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I.

La poursuite des plaisirs ne provoque pas le bonheur

A) La nature du désir comme manque :


Je vais commencer par redéfinir ce qui est le désir, mais cette fois-ci du point de vue de Socrate et plus
spécifiquement de Platon. C’est aussi la définition que Platon donne du désir dans Le Banquet. Le désir est la
conscience d’un manque : il indique ce qu’on n’a pas, ce qu’on n’est pas, ce dont on manque. On désire toujours
ce qu’on ne possède pas et on ne désire jamais ce qu’on a devant nous. Par exemple si je désire de manger un
cheesecake c’est parce qu’il y un manque en moi, une lacune que j’imagine seule le cheesecake peut combler. Si tu
désires ce ne que t’as pas, par définition tu n’as jamais ce que tu désires et tu ne pourras pas être satisfait/heureux.
Donc, basé sur cette définition-là, le désir est un état de manque et donc un état d’impatience et de souffrance.
Il est donc naturel de penser qu’on mettant fin à ce manque en le comblant on aura accès d’abord au plaisir et
ensuite, par accumulation des plaisirs, au bonheur.
B) Distinction entre bonheur et plaisir :
C’est d’ailleurs la thèse que défend Calliclès (que le bonheur consiste à s’adonner à tous les plaisirs). Et que donc
le plus heureux est celui qui aura les désirs les plus grands et le plus de moyens pour les assouvir. Socrate cependant
à une définition différente de comment atteindre le bonheur et de ce qui fait l’homme heureux. Il démontre en
effet que la thèse de Calliclès est auto-contradictoire car elle contredit la définition même du bonheur comme
état de satisfaction durable, de plénitude et de tranquillité qui consiste à « ne rien manquer ». (L’accumulation
des plaisirs, soutenue par Calliclès et issue de la satisfaction continue des désirs, apporte au contraire qu’une
satisfaction éphémère et partielle.) En faisant donc la distinction entre le plaisir et bonheur on peut voir une
première contradiction dans le mode de vie hédoniste que Calliclès prône.

Plaisir est un état de satisfaction… Bonheur est un état de satisfaction…

partiel global
éphémère durable
Limité à un fait particulier/une expérience Qui provient d’un jugement général sur la vie

Plaisir est l’etat de bien être que on ressens après avoir satisfait un désir. Il dure jusste le temps de la « nouveautéIl
semble donc difficile de constituer un état continu de satisfaction tel que le bonheur, avec des plaisirs brefs et
continus, dépendants du désir. D’ailleurs si un objet me procure plaisir

C) Le désir insatiable : un cercle vicieux d’insatisfaction


C’est ainsi que pour Socrate il ne suffit pas de réaliser ses désirs pour parvenir au bonheur, au contraire, ce sont
carrément ceux-là qui provoque le malheur. Il le démontre avec plusieurs métaphores notamment celle des
tonneaux percés. Lorsque l’homme à la recherche du bonheur cherche à remplir sa vie de plaisirs (il conduit une
vie déréglée), il se retrouvera toujours insatisfait puisque ses tonneaux sont percés et il sera obligé de verser sans
cesse dans des tonneaux sans fond. La satisfaction des désirs revient donc à un cycle vicieux d’insatisfactions.
Il cherche le bonheur comme
L’homme cherche d’avoir un
état de plénitude
tonneau rempli

Il y a du vide dans le tonneau Les désirs insatisfaits génèrent


un état de manque

Il cherche à remplir ce Il cherche à combler ce manque à


tonneau travers la satisfaction des désirs

Le tonneau est percé Plus il cherche à les satisfaire plus il


désire

Le tonneau se vide dès qu’on le La satisfaction est temporaire et on


remplit revient vite à un état d’insatisfaction

Le tonneau ne sera donc jamais Il n’atteindra jamais le bonheur et il


rempli et on sera obligés à le remplir sera soumis à une vie d’insatisfaction
sans cesse.

Cet exemple nous permet de nous eclaricir sur la nature du désir, (et d’une certaine manière la
nature de l’homme) qui est donc insatiable. Lorsqu’il est satisfair le désir engendre un autre désir
et ainsi de suite. On désire de plus on plus. Le désir inassouvi est souffrance. (L'état de désir n'est
nullement agréable, il est un état d'impatience, d'énervement, d'affres diverses, qui peuvent
seulement être atténuées par l'anticipation imaginative du plaisir à venir, mais seulement si nous
sommes dans la certitude de le goûter, et non dans le doute et l'inquiétude comme d'ordinaire. Il
ne faut donc pas confondre le désir, qui est douloureux, et d'autant plus douloureux qu'il est plus
intense, avec la satisfaction du désir, qui est le moment du plaisir, mais aussi de la disparition du
désir, puisque le désir s'évanouit et meurt dès lors que l'on a obtenu ce que l'on désirait.)
Pour resulerDans le desir ce qui est absent créent en nous un manque. On peut imaginer qu’une
fois le désir comblé, le bonheur pourrait être possible par satisfaction, mais le désir renait sans
cesse. Or le plaisir issu de la satisfaction d’un désir n’est qu’un plaisir éphèmere. Et lorsqu’il n’est
comblé le désir genere frustration. Il est donc un obstacle au bonheur avec le bonheur.

Plénitude
Désir Etat de
manque impossible

Bonheur Insatisfaction Désir d’avoir


permanente toujours plus

Donc le seul moyen d’avoir une vie heureuse est de maitriser ses désirs…(transition)
C’est aussi une expérience fort commune que de remarquer que, lorsque l’on a obtenu quelque chose, même que l’on
a désiré très fort et très longtemps, passé un court temps de joie, cela ne nous donne par la suite plus guère de
satisfaction.

Car plus j’ai de pouvoir, plus mes désirs augmentent, plus mon imagination s’exerce à me présenter de nouveaux
plaisirs possibles et difficilement accessibles. Serai-je cependant moins malheureux à mesure que mon pouvoir
augmente ? Pas même, car mes désirs s’accroissent à mesure aussi, et dans une plus grande proportion, selon une
expansion inflationniste, hypertrophique, logarithmique. Plus j’ai de pouvoir, et plus j’ai de désirs qui excèdent ce
pouvoir, plus l’écart entre mon pouvoir et mes désirs augmente. Or cet écart, ce sont mes désirs inassouvis, ma
souffrance, mon malheur, qui augmentent donc
le tyran, qui détient le maximum de pouvoir, n’est pas le plus heureux des hommes, comme le prétendent les
sophistes, mais le plus malheureux, comme le montre Platon pour les réfuter. C’est en effet encore une
expérience banale que de remarquer que les pauvres qui n’ont presque rien n’ont aussi que des désirs fort
simples et peu nombreux : un toit pour se protéger du froid et de quoi manger à leur faim... A l’inverse, les
riches qui ont déjà tant pour être heureux se signalent par des désirs extravagants, et la moindre petite babiole
qui leur manque est pour eux comme une immense catastrophe qui ruine tout leur bonheur et les fait trépigner
de rage comme des enfants trop gâtés. Plus on est riche et puissant, et plus nos désirs deviennent recherchés et
raffinés, difficiles à satisfaire, et se heurtent à des limites absolues : celles de la temporalité, de la satiété, de
l’organisme vivant.
Ainsi, le tyran est bien le plus malheureux des hommes, lui qui se veut le maître des autres est l’esclave de ses
désirs. Il n’est même pas son propre maître, puisqu’il ne peut résister à ce qui fait son malheur.
Donc le seul moyen d’avoir une vie heureuse est de maitriser ses désirs…(transition)

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