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Philosophie en terminale

Séquence 3 : Le bonheur ; un but visé par tous.

Quelles sont les voies vers le bonheur ? Toutes sont-elles capables


de l’atteindre ?

Le premier constat que l’on peut d’emblée poser est que tout le monde veut
être heureux, ou du moins tout le monde souhaite le bonheur. Tout le monde est en
quête du bonheur. Le bonheur est un bien désiré par tous les hommes. Il y a donc
un universel chez l’être humain, c’est la recherche du bonheur. Personne ne
souhaite consciemment et volontairement être malheureux. Il est le but que l’on
vise dans notre existence. Mais les moyens pour accéder au bonheur sont multiples,
voire contradictoires. Donc tout le monde souhaite être heureux, mais les moyens
pour le devenir sont si nombreux, qu’il est donc possible de rater sa cible alors que
nous visons le bonheur. Donc la recherche du bonheur est une recherche qui est
avant tout incertaine, il est possible de rater sa cible, de se détourner, ou bien d’être
dupé par la recherche de quelques biens, qui s’avéreraient être essentiels à la quête
du bonheur et qui finalement se révèlent comme n’étant pas essentiels pour être
heureux.

==> Le bonheur est-il le souverain bien ?

Texte 1 : Aristote, Ethique à Nicomaque.

« Puisque toute connaissance, tout choix délibéré aspire à quelque bien, voyons
quel est selon nous le bien où tend la Politique, autrement dit quel est de tous les
biens réalisables celui qui est le Bien suprême. Sur son nom, en tout cas, la
plupart des hommes sont pratiquement d'accord : c'est le bonheur, au dire de la
foule aussi bien que des gens cultivés ; tous assimilent le fait de bien vivre et de
réussir au fait d'être heureux. Par contre, en ce qui concerne la nature du
bonheur, on ne s'entend plus, et les réponses de la foule ne ressemblent pas à
celles des sages. Les uns, en effet, identifient le bonheur à quelque chose
d'apparent et de visible, comme le plaisir, la richesse ou l'honneur : pour les uns
c'est une chose et pour les autres une autre chose ; souvent le même homme
change d'avis à son sujet : malade, il place le bonheur dans la santé, et pauvre,
dans la richesse ; à d'autres moments, quand on a conscience de sa propre
ignorance, on admire ceux qui tiennent des discours élevés et dépassant notre
portée. Certains, enfin, pensent qu'en dehors de tous ces biens multiples il y a un
autre bien qui existe par soi et qui est pour tous ces biens-là cause de leur bonté.
Passer en revue la totalité de ces opinions est sans doute assez vain ; il suffit de
s'arrêter à celles qui sont le plus répandues ou qui paraissent avoir quelque
fondement rationnel. »

- Quel est le sens de politique ici ? Que présuppose t’il sur la notion de bonheur ?
Est-il individuel ou bien le véritable bonheur est-il collectif ?
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- Quelles sont les idées fondamentales de cet extrait ? D’abord que le
« Souverain bien » ou le « Bien suprême » est la fin visée par
absolument tous les individus. Tout le monde est d’accord là-dessus le
bonheur est ce qui est universellement désiré. Cependant, lorsque
l’on se penche sur l’objet du bonheur, plus personne n’est d’accord.

« Quel est donc le bien dans chacun de ces cas ? N’est-ce pas la fin en vue de quoi
tout le reste est effectué ? En médecine, c’est la santé, en stratégie la victoire,
dans l’art de bâtir, une maison, dans un autre art c’est une autre chose ; mais
dans toute action comme dans tout choix, le bien est la fin, car c’est en vue de
cette fin qu’on accomplit toujours le reste. Par conséquent, s’il y a une chose qui
soit la fin de tous nos actes, c’est cette chose-là qui sera le bien réalisable − et s’il
y a plusieurs choses, ce seront ces choses-là. Nous voyons donc que par un cours
différent, l’argument conduit au même résultat qu’auparavant. − Mais ce que
nous disons là, nous devons essayer de le rendre encore plus clair. Puisque les
fins sont manifestement multiples, et nous choisissons certaines d’entre elles (par
exemple la richesse, les flûtes et en général les instruments) en vue d’autres
choses, il est clair que ce ne sont pas là des fins parfaites, alors que le Bien
Suprême est, de toute évidence, quelque chose de parfait. (…)
En ce qui concerne le fait de se suffire à soi-même, voici quelle est notre
position : c’est ce qui, pris à part de tout le reste, rend la vie désirable et n’a
besoin de rien d’autre. Or, tel est, nous semble-t-il, le caractère du bonheur. Nous
ajouterons que le bonheur est aussi la chose la plus désirable de toutes, même si
ne se trouve pas au nombre des biens, puisque s’il en faisait partie il est clair qu’il
serait encore plus désirable par l’addition fût-ce du plus infime des biens − en
effet, cette addition produit une somme de biens plus élevée, et de deux biens le
plus grand est toujours le plus désirable. On voit donc que le bonheur est quelque
chose de parfait qui se suffit à soi-même ; et il est la fin de nos actions. »

