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activités sont devenus bien plus lucratifs que la mendicité ; et, il n’est plus rare aujourd’hui de voir ces pseudo
marabout, construire en périphérie de Thiès de grandes maisons.
Pour lutter contre ce nouvel esclavage, l’équipe pédagogique a initié de nouvelles maraudes dans des lieux
stratégiques ; avec l’adhésion des populations, il est proposé aux enfants un accueil aux Foyers de
l’Association, le temps de retrouver leur famille et de l’informer de l’exploitation et la situation de grande
détresse physique et morale dans laquelle se trouve leur enfant.
Les Foyers,
1.1. le socle d’un dialogue remarquable entre l’Association et les autorités judiciaires dans
l’intérêt supérieur de l’enfant
L’année 2019 a été marquée par une multiplication des jeunes enfants présentés au parquet de Thiès pour
de petits délits (vagabondage ou vol simple, essentiellement).
Afin de protéger ces enfants et de préparer leur retour en famille, un mode de collaboration a été défini avec
le Tribunal pour Enfants de Thiès et les services de l’éducation surveillée :
1. Ces enfants nous sont systématiquement confiés par Ordonnance de Garde Provisoire pour
Mineurs (OGPM) par le Tribunal pour Enfants de Thiès afin de leur éviter la détention ;
2. Si le marabout auquel l’enfant avait été confié par sa famille se présente aux Foyers, l’équipe
pédagogique ne lui remet pas l’enfant mais l’invite à se rapprocher des services de l’éducation
surveillée qui saisissent le Président du Tribunal pour Enfants et exigent la présentation des
parents ;
3. Lorsque le Tribunal pour Enfants a décidé d’une modification de l’OGPM en faveur des parents,
un-e éducateur-trice de l’éducation surveillée accompagne ces derniers aux Foyers afin que l’enfant
leur soit remis dans les meilleures conditions et seulement s’il le souhaite. Si l’enfant refuse de
repartir avec ces parents, il est de nouveau confié par OGPM du TE à l’Association qui a pour
mission de rétablir progressivement les liens familiaux.
Cette organisation souligne la qualité du partenariat établi entre l’Association Pour le Sourire d’un
Enfant et les autorités judiciaires et leur engagement collectif dans l’intérêt supérieur de l’enfant.
Ces enfants sont en général originaires de villages situés sur la frontière entre la Gambie et le Sénégal.
Cette situation a induit
- une augmentation très significative des tout-petits au sein des Foyers pour lesquels l’Association a
créer des activités spécifiques ;
- une multiplication des déplacements longue distance pour retrouver les familles et les convaincre
de se présenter devant le Tribunal pour enfant de Thiès afin de récupérer leur enfant et le soustraire
aux violences perpétrer par le « marabout » auquel il était confié.
• Un partenariat entre ONG et autorités judiciaires, basé sur une confiance réciproque,
permet de promouvoir des solutions alternatives à la détention dans l’intérêt supérieur de
l’enfant
• La pratique de l’escrime favorise l’apprentissage de compétences de vie et la culture de
valeurs qui permettent aux jeunes un développement personnel positif (ODD 4)
• La pratique du sport encourage l'égalité des sexes et l'autonomisation des jeunes filles grâce
à son impact sur l'estime de soi et la mixité (ODD5)
• L’accès des femmes à un emploi décent encourage leur l'autonomisation, favorise leur
intégration sociale et les éloigne des univers illicites qui mettent en danger leur rôle de mère.
Joséphine, l'une des mineures du programme "Escrime et Justice réparatrice", libérée en 2017 vient
de réussir son BAC (juillet 2019). Après avoir préparé sa réinsertion familiale, l'Association "Pour
le Sourire d'un Enfant" est très fière de l'avoir accompagnée pour la reprise de sa scolarité et de
poursuivre cet accompagnement dans le cadre de son projet universitaire en Philosophie ! Elle a
reçu son inscription à l’université virtuelle du Sénégal.
On peut redécouvrir le courage exceptionnel de Joséphine et sa passion pour l'escrime dans "La
liberté en prime", un film de Nils Tavernier http://www.nilstavernier.com/la-liberte-en-
prime,331,fr.html ou dans "Elles ont toutes une histoire" sur Netflix :
https://www.netflix.com/fr/title/80144691
• Daouda, Escrimeur des Foyers et bientôt Avocat ?
Daouda a découvert l'escrime dans le cadre du Programme "Escrime et Justice réparatrice". Il est
passionné d'arbitrage.
