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CRÉATI
VITÉENI
NGÉNI
ERI
E
ma
rs/2020
Réf. : AG5210 V1
Créativité en ingénierie
Date de publication :
10 janvier 2015
Mots-clés Résumé Au coeur des préoccupations des politiques économiques et des stratégies
Application | Techniques de d'entreprise, la créativité est un mot aussi récent que flou. Cet article présentera une
créativité | management |
industrie | créativité | analyse comparative des différentes théories, méthodes, outils à la disposition de
innovation l'ingénieur ou du manager pour optimiser ses actions créatives ainsi que les
caractéristiques des personnes créatives et leur impact sur le management des talents.
Keywords Abstract The fuzzy word creativity is now at the center of economic policies and business
application | Creativity methods strategies. This article proposes a comparative analysis of various theories, methods and
| management | industry |
creativity | innovation tools that can be used by engineers and managers to improve their creative actions. It will
also focus on creative behavior and its impact on general management.
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Créativité en ingénierie
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La créativité est l’action de faire naître quelque chose qui n’existait pas en
tant que telle et que l’invention peut découvrir. L’innovation consiste alors à en
renouveler la nature à l’intérieur d’un marché et d’un contexte social et
culturel.
Très liés entre eux, ces trois concepts ne sont pas séquentiels, mais paral-
lèles. À chaque stade de la vie d’un produit, depuis sa conception jusqu’à sa
revalorisation en tant que déchet, la créativité apporte de la valeur au cycle
industriel.
Faire naître, puisque voilà la mission de la créativité, suppose plusieurs
caractéristiques profondes de l’activité créative :
– elle s’appuie sur un substrat, une inspiration préexistante, parfois très
réduite (la question d’une créativité de rupture indépendante de l’environne-
ment est discutée, mais elle est, dans tous les cas, minoritaire) ;
– elle s’exerce dans un environnement propice à la création ;
– elle est un processus, un mode opératoire complexe.
La créativité, en tant que processus, relève donc des sciences de la
complexité au sens de Prigogine [1] :
– son résultat est une émergence, et donc la connaissance des propriétés
des éléments en constituant sa genèse ne permet pas de prédire les caractéris-
tiques de l’objet en résultant ;
– elle n’est pas contrôlable, mais pilotable ou influençable ;
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– elle présente des rétroactions complexes entre les effets et les causes.
Ces caractéristiques influencent notablement l’approche managériale et le
statut de la créativité dans l’entreprise.
Le mot « créativité » lui-même est d’apparition récente en français. Il date de
la fin des années soixante et ne fut accepté par l’Académie française qu’en
1971.
Auparavant, la création n’était pas considérée comme un fait humain, mais
ne pouvait relever que d’une divinité. Pour les anciennes civilisations d’Inde,
de Chine ou d’Europe, la créativité artistique ou technique relevait de l’imita-
tion. Dans le livre X de La République de Platon, le philosophe exprime
clairement que le créateur (ici le peintre) est un imitateur de ce que font les
autres [2].
Au XXe siècle, l’essor de la créativité en tant que sujet d’étude fut le fait des
psychosociologues, notamment au travers des travaux sur le brainstorming
d’Alex Osborn. La difficulté d’expérimenter, l’absence des techniques d’ima-
gerie du cerveau et les neurosciences alors à leurs prémices ont laissé pendant
près de cinquante ans le terrain de l’étude de la créativité aux sciences
humaines et à la psychologie, conduisant à une multitude de méthodes, de
jeux et de doctrines plus ou moins bien étayés par l’expérience. Depuis une
dizaine d’années, les neurosciences contribuent à éclairer par des faits avérés
la véritable nature de la créativité humaine, contredisant parfois, dans leurs
expériences, les anciens dogmes.
Nous sommes aujourd’hui dans une véritable révolution des neurosciences
et il conviendra de tenir compte des résultats scientifiques futurs dans notre
approche de la créativité dans les organisations.
Dans cet article, nous examinerons les différentes caractéristiques de la créa-
tivité humaine, des agents qui la favorisent ou bien la limitent. Puis nous
explorerons les méthodes les plus employées dans un contexte d’ingénierie.
Enfin, nous évaluerons les conséquences de l’activité créative sur l’organi-
sation de l’entreprise, y compris au niveau des risques psychosociaux et de
l’éthique.