==> Nous voulons tous être heureux mais les fins sont différentes, et les moyens
pour accéder au bonheur sont tous différents également. Mais comme l’écrit
Aristote, le Bien suprême, c’est-à-dire le bonheur vrai, est l’unique fin, c’est-à-dire
une fin en soi. Le seul vrai bonheur est le bonheur qui se suffit à lui-même, le
bonheur qui est sa propre fin, il est autotélique.
==> Le bonheur est défini par Aristote comme « l’activité de l‘âme conforme à la
vertu », c’est-à-dire comme un accomplissement de l’excellence proprement
humaine. Le bonheur est donc la recherche de l’action parfaite, c’est-à-dire l’action
achevée et excellente, une action désirée pour elle-même.
==> Pour reprendre les idées fondamentales soulevées par Aristote, le bonheur
dépend des circonstances. On peut dire que de prime abord, le bonheur est relatif
aux individus. C’est pour cela qu’Aristote dit bien que nous recherchons le bonheur
à travers des activités contradictoires. Mais pour Aristote, le bonheur véritable, ce
qu’il appelle le « Bien Suprême », est l’acte conforme à la vertu, c’est-à-dire ce qui
correspond à l’excellence de l’âme. Le bonheur est une fin en soi. (cause/fin)
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==> Mais cette fin bonne pour elle-même reste tout de même assez
abstraite pour le moment de notre réflexion. Il est vrai que le bonheur
comme fin en soi, comme acte conforme à la vertu, peut tout autant être
interprété comme une volonté de réduire la souffrance physique et
morale, que comme un acte supérieur, un acte vertueux, un acte motivé
par des aspirations plus valeureuses. Le bonheur est si différent dans
ses expressions, que le bonheur peut autant être relié au plaisir, à la
volupté, qu’à la recherche de la gloire, du pouvoir, des honneurs.

Limites : bien que le bonheur soit le souverain bien, il peut se


définir par des moyens trop divers. Le bonheur reste encore trop relatif.
Il faut donc le définir avec plus de précision.

==> La vertu des stoïciens. Le bonheur c’est de posséder en tout temps,


en touts lieux, dans toutes les circonstances, la vertu. Il faut distinguer ce qui
dépend de nous de ce qui ne dépend pas de nous. Ce qui dépend de nous c’est la
vertu et rien d’autre que la vertu. Par contre la gloire, la richesse, la santé, les biens
quelconques, une famille, des enfants, la chance, tout cela ne dépend pas de nous.
Ces choses dépendent de la Fortune, c’est-à-dire du hasard des choses et des
circonstances. Ainsi, en s’attristant de ne pas avoir d’argent ou de grande maison,
ou de ne pas être célèbre, ou bien d’être malade, nous nous attristons de choses ou
de biens qui ne dépendent pas de nous. Regretter une somme d’argent que nous
n’avons pas est en effet courir après la tristesse. Il faut se contenter de ce que l’on a,
et comme vous le savez, Descartes écrivait dans son Discours de la Méthode cette
formule ressemblant fortement à la morale stoïcienne : « changer ses désirs plutôt
que l’ordre du monde. »
Ainsi, être heureux c’est s’occuper que de ce qui dépend de nous, et tout ce
qui dépend de nous est à trouver en nous-même, une sérénité intérieure ; ou
comme l’écrit Marc-Aurèle dans ses Pensées pour moi-même : « la citadelle
intérieure. »
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Texte 2 : Marc-Aurèle, Pensées pour moi-même

« Les hommes se cherchent des retraites, chaumières rustiques, rivages des mers,
montagnes : toi aussi, tu te livres d'habitude à un vif désir de pareils biens. Or, c'est là le
fait d'un homme ignorant et peu habile, puisqu'il t'est permis, à l'heure que tu veux, de te
retirer dans toi-même. Nulle part l'homme n'a de retraite plus tranquille, moins troublée
par les affaires, que celle qu'il trouve dans son âme, particulièrement si l'on a en soi-
même de ces choses dont la contemplation suffit pour nous faire jouir à l'instant du
calme parfait, lequel n'est pas autre, à mon sens, qu'une parfaite ordonnance de notre
âme. Donne-toi donc sans cesse cette retraite, et, là, redeviens toi-même. Trouve-toi de
ces maximes courtes, fondamentales, qui, au premier abord, suffiront à rendre la
sérénité à ton âme et à te renvoyer en état de supporter avec résignation tout ce monde
où tu feras retour.
Car enfin, qu'est-ce qui te fait peine ? La méchanceté des hommes ? Mais porte la
méditation sur ce principe que les êtres raisonnables sont nés les uns pour les autres;
que se supporter mutuellement est une portion de la justice, et que c'est malgré nous que
nous faisons le mal; enfin, qu'il n'a en rien servi à tant de gens d'avoir vécu dans les
inimitiés, les soupçons, les haines, les querelles: ils sont morts, ils ne sont plus que
cendre. Cesse donc enfin de te tourmenter.
Mais peut-être ce qui cause ta peine, c'est le lot d'événements qu'a créé l'ordre universel
du monde ? Remets-toi en mémoire cette alternative : ou il y a une Providence, ou il n'y a
que des atomes ; ou bien rappelle-toi la démonstration que le monde est comme une cité.
Mais les choses corporelles, même après cela, te feront encore sentir leur importunité ?
Songe que notre pensée ne prend aucune part aux émotions douces ou rudes qui
tourmentent nos esprits animaux, sitôt qu'il s'est recueilli en lui même et qu'il a bien
reconnu son pouvoir propre, et toutes les autres leçons que tu as entendues sur la
douleur et la volupté, et auxquelles tu as acquiescé sans résistance.
Serait-ce donc la vanité de la gloire qui viendrait agiter dans tous les sens ? Regarde alors
avec quelle rapidité l'oubli enveloppe toutes choses, quel abîme infini de durée tu as
devant toi comme derrière toi, combien est vain chose un bruit qui retentit, combien
changeants, dénués de jugement, sont ceux qui semblent applaudir, enfin la petitesse du
cercle qui délimite ta renommée. Car la terre tout entière n'est qu'un point; et ce que
nous en habitons, quelle étroite partie n'en est-ce pas encore ? Et dans ce coin, combien y
a-t-il d'hommes, et quels hommes ! Qui célébreront tes louanges ?
Il reste donc que tu te souviennes de te retirer dans ce petit domaine qui est toi-même.
Et, avant tout, ne te laisse point emporter ça et là. Point d'opiniâtreté; mais sois libre, et
regarde toutes choses d'un œil intrépide, en homme, en citoyen, en être destiné à la
mort. »