Son récit comme une leçon de vie : "Ma maman et mon papa sont handicapés ; lui est décédé
lorsque j’étais petit. Mais dès ma naissance, j’ai été confié à ma grand-mère maternelle, « Mame »,
qui habitait dans la région de Matam (région du Fleuve Sénégal). Après son décès et le départ de
mon cousin, le seul homme de la famille, parti rechercher du travail à Dakar, j’ai rejoint ma tante
maternelle à Bakel (région du Fleuve Sénégal). J’ai été inscrit à l’école arabe mais j’ai remarqué que
tous les enfants de la maison partaient à l’école française. J’ai dit à ma tante que je souhaitais faire
comme eux. J’ai été inscrit en 2005. Mais, lorsque j’étais en CE1, en 2008, l’époux de ma tante est
décédé ; elle était sans ressources. Alors, j’ai été conduit à Thiès auprès de ma maman handicapée
des membres inférieures. Elle se déplace en fauteuil roulant et, pour vivre, elle doit mendier. Ne
voulant pas interrompre mes études et ne pouvant pas s’occuper de moi, elle s’est rendue au
Tribunal pour Enfants de Thiès, à la recherche d’une solution. Les services éducatifs (AEMO) l’ont
orientée vers l’Association « Pour le Sourire d’un Enfant » ".
Accueilli aux Foyers de l'Association, en octobre 2008, Daouda a toujours persévéré dans ses
études. Il a découvert l’escrime dans le cadre du programme « Escrime et justice réparatrice » et
s’est passionné pour l’arbitrage ; très vite, il a constitué un modèle pour les plus petits auxquels il
était très attentif.
En 2018, il a obtenu son BAC au lycée Malick Sy de Thiès. Et, toujours accompagné par
l’Association, il vient de réussir sa première année de droit à l’université Cheikh Anta Diop de
Dakar, avec la mention assez bien.
Son rêve le plus cher : devenir avocat ! On peut imaginer la fierté de sa maman !!!!!
• Une visite d’exception : Astrid Guyart, escrimeuse olympique française comme une
reconnaissance de la méthode « Escrime et justice réparatrice »
En juillet 2019, Astrid Guyart, escrimeuse olympique française, a partagé son expérience avec les
mineur-e-s de la prison de Thiès (Sénégal) qui bénéficient du programme « Escrime et Justice
réparatrice ». Plusieurs évènements sportifs ont ponctué son séjour : les séances d’escrime, au cours
desquelles elle a pu apporter ses conseils aux éducateurs et aux mineur-e-s en détention ainsi qu’aux
enfants en situation de conflit avec la loi, confiés à l’Association par le Tribunal pour Enfants de
Thiès. La compétition organisée dans la salle d’escrime de l’Association a, sans nul doute, constitué
le point d’orgue de la venue d’Astrid ; les familles des mineur-e-s ont été conviées : toutes ont
témoigné de la transformation de leur enfant depuis qu’il/elle pratique l’escrime. Les filles ont
« ramené la coupe à la prison » dans une liesse inhabituelle en milieu carcéral. La visite de
l’exposition « Justice réparatrice. Innovations pédagogiques et artistiques », organisée à Dakar par
l’Association et OSIWA, a permis à Astrid de mesurer les enjeux de la pratique de l’escrime pour
les mineur-e-s en détention. Son séjour a également été ponctué de rendez-vous institutionnels ;
accompagnée de Julie Lavet, directrice des relations institutionnelles du CNOSF, et des
représentants de l’Association, Abdoulaye Gueye et Nelly Robin, Astrid a été reçue par Me Malick
Sall, Garde des Sceaux, Ministre de la Justice du Sénégal ;
cette audience ministérielle a été précédée de rendez-vous avec Laurent Perez-Vidal, Conseiller de
Coopération et d’Action Culturelle de l’Ambassade de France, Pierre Maspoli et Alexandra Diaby,
chargés de mission à l’Agence Française de Development, l’Inspecteur Aliou Ciss, Directeur de
l’École Nationale de l’Administration Pénitentiaire, l’Inspecteur Mandiaye Ndiaye, Directeur de la
prison de Thiès et Hawa BA, chargée du bureau pays-Sénégal d’OSIWA. Ces rencontres ont donné
l’opportunité à Astrid Guyart d’exposer le sens de son engagement auprès de l’Association « Pour
le Sourire d’un Enfant », de souligner l’implication éducative des surveillant-e-s pénitentiaires,
formé-e-s par Me Mario Bourdageau, CTN de la FFE, et d’expliquer la pertinence du programme
« Escrime et justice réparatrice » pour préparer la réinsertion des mineur-e-s et rompre avec le cycle
de récidive.
La visite d’Astrid Guyart s’est prolongée par la présentation de la méthode « Escrime et Justice
réparatrice » lors de la cérémonie de signature à Dakar d’un accord en Les comités d’organisation
des jeux Olympiques de Paris en 2024 et des jeux Olympiques de la Jeunesse (JOJ) de Dakar en
2022, en présence de Mamadou Diagna Ndiaye, président du Comité national olympique et
sportif sénégalais, de Tony Estanguet, président de Paris 2024, et de la ministre française des
Sports, Roxana Maracineanu.