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Introduction générale
Le concept de sociologie a été créé par l’écrivain et homme politique français Emmanuel-
Joseph Sieyès (3 mai 1748 à Fréjus- 20 juin 1836 à Paris) à partir des termes latins « socius »
(compagnon ou associé) et « logos » (discours, parole, étude, représentation). Mais, c’est le
sociologue français Auguste Comte (19 janvier 1798 à Montpellier- 5 septembre 1857) qui a
propulsé le concept de sociologie dans son ouvrage intitulé Cours de philosophie positive paru
en 1839, sans pour autant lui donner un objet d’étude spécifique. Or pour fonder une science, il
est nécessaire de remplir ces trois conditions : un objet d’étude, une méthode et un corpus
théorique. Il va falloir attendre l’avènement d’Emile Durkheim (15 avril 1858 à Epinal- 15
novembre 1917) en France et de Max Weber (21 avril 1864- 14 juin 1920) en Allemagne pour
que la sociologie soit une discipline scientifique autonome.
1. Le courant spéculatif
L’opposition essentielle entre le courant spéculatif et celui scientifique réside ici entre ce
qui est et ce qui doit être. La connaissance sociale est recherchée non pas à des fins de
connaissances, mais dans le but d’établir des règles assurant les meilleures organisations et le
bon fonctionnement de la société. Ainsi avec le courant spéculatif, domine une perspective
finaliste et normative, c’est-à-dire qui prend en compte l’idéal à réaliser et recherche ce qui doit
être le meilleur type de société. En regardant de près les réflexions des penseurs du courant
spéculatif, nous voyons qu’elles sont forcément normatives, dans la mesure où leurs
préoccupations étaient d’établir des règles d’action pour la société. Plusieurs exemples peuvent
être donnés notamment chez Platon et Jean Jacques Rousseau.
Le philosophe grec Platon part d’une conception de l’homme fondée sur trois
tendances de principes à savoir : le désir, le cœur et la raison. Ces tendances correspondent à 3
vertus : la tempérance, le courage et la sagesse. Platon généralise ainsi au plan de la société
globale les trois principes qui régissent l’individu et que produit l’idéal de la république qui
devrait être constituée de trois castes hiérarchisées selon la triade suivante :
La caste des artisans, expression du désir et des objets matériels, s’occupe de l’entretien et
de l’approvisionnement des guerriers et des sages ;
Ainsi, l’équilibre de la société serait réalisé entre les trois castes dont chacune assume une
fonction vitale, sans toutefois pouvoir subsister isolément. Nous avons donc là une réflexion
abstraite et subjective très éloignée de la démarche sociologique qui parle non pas de principes
à priori, mais de faits observés. Cette réflexion de Platon nous signale l’emprise de la
philosophie sur les premières tentatives d’étude de la société humaine comme fait social.
Jean Jacques Rousseau (Genève 1712- Ermenonville 778) est considéré par certains
comme un précurseur de la sociologie ; pour d’autres, il est un philosophe moraliste. Héritier de
la philosophie politique du droit naturel dont on trouve les formes les plus élaborées en
particulier dans les travaux de Thomas Hobbes et John Locke, il poursuit la recherche des
fondements de l’ordre social. Il a recouru à une utilisation à des créations de situation fictive
pour étudier le rapport entre individu et société. Il part de l’hypothèse mythique que la nature
est bienveillante et généreuse qu’il y a l’absence d’hostilité des uns à l’égard des autres dans
l’état de nature. L’état de nature ou l’état mythique est un âge d’or qu’il pose comme un point
de référence. Il lui permet d’analyser la signification des mécanismes de coercition ou
d’incitation sur lesquels repose l’ordre social. Il aborde l’analyse des phénomènes politiques par
la méthode de modèles, c’est-à-dire par des constructions théoriques à dessin simplifiées,
idéalisées et irréalistes.
