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Agir moralement, est-ce nécessairement renoncer au bonheur 

La notion d’Inconscient nous a mis au prise avec un sujet clivé, entre ses connaissances et ses
désirs inconscients, rendant par la même problématique, la responsabilité qu’on a de ses propres actes.
Hors, c’est cette responsabilité qui ouvre le champ de la moralité de nos actes. Hors, si ne sommes pas si
libre que ça, faut-il en déduire que notre responsabilité morale, est-elle remise en cause ? Et cette morale,
elle-même, devons nous forcément la pensée comme quelque chose qui réprime notre désir et donc notre
aspiration au bonheur.
La morale est-elle alors l’ennemi du bonheur ou pouvons-nous les concilier ? Agir moralement, est-ce
nécessairement renoncer au bonheur ?
Dans un premier temps, nous nous intéresserons au véritable bonheur qui suppose d’accomplir son devoir
et qui plus est d’être un être moral (cf. Ethique des vertus) puis dans un second temps, nous observerons
que déontologiquement la morale est supérieure au bonheur et enfin nous verrons que par utilitarisme, il
n’y a pas de morale sans bonheur.

Dans cette première partie, nous allons défendre que le bonheur se constitue du devoir et de la
moralité. Cette partie émet l’hypothèse que le vrai bonheur ne peut être atteint qu’en réalisant notre
devoir.
Par universalité, le « bonheur » est représenté comme quelque chose de propre à chacun, bien
qu’il soit commun à tous. En observant les autres, nous prenons conscience de ce bonheur.
Toutefois, si nous cédons au relativisme du bonheur, c’est peut être au fond parce que nous ne savons pas
comment atteindre le bonheur ? Autrement dit, il semble qu’il y ait de bonnes raisons de ne pas savoir
comment chercher le bonheur, puisque nous ne savons pas ce que c’est réellement. Selon Aristote, notre
bonheur est semblable au « telos », « un but visé » c’est à dire qu’il vise l’excellence.
Hors, notre humanité rend la question complexe, puisque nous manquons d’objectivité par rapport
à notre propre sujet et à notre condition. Nous avons tendance à croire, que nous savons ce qui est bon
pour nous, alors que ce point de vue pourrait-être faussé. Sommes-nous peut être aveuglé par notre
véritable bonheur, ou foi, voire ce qui est bon pour nous ?
A l’ère du 21ème siècle, on peut observer que l’Homme au nom de son bonheur, va se servir
d’autrui et va l’utiliser comme jouet de ses propres désirs. Inversement, on peut devenir des instruments
au service du collectif, ce qui pose un souci d’équilibrage. Dans ce sens, l’équilibre entre la rationalité et
la sociabilité, c’est la vertu, et le contraire c’est le vice. L’Homme, est véritablement condamné dans ce
qu’il pense être un bonheur, un plaisir, être vicieux et donc non conforme à la moralité qui exige le Bien.
Ici, nous apprenons que la vertu n’est pas quelque chose d’inné, c’est au contraire une habitude,
qui est mise à disposition pour faire le bien.
Atteindre le bonheur, c’est donc un travail sur soi-même, il faut sculpter ses propres habitudes, de
façon à faire de nos devoirs envers les autres (la dimension sociale de notre humanité), l’objet d’une
habitude prise par la réflexion (la dimension rationnelle de notre humanité). C’est pourquoi le bonheur ne
peut être véritablement atteint que par l’exercice de son devoir, car c’est en prenant l’habitude de faire le
Bien qu’il deviendra facile. On peut se demander quels sont les devoirs que nous devons respecter.
Pour continuer, toute exercice de sa moralité peut comporter des vices, comme être lâche. Par
exemple, quelqu’un qui manque de justice est un égoïste, alors que quelqu’un qui est trop juste se sacrifie
toujours et renonce à sa part de bonheur. Entre ces excès et ces défauts de vertus, il faut donc, pour réaliser
sa fonction naturelle, s’exercer à faire son devoir.
Dans cette pratique, Aristote en donne le contenu dans sa théorie du syllogisme pratique dans
l’ouvrage, Ethique. Un syllogisme, désigne un raisonnement tels que deux propositions étant données et
liées entre elles par un terme commun, pouvons en tirer une conclusion de façon absolument certaine.
Parmi les deux propositions données, la première (majeure) est universelle, et est marqué par l’énoncé du
devoir et la seconde (la mineure) est une étude de cas et est particulière. Le syllogisme, a donc une utilité
théorique : il permet d’accéder au savoir. Le syllogisme pratique est la conclusion d’une action, qui
permet ainsi, de s’entrainer à agir selon son devoir. Il a pour finalité d’exercer sa raison en direction de la
vertu. 
Au fond, le véritable bonheur se confond avec la sagesse, c’est-à-dire l’exercice de la vertu de
façon à atteindre le meilleur de l’humain en l’homme. Faire son devoir n’est donc pas renoncer au
bonheur. Être pleinement heureux suppose, au contraire, de faire son devoir. C’est la réponse que
donnerait à notre problème la théorie que l’on appelle l’éthique des vertus.
On peut pourtant ne pas être pleinement satisfaits de cette réponse. En particulier, le problème de
la connaissance du devoir et de la moralité, n’est pas pleinement résolu.
Ne faut-il pas, dès lors, remarquer que l’éthique des vertus risque de nous conduire, à faire reposer
l’identification des devoirs sur quelque chose du supérieure pour nous accorder une forme de sécurité ?

