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Sanchez Dounia

T11

EXPLICATION DE TEXTE ROUSSEAU PHILOSOPHIE :

L’idée du bonheur pose généralement que être heureux réside dans le fait d’obtenir ce
que l’on désire tant. On peut retrouver cette philosophie chez Platon avec son personnage du
Gorgias : Caliclès, qui nous dit que l’Homme doit toujours désirer quelque chose pour
pouvoir aspirer au bonheur dans sa vie. Epicure lui nous dit que pour avoir une certaine
tranquillité d’âme nous devons être en capacité de savoir se contenter de plaisirs simples. Par
plaisirs simples il entend également désirs simples pour lesquels nous sommes en mesure de
satisfaire afin de ne pas souffrir d’un quelconque manque même si celui-ci n’est pas combler.
Le principe même du désir consiste d’avoir notre âme troublée par une insatisfaction. Cette
dernière va donner naissance par la suite à une déception qui nous poussera à ressentir de la
peine car nous n’avons pas comblé notre désir. Dans ce cas de figure le désir apparaît comme
étant source de douleur et de peine. Mais par « désir » on entend également un processus qui
ne s’arrête jamais à un certain moment fixe et qui ne peux donc pas réellement nous combler.
Mais si le bonheur réside dans le fait de combler nos désirs est-ce que pour aspirer à un
certain bonheur nous devons amplifier nos désirs ? Ou bien au contraire devons-nous les
réduire ? Car malgré tout le désir est présenté dans certain cas comme étant la source de maux
et de douleur et ces deux sources ne peuvent nous permettre d’aspirer à un certain bonheur.
Le texte que nous étudions est un extrait de l’œuvre Julie ou la Nouvelle Héloïse, écrite par
Rousseau en 1761. La question qui émerge suite à la lecture de ce texte est de connaître quel
est le lien véritable qui réside entre bonheur et désir.
Dans un premier temps, l’auteur énonce les effets positifs du désir sur l’Homme. Puis
il nos énonce ces deux thèses qui à première vus semble être paradoxale. Globalement il nous
fait comprendre de façon paradoxale que le bonheur ne vient pas du fait que l’on parvient à
combler ce que l’on désir comme l’idée commune répandus dans notre société le prétend mais
plutôt que le bonheur réside dans le principe même du désir c’est-à-dire dans le simple fait de
désirer même si celui-ci n’est pas combler.
La question que nous nous demandons est de savoir si l’Homme peut atteindre au
bonheur en mettant fin à son désir ou bien si celui peut l’atteindre en ne cessant de renouveler
ses désirs ?

Tout d’abord Rousseau nous expose les effets positifs du désir sur l’Homme. L’état de
désirer « se suffit à lui-même » nous dit-il. Le but premier du désir ne réside pas dans le fait
que l’homme cherche à obtenir à tout prix l’objet qu’il convoite, au contraire le but du désir
est de simplement désirer. Généralement, lorsque nous désirons quelque chose nous sommes
soumis à un certain sentiment qui a pour but de nous rendre heureux car nous apercevons
devant nous une once de bonheur plausible qu’on n’aurait pu imaginer. Rousseau, nous
explique que le moment du désir et « l’inquiétude qu’il donne », provoque chez l’Homme une
certaine jouissance. Ce moment-là en particulier vaux bien mieux que le moment où nous
arrivons à obtenir ce que l’on désirait.
Le plaisir d’avoir et d’acquérir la chose que l’on convoitait tant peut disparaître rapidement et
cela se remarque lorsque nous avons en notre possession la chose que l’on désirait. En effet,
une fois obtenu, on perd par la suite toute l’illusion et toute la passion de désirer tant cette
chose et nous nous mettons à désirer autre chose qu’on ne désirait pas auparavant. Ce type de
comportement qu’adopte très fréquemment l’Homme peut être associé à l’exemple des
tonneaux des Danaïdes, exemple que l’on retrouve encore une fois dans le Gorgias de Platon.
Dans cet exemple les désirs de l’Homme sont associés à la liqueur présent dans les tonneaux,
ceux-ci percés ce qui fait que la liqueur ne cesse de s’écouler à mesure que l’on remplit les
tonneaux. Les désirs en sont de même, à mesure que l’on désire une chose une fois acquis
nous nous empressons de désirer autre chose.

