Réf.

: M1423 V1

Comment poser un
Date de publication :
10 mars 2000 problème de traitement de
surface

Cet article est issu de : Matériaux | Traitements des métaux

par Jean-Paul TERRAT, Michel CARTIER

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Comment poser un problème

de traitement de surface

parJean-Paul TERRAT
et Michel CARTIER
Hydromécanique et frottement (HEF)

1. Fonctions du traitement de surface ................................................... M 1 423 – 2

1.1 La surface ..................................................................................................... — 2
1.2 Propriétés superficielles.............................................................................. — 2
1.3 Traitements et revêtements de surface multifonctions ............................ — 2
2. Relations concepteur-applicateur ....................................................... — 2
2.1 Stratégie A.................................................................................................... — 3
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2.2 Stratégie B.................................................................................................... — 3

3. Cahier des charges .................................................................................. — 3
3.1 Cahier des charges fonctionnel .................................................................. — 3
3.2 Cahier des charges opérationnel................................................................ — 3
4. Exemples .................................................................................................... — 4
4.1 Cahier des charges équilibré ...................................................................... — 4
4.2 Cahier des charges utopique ...................................................................... — 5
4.3 Cahier des charges incomplet .................................................................... — 5
5. Conclusion .................................................................................................
— 5

ans la compétitivité industrielle d’aujourd’hui, c’est un atout considérable

D que de pouvoir réaliser des produits qui ne s’usent pas, résistent à la corro-
sion, conservent dans le temps leurs propriétés électriques, optiques ou thermi-
ques... Grâce aux réponses toujours plus précises qu’ils apportent à des
situations industrielles toujours plus diversifiées et exigeantes, les traitements
de surfaces sont devenus incontournables.
Paradoxalement, si la fonctionnalisation des surfaces n’est souvent prise en
compte qu’aux derniers stades d’un projet (après qu’aient été abordés les pro-
blèmes de choix de matériaux et de leur mise en œuvre, les études cinématiques
et mécaniques, les calculs de RDM...), elle occupe une position stratégique dans
les processus de définition des produits, leur prix et leur compétitivité. En parti-
culier, lorsqu’un objet parvient au traitement de surface, il est en général arrivé
à la dernière phase de sa gamme de fabrication, c’est-à-dire à un stade où son
coût est le plus élevé et où tous les choix de conception ont été arrêtés (maté-
riaux, géométries...), de sorte qu’aucun droit à l’erreur n’est permis.
La pertinence de l’approche d’un problème de traitement de surface (position-
nement du contexte, expression du cahier des charges...) repose sur la relation
entre donneur d’ordres (concepteur) et fournisseur (applicateur). Cette relation
est d’autant plus facile, constructive et valorisante, tant sur le plan technique
qu’économique, que ce dernier est fortement impliqué dans toutes les étapes,
depuis le choix des solutions jusqu’à leur exécution. Cette démarche se justifie
et se généralise d’ailleurs de plus en plus aujourd’hui pour répondre à la
demande des donneurs d’ordres qui s’orientent vers l’acquisition de fonctions,

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c’est-à-dire de prestations globales allant bien au-delà du seul façonnage en trai-

tement de surface.
Ramenée au plan technique, cette relation entre les différents acteurs ne peut
être efficace que lorsque sont remplies les conditions de base suivantes :
— mise en place d’un vocabulaire commun : la pratique est truffée d’exemples
de malentendus plus ou moins lourds de conséquences, liés à des interpréta-
tions variables de notions apparemment évidentes pour chacun ;
— analyse approfondie du problème et mise en place d’un cahier des charges
intelligible par toutes les parties ;
— prise en compte par chaque partie, des contraintes et limitations techni-
ques, technologiques ou économiques dès le début des discussions, afin d’ évi-
ter des pertes de temps et des essais infructueux, voire dans les cas extrêmes,
des litiges.
Le présent article n’a pas vocation à fournir au lecteur une recette particulière.
Il a pour objet de mettre en évidence les points essentiels d’où sont issus la plu-
part des échecs et de contribuer à aider les différents acteurs à aborder un pro-
blème de traitement de surface avec les meilleures chances de succès.