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1. Processus complexe
Cette approche doit sans doute son succès à plusieurs de ses
Pourtant au centre de l’activité d’un bureau d’étude, d’un labo- caractéristiques et de ses implications :
ratoire ou d’un atelier, la créativité demeure un processus dans – la méthode consiste en la réunion d’une équipe créative. Elle a
lequel les relations des causes aux effets sont très mal connues [3], donc un rôle positif en terme de management et d’échange au sein
comme cela est fréquemment le cas pour les domaines qui sont à la de l’entreprise ;
confluence de plusieurs disciplines scientifiques. Ici, le terme même
de « processus » n’est pas à prendre dans le sens strict d’une – elle est très simple et compréhensible par tous, peu de compé-
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succession d’étapes, mais dans sa signification incluant la notion de tences, notamment techniques sont requises et elle permet donc
complexité au sens de Prigogine [4]. d’impliquer des profils variés ;
La prédominance historique des approches psychologiques et – elle véhicule une image égalitaire associée à l’image d’un
sociales a généré un cadre de réflexion varié, mieux documenté et assaut dans lequel le chef est un animateur d’un groupe de pairs ;
plus accessible que les approches neuroscientifiques. Il est cepen- – sa définition est suffisamment vague pour être adaptable à de
dant important de comprendre que l’état de la connaissance du nombreux contextes.
processus créatif est un sujet de recherche en constante évolution,
et non un état de l’art achevé. Le succès du Brainstorming, du moins médiatique, car son
Les éléments favorisant l’attitude créative se situent à plusieurs efficacité pratique est aujourd’hui très discutée, a été relancé grâce à
niveaux : l’invention du Post-it qui, par ironie de l’histoire, est justement une
création fruit d’une découverte réalisée par une tout autre approche.
– au niveau de l’individu, de la personnalité, de son histoire et
de ses savoirs ;
– au niveau de l’équipe, de l’interaction micro-sociale ;
1.1.2 Approche linguistique
– au niveau du territoire, de la ville, de son ambiance et de son
offre en termes d’inspiration technique et artistique ;
L’approche linguistique, principalement portée par Noam
– au niveau de la civilisation, en résonance avec son époque.
Chomsky, relie la créativité à la capacité à générer et à comprendre
des énoncés. Elle s’appuie aussi sur la philosophie de Russel et
Créativité : capacité, pouvoir qu’a un individu de créer, Wittgenstein sur la relation complexe qu’entretient le langage avec
c’est-à-dire d’imaginer et de réaliser quelque chose de nouveau la pensée. Ce qui est sous-entendu par cette approche, c’est qu’il
(dictionnaire TLF [5]). ne nous est pas possible de penser autrement que par l’utilisation
d’un langage, qu’il soit une grammaire ou une mathématique. Il en
résulte que la capacité à multiplier les énoncés est un vecteur de
La créativité est d’abord définie comme un processus individuel. créativité. Bien que discutée, cette approche demeure en effet au
La créativité collective est un terme psychosociologique introduit cœur de plusieurs méthodes de créativité, au travers de la notion
en 1972 et renforcé par les linguistes avec la traduction des tra- de « reformulation » et de « déjargonnage ». La reformulation per-
vaux de Chomsky (la créativité est ici considérée comme la capa- met de transformer la description d’un problème en un énoncé
cité de comprendre et de produire une infinité de nouveaux générateur de solutions. L’élimination du jargon technique et des
énoncés) [6]. sigles d’un énoncé permet de mieux le comprendre et d’en ouvrir
le sens à des créatifs issus d’autres domaines techniques.
Dès son émergence, le concept est déjà tiré entre une approche
individuelle et une approche sociale. Les oppositions politiques qui Le choix des mots et du langage qui va décrire l’objet sur lequel
caractérisent le climat social des années soixante-dix ne sont pro- la créativité va s’exercer demeure un enjeu central, notamment
bablement pas sans effet sur le développement des doctrines qui pour les objets complexes qui requièrent des compétences issues
ont tenté d’expliquer comment naissent les idées nouvelles. de domaines très différents.
Nous allons examiner les différents aspects de la créativité et
leurs conséquences quant à leur usage.
1.1.3 Approche psychanalytique
1.1 Point de vue des psychosociologues L’approche psychanalytique de la créativité (Winnicott) est éga-
lement liée à la philosophie [8]. Elle s’interroge sur ses origines
Les psychosociologues ont produit un cadre de pensée foison- dans le comportement de l’enfant : sentiment d’être, ou d’agir
nant à partir de 1948 notamment sous l’impulsion des méthodes comme Dieu et l’ego comme moteur de la créativité.