Par la suite les deux thèses de l’auteur sont exposées à nous. Thèses qui semblent être
paradoxales car elles viennent renverser le jugement commun des hommes. Il associe
premièrement le désir à la possession.
« Malheur à celui qui n’a plus rien à désirer » nous dit-il. Nous pouvons soulever une certaine
apologie du désir faite par l’auteur. Ici Rousseau semble associer le désir à la possession, or
habituellement nous avons plutôt tendance à lier désir et manque entre eux. Désirer, c’est
viser la possession de quelque chose que l’on ne possède pas et de ce fait nous en sommes
conscient. En disant que lorsque nous n’avons plus rien à désirer, l’homme « perd pour ainsi
dire tout ce qu’il possède », Rousseau vient renverser le jugement commun qui prétend que
désirer c’est toujours tendre vers la possession d’un bien dont on est actuellement privé. Sous
un certain point de vue nous pouvons nous demander si l’auteur ici ne cherche pas à nous
faire comprendre que l’Homme est peut être privé de bien réel car tout ce qu’il possède ne se
limite qu’à son simple désir.
Dans un second temps, il admet que la jouissance réside beaucoup plus dans le fait
d’espérer la possession de l’objet que l’on convoite. « On jouit moins de ce qu’on obtient et
que de ce qu’on espère et l’on heureux qu’avant d’être heureux ». Après avoir associer le
désir à la possession et non au manque, Rousseau vient renverser à nouveau un second
jugement commun. Habituellement le bonheur est défini comme le propre du désir comblé.
Nous sommes heureux lorsque ce que nos espérances sont enfin exaucées. Il semble logique
que nous sommes moins heureux de désirer quelque chose que de le posséder et d’en jouir.
Pourtant Rousseau soutient la thèse contraire. La jouissance n’est pas dans la satisfaction du
désir mais dans le désir lui-même. La thèse de Rousseau, pose que la possession de l’objet
convoité donne une jouissance inférieure à celle de l’espérance de cette possession.

Une fois que Rousseau nous a étayé ses deux thèses il vient apporter à celle-ci une
justification. Nous pouvons relever le début de leurs justifications grâce à la conjonction de
coordination « en effet » qui marque le début de celles-ci.
Il pose d’emblée comme première justification que l’Homme est fait pour désirer
grâce à Dieu et grâce au don qu’il lui a donné. D’après Rousseau, il réside chez l’homme
« une avidité ». Par avidité il entend un caractère illimité du désir et donc une certaine
impuissance à pouvoir le combler. Lorsqu’il dit clairement que les hommes sont « bornés », il
entend par là que l’existence de l’homme a des limites. Limites que l’on rencontre par notre
nature qui cherche à convoiter constamment, qui cherche « à tout vouloir » comme dit
Rousseau, mais c’est cette même nature qui nous condamne à peu obtenir. A trop vouloir nous
n’obtenons rien. La distance entre le « tout » et le « peu », symbolise la distance qui existe
réellement entre ce que l’on désir et ce que l’on réussit à obtenir. Epicure nous dit que nous
devons nous limiter, nous les Hommes à des plaisirs simples dont nous sommes en capacité
de combler car dans le cas inverse nous nous exposons au risque de ne pouvoir les combler et