1. Fonctions du traitement 1.3 Traitements et revêtements

de surface multifonctions
de surface
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Depuis plusieurs années, les concepteurs sont de plus en plus

1.1 La surface
Du point de vue géométrique, c’est l’enveloppe de l’objet consi-
déré ; elle en définit le volume.
Du point de vue physique, qui nous concerne ici, cette enveloppe
est le siège des interactions entre l’objet et son environnement. Ces
interactions peuvent être d’ordres :
— mécanique : par exemple, différentes formes d’usure peuvent
être induites par le jeu des frottements ;
— chimique, souvent à l’origine de dégradations par corrosion ;
— thermique, électrique, optique, etc.
La problématique de l’ingénieur qui a la charge de concevoir un
objet est double : il doit assurer, d’une part, une fonction structurale
qu’il satisfait par le choix des matériaux et la conception de cet
objet, d’autre part, une ou des fonctions superficielles (résistance à
l’usure ou à la corrosion, aspect, réflectivité, résistance de contact,
etc.), le tout dans le cadre de contraintes économiques de plus en
plus sévères.
La réponse à cette problématique conduit à des choix parfois
contradictoires de sorte que la solution la plus pratique consiste à
définir deux matériaux, l’un pour la structure, et l’autre pour la
surface.
Le plus souvent, les propriétés superficielles ne concernent que
les premiers micromètres (en général de 1 à 1000 µm) du matériau
de sorte qu’elles peuvent être obtenues en modifiant la structure
des couches superficielles par apport d’énergie ou de matière : c’est
le traitement ou le revêtement de surface, opération ultime dans la
gamme de fabrication de l’objet.
1.2 Propriétés superficielles
Les interactions entre un objet et son environnement intéressent
une zone plus ou moins épaisse à la périphérie des matériaux. Ainsi,
les contraintes mécaniques peuvent-elles concerner une épaisseur
de plusieurs dixièmes de millimètres, alors que les interactions avec
la lumière ne concernent que quelques fractions de micromètres.
Chaque problème posé devra donc être traité de façon spécifique
et la – ou les – solutions devront avoir été choisies en fonction de
critères objectifs et précis.
préoccupés par la durabilité des pièces qu’ils conçoivent, de telle
sorte qu’aux exigences correspondant aux fonctions de base, se
superposent aujourd’hui le plus souvent des critères de résistance à
l’usure et/ou à la corrosion.
Ce phénomène est particulièrement marqué dans le domaine des
composants électrotechniques pour lesquels on n’exigeait autrefois
que des propriétés de conduction superficielle et de soudabilité.
De même, dans le domaine de la mécanique, dont un exemple
particulièrement représentatif est celui de l’automobile, un grand
nombre de composants doivent concilier des fonctions mécaniques
et tribologiques (frottement-usure) avec une résistance à la corro-
sion toujours plus élevée.
Les traitements de surface qui répondent à cette problématique
portent le nom de traitements multifonctions.
Dans la pratique, quelques traitements seulement permettent de
remplir plusieurs fonctions simultanément. A défaut de pouvoir
utiliser ces traitements, il faut combiner plusieurs procédés, mais il
arrive que certaines contraintes nécessitent des solutions dont les
mises en œuvre ne sont pas ou peu compatibles.
C’est dans ce type de situation, qui conduit à des choix difficiles,
que la qualité de la relation entre le donneur d’ordres et l’applicateur
devient primordiale. Nous verrons des exemples correspondant à
ce cas de figure.
2. Relations concepteur-
applicateur
L’ingénieur du bureau d’études ou des méthodes, qui est
confronté à un problème de surface, doit répondre successivement
aux questions suivantes :
— quelles propriétés superficielles sont nécessaires ?
— comment les obtenir ?
— à quel coût ?
Pour assurer cette tâche, il peut adopter deux stratégies :

