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Investissement Social

Séquence 2 : Secteurs d’investissement social

Chapitre 2 : Secteurs d’investissement social


La sociologie est une discipline peut connue au Sénégal. Mais elle est une discipline
d’avenir. Elle peut jouer un rôle très important dans l’accompagnement de la population. Elle
peut davantage jouer ce rôle en favorisant l’investissement social. Les secteurs d’investissement
social sont très nombreux. On peut en citer : L’accueil de la petite enfance, lutte contre la
mendicité des enfants, Lutte contre la mendicité des enfants, l’investissement dans la jeunesse,
la conciliation de la vie professionnelle et de la vie familiale, la lutte contre l’émigration des
jeunes, la lutte contre l’exode rural, etc.

1. L’accueil de la petite enfance


La petite enfance est une étape très délicate de la vie humaine. L’enfant est fragile et
entièrement dépendant du revenu et des conditions de vie de ses parents. Or le Sénégal compte
des milliers de familles démunies qui entretiennent difficilement leurs enfants. Ce qui nécessite
un investissement social sur les enfants de ces familles. Ainsi, lutter contre la pauvreté des
enfants et leur garantir les meilleures conditions de garde et d’éveil doit à la fois permettre de
prévenir l’exclusion, de donner à chacun les moyens de choisir une vie conforme à ses projets,
et de préparer une main-d’œuvre mieux formée, qualifiée et mobile. La création de nouvelles
places d’accueil des jeunes enfants poursuit cet objectif, mais donner la priorité à l’accueil
collectif ou à l’augmentation du nombre de places à l’école préélémentaire destinées à la petite
enfance fait l’objet de débat. L’accueil des enfants handicapés doit également être pris en
compte.

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2. Lutte contre la mendicité des enfants
Le Sénégal est, depuis les années 1970, caractérisé par le développement de la
mendicité, pratiquée par différentes personnes, de diverses catégories sociales. Parmi ces
personnes, figurent des handicapés physiques, des aveugles, des lépreux, des mères de familles,
des taalibe, des enfants de la rue. Ces derniers peuvent être des enfants issus de familles
disloquées, des enfants non-reconnus par leurs pères, des enfants abandonnés, des enfants
orphelins de père et/ou de mère, des enfants-jumeaux, des enfants maltraités par leurs parents
ou par leurs tuteurs, des enfants issus de familles de drogués, des enfants de mendiants, des
enfants dont le père et/ou la mère est en prison, des enfants rejetés par leurs familles à cause de
leur délinquance, des enfants ayant honte de retourner chez eux après un séjour en prison, des
enfants handicapés utilisés comme mendiants, des enfants conducteurs d'aveugles, des fugueurs
échappés d'une daara, des exclus du système éducatif, etc.
Si les causes de la mendicité des handicapés physiques, des lépreux et des aveugles
peuvent être facilement identifiables, il en est autrement de celles des talibés et des enfants de
la rue. En effet, si aujourd'hui, la lèpre et la poliomyélite sont presque totalement vaincues, ceux
qui avaient contracté ces maladies auparavant étaient contraints, pour avoir un revenu financier,
de quémander. Il en est de même pour les aveugles qui sont obligés de solliciter le soutien
d’autres individus pour subvenir à leurs besoins. Le travail étant une « denrée » rare pour les
valides, les handicapés, les aveugles et les lépreux, ont très rarement l'occasion de trouver un
emploi. Aussi, il est très difficile pour les mères de famille célibataires de s'en sortir seules et
ces femmes sont souvent stigmatisées par les Sénégalais puisque l’adultère est souvent mal-vu
par la société sénégalaise. La mendicité reste donc une des seules stratégies de survie de ces
femmes.
Pour les enfants de la rue, ils sont très souvent victimes d’exclusion ou de
marginalisation sociale, et parfois acteurs de comportements criminels qui les obligent à
développer leurs propres stratégies de survie. Ne pouvant pas travailler parce qu’étant jeunes,
ils adoptent la mendicité pour subvenir à leurs besoins et/ou à ceux de leurs parents.
Les enfants de la rue sont très souvent assimilés aux talibés ; c’est pour cette raison que
dès que les questions relatives à la situation des enfants-mendiants sont abordées, toutes les
réflexions se concentrent sur les talibés. Dans les grandes villes du Sénégal comme Dakar,
Thiès, Kaolack, Saint-Louis, etc., il est possible d’apercevoir les enfants-mendiants, que l’on
appelle à tort ou à raison talibé, quémander, en pleine journée, au niveau des feux-rouges, des
carrefours, des marchés, des gares routières, des établissements scolaires, des restaurants, bref

