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30/11/2023 11:59 Vivons-nous pour être heureux ?

- SAMABAC

Vivons-nous pour être heureux ?


5 mai 2020

Vivons-nous pour être heureux ?

Analyse du sujet
Les mots du sujet
Vivons : « vivre » est un verbe un peu passe-partout. Ici il s’agit de l’existence. Vivre, au sens plat du
terme, c’est appartenir à la classe des objets non inanimés (végétaux et animaux) et ne pas être
mort. Mais le « nous » nous éclaire. « Nous » c’est moi et les autres c’est-à-dire les humains. Or vivre,
pour un humain, ce n’est pas seulement respirer ou se nourrir, mais aussi penser. L’existence (notion
au programme) induit une dimension supérieure au fait de vivre biologiquement qui est celle de la
conscience humaine. Non seulement je vis mais je le sais et je peux m’interroger sur le sens de ce
vivre.
Etre heureux : Le bonheur est impossible à définir quant à son contenu car en effet ce ne sont pas
nécessairement les mêmes choses qui nous rendent heureux, les uns et les autres. On peut tout de
même définir le bonheur comme un sentiment de satisfaction durable, distinct en cela du plaisir qui
est une sensation de satisfaction ponctuelle, éphémère. Étymologiquement, « bonheur » vient de «
augurium » qui en latin signifie « chance ». Être heureux c’est donc avoir bonne chance (et
malheureux, mauvaise chance), ce qui semble dire que le bonheur vient par hasard, indépendamment
de la volonté et de notre maîtrise.
Synonymes :
béatitude : forme de bonheur d’une grande intensité. Etat permanent auquel rien ne peut manquer
et dont jouissent les « élus » au paradis. La béatification chez les chrétiens rend le défunt «
bienheureux » avant que d’être saint.
Félicité : forme de bonheur sans mélange, durable. Si la béatitude vient de l’intérieur, la félicité vient
plutôt des circonstances
Contentement : état profond, durable de celui qui ne désire rien de plus, rien de mieux que ce qu’il a.
En ce sens le bonheur réside dans la satisfaction de tous les désirs, de toutes les inclinations (cf Kant)
Mots de sens approchants mais différents :
Plaisir : renvoie à la sensation. Le plaisir est le contraire de la douleur. Il est le signe qu’un besoin ou
un désir a été satisfait sur le plan physique ou mental.
Joie : relève de l’émotion. L’émotion n’est pas la simple sensation mais plutôt un mouvement qui
nous fait sortir de nous-mêmes. Chez Spinoza, la joie est l’expression du passage d’une perfection
moindre à une perfection plus grande. La joie est en ce sens très proche du bonheur.
Volupté : plaisir des sens. Insiste sur l’aspect physique
Extase : ce mot relève du vocabulaire religieux. L’extase s’éprouve quand l’âme a l’impression de
communiquer avec le surnaturel (Dieu, la Nature, la beauté), coupée de tout ce qui l’entoure
Le sens du problème

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Le « pour » renvoie à la notion de finalité. Si l’on vit pour être heureux, c’est alors que le but, la
finalité de la vie est le bonheur. La question qui est posée est donc celle du pourquoi. Pourquoi
vivons-nous ? Quelle est la raison de notre existence. Une possibilité nous est proposée : le bonheur.
Pourquoi celle-là ? Parce qu’elle correspond à l’opinion commune, qu’elle est aussi largement
répandue en philosophie et notamment dans la philosophie antique. Elle semble donc aller de soi. Il
s’agit d’interroger un préjugé commun, voir s’il est fondé ou non.
On remarquera qu’il ne va pas de soi du tout qu’il y ait une finalité à l’existence. Il y a donc trois
réponses possibles :

Le but est le bonheur


Le but est autre chose que le bonheur
Il n’y a aucun but, aucune finalité à l’existence.
Présupposé de la question
Nous vivons ou plutôt nous existons et donc nous nous interrogeons sur le sens de notre existence.
Nous sommes même la seule espèce à le faire.

Réponse spontanée
Elle est affirmative.