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1.2 Point de vue des neurosciences Exemple : le bizutage est un exemple de dissonance cognitive
appliquée intentionnellement dans un objectif d’intégration. La per-
Les progrès de l’imagerie du cerveau et notamment de la réso- sonne qui le subit ayant souffert pour s’intégrer ne peut, par la suite,
nance magnétique nucléaire ont permis des investigations in vivo remettre en cause son propre groupe que d’une manière limitée.
du processus créatif. Ces travaux remettent en cause bien des
doctrines historiques [11] [12] et sont donc à surveiller attenti- De nombreux projets résistent à la créativité en raison des
vement dans les prochaines années afin d’en tenir compte dans sommes et de l’énergie investies et qui s’avéreraient sans objet si
nos pratiques. une idée créative remettait en cause les choix faits par le passé.
Dans les principaux résultats obtenus, nous pouvons citer :
Exemple : l’entreprise Kodak qui s’acharne sur les pellicules
– la non-existence de la notion de cerveau gauche et de cerveau (APS...) alors que ses équipes créatives furent parmi les premières à
droit et l’invalidité de la doctrine associée ; mettre en œuvre la photographie numérique.
– la faible efficacité des groupes fonctionnant selon les règles du
Brainstorming, jusqu’à deux fois moins efficaces (en quantité et en La lutte contre la dissonance cognitive est très difficile à mettre
qualité) que la somme des créativités des individus [13] ; en œuvre. En effet, la performance d’une équipe croît avec son
– le rôle central de l’intuition et de l’émotion dans le processus expérience jusqu’à ce que cette expérience devienne un frein à
créatif, qui s’oppose à la génération massive d’idées et privilégie la l’intégration des idées nouvelles. Le maintien d’un turn-over signi-
qualité à la quantité prônée par le Brainstorming [14]. ficatif peut être une solution pour mixer l’expérience et l’ouverture.
Il est encore trop tôt pour que les résultats des neurosciences
fassent méthode, mais nul doute qu’ils influenceront notablement 1.3.3 Mimesis (Girard)
nos points de vue dans un futur proche.
L’académicien René Girard a probablement produit le plus
dérangeant des concepts, bien qu’aujourd’hui cette démarche ini-
tialement sociologique ait été démontrée expérimentalement par
1.3 Freins à la créativité les neurosciences [19]. La mimesis, ou désir mimétique, met en
cause notre libre arbitre. Nos désirs ne sont pas seulement les
La créativité peut être absente d’une entreprise regroupant des nôtres, mais ils sont calqués sur le désir de prescripteurs. Moteur
personnes très qualifiées, bien équipées et bien documentées. Une de la publicité qui nous montre des personnalités nous vantant les
fois réunis les prérequis à la créativité, ou tout du moins ce que mérites de produits commerciaux, la mimesis est également pré-
nous croyons qu’ils puissent être, il reste des phénomènes qui sente dans l’organisation quand nous prenons nos décisions par
peuvent la limiter, voire la tuer. Nous allons ici en examiner trois, rapport à un concurrent que l’on admire ou tout simplement par
puis nous intéresser à la personnalité créative. effet de mode.
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Exemple : la mimesis est le moteur des stratégies de type Me too. – SP : personnalités se réalisant dans l’action, privilégiant égale-
Celles-ci s’observent quand toutes les villes veulent, par exemple, ment les solutions éprouvées, mais plus adaptables que les premiers
une technopole ou un équipement donné possédé par des villes plus (environ 30 % de la population) ;
grandes qu’elles admirent. Il est également le moteur des « bulles » – NF : personnalités pour lesquelles la justice et le lien social
spéculatives (par exemple : crack des jeux vidéo de 1984). sont l’élément le plus important, mettant en valeur les aspects
humains (environ 20 % de la population) ;
Lutter contre la mimesis est pratiquement impossible car elle est – NT : personnalités rationnelles, penseurs globaux, valorisant la
une composante profonde de la nature humaine. Mais en avoir vérité (environ 10 % de la population).
conscience, notamment en situation de benchmarking, permet d’en
Ces études montrent que près de 70 % de la population est rela-
limiter les effets et de mieux accepter une pensée originale. Par
tivement à l’aise avec les activités de routine. Les profils les plus
cette vigilance, la dangereuse mimesis deviendra une favorable
adaptables et ouverts (NT et NF) sont également les plus rares et
inspiration.
cette dichotomie peut se trouver renforcée dans les organisations
conservatrices.