Ainsi selon Rousseau, l’homme est à l’état naturel libre et indépendant ; c’est par une
multitude de nouveaux besoins qu’il est assujetti à ses semblables dont il devint l’esclave en un
sens, même en devenant leur maître. Riche, il a besoin de leurs services ; pauvre, il a besoin de
leurs secours. En d’autres termes, l’homme abandonne la liberté naturelle dont il jouit dans l’état
de nature pour développer des systèmes d’interaction où chacun a la latitude d’agir en fonction
de son seul intérêt. Par conséquent, la vie du groupe ne relève que du contrat social en individus.
2. Le courant théologique
Le courant s’inspire de la religion pour expliquer les faits sociaux. A l’image du courant
spéculatif, il a pour but d’établir des règles assurant les meilleures organisations et le bon
fonctionnement de la société. Mais, au lieu de s’inspirer des raisonnements philosophiques, sa
source d’inspiration est la religion. Il est également finaliste et normatif. L’islam, le judaïsme,
le christianisme, le bouddhisme, etc. disposent d’intellectuels qui s’inscrivent du courant
théologique.
3. Le courant positif
Le courant positif est celui qui amorce l’étude objective des faits sociaux. En effet, les
hommes n’ont pas attendu la naissance de la sociologie pour réfléchir objectivement sur la
société. Ainsi contrairement aux courants spéculatifs et théologiques, s’affirme un courant dit
positif qui annonce selon Serge Albouy la démarche sociologique moderne. L’originalité de ce
courant, c’est que, à l’image de la science, il commence par s’informer de ce qui existe, classe
les faits, construit des typologies, fonde des groupes, étudie les régularités et les similitudes qui
existent dans les phénomènes observés pour enfin tirer des leçons pouvant conduire à
l’établissement de lois générales de la vie sociale.
Aristote est l’un des rares philosophes grecs à avoir étudié objectivement le fait social en
observant la constitution de 158 cités grecques et étrangères, en les classant et les comparant et
en essayant de comprendre leur esprit profond. Partant du principe que l’homme est un animal
politique donc social, il en ressort qu’il n’y a société que s’il existe une fin commune. C’est
parce que les hommes ont des objectifs communs, qu’ils sont complémentaires, et que chacun a
besoin de l’autre pour exister et pour qu’ils vivent en société. Ainsi, Aristote a examiné dans la
politique les différentes formes de l’échange et le passage de l’économie naturelle fondée sur
l’échange de services à l’économie monétaire.
Ibn Khaldoun est considéré par certains comme le véritable fondateur de la sociologie. Il
est l’auteur de la théorie du progrès de l’humanité qui a été quasiment utilisée par tous les
sociologues et philosophes des 18ème et 19ème siècles. Selon lui, dans toute organisation, on a
respectivement un fondateur, un continuateur, un imitateur et un destructeur. Avec Ibn
Khaldoun, nous avons une réflexion générale sur la décadence des états musulmans d’Espagne
qui dominaient à l’époque le monde sur le plan culturel et scientifique. Mais son objectif était
d’enrayer le processus de décadence qui résulte de la différence entre les générations
successives.
Selon Ibn Khaldoun, c’est le fait que les dynasties nouvelles qui n’ont jamais fait la guerre,
ne possédant pas l’esprit de corps, pas assez de volonté, ni d’ardeur pour maintenir les Etats
conquis par les armes, occupés qu’ils étaient à jouir du pouvoir qui leur avait été légué par le jeu
de la succession. Il formule ainsi son projet d’ensemble qui est de faire comprendre l’état social
de l’homme. De ce fait, il fait un travail de sociologie descriptive sur les sociétés islamiques de
son temps. Il soutient l’existence de rapports étroits entre l’organisation de la vie sociale, les
structures sociales et les formes de la vie politique. Toutefois, Ibn Khaldoun n’échappe pas à la
perspective finaliste et normative déjà indiquée, car il entend utiliser la science pour donner une
base rationnelle rigoureuse à la maxime politique et au gouvernement qu’il propose.
