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Revue Interdisciplinaire Vol1, n°3 (2017)

Autour de la problématique des sciences sociales

Par :
Pr. QACH Nour-eddine
Université Moulay Ismaïl, Meknès

Résumé :

Examiner les sciences sociales sous l’angle de plusieurs théories de la sociologie. Celle-ci a
été pratiquement, la première à se détacher de la philosophie influencée de positivisme. Elle
sert comme instrument pour poser les conditions de possibilité d’un projet social
émancipateur qui ne s’enferme pas dans une référence à un fondement absolu…C’est ce à
quoi s’applique le présent texte.

Mots clés :

Sciences sociales - théories de la sociologie - philosophie – positivisme - projet social -


référence - fondement – absolu.

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Revue Interdisciplinaire Vol1, n°3 (2017)

Nous essaierons de fixer comme problématique à cette modeste étude en


considérant les théories des sciences humaines en tant que référence. Celles en d’autres
mots, qui ont la particularité d’être les plus étendues possibles. Dans notre cas,
l’analyse des théories et méthodes en sociologie servant dans la construction d’un modèle
du réel, aura une place d’honneur.

I-Théorie(s) et méthodes sociologiques en questions

Il nous faudrait tel que précisé en introduction, examiner les sciences sociales sous
l’angle de plusieurs théories de la sociologie. Celle-ci a été la première pratiquement
, à se détacher de la philosophie influencée de positivisme.

Elle sert comme instrument pour poser les conditions de possibilité d’un projet social

émancipateur qui ne s’enferme pas dans une référence à un fondement absolu ou pour
résoudre un problème même s’il n’est pas adéquat.

Il y aurait lieu de privilégier les schémas théoriques de la sociologie par rapport aux théories
des sciences humaines fussent-elles réduites dans leur prescription1.

En effet, l’on est fondé de se demander. On prend une hypothèse, on doute un certain temps,
c’est un doute méthodique. Les théories des sciences sociales ne seraient pas en premier
ressort une sorte de philosophie générale.

L’on serait même tenté de faire la part des grandes philosophies de l’histoire qui vont de la
haute antiquité jusqu’au marxisme.

A la limite, l’on serait même déterminé de dresser une théorie unique des sciences humaines
qui aurait la prétention de remplir cette mission périlleuse pour ne pas dire impossible.

En d’autres termes, une théorie des sciences sociales est le possible. Dans ce cas précis, il
s’agissait d’identifier dans les écrits des chercheurs en la matière, une telle théorie et le cas
échéant y apporter une contribution si mauvaise soit-elle.

A l’inverse, on inclinerait à recevoir les problèmes méthodologiques communs à toutes les


sciences humaines.

Le problème est loin d’être réglé, d’autant moins que la liste des problématiques n’est pas
allégée. Un phénomène des sciences sociales, c’est lorsqu’on les mesure. Pour simplifier, on

pourrait faire un tableau sur la base de ce qu’on appelle n !2. Par delà ce modèle

mathématique quelque peu sommaire, se profilent des considérations épistémologiques de


même apparence, car elles recouvrent un ensemble de problématiques dans le sens de chaque
penseur et dont celle d’envisager une théorie de chaque science sociale même moindre3.

1
Nous consacrons cette hypothèse de travail pour éviter de tomber dans un préjugé.
2
Une théorie pour une science sociale n’est pas unifiée ou elle peut s’éclater. Exemple : une orange à répartir entre neuf
personnes. C’est dire, absence de théorie dans les sciences sociales.

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Le problème ne peut être résolu. On peut passer un temps long là-dessus, sur ces
combinaisons.

Il y a une possibilité d’argumentation, mais elle n’est pas définitive. On n’a pas d’outils
matériels crédibles pour affirmer l’existence d’une théorie sociale.