1.3.4 Biais cognitifs
Il existe de nombreux biais cognitifs pouvant ravager une Créativité et intelligence : un débat a eu lieu sur les relations
démarche créative. Les connaître permet de détecter leur appari- entre créativité et intelligence, notamment au travers de l’hypo-
tion au sein de l’équipe créative. Les plus emblématiques sont : thèse du seuil de Paul Ellis Torrance (et du test de créativité
TTCT). Il existe également d’autres tests tels que le KAI. Il
– le biais de confirmation : ce phénomène nous conduit à donner convient de garder à l’esprit que ces classes ne sont pas
une importance excessive à des faits qui confirment une idée pré- étanches et que l’on est plus ou moins S ou N, T ou F, J ou P.
conçue au détriment de faits bruts, mais qui seraient en opposition Toutefois, les personnalités conservatrices marquées peuvent
avec nos valeurs. La recherche de la vérité est capitale en avoir beaucoup de mal à évoluer dans un environnement créa-
créativité ; tif par nature mouvant, comme des personnalités créatives
– le biais de Dunning-Kruger : cet effet quantifié en 1999 conduit peuvent souffrir d’un environnement trop rigide.
les personnes incompétentes à surestimer leurs capacités et les
personnes compétentes à les sous-estimer. En séance de créati-
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vité, cela conduit à une expression excessive des opinions des per- Le logigramme de la figure 1 permet d’évaluer son type très
sonnes les moins qualifiées et à une moindre présence des rapidement, mais il est extrêmement imprécis et ne remplace pas
éléments compétents ; une analyse complète de son type de personnalité.
– l’effet de halo : ce phénomène consiste à attribuer des qualités Dans le cadre de la gestion d’un projet créatif, les personnalités
à un objet ou une marque sur la base de la notoriété sans pour SJ sont plus à l’aise dans leur administration, SP dans la coordina-
autant avoir vérifié qu’elles étaient avérées. tion, NF et NT dans l’exploration et le pilotage [21].
La collection des biais cognitifs est assez conséquente. Leur trai-
tement se fait essentiellement par la contradiction, l’humour et 1.4.2 Forces et faiblesses des créatifs
l’ouverture d’esprit. Il est probable que les approches plus
collectives telles que le Brainstorming ou le Design Thinking qui Les personnalités créatives sont décrites dans de nombreux
placent le développement de l’empathie avec les différents por- ouvrages et articles. Elles présentent des forces et des faiblesses.
teurs d’intérêt comme première étape du processus créatif en Une liste, bien sûr parcellaire, est présentée en figure 2.
favorisent involontairement l’apparition. De manière générale, les créatifs ont tendance à faire des
dessins, des croquis, des prototypes et résistent mal à une activité
chronique. Souvent, ils disposent en permanence d’un moyen de
1.4 Personnalités créatives prise de notes rapide (carnet, applications mobiles) et maintien-
nent des listes de lecture ou de points à éclaircir.
Si les causes de l’émergence de la personnalité créative restent
largement incomprises, la découverte par Carl Jung en 1921 des 1.4.3 Influence sur le management des équipes
types de personnalité apporte toutefois des moyens de la détecter
Les caractéristiques des personnalités et des équipes créatives
et de la développer. Très utilisée en construction d’équipe (au tra-
influent sur les techniques de management. Notamment, la créati-
vers des tests de Myers-Briggs et de socionique qui en sont déri-
vité se nourrit d’une certaine quantité de désordre intelligent qui
vés), la classification de Jung peut être considérée comme l’une
peut être incompatible avec des procédures trop strictes. Par
des trop rares théories psychologiques expérimentalement
ailleurs, la nature intuitive de la créativité pose également un
vérifiées.
problème significatif de management. En effet, il est parfois
impossible de trouver immédiatement des raisons expliquant une
1.4.1 Typologie des personnalités intuition même géniale. Dans ces conditions, le management des
équipes se doit d’apporter du temps et de l’ouverture. Il n’est
Le modèle de Jung [20] répartit la population en seize classes toutefois pas évident que le confort soit un élément favorisant la
notées par des quartets. Ainsi un type est constitué par les lettres créativité. Dans le concept d’innovation frugale, la pénurie apparaît
E ou I, S ou N, F ou T, et J ou P. clairement comme un facteur d’innovation quand elle ne conduit
La première lettre indique si la personnalité est intra ou extra- pas, bien sûr, à un stress insupportable. De même, la saine
vertie. La seconde si elle tire plutôt ses informations de ses sens rivalité [22] est un facteur de créativité quand elle ne se traduit pas
(ou de son expérience) ou de son intuition (élaborée en intégrant par une franche guerre telle que celles qui ont émaillé l’histoire
les éléments incertains du présent). La troisième concerne la façon des plus grands créatifs européens.
