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Faut-il renoncer aux désirs pour être heureux ?

Le désir désigne la conscience d’un manque, et l’effort que nous faisons pour
combler ce manque, toujours renaissant. En effet, le désir et le besoin sont deux
faux-amis, le besoin, c’est ce qui est nécessaire, ce qui ne peut pas ne pas être, ce
dont on doit satisfaire, par exemple boire de l’eau. Par contre le désir est
contingent, ça veut dire qu’il peut arriver et ne pas arriver, il n’y a aucune
obligation à ce qu’il existe. Par exemple, la volonté d’obtenir le dernier des
portables à la mode, c’est un désir, on peut très bien s’en laisser passer, ces désirs
peuvent être satisfaits. En satisfaisant ces désirs, nous ressentons le plaisir. Or, le
plaisir est un état de satisfaction partielle, éphémère, lie à un fait en particulier et
qui se manifeste à travers une sensation. Tandis que, être heureux ça veut dire être
doté de bonheur. En effet, le bonheur est un état de satisfaction durable que nous
cherchons à atteindre par notre action et selon l’idée personnelle que nous
faisons. L’étymologie du mot bonheur nous indique qu’il s’agit de quelque chose
d’hasardeux, d’aléatoire, qu’il serait donc possible, mais sans qu’il dépend de
nous. D’ailleurs, le bonheur vient du latin « bonum augurum », « augurum »
signifiant « la chance », « l’opportunité », « le bon augure ». Un problème alors
surgi : si le bonheur est si hasardeux, pourquoi tout homme le cherche malgré
tout ? Alors la satisfaction des désirs nous procure de plaisir, mais permet nous-t-
elle d’atteindre le bonheur ? Or, renoncer aux désirs signifie s’en laisser passer, les
mettre à part, ne plus les satisfaire, est ce que cela peut vraiment nous rendre
heureux ? Autrement dit, le bonheur existe-t-il sans les désirs ? Mais de même est
ce que c’est possible de renoncer aux désirs ? Alors c’est vrai que les désirs nous
procurent du plaisir, mais c’est aussi évident que ce plaisir ne dure pas longtemps
et un autre désir peut directement surgir. Dans un premier temps, on verra que la
satisfaction des désirs est agréable, mais dans un deuxième temps, on verra que le
désir est un manque qui ne s’achève jamais et qu’on doit trouver le bonheur par un
autre moyen et enfin dans un troisième temps, on verra que seulement la
satisfaction de certains désirs peut nous rendre heureux, et que le bonheur n’est pas
un état absolu.

En premier temps, le désir même si c’était un manque, sa satisfaction est


agréable. On désire un repas savoureux, et quand on l’obtient, toute notre journée
change et devient plus amusante et agréable. Ce moment de satisfaction du désir
change toute notre vision de la vie, on apprécie de plus en plus cette dernière. Non
seulement ce moment de joyeuseté est important pour nous, mais aussi le désir est
à la fin un but. Un but qui nous rend toujours motivés à atteindre pour à la fin
ressentir ce plaisir et cette fierté. Ce qui veut devenir en médecin, désir tout
d’abord être un médecin, et le motive durant ce dur trajet. Or, si nous ne désirons
pas comment nous pouvons atteindre un but ? Faire ce qui est bon pour
nous ? En effet, dans le Gorgias de Platon, Callicles s’entretient avec Socrate à ce
sujet. Pour lui « vivre dans la jouissance, c’est éprouver toute sorte de désir et
l’assouvir. Voilà ! C’est là la vie heureuse ». Dans The Truman show film de Peter
Weir, avec Jim Carry, un homme semble posséder tout ce qu’on rêve : une femme
adorable, des enfants géniaux. Il vit dans une ville paradisiaque et exerce un travail
passionnant. Mais cette vie rêvée l’ennui profondément. Il va alors tenter de
repousser les limites et découvre que ses limites existent vraiment dans le sens
propre, il est en fait le héros d’une télé-réalité suivie par des milliers de
personnes. Son existence était entièrement fabriquée, calquée sur ce que la majorité
des gens voit comme étant le bonheur. Lorsqu’il découvre la supercherie, il
comprend alors que tous ces désirs ont été imposés et c’est pour cela, il s’ennuyait
et n’était pas heureux. À la fin du film, il trouve une porte pour sortir du studio, le
réalisateur lui adresse en voix-off et lui propose de vivre dans cette illusion du
bonheur pour ne pas avoir à subir aux difficultés du monde extérieure, Truman (en
français l’homme « vrai ») refuse : mieux vaut souffrir et débattre dans un monde
parfois pénible, mais être libre de choisir ses propres désirs. On peut comprendre
d’après cet exemple que ce personnage, qui n’a pas eu de la chance de désirer, de
satisfaire ses désirs par le biais de son travail propre, et non pas par les autres,
n’était pas heureux. Il ne savait pas le goût du désir et du processus de sa
satisfaction ce qui nous fais conclure que le désir est primordial pour le bonheur.
Cependant ne rien désirer rend malheureux. La preuve on est que l’absence du
désir n’est pas bien. Quel que soit ce que nous possédons. Lorsqu’on est insatisfait
ou déprimé, il nous dit parfois « de quoi te plains-tu ? » , « tu as tout pour être
heureux », mais en fait, nous ne le sommes pas : nous manquons d’appétit de vivre,
d’un authentique bien être, nous nous sentons apathiques et sans aucune
motivation. Alors c’est évident que nous serions tristes en absence de désir. Par
exemple, Octave de Saville personnage romantique de Théophile Gautier, possède
tout pour être heureux : famille fortunée, amis sincères, magnifique domicile. Mais
il n’est cependant pas heureux, il est saisi d’un étrange mal-être, d’un spleen
paralysant sa joie de vivre. Octave souffrait de l’ennui, plus rien ne le divertit. Il
regarde sa vie telle qu’elle est : un vide profond. Il a perdu tout plaisir, toute
motivation : il a perdu son désir. Le désir est alors un moteur essentiel pour
ressentir le bonheur s’offrant à nous et accomplir des buts dans la vie.