Il y a des voies d’accès à la connaissance. On peut utiliser, la psychologie, la


phénoménologie, telle religion… Nous sommes dans le doute, on restera dans l’ordre des
approximations4 à ceci près, on travaillera à se tromper le moins possible.

On est ainsi amené à opter pour une certaine conciliation des préoccupations théoriques qui
s’imposent au préalable dans la recherche sociologique en particulier et dans les sciences
humaines en général.

Il y a ensuite, le problème des méthodes qui se pose qui est d’une rare complexité.

Le développement extraordinaire des méthodes s’explique par le fait qu’on n’a pas pu porter
une résolution à la question des théories, d’où une préoccupation de théories mathématiques
dans cette étude.

Ceci précisé, cette notion de théories des sciences sociales, est-ce qu’il s’agit d’un traité sur le
meilleur gouvernement possible par hasard ou au contraire, s’agit-il de connaissances qui
tournent à vide ? une spéculation sur elles mêmes ?

La sociologie a pu être définie comme « un élément du processus d’auto-domestication


sociale de l’humanité »5. Une question connexe qui se dégage de cette citation, quel impact
de cette auto-domestication sur la réalité économique et sociale des individus ?

Les sciences sociales autre définition, sont « l’ensemble des discours qui prend pour objet
l’homme en ce qu’il a d’empirique »6. C’est une définition qui laisse supposer que sciences
sociales et sciences humaines peuvent être confondues.

Néanmoins, il faut dire que les sciences sociales s’intéressent à l’homme en tant qu’élément
social. Elles vont s’ériger à partir du 19ème siècle en sciences de l’homme vivant en
société.

Mais comment sont-elles nées ?

Dans les sociétés anciennes, on ne distinguait pas l’ordre social de l’ordre naturel relevant
pour ainsi dire, de la même origine. Il y avait une interpénétration des deux ordres que
révèlent les travaux actuels de l’ethnologie.

Mais, cet état de confusion va s’estomper au fur et à mesure du développement des sociétés.
3
Tous les aspects de la vie sociale ( art, religion, culture…), indiquent que l’unité de l’homme paraît tellement évidente
qu’elle ne peut être démontrée. C’est un postulat. On ne démontre pas l’évidence. La conviction est une notion qui ne
résulte pas d’une loi scientifique. L’inconscient est une notion opératoire et non une notion conceptuelle ( la science évolue à
coup de révolutions et non d’une manière linéaire ). Idem pour la religion.
4
L’inégalité dans les sciences humaines pour donner un exemple, n’est pas précise. Celle des maths est précise.
5
E.R. Konig cité par L. Goldman dans son ouvrage, Sciences humaines et philosophie.
6
Michel Foucault, Les mots et les choses, éd. Gallimard, p.354, Paris.

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L’évolution va prendre deux directions. D’une part, l’ordre naturel va être soumis à la société,
elle-même soumise à l’ordre divin. D’autre part, la nature et la société vont être dissociées.

Mais, comment les sciences sociales vont se détacher de l’ordre naturel pour se poser en
véritables sciences ?

Il y a lieu de souligner, la séparation des ordres social et naturel à partir du 16 ème siècle,
notamment en Europe. La science sociale se débarrassera de la religion. Cependant, cette

émancipation va buter sur un certain nombre de résistances en particulier, celle des


détenteurs de l’autorité spirituelle7.

Mais malgré ces résistances, l’esprit scientifique va pouvoir s’incruster dans les sciences
sociales qui vont emprunter les méthodes des sciences exactes et qui s’imposeront à partir
du 18ème siècle en tant que sciences.

