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Réf.

: AG2225 V3

Créativité industrielle -
Date de publication :
10 mai 2017
Définition et méthodes
d’accompagnement

Cet article est issu de : Innovation | Management et ingénierie de l'innovation

par Pascal ALBERTI

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Créativité industrielle
Définition et méthodes d’accompagnement

Pascal ALBERTI
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par
Enseignant chercheur et consultant
Sorbonne Université – Université de technologie de Compiègne, Laboratoire Costech,
équipe CRI, Compiègne (France)

1. La créativité ............................................................................................ AG 2 225v3 - 2


1.1 Principe de la créativité ............................................................................ — 3
1.2 Modélisation de la démarche de créativité............................................. — 3
1.3 La créativité, un concept flou ................................................................... — 8
2. Environnement structurant la créativité ........................................ — 9
2.1 Contexte humain....................................................................................... — 9
2.2 Environnements structurant la créativité................................................ — 9
2.3 Créativité contrariée : les inhibiteurs selon Michel Fustier ................... — 15
3. Quelques outils et méthodes d’aide à la créativité ..................... — 17
3.1 Méthode « Assumption smashing »........................................................ — 18
3.2 Méthode « Cartooning and Creativity » .................................................. — 18
3.3 Technique du brainstorming.................................................................... — 18
3.4 Carte mentale ............................................................................................ — 19
3.5 Analyse de la valeur.................................................................................. — 19
3.6 Méthode TRIZ ............................................................................................ — 20
4. Conclusion............................................................................................... — 21
Pour en savoir plus ........................................................................................ Doc. AG 2 225v3

epuis la fin de la seconde guerre mondiale, l’économie des sociétés occi-


D dentales a été caractérisée par des phases successives d’évolution. La
première, communément nommée « les trente glorieuses » période allant de
1945 à 1975, est définie par une prospérité économique sans précédent. Le
plan Marshall d’aide à la reconstruction de l’Europe aura un effet considérable
sur l’économie du vieux continent. Au cours de ces trente années, il faut
reconstruire plus qu’innover. Dès lors, les industriels font appel aux savoirs et
connaissances maîtrisés dans le cadre de processus de planification et de pro-
duction de masse. À cette époque, nous voyons apparaître des méthodes de
travail structurées et structurantes comme l’Analyse de la Valeur.
Les trente années suivantes s’inscrivent dans une économie progressivement
mondialisée. Cela entraîne un renforcement des processus de rigueur et de
performance. Ces années, désignées comme « rugueuses » sont le lieu d’une
intensification de la rationalisation des activités de production et de diversifica-
tion des approches concurrentielles soutenues par l’émergence de nouveaux
champs technologiques et l’accroissement des interactions dues à la mondiali-
sation. Des méthodes sont élaborées dans une approche structuraliste basée
sur les années antérieures. À ce titre, la méthode LEAN Manufacturing dérivée
successivement du Taylorisme, du Fordisme et de l’Ohnisme, en est un bel
exemple.
Selon Latour, une nouvelle ère, définie par l’injonction contradictoire sui-
vante, est devant nous ; « d’un côté, “innover ou mourir” ; de l’autre, “faire

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attention ou périr” ! De quoi rendre fou, en effet. Que peut bien vouloir dire
“innover précautionneusement” ? ».
Dans le domaine du Génie Industriel, ce concept d’innovation, exprimé de
façon moins explicite, voire moins étendu, est néanmoins développé tant par
des chercheurs que par des chefs de grandes sociétés.
En février 2011, le site « Engadget » publiait un memo de Stephen Elop, PDG
de Nokia, faisant le constat d’un échec cinglant en ces termes :
« Nous [Nokia] ne nous battons même pas avec les bonnes armes [...] La
bataille des appareils est devenue une bataille d’écosystèmes, où les écosys-
tèmes en question sont formés, non seulement par le logiciel et le matériel de
l’appareil, mais aussi par les développeurs, les applications, la vente, la publi-
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cité, la recherche, les applications sociales, les services de géo-localisation, les


communications unifiées, et d’autres aspects encore. Nos concurrents ne nous
prennent pas de parts de marché avec des appareils, ils nous prennent des
parts de marché avec des écosystèmes complets ».
La mutation, la déliquescence ou l’expansion des marchés se produisent de
façon préoccupante et extrêmement rapide. Ces phénomènes sont, en partie,
peu prédictibles. La seule constante robuste sur laquelle l’entreprise puisse
s’appuyer est le besoin toujours croissant de changement.
Pour répondre à de telles variations de contrainte, notamment celles liées
aux incertitudes de marché, l’approche déterministe semble mal adaptée, par-
ticulièrement si nous nous référons aux études de pérennité des jeunes
entreprises innovantes.
Une approche plus ouverte permettant l’identification des marchés potentiels
accessibles avec les moyens existants (ressources technologiques : matériels,
compétences, savoir-faire, etc.) permet de réduire l’impact des incertitudes ini-
tiales. Cette approche fait la part belle aux stratégies de différenciation par
l’innovation basée sur le déploiement d’actions de créativité. Dans cet article,
nous allons nous intéresser à la créativité industrielle, en tant que phase ini-
tiale du processus d’innovation.
Dans un premier temps, nous définirons la notion de créativité et les pro-
cessus qui lui sont associés. Puis nous présenterons des éléments de contexte
pouvant influencer la créativité. Pour finir, nous proposerons quelques outils et
méthodes d’aide à la créativité industrielle.

■ Est-ce que la créativité crée l’innovation ? Oui, mais l’innova-


1. La créativité tion peut être générée sans passer par une démarche de créativité.
■ Est-ce que la créativité améliore le monde ? La créativité
La créativité, comme de nombreux thèmes qui parcourent le est neutre et, par le fait, elle peut être employée comme processus
monde économique, est porteuse de sens et de contre sens. Il est d’amélioration ou de dégradation d’un système quelconque. Ce
nécessaire, voire de son « devoir », pour un ingénieur de se ques- qui peut éventuellement améliorer le monde ou, plus humblement,
tionner sur les pratiques qu’il met en œuvre dans le cadre de ses l’écosystème dans lequel nous agissons en tant qu’ingénieur. Ce
activités professionnelles. sont les valeurs que nous portons et la maitrise de l’adéquation de
nos propositions avec ledit écosystème.
Alors, commençons tout d’abord par nous demander pour
quelle raison nous devrions être créatif ou pour quelle raison nous ■ Est-ce que la créativité est notre droit en tant qu’être
devrions mettre en œuvre des démarches de créativité. humain ? Cela relève plus de la question philosophique et non
d’une affirmation forte. Il peut être néanmoins envisageable de
Une recherche rapide de réponses à cette question sur Internet discuter l’idée que l’approche créative serait une réponse à l’évolu-
apporte de nombreuses formulations enjouées et générales, tion Darwinienne imposée à toutes les espèces vivantes. Cela dit,
proches de la profession de foi. vue de la posture de l’ingénieur et de l’économie de marché, nous
sommes dans cette logique.
Ce que nous pouvons dire plus simplement, c’est que la créati-
Prenons cet exemple : vité participe à l’innovation et que l’innovation (produits, services,
– la créativité crée l’innovation ; organisationnelle, managériale, business model...) est un proces-
– la créativité améliore le monde ; sus adaptation nécessaire permettant d’assurer la pérennisation ou
– la créativité est notre droit en tant qu’être humain. l’extension de l’entreprise au sein d’un écosystème.

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1.1 Principe de la créativité Nous considérons la créativité comme une faculté de l’être
humain. Des chercheurs, du domaine de l’intelligence artificielle,
Créativité est une traduction de l’américain « creativity ». Nous notamment, abordent eux aussi cette notion. Nous resterons pour
trouvons ce terme, dans un premier temps, véhiculé dans les tra- notre part sur un domaine plus « classique », tout en vous conseil-
vaux de différents psychologues et psychanalystes français. lant de laisser votre esprit d’analyse prendre en compte l’étendu
des recherches dans le domaine de la créativité.
L’Académie française introduira officiellement le mot créativité
dans la langue française en 1971, après de longues discussions La créativité est donc, pour nous, une activité cognitive de per-
entre « Immortels ». ception, puis de combinaison d’éléments (scientifiques, technolo-
giques, techniques, sociologiques, culturels et conjoncturels)
constituant l’environnement d’un individu ou de plusieurs.

Prenons un dictionnaire au hasard, la créativité y est définie La perception humaine répondant au concept de l’« énaction »,
ainsi : elle, comporte une part de variabilité intrinsèque à l’observateur.
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– « créativité : nf (av. 1965 ; de créatif). Pouvoir de création, Ces éléments de perception sont les « données » d’entrée de la
d’invention. » ; démarche de créativité. Ceux-ci, conjugués aux connaissances de
– « création : nf (v 1200 ; lat. Creatio ). Action de faire, d’orga- l’être humain, composent le stimulant et la matière permettant aux
niser une chose qui n’existait pas encore. V. Conception, élabo- processus cognitifs de l’acteur d’émettre une réponse tangible et
ration, invention, naissance, survenance. ». particulière à une attente contextuelle.
Cette manière de concevoir la créativité pose de nombreuses
La créativité est un mécanisme intellectuel dynamique permet- questions concernant une éventuelle totale maîtrise de la
tant l’émergence d’une idée qui n’existe pas encore. Ce que l’on démarche de créativité. Les parcours scientifiques, voies assez
pourrait traduire par la faculté de construire dans l’imaginaire une communes de formation des cadres d’entreprise représentent-ils
réponse nouvelle à un problème. un appui à la créativité ? En effet, dans toute situation qui s’éloigne
de l’habitude, la société demande à l’individu de réfléchir et de
Il est intéressant de comprendre le sens commun des notions chercher des solutions nouvelles. Comment y parvenir, alors que
que nous manipulons avant d’intégrer les concepts définis plus le cursus scientifique (formation d’ingénieurs et de techniciens
précis. Le terme « conception » est le premier synonyme proposé constituant le contingent des acteurs de la conception, de l’innova-
pour la notion de création dans le dictionnaire. En ce sens, il n’est tion et de la créativité des entreprises manufacturières) est basée
pas étonnant que ces termes revêtent une forte similitude pour le sur la découverte de la solution unique et correcte au sein d’un
« commun » des acteurs de l’entreprise, voire de la recherche aca- environnement paramétré ? Comme nous le disent certains cher-
démique. cheurs du domaine de la pédagogie [27] :
Observons cette notion sous l’éclairage que nous propose B. « Il ne s’agit plus d’emmagasiner des connaissances, ni même
Demory [22]. Le terme « créativité » vient de l’anglo-saxon d’apprendre à apprendre comme on le répète volontiers ; emporté
« creativity » et recouvre deux notions principales : dans la mouvance de l’histoire, l’homme doit apprendre à
– « une aptitude de l’individu à créer de nouvelles combinaisons changer. ».
à l’aide d’éléments existants (mots, sons, idées, matières...) ;
Il paraît donc nécessaire, même si cette phrase peut paraître un
– [...] les techniques propres à développer cette aptitude, que lieu commun, d’accepter que la créativité nous impose de briser,
l’on considère comme innée, qu’un certain nombre de facteurs temporairement, nos cadres de structuration de pensée et d’action,
(éducation, famille, pression sociale...) ont eu tendance à mettre en pour libérer notre créativité.
sommeil. ».
À ce titre, il me plait à paraphraser, humblement, Albert Einstein
Il n’est pas inintéressant de citer ici une infime partie de la par ces mots :
mythologie grecque. Zeus et Mnémosyne (déesse de la mémoire)
s’adonnèrent à des étreintes charnelles pendant 9 jours et 9 nuits. « À partir du moment où les enfants croient qu’il faut dire
Celles-ci donnèrent naissance aux neuf muses de la créativité. comme les adultes, ils cessent d’être créatifs ».
Demory, tout comme cette symbolique mythique, nous amène à Comprendre, le plus explicitement possible, la notion de créati-
penser la créativité comme l’acte de combinaison d’éléments exis- vité doit permettre aux cadres et aux ingénieurs de mieux appré-
tants dans le but de produire un élément nouveau. C’est aussi une hender les leviers de stimulation ou d’inhibition de celle-ci. Nous
activité contextuelle mobilisant et mettant en œuvre des connais- aborderons cela dans les paragraphes suivants.
sances mémorisées (Mnémosyne). Aristote (voir Nota), en son
temps, avait lui-même défini la créativité en tant qu’immanence
humaine constituée par des associations mentales.
« La créativité est une faculté de l’esprit de réorganiser et
Nota : Aristote, philosophe grec, est un né en 384 av. J.-C. à Stagire, en Macédoine, et d’exprimer de façon intelligible les éléments du champ de per-
mort en 322 av. J.-C. à Chalcis, en Eubée. ception de façon originale et susceptible de donner lieu à des
opérations dans un quelconque champ phénoménal. ».