- Quelle est est la question générale du texte ? Faut-il chercher une


tranquillité extérieure ou en soi-même ?
- « Ce petit domaine qui est toi-même » (4 dernières lignes du texte)
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Texte 2bis : Marc-Aurèle, Pensées pour moi-même

Dès l’aurore, dis-toi d’avance : Je rencontrerai un indiscret, un ingrat, un


fourbe, un envieux, un égoïste. Tous ces vices ont été causés en eux par
l’ignorance des biens et des maux. Mais moi, ayant observé que la nature du
bien, c’est le beau, et que celle du mal, c’est le honteux, et que la nature du
pécheur lui-même est d’être mon parent, qui participe, non du même sang ou de
la même semence, mais de l’intelligence et d’une parcelle de la divinité, je ne puis
subir un dommage d’aucun d’entre eux, car il ne saurait me couvrir de honte. Je
ne puis non plus me fâcher contre mon parent ni le haïr, car nous sommes faits
pour coopérer, comme les pieds, les mains, les paupières, les deux rangées de
dents, celle d’en haut et celle d’en bas. Agir en adversaires les uns des autres est
donc contre nature. Or c’est traiter quelqu’un en adversaire que de s’emporter
contre lui ou de s’en détourner.
Tout ce que je suis se réduit à ceci : la chair, le souffle, le guide intérieur. Renonce
aux livres, ne te laisse plus distraire, ce ne t’est plus permis ; mais à la pensée
que tu es moribond, méprise la chair : elle n’est que de la boue et du sang, des os
et un fin réseau de nerfs, de veines et d’artères. Vois aussi ce qu’est ton souffle :
du vent, et non toujours le même, car à chaque instant tu le rejettes pour en
aspirer d’autre à nouveau. Reste donc, en troisième lieu, le guide intérieur.
Penses-y ! Tu es âgé ; ne permets plus qu’il demeure esclave, qu’il obéisse, comme
une marionnette, aux instincts égoïstes, qu’il se fâche contre la destinée présente,
ni qu’il appréhende celle à venir.
Les oeuvres des Dieux font éclater une providence ; celles de la Fortune ne
laissent pas de dépendre de la nature ou d’être tissées et entrelacées avec les
événements régis par la providence. Tout découle de là. En outre, ce qui arrive
est nécessaire et contribue à l’intérêt général de l’univers dont tu fais partie.
D’ailleurs, pour toute partie de la nature, le bien, c’est ce que comporte la nature
universelle et ce qui est propre à la conserver. Or, le monde se conserve aussi
bien par la transformation des composés que par celle des éléments. Que ces
pensées te suffisent, qu’elles soient toujours pour toi des principes. Et quant à ta
soif de lecture, rejette-la, afin de mourir, non le murmure aux lèvres, mais
vraiment satisfait et le coeur pénétré de la reconnaissance envers les Dieux.
Rappelle-toi depuis combien de temps tu remets à plus tard et que de fois, ayant
obtenu des Dieux des renouvellements d’échéance, tu n’en profites pas. Il faut
enfin comprendre dès maintenant de quel univers tu fais partie, de quel être,
directeur du monde, tu es une émanation, et que ta vie est étroitement
circonscrite dans le temps. Si tu ne profites pas de cet instant pour te rasséréner,
il passera, tu passeras et ce ne sera plus possible.

