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LES DÉSIRS

Lat. de (absence de) et sidus (astre, étoile). Tendance à rechercher un objet ressenti comme
un manque.
Sommes-nous prisonniers de nos désirs ?

À travers ce sujet, on oppose la notion de liberté (l’absence de soumission et de servitude)


et celle du désir. C’est l’indépendance de l’être humain. Dans ce sujet, l’indépendance par
rapport aux désirs.

 Sommes-nous prisonniers de nos désirs, avons-nous les moyens de les contrôler, ou


bien, totalement au contraire, les désirs peuvent être essentiels et même positifs chez
l’homme?

AXE 1 : LES DÉSIRS NON MAÎTRISÉS NOUS CONDAMNENT AU


MALHEUR.

a) Si on ne tempère pas ses désirs, nous devenons “emprisonnés” par ceux-ci.

Platon, « Gorgias » (Analogie des Tonneaux des Danaïdes, dialogue Socrate v/s Calliclès)

- Analyse de deux situations représentant deux modes de vie différents :

1. Homme qui, suite à des grands efforts, possède des tonneaux remplis, et qui est
tranquille et apparemment heureux
2. Homme qui possède des tonneaux percés et qui est forcé de les remplir sans cesse.
- Pour Socrate, l’homme tempéré est heureux, tandis que pour Calliclès, il n’a plus aucun
plaisir, n’éprouve plus de joie ni de peine.

- Par rapport aux désirs, cela se traduit comme l’impossibilité d’atteindre le bonheur, causé
par l’éphémère satisfaction qui nous renvoie rapidement à un état de manque.

- Pour Platon, cette prison que constituent les désirs (et produite par mener une vie
déréglée) peut être échappée en tempérant ses désirs, en étant des hommes mesurés et
équilibrés. Donc, pour lui, ce n’est pas le désir en tant que tel qui nous emprisonne, mais
plutôt le désir incontrôlé.

b) Les 3 blessures narcissiques

Freud, « Introduction à la psychanalyse » : écrasement du narcissisme et mégalomanie


humaine.

1. Copernic et l’héliocentrisme : nous ne sommes pas le centre de l’univers


2. Darwin et la théorie de l’évolution : nous descendons du règne animal, pas de
« place privilégiée » dans l’ordre de la création.
3. Psychanalyse : on ne peut même pas contrôler nos désirs inconscients.

- Pourtant, si on acquiert la capacité de se libérer de son inconscient, on pourrait peut-être


devenir son propre maître (et de nos désirs par conséquent).

c) Nos désirs nous condamnent au malheur

Schopenhauer, « Le monde comme volonté et comme représentation » 

- Quête infinie, et par essence inachevée, d’une satisfaction impossible.


- Nous n’avons jamais un seul et unique désir et ils ne sont pas toujours “compatibles” 
au moment de satisfaire un, des autres sont contrariés.

DÉSIR  BESOIN  PRIVATION  SOUFFRANCE

- La satisfaction d’un désir accroît paradoxalement notre manque, et donc notre souffrance.

Désirs : long, exigences infinies.


Durées comparées Cycle d’insatisfaction.
Satisfaction : courte, limitée.

- Métaphore de l’aumône (désir) et le mendiant : « lui sauve la vie aujourd’hui pour


prolonger sa vie à demain  ».

- “La satisfaction d’aucun souhait ne peut procurer de contentement durable et inaltérable”


AXE 2 : L’HOMME POSSÈDE LES MOYENS DE CONTRÔLER SES
DÉSIRS.

a) Liberté et intempérance

Aristote, « Étique à Nicomaque » (III, 7, 1114a)

Hommes relâchés, intempérants  mauvaises conduites, vies d’excès contrôlées par ses
désirs  VOLONTÉ, donc, LIBERTÉ et RESPONSABILITÉ.

- L’homme intempérant est responsable d’être prisonnier de ses désirs mais possède
pourtant les moyens d’échapper, tout simplement en refusant des modes de vie incorrects.

b) Les stoïciens et la liberté

Epictète, « Entretiens ».

- Liberté par rapport aux désirs ne s’agit pas de que tout arrive comme il nous plaît, même
si nous sommes tempérés. Il faut être réaliste et les adapter pour se libérer d’eux.

- Homme libre = celui qui fait preuve de raison et adapte sa volonté à l’ordre des choses
(≠ la folie: le fou considérait que l’homme libre serait celui qui aspire à réaliser tous ses
désirs)

- Epictète, en tant que stoïcien, propose une sorte de “discipline des désirs”. Le stoïcisme a
pour but le bonheur et s’appuie sur la tempérance.

AXE 3 : DÉSIRS MÉSURÉS PEUVENT ÊTRE ESSENTIELS.


a) Mesurer nos désirs pour se libérer et atteindre le bonheur.

Épicure, « Lettre à Ménécée »

- Pour Épicure, philo = morale du bonheur.

Non- Naturels
Types de désirs selon Épicure
Nécessaires
Naturels
Non
N nécessaires

- Profiter des plaisirs simples et naturels et de nous en contenter, ne pas souffrir du manque
et atteindre l’absence de troubles au corps et à l’esprit (aponie et ataraxie).
b) L’état de désirer se suffit à lui-même.

Jean-Jacques Rousseau, « Julie ou La nouvelle Héloïse ».

- “On est heureux qu’avant être heureux”  faculté de ne pas être directement satisfait mas
de jouir du fait d’un bonheur possible : consolation à l’insatisfaction.

- “Malheur à celui qui n'a plus rien à désirer!”  Désirs = cycle positif et souhaitable qui
mène au progrès et bonheur humain.

Cf. Hobbes, « Léviathan »  Les désirs donnent un but à la vie : force motrice.

c) Le désir comme attraction

Spinoza, « Éthique ».

- Si on se concentre sur la finalité du désir, celui-ci est vu comme un manque (tendance


négative).
- Si on se concentre sur ce qui pousse l'être désirant à désirer, alors on le voit comme
quelque chose de positif, comme une attraction  “élan” indispensable vers la satisfaction,
voire le bonheur, et qui nous fait agir dans nos vies.

- Conatus  « Le désir est l'essence de l'homme ». Le désir est l'humanité même. Tout ce
qu’on fait, on le fait parce qu’on le désire. Le désir exprime l'humanité de l'homme dans la
mesure où il peut avoir des désirs raisonnables.

* Il existe néanmoins certains désirs qui ne sont pas conformes à l’essence du désir.

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