, notamment en matière constitutionnelle.

A. Les modalités de rétablissement de l’ordre constitutionnel

● L'élection (mali, Côte d’ivoire)


● Le retour du Président déchu (en Gambie, Sierra Leone, Mauritanie, par
exemple)
● La démission du Président déchu
● La mise en place d’une transition (l’ouverture d’une période de
transition: Guinée-Bissau; l’organisation de forum ou d'assises
nationales: Burkina Faso en 2015, Tchad en 2022)
● Le retour des militaires dans les casernes
● Et l'amnistie des auteurs du coup d’etat

B. L’application contrainte des modalités de rétablissement de l’ordre


constitutionnel
Autant les modalités de rupture de l’ordre constitutionnel sont nombreuses (coup
d'Etat, révolution, insurrection populaire, révision constitutionnelle avec des
émeutes,…) autant les modalités de rétablissement de l’ordre constitutionnel sont
variées. Mais le choix d’une modalité se justifie par le contexte politique et social
propre à un pays. c’est dire qu’une modalité peut convenir à un pays et être
inappropriée pour un autre. De même, l’application des modalités de rétablissement
de l’ordre constitutionnel peut engendrer des difficultés jusque là imprévues.
Ainsi, les élections de sortie de crise en Guinée Conakry, a la suite du coup d’etat
réalisé par le colonel Dadis Camara, et qui s’est soldé par la victoire historique de
l’opposant Alpha condé, ont produit des conséquences désastreuses sur le tissu
social. Des populations peulh réputées favorables au candidat seydou B. Diallo ont
été toutes séchées et victime d’une violence afin de les empêcher de voter le jour du
scrutin.
Dans le même ordre d'idée, la crise post-electorale en cote d’ivoir est symptomatique
des dysfonctionnements des élections de la transition.
Au Togo de l’union africaine et de la CEDEAO pour le rétablissement de l’ordre
constitutionnel ne s'est pas déroulé conformément aux dispositions
constitutionnelles. (février 2005). Lorsque Faure Gnassingbé accepte de céder le
pouvoir, ce n’est pas M.Fambaré Ouattara NATCHABA, le président de l’AN qui a
été porté à la tête de l’Etat pendant la vacance du pouvoir comme le prescrit la
constitution mais le premier vice -président de l’AN. Cette antorche à l'ordre
constitutionnel va s'étendre à l’organisation des élections. Les violences, massacre
de populations civiles et fraude électorale massive, l’ordre du scrutin ont eu pour effet
d’assurer le retour de Gnassingbé à la tête de l’Etat.
Dans ce contexte, le Conseil de paix et de sécurité de l’union africaine dans sa
décision de 2005 “ condamne fermement la manière dont les autorités de fait ont
organisé la succession au Togo…qui constitue une violation flagrante et inacceptable
de la constitution Togolaise ainsi que la déclaration de l’union africain de juillet 2000
sur les changements anticonstitutionnels de gouvernement, des principes de l’acte
constitutif de l’union africaine et du protocole relatif à la création de conseil de paix et
de sécurité. Le conseil condamne fermement la révision de la constitution Togolaise
a laquelle ont procédé des autorités de fait”.
C. Les sanctions à la violation de l’ordre constitutionnel
Dans l’orthodoxie juridique, la sanction renvoie à toute mesure, peines réparation ou
récompense prise dans le but d’assurer le respect d’une obligation
“le rétablissement de l’ordre constitutionnel est le versant dynamique d’une nouvelle
normalité constitutionnelle. il est puissamment aidé, si l’on peut dire, par l’imposition
de sanction par les organes compétents à la suite des changements anti
constitutionnels”.
on distinguera ainsi des sanctions institutionnelles des sanctions personnelles.
Les sanctions personnelles visent individuellement les auteurs du
changement anticonstitutionnel de gouvernement. Elles sont qualifiées de sanctions
ciblées. Elles s’articulent autour du gel des savoirs, de l’interdiction de voyager,
l’interdiction de participer aux élections.
une autre sanction est consécutive à l’interdiction faite aux auteurs de changement
de gouvernement de se présenter aux élections qui suivent immédiatement le coup
d’etat en vue de la restauration de l’ordre constitutionnel. Elle trouve sa source dans
la CADEG. l'article 25 de cette charte dispose que “ les auteurs de changement
anticonstitutionnel de gouvernement ne doivent ni participer aux élections
organisées pour la restauration de l’ordre democratique, ni occuper des
postes de responsabilité dans les institutions politiques de leur État”.
La deuxième catégorie de sanction vise l’Etat en tant qu'entité.
La première réaction des organisations africaines à la suite du changement
anticonstitutionnel de gouvernement est de prononcer la suspension de l’Etat dans
les instances desdites organisations internationales africaines. A la suite du coup
d’etat intervenu du 3 août 2005 en Mauritanie, le conseil de paix et de sécurité de
l’union africaine a condamné avec la plus grande fermeté ce coup d’etat et “toutes
les mesures prises par ces auteurs pour consolider la situation née de ce coup
d’etat”; tout en réitérant “la légitimité de l’ordre constitutionnel représenté par
les institutions démocratiquement élues lors des elections legislatives et
presidentielles organisées respectivement en novembre 2006 et mars 2007”.
Par ailleurs, le conseil de paix et de sécurité a décidé que “... si, d’ici au 5 février
2009, l’ordre constitutionnel n’est pas rétabli, le conseil imposera des
mesures, y compris des sanctions ciblées, en particulier le refus d’accorder
des visas, des restrictions sur les voyages et (...) en l’encontre de toutes les
personns, aussi bien que civil que militaire, dont les activités ont pour objet de
maintenir le statut haut anti constitutionnel en Mauritanie”

❖ L'effectivité relative des sanctions contre les changements


anticonstitutionnels de gouvernement.
La criminalisation des changements anticonstitutionnels de gouvernement implique
la prise de sanction en vue de rétablissement de l’ordre constitutionnel. Mais, depuis
la création de l’union africaine et l’adoption des instruments juridiques préoccupant le
renversement de l’ordre constitutionnel, l'expérience a montré que les espoirs n’ont
pas apporté les plus attendus. Au résultat, il faut reconnaître que le cadre juridique
connaît une certaine limite. en effet, ni l’acte constitutif de l’union africaine ni la
CADEG encore moins le Protocole de la CEDEAO sur la gouvernance et les
élections ne prévoient la sanction suprême: l’exclusion de l’Etat d’une organisation
internationale pour manquement à ses obligations pour rétablissement de l’ordre
constitutionnel en cas de renversement du régime democratique.
Sur le même registre,une autre limite est relative à la proportionnalité et à la
prévisibilité de sanction. Parfois, les sanctions de rétablissement de l’ordre
constitutionnel semblent disproportionnées. Dans le cas du Mali, par exemple,
l'appréciation du contexte socio politique et la prise en compte du caractère
multidimensionnel de la crise devaient amener les dirigeants de la CEDEAO à
prendre des sanctions mesurées. L’objectif des sanctions est d'accélérer le
processus de retour à l'ordre constitutionnel. Les dirigeants de la CEDEAO n’ont pas
manqué d’insister sur ce fait lors du sommet extraordinaire consacré au Mali “ ces
sanctions ont été prises pour faciliter le retour à l'ordre constitutionnel au
Mali, nécessaires pour la paix, la stabilité et la croissance. En excluant les
biens et services essentiels de base, les sanctions ont été conçues pour rester
un impact sur les populations… Par ailleurs, compte tenu des effets
potentiellement déstabilisateur de cette transition pour le Mali et pour la

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