Et les chercheurs ont été très tôt frappés par deux éléments, savoir : le relativisme et le
déterminisme dont l’existence a poussé les auteurs à faire part de leur prétention d’étudier les
phénomènes sociaux comme objets. Et l’évolution va se faire sous l’influence de certains
penseurs. Ainsi par exemple, Ibn Khaldoun va tenter de décortiquer l’évolution des sociétés
par l’analyse des causes internes. Cette préoccupation scientifique on la retrouve déjà chez

Montesquieu « On note ce qui est ( observation empirique )8, et ce qui doit être ». Plus loin,

ce dernier, à savoir Montesquieu précise « Les lois sont des rapports nécessaires qui
dérivent de la nature des choses ». Chaque loi a sa raison dans la société et elle doit être mise
en relation avec les autres lois existantes. Elles peuvent être des objets d’étude. Et à partir du
18ème siècle, on retrouvera l’idée selon laquelle, le chercheur en sciences sociales doit
adopter une double attitude à l’égard des phénomènes sociaux : observer les faits
sociaux d’abord, et deuxième attitude, tenter d’en savoir les lois, les relations constantes
entre les phénomènes liés par une dépendance nécessaire9. La connaissance de la société
et de la nature doivent procéder de la même démarche et le déterminisme sociologique est
aussi rigoureux que le déterminisme physique. Donc, il y a existence de lois générales de
l’évolution des sociétés.

Après cette période de maturité, les sciences sociales vont devenir une véritable science, sous

7
C’est Roger BECON qui utilisera le premier, la méthode expérimentale ; mais également d’autres, notamment
Gallilé.
8
C’est nous qui soulignons, in Montesquieu, « De l’esprit des lois ».
9
Entr’autres précurseurs, Jean Jacques Rousseau s’intéressera à l’étude de la société conçue comme étant un
ensemble de rapports ayant une volonté propre et se prêtant à l’attitude scientifique. Nicolas Machiavel qui va essayer
de tirer la politique de l’emprise qu’exerçait alors la religion sur cette science, de la religion et de la morale. Il
représente la coupure. Une coupure épistémologique disent les spécialistes. Auguste Comte
(1798-1857) qui utilisera pour la première fois, le terme de physique sociale et son ambition étant d’étudier les faits
sociaux comme on étudiait la nature. Ainsi ,va naître une science de la société ,c’est la science positive
des faits sociaux cherchant à retrouver la loi d’évolution des sociétés et les déterminants sociaux.
Emile Durkheim va approfondir davantage l’analyse, il établira clairement que les faits sociaux sont identiques
aux fats naturels et peuvent être étudiés comme tels. Max Weber (1814-1912 ) va aller encore plus loin. Il va
établir la supériorité des sciences de la nature sur les sciences exactes, et il va parler de la « sociologie
compréhensive », c'est-à-dire l’étude des phénomènes sociaux de l’intérieur.

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l’effet du courant béhavioriste ( étude du comportement humain ) , avec recours notamment

à des méthodes rigoureuses d’observation ( enquête, sondage… ), mais aussi recours à la


quantification mathématique10.

La science est fondée sur la quantification et à défaut sur des postulats empiriques. Une

méthode ne peut pas être élaborée sans relation avec une théorie, mais étant donné la
difficulté de résoudre le problème de dire ce qu’est une théorie sociale, on a jugé utile de le
laisser de côté et de verser dans un empirisme effréné.

Seulement, on s’est rendu compte que ce n’est pas en multipliant les méthodes qu’on va
cerner la réalité humaine. Il y a un foisonnement de méthodes qui ne peut être expliqué que
par une incapacité de relancer une théorie précise.

L’addition des données recueillies par le biais des méthodes ne donnait pas une vue
d’ensemble sur les phénomènes étudiés11. Les choses qui se tiennent son t les choses basées
sur une vision concrète du monde, une conviction d’abord, ensuite être doté d’un minimum
d’outillage pour expliquer.

On peut s’interroger sur la place des scientifiques dans le fonctionnement des sociétés. Ils
ont un certain impact, mais d’une façon générale, il reste faible sur la marche d’une société.

Nous avons entre autres façons de voir les choses : l’existentialisme ne pouvant
s’expliquer

abstraction faite de la seconde guerre mondiale ( horreur, mal de siècle…) .