Une définition simple de cette notion peut être formulée


ainsi : la créativité est la faculté de générer une idée nouvelle. 1.2 Modélisations de la démarche
Cela dit, pour aller plus loin dans la compréhension de la de créativité
créativité et de son environnement, il est important de prendre
en compte des définitions plus structurantes (évolution d’une De nombreux acteurs, que ceux-ci soient du monde académique,
définition proposée par Moles & Caude) ([43] [44]) : du champ de « l’entreprise » ou du domaine du « consulting », ont
« La créativité est une faculté de l’esprit de réorganiser et proposé des schémas du déroulement d’un processus de créati-
d’exprimer de façon intelligible les éléments du champ de per- vité. Nous allons parcourir ces productions au paragraphe 2.1.
ception de façon originale et susceptible de donner lieu à des Néanmoins, il est nécessaire d’évoquer un élément de réflexion.
opérations dans un quelconque champ phénoménal. » [1]. Qu’est-ce qu’un processus ?

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Selon la norme ISO 9000:2000, un processus est un ensemble La « divergence » est une démarche d’extension du champ
d’activités corrélées ou interactives qui transforment des élé- des possibles et la « convergence » une réduction de l’espace
ments d’entrée en éléments de sortie. [...] Les processus d’un d’action par une mise sous contraintes contextuelles.
organisme sont généralement planifiés et mis en œuvre dans
des conditions maîtrisées afin d’apporter une valeur ajoutée.
Si l’on peut considérer que la phase de « préparation » est claire-
ment identifiée comme étant liée à la notion de « divergence » et
Nous parlons là, d’un ensemble de tâches (d’activités) reliées que la phase de « vérification » participe à la notion de
entre elles par une forme organisée selon le triptyque « convergence », ces deux étapes s’alimentent et participent tout à
« coût/qualité/délais ». Il y a donc une maitrise du déroulement et la fois des deux notions.
de l’attendu.
Quant aux phases intermédiaires d’incubation et d’illumination,
Cela ne correspond en rien à une démarche de créativité qui, elles sont difficilement corrélables à l’une des deux notions (conver-
intrinsèquement, est peu maîtrisable et dont l’attendu est, par le gence/divergence). Cette manière de les schématiser est soutenue
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fait, inattendu (émergence d’un quelque chose qui n’existait pas). par la théorie du psychologue James connue sous le nom de
Nous pouvons considérer, à l’aide d’une extrapolation concep- « chance configuration theory ». Celui-ci suggère, en prenant appui
tuelle, que les modèles des paragraphes 1.2.1 et 1.2.2 peuvent se sur la découverte de la pénicilline par Alexandre Fleming, que les
positionner sur un continuum délimité par le concept « d’approche idées et les concepts sont générés par hasard de façon aléatoire.
effectuale », d’un côté, et le concept « d’approche causale », de À la suite de Wallas, de nombreux chercheurs ont détaillé le pro-
l’autre [62]. cessus séquentiel initial. Certains de ses chercheurs introduiront le
concept de récurrence dans leur processus (figure 3) [55]. Ils
1.2.1 Quelques modèles indiquent ainsi que la séquence de la démarche peut être répétée
plusieurs fois dans sa globalité ou phase par phase. Néanmoins,
Le premier modèle (figure 1) [1] reconnu en tant que tel est celui tous les modèles relèvent d’une même façon d’appréhender le
de Wallas [69]. C’est un processus en quatre phases séquentielles processus de créativité. Celui-ci débute par une problématique et
qui vise un objectif précis. Nous retrouvons là, la démarche de répond à un objectif défini.
l’ingénieur « classique » qui va définir son point de départ et for- La modélisation dynamique sous une forme circulaire proposée
muler son objectif d’arrivée, puis mettre en œuvre, dans un chemi- par Plsek [55] nous offre une synthèse des précédentes approches.
nement le plus rectiligne possible, ses outils de réalisation de
projet (approche causale). Plsek (figure 3) décrit le processus de la façon suivante ; le pro-
cessus de créativité débute à 9 heures sur le cercle par l’observa-
La première et la dernière phase du modèle peuvent être aisé- tion de l’environnement de la problématique couplée à l’analyse
ment accompagnées par des outils ou méthodes de l’ingénierie. des forces et des faiblesses des solutions existantes.
Les deux phases intermédiaires sont-elles peu « maîtrisables »
pour ne pas utiliser l’anglicisme « manageables » ?. Elles donnent Ce processus mental permet une mémorisation des concepts.
à l’être humain la possibilité de laisser s’exprimer ses raisonne- L’utilisation de ceux-ci fournit par combinaison de nouvelles idées
ments cognitifs. répondant aux besoins spécifiques prédéfinis. Le choix de la
méthode n’est pas important. La clef de la démarche réside dans
Ce processus peut être mis en lien avec la notion de diver- un travail de combinaison actif des solutions, en éloignant les
gence/convergence (figure 2). jugements prématurés.

Préparation (définition du problème, observation et analyse) I – Préparation II – Imagination

Analyse
Incubation (laisser la question mûrir pendant un certain temps)

Illumination (moment où les nouvelles idées vont émerger) Observation Génération

Vérification (prendre en compte les idées et les analyser)

Figure 1 – Modélisation du processus de créativité de Wallas


Exploiter Récolter

Divergence Convergence

Mise en œuvre Mise en valeur

Préparation Vérification

Évaluer

Illumination Incubation IV – Action III – Développement

Figure 2 – Schématisation globale de la créativité Figure 3 – Cycle d’une créativité organisée

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Néanmoins, il n’est pas suffisant d’avoir des pensées créatrices. Pour autant, comme nous l’avons dit au début de ce chapitre,
Chaque nouvelle idée se doit d’être mise en pratique (Enhance- nous considérons que la créativité ne relève pas d’un processus,
ment, Implementation ) pour reprendre vie dans le cycle d’observa- mais d’une approche plus stochastique.
tion et d’analyse.
Plsek propose un modèle séquentiel faisant appel explicitement 1.2.2 Trèfle fractal : un modèle particulier
à l’analyse des réponses existantes. Chaque nouvelle combinaison
est considérée comme une donnée de sortie du processus de créa- Le modèle suivant, appelé « trèfle fractal », (figure 5 [1]), se dif-
tivité et une donnée d’entrée de la nouvelle itération. férencie des modèles précédemment cités par différents points ([2]
[3] [4]) :
Exemple – il offre une interaction aléatoire séquentielle ou simulta-
née entre les différentes actions spécifiées ;
Reprenons ce concept à l’aide d’une métaphore. Le peintre figura- – il n’impose aucun point de départ. L’ensemble des autres
tif, face à sa toile, recourt à un processus créatif. Devant ses yeux, modèles débute par un questionnement. Convenons, ce que
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son modèle s’expose dans son environnement. Le peintre, l’analyse, démontre McNerney [41], que cette vision organisationnelle (pro-
l’interprète, le conceptualise et applique les premières touches de cessus séquentiel débutant par une problématique) n’offre pas une
couleur. couverture exhaustive de la réalité des démarches de créativité,
Dès lors, la réalité évolue dans le champ de vision du peintre. Son mais répond aux attentes « comptables » du management des
œuvre apparaît et se trouve confrontée à la réalité du modèle. Elle entreprises ;
impose un regard différent sur les tons, sur les formes, sur les – il ne propose pas de phase « d’incubation » ou
matières en présence. Elle restructure l’image mentale du modèle. « d’illumination » car elles sont implicitement contenues dans
Chaque nouvelle touche de couleur répond à l’esquisse physique tout les flèches d’interactions qui :
en la modifiant. Nous sommes là dans le champ de l’énaction [64]. • symbolisent la temporalité des flux entre différentes actions,
• représentent les itérations de confrontation et d’ajustement
d’idées, d’hypothèses, de raisonnements, d’échanges et de
connaissances,
Cette métaphore poétique présente le concept proposé par • portent les « big bang » des illuminations.
Bouchard [15]. Cette chercheuse définit la créativité comme une
démarche itérative : Les flèches reliant les cercles de la figure 5 représentent :
« The creativity and innovation process is the process accor- – des activités masquées de la démarche de créativité
ding to which the initial objectives and specifications forma- individuelle :
lized in the brief will be progressively transformed by the • la confrontation cérébrale des informations,
designers team into a tangible product. Information finalized as • la maturation du projet en cours,
objectives will be gradually transformed into a physical infor- • la genèse d’idées nouvelles ;
mation by the way of the successive intermediate representa-
– le jeu d’interaction entre différents acteurs d’un groupe, d’une
tions of the product. ».
équipe de créativité.
Cette formalisation figée doit être vue comme un flux ininter-
Bouchard [15] présente la démarche de créativité (figure 4) rompu d’énergie créative.
comme une transformation progressive d’objectifs initiaux en pro-
duits tangibles. Cette démarche est constituée d’une multitude
d’allers/retours entre divergence et convergence. Ceux-ci permet- 1.2.3 Description du trèfle fractal
tant l’amélioration croissante de l’adéquation de la réponse à la
■ Analyser
demande.
Le modèle proposé montre que la créativité est une démarche • Définir à quoi sert la démarche
active d’ajustement simultané des objectifs et des solutions, ce qui Définir les objectifs à atteindre par le projet et non par le produit
s’oppose à une démarche purement linéaire et séquentielle. du projet.
Chaque « formulation » d’une solution répondant à la probléma-
tique de départ permet de mieux comprendre celle-ci et, par le fait,
Prenons comme exemple la conception d’une automobile.
de la faire évoluer. Cette modélisation offre une vision macro-
scopique du processus de créativité. L’objectif à atteindre par le produit serait de minimiser les trauma-
tismes du conducteur lors d’un choc à 50 km/h.
L’objectif du projet serait de tester une nouvelle organisation de la
conception afin de réduire les temps de mise sur le marché d’un nou-
Contexte veau véhicule.

? • Définir à quoi sert le produit de la démarche


Chercher à définir quels seront les services rendus par le pro-
duit. C’est-à-dire exprimer les attentes des utilisateurs dans les
contraintes imposées par les différents contextes d’usage.
• Évaluer l’environnement
Cette action concerne la recherche exhaustive de paramètres
extérieurs à l’objet de la conception, ayant une influence directe ou
non sur sa conceptualisation.
Nouveau produit
ESPACE PROBLÈME ESPACE SOLUTION ■ Générer
Le terme « générer » comprend à la fois une notion de
Figure 4 – Processus itératif de créativité et d’innovation « production » et « d’impulsion d’une réaction ».

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1 Analyser

2.1 S’imprégner
1.1 Définir à quoi 1.2 Définir à quoi des tendances
sert la démarche sert le produit 2 Générer
de la démarche
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2.2 Compulser
des informations 2.3 Trouver de
1.3 Évaluer nouveaux axes
l’environnement de recherches

2.5 Formaliser
2.4 Inscrire les idées
les concepts

3.1 Noter des


points particuliers
2.6 Inscrire les
nouveaux services

3.2 Prendre acte 3.3 Traduire sous


des réflexions un autre langage

3 Expliciter

Figure 5 – Trèfle fractal, modèle générique d’une démarche de créativité

• S’imprégner des tendances • Trouver de nouveaux axes de recherche


Observer, analyser, comprendre les modes de fonctionnement Définir d’un point de vue fonctionnel ou générique les concepts
des utilisateurs, l’ensemble des produits disponibles sur le marché à préciser techniquement.
ainsi que les nouveaux concepts présentés en « avant-première »
quels que soient les domaines. • Inscrire les nouveaux services
Cette action a un lien fort avec l’action : compulser des informa-
tions. Exprimer de façon fonctionnelle (phrases, mais aussi dessins,
photographies...), ou à l’aide de problématiques, les nouvelles
• Compulser des informations attentes des clients. Exprimer un choix de service.
Cette action relève d’une démarche identique à l’action d’évaluer
l’environnement. Le niveau d’abstraction est plus faible et les cri- • Formaliser les idées
tères d’évaluation plus précis. Représenter, pour matérialiser et pour communiquer, à l’aide de
Évaluer l’environnement permet d’envisager le contexte du pro- supports physiques ou virtuels (dessins manuscrits 2D, 3D, filaire,
duit et de l’étude d’un point de vue conceptuel ou général. en volume, en couleur, DAO, maquettes, images mentales) les pre-
Compulser des informations vise à rechercher, analyser et trouver mières idées.
des informations opérationnelles (planche de tendances, matières,
produit équivalent, détail de normes et réglementations...). • Inscrire les concepts
Néanmoins, cette action peut alimenter de façon itérative Exprimer de façon générique les solutions permettant de
l’action d’évaluation de l’environnement. répondre aux services attendus. Exprimer un choix de concept.

