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CM n° 1 en licence 2, semestre 3 :
De la sociologie en STAPS ? Pour quoi faire ?
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Un paradigme décrit les croyances le plus souvent implicites sur le fond desquelles les
chercheurs élaborent leurs hypothèses, leurs théories et plus généralement définissent leurs
objectifs et leurs méthodes. …. Toute démonstration repose sur des principes
indémontrables. …
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Je vous propose donc une réflexion sur les méthodes scientifiques, les
paradigmes et les concepts à l'oeuvre dans l'explication du social.
Les courants de pensée en sociologie ont montré qu'en effet sur des
objets limités (des régions de savoirs) on pouvait tenter l'aventure
du modèle explicatif. Il en va ainsi dès lors qu'on s'intéresse à la
reproduction sociale des inégalités dans les sociétés industrielles.
Le structuralisme a montré l'existence d'invariants culturels dans les
sociétés, y compris les sociétés primitives.
Le marxisme, la socio-biologie et d'autres champs ont également
proposé des modèles explicatifs du monde social.
Aucun modèle pourtant ne peut à lui seul englober les savoirs issus
d'autres champs. Les domaines scientifiques constitués
fonctionnent comme autant de champs clos ignorant ce qui les
environne, expliquant ce qu'ils ont au préalable construits, taillant leur
part de la réalité du monde.
Tout scientifique est donc aussi un être enraciné dans une culture,
une société et une histoire. Les connaissances actuelles sur
l'infiniment grand et l'infiniment petit nous rendent encore plus
circonspects. Plus on approche des limites, plus le savoir institué est
fragile; comme en mathématiques, un théorème ne fonctionne que s'il
élimine une part du phénomène qu'il explique. C'est en excluant une
donnée du problème que la théorie peut fonctionner.
3. Territoires de la sociologie :
Le terrain permet le recueil des données qui n’est jamais une fin en soi.
La théorie présente le risque inverse de théorisation pure qui ignore le
réel en se contentant de prendre dans le réel les seuls exemples qui
confortent la théorie ou bien en se contentant de l’intuition sans jamais
lui chercher de preuves.
D’autres risques font souvent confondre l’objet d’étude et
l’instrument de mesure (cas du test d’intelligence) ou bien
conduisent à se tromper en ignorant par exemple le degré d’incertitude
de l’instrument ou encore en faisant dire au résultat plus qu’il ne peut
en dire.
Je vous propose ici une réflexion sur les sciences sociales, et la culture
scientifique qui s'y rattache, une réflexion sur les conditions de la
production scientifique, par l'approche historique des hommes et
des institutions qui dessinent le mouvement de la connaissance.
sociale, d'en modifier les structures et d'en régler les formes malgré
les obstacles.
C'est dans ce sens là qu'on peut dire que la sociologie est fille de la
Révolution de 89. Il faut pour ça que la société dans son image
collective cesse d'être passive pour devenir créatrice, historique. Il
faut aussi que les normes pratiques de gouvernement des groupes
humains se disjoignent de la vision inéluctable d'un ordre divin qui
fixe à l'homme son état et sa place dans une organisation intangible.
La nation devient le symbole de cette force et peut s'arroger le droit
de définir des lois et fixer des structures nouvelles.
Dans tous les cas les attentes d'une pratique des sciences sociales sont
démesurées voire irrationnelles. On s'approche souvent de ces utopies
des religions prophétiques. La fonction prophétique des sciences
conduit tout droit au scientisme.
Durkheim avait écrit depuis longtemps que les faits sociaux sont des
choses mais leur nature restait mystérieuse. Contrairement aux
positivistes le fondateur de l'école française de sociologie se refusait à
les réduire à la matière et au mouvement et les assimiler en fin de
compte à une sorte de méta-biologie.
Ceux qui mettent le référent extérieur entre parenthèses (la nature des
choses) et le locuteur (le contexte social et pragmatique) ne peuvent
parler que des effets de sens et des jeux de langage. Notre vie
intellectuelle est mal faite. L'épistémologie, les sciences sociales, les
sciences du texte ont toutes pignon sur rue mais à condition d'être
distinctes. Si votre sujet de recherche se met à traverser les trois
domaines, alors vous n'êtes plus compris.
Si vous prenez un beau réseau socio-technique (par ex les découvertes
nucléaires, les articles de la presse scientifique, les discours politiques
à son sujet, les structures de production d'énergie, la stratégie militaire,
les progrès médicaux, etc...) et que vous offrez ce réseau en pâture aux
disciplines établies, chacune va y découper son espace Ainsi
l'épistémologie va s'empresser d'extraire les concepts et de les arracher
au contexte social ou à la rhétorique. Les sciences sociales vont exciser
la dimension sociale et politique et purifier tous les objets. Les sciences
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Une solution existe pourtant pour Bruno Latour qui suggère de recourir
à l'anthropologie et de repartir de son paradigme fondamental de
l'opposition entre nature et culture. Même le plus rationaliste des
ethnographes est capable de lier dans une même monographie, les
mythes, les ethnosciences, les généalogies, les formes politiques, les
techniques, les religions, les épopées et les rites des peuples qu'il
étudie.
Pas un élément qui ne soit à la fois réel, social et narré. Parce qu'il
considère que nous sommes modernes et que par conséquent les
coutures entre nature et culture sont solides.
Bibliographie du cours