dont nous percevons notre environnement soit en le jugeant quant
à sa valeur ressentie (F) ou à sa nature réfléchie (T). La quatrième
matérialise le jugement et l’ordre (J) ou bien l’adaptabilité (P). 1.5 Influence de l’environnement
Ces seize groupes peuvent être regroupés en quatre classes : L’environnement humain et matériel est également décisif. Il est
– SJ : personnalités plutôt conservatrices qui privilégient les toutefois difficile d’établir si un environnement donné (Florence,
solutions éprouvées et sont mal à l’aise dans l’incertitude (environ San Francisco, Paris des années 1920) attire les créatifs ou bien si
40 % de la population) ; c’est la présence de créatifs qui en fait l’attrait.
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Oui Non
Je me sens mieux au
Mon bureau
début d’un projet
est plutôt
qu’une fois le projet
en ordre
fini
SJ SP NT NF
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18 – intensité lumineuse
19 – énergie utilisée par l’objet mobile
Le résultat idéal final peut être exprimé par :
20 – énergie utilisée par l’objet statique
L’élément ------, sans compliquer le système ni faire
apparaître d’action nuisible, résout ------, pendant le temps opé- 21 – puissance
ratoire ------ et dans la zone opératoire ------ et conserve la pos- 22 – perte d’énergie
sibilité de garder l’action bénéfique ------. 23 – perte de substance
24 – perte d’information
TRIZ apporte des outils méthodologiques permettant de traiter 25 – perte de temps
les contradictions. La plupart portent sur des grandeurs physiques 26 – quantité de substance
(encadré 1) et sont parfaitement connectées aux problématiques 27 – fiabilité
industrielles.
28 – précision de la mesure
Le passage du problème à la solution passe donc par une refor-
29 – précision de fabrication
mulation (RIF), puis la recherche de problème générique ayant des
solutions génériques. Ces solutions génériques doivent être à 30 – facteur néfaste à l’objet
même de laisser imaginer à l’ingénieur des solutions en relation 31 – facteurs néfastes induits
avec le problème à traiter.
32 – facilité de réalisation
Le moindre succès de TRIZ par rapport aux méthodes plus psy- 33 – facilité d’usage
chosociologiques réside sans doute dans ce dernier point. TRIZ
implique que la transposition du problème générique à la solution 34 – entretien
pratique est imaginable par un « homme de l’art », c’est-à-dire que, 35 – adaptabilité
sans compétence technique, l’espoir d’obtenir un résultat est faible. 36 – complexité du produit
Aussi estimables et opératoires que soient cette théorie et les 37 – complexité du pilotage
méthodes associées, plusieurs points en limitent l’usage :
38 – degré d’automatisation
– les brevets étudiés pour construire les matrices de résolution
39 – productivité
des contradictions techniques sont ceux de l’Après-guerre, vus de
Russie, en pleine guerre froide. Les sciences de la matière, l’élec-
tronique, la biologie, l’informatique et toutes les révolutions de
l’imagerie et de la robotique n’y sont pas prises en compte. Si les La méthode contribue notablement à réduire les risques de blo-
lois physiques restent les mêmes, il n’en va pas de même des cage de la créativité. En mettant la connaissance scientifique au
solutions technologiques utilisables en session de créativité ; cœur de la méthode, elle limite le risque de cargo cult pour cause
– la méthode favorise les experts et exclut les autres porteurs de défaut de compétence. Par la constitution de problèmes généri-
d’intérêt (et a fortiori les utilisateurs finaux). La solution trouvée ques, elle limite la dissonance cognitive en permettant une sortie
risque donc d’être la meilleure solution technique, mais pas forcé- du cadre de l’objet technique posant problème.
ment la meilleure solution si celle-ci consiste en un changement
commercial ou bien d’usage ;
– la méthode présente une certaine opacité quant à la 2.3 SIT : une approche par le langage
constitution de sa base de données, rendant difficile la reproduc-
tion de la méthode d’élaboration sur un autre corpus de données SIT (Systematic Inventive Thinking) est une méthode d’origine
brutes. israélienne due à Roni Horowitz [23]. Elle se présente comme un
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(Faste)
SIT peut être considérée comme une méthode linguistique dans la
mesure où il est possible, pour chacun des éléments du monde clos, La D. school de Stanford le définit en cinq étapes (figure 4).
d’appliquer les opérateurs pour générer des phrases inspirantes.