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■ Expliciter actions sont implicites et peuvent être explicitement connectées à


Le terme « expliciter » doit se comprendre comme une action des outils et méthodes existant dans le domaine industriel. Le
visant à rendre compréhensible, avec un niveau minimal d’équi- trèfle fractal offre un cadre souple adaptable à la culture et au
voque, la problématique et le contexte de la créativité. domaine d’activité de l’entreprise.
La créativité et son résultat semblent avoir des fonctions sémio- ■ Rôles des méta-actions
tiques évidentes. Cet aspect fortement culturel, présenté dans
l’article [AG 2 120], génère des incompréhensions. Effectivement, Finalement, ce modèle permet de mettre en exergue l’impor-
la « communication » implicite de la démarche de créativité ou de tance du contexte et de l’ouverture d’esprit nécessaire à une
son résultat est polysémique, ce qui peut conduire à des aberra- démarche de créativité.
tions. • Dans la méta-action, « expliciter », la terminologie pousse
Il est important d’expliciter cette démarche, son apport, son inte- l’utilisateur dans une dynamique d’acquisition, d’échange ou de
raction au sein du système industriel environnant, ainsi que les réévaluation des connaissances par la transformation modale des
contributions de son résultat quant à la compétitivité de l’entre- idées (traduire sous un autre langage) et leur prise en compte
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prise. (noter les points particuliers, prendre acte des réflexions).


• Noter des points particuliers Il faut voir, dans la prise en compte des connaissances, la recon-
naissance de leur porteur et de ses modes d’émission. Nous
C’est-à-dire prendre acte des données de façon à les transformer
sommes bien là dans une relation entre une connaissance détenue
en informations porteuses de sens. Cette notation peut être réali-
par un tiers, des supports de formalisation et un tiers récepteur.
sée sous différentes formes.
Le trèfle fractal incite l’acteur à s’ouvrir sur d’autres domaines.
• Prendre acte des réflexions
Exprimer et mémoriser (les matérialiser par écrit ou autrement) • La méta-action « générer » mène l’utilisateur à outrepasser
de façon spontanée les idées ou réflexions émises. le domaine technique par :
– l’exploration des tendances ;
• Traduire sous un autre langage
– la recherche ;
L’information est traduite sous une forme ou à l’aide d’un média – l’examen ;
permettant plus aisément à l’individu ou au groupe d’individus de – l’analyse de nouvelles informations ;
la comprendre (exemple d’un adage populaire : un dessin vaut
– la recherche de nouveaux axes d’interrogation et de nouveaux
mieux que de longs discours).
services à rendre.

1.2.4 Apports du trèfle fractal • Dans chacune des méta-actions se trouve des actions qui,
par leur terminologie, peuvent appartenir à un autre groupe. C’est
Le modèle « trèfle fractal » offre plusieurs apports. Tout d’abord, un choix destiné à créer un dynamisme de flux au sein du modèle.
de par sa représentation graphique, il décrit plus justement la De fait et implicitement, le résultat de certaines actions génère la
démarche stochastique et heuristique de la créativité et il offre une réinitialisation d’autres actions d’une méta-action différente.
compréhension synthétique plus efficace.
L’initialisation d’une démarche de créativité peut débuter en Prenons comme exemple : compulser des informations ou
n’importe quelle action du modèle. Le cheminement dans le s’imprégner des tendances.
modèle est aléatoire, intemporel et non limité.
Le fait de répondre à ces actions interfère avec l’action évaluer
■ Cercles borroméens et interdépendance l’environnement, ce qui engendre une réactivation de la méta-action
« analyser ».
La construction de ce modèle à l’aide des cercles borroméens
(cercles enchevêtrés de telle sorte que l’extraction de l’un d’entre Ce modèle est conçu pour générer des flux de raisonnement impul-
eux engendre la dissociation de tous les autres) définit une inter- sés par des actions de forme transgressive qui mènent l’utilisateur à
dépendance des méta-actions. penser selon différents paramètres.
Si une méta-action n’est pas prise en compte, que cela soit plei-
nement ou succinctement, la démarche de créativité est minimi- Si l’acte de créativité doit prendre en compte l’environnement
sée, voire caduque. d’usage du produit ou service étudié afin de maximiser les résul-
tats, il est fondamentalement dépendant de son environnement de
La qualité du résultat dépend en partie du travail accompli pour mise en œuvre. Nous allons parcourir au paragraphe 2 une partie
chacune des actions du modèle. Nous avons constaté que le temps du champ des paramètres structurant l’acte de créativité.
passé dans l’activation de différentes actions modifie les résultats
obtenus. Le schéma renforce l’aspect dynamique de la démarche de créa-
tivité par son renforcement du caractère itératif entre les diffé-
Ensuite, le trèfle fractal est un outil polyvalent qui : rentes méta-actions et actions. Lors de séances de travail avec des
– permet de décrire objectivement les démarches de créativité étudiants de milieux pluridisciplinaires, nous avons pu constater
réalisées au sein d’une entreprise ; que la génération de solutions menait souvent à reprendre la
– d’établir par le fait même une traçabilité ces démarches phase d’analyse.
créatives ;
– offre un support descriptif des démarches mises en œuvre ; De même, le fait d’avoir à penser très vite à l’argumentation du
– permet d’identifier des compétences, des connaissances, des travail amène les étudiants à repenser leurs propositions de solu-
acteurs, des outils, des méthodes et des contextes liés à des tions et à préciser leurs analyses. Les actions du trèfle fractal s’en
actions réalisées ; trouvent majorées en efficacité et qualité.
– offre la possibilité de comparer plusieurs démarches de façon Une analyse [2] de différents projets de créativité à l’aide du
à identifier les points communs, les divergences et, éventuelle- trèfle fractal a permis de montrer que le temps passé par les
ment, les facteurs de succès ; acteurs dans l’activation de différentes actions et méta-actions dis-
– est susceptible par le fait de répondre au dilemme : être créatif criminait les résultats obtenus. L’analyse permet de corréler la
et innovant tout en tirant parti des acquis de l’entreprise ; méta-action « Générer » à des résultats très conceptuels et de
– peut être utilisé comme un outil de prescription. Il définit les fortes remises en cause, et la méta-action « Analyser » à des résul-
actions à mener dans le cadre d’une démarche de créativité. Ces tats pragmatiques de court terme.

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CRÉATIVITÉ INDUSTRIELLE ___________________________________________________________________________________________________________

1.3 La créativité, un concept flou – conception = « activité créatrice permettant d’aboutir à un pro-
duit satisfaisant des besoins » ([11] [56] [74]) ;
À la suite de ces énumérations rapides des définitions de la créa- – conception = « passage d’un espace fonctionnel à un espace
tivité et des modélisations s’y rattachant, il est important de préci- physique » ([14] [65]).
ser que le concept de créativité reste néanmoins assez mal perçu. Ces exemples de définitions piochées au fil des lectures
Cela est lié, en partie, aux proximités des définitions de la créati- montrent à quel point il est difficile de se faire une idée juste et
vité, de l’invention, de la conception et de l’innovation. partagée de ces notions. Cette similitude est accentuée par la
proximité des différentes modélisations (figure 6) de la créativité,
de l’innovation et de la conception.
Rappelons-nous, tout d’abord, que le sens commun donné Cet exemple (figure 6) présentant, en regard, un processus de
par le dictionnaire propose comme synonyme de créativité : conception (à gauche) [50] et un processus de créativité ([29] [47])
conception et innovation. Il n’est donc pas étonnant que cer- renforce la « parenté » entre les différents concepts. Il est impor-
tains acteurs du monde de la conception fassent un amalgame tant de retenir que, bien que les concepts de créativité, de concep-
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entre ces différents concepts. tion et d’innovation paraissent assez proches, ils font appel à des
Les conséquences induites par cette similitude sont acteurs, des outils et méthodes, des paramètres décisionnels spé-
importantes. Croire que l’on sait organiser une démarche de cifiques.
créativité parce que l’on a structuré son processus de concep- À ce titre, nous allons au paragraphe 2 explorer des éléments de
tion est une gageure. contextes pouvant influencer la créativité. Pour cela, nous pren-
drons en compte l’humain et certaines de ses spécificités au sein
Le dictionnaire, pas plus que les acteurs de la recherche, ne de son environnement de travail.
nous aident à appréhender parfaitement les concepts : Dans un premier temps, nous aborderons l’environnement de la
– conception = « convertir une idée en un nouveau produit » créativité (lieu d’activité et organisation), puis nous traiterons des
([11] [19] [24] [42] [44] [54] [60] [70] [74]) ; inhibiteurs intrinsèques à l’acteur « créatif ».
– innovation = « transformer une idée en produit ou service À la fin de cet article, nous présenterons des outils et méthodes
commercialisable » ([63]) ; d’aide à la créativité (§ 3).

Objectif
Définitions du
Objective
problème à
résoudre, objectifs
à atteindre

Définition factuelle
Fact finding

Définition conceptuelle
Conceptual design

Problèmatiques
à traiter
Problem finding

Conception formelle
Embodiment design

Production d’idées
Idea finding

Spécifications
Detail design
Proposition
de solutions
Solution finding

ARTEFACT
Arbitrage et choix
Acceptance finding

Figure 6 – Comparaisons d’un processus de conception et d’un processus de créativité

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2. Environnement structurant visant à maîtriser la démarche de créativité, relèvent d’une


approche cartésienne. Celle-ci étant principalement mise en œuvre
la créativité sur des « facteurs » manipulables, comme, par exemple, le
« design d’intérieur » (figure 8) d’une salle de créativité (facteurs
environnementaux). Cela sans faire le lien explicite avec les profils
2.1 Contexte humain cognitifs des acteurs présents et les contextes conjoncturels des
marchés visés. La complexité liée à l’interaction, voire l’interdépen-
Todd Lubart [39] met nettement en évidence dans ces travaux dance des facteurs cognitifs, conatifs, émotionnels et environne-
que les facteurs humains sont contributifs, voire constitutifs, à mentaux, n’est à ma connaissance jamais traitée.
l’acte de créativité (figure 7). Au paragraphe 2.2 sont évoqués quelques cas de « management »
de la créativité mis en œuvre par différentes entreprises.

Les facteurs cognitifs, conatifs et émotionnels constituent


2.2 Environnements structurant
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certainement les bases de la création d’une typologie d’acteur


créatif. la créativité
Les items présentés ici et détaillés par la suite sont issus
Il est intéressant pour un ingénieur ou/et un futur cadre d’avoir d’enquêtes sur les démarches et les organisations adoptées pour sti-
en tête cette représentation proposée par Lubart. Elle nous montre muler la créativité. Ces enquêtes ont été réalisées auprès d’acteurs
que, si certains critères de la créativité sont « actionnables », de la créativité d’entreprises manufacturières françaises [1] :
d’autres relèvent d’un état de fait ou de domaines complexes hors
du champ de l’ingénieur. – sémantique de l’objectivation (§ 2.2.1) ;
– distorsion de l’objectivation (§ 2.2.2) ;
Les facteurs environnementaux peuvent, par exemple, être – provocateur de « réalisme » (§ 2.2.3) ;
adaptés. Une recherche rapide sur le web nous permet de décou- – mélangeur de cognition : cognition partagée, humilité d’esprit
vrir toutes les tentatives d’architecture intérieure (figure 8) réali- (§ 2.2.4) ;
sées pour tenter de maîtriser un des facteurs environnementaux.
– pédagogie du faire (§ 2.2.5) ;
A contrario, agir sur le facteur conatif « personnalité » ou sur le – métier précepteur d’action (§ 2.2.6) ;
facteur cognitif « intelligence » d’un de ses collaborateurs, ne relève – représentation de la fonction (§ 2.2.7) ;
pas, en considérant que cela soit possible, du champ de l’ingénieur. – connaissance de l’acteur créatif : sa personnalité, ses connais-
De plus, une telle approche managériale se doit nécessairement sances (§ 2.2.8) ;
d’être envisagée après une analyse éthique de sa pertinence. – base de connaissances (§ 2.2.9) ;
Ce que nous montre Lubart, par cette représentation de – lieu de permission (§ 2.2.10) ;
l’approche multivariée de la créativité (figure 7), c’est la complexité – temporalité : relation interpersonnelle, environnement phy-
du domaine. La plus grande partie des approches managériales, sique (§ 2.2.11).