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2.1 Stratégie A est notamment le cas s’il n’est lui-même qu’un intermédiaire ; de
plus, il sert de lien entre des acteurs dont les cultures sont parfois
Le concepteur est familiarisé avec ce type de problème qu’il a déjà très différentes : les bureaux d’études ont souvent une vue très
rencontré. Il choisit d’appliquer et de prescrire une « recette » qu’il a mécanicienne des pièces qu’ils conçoivent, avec une culture maté-
déjà expérimentée avec satisfaction, dans une situation antérieure ; riaux parfois sommaire ou fragmentaire ; l’applicateur de traite-
ce faisant, il prend la responsabilité de sa décision et commande à ments de surface est souvent un chimiste ou un métallurgiste. Le
son sous-traitant le traitement qu’il a choisi en précisant la nature du cahier des charges doit alors être clair pour l’un et pour l’autre. Cette
revêtement ou du traitement retenu, ses spécifications (dureté, notion n’est pas aussi évidente qu’elle en a l’air et il est important de
épaisseur...), ainsi que le type de procédé correspondant. Bien la préciser.
entendu, il utilise pour définir les termes de cette commande les
normes en vigueur.
Cette stratégie, très courante, la plus répandue même, a l’avan- 3.1 Cahier des charges fonctionnel
tage de la rapidité et de la simplicité. Elle peut cependant conduire à
certaines dérives qui deviennent vite sources de conflits. Parmi les
plus courantes, citons : L’analyse fonctionnelle a pour but de qualifier, mais aussi de
— le mauvais choix par connaissance imparfaite du problème ou quantifier les diverses sollicitations auxquelles la pièce à traiter doit
du traitement ; le concepteur a fait une analogie hasardeuse et a être soumise lors de son fonctionnement normal. Le résultat de
négligé inconsciemment certains aspects du problème, la tradition, cette démarche aboutit à la définition des objectifs que l’on souhaite
les habitudes ou le manque de temps prenant le pas sur l’analyse. atteindre ; le document qui les relate constitue le cahier des charges
Si la demande est apparemment bien formulée, l’applicateur ne fonctionnel.
se posera pas de questions et le traitement réalisé ne répondra Les objectifs à atteindre pour chaque propriété sont exprimés en
qu’imparfaitement au problème, d’où conflits divers, pertes de fonction d’un système de mesure clairement identifié.
temps et d’argent souvent pour les deux parties ;
— le bon choix mal formulé : il arrive, trop fréquemment, que Exemple :
l’une des caractéristiques du traitement soit formulée de façon — une résistance de contact en ohms ou milliohms ;
imprécise, voire quelquefois omise. Il en résulte des risques dans — la réflectivité d’un miroir en % ;
l’exécution de la commande dont les conséquences ne seront mal- — la résistance à la corrosion en heures d’exposition au brouillard
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heureusement perçues que lorsque la pièce est en service ; salin.

— l’abus de solutions de « routine » : la tendance naturelle à
Les conditions de mesure doivent impérativement être précisées
appliquer une solution devenue « standard » à un problème nou-
soit par référence à une norme, si elle existe, soit en décrivant les
veau et comparable peut conduire à un risque d’échec important si
conditions d’essai ; ceci est particulièrement vrai pour les
l’on a négligé un élément déterminant comme un changement de
problèmes de frottement ou d’usure, ou encore de corrosion où le