——
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==> La volupté chez les épicuriens : Le bonheur peut aussi être vu


comme la recherche des plaisirs. Nous l’avons vu avec les épicuriens et leur désir
d’apathie et d’aponie. Pour les épicuriens le bonheur est l’absence de troubles, pour
l’âme et pour le corps, et l'optimisation des plaisirs, de la volupté. Il faut donc
proscrire toutes formes de troubles, les excès des penchants.
Texte 3 : Épicure, Lettre à Ménécée

« […] Il faut donc étudier les moyens d'acquérir le bonheur, puisque quand il est là nous avons
tout, et quand il n'est pas là, nous faisons tout pour l'acquérir. […]
Parmi les désirs nécessaires, certains sont nécessaires au bonheur, d'autres à la tranquillité
durable du corps, d'autres à la vie même. Or, une réflexion irréprochable à ce propos sait
rapporter tout choix et tout rejet à la santé du corps et à la sérénité de l'âme, puisque tel est le
but de la vie bienheureuse et que toutes nos actions ont pour but d'éviter à la fois la souffrance
et l'angoisse. […]
Le plaisir est le principe et le but de la vie bienheureuse. C'est lui que nous avons reconnu le
premier des biens naturels, c'est lui qui nous fait accepter ou fuir les choses, c'est à lui que nous
aboutissons, en prenant la sensibilité comme critère du bien.
Or, puisque le plaisir est le premier des biens naturels, il s'ensuit que nous n'acceptons pas le
premier plaisir venu, mais qu'en certains cas, nous méprisons de nombreux plaisirs, quand ils
ont pour conséquence une peine plus grande. D'un autre côté, il y a de nombreuses souffrances
que nous estimons préférables aux plaisirs, quand elles entraînent pour nous un plus grand
plaisir. Tout plaisir, dans la mesure où il s'accorde avec notre nature, est donc un bien, mais
tout plaisir n'est pas cependant nécessairement souhaitable. De même, toute douleur est un
mal, mais pourtant toute douleur n'est pas nécessairement à fuir. Il reste que c'est par une sage
considération de l'avantage et du désagrément qu'il procure, que chaque plaisir doit être
apprécié. En effet, en certains cas, nous traitons le bien comme un mal, et en d'autres, le mal
comme un bien.
Ainsi, nous considérons l'autosuffisance comme un grand bien : non pour satisfaire à une
obsession gratuite de frugalité, mais pour que le minimum, au cas où la profusion ferait défaut,
nous satisfasse. [...] Du pain et de l'eau procurent le plaisir le plus vif, quand on les mange
après une longue privation. L'habitude d'une vie simple et modeste est donc une bonne façon de
soigner sa santé, et rend l'homme par surcroît courageux pour supporter les tâches qu'il doit
nécessairement remplir dans la vie. Elle lui permet encore de mieux apprécier, à l'occasion, les
repas luxueux et, face au sort, l'immunise contre l’inquiétude.
Quand nous parlons du plaisir comme d'un but essentiel, nous ne parlons pas des plaisirs des
débauchés, ni des jouissances sensuelles, comme le prétendent quelques ignorants qui nous
combattent et défigurent notre pensée. Nous parlons de l'absence de souffrance physique et de
l'absence de trouble moral. Car ce ne sont ni les beuveries et les banquets continuels, ni la
jouissance que l'on tire de la fréquentation des jeunes garçons et des femmes, ni la joie que
donnent les poissons et les viandes dont on charge les tables somptueuses, qui procurent une vie
heureuse, mais des habitudes raisonnables et sobres, une raison cherchant sans cesse des
causes légitimes de choix ou d'aversion, et rejetant les opinions susceptibles d'apporter à l'âme
le plus grand trouble. […] On ne saurait vivre agréablement sans prudence, sans honnêteté et
sans justice, ni avec ces trois vertus vivre sans plaisir. Les vertus en effet participent de la
même nature que vivre avec plaisir, et vivre avec plaisir en est indissociable. »
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Avec les épicuriens il existe des désirs naturels, des désirs naturelles
nécessaires, et des désirs naturels nécessaires « pour le bonheur ». Ainsi,
il ne suffit pas de manger, de boire, de respirer pour être heureux bien que ça suffise
pour vivre. Il faut aussi pour la tranquillité du corps, qui est le premier degré du
bonheur, détenir un logement sain, avoir des vêtements nous permettant de vivre
une vie pleine, heureuse. Mais surtout il faut, en plus de toutes les nécessités
matérielles à notre vie, il faut rechercher l’amitié, l’indépendance ou l’autonomie,
on retrouve notre quête de liberté de la séquence précédente. La philosophie est
nécessaire pour être heureux, après être subvenu à toutes les nécessités matérielles
du quotidien.
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==> Préférer la connaissance au bonheur avec Descartes La


connaissance peut aussi être un moyen de satisfaire sa vie. En effet connaître le
monde et augmenter ses connaissances sur lui et la nature peut aider à rendre
heureux. Le bonheur est parfois lié au désir de connaissance et à son
développement. C’est le cas de Descartes dans cette magnifique Lettre à Elisabeth,
datant du 6 Octobre 1645, où il écrit : « il vaut mieux être moins gai et avoir plus de
connaissances. »