Facteurs cognitifs Facteurs conatifs Facteurs Facteurs


• Intelligence • Style émotionnels environnementaux
• Connaissances • Personnalité
• Motivation

Potentiel créatif

Arts Littérature Science Commerce Autre


domaine

Production créative

Figure 7 – Représentation de l’approche multivariée de la créativité

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Figure 8 – Quelques lieux spécifiques du siège européen de Google http://www.blog-emploi.com/12-lieux-insolites-au-siege-europeen-de-google/

2.2.1 Sémantique de l’objectivation


La reformulation est un processus double visant à s’assurer
qu’il n’y aura pas divergence d’opinion sur la problématique,
Comme de nombreuses activités industrielles, la démarche de tout en vérifiant que les domaines connexes de celle-ci n’ont
créativité nécessite une compréhension claire des objectifs qui pas une influence significative sur sa définition.
passe parfois par une reformulation de ceux-ci. Cette reformulation
doit être comprise du point de vue du support sémantique, Cela permet de fédérer et mutualiser les efforts vers la
c’est-à-dire de l’utilisation de termes différents pour l’expression découverte d’un futur possible.
d’une même finalité.
Néanmoins, le choix des vocables n’est pas neutre et peut géné- Pour reformuler la problématique, certains acteurs usent de
rer chez le récepteur une représentation différente de la finalité ini- « l’image » comme objet intermédiaire de définition des objectifs.
tiale. Effectivement, la production de messages est basée sur les Nous regroupons sous le terme « image » :
combinaisons et sur les choix permettant de structurer son – le croquis à « main levée » ;
contenu ([31] [37]). – le dessin technique ;
N’importe quel acte de communication est une composition de – le rough ;
l’émetteur et une interprétation du récepteur [34]. – le dessin numérique 2 ou 3D ;
– la photographie.
Juffe nous rappelle que la valeur du message envoyé par l’émet-
teur n’a certainement pas la même intensité pour le récepteur. Les Le choix de cette représentation est lié au fait qu’elle véhicule
moyens de codage (dessin technique, formule mathématique, une information complexe et dense.
abréviation, idiome de métier) et de décodage des messages ne D’autres acteurs effectuent des recherches génériques et omnidi-
sont pas les mêmes. Cette réalité implique l’existence d’une varia- rectionnelles d’informations dans le but de trouver « l’inspiration ».
tion de compréhension. C’est ce que nous pourrions nommer une recherche de stimula-
teurs cognitifs. Nous sommes dans une démarche double de refor-
La reformulation est une démarche de compréhension et
mulation d’objectif suivant des idiomes spécifiques et de
d’appropriation du sujet. La compréhension ou l’appropriation qui
distorsion de l’objectif de départ.
s’effectue par l’utilisation d’un idiome propre à l’acteur ou à sa
communauté de pratiques, ou par une scénarisation contextuelle Pour finir, prenons comme exemple cet énoncé proposé par
du problème, permet d’envisager l’influence de celle-ci sur la Richard [59]. Répondre à celui-ci ne nécessite pas plus que
réponse apportée. quelques secondes.

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Cet exemple illustre l’importance de la formulation d’un problème.


Un autre point important à noter est que la distorsion de
« Une diligence va de A à B, distance de 60 km, à l’allure de 12 km l’objectivation passe par une appropriation du domaine faisant
à l’heure. Une mouche, qui vole à 20 km à l’heure, part de B au appel à différentes logiques d’acquisition d’informations.
moment où la diligence quitte A. Quand la mouche rencontre la dili-
gence, elle repart vers B puis repart à la rencontre de la diligence et Tous les acteurs vont chercher à avoir une vision suffisam-
ainsi de suite jusqu’à l’arrivée de la diligence en B. Combien de kilo- ment précise des réponses ayant été données à la question de
mètres la mouche a-t-elle parcourus ? ». départ ou à une question proche.
La difficulté engendrée par cet énoncé vient du fait qu’il incite le
lecteur à se représenter le problème en termes d’allers/retours suc- Cette appropriation passe par un travail personnel de recherche
cessifs de la mouche, alors qu’il suffit de considérer le temps de d’informations inertes et d’informations intelligentes et vivantes
déplacement : la diligence a mis 5 h pour effectuer son parcours, la générées par des discussions avec d’autres acteurs capables de
mouche a volé pendant le même temps à 20 km à l’heure et a par- raisonnements, de combinaisons et d’interprétations.
couru 100 km. Ces discussions interpersonnelles (échange sur l’objectif du pro-
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jet de créativité entre les acteurs de l’entreprise) sont, tout d’abord,


La formulation d’un problème ou d’une question à résoudre une solution pour débroussailler efficacement la problématique.
conditionne le mode de réponse apporté ! Cela peut être aussi la recherche des « idées précuites », intéres-
santes lorsqu’on ne trouve pas le temps de « cuisiner », ce qui cor-
respond à une des contraintes fortes de certains domaines
2.2.2 Distorsion de l’objectivation manufacturiers.
Enfin, la recherche d’informations sur l’existant joue un rôle
Certains acteurs envisagent la problématique d’une étude anxiolytique. Les acteurs, sachant qu’ils disposent d’un panel de
comme un questionnement à replacer dans une approche systé- solutions permettant de répondre à leur problématique, peuvent se
mique. En cela, ils prennent en compte, à la fois la stratégie et les livrer sans crainte, ni stress, à une recherche de solutions nouvelles.
attentes de leur entreprise, ainsi que les besoins de l’utilisateur La redéfinition de la problématique est un moyen de s’assurer
final et intermédiaire. de l’adéquation entre la compréhension du réalisateur et celle du
demandeur nécessitant l’ajustement, et parfois l’évolution même
Ils font intervenir la notion de « tendance » qui représente l’état de la problématique.
matériel, sensoriel et perceptif du contexte dans lequel devra évo-
luer la réponse à construire. De cette manière, ils ouvrent la pro- La problématique peut faire l’objet d’une analyse structurée par le
blématique sur des logiques d’actions [42] différentes, et donc des biais d’une méthode systémique. Elle peut aussi être reformulée à
critères d’évaluation différents. l’aide d’image, forme iconique différente du mot. Cela offre un
potentiel de subjectivité lié au caractère individuel de la lecture
Par le fait, l’acteur accepte de mener un raisonnement hors de d’une image. Nous sommes là encore dans une phase paradoxale
son champ de compétences. Cela permet d’analyser le contexte du d’analyse de l’objectif de la créativité et d’action active de créativité.
questionnement, comme le propose Bourdieu [16] avec « des
lunettes différentes ». 2.2.3 Provocateur de « réalisme »
D’autres acteurs se forgent tout d’abord une vision objective La créativité est souvent perçue comme une action débridée, aléa-
personnelle de leur sujet avant de l’enrichir par la vision d’autres toire, déstructurée, voire déraisonnable. En ce sens, elle porterait un
collaborateurs. Cela est justifié par le fait qu’ils introduisent très aspect subversif dangereux pour le bon fonctionnement d’une orga-
rapidement une phase discursive de confrontation et de combinai- nisation établie. De nombreuses entreprises ont apporté implicite-
son d’informations. Il s’exprime là un paradoxe intéressant car, ment des réponses permettant d’accepter la confrontation entre
pour définir les objectifs de la démarche de créativité qu’ils sou- deux mondes semblant opposés tout en étant indispensables l’un à
haitent entreprendre, les acteurs la mettent en œuvre. l’autre.
L’intervention de chaque nouvel acteur et/ou l’apport de chaque Un grand nombre d’acteur industriel pense que la créativité est
nouvelle donnée, portent une valeur potentielle de connaissance et une démarche débridée, qui mène sur des chemins de traverses. A
d’interprétation des autres données. Elles changent leur prisme de contrario, d’autres acteurs seront capables « d’amener les choses
lecture, créent un phénomène de « brainstorming individuel ». sur le bon chemin ». Ce qui est une façon d’indiquer que la créati-
vité seule ne peut en aucun cas mener à l’innovation. Elle doit, par
En prenant en compte le (ou les) objectif(s) du projet où la créa- le fait, être contrainte dans le corset de l’acceptable pour passer du
tivité s’inscrit, certains acteurs orientent celle-ci. Elle n’est plus une rêve à la réalité.
recherche de solutions maximisant la nouveauté. Elle devient une La notion de « bon chemin » est, de fait, une nécessité organisa-
recherche de nouveautés favorisant l’efficience des ressources tionnelle. Il faut extraire du flux de la créativité, les idées exploi-
technologiques de l’entreprise. En d’autres termes, elle permet tables dans le contexte du moment et de les intégrer dans un
l’élaboration d’offres donnant accès à des marchés inexplorés à processus maîtrisé par l’entreprise.
l’aide de technologies disponibles et courantes dans le patrimoine
L’organisation de fonctionnement est un des provocateurs de
technologique de l’entreprise. Le changement se construit sur des
« réalisme » de la créativité. Effectivement, pour une grande partie
compétences techniques éprouvées.
des entreprises, la créativité n’a de sens que si elle collabore, plus
ou moins justement, à la stratégie de celles-ci. Le potentiel innovant
Cette approche peut être corrélée aux critères du développement
de la créativité se doit d’être explicite. Cela nécessite un effort de
de projet adopté au sein de l’entreprise. La temporalité, dans
synthèse pour exposer les travaux réalisés. Il faut donc passer par le
laquelle s’inscrit dès lors la démarche de créativité, devient un
filtre de médias de communication répondant aux règles de percep-
paramètre de distorsion de l’objectivité. Les délais sont réduits, le
tion de l’ingénieur ou du technicien. Les médiums (moyens de com-
champ de l’exploration devient moins important.
munication) sont d’autres provocateurs de « réalisme » de la
Cela corrobore l’idée que le niveau de remise en cause d’une créativité.
démarche de créativité est en partie déterminée par le métier, La créativité nécessite souvent le passage par une matérialisa-
maître d’œuvre de celle-ci, et par la représentation que l’acteur a tion des concepts. Celle-ci peut s’effectuer suivant différents
de sa fonction au sein de ce métier. modes ou échelles iconiques [43]. Le choix de l’échelle iconique