Plan rédigé
Introduction
Tout dans notre société semble nous inciter au bonheur et de l’homme malheureux, dépressif, on a
tendance à penser qu’il est malade et mérite d’être soigné. Pourtant le bonheur semble échapper à
notre maîtrise et si, étymologiquement, le bonheur est la « bonne chance » alors il faudrait penser
que l’homme a à réaliser ce qu’il ne peut réussir. En même temps, dire que nous devons vivre pour
quelque chose c’est penser qu’il y a un but à l’existence, ce qui ne va pas de soi. Y-a-t-il un sens
prédéterminé à notre existence et, dans l’affirmative, cette finalité est-elle le bonheur ou autre chose
? La question est importante car c’est la question de la condition humaine qui est au centre du
problème et son éventuelle absurdité. De prime abord il semble tout de même bien que le bonheur
soit la finalité que tout le monde se donne. Néanmoins, parce qu’il a une raison, l’homme n’est-il pas
destiné à une finalité plus haute ? Enfin penser que l’existence a une fin, n’est-ce pas supposer que
quelqu’un de supérieur, Dieu, a déterminé cette fin, et qu’en est-il alors si Dieu n’existe pas ?

I Nous vivons pour être heureux


1) La position antique
La philosophie antique a posé comme une évidence que tout homme cherche à être heureux et la
sagesse consiste alors à savoir comment faire pour y parvenir.
La pensée antique ne le discute pas : l’homme cherche le bonheur. C’est, par exemple, le sens du «
Nul n’est méchant volontairement » attribué à Socrate. Le méchant agit involontairement parce qu’il
croit que le mal le rendra heureux. Il se trompe sur ce qu’est le bonheur. La connaissance lui apprend
que le bien heureux et donc le sage est vertueux. Ce raisonnement repose sur le principe (non

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interrogé) que tout homme cherche le bonheur, axiome répété par Platon. La philosophie antique va,
par conséquent, chercher comment faire pour être heureux. On pourrait se dire que cela rejoint le
sens commun. Nous vivons dans une société où les injonctions à être heureux sont constantes aussi
bien dans le discours publicitaires (consommer, acheter pour être heureux), politique etc.

2) Bonheur et plaisir .

On aurait néanmoins tort de confondre la position philosophique et celle de l’opinion. Le sens


commun confond bonheur et plaisir, pensant qu’être heureux c’est avoir. Or le bonheur n’est pas le
plaisir. Le plaisir est éphémère, ponctuel alors que le bonheur est un état de satisfaction durable. En
tant que nous avons une nature animale et une vie biologique nous cherchons en effet le plaisir. Le
bébé hurle quand il a mal et est apaisé dans le plaisir. La sélection naturelle a lié le plaisir à la
satisfaction des besoins vitaux. Si manger était douloureux le bébé se laisserait mourir de faim. Il
s’agit d’une question de survie. Mais l’homme n’est pas qu’un animal. Il a une conscience de soi. Il
pense et il peut alors comprendre que le plaisir est décevant. Platon, dans le Gorgias, montre que la
recherche du plaisir nous piège dans un cercle. Le plaisir achevé, je le regrette et le recherche à
nouveau sans parvenir à la plénitude. L’homme du plaisir est pareil au mauvais tonneau, au tonneau
percé qui ne garde rien de ce qu’on y met. Epicure nous conseille de classer nos désirs car si « le
plaisir est le commencement et la fin de la vie heureuse », encore faut-il éviter les plaisirs qui ont
pour conséquences des douleurs. Ainsi si je peux sans problème satisfaire les désirs naturels et
nécessaires qui sont simples et toujours accessibles (manger, boire, dormir, me protéger du froid
mais aussi penser et philosopher) je ne dois satisfaire qu’avec modération les désirs naturels et non
nécessaires. Manger des mets raffinés apaise certes la faim mais à trop en abuser le plaisir
s’émousse et surtout nous risquons d’en devenir dépendants et d’être malheureux si des revers de
fortune nous interdisent de le faire. Quant aux désirs qui ne sont ni naturels ni nécessaires, il faut les
fuir comme la peste. Jamais satisfaits (le riche veut toujours être plus riche, le conquérant n’en a
jamais assez etc.), ces désirs mettent l’âme sans cesse en mouvement. L’esprit n’est jamais en paix
alors même que le véritable bonheur se situe dans l’ataraxie (absence de trouble de l’âme) et
l’aponie (absence de trouble du corps). Ainsi l’homme sera « comme un dieu » nous dit Epicure et
aura donc atteint une forme de perfection