Texte 4 : René Descartes, Lettre à Elisabeth, 6 octobre 1645

« Je me suis quelquefois proposé un doute : savoir s’il est mieux d’être content et
gai, en imaginant les biens qu’on possède être plus grands et plus estimables qu’ils
ne sont, et ignorant ou ne s’arrêtant pas à considérer ceux qui manquent, que
d’avoir plus de considération et de savoir, pour connaître la juste valeur des uns et
des autres, et qu’on devienne plus triste. Si je pensais que le souverain bien fût la
joie, je ne douterais point qu’on ne dût tâcher de se rendre joyeux, à quelque prix
que ce pût être, et j’approuverais la brutalité de ceux qui noient leurs déplaisirs
dans le vin ou s’étourdissent avec du pétun. Mais je distingue entre le souverain
bien, qui consiste en l’exercice de la vertu, ou (ce qui est le même), en la
possession de tous les biens, dont l’acquisition dépend de notre libre-arbitre, et la
satisfaction d’esprit qui suit de cette acquisition. C’est pourquoi, voyant que c’est
une plus grande perfection de connaître la vérité, encore même qu’elle soit à notre
désavantage, que l’ignorer, j’avoue qu’il vaut mieux être moins gai et avoir plus de
connaissance. Aussi n’est-ce pas toujours lorsqu’on a le plus de gaieté, qu’on a
l’esprit plus satisfait ; au contraire, les grandes joies sont ordinairement mornes et
sérieuses, et il n’y a que les médiocres et passagères, qui soient accompagnées du
ris. Ainsi je n’approuve point qu’on tâche à se tromper, en se repaissant de fausses
imaginations ; car tout le plaisir qui en revient, ne peut toucher que la superficie
de l’âme, laquelle sent cependant une amertume intérieure, en s’apercevant qu’ils
sont faux. »

- Pour Descartes connaître la vérité est plus important que d’être


heureux. Sans la connaissance du vrai, on ne peut pas savoir ce qu’est être
heureux, et d’ailleurs nous ne pouvons pas savoir ce que nous avons comme
bonheur présentement, et ainsi en profiter, vivre le bonheur pleinement. Parfois
nous nous portons vers les plaisirs et la gaieté, la fête, en quête de bonheur, sans
avoir véritablement conscience de ces moments de plaisirs et de joie.
- Par ailleurs, pour Descartes le Souverain Bien n’est pas le bonheur,
comme l’écrit Aristote, mais le Souverain Bien est la connaissance de
notre bonheur. Pour Descartes il faut d’abord détenir la vérité avant
de pouvoir savoir ce qui nous rend heureux. La connaissance vraie est
donc la passerelle vers le bonheur.
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II : De l’incapacité d’être heureux

==> Les voies vers le bonheur mènent-elles toutes au bonheur, ou bien nous
ramènent-elles toujours au point de départ, celle de notre humaine condition ?
Cette condition humaine peut être définie comme une recherche infinie du
bonheur, comme une quête interminable de ce qui nous manque pour être heureux.
La position naturelle de l’homme n’est pas le contentement, mais plutôt
l’insatisfaction. Sommes nous capables d’être heureux ? Notre volonté peut parfois
être arrêté par des éléments extérieurs, des causes extérieurs nous empêchant d’être
heureux. Ainsi, l’insatisfaction, l’ennui, la souffrance deviennent la position
naturelle de l’homme. Etre heureux est parfois difficile, et le bonheur, une fois
réalisé nous déçoit. Nous tombons donc dans l’insatisfaction, ou encore l’ennui.

Texte 5 : Schopenhauer, Le monde comme volonté et comme


représentation
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==> Schopenhauer et le bonheur. Soulever la question du désir comme


mécanique du bonheur. Le bonheur c’est désirer ce que l’on ne possède pas, c’est
donc souffrir. J’ai faim, il n’y a rien à manger, je souffre. Mais dès que je l’ai je ne le
désir plus, ce n’est plus le bonheur, puisque je le possède déjà. Par conséquent je
ne suis ni dans le bonheur, car je ne désire plus rien, ni le malheur car je ne désire
plus rien, mais c’est l’ennui. L’ennui c’est l’absence du bonheur au lieu même de sa
présence attendue. J’avais rendez-vous avec le bonheur, j’y suis mais le bonheur
n’y est pas, le bonheur m’a posé un lapin. La phrase la plus triste de la philosophie
est la suivante : « toute notre vie oscille comme un pendule, de droite à gauche, de
la souffrance à l’ennui. » Souffrance car je désire ce que je n’ai pas et cela me
manque. Ennui car je possède ce qui me manque et donc je ne le désire plus ; je
m’en lasse.

Texte 6 : Schopenhauer, Le monde comme volonté et comme


représentation
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Récapitulation : Où en sommes nous ?