forme, de rugosité ou de nuance de matériau.
résultat dépend principalement de la nature du test et des condi-
tions expérimentales.
2.2 Stratégie B La rédaction de ce cahier des charges fonctionnel est, bien
entendu, de la responsabilité du donneur d’ordres qui, seul, a la
Le concepteur ne connaît pas suffisamment les traitements de connaissance de sa problématique.
surface ou bien n’est pas sûr de lui ; il choisit alors de consulter un
spécialiste – conseil ou applicateur –, de lui soumettre son problème,
d’en discuter en commun afin d’aboutir à la meilleure solution.
Cette stratégie, qui peut effectivement sembler lourde pour les
3.2 Cahier des charges opérationnel
cas qui paraissent simples, s’avère rapidement la seule à privilégier
lorsque les problèmes deviennent plus compliqués comme c’est le Hormis les cas simples et bien connus de tous – heureusement les
cas pour les traitements multifonctions ou encore pour des plus courants – le cahier des charges fonctionnel, qui spécifie un
domaines très complexes tels que la tribologie (frottement-usure) résultat, devient vite incompréhensible pour l’applicateur qui, lui,
pour lesquels la traduction des besoins en propriétés superficielles est habitué à raisonner en termes de moyens pour atteindre
requises est loin d’être évidente. l’objectif : matériau, épaisseur, rugosité, technologie de dépôt,
Elle passe alors par l’élaboration d’un cahier des charges rassem- dureté, etc.
blant l’ensemble des spécifications requises par le donneur d’ordres
Ces paramètres, liés à l’élaboration et à la caractérisation du trai-
pour satisfaire aux besoins.
tement ou du revêtement de surface, correspondent au cahier des
charges opérationnel qui constitue en fait la traduction des besoins
exprimés par le donneur d’ordres dans le langage de l’applicateur.
3. Cahier des charges Ce double volet du cahier des charges est une notion essentielle ;
la qualité de la transcription des propriétés requises, en caracté-
ristiques physiques réalisables, est un facteur déterminant de réus-
site, et la rédaction du cahier des charges ne devrait pas être
Le cahier des charges constitue la clé des relations entre don-
considérée, comme c’est souvent le cas, comme étant de la respon-
neurs d’ordres et sous-traitants. Les spécifications qu’il contient
sabilité du donneur d’ordres ; un bon cahier des charges est le
résument les résultats de l’analyse du problème à traiter et la
résultat d’un dialogue élaboré entre toutes les parties.
définition du traitement ou du revêtement à appliquer ; sa rédac-
tion doit faire l’objet d’un soin particulier. Bien que chaque cas Si l’objet du cahier des charges est de définir les fonctions super-
soit unique, il est possible d’énoncer quelques règles de base ficielles requises et les solutions choisies, il faut bien évidemment
permettant d’éviter les défauts les plus couramment rencontrés. s’assurer que celles-ci n’altèrent pas les propriétés volumiques du
matériau à traiter ou à revêtir. C’est pourquoi tout bon cahier des
charges doit comporter le descriptif du matériau de base. Les
C’est l’outil qui va formaliser la relation concepteur-applicateur. contraintes dimensionnelles, la nature du matériau, sa composition,
Son élaboration est souvent délicate car il peut arriver que le sa dureté font partie des données évidentes qui doivent être four-
concepteur ne maîtrise pas toutes les données du problème, ce qui nies ; mais le mode et les conditions de mise en œuvre, l’état métal-