Le Design Thinking présente un grand intérêt dès qu’il s’agit de
SIT présente l’avantage de l’accessibilité et de permettre la parti- susciter l’engagement de l’utilisateur final dont la première phase
cipation de profils tiers pouvant être bénéfiques en s’éloignant de d’empathie est destinée à en comprendre les usages, les souhaits
la science. et les désirs, formulés ou informulés. La notion centrale de proto-
Elle peut toutefois éloigner l’équipe créative de l’objective réalité typage en fait un outil idéal pour les fablabs et profite des avan-
des lois de la physique. cées dans la fabrication additive et l’impression 3D. La phase de
génération d’idée ne fait pas d’a priori de méthodes, même si le
Brainstorming y tient actuellement encore une grande place. Le
2.4 C-K : une approche managériale Design Thinking place la créativité, non pas au niveau de l’équipe
créative, mais à l’intérieur d’un processus social impliquant toutes
La théorie C-K est une approche managériale de la créativité les parties prenantes.
d’origine française [24]. Elle répartit le champ de l’action entre un
espace des connaissances (K) et un espace des concepts (C) qui
interagissent entre eux. En tant que théorie des sciences de ges- 2.6 Gestion des savoirs et compétences
tion, elle s’intéresse peu à la physique, mais replace la créativité
dans le processus de management de l’entreprise et de La créativité est un moteur qui a besoin de carburant et son
conception. Elle définit quatre opérateurs correspondant à des essence est faite des connaissances, des compétences et des inspi-
échanges itératifs entre les deux espaces et affirme présenter des rations. L’activité créative passe par :
analogies avec la théorie des ensembles.
– un monitoring des connaissances et des compétences requises,
C-K présente l’avantage de ne pas considérer la créativité présentes ou à acquérir ;
comme la résolution d’un problème, mais plutôt comme un pro-
cessus itératif au cours duquel l’équipe va gagner en connaissance – l’accès à des éléments de veille scientifique et technique, un
au fur et à mesure de la constitution des concepts. référentiel métier abondant ;
– une bonne traçabilité du retour d’expérience ;
Elle est également adaptée à des problèmes de services ou
d’objets immatériels, mais est donc plus éloignée des aspects plus – une bonne documentation des étapes créatives.
physiques. De même, la créativité se nourrit de méthodologies, de proto-
Tout intéressante qu’elle soit, C-K est difficilement modélisable types, de démarche expérimentale, de calcul d’erreur, de plan
et la théorie est un cadre de pensée managérial plutôt qu’une d’expériences sans lesquels existe le risque de donner des infor-
méthode. Son application dans l’entreprise permet, par contre, de mations dont le degré de validité sera inconnu.
mettre l’accent sur l’instauration d’une culture de l’innovation, du La créativité est souvent le résultat d’une association de techno-
retour d’expérience et de la capitalisation des connaissances. logies dont l’usage simultané n’était pas trivial jusqu’alors. Or,
cette association n’est bien sûr possible que dans l’esprit de ceux
qui connaissent l’existence des technologies à relier, même si cette
2.5 Design Thinking : une approche connaissance n’est que superficielle. La façon dont chaque ingé-
interactive nieur est capable de maintenir un niveau d’information et de
culture générale dans des domaines qui ne sont pas de sa spécia-
Le Design Thinking est une approche en plein développement lité est stratégique pour développer une culture créative dans une
même si l’effet de mode est incontestable. Il s’agit d’un processus entreprise ou un laboratoire. La personnalité créative est celle d’un
à étapes (dont le nombre varie de trois à sept). expert ayant une excellente culture générale et de nombreux
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inventeurs historiques furent des polymathes. L’ingénieur dispose – en mécanique, les propriétés physiques n’ont pas besoin d’être
aujourd’hui d’outils clés pour maintenir cette curiosité : nominales au niveau du prototype. L’un des grands avantages
– agrégateurs de flux d’information (RSS) ; offerts par l’impression 3D de bureau, qui, le plus souvent, produit
des objets en polymère, est de pouvoir tester pour un coût
– encyclopédies scientifiques généralistes ;
modique des éléments clés de l’UX, tels que la prise en main,
– Massive Online Open Courses (MOOC) ; l’ergonomie, et d’établir si la fonction de l’objet est spontanément
– réseaux sociaux scientifiques (Researchgate) ; apprise par l’utilisateur.