==> Universel/Particulier ; Fin/Moyens. (Cf Aristote Ethique à
Nicomaque)
Nous avons commencé par dresser une typologie du bonheur. Nous avons
défini le bonheur comme acte conforme à la vertu, comme état de l’âme qui se tient
en repos, ou encore comme optimisation des plaisirs, puis comme amour de la
connaissance. D’ailleurs, nous avons vu avec Descartes et sa Lettre à Elisabeth du 6
Octobre 1645, que le bonheur était la connaissance elle-même et le désir
d’augmenter celle-ci, quitte à sacrifier parfois notre bonheur. Il faut d’abord détenir
la vérité avant de pouvoir savoir ce qui nous rend heureux. Ainsi, il y a plusieurs
formes de bonheur, plusieurs voies pour atteindre le bonheur. (Concret/
Abstrait) Mais toutes nous satisfont-elles toujours ? Notre condition humaine
nous permet-elle de demeurer dans le bonheur total, le nirvana ? Peut-on accéder
au Souverain Bien ? Au bonheur suprême ?
Notre condition humaine est ramenée une recherche perpétuelle de ce qui
nous manque. Le bonheur est une dynamique du manque. Ainsi, l’insatisfaction,
l’ennui, la souffrance deviennent la position naturelle de l’homme. Etre heureux est
parfois difficile, et le bonheur, une fois réalisé peut nous décevoir. On se rappelle
l’image du pendule de Schopenhauer, notre vie qui oscille entre la souffrance de
désirer ce que nous n’avons pas et l’ennui de posséder et ce que nous possédons
désormais. Le contentement est difficile à atteindre, et nous nous occupons l’esprit
afin de cesser de penser à notre condition insatisfaite.

Texte 7 : Pascal, Pensées, 1670


Divertissement.

Quand je m’y suis mis quelquefois à considérer les diverses agitations des hommes et les périls et les peines où
ils s’exposent dans la Cour, dans la guerre, d’où naissent tant de querelles, de passions, d’entreprises hardies et
souvent mauvaises, etc., j’ai dit souvent que tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne
savoir pas demeurer en repos dans une chambre. Un homme qui a assez de bien pour vivre, s’il savait demeurer
chez soi avec plaisir, n’en sortirait pas pour aller sur la mer ou au siège d’une place. On n’achète une charge à
l’armée si cher, que parce qu’on trouverait insupportable de ne bouger de la ville. Et on ne recherche les
conversations et les divertissements des jeux que parce qu’on ne peut demeurer chez soi avec plaisir. Etc.
Mais quand j’ai pensé de plus près et qu’après avoir trouvé la cause de tous nos malheurs j’ai voulu en
découvrir la raison, j’ai trouvé qu’il y en a une bien effective et qui consiste dans le malheur naturel de notre
condition faible et mortelle, et si misérable que rien ne peut nous consoler lorsque nous y pensons de près.
Quelque condition qu’on se figure, où l’on assemble tous les biens qui peuvent nous appartenir, la royauté est le
plus beau poste du monde. Et cependant, qu’on s’en imagine accompagné de toutes les satisfactions qui peuvent le
toucher. S’il est sans divertissement et qu’on le laisse considérer et faire réflexion sur ce qu’il est, cette félicité
languissante ne le soutiendra point. Il tombera par nécessité dans les vues qui le menacent des révoltes qui peuvent
arriver et enfin de la mort et des maladies, qui sont inévitables. De sorte que s’il est sans ce qu’on appelle
divertissement, le voilà malheureux, et plus malheureux que le moindre de ses sujets qui joue et qui se divertit.
De là vient que le jeu et la conversation des femmes, la guerre, les grands emplois sont si recherchés. Ce n’est
pas qu’il y ait en effet du bonheur, ni qu’on s’imagine que la vraie béatitude soit d’avoir l’argent qu’on peut gagner
au jeu ou dans le lièvre qu’on court, on n’en voudrait pas s’il était offert. Ce n’est pas cet usage mol et paisible et
qui nous laisse penser à notre malheureuse condition qu’on recherche ni les dangers de la guerre ni la peine des
emplois, mais c’est le tracas qui nous détourne d’y penser et nous divertit.

Pascal, Pensées, 139


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==> Avons-nous accès au bonheur ? Avec Pascal, notre condition naturelle


est tourmentée, la condition humaine est misérable. Nous sommes agités et nous
n’arrivons pas à demeurer en repos dans une chambre. Nous désirons combler
cette insatisfaction naturelle, et pour cela nous nous occupons l’esprit, nous nous
divertissons. Se divertir, se détourner de notre misère humaine, est la solution
pour cesser de penser à notre condition misérable et malheureuse.
==> L'exemple de la condition royale est significatif de toute cette
effervescence, de tout ce mouvement qui cache à l'homme ses faiblesses. En
apparence le roi est celui qui bénéficie d'un statut et d'une vie, que chacun de
ses sujets convoite. Même le roi, possédant tout, et ayant accès à tous les
plaisirs (Cf François Ier « car tel est mon bon plaisir.), il est préoccupé par la
possibilité de la « révolte » du peuple. Ainsi, l’idée est que le bonheur est
inaccessible aux êtres humains. Nous sommes toujours rattrapés par notre
misère humaine : la maladie, la faiblesse, la mélancolie. Le malheur de l'homme
provient certainement de sa faiblesse physique, Pascal n'hésite pas à évoquer
ouvertement la mort, c'est-à-dire la finitude de l'homme sur cette terre (« notre
condition faible et mortelle ») mais également à souligner sa faiblesse
intellectuelle qui consiste à éviter la pensée de la mort au lieu de l'affronter.
(« ...et si misérable que rien ne peut nous consoler lorsque nous y pensons de
près »)

==> Le cas de l’angoisse existentielle ; une proposition


existentialiste.