Bref, on a vu que le désir est essentiel et en renonçant à ce dernier, nous serons


misérables. Alors existe-t-il vraiment une manière efficace pour accéder au
bonheur ?

En deuxième temps, le bonheur des gens peut être manipulé, car il dépend des
conditions extérieures, parce que nos désirs dépendent de l’autre, du matériel, des
objets que nous possédons. En effet, le désir surgit de notre inconscient, les actes
manqués, par exemple, qui consistent à rater le but que l’on s’était donné comme
par inattention, selon Freud, ses actes sont preuve d’un désir inconscient qui
cherche à se satisfaire. Aujourd’hui, le bonheur est une préoccupation politique,
des entreprises peuvent en prendre l’avantage, on voit tous les panneaux de
publicités sur les routes, les annonces a la télé, sur les réseaux sociaux, qui ont
pour but de convaincre les gens d’acheter des marchandises, et cela, en les faisant
croire qu’ils en ont besoin, que leur bonheur en dépend, en générant un désir dans
l’inconscient des observateurs rapidement convertis en consommateur, en les
faisant croire que ceci leur procura du plaisir.
Alors notre bonheur est dépendant, relatif, dont l’existence ou la valeur est
conditionnée par un élément extérieur, ce qui dépend du point de vue
adoptée. Mais le désir reste un manque, une fois, on l’assouvit, un autre désir
apparaît, cela a un certain niveau engendre de la frustration. Et c’est aussi épuisant,
on risque de perdre notre énergie en les poursuivant. De plus, la question négligée
qui se pose ici est la suivante : est-ce que tous les désirs peuvent être satisfaits ? Et
est-ce qu’ils doivent être satisfaits ? Le désir du pédophile d’agresser des
enfants doit-il être satisfait pour lui procurer du plaisir ? La réponse est bien sûr
que non ce dernier doit contrôler ses impulsions, recourir à un traitement
psychologique, pour éviter de nuire à autrui. C’est évident alors que tous les désirs
ne peuvent pas et ne doivent pas être satisfaits et précisément ce qui engendre du
mal aux autres. Soutenant notre conception suivante, Socrate dans le Gorgias de
Platon, considère la conception du bonheur de Callicles et son mode de vie
ressemble au sort des danaïdes. Ces femmes, qui sont condamnées à remplir a
jamais des tonneaux percés parce qu’ils ont tué leur époux. Alors selon Platon :
une vie à courir après le bonheur est épuisante, il faut alors maîtriser la force de
nos désirs.
Cependant, le bonheur est une sensation de joie, un état de satisfaction intérieure,
profonde et durable, limité a un aspect de notre existence. Nous croyons que les
sensations sont les fruits du cœur, mais en effet, c’est le cerveau qui est en charge
de cela, il est nommé le cerveau émotionnel. Alors le bonheur est comme un
sentiment qui est généré par le cerveau, donc pourquoi nous cherchons toujours le
bonheur à l’extérieur ? Le bonheur est un état d’esprit, une commande du cerveau,
une décision qu’on peut prendre à titre d’exécution, en fait oui, on peut choisir
d’être heureux. C’est une protéine qui en est responsable, la dopamine, qui se
transmette entre les neurones du cerveau. En effet le fait même de sourire devant le
miroir augmente le taux de dopamine dans notre corps. Alors si nous choisissons
d’être positives et de manipuler notre cerveau, nous serons dans un état paisible
comme on l’a toujours souhaité. D’ailleurs, c’est ce que Bouddha et les moines
achèvent. Le Bouddha qualifié aussi sous le titre « bienheureux » incarne une
approche du bonheur en préconisant de supprimer tout attachement, tout désir. Et
c’est ainsi que s’entraînent les moines durant leur chemin spirituel, en suivant les
règles mis en place par le « bienheureux ». En effet, ce dernier a atteint l’état de
nirvana, il s’est éveillé, devenu un sage, il a compris ce qu’il est, ce qu’il doit faire.
De plus, les moines travaillent à supprimer les désirs, et cela, en se faisant souffrir.
Ils acquiescent à la fin la satisfaction totale et donc le bonheur absolu. Nous
pourrons alors dégager la théorie suivante : le fait de chercher le bonheur en nous
et non pas en dehors de nous, nous permet d’y accéder.