– bases de données de brevets ;
Le cas de l’impression 3D est particulièrement intéressant. La
– outils de data mining ;
méthode de fabrication additive permet de réaliser des objets
– sources de curation de contenu. complexes pour le même coût que les objets simples ;
Les moyens pour lutter contre la pensée en vase clos sont contrairement à la fabrication soustractive traditionnelle, pour
aujourd’hui plus nombreux que jamais. Toutefois, avec près de laquelle plus un objet est complexe plus le coût augmente. Dans
trois zettaoctets de données générées ou répliquées annuellement ces conditions, les créatifs formés à la fabrication soustractive
(référence 2013), dont près de 88 % ne sont pas analysées, ce n’est pourront être inconsciemment tentés de s’autocensurer en écar-
point tant la disponibilité de l’information qui fait défaut que la tant des solutions dont le coût de production serait intuitivement
capacité à en tirer la profondeur et la perspective nécessaire à la trop onéreux. Au contraire, un non-mécanicien va pouvoir s’autori-
créativité. ser des solutions impliquant une complexité maximale, lesquelles
pourront pourtant être réalisées par fabrication additive.
Par cet exemple, nous voyons que la créativité n’est pas indé-
Un polymathe est une personne qui possède des pendante des outils disponibles, mais que les outils disponibles
connaissances approfondies dans des domaines nombreux et peuvent induire des biais cognitifs réduisant celle-ci.
variés (arts, sciences, etc.) ; esprit universel. Léonard de Vinci,
Leibniz et Goethe sont des polymathes célèbres. L’accès au prototypage très en amont des développements est
favorable à l’adéquation du produit futur aux usages. De même, la
connaissance et l’accès aux nouveaux outils disponibles sont cru-
ciaux et probablement un facteur pouvant rendre la démarche
2.7 Rôle central du prototype créative onéreuse.
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d’innovation pilotée par la production, consiste à observer en Un autre point important du management est de maintenir un
continu les problèmes de fabrication ou les points d’étranglement lien fort avec la production. Il est trop souvent considéré que la
dans le processus de production. Cette curiosité continue génère créativité intervient en amont des développements. Or, c’est
des besoins d’études qui seront sources de créativité concrète en souvent des difficultés rencontrées bien en aval du processus, au
répondant au besoin pratique. Dans le premier cas, le temps niveau des méthodes ou de la production, que se trouve un vivier
nécessaire pour aller de l’idée au marché peut être relativement d’actions très fructueuses pour une démarche créative.
long, alors que pour une créativité issue de l’observation des
Les équipes créatives les plus efficaces ne sont pas constituées
pratiques productives, ce temps peut être bien plus court.
de purs esprits, mais plutôt de médiateurs à même, par leur curio-
La démarche créative déclenchée par l’analyse du marché a ten- sité, de relier des procédés, des technologies et des hommes
dance à s’intéresser aux désirs des porteurs d’intérêt, en premier situés dans des secteurs éloignés dans l’entreprise.
lieu des clients. L’innovation issue de l’observation de la produc- Si les conservateurs peuvent se sentir mal à l’aise dans une
tion aura, quant à elle, vocation à se focaliser sur les besoins plu- situation de création, les créatifs peuvent, quant à eux, souffrir
tôt que sur les désirs. Même si chacune des méthodes ou théories d’un environnement trop normé et d’une sensation de pesanteur
de la créativité peuvent être adaptées à ces deux contextes, les consécutive à une organisation trop pyramidale. L’entreprise a
méthodes de Design Thinking ou la théorie C-K seront plus natu- besoin des deux poissons, qui ne peuvent pas vivre dans la même
relles dans la première approche quand les méthodes TRIZ ou SIT eau. Elle gagnerait donc à ne pas faire de son organisation une
seront plus fructueuses dans la seconde. généralité à tous les niveaux de l’entreprise, mais plutôt d’adapter
en organisme complexe plutôt que compliqué.
4. Management de la Geek : le mot « Geek » qui occupe une place très importante
créativité : risque et éthique dans l’iconographie technologique du XXIe siècle provient de
l’ancien allemand Geck qui désigne un fou espiègle.
cours d’élaboration sous l’égide de l’AFNOR. Elle vise notamment à Une autre notion, porteuse d’espoir, se développe : la cross-fer-
replacer la créativité et ses particularités dans le management géné- tilization. Là aussi, il s’agit d’ouvrir le champ des possibles par la
ral de l’entreprise, et à en gérer les flux entrant et sortant. Elle mise en relation de compétences de domaines différents
devrait poser en partie les principales questions du management (physique/biologie ; énergie/ethnologie). Il devient chaque jour
général et de la gestion de la propriété intellectuelle. Toutefois, il est plus évident que l’essentiel des sujets de recherche et d’étude
nécessaire de se rappeler que la créativité doit se faire dans un envi- n’est plus traitable par un unique domaine technique. Le dévelop-
ronnement bienveillant. Or, si une démarche de créativité dans une pement de la créativité bénéficie de ces actions de rapprochement.
