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Jordan Belfort, personnage principal du film Le loup de Wall Street, de Martin Scorsese, est

un multimillionnaire téméraire et sans scrupule. A la tête d’une société boursière, il aurait tout
pour être heureux : sa fortune lui permet d’obtenir tout ce qu’il désire : pouvoir, drogues et
femme. Allant ainsi de plaisirs en plaisirs, il est persuadé qu’il va droit au bonheur. Mais
lorsque ses plaisirs démesurés le conduisent en prison, peut-être réalise-t-il que satisfaire
tous ses désirs ne rend pas à proprement parler, heureux.
Étymologiquement, le bonheur est l’aboutissement d’une activité. C’est un état de
satisfaction complète et durable, auquel tout être humain aspire. On l’oppose au simple
contentement et à la joie, qui sont par nature éphémères. Pour autant, le bonheur est une
notion floue et indéterminée, chaque homme n’aspire pas au même bonheur.
Le désir est, quant à lui, caractérisé par la conscience d’un manque qu’il nous faudrait
combler. Contrairement à l’animal, chez qui désirs et besoins semblent se confondre, il existe
chez l’homme des désirs qui ne sont que des désirs fabriqués, artificiels. Nos désirs peuvent
donc être trompeurs, et dans ce cas, chercher à les satisfaire est une erreur.
Notre société, à travers la publicité par exemple, nous encourage à satisfaire nos désirs : une
nouvelle voiture, une nouvelle machine à café, un nouveau téléphone… seraient nécessaires
pour atteindre la plénitude, la satisfaction et donc, le bonheur. Le désir de consommer nous
est présenté ici comme un tropisme naturel de l’homme, à avoir plutôt qu’à être.
Le bonheur est présenté comme une réalisation de tous les désirs et une disparition des
troubles qui leur sont inhérents, alors que le désir est dit insatiable car en permanence
dévalorisé, au profit d’une jouissance plus élevée.
Être heureux semble donc être un état particulièrement difficile à atteindre.
Le bonheur semble au premier abord consister en la satisfaction de tous nos désirs.
Néanmoins, satisfaire certains désirs peut provoquer le malheur. Sachant qu’ils sont source
d’insatisfaction, restreindre ses désirs peut sembler une voie viable et réaliste vers le bonheur.
I – La satisfaction de nos désirs conduit au bonheur

A – Le désir, moteur de nos actions


Travailler dur pour s’offrir une belle voiture : Nous anticipons le plaisir que nous procurerait la
satisfaction de nos désirs, cette prévision nous encourage à tout mettre en œuvre pour
atteindre l’objet du désir. Je peux par exemple, désirer être riche et dans ce cas, travailler dur
pour parvenir à cet état, supposé contribuer à mon bonheur.
o Désirer peut revenir à se donner un but : Sans désirs, nous perdrions le goût de vivre et
serions condamnés à l'ennui ou la mort. « Le désir est l’essence de l’homme » dit Spinoza.
B – La quête continuelle du plaisir
o Nous sommes des êtres imparfaits, aller de désir en désir peut rendre heureux, car enfin le
désir ne dépend pas de l’objet, mais le précède et le produit en désirant : Il n’y a pas de
désirable en soi. Autrement dit, ce n’est pas la satisfaction de nos désirs qui importe tant,
mais le fait même de désirer.

II – Le désir comme malheur

A – Le plaisir immédiat peut provoquer le malheur


o Tout plaisir n’est pas nécessairement un bien. Les drogues par exemple, provoquent le
plaisir dans un premier temps : le toxicomane désire plus que tout sa « dose ». Le problème
est que, souvent, nous confondons plaisir et bonheur. Cette quête du plaisir à court terme est
évidemment source de malheur.
o Schopenhauer écrit dans Le Monde comme volonté et comme représentation, « Tout
vouloir procède d'un besoin, c'est-à-dire d'un manque, c'est-à-dire d'une souffrance »
B – Bannir les désirs
o Pour Épictète, les désirs nous enchaînent, les abandonner nous rendrait libre : « Le bonheur
ne consiste pas à acquérir et à jouir, mais à ne rien désirer, car il consiste à être libre ». En
effet, désirer c’est d’abord vouloir quelque chose d’extérieur, c’est devenir dépendant. Il
paraît impossible d’être heureux sans être libre.».
o Jean de La Fontaine, dans Le savetier et le financier, nous montre que le bonheur n’est pas
celui que l’on croit. Si aujourd’hui, le but de bien des hommes est de devenir riche – assez
riche du moins, pour satisfaire leurs désirs – ils peuvent en devenir malheureux : le savetier ne
parvient plus à trouver le sommeil tant il a peur de se faire voler l’argent que le financier lui a
donné.
III – Restreindre nos désirs, la condition du bonheur

A – Distinguer les besoins des désirs


o Si une personne n’a pas ce dont elle a besoin, on peut dire qu’il lui manque quelque chose
de nécessaire (manger et boire pour survivre par exemple).
o L’envie provient d’un manque par comparaison, on compare souvent son bonheur avec
celui, possible, des autres : « Si on ne voulait qu'être heureux cela serait bientôt fait. Mais on
veut être plus heureux que les autres et cela est presque toujours difficile parce que nous
croyons les autres plus heureux qu'ils ne sont. » avance Montesquieu

B – La thèse des stoïciens


o Pour Platon, le désir est un tonneau percé : nous aurons beau continuer à le remplir, il ne
sera jamais plein. Par conséquent, satisfaire ses désirs ne nous permettra pas de parvenir au
bonheur.
o « Tous les hommes recherchent le bonheur, mais bien peu savent ce qu'il faut chercher »,
écrivait Sénèque le Jeune dans De la vie heureuse.

o Pour Marc-Aurèle la condition du bonheur est l’abolition de tous les désirs vains : «
Donnes-moi l’intelligence d’accepter ce qui ne dépend pas de moi, le courage de changer ce
qui en dépend et la sagesse de distinguer le premier du second ».

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