3) Vertu et bonheur
Il faut néanmoins préciser qu’en faisant du bonheur le but de notre existence, la philosophie antique
fait aussi de la vertu la finalité de l’homme. Le bon et le bien se confondent en effet dans la langue
grecque. La vertu c’est l’arété en grec, c’est-à-dire l’excellence. Aristote, par exemple, nous dit que le
bonheur est le souverain bien (c’est-à-dire la fin suprême de l’homme) mais être heureux c’est obtenir
ce qui nous « caractérise spécialement ». Or qu’est-ce qui caractérise spécialement l’homme ? Ce
n’est pas se nourrir ou grandir car les plantes aussi se nourrissent et grandissent, ce n’est pas non
plus « avoir des sensations » ce qui caractérise tous les animaux. Le propre de l’homme est l’activité
de l’âme. Le bonheur ne peut donc se trouver dans les plaisirs du corps aux yeux d’ Aristote. Le
bonheur réside donc dans la vertu (arété) c’est-à-dire l’usage parfait de sa raison dans la conduite de

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sa vie. Or, dans La politique, Aristote précise que « l’homme est un animal politique » c’est-à-dire un
être destiné à vivre dans une communauté administrée par des lois. C’est même ce qui nous
distingue des dieux (qui vivent en autarcie) et des bêtes qui, soit vivent seuls, soit vivent dans des
sociétés régies par l’instinct sans loi ni gouvernement. Aristote précise que la preuve que nous
sommes destinés à vivre en société est le langage. Si être heureux c’est obtenir « ce qui nous
caractérise spécialement », il semble bien que cela ne puisse se faire hors de la société.
Du reste, peut-on être heureux si les autres ne le sont pas ? Mais n’est-ce pas dire que peut-être nous
ne vivons pas, ou tout au moins pas seulement, pour notre bonheur personnel ? N’y-a-t-il pas
d’autres finalités à notre existence ?

II Bonheur et morale
1) La dualité humaine
L’homme est corps et esprit, existence biologique et raison. N’y-a-t-il pas alors non pas une mais
deux finalités à notre existence ?
En tant que nous avons un corps nous cherchons bien le bonheur, bonheur que Kant définit comme
étant « la satisfaction de toutes nos inclinations ». Mais ce n’est pas là la finalité propre de l’homme.
Les bêtes aussi cherchent à satisfaire leurs inclinations. Mais si nous nous étions contentés de cela
aurions-nous une histoire ? Pourrions-nous progresser ? Dans Idée d’une histoire universelle d’un
point de vue cosmopolitique, Kant explique que si la nature avait voulu notre bonheur elle nous
aurait donné des instincts plutôt que l’intelligence. L’instinct indique en effet à l’animal ce qui lui
convient sans erreur possible. Si tel avait été le cas, nous serions alors comme les bergers d’Arcadie
dont le bonheur champêtre et simple ne dépasse guère celui de leurs moutons. Mais nous n’avons
pas d’instinct mais une raison qui nous indique que nous sommes destinés à autre chose. À quoi ?
Kant répond que nous sommes destinés à la morale.

2) La morale est notre vraie finalité et elle nous rend « digne d’être heureux »
La morale doit être universelle sinon elle n’existe pas. Il n’y a pas de sens à reprocher à quelqu’un ce
qui lui serait permis ailleurs. Or seule la raison permettra de penser des règles universelles. La
morale doit être désintéressée. Celui qui agit moralement par intérêt, n’hésitera pas à commettre le
pire s’il est à son avantage. On voit alors que l’homme moral n’agit pas pour être heureux. Il agit «
par devoir » c’est-à-dire dans la seule finalité morale. La recherche de notre seul bonheur pousse à
l’égoïsme. Il n’y a de véritablement morale, nous dit Kant, qu’une volonté bonne c’est-à-dire une
volonté qui n’a pas d’autre fin que le bien. La morale apparaît alors comme la finalité proprement
humaine car en effet seul l’homme peut penser ce qu’est le bien et le mal et seul il peut librement
choisir le bien. L’animal n’est pas libre. « La nature commande et la bête obéit » dit Rousseau.
L’homme lui est capable de résister à sa nature. En tant qu’humain nous devons donc tout faire pour
être vertueux y compris, si cela est nécessaire, sacrifier notre bonheur à cette quête.
Nous deviendrons alors, nous dit Kant, « digne d’être heureux ». L’injuste n’est pas digne d’être
heureux. Si l’homme vertueux n’est pas nécessairement heureux, il aura au moins la certitude de
mériter le bonheur.

