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Synthèse : le bonheur

La dif culté de dé nir le bonheur (Kant)


La définition du bonheur pose problème car elle dépend de l'expérience individuelle, ce qui le
rend subjectif et propre à chaque personne. Le bonheur est souvent décrit comme un état
durable de bien-être où les besoins et désirs sont satisfaits. Cependant, cette subjectivité rend
difficile de déterminer si le bonheur est réellement atteint, car il pourrait exister un sentiment plus
intense, durable ou fort. Le philosophe Kant souligne l'indétermination du concept de bonheur,
étant donné qu'il est empirique et dépendant de l'expérience personnelle de chacun.

L’impossibilité humaine de jouir sans entrave (Freud)


Selon Freud, être heureux c’est éviter la souffrance et rechercher du plaisir.
Néanmoins, ce but est irréalisable :
- Plaisir et bonheur sont incompatibles : le plaisir suppose une expérience soudaine et éphémère
et le bonheur implique la durée.
- La souffrance est une menace omniprésente : notre corps va vers sa propre destruction et a
besoin de la douleur comme signal d’alarme; la pression de la réalité est si puissante qu’elle
peut nous détruire (épdiémie, accident, guerre…); les rapports humains impliquent une
pression de chacun sur chacun.

Le fardeau de la temporalité humaine (Pascal)


Selon Pascal, il y a une double misère de l’existence humaine :
- La souffrance : quand notre vie présente est source de souffrance, cela nous est insupportable.
- La crainte : quand notre vie présente est source de plaisir, ce plaisir présent est gâché par la
peur de le perdre.

Pour éviter cette misère, nous fuyons dans l’avenir en passant notre temps à nous projeter dans le
futur. Du coup, l’être humain n’est jamais heureux car son bonheur est toujours à venir. Ainsi,
notre présent s’épuise à préparer un bonheur futur.

L’impossibilité humaine de donner une limite précise au désir (Durkheim)


Chez l’animal, l’organisme n’a besoin que du strict nécessaire à sa survie : les besoins biologiques.
Or, les besoins des êtres humains ne relèvent pas toujours du corps. L’être humain ne se contente
pas uniquement du strict nécessaire à sa survie, car sa réflexion lui permet d’avoir des désirs.

La solution se trouve dans la régulation sociale du désir. Durkheim affirme que l’être humain, en
tant qu’individu, de part sa nature, est incapable de trouver un état stable et durable de
satisfaction par lui-même. C’est pourquoi c’est à la société que vient cette régulation du désir. Car
elle seule est capable de modérer les désirs de l’être humain, elle seule a un pouvoir moral
supérieur à l’individu, et dont celui-ci accepte la supériorité.

Critique du conditionnement social des désirs (Marcuse)


Selon Marcuse, ce n’est pas la société qui règle les individus, c’est plus précisément les
institutions et les intérêts dominants. Cette régulation des êtres humains est donc une entreprise
de domination. Ainsi, il n’est pas acceptable de laisser aux intérêts dominants le pouvoir de régler
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les individus, car ce conditionnement social ne vise pas le bonheur de chacun, mais la domination
et l’exploitation.

Marcuse nous invite donc à faire un tri entre nos besoins :


- Il faut fuir les « faux besoins » : les dominants les imposent parce qu’ils permettent
l’exploitation du plus grand nombre, et augmente ainsi leur propre pouvoir.
- Et s’orienter vers les « vrais besoins » : les vrais besoins seraient ceux qui permettent une vraie
justice, c’est à dire l’épanouissement harmonieux de tous.

Le bonheur épicurien (Epicure)


Selon Epicure, le bonheur est un état de tranquillité du corps (aponie) et de l'esprit (ataraxie).
Néanmoins, quatre peurs principales empêchent le bonheur : la peur des dieux, de la souffrance,
de l'échec du bonheur et de la mort. Le chemin vers le bonheur implique donc de gérer ses
désirs, en se concentrant sur ceux qui sont essentiels.

Epicure classe les désirs en trois catégories :


- les désirs naturels et nécessaires, qui sont faciles à satisfaire et mènent au bonheur;
- les désirs naturels mais non nécessaires, qui peuvent être satisfaits mais ne sont pas impératifs;
- les désirs non naturels et non nécessaires, qui ne génèrent que souffrance et dépendance.
Pour atteindre le bonheur, il faut alors se limiter aux désirs « naturels et nécessaires », conduisant
ainsi à l'ataraxie, ou absence de trouble de l'âme.

Le bonheur stoïcien
Pour les stoïciens, le bonheur réside dans la maîtrise des passions et l'acceptation des
événements de la vie, considérés comme inévitables. Ils prônent l'indépendance face aux aléas,
en ne désirant que ce qui est sous notre contrôle et en éliminant les désirs dépendant du hasard
ou des autres. Le bonheur est donc atteint par la vertu, qui permet un état stable et durable,
contrairement au plaisir éphémère. Le bonheur stoïcien n'est pas seulement un état, mais une
activité : en agissant conformément à la vertu, l'être humain réalise son essence et trouve le
bonheur. Vivre une vie en accord avec l'excellence humaine devient alors source de plaisir.

Le désir comme force de l'être humain (Spinoza)


Au lieu de considérer le désir comme un élément empêchant le bonheur, on pourrait tenter de le
considérer comme une force. En effet, le désir peut être défini comme ce qui anime l'être humain,
ce qui le pousse hors de lui, ce qui le pousse à continuer d'exister.

Pour Spinoza, le désir n'est pas quelque chose d'extérieur à l'être humain : c'est l'expression de
son essence. Notre corps et notre esprit ont des désirs qui les incitent à continuer d'exister et à se
développer. Il faut apprendre à suivre notre nature profonde, laquelle s'exprime par ces désirs,
par cette force vitale qui anime l'être humain.

La joie comme af rmation du bonheur (Bergson)


Selon Bergson, le désir, en tant que force constitutive de l'être humain, joue un rôle crucial dans la
poursuite du bonheur. Bergson distingue la joie du plaisir : le plaisir est une satisfaction
éphémère, légère et liée à un instant précis, tandis que la joie est une satisfaction profonde et
durable, qui comprend l'ensemble du passé ayant mené à cet état.
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La joie est alors l'affirmation de la puissance créative de la vie, ressentie lorsque l'individu réalise
quelque chose. Selon lui, l'expression du désir ne mène pas nécessairement à la souffrance ou au
malheur. Dans la joie, le désir est créateur, contribuant à l'affirmation de soi et à la construction de
l'identité. Il permet à l'être humain de se surpasser et l'aide à atteindre le bonheur.

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