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lurgique ou structural peuvent avoir une influence déterminante sur
le choix de telle ou telle solution technologique et donc sur les
performances des pièces traitées.
Cette notion, qui est la source de non-conformités sévères, est
malheureusement souvent traitée de façon incomplète car, par le
jeu des sous-traitances multiples, le donneur d’ordres en ignore
parfois lui-même certains éléments. Les conséquences d’une
mauvaise maîtrise ou connaissance de l’état structural sont bien
connues dans le cas du traitement des pièces métalliques où les
exemples abondent (influence des contraintes résiduelles d’usi-
nage, amorphisation superficielle, couche blanche produite par
l’électroérosion, etc.) ; elles peuvent être aussi dramatiques lors du
traitement des polymères et composites, du fait de la présence
d’une « peau de moulage », de ségrégations, de fibres de renfort en
surface, etc.
4. Exemples
Les exemples qui suivent correspondent à différentes rédactions
de cahiers des charges. Par souci de confidentialité, ils ont été bana-
lisés mais tous correspondent à des cas réellement traités.
4.1 Cahier des charges équilibré
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■ Traitement d’un contact électrique basse tension
Il s’agit d’un cas très classique de traitement de surface multifonc-
tion. L’objectif est de traiter un contact électrique devant assurer la
transmission de courants de très faible intensité, typiquement de
l’ordre de quelques milliampères sous une tension de quelques
volts, et ceci dans des conditions d’environnement variées. Le
cahier des charges fonctionnel proposé est présenté dans
l’encadré 1.
Cette rédaction du cahier des charges prend bien en compte les
différentes contraintes à remplir ; les objectifs de performances sont
clairement exprimés dans les grandeurs et unités correspondant au
métier et aux besoins du prescripteur.
Encadré 1 – Cahier des charges fonctionnel pour le
traitement d’un contact électrique basse tension
1. Matières
Contact mâle : laiton Cu Zn 30, état H13 et H14 ......Ra < 0,4 mm
Contact femelle : bronze Cu Sn 9P, état H12 .......... Ra < 0,2 mm
2. Contraintes fonctionnelles
2.1 Électriques (elle sont décrites dans la norme NF C 93-420)
Résistance de contact < 20 mW.
2.2 Frottement
• L’effort d’insertion et d’extraction du contact mâle dans le
contact femelle doit être compris entre 30 et 90 N.
• Aucune trace d’usure ne doit apparaître après 500 manœu-
vres.
2.3 Corrosion
Les contacts doivent passer avec succès l’exposition aux tests
de chaleur sèche, chaleur humide et variations rapides de tem-
pérature.
2.4. Vieillissement en température
Les contacts seront exposés pendant 1 000 h à une tempéra-
ture de 125 °C. La résistance de contact sera mesurée après 250,
500 et 1 000 h d’exposition.
2.5 Épargnes
La queue du contact (désignée sur le plan) doit rester souda-
ble et ne doit pas être traitée (essai de soudabilité selon la
norme ISO 581).
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En ce qui concerne la méthodologie d’exécution des tests, les
normes qui les décrivent sont citées lorsqu’elles existent. Le texte
des normes figure en annexe du cahier des charges et limite les
risques d’interprétation erronée.
Si cette rédaction s’en tient à cette énumération, elle correspond
bien à une expression de besoin ; elle peut être soumise telle quelle
à un bureau d’études ou à un laboratoire spécialisé en traitement de
surface, elle n’est cependant pas utilisable sous cette forme par un
applicateur. En d’autres termes, c’est un cahier des charges destiné
à lancer une étude, pas une fabrication. Dans ce cas, il faut le
traduire dans le langage de l’applicateur. Si cette traduction ne peut
être réalisée par simple déduction, une étude devra éventuellement
être faite en commun, mais en tout état de cause, cette étape est
cruciale et déterminante pour la réussite de l’opération. Sa rédac-
tion fait l’objet de la troisième partie du cahier des charges : le cahier
des charges opérationnel (encadré 2).
Rédigées avec précision, les trois parties de ce cahier des charges
ne permettent pas d’interprétations ambiguës ; tous les éléments
sont rassemblés pour garantir une relation claire entre les diffé-
rentes parties.
Encadré 2 – Cahier des charges opérationnel pour le
traitement d’un contact électrique basse tension
1. Études (guide de traduction)
1.1 Procédé
Afin de respecter les caractéristiques mécaniques du support,
la température ne devra jamais dépasser 160°C, ce qui implique,
pour être réaliste, un procédé électrolytique ou à la rigueur de
dépôt sous vide.
1.2 Revêtements
La résistance de contact imposée nécessite l’utilisation d’un
matériau bon conducteur. Celui-ci doit être insensible à la corro-
sion ou à la passivation (contraintes de corrosion). Ce matériau
sera donc choisi parmi les métaux nobles (Au, Ir, Pt...). Il doit, en
outre, présenter un faible coefficient de frottement pour respec-
ter la force d’insertion imposée. Seul l’or présente toutes ces
propriétés.
Par ailleurs, les alliages cuivreux sont sensibles à la corrosion
et les produits de corrosion ne doivent pas affecter la résistance
du contact.
On admet que, compte tenu des défauts présents dans les
couches, une épaisseur du revêtement de 10 mm au moins est
nécessaire pour assurer une protection efficace. Or, pour des
raisons économiques, il n’est pas question de déposer 10 mm
d’or. On réalisera donc une sous-couche d’un matériau moins
noble, le nickel, sous une épaisseur de 7 à 8 mm, la couche
superficielle d’or étant limitée à 2 mm.