Des modes finalement, dans l’histoire de l’humanité qui durent un court temps. Mais, il y a

des phénomènes qui débordent l’enseignement des choses ou même surprenants tels ,
l’humour qui vaut une bombe dans les régimes dictatoriaux. Des philosophies de substitution,
des discours de remplacement, voilà le monde. On change continuellement, mais on coupe
rarement ses attaches avec une théorie, justement parce que c’est une théorie. La majorité

écrasante des intellectuels ont fait un bout de chemin avec des auteurs et non des moindres 12.

Mais comme l’idéologie est viciée quelque part, on change.

L’exemple le plus proche de nous, est celui de l’effondrement des marchés financiers.

Le krach de 2008 a donné lieu, à la crise financière mondiale, à la montée du populisme et


aux guerres civiles, aussi simple que ça.
10
William Thomas à partir de 1918, lance une enquête sur le problème de l’intégration des communautés polonaises
aux U.S.A.Un deuxième type d’enquêtes est effectué en 1925 par le sociologue américain PARK
etc.
11
Les lois qui régissent l’ensemble ne sont pas les lois qui régissent chacune de ses composantes .Pourquoi tel
phénomène se produit-il ? Qu’est-ce qu’il y a derrière ? Il faut une théorie à même d’en fournir une
interprétation. Les mots cachent des réalités. Il n’y a que des mots. On ne récite pas la réalité avec du mutisme.
On vit un flottement idéologique extra-ordinaire.
12
Gides, Malraux, UNESCO, Sartre, Camus entre autres.

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L’informatique qui est aujourd’hui, un outil fondamental ne peut prévenir les crises. Alors,
on a posé la question aux experts, est-ce que cela peut se reproduire ? On a répondu que non
parce qu’on connaît mieux les mécanismes.

On est dans une société postindustrielle parce qu’on se fonde sur les statistiques qui sont la
matière principale13. Rien n’échappe à la société, excepté Dieu. Parce que Dieu existe dans la
société, c'est-à-dire que le sociologue est obligé d’en tenir compte sans l’admettre, ce qui est
absurde14.

Etudier ce qui existe derrière les concepts, les définitions, c’est cela qui doit être
essentiel.Tous les rapports sociaux peuvent constituer à la limite des besoins biologiques qui
seraient le point de départ d’un nouveau raisonnement, qu’est le raisonnement socio
biologique15.

On connaît les mécanismes qui conduisent à la connaissance, au langage ; mais on ne connaît


pas leur origine. La pensée, c’est une action intériorisée.

Ainsi, l’enfant commence par développer son système sensori-moteur et ne commence à


parler réellement, que lorsqu’il a acquis des connaissances,c'est-à-dire un niveau d’abstraction
et une capacité de représentation16. L’animal s’arrête au stade du sensori-moteur.

Le raisonnement est un discours intérieur.L’art est une question d’éducation. L’idée sous
jacente ici, est l’acculturation. Il n’y a pas de principes esthétiques universels. Les pratiques
esthétiques viennent de l’habitude. Il ne faut pas jeter la pierre à quelqu’un qui n’est pas dans
un environnement culturel donné.Tout ce qu’il y a, c’est que la civilisation nous a phagocytés.

Tous nos signes extérieurs sont occidentalisés. Sociologiquement, tous les goûts se valent.
Ceci dit, ce sont les lois qui sont établies scientifiquement qui débouchent sur la bonne
généralisation. Néanmoins, la science est faite d’une juxtaposition de détails, car elle ne peut
partir de la connaissance du tout. Elle évolue progressivement par de petites lois17.Tout ce
qu ‘on peut découvrir ou écrire, c’est pour aboutir à des conclusions provisoires. Le fait
social répétitif paraît relever d’une comédie de mauvaise qualité. Il y a des choses qui
défient la loi, notamment la physique qui n’a pas tout dit.