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(mots, dessins, photos, maquettes...) est contextuel et lié tout C’est bien souvent l’expérience, donc « l’apprentissage par le
autant à l’émetteur qu’aux récepteurs. faire », qui permet aux acteurs de la créativité de mieux appréhen-
Le choix de l’échelle iconique est dépendant de la phase de mise der leur propre processus de créativité.
en œuvre de la créativité au sein du processus d’innovation, ainsi L’humilité d’esprit ouvre les rangs du groupe de créativité au
que des critères d’évaluation pris en compte. candide ou à une forme « candide » de raisonnement. Le candide
est sensible à toutes les possibilités parce qu’il n’est pas contraint
Par exemple, passer par une matérialisation sous forme de proto- par ses compétences techniques. Néanmoins, cette approche ne
type s’applique à une phase avancée de la démarche d’innovation où peut se construire que dans une relation de confiance corollaire de
l’acteur va mettre en œuvre des critères de mesure issus du monde de l’humilité.
la production mécanique. La formalisation physique est, à la fois une Le rapport entre les acteurs d’un groupe de créativité se
étape du processus d’innovation, et un outil de créativité qui offre un construit dans le respect des compétences et l’absence de juge-
potentiel d’émotion permettant la discussion et les remises en cause. ment de valeur. Ce qui corrobore l’existence d’une forme humble
de comportement. Juger ou imposer ses choix sont l’expression
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L’idée, le concept, sont parfois formalisés par une image qui d’une action basée sur une évaluation supérieure de ses propres
n’est pas encore une représentation normalisée par les règles de compétences au regard des autres compétences détenues par les
conception permettant d’envisager le mode de production à mettre différents membres du groupe.
en œuvre. Dans ce cas, la représentation iconique offre un poten-
tiel de remise en cause plus important du fait qu’elle exprime
moins de critères de contrainte. Le support devient un moyen pour 2.2.5 Pédagogie du faire
capitaliser des informations tout en permettant de les tester et
La pratique de la créativité est une voie primordiale d’apprentis-
d’envisager des associations ; en ce sens, il offre un potentiel de
sage de la créativité. Nous ne discuterons pas l’hypothèse d’une
créativité.
créativité innée. Être ou ne pas être créatif pourrait être un état
implicite lié à la pratique de cette démarche.
2.2.4 Mélangeur de cognition
■ Cognition partagée Prenons comme exemple la métaphore de l’improvisation musi-
cale d’un musicien de Jazz [53] :
La créativité peut être vue comme une activité individuelle ou
une activité de groupe. « L’improvisateur détermine toujours par avance ce qu’il va jouer
mais la rationalité du discours improvisé est « diffuse », plusieurs possi-
Nous abordons ici certains paramètres liés à la dynamique d’un bilités contenues en potentiel dans le bagage musical de l’improvisa-
groupe de travail. La créativité de groupe nécessite que l’équipe teur restent maintenues durant l’improvisation pour n’être actualisées,
partage, même temporairement, une relation de confiance ; la définies que dans l’urgence de l’émergence de la phrase. L’improvisa-
confiance comme un acte dépendant de l’acceptation des tion est une pratique de l’authenticité, elle oblige à rechercher au fond
différences [38]. de soi et à partir de soi le sens impartageable de l’héritage. ».
« La reconnaissance des différences, fruit et générateur de la Cette métaphore nous rappelle que la construction d’une activité,
confiance en soi et en l’autre, permet seule la coopération créative dont les objectifs sont par essence flous, s’élabore sur la base d’un
de ces uniques. On sort ainsi de la simple reproduction de l’un sur « construit » individuel développé lors d’une démarche d’apprentis-
l’autre, ou production d’un tiers identique à l’un ou à l’autre (clo- sage. Si le musicien de jazz va chercher au fond de lui le ferment de
nage). On accède à la procréation, c’est-à-dire cocréation du nou- son improvisation, il lui a auparavant donné naissance par un travail
veau par l’alliance et l’interaction coopérative des uniques, dont le personnel de répétition de gammes et de morceaux musicaux, et par
fruit « unique » contribue en retour à construire l’unique de ses la pratique de l’improvisation au sein de ses groupes musicaux.
procréateurs ».
Cette métaphore montre qu’il est envisageable d’utiliser le savoir
La dynamique de créativité nécessite de laisser s’exprimer les capitalisé comme émulateur de créativité et que chaque acteur peut
diversités du groupe, qu’elles soient culturelles ou comportemen- affiner son processus personnel de créativité par un apprentissage
tales. La créativité est constituée par une somme d’activités collec- structuré et adapté.
tives et individuelles d’acteurs. Chaque acteur ayant un rapport à
la créativité structuré par la construction de son « Moi » et l’élabo- Certains acteurs œuvrant depuis quelques années sur des pro-
ration de ses compétences. jets faisant appel à la créativité indiquent que leur vision de celle-ci
La créativité de groupe est, pour une part, le jeu de la relation a évolué. Travail et raisonnements créatifs ont permis de passer
entre individus où la notion de confiance reste un point central du d’une approche implicite à une approche en partie comprise, expli-
moment qu’elle permet l’expression, dans un cadre industriel, d’un cite et structurée.
comportement qualifié d’exotique. Elle permet la gratuité de La créativité est vue comme une activité en perpétuelle évolu-
l’action ou, plus exactement, la transparence des contraintes sur la tion. Le travail de créativité est une réponse à une problématique à
dynamique de groupe. court terme et l’élaboration d’un savoir pour un questionnement à
De plus, la créativité se renforce par la capacité de l’individu à plus long terme. Cette vision de la créativité se transforme, par un
s’ouvrir au champ de réflexion des autres acteurs et de leur donner travail récurrent dans le domaine, en un état d’esprit émulateur
accès à son propre champ cognitif. La discussion orale offre dès d’idées nouvelles.
lors un média combinatoire efficient. L’absence de partage du
champ de réflexion mène le processus de créativité sur un chemin
restreint, voire inexistant. 2.2.6 Métier précepteur d’action
■ Humilité d’esprit Le métier de l’acteur peut conformer la créativité mise en œuvre.
De nombreux acteurs du monde industriel pensent leur métier
L’acceptation du partage, citée précédemment, démontre une
comme une activité sous contraintes :
forme implicite et nécessaire d’humilité de la part des acteurs de la
créativité. Admettre sa propre incapacité à appréhender parfaite- – la contrainte des documents techniques contractuels (tel que le
ment le monde dans sa globalité est un critère structurant la créa- cahier des charges) ;
tivité. Pour mener à bien un processus de créativité, l’acteur a – le triptyque coût/qualité/délais ;
besoin de s’approprier le sujet et de confronter ses points de vue – l’environnement concurrentiel ;
aux autres acteurs pour évaluer sa perception. – la pression managériale.

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Ce joug imposé pousse les acteurs de l’entreprise à répondre à tangible et palpable, nous parlons là d’objet intermédiaire ([33] [67]
l’adéquation : temps laissé à la réflexion/contraintes techniques [68]). Ainsi, l’auteur de l’idée libère son esprit de celle-ci, ce qui lui
imposées. Ce qui, de fait, mène les acteurs à l’utilisation de permet d’aborder d’autres axes de réflexion.
« voies » standards de résolution du problème. Il peut, ensuite, reprendre l’idée formalisée pour la juger avec du
Ces contraintes de métier sont implicitement subordonnées à la recul, la faire évoluer ou la lire d’un autre point de vue.
formulation ou reformulation des objectifs à traiter. Celles-ci, en
fonction du degré de généricité, offrent plus ou moins d’ouverture • Ensuite la transcription offre un support de communica-
vers une démarche de créativité. Très souvent, la formulation des tion différent de l’oral. Elle permet d’extérioriser sa créativité et
objectifs est liée aux métiers présents dans le groupe de travail. de la partager avec les autres acteurs d’un groupe de travail. Parta-
ger n’est pas seulement offrir une voie de compréhension aux
Il est important qu’au sein même d’un groupe de créativité autres acteurs, c’est aussi leur donner un moyen d’expression plus
s’expriment différents métiers ou typologies d’acteur ayant une adapté à leur façon d’agir.
approche globalisante et générique des problématiques. Des
acteurs qui soient capables de replacer un objectif au sein d’un Certaines formes de matérialisation d’une idée peuvent être des
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contexte étendu au-delà des frontières techniques et technolo- émulateurs de créativité au sein d’un groupe [6]. C’est une phase
giques, capables de faire appel aux sciences de l’homme, telles de transcription d’une créativité passée, porteuse des ferments
que la sociologie, la sémiologie, la psychologie... d’une créativité nouvelle.
Bien souvent dans l’industrie, les acteurs considérés comme les
2.2.7 Représentation de la fonction plus créatifs sont aussi ceux qui possèdent les plus grandes quali-
tés d’expressions graphiques. Ils sont capables de formaliser,
Chaque acteur entrevoit sa créativité au travers du prisme de la manuellement ou sur logiciel, un concept ou une idée au sein d’un
représentation qu’il a de sa fonction. Tant le rôle hiérarchique que contexte réaliste ou allégorique. A posteriori, les acteurs les moins
les compétences du cœur de métier induisent chez l’acteur une créatifs sont ceux qui ne possèdent pas cette capacité de transcrip-
représentation des actions qu’il devra mener dans le carcan procé- tion graphique. Ils usent, en général, d’une formulation technique
dural qu’il imagine adéquat. et idiomatique factuelle et dépourvue de métaphore allusive.
Le regard que portent les autres acteurs sur la fonction d’une ■ Connaissances de l’acteur « créatif »
personne et sur ses compétences de créativité pousse l’acteur
lui-même à définir le niveau de créativité qu’il doit se permettre. Une des connaissances nécessaires à l’acteur créatif est la per-
ception des stimulants de sa créativité ou de sa non-créativité.
Le positionnement organisationnel, la définition fonctionnelle du C’est-à-dire connaître :
poste, ainsi que la terminologie employée (nom de la fonction),
ouvrent différents espaces de liberté de créativité. – les cheminements ;
– les types d’information et leur localisation ;
Certains acteurs industriels expliquent ne pas faire de créativité
– les acteurs ;
pour des raisons diverses dont une est la représentation qu’ils se
font de leur fonction. L’idée sous-jacente étant que la créativité est – les lieux ;
un acte ludique et peu productif et qu’il serait inopportun d’être – les ambiances favorisant sa créativité.
perçu comme cela par les autres acteurs de l’entreprise. Nous Néanmoins, la connaissance de ses propres démarches peut être
voyons apparaître des inhibiteurs [26], tels que « l’emprise de la tra- implicite. Ngassa [45] souligne que, chez certains acteurs de la
dition et des “modèles anciens” ou “les modes intellectuelles” ». créativité, cette démarche est intégrée au point d’apparaître pour
Ceux-ci sont définis comme la nécessité de montrer son apparte- ceux-ci comme un trait structurant leur personnalité. L’acteur créa-
nance à une caste par l’utilisation des codes de celle-ci. tif doit posséder des connaissances générales et/ou techniques et
D’autres acteurs sont contraints par les critères de leur métier. scientifiques larges, au sens où elles offrent un moyen de compré-
Les cahiers des charges, ainsi que les délais, sont de réels para- hension et de combinaison du monde environnant.
mètres de conception qui réduisent le champ de la créativité. Les La connaissance est le carburant de la créativité selon
paramètres de conception deviennent aux yeux des acteurs des Osborn [49]. En 1997, Rouquette [61] souligne l’importance de la
critères de définition de leur activité. connaissance dans la production créative. Il considère les savoirs,
connaissances et informations comme les données d’entrée d’une
unité fonctionnelle (acteur ou groupe d’acteurs) contextualisée, les
2.2.8 Connaissance de l’acteur « créatif »
idées créatives étant les données de sorties.
■ Personnalité de l’acteur « créatif » Le tableau des niveaux d’inventivité d’Altschuller [7] corrobore
Bien souvent, l’acteur de l’entreprise subit sa culture technique ce point de vue par la mise en adéquation du potentiel créatif en
plus qu’il ne la gère, ce qui l’oppose au « créatif » qui est un esprit fonction de l’augmentation du champ de connaissance (tableau 1).
« libre ». De ce fait, le créatif peut paraître par sa différence Le créatif doit être capable de créer par analogie et, pour cela,
« dangereux » aux yeux des autres. avoir entraîné son esprit à capter des signaux d’horizons diffé-
Néanmoins, il est un acteur d’interface [21] assurant la liaison rents.
entre une problématique industrielle et l’apparition d’idées nou-
velles. Pour assurer cette liaison, l’acteur créatif se doit d’être à 2.2.9 Base de connaissances
l’écoute du monde et des autres par nécessité ou par curiosité.
Bary souligne l’importance de cette aptitude pour l’acteur Le questionnement de base de connaissances est une étape
créatif : « [...] ils se présentent (les créatifs) en majorité comme des commune à tous les acteurs de la créativité. Néanmoins, des
personnes curieuses et ouvertes sur leur environnement ; attitudes nuances apparaissent, tant sur le support de stockage de cette
qui expliquent leurs performances à la fois sur le plan de la géné- connaissance, que sur le niveau de généralité de l’information
ration d’idées innovantes et sur le processus de concrétisation de recherchée.
l’idée. » [13]. Le processus de recherche d’informations est établi en fonction
L’acteur créatif doit avoir l’envie et la capacité de partager. Il doit des délais relatifs au travail en cours. La créativité nécessite le
posséder les moyens d’expression de sa créativité. temps de l’analyse et de la réflexion, mais aussi de la recherche
d’information. Lorsque certains acteurs de la créativité ne dis-
• La transcription d’idées est une action essentielle à la posent pas d’un temps suffisant à leur réflexion, ils optent souvent
créativité. Elle permet, tout d’abord, de fixer une idée, de la rendre pour le questionnement de leurs collègues ou fournisseurs.