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3) Le Souverain Bien
La finalité morale est bien indépendante du bonheur chez Kant mais ne peut-il être possible de
réconcilier les deux ? Kant reconnaît qu’il n’est guère facile pour l’homme de sacrifier sa finalité
animale qu’est le bonheur au profit du devoir. C’est du reste ce qui le conduit à postuler l’existence
de Dieu. Un homme qui cherche à être moral sans croire en Dieu va être sans cesse ébranlé dans sa
conviction morale : « Le mensonge, la violence, la jalousie ne cesseront de l’accompagner bien qu’il
soit lui-même honnête, pacifique et bienveillant ; et les personnes honnêtes qu’il rencontre, en dépit
de leur dignité à être heureux, seront cependant soumises, tout de même que les autres animaux sur
cette terre, par la nature qui n’y prête point attention, à tous les maux de la misère, des maladies et
d’une mort prématurée et le demeureront toujours, jusqu’à ce que la vaste tombe les engloutisse
tous (honnêtes ou malhonnêtes peu importe) et les rejette, eux qui pourraient croire être le but de la
création, dans l’abîme du chaos sans fin de la nature dont ils ont été tirés » (Critique de la raison
pure). Ainsi, si on ne postule pas l’existence de Dieu, l’homme honnête est toujours roulé puisque,
l’expérience le montre, ce sont souvent les plus injustes qui sont les plus heureux. En revanche, si on
admet que Dieu existe, alors notre finalité morale est confortée. En effet Dieu est censé avoir créé le
monde et l’homme et c’est donc lui qui nous a à la fois destinés au bonheur et à la morale. Dieu ne se
contredit pas. Il m’assure que bonheur et morale sont compatibles, liés. Il m’assure qu’en suivant la
morale j’agis aussi pour le bonheur car le vrai bonheur advient lorsque tous les hommes agissent
moralement. Dieu a créé l’homme pour ces deux fins qui se réunissent bien sûr dans la vie éternelle
après la mort.
Remarquons qu’il ne s’agit pas d’être moral pour mériter le bonheur dans l’au-delà. Ce serait en effet
alors une action intéressée, conforme au devoir mais non faite « par devoir ». De ce point de vue le
chrétien qui prétend qu’il faut sacrifier son bonheur sur terre pour mériter le bonheur au paradis fait
bien du bonheur sa finalité et en ce sens Kant n’est pas vraiment chrétien. Néanmoins postuler
l’existence de Dieu c’est admettre que bonheur et morale ne sont pas incompatibles. Du reste faire
du bonheur le but de l’existence c’est plus chercher « comment vivre ? » que « pourquoi vivre ? » Il
s’agit moins de préciser le sens de l’existence qu’un mode d’emploi du vivre. C’est donc bien la
morale qui donne sens et non le bonheur.
Pourtant postuler l’existence de Dieu, n’est-ce pas penser que, pour qu’il y ait un sens, une finalité à
l’existence, il faut recourir à l’existence de quelqu’un qui donne ce sens ? Mais alors que penser si
Dieu n’existe pas car après tout, et Kant nous l’a montré, l’existence de Dieu est indémontrable ?

III Y-a-t-il un sens à l’existence humaine ?


1) L’homme est-il prédestiné ?
Dire que l’homme vit « pour » être heureux ou « pour » être moral c’est sous-entendre qu’il y a un
sens prédéterminé à notre existence, c’est supposer que quelqu’un nous a prédestiné pour effectuer
cette finalité, bref c’est postuler l’existence de Dieu. Un sens suppose toujours une conscience, une
volonté qui justement se donne des fins.
Si Dieu a créé l’homme, il l’a créé dans un but précis, pour quelque chose. Comme le dit Sartre, on
peut dire alors que « l’essence précède l’existence ». L’homme est voué à faire ce que Dieu a prévu
pour lui. Il vit « pour » ce qu’il a décidé : travailler à sa gloire, « gagner son pain à la sueur de son
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front », respecter les commandements etc. Mais alors aussi il n’est pas libre. Mais ceci n’est vrai que
si Dieu existe. Or rien ne prouve cette existence. Il s’agit d’une affaire de foi.
Qu’en est-il si Dieu n’existe pas ? Alors, dit Sartre, il n’y a plus d’essence préétablie de l’homme
puisque personne pour la penser. L’homme existe d’abord et se définit ensuite, en termes
philosophiques « L’existence précède l’essence ». Nous ne sommes pas destinés à quelque chose.
Nous sommes et c’est tout, tout comme est cette pierre, tout comme sont les lois de la physique sans
qu’il y ait à chercher quelque dessein ayant créé tout cela dans un but précis.