II-Instructions épistémologiques

On n’aurait nullement besoin de théories, si la science a été finie, et si le monde cognitif était
une donnée définitive. Par conséquent, la théorie ne s’impose que parce qu’on sait mal ou
peu.

13
Il y a bien sûr, la robotique, l’informatique…, mais ce qui est fondamental, ce sont les statistiques.
14
Accroire sur le papier des choses aux quelles on y croit pas. C’est l’un des paradoxes terribles des sciences sociales.
15
Ça va de la satisfaction des besoins individuels ou matériels de l’individu, à la satisfaction des besoins matériels de la
société.
16
Ce que J.Piaget appelle les « opérations intellectuelles ». Lorsqu’on dit par exemple, sou, on a deux façons pour le
savoir : on sait et alors, on imagine ; soit, on a le concept. , l’idée du sou comme moyen pour acquérir un bien.
17
L’eau boue à 100°c, c’est une petite loi par rapport à l’intimité du monde.

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La théorie, c’est en quelque sorte, l’angle sous lequel, on observe ce que l’on veut connaître.

« Il n’existe pas de science du réel intégral »18. Une science, une et identique à propos de

laquelle on pourrait formuler des théories irrévocables, n’existe donc pas. Mais bien, un
ensemble de disciplines spécialisées. De même, « les sciences sociales ne possèdent pas
encore de théorie systématique »19. Il s’agit d’un problème méthodologique important. La
théorie n’a de sens que dans des champs inconnus. Pour aborder la connaissance, il faut une
théorie, mais au moment de la confection, est-ce qu’on ne va pas élaborer que des théories.

Ceci dit, rien n’empêche de croire ou de se rattacher à une école de pensée. Quand on va dans
le fond des choses, on découvre que les scientifiques depuis Copernic, en passant par

Newton, jusqu’à R. Einstein n‘ont apporté que des théories partielles. Dans les

sciences humaines la super-exception est peut être, K. Marx.

Les sciences ont mis en relief deux mots admirables, savoir : la rupture épistémologique. Ce

que l’on voit n’est pas nécessairement, la réalité. Ce qui manque souvent, c’est l’élaboration,

ce qu’il y a derrière les choses. Le donné n’est jamais donné. Il est construit. On voit pas la

société,on la connaît à coup de construction intellectuelle. Ceci s’applique de façon éclatante

à la notion de classe sociale20.

Dans l’état actuel des choses, l’homme n’est pas à même de percer le réel intégral, peut-être
le fait-il à son insu.

Le propre des sciences humaines, c’est de dégager l’invisible, de démystifier ce qui ne se voit
pas21. S’il y a un monde où l’invisible est omniprésent, c’est le monde politique.
L’invisible devient visible lorsqu’on peut le quantifier.

Pour revenir à la citation aristotélicienne, l’identité n’existe pas entre deux choses dans le
monde tangible, alors qu’elle existe dans l’abstrait. La nécessité dont fait état Aristote est
relative, alors qu’elle ne peut être qu’absolue ( une relativisation de l’absolu ).

Toutes les sciences dépendent de ces propositions dont une autre est fondamentale, ce qui
n’était pas une fois scientifique peut entrer dans le cadre scientifique.

Méthodologiquement parlant, il faut distinguer le réel comme indépendant de la science en


tant qu’approche de ce réel. Peut-on définir le réel sans recours à la science ? Le réel ne

18
G.Gusdorf, « les sciences humaines et la pensée occidentale », in De l’histoire de la science à l’histoire de la pensée, T.1,
Payot, Paris.
19
P.Lazarsfeld , Philosophie des sciences sociales.
20
Pour en savoir ce que c’est, on lira des romans et les idées des écrivains.
21
Exemple, lorsqu’on rédige une thèse sur la classe sociale, il y a plusieurs techniques pour établir la stratification des
couches sociales.