2. Cahier des charges opérationnel
Le cahier des charges opérationnel devient donc :
— sous-couche de nickel électrolytique : épaisseur 8 mm, tolé-
rance ± 1 mm ;
— couche d’or électrolytique : épaisseur 2 mm, tolérance ± 0,5 mm ;
— épargne (cf. plan).
Il est possible d’aller plus loin dans la définition du procédé en
rédigeant la spécification selon les recommandations de
l’AFNOR. Cette symbolisation, insuffisamment connue et appli-
quée, utilise un ensemble de chiffres et de lettres permettant de
définir sans ambiguïté le (ou les) matériaux déposé(s), dans
quel ordre, sous quelle(s) épaisseur(s) et avec quel(s) pro-
cédé(s). Les spécifications de notre cahier des charges opéra-
tionnel deviendraient alors :
Au2/Ni8 (I) / CuZn
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4.2 Cahier des charges utopique Encadré 3 – Cahier des charges fonctionnel pour le
traitement d’un boîtier électronique
■ Traitement d’un contact électrique basse tension
1. Matière
Il s’agit du même problème que celui décrit dans le paragraphe
Polyétherimide moulé.
4.1, mais, pour répondre à des contraintes économiques, le donneur
Présence d’un insert métallique en cuivre.
d’ordres souhaite supprimer l’or, qui représente une part impor-
2. Contraintes fonctionnelles
tante du coût du traitement, et cherche à le remplacer par un maté-
Conductibilité superficielle : résistance mesurée entre les
riau moins cher.
points repérés A et B sur le plan, inférieure à 1 W.
Il soumet alors à différents sous-traitants un nouveau cahier des Blindage électromagnétique : atténuation 30 dB.
charges constitué par l’ensemble des contraintes fonctionnelles Environnement : résistance à la corrosion telle que les pro-
(point 2 de l’encadré 1), auxquelles il ajoute la contrainte supplé- priétés ci-dessus ne soient pas altérées après une exposition de
mentaire : le revêtement ne doit pas être à base d’or et le coût final 90 h au test de brouillard salin selon la norme NF X 41-002.
du traitement doit être inférieur à celui de la solution précédente.
Il s’agit d’un cahier des charges limité à sa partie fonctionnelle,
destiné à l’étude d’une solution. Apparemment très bien construit,
ce cahier des charges conduit à un échec, aucune solution n’ayant trop sévères, n’est pas négligeable, conduisant alors à un résultat
pu répondre à la fois à toutes les contraintes. En réalité, dans erroné ;
l’exemple présenté au paragraphe 4.1, le cahier des charges était tel — s’il est correct d’exprimer l’atténuation électromagnétique en
que seul l’or pouvait constituer une solution au problème. dB, il faut préciser la gamme de fréquence concernée et la méthode
Pratiquement, seules des concessions sur l’une ou l’autre des de mesure ; de plus, ce type de mesure est inexploitable par un
contraintes fonctionnelles auraient permis d’aboutir à des solutions applicateur car elle ne correspond pas à une propriété intrinsèque
de remplacement approchant au plus près les propriétés du couple du revêtement (influence de la conception même de la pièce et de la
nickel-or. nature du test). Il faut, ici, traduire cette fonction en résistance
superficielle ou résistance par carré (notée Ru et exprimée en
Nous nous trouvons devant un cas très classique où, pour des ohms). Seuls les essais permettent d’effectuer cette corrélation ;
raisons diverses liées à son histoire, le donneur d’ordres connaît et — l’applicateur, qui est confronté à ce cahier des charges, ne dis-
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utilise une solution qui donne satisfaction, bâtit son cahier des pose pas d’éléments suffisants pour proposer une solution. Ce type
charges et l’affine peu à peu, au fur et à mesure de sa pratique, de de cahier des charges induit souvent des analogies : faute de pou-
sorte que, in fine, celui-ci cerne au plus près la solution utilisée, voir traiter rationnellement le problème posé, on le compare à un
rendant difficile toute innovation. Dans le cas présent, cette problème voisin résolu par ailleurs et si, comme c’est fréquent, les
tendance est aggravée par le niveau de performances exigé pour deux problèmes ne sont comparables qu’en apparence, la solution
chacune des propriétés. proposée ne répond qu’imparfaitement au besoin et c’est l’échec.

4.3 Cahier des charges incomplet

5. Conclusion
■ Traitement d’un boîtier électronique
Dans cet exemple, il s’agit de métalliser un boîtier en plastique,
destiné à recevoir des composants électroniques, pour assurer la Pour poser un problème de traitement de surface, quatre
fonction de blindage électromagnétique. points essentiels doivent être développés :
Le cahier des charges fonctionnel soumis à l’applicateur est — description minutieuse du matériau à traiter : matière, état
donné dans l’encadré 3. métallurgique, rugosité, etc. ;
Ce cahier des charges correspond à un type de rédaction couram- — description des fonctions superficielles recherchées : cette
ment rencontré. Il est cependant inapplicable en l’état. En effet : description sera à la fois qualitative et quantitative ; les méthodes
— il est insuffisant de préciser que la résistance entre A et B doit de caractérisation retenues seront précisées en détail ;
être inférieure à 1 W. On doit préciser sous quelle tension doit être — description de la solution retenue ;
effectuée la mesure ; avec des couches minces, le risque de dégra- — qualité du dialogue entre concepteur et applicateur qui est
der localement le revêtement, en utilisant des conditions de mesure une condition déterminante du succès.

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