donc en être malheureux. Dans ce cas de figure le malheur réside dans le désir lui-même, mais
Rousseau ne prétend pas ceci, au contraire, pour lui le désir n’est pas ici le problème.
L’homme est initialement crée pour désirer, cela est ancré dans sa nature. De ce fait le désir
est perçu comme une solution car c’est par le biais de celui-ci qu’il a « reçu un don du ciel,
une force consolante ». Par « don », Rousseau entend un bénéfice pour l’homme. En créant ce
dernier, Dieu savait dès le départ que celui-ci ne serait jamais satisfait et qu’il ne cesserait
d’avoir soif de désir tout en étant jamais assez abreuvé. Ce don est perçu comme étant une
force et non une faiblesse, mais en caractérisant ce don comme étant « consolant » Rousseau
reconnaît indirectement qu’il réside un écart entre l’excès de tout ce que l’on désire et les
limites de ce qu’on peut réellement avoir. Tout en sachant que l’homme ne parviendrai pas à
toujours obtenir ce qu’il désir, Dieu lui aurait donc donné ce « don » afin qu’il puisse se
consoler.
Ainsi, cet écart n’est que source de désespoir car nous n’aurions point besoin d’être consolés
si nous étions pleinement heureux. Ici, lorsque Rousseau nous parle de don, il fait référence
au don de l’imagination. L’imagination est la faculté par laquelle nous pouvons produire des
images, inventer et donner naissance à des fictions. Rousseau décrit ici l’imagination comme
étant capable de combler l’absence de l’objet désiré. L’objet de notre désir est construit dans
notre imaginaire, cet objet est en quelque sorte fantasmé. Vu que nos désirs changent
constamment, ils ne sont pas fixe ainsi notre imagination s’adapte à ses changements. Pour
Rousseau l’imagination va bien plus loin que cela car elle est en mesure de « rendre présent et
sensible », l’objet que l’on désir.
C’est-à-dire que l’imagination nous donne la possibilité de désirer sans être directement
satisfait et ainsi pouvoir jouir de l’idée de la représentation du bonheur comme possible. En
autre elle a la capacité de nous rapprocher de cet objet désiré.
D’une certaine façon, Rousseau nous décrit simplement, les effets « hallucinatoires » que
provoquent nos désirs. Ainsi le désir est en parfaite mesure par le biais de l’imagination de
rendre un objet présent mais qui est pourtant absent. Nous pouvons dire que par cette faculté,
l’homme arrive à donner à sa vie une certaine richesse. Caractérisons cette idée par un
exemple simple. Il arrive fréquemment que nous nous retrouvions dans un cas extrême que
l’on juge sur le moment comme étant « la pire situation» et que cela n’arrive qu’à nous. Mais
grâce à cette faculté d’imaginer, l’Homme a entre ses mains la possibilité de se projeter dans
le futur afin d’imaginer un moment bien meilleure que celui où il se trouve. L’Homme est
libre de choisir sa vie. Par cette liberté il il peut s’imaginer dans l’avenir faire ses choix.
Imaginer et désirer c’est être heureux.
Donc par ce don que Dieu nous a donné qui n’est rien d’autre que l’imagination, nous
sommes en mesure de jouir d’une « quasi » possession. C’est pour tout cela que l’absence de
l’objet n’est pas tellement source de manque ou de souffrance.