L'angoisse, chez les existentialistes, ne désigne pas un simple sentiment


subjectif et ne se confond pas avec l'anxiété ou la peur. L'angoisse est angoisse du
néant, angoisse de la liberté c'est à dire révélation de l'essence de la subjectivité.
L'angoisse désigne l'expérience radicale de l'existence humaine. Elle est l'épreuve de
cette existence comme différente de la simple vie par exemple animale. Vivre/
Exister
L'angoisse n'est pas la peur. On a peur des êtres, des choses, et du monde mais
on s'angoisse devant soi comme le montre l'expérience du vertige : je suis au bord
d'un précipice. D’un côté il y a la peur, la peur de tomber lorsque nous sommes face
au vide. Je fais alors attention et j'échappe à la peur par mes possibilités d'échapper
au danger. Mais d’un autre côté je m'angoisse car ce ne sont que des possibilités. La
possibilité de tomber, la possibilité de me faire très mal dans la chute, imaginer les
douleurs, les plaies qui sont causées par la chute. Mais aussi la possibilité de se
laisser tomber, d’être attiré par le vide. C’est de là que naît l'angoisse : j'ai peur de ce
que je peux faire.

==> Chez Kierkegaard, l'angoisse surgit devant la possibilité, elle-même


émergence de la liberté humaine. Je peux pêcher et c'est parce que je le peux
Philosophie en terminale

librement que je m'angoisse. L'angoisse me découvre une liberté qui, tout en n'étant
rien, est investie d'un pouvoir infini.
==> Chez Heidegger, l'angoisse est l'essence même de l'homme, disposition
fondamentale de l'existence. L'angoisse révèle le fond de l'existence. La peur est peur
de quelque chose, l'angoisse est angoisse de rien : c'est la conscience de la mort,
c'est à dire du néant. La plupart du temps, nous nous la cachons. La plupart du
temps, nous ne vivons pas authentiquement. L'angoisse peut nous délivrer de cette
déchéance.
==> Chez Sartre, il y a conjugaison de ces deux angoisses. La conscience est
le lieu primordial de l'angoisse mais il s'agit d'une conscience ontologique qui est
elle-même son propre néant. L'angoisse est à la fois angoisse devant la liberté et
devant le néant de la mort.

III Comment sortir des « passions tristes » et accéder au bonheur


suprême ?

==> Le cas de la béatitude. Malgré nos passions tristes, ne pouvons nous pas
tout de même atteindre le bonheur suprême, un bonheur plus durable ?

« Celui qui sait parfaitement que tout suit de la nécessité de la nature divine,
celui-là tend à agir bien, comme on dit, et à se réjouir. » Spinoza, Éthique, IV, 50,
scolie.

Spinoza définit la fin suprême de la philosophie comme l’accession au bonheur. La


laetitia est définie comme passage par lequel l’esprit passe à un degré de
perfection supérieur. La beatitudo, d’autre part, parce que c’est à elle que la
totalité de l’Éthique se trouve suspendue, comme l’indique l’ultime proposition de
l’ouvrage qui fait d’elle le but de tout le parcours qui a été proposé.
Distinction claire : la joie est le moyen d’accéder à la béatitude, la joie est
passagère ou est le passage, et la béatitude est éternelle et finale : « si la joie
consiste dans le passage à une plus grande perfection, la béatitude assurément
doit consister en ce que l’esprit est pourvu de la perfection elle-même »]. (Éthique,
V, 33, scolie)
Mais la béatitude présuppose la joie comme condition nécessaire. Techniquement,
la béatitude correspond au concept spinoziste de joie active, c’est-à-dire d’une joie
qui ne vient pas des circonstances heureuses mais d’une joie dont le sujet qui
l’éprouve se trouve être lui-même la cause (Autonomie). Nous décidons donc
d’être heureux, en étant joyeux par nous-même dans notre quotidien. Il n’y a plus
rien à espérer que cette joie souveraine, ou summa laetitia, autrement dit il n’y a
rien à espérer de plus qu’elle. Le rapport qui existe chez Spinoza entre la joie et la
béatitude est finalement analogue à celui qui lie la durée et l’éternité.