Chez Nicolas Machiavel, l’auteur Le prince, nous avons une sorte de gêne face aux
maximes qui, tout en demeurant audacieuses voire attrayantes, défient les principes éthiques,
mais aussi éveille le peuple. En fait, Machiavel émancipe la réflexion sociale des convictions
éthiques et morales qui l’enclavaient jusqu’ici. Pour lui, c’est l’efficacité seule qui est le grand
principe en matière politique et la morale est une donnée étrangère et une importation illégitime
dans le domaine de l’analyse politique. Nicolas Machiavel refuse les explications d’ordre
théologique et, à l’aide d’une méthode fondée sur l’observation des faits politiques et des
multiples petits Etats italiens, formule des règles positives qui signifient que les phénomènes
sociaux ne sont pas incohérents, ni inexplicables, ni imprévisibles, mais qu’ils obéissent à des
lois que l’on peut découvrir par une observation méthodique des faits soigneusement
sélectionnés. Ainsi, il est donc possible d’influencer le devenir du rapport politique, de résoudre
des situations difficiles, à condition que l’esprit soit libéré des considérations qui peuvent
l’émouvoir dans cette entreprise. C’est pour cette raison qu’il est admis que Nicolas Machiavel
met un terme à l’impérialisme de la théologie et à l’emprise de la morale.
Montesquieu fait partie, selon Auguste Comte, des précurseurs de la sociologie. Il a voulu
déceler les lois qui gouvernent la société et identifier le système de rapports qui assurent à la
conduite des hommes une certaine régularité et une certaine prévisibilité. Selon lui, les lois
gouvernent les comportements des hommes. Ces derniers étant soumis à la fois aux lois morales
et aux lois religieuses.
Dans le livre 1 de De l’Esprit des lois, Montesquieu donne des lois de l’organisation
sociale une vue qui souligne leur non-adéquation à celles de la nature physique et le fait qu’elles
ne sont pas de l’ordre de la fatalité. Les lois sont les rapports nécessaires qui dérivent de la nature
des choses et tous les êtres ont leurs lois. D’après lui, plusieurs choses gouvernent les hommes :
le climat, la religion, les lois, les maximes du gouvernement, les mœurs, les manières ; d’où il
se forme un esprit général qui en résulte. C’est dans ce sens que Montesquieu théorise l’idée
selon laquelle : plus les hommes sont civilisés, plus la légalité de l’ordre social repose sur les
lois, les mœurs et les manières, c’est-à-dire les rites et les cérémonies. Donc les populations
Docteur Mouhamadou Mansour DIA 6
Introduction à la sociologie générale
Séquence 1 : LA SOCIOLOGIE : HISTOIRE DE LA DISCIPLINE
libres sont celles qui se gouvernent par les lois ; tandis que les pays où prédominent mœurs et
manières sont explosés au despotisme. Dans les Etats despotiques, il n’y a point de lois. Il n’y a
que des mœurs et des manières et si l’on renverse ces mœurs et manières, on renverse tout l’Etat.
Mais, on ne change pas les mœurs et les manières par des lois. On les change par d’autres mœurs
et d’autres manières.
4. L’avènement de la sociologie
4.1. Les débuts de la sociologie
La sociologie se met en place à la fin du XIXème siècle, dans un contexte marqué par
l’influence conjointe de trois révolutions :
- La révolution industrielle ou économique : elle est caractérisée par le passage d’une société
à dominante agraire et artisanale à une société commerciale et industrielle. Cette situation a
engendré des transformations qui ont profondément bouleversé l’agriculture, l’économie, la
politique, l’économie, la société d’une manière générale.