entreprise où elle est naturelle ne pose pas de problème, une opéra-
tion de créativité dans une entreprise en crise s’inscrira, ou sera vue Enfin, il convient de mentionner l’importance des relations inter-
comme telle, dans une démarche de réorganisation et de remise en personnelles, historiquement faites en congrès et symposium.
cause des façons de faire parfois établies depuis très longtemps. Aujourd’hui, les réseaux sociaux scientifiques tels qu’Academia ou
Quelle que soit la méthode retenue, la confiance est au centre de sa Researchgate sont des vecteurs d’inspiration pour les créatifs.
capacité à opérer une action de créativité.
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5.3 Évaluation
L’évaluation est une problématique majeure à deux niveaux. Le 6. Conclusion
premier est celui de la mesure de l’efficacité de la mise en place
d’actions de créativité. Le second concerne l’évaluation des idées
générées elles-mêmes. Les effets étant au mieux visibles à moyen La créativité est un concept polymorphe, à la fois crucial pour
terme, il est parfois difficile d’en mesurer les bénéfices à court notre économie et mal compris par les entreprises et les organisa-
terme, notamment au niveau du client final. Une approche prag- tions. Les neurosciences apportent aujourd’hui des réponses
matique pourrait être de mesurer l’état des idées en échelle TRL scientifiques à ces questions, mais le challenge d’intégrer la créati-
(Technological Readiness Level – ISO 16290), puis de monitorer la vité, par nature insaisissable, dans les processus de l’entreprise,
quantité de concepts passant au niveau de TRL supérieur. Cette par nature déterministes, demeure à renforcer. Un nombre impor-
évaluation n’est pas indépendante des objectifs de l’organisation tant d’outils pertinents est disponible pour l’ingénieur, mais
(technique, communication, management, conduite de change- ceux-ci ne remplacent pas, d’une part, la compétence technique
ment...) et est donc à adapter en fonction de ceux-ci. requise pour créer et évaluer les solutions et, d’autre part, l’enga-
gement dans une stratégie de changement.
5.4 Créativité pour l’innovation Si l’attitude créative est précieuse, elle devrait s’inscrire dans un
management adapté de manière à en réduire les impacts en
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Pour connecter la créativité à l’innovation, qui est la convergence termes de risque psychosocial tout en en développant la perfor-
entre la chose créée et un marché créateur de valeur, nous pouvons mance.
distinguer trois types d’innovation. Enfin, les notions centrales de la créativité industrielle que pour-
■ Innovation continue raient être la curiosité, la mobilité d’esprit, la vérité, la connais-
sance et les compétences, et le non-conservatisme qu’elles
Dans le cadre d’une innovation continue, qui correspond à une impliquent, devront sans doute être intégrées dans les valeurs de
amélioration incrémentale des produits, toutes les méthodes pré- l’entreprise au même titre que celles qui sous-tendent la prise en
sentées peuvent convenir. Elles peuvent être opérantes en groupe compte de l’expérience du client ou de la responsabilité sociétale
réduit. Ces innovations requièrent en général des savoirs qui sont des organisations.
présents à l’intérieur de l’entreprise.
La créativité ne se réduit pas à une expérience collective ou à
■ Innovation de rupture une session de créativité. Elle est une attitude et une expérience
Une innovation de rupture requiert l’introduction à l’intérieur de individuelle qui touche au plus profond de la nature humaine, et,
l’entreprise de savoirs nouveaux. Dans ce cas, les approches C-K puisque l’ouverture et la curiosité sont au centre du sujet, elle doit
ou Design Thinking peuvent se montrer plus efficaces, sauf à se nourrir des méthodes et des outils les plus variés, sans être
ouvrir sur l’extérieur, pour les actions de créativité TRIZ ou SIT. tenue par l’usage d’aucun d’entre eux.
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P
O
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Créativité en ingénierie R
E
par Luc E. BRUNET
Docteur en chimie-physique, HDR en génie des procédés
N
Fondateur R&D Médiation
Laboratoire APEKSA (Anticipation des risques et des processus de mutation), France
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S
A
V
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