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CRÉATIVITÉ INDUSTRIELLE ___________________________________________________________________________________________________________

Tableau 1 – Niveaux d’inventivité [7]


Nombre approximatif
Niveaux Degrés d’inventivité % de solution Sources de connaissances
de solutions envisageables
1 Solution apparente 32 Connaissances d’un individu 10
2 Amélioration mineure 45 Connaissances de l’entreprise 100
3 Amélioration majeure 18 Connaissances du secteur industriel 1 000
Connaissances de toutes les industries
4 Nouveau concept 4 100 000
confondues
5 Découverte 1 Ensemble des connaissances 1 000 000
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Nous nous trouvons face aux deux types de base de données :. manière dont les idées sont générées, développées jusqu’à ce
– les bases de données sur supports techniques ; qu’elles créent de la valeur pour l’entreprise. » [35].
– la base de connaissances « intelligentes » : l’être humain. Kao positionne le processus de créativité au sein du contexte de
L’être humain peut être envisagé, non pas comme une base de l’entreprise pour en définir la réelle complexité : « De plus en plus
données, mais comme une « base de connaissances » capable : de gens se disent intéressés par la créativité et pensent qu’ils vont
pouvoir l’insuffler à leur entreprise simplement en lisant mon livre
– d’interpréter un questionnement ; ou en apprenant quelques trucs. Mais ça ne marche pas comme
– d’en élargir le domaine ; ça. Faire les choses sérieusement exige beaucoup de temps,
– de composer une réponse avec les différentes compétences en d’investissement, et surtout, un réexamen des fondements du
mémoire adaptée au contexte du questionnement. business dans lequel vous opérez : l’organisation de l’entreprise,
L’être humain peut offrir une information structurée, réadaptée, son système de rémunération, sa manière d’élaborer sa stratégie,
reformulée, voire créative. etc. Innovation ou créativité recouvrent aujourd’hui des notions
beaucoup plus larges que ce que les mots ont l’air de suggérer.
Cela n’a rien à voir avec un simple brainstorming, mais plutôt avec
l’art de gérer des conflits ou celui d’investir dans le brouillard [...]
Il faut voir dans la recherche d’information générale la possi-
Introduire la créativité dans une entreprise, c’est lui insuffler le
bilité d’étendre le champ de divergence, ainsi qu’un travail de
goût de l’exploration. Quand vous explorez, la route n’est pas sûre,
veille pouvant être utilisé sur les projets futurs.
vous ne savez pas où vous arriverez. » [35].
Le « sacro-saint » respect des délais devient un paramètre d’éva-
2.2.10 Lieu de permission luation inadapté à l’appréciation des acteurs de l’entreprise. Cela
demande, soit de concevoir des critères appropriés et une organi-
Nous abordons ici l’environnement générique nécessaire à la sation offrant une gestion efficace de la charge de travail, soit de
créativité. passer sur un mode de relation de confiance remettant fortement
« Lieu de permission » évoque à la fois un lieu physique et un en cause les outils actuels de gestion des ressources humaines.
lieu virtuel organisant le management des ressources humaines et
de leurs interactions.
■ Relation interpersonnelle
La notion de confiance qui est nécessaire au fonctionnement de
la relation hiérarchique est tout aussi essentielle au sein des jeux
2.2.11 Temporalité d’acteurs des groupes de créativité. La créativité est une démarche
« débridée » où l’on doit pouvoir s’exprimer et agir de façon libre
Le rapport au temps est un des axes forts de la construction de
ou avec le minimum de contraintes.
ce lieu de permission. En effet, certaines démarches de créativité
ou certaines typologies d’acteurs voient leur créativité minorée par Plusieurs paramètres peuvent influencer la créativité. Nous les
le travail dans l’urgence. présentons dans un ordre aléatoire.
Ce critère physique mesurable est un corollaire du mode de • Relations entre les acteurs d’un même niveau hiérar-
management imposé par l’organisation. La discussion de la tem- chique
poralité représente une demande spécifique d’un mode de mana-
gement et d’organisation. Ces relations sont construites sur le respect des différences de :
Les entreprises ayant mis en place des structures d’entrepreneu- – pensée ;
riat interne ont pris en compte ce type de demande. Elles ont défini – raisonnement ;
des organisations et des modes de management permettant aux – point de vue ;
acteurs de l’entreprise d’utiliser un pourcentage de leur temps de – savoir ;
travail pour des activités n’ayant pas obligatoirement de rapports – mode d’expression.
directs avec leur activité métier. Pour que cette relation respectueuse s’installe au sein du
Amabile [8] suggère un management innovant, basé sur la prise groupe, elle doit être fondée sur le comportement personnel de
de risque inhérente à la créativité. En ce sens, elle propose de lais- chaque être humain, ainsi que sur la « clarté » des échanges com-
ser une autonomie opérationnelle aux acteurs à condition qu’ils municationnels. Pour cela, les acteurs doivent pouvoir utiliser des
s’engagent à optimiser le temps, les ressources techniques et les vecteurs de communication adaptés au contexte.
ressources humaines mises à leur disposition. L’utilisation d’une codification métier, d’un idiome, peut altérer
Kao directeur du département Managing Innovation de l’univer- fortement l’efficacité des échanges entre les acteurs. Les discus-
sité de Stanford aborde la créativité comme un processus : sions à bâtons rompus, l’échange d’idées est efficient dans un sys-
« Quand on me parle de créativité, j’aime répondre processus : la tème compréhensible par ses utilisateurs.

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• Relations hiérarchiques entre les acteurs 2.3 Créativité contrariée :


Elles aussi sont à construire dans le respect mutuel des diffé- les inhibiteurs selon Michel Fustier
rences. Il est inenvisageable que celles-ci aient une temporalité
limitée aux séances de créativité. Elles sont l’expression au quoti- Si cette évidence n’est pas apparue à la lecture des premières
dien d’un choix de management des ressources humaines. pages de cet article, précisons ici que nous considérons l’activité
La créativité est aussi le résultat d’une gestion fine des acteurs comme une activité mise en œuvre par l’être humain.
de l’entreprise au sein d’un contexte industriel. Nous ne discutons, ni ne contestons, tout autre approche,
comme celle portée par les chercheurs de l’intelligence artificielle
Exemple (IA). Cela étant dit, abordons alors, avec Michel Fustier, les inhibi-
McNerney préface le livre retraçant 100 ans de créativité de l’entre- teurs de la créativité [26] :
prise 3M [35] de quelques lignes édifiantes : à ses yeux, la première – l’emprise de la tradition et des « modèles » anciens ;
raison du succès de 3M dépend des ressources humaines de – le poids des « autorités » ;
l’entreprise ; ce qui se confirme à la lecture du second chapitre inti- – les modes intellectuelles ;
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tulé « 3M Innovation – A « tolerance for tinkerers » » : – les marques de l’éducation ;


« 3M welcome innovative people who are creative, committed and – la résistance personnelle au changement ;
often eccentric. The “architects” of innovation, Richard Carlton, Dick – la raison comme obstacle à la créativité ;
Drew and Francis Okie, create a climate that turns 3M into a new pro- – l’imaginaire morbide.
duct powerhouse. Researchers explain valuable lab lessons and pro-
vide glimpse info the fabled, highly productive Pro-Fab Lab. » [41]. 2.3.1 Emprise de la tradition et des « modèles »
L’ensemble du second chapitre de ce livre consiste à décrire anciens
l’extravagance des profils (compétences, formations, comportements)
de ces trois acteurs et la capacité du management à stimuler et à Ce thème se rapporte à ce que d’aucun appelle les racines natio-
entrevoir, chez ces acteurs et dans leurs idées, les prémices des nales, régionales. Ce sont des habitudes de comportement perpé-
innovations futures. trées depuis de nombreuses années. Chaque génération les
reproduit avec dogmatisme.
Ainsi, accepter et savoir gérer des acteurs aux comportements Ces traditions sont censées représenter une façon de vivre, un
différents de celui attendu ou stéréotypé du cadre classique est un clan, une entité, l’appartenance à une communauté. Elles ont un
atout pour la créativité de l’entreprise. La notion de « gestion » caractère sacré, car elles rappellent aux vivants les jours passés
prend en compte, tant l’être humain (caractère, comportement, d’un « monde meilleur » et les confortent dans leur identité.
motivation et mode de travail), que les moyens nécessaires à sa
créativité industrielle.
Exemple anecdotique
■ Environnement physique Nous avions mené une démarche de créativité pour un construc-
Le lieu physique des actions de créativité est un facteur d’effi- teur aéronautique français. Nous avions proposé un cockpit innovant
cience. Il favorise l’évasion du carcan industriel local. dont l’une des particularités était un manche (moyen de pilotage de
l’avion) latéralisé.
La machine à café est le parfait exemple du lieu permettant l’éva- Cette solution a été rejetée par le pilote d’essais de l’entreprise
sion virtuelle. Prendre une pause café n’est pas, en soi, une réelle pour la raison suivante : les avions, depuis la nuit des temps
extraction du monde familier du travail. Néanmoins, l’organisation du (c’est-à-dire le début du XXe siècle) sont conçus avec un manche au
lieu et le contexte qui y mène génère un espace différent, une bulle centre. Il faut donc un manche au centre, c’est mieux !
de discussion et de convivialité.
Ici aucune justification, autre qu’un attachement aux traditions, a
Les acteurs se retrouvent souvent en ce lieu avec des personnes mis à mal une petite partie de la créativité ! Si « l’emprise des
de leur choix pour échanger des propos dont la codification répond traditions » peut être un inhibiteur des acteurs de la créativité, il peut
partiellement aux conventions de l’entreprise. Les postures, les aussi être un inhibiteur sur le marché visé par la créativité.
niveaux de langage, les thèmes de discussions, les comportements
individuels font transparaître les niveaux d’intérêt, d’implication et de
« sincérité » des acteurs. 2.3.2 Poids des « autorités »

Le calme qui est parfois nécessaire à la créativité n’est pas exclu- Certains acteurs charismatiques sont porteurs du flambeau de la
sivement une diminution relative de décibels. Il représente aussi « vérité » dans un domaine donné. Ils sont, dès lors, les juges
l’absence temporaire d’autres bruits parasites que sont : incontestables de l’utopique et du réalisable. Ils règnent en maître
sur la création et sur les créateurs.
– la pression des projets en cours ;
– la gestion administrative du travail quotidien ; Par le fait, ils deviendront, contre vents et marées, les bourreaux
– les relations inter-individus indépendantes de la problématique des idées porteuses de divergence créative.
traitée ;
– la présence d’indicateurs physiques et virtuels des autres acti- Exemple anecdotique
vités à mener. Nous avons accompagné une PME étrangère, dynamique et inno-
Le lieu peut stimuler la pensée par son architecture et sa composi- vante dans la redéfinition de sa démarche de créativité et son proces-
tion. Les ouvertures sur l’extérieur semblent être nécessaires à l’exer- sus d’innovation, le PDG de l’entreprise ayant constaté une
cice créatif. Celles-ci ont plusieurs matérialisations envisageables : minoration de la dynamique d’innovation.
– les « fenêtres » communes des bâtiments industriels ; Après quelques réunions de travail, il est apparu, incidemment, que
– l’aménagement intérieur composé hors des standards du l’élément minorant du processus était le père du PDG. Il n’était plus
bureau classique ; en fonction, mais donnait toujours, avec bienveillance et la volonté
– la mise à disposition d’outils d’expression interactifs, informa- d’aider, son avis sur les projets en cours.
tiques ou non ;
– l’organisation d’activités individuelles et de groupe ; Le poids de l’autorité n’est pas toujours perceptible par celui qui
– la présence de systèmes de ressources tels que les bases de le porte et il n’est pas forcement perçu comme un élément
données physiques ou virtuelles. négatif ! Il est nécessaire d’être capable d’adapter son mode de

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comportement en fonction des objectifs ou, si cela n’est pas pos- 2.3.6 Raison comme obstacle à la créativité
sible, de s’extraire du processus.
Le principe de fonctionnement de la raison, simplifié à l’excès,
montre que l’intellect tend à rechercher dans une donnée inconnue
2.3.3 Modes intellectuelles des supports de l’existant. Il gomme l’original et l’inconnu.
Ces modes se rapportent au besoin d’afficher son appartenance C’est pour cela que Osborn [49] interdit, lors des séances de
à un groupe, à un mouvement, à son temps. Les modes sont défi- brainstorming, les critiques des idées émises.
nies par des leaders d’opinion, derrière lesquels s’engagent des
groupes d’individus. Exemple anecdotique
Ce mouvement impose un cadre hors duquel toute personne est Une séance d’analyse de la valeur (AV) appliquée au pare-choc d’un
mise au pilori. Il faut être conforme au regard des autres, accepter véhicule haut de gamme d’un constructeur français nous a amené à
les stéréotypes et les modes. Il faut souscrire à la loi de la meute traiter la problématique des lignes de jonction de flux de matière de
de peur d’en être exclu. cette pièce thermoplastique (figure 9).
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Lorsqu’une pièce thermoplastique est réalisée par injection, il arrive