Auguste Comte est reconnu par certains comme le fondateur de la sociologie. Il a impulsé
le mot et une nouvelle forme radicalement originale de penser les faits sociaux. Il aurait
découvert la spécificité du social et établit la suprématie la sociologie sur toutes les autres
branches du savoir. Ainsi, face au constat de crise de la société française, Auguste Comte
recherche, à partir d’une démarche de connaissance de la société, des principes qui devraient
régir le nouveau système social. Son ambition dès lors est de créer une nouvelle science de la
société fondée sur l’observation rigoureuse des faits. C’est ce qui le conduit à propulser le terme
de « sociologie » qu’il considère comme étant la dernière étape dans le développement du savoir
scientifique, après la physique et la biologie. La société est présentée comme un ensemble ou
un système auto-subsistant dont la vie et la survie ne devraient rien aux intentions, aux stratégies
des acteurs et à la compréhension que les acteurs prennent de leurs intentions et de leurs
stratégies.
La dynamique sociale : elle est considérée comme l’étude des lois de développement des
sociétés humaines.
faibles. Sa sociologie est celle des faits sociaux, qui est une sociologie holiste, déterministe,
quantitative et explicative.
Max Weber, dans son ouvrage Economie et société soutient que la sociologie est une
science compréhensive et estime que son point de départ doit être l’activité sociale qui est le fait
d’individus, d’où l’individualisme méthodologique. L’action sociale se définit par son
intentionnalité. Selon l’approche wébérienne, une activité est un comportement humain qui a un
sens aux yeux de celui ou celle qui l’adopte. Cette activité est sociale si le sens que je lui donne
se rapporte au comportement d’autrui. Pour expliquer l’activité sociale, il faut comprendre le
sens que les individus assignent à leurs actions. La compréhension passe toujours par une
démarche d’interprétation : le sociologue interprète ce sens à partir de sa connaissance du
contexte, de ce que les individus lui disent, mais il ne peut pas se mettre totalement à leur place.
La sociologie américaine est fondée par la première école de Chicago dont les
représentants sont William Isaac THOMAS et Robert Ezra PARK. Née à la fin du 19 ème siècle
et au début du 20ème siècle, cette sociologie prend ses origines dans un contexte américain
particulier caractérisé par des bouleversements sociaux rapides engendrés par une immigration
massive à l’origine d’une grande hétérogénéité socio-ethnique, une délinquance dans les grandes
villes, une industrialisation, une urbanisation croissante et dense, un sans-abrisme…Qui plus est
PARK cherche en effet à saisir dans toute leur complexité les rapports que les citadins
entretiennent avec un milieu à la fois matériel et humain qu’ils ont eux-mêmes façonné, et qui
se transforme en permanence. Il étudie non seulement les rapports sociaux se déroulant dans la
ville, mais également se trouvant modelés par la ville, sa morphologie, son organisation. En fin
de compte, pour PARK et ses collègues, il s’agit d’étudier l’ensemble des relations entre les
citadins dans leur milieu de vie. Pour eux, les rapports sociaux entre les individus, ont une
dimension spatiale et biotique.
Celles qui sont dépourvues d’effet ou de finalité objectifs mais qui sont perçues par le sujet
comme dotées d’une finalité. Exemple : consultation d’un oracle ;
Celles qui comportent des effets objectifs, mais ne résultent pas de la volonté du sujet
d’obtenir ces effets. Exemple : les actes reflexes.
Celles qui produisent des effets objectifs, mais ces effets ne sont pas ceux qui sont
consciemment recherchés par le sujet agissant. C’est le cas de l’entrepreneur qui cherche à
augmenter sa clientèle en baissant ses prix. Puisque les autres entrepreneurs feront
probablement de même, son action aura pour effet non pas d’augmenter sa clientèle, mais de
subventionner les prix d’achat.
Selon Pareto, l’objectif de la sociologie est d’étudier les actions non logiques ou de les
expliquer. Il explique scientifiquement ses raisons d’être et ses incidences sur le fonctionnement
et le changement des sociétés.
Conclusion