Donc, d’après le bouddhisme, on a remarqué que le détachement de tout genre de


désir constitue le secret du bonheur total et infini, mais est-ce toujours possible ?

En troisième temps, le bonheur doit être en effet un intermédiaire entre l’état


d’esprit et la satisfaction de certains désirs. Nous avons déjà énoncé que le bonheur
peut être pris comme décision, mais cela nécessite une stabilité de l’esprit, avoir
l’esprit en paix, nous atteindrons alors un genre de bonheur indépendant de tout
facteur externe. Mais en revanche comment cela est-ce possible si notre
environnement ne le favorise pas ? Prenant comme exemple, une personne vivant
dans un pays en guerre, ou la paix ne règne pas y compris principalement la
sécurité, l’environnement est alors agité, instable. Cette personne se sent alors
toujours menacé, ayant crainte de mourir, il cherche toujours de se sécuriser. On
peut comprendre que dans une telle situation l’état d’esprit total et durable est
impossible à atteindre. Donc ce qu’on doit conclure, c’est que le bonheur n’est pas
absolu, il est partiel, relatif et temporel, personne n’est en fait heureux tout le
temps. Selon John Stuart Mill, «si l’on désignait par le mot bonheur, l’état continu
de satisfaction agréable au plus haut degré, ça serait une chose effectivement
irréalisable ». De plus, on doit choisir les désirs susceptibles d’être satisfaits. Pour
mieux désirer, il faut classer les désirs selon leur fonction, c.-à-d., le bonheur réel
susceptible d’être atteint grâce à chacun d’eux. Dans sa Lettre à Menécee, Epicure
développe un calcul des plaisirs et des douleurs qui vise à accéder à cet état de
satiété. On a alors 3 catégories du désir : les désirs nécessaires et naturels, comme
boire quand on a soif, manger quand on a faim. Les désirs naturels, mais non-
nécessaires par exemple mangés un repas savoureux et délicieux, et enfin, les
désirs non-nécessaires et non-naturels, comme désirer la fortune, la
popularité… Les premiers désirs sont faciles à satisfaire et procurent un plaisir
certain, les deuxièmes désirs sont plaisants à satisfaire, mais peuvent générer des
habitudes qui nous font dépendre du caprice du hasard : celui qui s’accoutume à la
fortune risque de souffrir, si les circonstances le privent de sa richesse. Et enfin, les
derniers désirs sont illimités : celui qui veut la richesse n’en aura jamais assez et
connaîtra une insatisfaction perpétuelle. Alors celui qui veut le véritable plaisir
devra se tenir à la seule satisfaction des désirs naturels et nécessaires : il connaîtra
alors un bonheur réel et durable. D’ailleurs, c’est ainsi que vivent les moines, ils
doivent juste satisfaire leurs besoins vitaux et vivre en paix. Et cela, grâce à
l’exercice de la méditation.

Donc, nous étions partis du problème qui d’un côté les désirs procurent du plaisir
et d’un autre côté le plaisir ne dure pas longtemps et un autre désir peut
directement surgir. Nous avons montré que la satisfaction des désirs est agréable,
mais le désir, c’est aussi un manque qui ne termine jamais et qu’on doit trouver le
bonheur par un autre moyen et enfin, on a conclu que la satisfaction de certains
désirs peut nous rendre heureux et que le bonheur n’est pas un état absolu. Alors
pour répondre à la question posée : renoncer à certains désirs qui sont non-naturels
et non-nécessaires et commander notre cerveau à être heureux et à penser
positivement, tout en prenant conscience que le bonheur n’est pas absolu, et qu’on
ne peut pas être heureux tout le temps, est la méthode la plus fiable pour vivre une
vie paisible, joyeuse, plus proche que possible de l’état de bonheur.

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