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au niveau de tous les espaces publics et les coins de la rue. D’après la description que l’on fait
des talibés, à travers la presse et dans les études, surtout dans celles des ONG, ces apprenants
son présentés comme étant des jeunes souvent sales, pied-nus et portant des haillons. On les
présente comme étant des jeunes vivant parfois dans des baraques délabrées, sans toit, et
couchant à même le sol sans protection, ni isolation, parfois, ne disposant que d’un espace très
réduit pour dormir et certains passent la nuit à la belle étoile. Ces enfants méritent l’attention
des universitaires et d’être accompagnés à tous les niveaux.

3. Investissement dans la jeunesse


Au Sénégal, plusieurs enquêtes montrent que les inégalités sociales se développent dans
tous les secteurs (école, économie, milieu de fréquentation, etc.). Les jeunes de 18 à 25 ans
constituent au Sénégal la classe d’âge la plus fortement touchée par la pauvreté. Les jeunes de
cette tranche d’âge sorte de la dépendance parentale, mais sans pour autant trouver un emploi
que ne leur garantit plus l’école. Le système scolaire sénégalais doit mieux savoir ajuster les
pédagogies aux spécificités de chaque élève et donner une chance à tous. L’insertion de tous
les jeunes dans le monde du travail doit être accompagnée en misant sur l’orientation, la
promotion de la mixité des métiers et la mise en relation entre les établissements de formation
et le monde du travail. La période de recherche du premier emploi devrait être davantage
sécurisée et les ruptures de parcours entre la sortie de l’enseignement secondaire et l’entrée
dans un emploi stable réduites. Les étudiants de l’UVS peuvent dans le cadre de leurs
politiques d’investissement social accompagner ces jeunes.

4. La conciliation de la vie professionnelle et de la vie familiale


La conciliation de la vie professionnelle et de la vie familiale constitue un enjeu majeur
pour les parents de jeunes enfants, les parents d’enfants atteint de handicap mais également les
descendants de personnes âgées en perte d’autonomie. La population sénégalaise est estimée
de nos jours à 15 millions d’habitants. La structure par âge présente les caractéristiques d’une
population très jeune : les moins de 20 ans représentent plus de 54,0% de la population totale ;
alors que les personnes âgées de 65 ans et plus comptent pour moins de 4,0%. Le type de famille
le plus adopté au Sénégal est la famille élargie. La taille moyenne des ménages est estimée à 9
personnes. Les ménages de petite taille (1 à 5 personnes) sont assez rares. Ce choix de la famille

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élargie ne relève pas du hasard ; c’est ce type de ménage qui est beaucoup plus conforme aux
valeurs culturelles africaines qui favorisent la vie en famille. Dans ces familles élargies, chaque
membre avait une fonction particulière : l’homme devant s’occuper des charges financières du
ménage et la femme de l’éducation des enfants. Aujourd’hui, avec les crises financières,
l’homme trouve d’énormes difficultés à assurer les charges financières du ménage ; alors, la
femme se trouve dans l’obligation de se livrer à des activités économiques afin de soutenir son
mari dans la gestion financière du ménage. Dans ces conditions, la création de places d’accueil
des jeunes enfants, de structures de répit pour les aidants familiaux, la structuration de filières
professionnelles pour les métiers d’aide à la personne et la solvabilisation de l’aide apportée
constituent des investissements sociaux indispensables à cette conciliation.
5. L’organisation d’une prévention en santé plus précoce et
l’optimisation du parcours de soins
Au-delà de la diffusion de messages de prévention, c’est un véritable parcours de
prévention « citoyen » qui devrait être proposé à chaque individu dès le plus jeune âge et tout
au long de la vie pour favoriser le vieillissement en bonne santé de la population. En termes
de soins, des marges de progression subsistent grâce à une meilleure articulation entre la
médecine de ville et la médecine hospitalière, le développement des nouveaux modes de
rémunération des professionnels, l’extension des maisons de santé pluridisciplinaires, la mise
en place effective du dossier médical personnel.

