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Le Bonheur

Du latin bonum augurium, le bonheur est souvent vu comme un état de satisfaction complète et
durable. Ainsi, il ne suffit pas de ressentir un bref contentement, une joie intense ou un plaisir
éphémère pour être heureux. Le bonheur est un état global de plénitude où l’individu se sent comblé
dans un ou plusieurs domaines de sa vie. Un homme heureux serait ainsi un homme qui vivrait en
harmonie totale (en accord) avec le monde extérieur (et donc, avec les autres, et avec lui-même). Le
bonheur, c’est la vie dans laquelle ne réside aucune insatisfaction.

Dans la philosophie antique, le bonheur est le souverain bien, la fin suprême de l’existence humaine.
Le premier philosophe à avoir pointé le caractère universel du désir du bonheur est Aristote. Tout le
monde veut être heureux, observe-t-il, mais les hommes divergent sur les moyens d'y parvenir. Le
bonheur, remarque-t-il, est la seule chose que nous désirons pour elle-même, il n’est moyen d’
aucune fin : ainsi ce n'est pas la richesse en elle-même que nous désirons, c'est le bonheur qui
pourrait en résulter, de même pour la gloire ou le pouvoir.

LE BONHEUR, ENTRE PLAISIR ET VERTU


L’HEDONISME
Dès leur naissance, les Hommes recherchent spontanément le plaisir et fuient le malheur. Pour
Epicure (341-270 av. J.C.), il est naturel de rechercher le plaisir car c'est vivre en conformité avec la
Nature. “Le plaisir est, dit-il, le commencement et la fin de la vie heureuse.” L'épicurisme est ainsi un
hédonisme, une morale du plaisir. Elle est résumée en un quadruple remède appelé tetrapharmakon:
 Les dieux ne sont pas à craindre
 La mort n'est pas à craindre.
 Le bonheur est facile à atteindre.
 La douleur est facile à endurer.
Bien qu'Epicure fasse l'apologie du plaisir, il établit tout de même des distinctions. Tout d'abord entre
les plaisirs en repos: l'état de bien-être mental (ataraxie), et les plaisirs en mouvement: les plaisirs du
corps.
De cette idée, Epicure distingue trois types de plaisirs:

 Les plaisirs naturels et nécessaires : boire, manger et dormir. Ce sont les meilleurs, le sage ne
doit pas hésiter à s'y adonner.
 Les plaisirs naturels et non nécessaires : manger avec raffinement ou au-delà du besoin, le
désir sexuel, ... Bien qu'ils ne soient pas mauvais en soi, le sage doit tout de même s'en
méfier et n'en user qu'avec modération.
 Les plaisirs non naturels et non nécessaires : l'ambition, la richesse, la soif de domination, ...
Ils sont à éviter absolument car artificiels, insatiables et porteurs de troubles.
Pour l'épicurisme, le bonheur stable réside en un juste équilibre entre les plaisirs naturels et
nécessaires et les plaisirs naturels et non nécessaires.

LE STOÏCISME: LA FERMETE DE L'AME


La morale stoïcienne repose sur une distinction fondamentale entre ce qui dépend de nous (nos
opinions, désirs, représentations) et ce qui n'en dépend pas (ce qui appartient au Destin). Le fait de
mourir ne dépend pas de nous, en revanche, notre attitude envers la mort dépend de nous. De ce
fait, l'effort sur soi, la maîtrise de ses représentations, est au cœur de la morale stoïcienne, à un tel
point que le « stoïque » est passé dans le langage courant en tant que synonyme de « patient » ou d'«
impassible ». Les stoïciens posaient donc comme condition nécessaire du bonheur la lutte héroïque
contre soi-même et non contre la Nature (laquelle serait vouée à l'échec). En effet, Epictète montre
que le bonheur ne saurait résulter de l’attente des choses qui ne dépendent pas de nous. Il suppose
au contraire la pleine conscience de notre impuissance à changer l’ordre du monde et implique par
conséquent une juste appréciation de la place qui nous est assignée au sein de l’univers. Ainsi
compris, le bonheur pourra s’identifier à la vertu, si par vertu on entend la domination exercée par la
raison sur nos désirs, et à la liberté, une pensée attentive à se soumettre à la nécessité.
LE BONHEUR : UN CONCEPT INDETERMINE ?

Dans les Fondements de la métaphysique des mœurs, Kant s'interroge sur la manière d'être heureux.
Par la richesse? « Que de soucis, d'envies, que de pièges ne peut-il pas par-là attirer sur sa tête ! ».
Par davantage de connaissances ? Mais n'est-ce pas mieux voir les maux qui nous entourent ? Par une
vie plus longue ? Mais qui dit qu'une vie plus longue n'est pas une souffrance plus longue ? Selon lui,
le bonheur est subjectif (dépendant des individus). Une morale du bonheur comme l'épicurisme ou le
stoïcisme ne peut pas être universelle, elle reste particulière, relative et contingente. Ainsi, si Kant
admet la possibilité d'un bonheur, celui-ci n'est qu’éphémère ; la possibilité d'un bonheur stable est
niée. C'est un « idéal, non de la raison, mais de l'imagination, fondé uniquement sur des principes
empiriques ».

LE BONHEUR EST UNE ILLUSION ?


Certains philosophes proclament qu’il est impossible d’être heureux. La recherche du bonheur est
elle-même une illusion, parce que la vie humaine ne peut être protégée contre un certain nombre de
maux inévitables. Tous, nous devront vieillir, connaître la maladie et la mort, faire face à l’ennui, à
l’angoisse. Pascal affirme ainsi que la vie humaine n’est que misère. Dans Les Pensées, il remarque
que nous ne voyons pas le caractère misérable de notre existence parce que nous ne cessons de nous
divertir par le jeu, les relations sociales, le travail. Mais au fond, chacun de nous sait qu’il est
malheureux : c’est pour cela que nous fuyons la solitude, qui nous permettrait de regarder les choses
en face. Pour ce philosophe, la quête du bonheur est donc une perte de temps, puisqu’il s’avère
introuvable… justement, parce que si « chacun examine ses pensées, il les trouvera toutes occupées
au passé et à l'avenir. Le présent n'est jamais notre fin : le passé et le présent sont nos moyens ; le
seul avenir est notre fin. Ainsi nous ne vivons jamais, mais nous espérons de vivre ; et, nous disposant
toujours à être heureux, il est inévitable que nous ne le soyons jamais ».

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