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s’appréhende qu’à travers des constructions intellectuelles qui sont des lois ou des rapports,
d’une part. D’autre part, le réel est abordé au gré de l’évolution des sciences.

Ceci étant, il se pose un problème de méthodologie, l’homme avec ses théories si

fondamentales soient-elles, a le défaut de la généralisation.

Le phénomène est là, la théorie apparemment n’est pas là. Si c’est trop général, on n’a rien
expliqué ; si c’est très court, ce n’est pas une théorie. Puisque l’homme est incapable
d’accéder à la vérité intime des choses, il est obligé de se rabattre sur les théories qui vont
tourner à la longue sur elles-mêmes. C’est ce qui arrive.

A la base des théories, il y a une part incompressible de l’idéologie qui n’est autre qu’un
complexe d’idées.

On trouvera une infinité d’exemples. Qu’est-ce que la société ?Comme il va y avoir un


nombre illimité d’idéologies qui définissent la société, on a conclu à son inexistence tout
simplement.

A l’origine du mot société, il y a la solidarité qui à défaut de quoi, il n’y aurait de vie
commune. Quand on dit qu’il y a la solidarité, on fait de l’idéologie. Quand on dit le
contraire, c’est de l’idéologie. Mais est-ce qu’il peut exister une science sociale si la
société n’existe pas ? Personne ne peut expliquer l’inexistence de Dieu, quoiqu’on peut
l’expliquer en étant croyant.

Il est vrai que « Les sciences sociales n’ont fait qu’élaborer des procédés de recherche et des
généralisations qui ne dépassent guère un niveau assez bas »22. Si on fait trop de
généralisations, on fait de l’induction par rapport à la science et la science sociale en
particulier, se veut méthode à défaut d’être essentialiste, d’où la place prépondérante
que tiennent les questions méthodologiques dans les sciences sociales. La science sociale
se perpétue dans la pauvreté originelle.

En guise de conclusion, on se permettra quelques réflexions sur la liberté humaine qui


constitue l’un des facteurs déstabilisateurs internes des sciences humaines.

La liberté humaine n’est pas le doute, elle est cet élément qui ramène les sciences sociales à
leur dimension véritable, c'est-à-dire à plus de modestie cognitive. Bref, « La conduite
humaine ne saurait elle être assimilée en aucun cas au produit mécanique de l’obsession
ou de la pression des données structurelles, elle est toujours l’expression d’une mise en
œuvre d’une liberté si minime soit-elle »23.Il est vrai qu’à ce type d’idées, l’on peut aisément
développer des contre-arguments de poids.

En effet, si l’on entend fréquemment, que la liberté de l’homme exclut la recherche des
causes déterminant ses attitudes, il est indiqué de considérer que la liberté humaine n’est
pas un libre-arbitre gratuit.

22
P.Lazarsfeld, op cit.
23
J.Stoetzel , La psychologie sociale, Ed. Flammarion, 1963, Paris, p.124.

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Bibliographie

.Madeleine Gravitz, Méthodes des sciences sociales, Ed. Dalloz, 1987, Paris.
.Festinger et Katz, Méthodes de recherche dans les sciences sociales,Ed. P.U.F, 1959,2V,
Paris.

Roger Boudon et P.Lazarsfeld, Le vocabulaire des sciences sociales, P.U.F, 1965,Paris.


.P.Bourdieu et J.C Passon, Le métier de sociologue, Payot, 1964, Paris.
.A. Siegfried, Tableau politique de la France de l’ouest, A.Collin, 1964, Paris.
.C.L. Strauss, Anthropologie structurale, Plon,1969, Paris.
.J.Stoetzel , La Psychologie sociale, Flammarion, 1963, Paris.
.Fernand Braudel, Histoire des sciences sociales.La longue durée,Les Annales,1958,Paris.
.La Revue française de sociologie.
.Les cahiers internationaux de sociologie.

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