Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Éthique publique
Revue internationale d’éthique sociétale et gouvernementale
La démocratie à l’africaine
Biléou Sakpane-Gbati
https://doi.org/10.4000/ethiquepublique.679
Résumés
Français English
À l’école de la démocratie, les États africains ont la triste réputation d’être de mauvais
élèves. L’édification d’une véritable démocratie est mise à mal par la persistance de
considérations tribales, ethniques ou encore claniques. Il importe alors de repenser la
démocratie en Afrique en commençant par s’affranchir du mythe selon lequel, en raison
de leur organisation traditionnelle, les sociétés africaines seraient incompatibles avec la
démocratie. La marche engagée par l’Afrique vers la démocratie par la voie
institutionnelle ne sera véritablement effective qu’avec l’essor d’une véritable culture
démocratique des hommes.
At the school of democracy, the African nations have the sad reputation of being bad
students. The edification of a genuine democracy is badly affected by the persistence of
tribal, ethnic or clan considerations. It then matters to rethink about democracy in Africa,
by starting getting free from the myth according to which, the African societies would be
incompatible with democracy because of their traditional organization. The journey of
democracy in which Africa is embarked through the institutional way will only be
effective with the rapid growth of men's genuine democratic culture.
Entrées d’index
Mots-clés : Afrique, coups d’État, décentralisation, légitimité, nation, politique, tradition
Keywords: Africa, coups d’État, decentralization, legitimacy, nation, politics, tradition
Texte intégral
1 « La démocratie est le gouvernement du peuple par le peuple et pour le
peuple. » L’actualité de cette assertion de l’ancien président américain Abraham
Lincoln(1809-1865) n’est plus à démontrer, tant elle transparaît dans la plupart
des discours politiques en Afrique et dans les récents événements en Côte
d’Ivoire, en Tunisie, en Égypte, en Libye…
2 Nombreux sont ces pays africains qui ont été épinglés et mis au ban de la
communauté internationale pour déficit démocratique né d’interminables crises
politiques. En effet, la communauté internationale qui était originellement
permissive sur la gestion politique des États a fait désormais de la légitimité
démocratiqueune condition de reconnaissance des gouvernements. De
nombreuses crises d’ordre politique, social, économique et institutionnel ont
abouti à des révolutions ou soulèvements populaires, à des rébellions et, pire
encore, à des coups d’État militaires. Les séries de coups d’État, formes décriées
d’accessions antidémocratiques au pouvoir, mais malheureusement prisées des
pays africains majoritairement francophones, ont jalonné l’histoire de ces pays
depuis leur accession à la souveraineté internationale. Si les années 1960 ont été
considérées comme celles des indépendances et des régimes de partis uniques
caractérisés par une gestion opaque, partisane ou clanique des affaires de l’État,
les années 1990 au contraire ont rimé avec démocratie, multipartisme et un
cortège de conférences nationales ou d’assises nationales devant servir de cadres
transitionnels des États vers la démocratie, en passant par une refondation des
républiques fortement troublées à l’époque par des revendications populaires de
nature démocratique.
3 Malheureusement, les débats qui se devaient d’être constructifs ont fait place
aux mensonges, au despotisme, à la calomnie, aux discours haineux, voire
tribaux. Ces évènements ont contribué à l’altération du climat politique, à
l’accentuation des clivages personnels, politiques, voire ethniques, au maintien et
à la radicalisation des régimes dictatoriaux issus des partis uniques qui sont
devenus des partis forts qui n’ont rien à envier aux partis uniques d’antan avec
en toile de fond une pluralité de petits partis pour la plupart sans envergure
nationale. Les fruits n’auront pas tenu la promesse des fleurs ! Par la suite, les
politiques ont brisé de facto le climat de confiance d’une part entre eux-mêmes et
d’autre part entre eux et la population du fait du jeu illisible des alliances contre
nature qui se font et se défont au gré des situations politiques. L’histoire
mouvementée et récente du continent aux alternances difficiles nous confronte à
une interrogation. Faut-il réinventer « une démocratie à l’africaine » et une vie
politique qui inspire confiance et fierté ? Nul besoin de réinventer une
démocratie et une vie politique, la démocratie est en construction, les
propositions allant dans le sens de la consolidation de la démocratie et de
l’assainissement de la vie politique existent déjà.
Auteur
Biléou Sakpane-Gbati
Juriste publiciste en fin de formation à l’Université de Lomé, Biléou Sakpane-Gbati est né à Lomé,
d’un père officier de la marine et d’une mère coiffeuse et syndicaliste. Son inspiration
fondamentalement « sociale », telle qu’établie dans son engagement dans les diverses
associations humanitaires et de défense des droits de l’homme, se confirme ici dans une remise
en cause des systèmes politiques qui marginalisent leur population au profit d’une minorité au
sommet. Il vient de faire ses premiers pas dans la société civile togolaise et son intérêt
manifeste pour les questions liées à la démocratie, aux droits de l’homme, à la bonne
gouvernance et au développement durable s’est affermi. Dans un futur proche, il projette de
préparer un master en relations internationales.
Droits d’auteur
Le texte et les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés), sont « Tous droits
réservés », sauf mention contraire.