6. Lutte contre l’émigration des jeunes


L’émigration des jeunes est un phénomène qui a pris depuis 2005 au Sénégal une
dimension insoutenable. L’année 2005 marque l’apparition du phénomène « Barça ou
Barsakh », c'est-à-dire Barcelona ou la mort. Les enfants sénégalais sont prêts à tour pour braver
la mer dans des pirogues de fortune pour rejoindre l’Europe. Cette migration a fait des milliers
de morts. Les mesures drastiques de protection de leurs frontières prises par les pays du
Maghreb et d’Europe n’ont pas découragé les candidats à l’émigration. C’est dans ce sens qu’il
est important de faire des programmes de sensibilisation et de prendre des mesures
d’accompagnement pour inciter les jeunes à investir à rester dans leur territoire.

7. Lutte contre l’exode rural


La répartition de la population totale entre les villes et la campagne montre une
prédominance de la composante rurale (58,4%), même si le poids des ruraux tend à baisser au

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profit de Dakar, du fait de la migration (interne et internationale) vers Dakar. Ce qui frappe
cependant, c’est l’aggravation du déséquilibre entre la zone urbaine de Dakar et les autres villes
: près d’un Sénégalais sur quatre (24,1 %) vit dans la capitale qui ne couvre que trois millièmes
du territoire national ; alors que 17,5% seulement résident dans les autres villes. Près de six
citadins sur dix (58,0%) vivent dans la capitale. Néanmoins, la poussée urbaine de la population
est récente, car la population sénégalaise est estimée à 3.110.000 en 1960 avec 2.423.400 en
milieu rural et 686.600 en milieu urbain, soit 77,9% de ruraux. En 1979, elle tournait aux
alentours de 5.508.093 avec 3.855.788 en milieu rural et 1.652.305 en milieu urbain, soit 77,9%
de ruraux. En 1982, sur une population de 6.000.000 d’habitants, 2.000.000 vivaient dans les
villes dont 1.300.000 à Dakar.

La forte concentration de la population dans la région de Dakar est due au fait que
pendant longtemps, une politique de concentration des pouvoirs économique, politique et
industriel a été menée en faveur de Dakar. Il en est résulté un grand déséquilibre entre Dakar et
les autres régions du Sénégal. Cette situation a fait de Dakar une macrocéphalie, c'est-à-dire
une ville prédominante démographiquement sur les autres villes et régions du pays. Mais, le
problème est que cette situation est un facteur favorisant l’exode rural puisque la paupérisation
des campagnes et l’incapacité du secteur agricole à capter et à utiliser sa propre force de travail
sont des facteurs qui favorisent l’exode rural.

Les sénégalais migrent parfois individuellement vers Dakar ; parfois, ils sont
accompagnés de leurs familles. La faiblesse de leurs revenus économiques les a poussés à venir
à Dakar espérant y trouver des meilleures conditions de vie, espérant accroître leurs revenus.
Ce problème est d’autant plus préoccupant que Dakar manque de capacités d’accueil et
d’absorption des migrants qui ont quitté leurs villages. Ils se retrouvent le plus souvent dans les
zones périurbaines telles que Pikine, Guédiawaye, Grand Yoff, etc. Parfois, ils ont de réelles
difficultés d’adaptation en ville. Certains de ces immigrants vont alors recourir à toutes sortes
de stratégies pour assurer leur subsistance en milieu urbain. Pour nous, c’est dans ce contexte
que se développe la délinquance, la criminalité, le commerce informel à Dakar.

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