2) L’existence n’a pas de sens


Schopenhauer déjà affirmait que tout dans l’univers est animé par une puissance aveugle de vie sans
fondement et sans finalité. L’homme est le jouet inconscient de ce qui l’anime. Il n’existe aucun plan
divin et nous sommes esclaves de notre vouloir vivre dont l’expression consciente constitue le désir.
Esclave de ce désir, l’homme oscille sans cesse entre la souffrance (quand le désir est insatisfait) et
l’ennui (lorsqu’il a obtenu satisfaction). La souffrance est notre condition. La morale de
Schopenhauer va alors être une morale du renoncement. Il faut d’abord renoncer à transmettre la vie
car c’est transmettre la tromperie du bonheur. Le seul sentiment acceptable est la pitié qui reconnaît
l’universalité de la souffrance. La seule délivrance est la négation du vouloir-vivre non dans le suicide
qui ne résout rien mais dans l’acte de non-volonté (peu éloigné du bouddhisme). Désirer le moins
possible (ascétisme), tout au plus rechercher le plaisir esthétique (dont Schopenhauer reconnaît le
caractère désintéressé) voilà tout ce qu’il reste à l’homme.
Ainsi si l’existence n’a pas de fin, pas de sens, il semble que nous soyons condamnés au scepticisme :
ça sert à quoi ? À quoi bon !

3) Sens transcendant et sens immanent


Mais si rien ne donne sens à l’existence de l’homme de façon transcendante, n’est-ce pas à nous de
donner une finalité à notre existence ? C’est la solution de Sartre qui retrouve le sens dans la liberté.
Si Dieu ne nous dit pas pourquoi vivre, alors à nous de nous donner des fins, à nous de voir pourquoi
nous voulons vivre. Et si tel est le cas alors ce qui donne sens à notre existence n’est autre que la
liberté. L’homme existe d’abord et se définit ensuite. Il est donc ce qu’il se fait. Il est, nous dit Sartre,
« condamné à être libre » c’est-à-dire contraint (pas moyen d’y échapper) d’inventer sa propre vie.
Il faut bien voir que si chacun décide ce qu’il a à être, il n’y a aucune universalité du sens. Certes mes
choix se présente comme exemplaire et invite l’autre à faire de même. Si je me marie par exemple
c’est que je pense que le mariage a une valeur et j’invite autrui à faire de même. En ce sens, mes
choix m’engagent. Néanmoins l’autre aussi est libre et peut contredire mes choix par des choix
autres, le sens que je donne à ma vie par un autre sens. C’est la conscience et c’est la liberté qui font
advenir du sens au monde.
Ainsi on ne peut pas tout à fait dire que nous vivons pour rien mais la finalité est toujours à inventer.

Conclusion
Le problème que nous avons tenté de résoudre a des enjeux métaphysiques. Selon nos croyances la
réponse n’est pas la même et l’enjeu est en réalité religieux. Si Dieu existe il a dû prescrire un sens à

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notre existence mais en ce cas cette finalité est probablement une finalité morale. Si Dieu n’existe
pas alors l’existence n’a pas de sens prédéterminé mais c’est à nous à en définir un. Rien n’empêche
du reste de se donner à soi-même pour finalité le bonheur. En même temps si Dieu n’existe pas il
n’est d’autre formes d’universalité que l’empreinte que nous pouvons éventuellement inscrire dans
l’histoire, pour les générations à venir : une œuvre, simplement une vie d’honnête homme ou autre.
L’homme n’est-il pas toujours plus ou moins à la recherche d’une forme d’immortalité ?

sosphilosophie

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