Exemple anecdotique que la matière liquide s’écoulant dans le moule doive contourner une
Nous avons mené différentes études auprès de services de créati- partie pleine. Dans ce cas, la matière se divise en deux flux qui vont
vité dans le domaine de produits manufacturés en France et à l’étran- s’unir de nouveau derrière la partie pleine. Cette zone de jonction va
ger. De nombreux acteurs rencontrés lors de ces études nous ont dit produire un léger défaut de surface dû à une homogénéisation impar-
ne pas faire de créativité pour des raisons diverses dont une est la faite de la matière.
représentation qu’ils se font de leur fonction. Ils cherchent à montrer L’animateur de la séance AV nous a proposé de résoudre ce pro-
leur appartenance à une « caste » (chef de service, ingénieur...) par blème en secouant le moule afin de mieux mélanger la matière. Ce à
l’utilisation des codes de celle-ci. quoi les sept personnes autour de la table de travail ont opposé bruta-
L’idée sous-jacente à cette posture quelque peu étonnante est que lement la raison comme obstacle à cette solution potentielle.
la créativité est pensée comme un acte ludique et peu productif. Il Effectivement, le moule de cette pièce pèse plusieurs tonnes, il
leur apparaît donc inopportun d’être perçu comme cela par les autres paraissait donc inenvisageable, voire déraisonnable, de le secouer
acteurs de l’entreprise compte tenu du statut qu’ils habitent. comme un simple shaker ! Si la raison n’avait pas agi comme un
« bloqueur » de réflexion, nous aurions dû extrapoler l’idée et identi-
2.3.4 Marques de l’éducation fier qu’elle consistait, non pas à secouer le moule, mais à produire du
mouvement dans la matière.
L’éducation est l’acculturation qui permet à l’individu de partici-
Nous avons trouvé quelques semaines plus tard deux solutions per-
per à la société. Elle lui impose ses règles, son langage, ses
mettant de créer des flux cinématiques au cœur de la matière en
valeurs par une longue sédimentation. Certains outils d’aide à la
fusion au sein d’un moule.
créativité tels que le brainstorming ou la carte mentale (mind
mapping ) se nourrissent de la spontanéité et de la dynamique du
groupe de travail.
Pour cela, il faut que chaque membre du groupe dispose d’une pièce défectueuse
réelle liberté de pensée et d’expression. C’est là qu’interviennent
insidieusement les marques de l’éducation.
Ne pas dire telle idée car elle paraît trop familière, trop connotée,
trop déplacée, ne pas l’exprimer dans les termes qui l’ont portée car
ils sont trop grossiers ou bien peuvent être mal perçus, détruit tout
le potentiel de la démarche de créativité mise en œuvre.
Nous avons appris, très tôt pour certains, plus tard pour
d’autres, qu’il ne fallait user d’un langage vulgaire ou familier.
C’est une marque de notre éducation. Pour autant, il faudrait être
capable de la transgresser et d’exprimer exactement les pensées
telles qu’elles nous viennent afin de maximiser certains types de
créativité. Ligne de soudure
dans un bossage

2.3.5 Résistance personnelle au changement


Cet inhibiteur est intériorisé chez l’être humain. Il se rapporte au
Moi comme définition de l’identité personnelle. C’est la construc-
tion des repères permettant à l’individu d’avoir un comportement
dans le temps et l’espace.
Toute atteinte au Moi est ressentie comme une tentative de
dépersonnalisation de l’être. Elle provoque, généralement, des
réactions inversement proportionnelles. Une des résistances les
plus fortes est celle qui s’oppose à la « dissonance cognitive ».
Tout être humain a tendance à répondre négativement à des infor-
mations contrariant son système d’opinion.
Le Moi s’identifiant à ce système d’opinion cherchera la solution
minimisant le changement car l’intégration complète d’une infor-
Ligne de soudure Microentaille
mation dissonante est très difficile à surmonter. Elle peut produire
des déséquilibres chez l’individu (angoisse, dépression, névrose,
« traversée du désert ») qui aboutiront à la création d’un nouvel Figure 9 – Ligne de soudure sur une pièce injectée
ordre d’équilibre. (http://plastics.dupont.com)

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2.3.7 Imaginaire du morbide Vadcard [66], complétant le spectre des logiques qui couvrent le
mécanisme heuristique proposé par Jaoui [30], présente une carte
C’est ce que nous pourrions décrire comme la peur de l’échec qui (figure 10) de positionnement des outils d’aide à la créativité en
tue dans l’œuf l’idée nouvelle. La créativité est intrinsèquement fonction de cinq logiques de fonctionnement :
génératrice de stress, il est donc très intéressant de mettre en place – « la logique associative, dont le principe repose sur l’exploi-
un système de capitalisation de connaissances efficient afin de per- tation du postulat qu’aucune association d’idées n’est le fruit du
mettre aux acteurs de la créativité d’avoir accès, le cas échéant, à hasard et que, contrairement aux apparences, une certaine logique
des solutions palliatives sur « étagères ». Grâce à cette approche de s’établit dans les chaînes associatives (basées sur le contraste, la
capitalisation, la peur de l’échec total est beaucoup moins forte. similitude, la dépendance, la classification, la consonance...) » ;
– « la logique analogique, dont le principe repose sur l’exploi-
tation de l’établissement des ressemblances entre divers domaines
3. Quelques outils pouvant avoir une communauté de caractères afin d’en déduire
des lois, des phénomènes, des idées... » ;
et méthodes d’aide
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– « la logique combinatoire, dont le principe repose sur


l’exploitation à partir d’une décomposition structurelle et/ou fonc-
à la créativité tionnelle d’un objet ou d’un problème, de leur recombinaison de
manière systématique ou aléatoire. » ;
Parler de créativité ou de démarches de créativité, c’est constater – « la logique onirique, dont le principe repose sur l’exploita-
qu’une partie de cette activité relève de processus cognitifs voire tion des processus inconscients (ressorts oniriques et fantasma-
« énactifs » dont la science actuelle ne nous a pas donné les clés. tiques) et leur introduction volontaire dans le processus créatif. » ;
Pour autant, faut-il se contenter de l’aléatoire sans ne rien faire ? – « la logique aristotélicienne, dont le principe repose sur une
démarche logique et cartésienne d’organisation arborescente des
Nous abordons ici quelques outils d’aide à la créativité. L’outil
idées et concepts .».
en lui même ne produit rien, mais un usage bien maîtrisé de
celui-ci peut offrir à l’être humain un support efficient à sa produc- Cette classification permet un regroupement des outils selon le
tion créative. processus cognitif sollicité.
Cela dit, acceptons comme idée de départ qu’il n’existe pas de Nous avons à notre disposition un certain nombre d’outils, de
bonnes méthodes et de bons outils, dans l’absolu. Il faut donc être méthodes d’aide à la créativité. Chacun de ceux-ci permettant, au
capable de proposer et d’adapter l’outillage en fonction des profils dire de leurs auteurs, de stimuler l’utilisateur ou le groupe d’utili-
cognitifs en présence et des objectifs contextuels à satisfaire. sateurs.

Logique mise
en œuvre
(fondement
de l’outil)
Logique Carte mentale Carte mentale Brain-storming
associative Portrait en creux Méthode KJ Concassage
Diagramme causes-effet Mots inducteurs
Scénarios
6 chapeaux
Technique des 4 métiers
Inversion
Brain-writing
Baguette magique
Roue libre
Matec
Jeu phonétique

Logique Portrait chinois Approche analogique


analogique Synectique
Bionique
Troubetskoï
Logique Matrice de découvertes
combinatoire Scénarios
Matec
Logique onirique Mimodrame Identification Rêve éveillé
Baguette magique 3i
Scénarios
Logique Carte mentale Carte mentale 6 chapeaux Fiche idée Arbre de pertinence Fiche idée
aristotélicienne Portrait en creux Purge Technique Avocat Tableau d’évaluation QQOQCP Processus
Martien (ou l’enfant) des 4 métiers de l’ange objective créatif
Lipogramme de recherche
Reformulation de solution
Analyse défectuologique (utilisation
Diagramme des relations de l’outil)
Phase n° 1 Phase n° 2 Phase n° 3 Phase n° 4 Phase n° 5
Perception créative Analyse créative Production créative Sélection créative Application créative
(définition du problème) (analyse du problème) (recherche de solutions) Évaluation Classement Choix Mise en œuvre et suivi

Figure 10 – Carte de positionnement des outils d’aide à la créativité

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CRÉATIVITÉ INDUSTRIELLE ___________________________________________________________________________________________________________

Nous allons définir, sous la forme de fiche, des outils usités dans 3.2 Méthode « Cartooning
le domaine de la conception de produit et de service. Néanmoins,
cette synthèse ne peut pas être considérée comme exhaustive.
and Creativity »
Rappelons-nous que la pertinence d’une méthode ou d’un outil est
Dilip Mukerjea (http://members.optusnet.com.au/charles57/Crea-
très dépendante de sa mise en œuvre.
tive/Humour/cartooning.htm), l’auteur de cette méthode, préconise
d’exprimer les problèmes à traiter sous forme graphique. Il nous
demande de changer de support iconique au sens d’A. Moles.
3.1 Méthode « Assumption smashing » L’auteur se réfère au dessin, avec ou sans titre. Le dessin permet
La technique proposée ici est de faire la liste de tous les a priori une perception différente du monde, vue par les yeux du dessina-
liés à un problème et ensuite d’explorer ce qui se passe si chaque teur. En quelques coups de crayon, les « dessinateurs » sont
a priori est éliminé individuellement ou en combinaison. capables de capturer l’essence d’une idée ou, dans le cas d’un cari-
caturiste, d’observer et d’exagérer les particularités du sujet. Le
dessin présente le point de vue du réalisateur.
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Par exemple, un service après-vente d’une société de logiciel


Notre société a tendance à associer le dessin à l’amusement, à
encourage ses clients à prendre un contrat de maintenance pour un
l’humour et souvent à l’enfance. Cette association positive permet
coût s’élevant à 15 % de la valeur du logiciel. Le revenu généré par
à l’utilisateur de parcourir les sentiers créateurs de son cerveau.
ce contrat finance le personnel d’appui technique.
Les dessins font appel au côté droit du cerveau et leur nature
Les a priori de cette situation sont : humoristique rend l’esprit plus réceptif.
– les logiciels nécessiteront une maintenance ; Dilip Mukerjea soutient que le dessin est une forme fantastique
– les clients achètent des contrats de maintenance ; de créativité nécessitant une grande concentration et des pouvoirs
– les clients payent 15 % de la valeur du logiciel ; d’observation. Les traits les plus simples peuvent apporter beau-
– la maintenance est un service et doit donc être vendu ; coup de signification. L’utilisation d’images en lieu et place de
– le vendeur de logiciel fournit une assistance utile et opportune. mots est très puissante. Cette technique peut être employée pour
favoriser la créativité face à un problème à traiter.
Maintenant, explorez de nouveau le problème en éliminant un Résolution créatrice de problème à l’aide de dessins :
des a priori de départ.
– exprimez votre problème en dessin ;
■ Que se passe-t-il si le contrat de maintenance est – sous-titrez votre dessin ;
gratuit ? – modifiez le dessin en introduisant un autre élément. Cela pro-
duit-t-il une solution ?
Peut-être faut-il augmenter le prix de logiciel et donner l’impres-
– alternative, dessinez les éléments de votre problème dans un
sion que la maintenance est gratuite !
dessin.
■ Que se passe-t-il si le vendeur n’offre pas de contrat de
maintenance ? Voici un exemple ludique de créativité et de dessin dans le travail.
L’utilisateur doit être autonome face aux pannes éventuelles. Le dessinateur a pris plusieurs adjectifs se finissant par « ble » (irre-
Cela peut amener les clients : sistible, kissable, excitable et huggable) et a créé un calembour visuel
avec la balle (figure 11).
– à former leur propre groupe d’utilisateurs ;
– à se tourner vers des forums sur Internet, des revues ■ Avantages :
spécialisées ;
– permet une compréhension différente du problème ;
– à faire appel à des spécialistes indépendants.
– interprétation subjective ;
■ La suppression des a priori est une façon d’avoir des – langage symbolique riche et polysémique.
idées nouvelles
■ Inconvénients :
Le principe de cette méthode peut s’appliquer à d’autres élé- – lié à l’interprétation du dessinateur ;
ments que les a priori, par exemple aux contraintes du contexte de – lié à la dextérité du dessinateur ;
travail. Comment répondriez-vous à ces questions ?
– limité aux problèmes que l’on peut dessiner ;
– que feriez-vous si la gravité s’arrêtait pendant une minute – interprétation subjective ;
chaque jour ? – nouveau code de langage.
– que feriez-vous si vous n’aviez pas besoin de dormir ?
– décrivez votre semaine de travail si elle ne durait qu’un jour
par semaine ?
• Avantages :
– possibilité de forte remise en cause ;
– permet de stimuler le groupe de travail sur des problèmes
concrets ;
– oriente la perception du problème ;
– permet de valider « les services à rendre » ; Figure 11 – Dessins et créativité
http://members.optusnet.com.au/charles57/Creative/Humour/cartooning.htm
– permet de définir un cahier des charges avec le groupe de
travail ;
– donne le même niveau d’information aux participants.
3.3 Technique du brain-storming
• Inconvénients :
Le terme brainstorming est devenu un mot généralement
– en opposition avec la raison inhibitrice ; employé en langue française comme un terme générique de la
– nécessite des capacités d’extrapolation ; pensée créatrice. Le brainstorming est basé sur la mise en situa-
– faible niveau d’abstraction ; tion d’un groupe dans le but de générer des idées. La phase de
– plus performant en groupe. créativité est séparée de la phase de jugement de pensée.