Dans cette seconde partie, nous allons défendre qu’il est nécessaire de renoncer au bonheur, pour
agir moralement, parce que la morale et le bonheur ne sont pas nécessairement compatibles, et que le
devoir est plus important, et a plus de valeur, que le bonheur.
L’Ethique des vertus, suppose qu’il y a un lien proche entre le bonheur et le devoir, et cela parce
qu’elle définit le bonheur comme finalité de l’existence, comme réalisation du meilleur de soi-même. Le
bonheur, en ce sens, c’est la vie bonne. Cependant, on peut questionner cette définition. Elle semble ne
pas expliciter un aspect du bonheur qui semble pourtant essentiel pour qu’il puisse être reconnu : on doit
sentir quand on est heureux. 
Le bonheur appartient en ce sens à la catégorie des sentiments. Cela ne nous dit pas quel sentiment
il est, et dire que le bonheur correspond à la vertu, inscrit certainement le bonheur dans la catégorie des
sentiments profonds, qui sont de longue durée (par opposition aux sentiments puissants de surface qui
changent vite, come la colère ou la joie). Pourtant, est-on nécessairement heureux lorsque l’on est
vertueux ? Faire son devoir implique-t-il nécessairement de se sentir heureux ?
Au fond, dire qu’il y a un lien entre être moral et être heureux, c’est supposer que faire le bien est
toujours récompensé d’une façon ou d’une autre. Dire qu’être vertueux rend heureux, que faire le bien
nous revient toujours d’une façon ou d’une autre, comme par un effet de boomerang, c’est faire
l’hypothèse qu’il y a un lien réel entre faire le bien (fait perçu) et le recevoir. Cette structure peut être
appelée providence, destin ou paradis, mais elle désigne à chaque fois l’idée que le monde sera bon avec
nous, si nous sommes bon avec lui.
Ainsi, il n’y a pas de rapport nécessaire entre la moralité et le bonheur. On peut parfaitement faire
l’un sans bénéficier de l’autre, de sorte que l’on est contraint de choisir entre les deux. Le problème
devient alors de savoir si c’est le bonheur, ou la vertu du devoir, qui a le plus de valeur.
A partir de cela, on peut établir que le devoir est plus facile à connaître que le bonheur, parce que le devoir
est connu de façon rationnelle, le bonheur n’est connu que de façon empirique.
En effet, nous tirons l’idée que nous nous faisons du bonheur à partir de ce que nous constatons que nous
aimons. Hors, nous apprenons ce que nous aimons par un processus fait par des essais et erreurs, c’est-à-
dire par l’expérience, comme aimer le vélo par nos parents.
C’est à cause de ce caractère confus et abstrait de notre idée de bonheur que Kant nommait le bonheur un
« idéal de l’imagination » : une image fabriquée en composant le hasard de nos rencontres, souvent
difficilement compatibles.
Autrement dit, alors que le devoir peut être connu par la raison, le bonheur n’est connu que par les
hasards de l’expérience. En outre, la connaissance rationnelle est plus certaine que la connaissance
empirique, donc le devoir est plus facile à connaître que le bonheur. De plus, on peut défendre que seul le
devoir a une vraie valeur morale, comme le fait Kant dans le texte Fondements de la métaphysique des
mœurs. Ce texte, nous permet donc, de clarifier la nature même des devoirs moraux avec un argument a
fortiori. Il faut en effet, les distinguer des devoirs qui sont accomplis au nom d’un autre intérêt. Un devoir
est moral, si son action est une fin en soi, et non pas seulement un moyen. C’est pourquoi Kant distingue
les impératifs hypothétiques (avec condition) et les impératifs catégoriques (sans condition).
Par conséquent, Kant soutient que le devoir moral a en effet plus de valeur que le bonheur, parce
qu’il oblige inconditionnellement. Mais Kant ne soutient pas pour autant qu’il faut désirer se faire du mal.
Il ne s’agit pas ici de renoncer au bonheur au sens de le rejeter, ni de l’abandonner comme quelque chose
de méprisable. Kant souligne clairement qu’une personne malheureuse est moins apte à faire son
devoir. Être heureux, pour Kant est donc un devoir, mais un devoir d’ordre secondaire : il faut se rendre
« digne du bonheur » au sens ou le bonheur n’est complet que s’il est atteint par devoir, comme un moyen
au servir de l’accomplissement d’une vie morale.
Toutefois, soutenir que le devoir moral exige le renoncement au bonheur, n’est-ce pas en même
temps supprimer le moteur de notre capacité à être moraux ? Au fond, ne faut-il pas inverser la hiérarchie
du bonheur et de la morale en soulignant que le bonheur est la condition de l’action morale ?