Par la suite, Rousseau nous dis que la réalisation de nos désirs ne s’avère être que
déception pour nous : « l’illusion cesse où commence la jouissance », or l’illusion est permise
par l’imagination et nous avons dit précédemment qu’imaginer c’est être heureux. Ainsi si
notre imagination cesse c’est que notre désir a été réalisé et nous avons jouit de lui, nous ne
pouvons donc plus être candidat au bonheur. De ce fait sous ce point de vue le bonheur peut
être opposé à la jouissance. Le problème ne vient donc pas du désir lui-même, mais de ce qui
nous reste du désir une fois que celui-ci est comblé. C’est à ce moment que l’on se rend
compte que ce que l’on désirait n’a plus de mystère, de surprise ou de charme. Il est dénué de
toutes les caractéristiques qui nous avait attirées et qui a fait que nous avons tant désiré cette
chose. L’Homme rencontre la réalité dans la déception et c’est à partir du moment où il est
déçu qu’il se dit qu’il préférait sûrement son imagination à l’acquisition de cet objet. « Le
pays des chimères est en ce monde le seul digne d’être habité » à la première lecture de cette
phrase nous pouvons voir que l’auteur continue dans sa quête de l’argumentation et il nous
valorise l’imaginaire au détriment du réel. Le pays des chimères est imaginaire ainsi il n’est
qu’illusion tout comme les chimères d’ailleurs qui sont aussi imaginaire, et tout comme eux
nos désirs sont aussi imaginaire à partir du moment où ils n’existent que dans notre
imagination. Si pour Rousseau le pays des chimères est le seul « digne » d’être habité c’est
simplement car la réalité est toujours décevante et face à la déception que l’on rencontre il est
préférable pour nous en tant qu’Homme de se tourner vers l’imaginaire. Par ailleurs, il semble
logique que nous éprouvons une certaine joie lorsque nous réussissons à avoir ce que l’on
désirait. Mais une fois que cette chose est entre nos mains, nous n’éprouvons plus la même
joie qu’auparavant. Il semblerait intéressant de prêter attention au laps de temps durant lequel
cette joie demeure chez nous. En effet, on peut désirer quelque chose pendant des années,
mais on peut aussi combler ce désir en l’espace d’un instant si nous sommes en mesure de le
faire. De ce point de vue, pour ceux qui ne perçoivent pas le bonheur qu’apporte le désir en
lui-même, le principe de patienter pendant un long moment afin d’acquérir quelque chose puis
pouvoir le combler en l’espace d’un instant après tant d’années d’attente semble être un
principe qu’ils risquent de pas adhérer directement. Le proverbe « la patience est une vertu »
se trouve être un proverbe qui n’est pas approuvé par tous. Ce qui nous amène à parler de
ceux qui cherchent à combler leur désir dans le seul but de s’en débarrasser car ils ne veulent
plus désirer quoique ce soit pour quelconques raisons. Mais cela semble être fort inutile car
lorsqu’on regarde bien, un désir est toujours remplacé par un autre une fois l’ancien comblé,
on peut voir cela comme étant un cycle qui se répète ou tout simplement un cercle sans fin qui
parfois nous pousse à se dire qu’il est inutile de chercher à combler ses désirs. Or, cela est
faux, sous un certain point de vue, il est important de continuer à désirer, car c’est en désirant
que l’on progresse sur différents plan c’est-à-dire aussi bien personnellement en tant
qu’individu ou en tant que membre de notre société.
Si on revient au personnage de Caliclès il nous dit qu’il est important pour l’Homme de
désirer constamment car c’est par le désir qu’il pourra aspirer au bonheur. Comme nous
avons pu le dire précédemment, imaginer et désirer permet de nous rendre heureux. Ainsi,
sans ce cycle ou ce « cercle » sans fin, l’homme n’arriverait pas à être heureux et trouver une
quelconque once bonheur. C’est parce que pour l’Homme « il n’y a vraiment rien de beau,
que ce qui n’est pas », comme dit Rousseau dans son texte, qu’il parvient à faire des progrès
dans sa vie. Si à chaque désir comblé nous ne désirions plus rien par la suite personne ne
lutterait pour rien et personne ne serait heureux.
Dans ce texte que nous étudions, Rousseau s’oppose à la conception que tout le monde
a du désir et qui est répandus dans notre société. Habituellement nous associons le désir au
manque, c’est-à-dire que nous désirons ce que nous n’avons pas.
Mais à travers ce texte, Rousseau nous a montré que l’Homme n’est pas malheureux à cause
de ses désirs mais plutôt à cause de leur absence, « Malheur à celui qui n’a plus rien à
désirer » nous dit-il. Nous sommes heureux parce que nous désirons et non pas juste parce que
nous parvenons à exaucer nos désirs. C’est-à-dire que même si nous ne parvenons pas à les
satisfaire nous ne sombrerons pas dans le malheur, au contraire, nous demeurerons heureux
par le simple fait de désirer.
La satisfaction en quelque sorte de nos désirs est permise par le biais d’une force divine et par
l’imagination, et c’est cette dernière qui permet de nous abreuver d’illusions et de faire en
sorte de combler l’absence de l’objet désiré. Ainsi nous comprenons qu’imaginer c’est être
heureux.
Mais cette philosophie de pensée qui prétend que « Imaginer c’est être heureux » rencontre
néanmoins ses limites. Dans certain cas c’est à cause de son imagination que l’Homme se
retrouve à être malheureux. En effet, à trop imaginer certaines choses et à espérer en
imaginant que tel ou tel chose arrivera peut-être un jour peut devenir très rapidement source
de malheur en nous procurant de la peine.
Par ailleurs dans son texte Discours sur l’origine de l’inégalité parmi les hommes, le mythe
du Bon Sauvage prétend que l’Homme parvient à être heureux et peux avoir accès au bonheur
car il possède peu et c’est parce qu’il sait se contenter du peu qu’il a qu’il parvient à ne pas
désirer plus ainsi le malheur apparaît lorsque l’on prend conscience de ce que l’on a pas, mais
dans ce cas on pourrait se demander en quoi il serait mal de prendre conscience de ce que l’on
a pas ? Car en prenant conscience de ceci nous pouvons ainsi désirer ce que l’on n’a pas et
Rousseau nous dit « Malheur à celui qui n’a plus rien à désirer ».

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