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Pour débuter correctement une activité de brainstorming, il faut : La construction formelle d’une carte mentale est porteuse de
– avoir bien défini et clairement exposé le problème ; signifiants. Axelrod [12], dans un domaine différent du génie
– désigner quelqu’un pour noter toutes les idées comme elles industriel, montre que le graphisme d’une carte mentale permet de
arrivent ; visualiser relativement aisément les concepts véhiculés et les rela-
– avoir le « juste » nombre des personnes dans le groupe ; tions causales entre ceux-ci.
– avoir un animateur pour mettre en application les directives La démarche de réalisation d’une carte mentale « mots » est
suivantes : simple. Les utilisateurs inscrivent sur une feuille ou sur un logiciel,
• interdire le jugement, un concept central, puis ajoutent toutes les idées émises en les
• accepter et enregistrer chaque idée, connectant par un axe au concept de départ (figure 12). Dans cette
• encourager les gens à réagir sur les idées d’autrui, phase, il est important de se prémunir des inhibiteurs et notam-
ment des « marques de l’éducation ».
• encourager la genèse des idées étranges.
Édouard de Bono (http://www.debonogroup.com/serious_creati- Par association, de nouvelles idées apparaissent. Ensuite, les uti-
vity.php) dans « Serious Creativity » décrit le brainstorming comme lisateurs peuvent explorer les associations qui semblent les plus
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une approche de la créativité. Certains protagonistes de la créativité pertinentes.


pensent que la créativité ne peut être faite que dans des groupes. La carte mentale permet aux utilisateurs d’exprimer leurs idées
D’après Édouard de Bono, le brainstorming peut permettre de géné- aussi rapidement qu’elles leur viennent. Il existe des logiciels de
rer des idées chez un individu employant cette technique. carte mentale. Ils offrent la possibilité de modifier à volonté l’orga-
nisation de la carte mentale. Une fois terminée, la carte mentale
■ Avantages : peut être sauvée, exportée ou imprimée.
– permet de poser une partie du problème à traiter ;
– permet la dynamique de groupe. ■ Avantages :
– outil permettant la dynamique de groupe ;
■ Inconvénients :
– outil individuel ou de groupe ;
– capacités de l’animateur ; – supporte les démarches « aléatoires » ou « stochastiques » ;
– homogénéité du groupe. – système informatisé avec mise en forme en temps réel ;
– outils ne nécessitant pas d’appropriation lourde.
3.4 Carte mentale ■ Inconvénients :
Les techniques de cartographie (« mapping ») ont un rôle privilé- – nécessite l’interprétation du lecteur ;
gié dans les activités cognitives humaines et la résolution des pro- – nécessite de « partager » une langue commune.
blèmes de conception [57]. Tony Buzan, reconnu comme l’un des
premiers chercheurs (1970) et vulgarisateurs du concept de carte
mentale, décrit celle-ci comme un outil d’organisation hiérarchique 3.5 Analyse de la valeur
des idées [18].
Elle permet de relater la complexité d’une problématique [23]. L’analyse de la valeur est une méthode de compétitivité, organi-
C’est une représentation dépassant la simple formalisation de liens sée et créative, visant la satisfaction du besoin de l’utilisateur par
et de mots ou d’images. une démarche spécifique de conception à la fois fonctionnelle,
économique et pluridisciplinaire. Elle est constituée d’une phase
La carte mentale permet de combiner une approche logique et de détermination des services à rendre (analyse fonctionnelle) et
une approche stochastique. Elle formalise la démarche de brains- d’une phase de recherche des faisabilités techniques.
torming au sens d’Osborn [48].
Cette démarche se divise généralement en sept étapes :
Pour être comprise et rendue consciente, la pensée sur un sujet
doit être exprimée sur un support signifiant [72] comme la carte – orienter l’action ;
mentale par exemple. Cet outil peut être mis en œuvre efficace- – rechercher l’information ;
ment par des novices, comme par des experts [57]. – analyser fonctionnellement ;
La carte mentale permet le partage d’une problématique par les – rechercher les idées et voies de solution ;
acteurs d’un groupe de travail [23]. Elle donne l’opportunité aux – étudier et évaluer les solutions ;
différentes logiques d’actions [42] de s’exprimer et aux multiples – faire un bilan (prévisionnel) et une proposition (de choix) ;
connaissances d’être mobilisées. La diversité des connaissances – suivre la réalisation.
est un facteur favorisant la créativité ([8] [52]).
En France, l’analyse de valeur se réfère aux normes suivantes :
Isaksen [29] le traduit par la formulation mathématique NF X 50-100, NF X 50-151, NF X 50-152, X 50-153 et NF EN 1325-1
suivante : (cf. [AG 2 225v2]).
Cette méthode est très souvent utilisée pour l’amélioration de
produit et la réduction de coût. Néanmoins, c’est une méthode très
avec C créativité, efficace pour générer des idées nouvelles (créativité).
K connaissances,
Dans sa première phase (analyse fonctionnelle), elle permet
I imagination, d’envisager les nouveaux services à satisfaire.
E évaluation, Dans la seconde phase, elle permet d’ouvrir le champ des pos-
fa fonction croissante. sibles techniques.
La majoration de quantité de K, de I et de E augmentera C. L’analyse fonctionnelle permet, par le jeu de la combinaison de
verbes et d’environnants, de rédiger des nouveaux services à
Très souvent, la carte mentale est perçue comme un outil
rendre, de nouvelles fonctionnalités.
ludique, notamment lorsqu’elle est composée d’éléments de diffé-
rents niveaux iconiques. Notons que cet aspect ludique n’est pas Ici, l’exhaustivité sous-tend la créativité et, de fait, la complexité.
spécifique à la carte mentale. Néanmoins, le jeu est un paramètre Pour ce type spécifique d’action, il peut être intéressant de lier dif-
essentiel de la motivation. Il stimule la créativité ([9] [10] [20]). férents outils voire de les « déshumaniser » (figure 13).

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CRÉATIVITÉ INDUSTRIELLE ___________________________________________________________________________________________________________

14 Moufles
13 Manipuler
67 Soif 19 Cassures
12 Poignées
16 Empiler
11 Couverts 20 Verre
66 Plage
18 Rayures
10 Ceinture 15 Sandwich 29 Couvercles
21 Légumes
64 Toile cirée

9 Bretelles 8 Besace 17 Trancher 28 Compartiments


63 Protection
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23 Éponge
65 Chaleur 7 Portatif 2 Carton 3 Découper 24 Produit

62 Dégouliner 57 Fondre
22 Nettoyer
27 Séparation
56 Plateau repas 1 Boîte repas
58 Glace 4 Vaisselle sale
6 Appétit 26 Isolation
60 Dessert 25 Réchauffer
59 Enfant 5 Plat cuisiné
55 Faim
61 Décoration 30 Flamme
34 Sauce
33 Senteur
39 Épices
Fumet
49 Goûter Famille 47 Convivialité

40 Naturel 35 Taches
50 Plein air 48 Partage 31 Odeur

41 Forme 36 Assaisonnement
43 Complet
51 Pluie
53 Panier 32 Contamination
42 Santé
37 Gras
44 Bio 45 Légéreté
52 Pique-nique
54 Compact
46 Digestion légère 38 Fast Food

Figure 12 – Carte mentale « mots » – Boîte repas

La carte mentale permet de faire émerger une liste d’environ- G. Altshuller, après avoir analysé un grand nombre de brevets
nants et une liste de verbes qui serviront de base de données à un (la petite histoire dit 40 000 brevets), formalisa la méthode TRIZ
système informatique pour rédiger, sans prendre en compte les dans le cadre suivant :
inhibiteurs humains, des fonctionnalités à explorer. – les inventeurs suivent les mêmes processus pour innover,
quels que soient l’époque et leur domaine d’activité ;
■ Avantages : – il existe un nombre limité de processus ;
– l’AV est une méthode structurée et systématique ; – des modèles d’évolution sont répétés dans l’industrie et dans
– assez bien connue dans le domaine industriel ; les sciences ;
– assez proche du QFD (quality function deployment ) ou de – des innovations s’élaborent sur des résultats scientifiques
– la CCO (conception pour un coût objectif). obtenus dans des domaines différents du domaine des innova-
tions.
■ Inconvénients : TRIZ a la particularité d’être une méthode élaborée sur l’analyse
– trop souvent enseignée pour la productivité ; d’une existant « Knowledge Management ». Elle s’appuie sur des
– nécessite une longue appropriation. savoirs et connaissances issus d’une approche identique. Afin
d’utiliser et d’extrapoler cette manne de connaissances, les thèmes
à traiter sont exprimés de façon générique, de manière à permettre
une extension du champ des solutions potentielles. Ainsi, les
3.6 Méthode TRIZ acteurs du projet (concepteurs, designers, ingénieurs, techniciens,
etc.) gardent une liberté de choix au sein d’un périmètre tracé par
TRIZ est l’acronyme de « Téoria Rechénia Izobrétatelskikh
les paramètres structurants du projet.
Zadatch », que l’on trouve traduit en français par « théorie de la
résolution des problèmes inventifs ». La méthode TRIZ a été for- TRIZ offre un champ d’investigation à labourer sous le soleil de
malisée par Genrich Altshuller (1926-1998) en URSS (1922-1991). la créativité.
TRIZ est une méthode structurée de raisonnements scienti- Les principes de base de TRIZ sont :
fico-technologiques pouvant permettre la génération ou l’adapta- – 40 principes d’innovation de la matrice de résolution de contra-
tion de nouvelles solutions. dictions techniques ;

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Détective Homme Personnes


âgées
Fatiguer
Victime Crime Plage
Liste des environnants
Voyager Reposer Femme
Prozac Pavé Mai 68
Roman Enfants
Tranquillité policier Lecteur
Douces
S’évader Calmer Pages
Amis
Captiver BD
Rigoler
Rêver LIVRE
Ronfler Dormir Table de chevet
Lit
Lamp
Manger
Éduquer Dictionnaire Mots
Histoire
Cousin Connaître
Roman Définition
École
Bataille Raconter
Faire Conte
d’oreillers Parents
Liste de verbes
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l’amour Captiver
Enfants Parler
Professeur
Légende
Géographie
Dupont Tournesol Merlin Brocéliande

Liste des fonctions (services à rendre par le « système » étudié)

Figure 13 – Exemple d’analyse fonctionnelle « automatisée »

– 3 types de contradictions :
• administratives (organisationnelles),
4. Conclusion
• techniques,
Aborder la question de la créativité industrielle ne peut pas se
• physiques ; limiter à la lecture de poncifs communs. La créativité est une activité
– 8 lois d’évolution des systèmes techniques ; importante du domaine socio-économique. Cette activité nécessite
– 39 paramètres ; d’être analysée, tant que faire se peut, dans sa complexité. Comme
– 76 standards, groupés en 5 classes ; tente de le montrer cet article, elle relève de nombreux facteurs :
cognitifs, conatifs, émotionnels, environnementaux [39].
– 11 méthodes de séparation pour la résolution de contradictions
physiques. En guise de conclusion, prenons cette métaphore : La créativité
c’est comme la Natation. Avant de vous jeter à l’eau, prenez en
■ Avantages : compte tous les paramètres accessibles. Si vous ne nagez pas très
bien ; commencez par le petit bain. Éventuellement, mettez une
– TRIZ est une méthode structurée et systématique ; bouée. Observez ou faites observer votre pratique. Corrigez les
– supportée par des moyens informatiques. défauts en majorez les qualités. La créativité ça se pratique !
■ Inconvénients : À n’en pas douter, de grands champions comme Laure Manau-
dou, Alain Bernard, Camille Muffat, Amaury Leveaux, Fabien Gilot,
– nécessite une longue appropriation ; Clément Lefert, Yannick Agnel, Florent Manaudou... ont certaine-
– maîtriser les moyens informatiques n’offre pas une maîtrise ment commencé par sauter à l’eau et barboter dans le petit bassin
globale de TRIZ (plus complexe). d’une piscine.

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P
O
U
Créativité industrielle R

Définition et méthodes d’accompagnement E


N
par Pascal ALBERTI
Enseignant chercheur et consultant
Sorbonne Université – Université de technologie de Compiègne,
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Laboratoire Costech, équipe CRI, Compiègne (France)


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L OCDE 2005
en conception, Paris
Manuel d’OSLO

U
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