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Le Désir en Philosophie
Le Désir en Philosophie
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La maîtrise du désir
« Lorsque cela s’accomplit en nous, les orages de l ’âme se
dispersent, le vivant ne chemine plus vers ce qui lui fait défaut et ne vise
plus quelque supplément au bien de l’âme et du corps. En effet, noud ne
sommes en quête du plaisir que lorsque nous souffrons de son absence.
Or maintenant nous ne sommes plus dans le manque du plaisir » Épicure,
Lettre à Ménécée.
Selon Platon, la seule chose éminemment désirable est la vérité. Mais ce désir
qui est à la source de la connaissance ne partage absolument rien avec ces mauvais désirs
qui naissent de l’union de l’âme avec le corps. Or, tout ce qui assaille le corps, les
maladies, les désirs, les craintes, etc. nous « remplissent » dit Platon, à tel point
qu’aucune pensée ne devient plus possible. Ce qu’exige de nous notre corps (qui nous tient
par là en esclavage), c’est la possession de biens. Or ceux-ci étant l’objet de nombreuses
convoitises entraînent des guerres et des batailles sans fin. Mais même si nous parvenons
à un certain état de tranquillité, même si plus rien d’extérieur à nous semble pouvoir
entraver notre recherche du vrai, il semble que les désirs du corps ne puissent se taire.
C’est ainsi que Platon en vient à conclure, et tel est le thème du célèbre mythe de la
caverne, que le seul moyen pour l’homme de parvenir à la vérité, à la contemplation des
Idées qui n’ont rien de sensible est de se séparer du corps pour « regarder avec l’âme en
elle-même les choses en elles-mêmes ».
Ce que pense Lacan, ce n’est rien d’autre que le jeu de la reconnaissance déjà
thématisé par Hegel auquel ses réflexions doivent beaucoup. Pour Hegel, la conscience ne
peut se réaliser pleinement, devenir conscience de soi, qu’en étant reconnue par l’autre
comme telle. En ce sens, le désir, s’il ne porte que sur les objets du monde (c’est alors le
besoin) ne peut faire advenir cette conscience humaine car il n’a alors affaire qu’à ce qui
lui est étranger, à ce qui n’est que nature et rien d’autre. Seul le désir de l’autre peut
confirmer l’homme dans sa valeur humaine. Le désir proprement humain est donc le désir
du désir de l’autre, le désir d’être l’objet de ce désir. Sartre a à son tour pensé le désir
depuis la perspective de l’altérité en définissant le désir sexuel comme tentative pour
soumettre l’autre à mon propre désir, à le réduire au statut d’objet. Mais ceci est
impossible puisque l’autre est sujet, conscience, liberté. Le mouvement du désir devient
donc l’effort désespéré pour réduire la distance pourtant insurmontable de la subjectivité
et de l’objectivité, pour que la liberté de l’autre se réduise à son corps. C’est là le sens de
la possession qui fait que l’amour est amour-échec.
Pour finir, on peut citer la pensée de Bataille qui conteste lui aussi l’ancrage
du désir humain dans le besoin. En effet, selon les principes de l’économie politique
classique le premier objectif des sociétés est de produire le minimum nécessaire à la
conservation de la vie et à la reproduction des moyens de production, c’est-à-dire que,
selon ce modèle, production et consommation sont entièrement réglées par le besoin. Il
peut y avoir du surplus, de l’accumulation, de la conservation, mais on voit que ces termes
ne prennent de sens qu’en fonction du besoin, du nécessaire à la vie ou de ce qui est jugé
comme tel. Or, il y a une autre face de la vie des sociétés qui se manifeste dans les fêtes,
les deuils, les jeux, les cultes, les jeux, les arts, etc. et qui ne répond plus du tout à une
logique du besoin mais bien plutôt à une logique de la dépense. Cette dépense est
improductive, elle n’a de fin qu’en elle-même, elle met l’accent sur la perte et la démesure
et pourtant il semble que sans elle la vie sociale n’aurait pas de sens. Le désir n’est pas
une extrapolation du besoin ou une abstraction du manque, considéré à présent en lui-
même ; c’est une dimension de l’existence humaine dont le besoin, la conservation
biologique de la vie n’est qu’une déclinaison possible.
- Le désir et le corps : Pour Platon, la seule chose qui doit être désirée est la vérité.
Mais ce désir s’oppose aux désirs sensibles, trouvant leur source dans l’union de
l’âme et du corps. C’est pourquoi la contemplation des Idées exige de se séparer
du corps, des impressions sensibles.
- Les morales du désir : Selon Épicure, il est nécessaire de distinguer les désirs
naturels des désirs vains. Plus généralement, c’est par la connaissance des
différentes catégories du désir que l’homme sera en mesure de maximiser ses
plaisirs et minimiser ses souffrances. Pour les stoïciens, il faut distinguer les
choses qui dépendent de nous et celles qui ne dépendent pas de nous (comme la
santé) et ne désirer que les premières. En ne désirant que ce qui est en notre
pouvoir, nous ne risquons plus de voir nos aspirations contrariées.
Indications bibliographiques