Dans cette troisième partie, nous allons soutenir que le devoir ne peut pas justifier le renoncement
au bonheur, parce que le bonheur est le critère qui nous permet de reconnaître nos devoirs. Cela nous
conduira à prendre en compte la dimension collective du bonheur.
Nous venons de montrer que la morale des principes (la morale déontologiste) semble rendre l’action
morale très exigeante. Cela vient du fait qu’elle considère que le critère de l’action morale est l’intention
de l’agent. Par exemple, en aidant une personne âgée, nous sommes morales. En revanche, si c’est pour
séduire à autrui, nous sommes pas morale. Elle est certes conforme au devoir, pour reprendre les termes de
Kant, mais non pas accomplie par devoir.
Mais on peut faire une objection à ce critère, et se demander s’il est vrai que « c’est l’intention qui
compte » au sujet des actions morales. Cette objection est celle de l’équivalence des intentions. Si l’on
affirme que seule l’intention compte, cela implique que la réussite de l’action morale est indifférente pour
son évaluation morale, ce qui peut sembler au moins étrange. Une personne qui serait de bonne intention,
mais qui ne contribuerait aucunement à améliorer l’état du monde ne semble pas être le meilleur exemple
de moralité. C’est l’objection que propose John Stuart Mill dans le texte suivant, l’Utilitarisme.
Puisque l’utilitarisme, propose de définir le devoir à partir d’une balance du plaisir permettant de
conduire un calcul du bonheur, il permet clairement de soutenir que si l’on renonçait au bonheur, on
perdrait notre capacité à faire notre devoir. Faire son devoir, en ce sens, ce n’est pas renoncer au bonheur,
mais parvenir à faire en sorte que le bonheur soit pensé comme une réalité collective, et non pas seulement
une finalité personnelle. 

Pour conclure, nous nous sommes demandés s’il faut renoncer au bonheur pour faire son devoir.
Dans un premier temps, nous avons soutenu qu’il y a une équivalence, du bonheur et du devoir qui se
réalise dans la personnalité vertueuse. Le bonheur et le devoir étant compatibles, il ne faut pas renoncer à
l’un pour avoir l’autre.
Nous avons cependant reconnu que cette compatibilité suppose de faire le pari qu’il existe une providence,
ce qui nous à conduit à reconnaître que le devoir a une plus grande valeur que le bonheur, et donc qu’il
faut savoir mettre le bonheur entre parenthèse, pour être moral.
Enfin, toutefois, devant le problème de notre capacité à faire le bien, nous avons reconnu que le bonheur
ne peut pas être abandonné au nom du devoir sans en même temps nous paralyser moralement.
Nous avons donc montré que considérer le bonheur comme une valeur collective, plutôt que comme un
but individuel, est un critère satisfaisant pour connaître nos devoirs et être moral sans y renoncer.
Par conséquent, nous pouvons affirmer qu’il n’est ni nécessaire, ni souhaitable, de renoncer au bonheur
pour faire son devoir, si l’on ne fait pas du bonheur un objectif individuel et, au fond, égoïste.

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