Cf Ethique : « Tout être humain vit selon les lois naturelles qui sont les lois
divines. Et la première de ces lois naturelles, c'est que tout organisme vivant fait
un effort pour persévérer dans son être et pour grandir. Donc la loi
Philosophie en terminale

fondamentale de la vie, c'est la croissance, l'augmentation de notre


puissance vitale. Chaque fois que nous augmentons notre puissance
d'agir, nous sommes dans la joie, chaque fois que nous la diminuons ou
qu'elle ne peut pas s'exprimer, nous sommes dans la tristesse. L'esprit et
le corps ensemble doivent travailler pour passer de la tristesse à la joie. »

La liberté et la joie chez Spinoza : La liberté spinoziste consiste ainsi à


rejeter les mauvaises passions, celles qui nous rendent passifs, au profit des
passions joyeuses, celles qui nous rendent actifs, et par conséquent autonomes.
Les passions bonnes sont liées à la connaissance, somme des idées adéquates
emmagasinées par l’homme. En d’autres termes, il faut se libérer de notre
dépendance à l’égard des sens et de l’imagination, de ce qui nous affecte et
s’appuyer autant que possible sur nos facultés rationnelles. Ainsi la joie accroît
notre puissance d’agir. Toutes les émotions humaines, dans la mesure où elles sont
des passions, sont dirigées vers l’extérieur. Nous cherchons ou fuyons les choses
extérieures dont nous attribuons la cause à la joie ou à la tristesse. Le sujet selon
S pi no za e st ai nsi o uve rt s ur l e m ond e, a ffe cté p ar l e s obj et s
et évènements extérieurs, bref pétri du monde, loin du sage stoïcien reclus dans sa
tour d’ivoire philosophique.

Quelques idées lancées :

La meilleure façon de contrôler les passions est de les penser


clairement et distinctement : Proposition III : « Une affection qui est une
passion, cesse d’être une passion, sitôt que nous en formons une idée claire et
distincte. » La compréhension intellectuelle de la passion la renverse et la contrôle.

Une affection est mauvaise si elle empêche l’âme de penser : « Une affection
n’est mauvaise ou nuisible qu’en tant qu’elle empêche l’Âme de penser. » La
puissance de l’âme consiste dans la pensée : « l’essence de l’Âme, c’est-à-dire
sa puissance, consiste dans la seule pensée. »
Proposition XLII : « La Béatitude n’est pas le prix de la vertu, mais la
vertu elle-même; et cet épanouissement n’est pas obtenu par la réduction de nos
appétits sensuels, mais c’est au contraire cet épanouissement qui rend possible la
réduction de nos appétits sensuels. » La joie est la définition même de vertu, et c’est
par elle que nos appétits sont modérés, que nos passions ne sont plus des « passions
tristes » mais deviennent des passions heureuses, car comprises.

« L’amour est la joie qu’accompagne l’idée d’une cause extérieure. »

Quelques propositions théoriques :

- On voit que pour être heureux, atteindre le bonheur, il ne faut pas se


désapproprier des passions tristes. Contrairement aux stoïciens, qui selon la
formule de Spinoza font de l’homme un « empire dans un empire », c’est-à-dire
donne à l’homme la capacité de se détacher du monde et de ses propres
Philosophie en terminale

sentiments, pour Spinoza notre bonheur passe par la compréhension,


l’acceptation de nos affects, de nos passions tristes. D’ailleurs une passion triste
cesse d’être une passion dès lors que nous la pensons clairement distinctement ;
la passion triste n’étant qu’une compréhension obscure de l’âme sur les troubles
du corps ou de l’âme. Ainsi, la compréhension de ce qui nous affect est sale
premier pas vers la joie, menant par la suite à la béatitude, une joie durable, une
joie en Dieu.
- « C’est chose tendre que la vie et aisée à troubler. » disait Montaigne dans ses
Essais. La vie contient en elle plaisir et souffrance, et pour être heureux,
atteindre le bonheur, il faut aimer la vie dans son intégralité, aussi bien dans ces
zones éclairées et heureuses que dans ses moments plus obscurs et
malheureux. La vie est aisée à troubler, car elle est tendre, malléable, et contient
en elle du malheur. Mais le malheur de la vie compte la vie elle-même, et aimer
la vie c’est accepter ses peines misères qui y sont contenues. Ainsi nous
devenons heureux.
- L’amertume existe, elle reste néanmoins dépassable. Comment ? Ou bien par le
mensonge de la comédie, en faisant semblant la joie prend parfois le dessus et
nous nous dupons nous-même par une joie superficielle qui fait progressivement
sa place dans l’âme jusqu’à dissiper le chagrin antérieur. Et il reste la volonté
absolu d’être heureux, par l’adoration de ce qui est, de ce qui existe. L’adoration
devient un moyen volontaire pour sortir des passions tristes, de l’amertume, et
atteindre un bonheur, un bonheur que nous avons décidé, choisi, affirmé. Dans
le malheur il faut affirmer le bonheur. Cf Ci-gît l’amer de Cynthia Fleury,
philosophe contemporaine.
- En lien avec la lecture suivie Spinoza, Ethique, III,IV,V. Les voies au bonheur
sont fatalement celles auxquelles nous avons accès. Ainsi, les passions
tristes font parties de notre quotidien, elle expriment notre nature. La voie
vers le bonheur passe donc nécessairement par l’acceptation de notre
nature et de la nature en général. Il faut accepter nos vices, nos malheurs,
nos petites misères et les prendre avec joie. Et on sait que la joie est le
passage vers un bonheur plus durable, que Spinoza nomme béatitude, une
joie divine, ou une joie en Dieu ( c’est-à-dire une joie qui s’inscrit dans la
nature)

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