Vous êtes sur la page 1sur 2

Ren

Pépite
E1A

Sujet : La sociologie a-t-elle vocation à expliquer ou à comprendre ?

La fin du XIXeme siècle voit émerger une nouvelle science : la sociologie. Cette dernière peut se
définir comme l’étude scientifique des sociétés et des faits sociaux ayant pour cadre la société, les relations
sociales, les manières de se réunir ou de se retrouver mais aussi l’analyse de ces manières.
Dans le contexte de sa naissance et grandement influencée par la révolution scientifique du même siècle, la
sociologie se voit attribuer des modèles qui ne font pas toujours consensus. Auguste Compte (1798-1857),
philosophe français, emploie l’expression de « physique sociale » pour désigner la sociologie qui doit, selon
lui, être fondée sur l’observation comme toutes les sciences. Pour Comte comme pour de nombreux pères
fondateurs, ce nouveaux domaine d’étude doit être investit d’une méthode relative aux autres disciplines
scientifiques, et adopter ainsi une véritable démarche de recherche en s’appuyant sur des hypothèses, et en
mettant en lumière des relations de causalités pour pouvoir expliquer le social. Expliquer renvoie en effet à
exposer les causes, le contexte et les conséquences d’une chose telle qu’elle est ou d’un processus tel qu’il se
produit. En science, l’explication est l’un des objectif principal de la recherche (les deux autres étant
l’exploration et la description); elle peut être de type déductif, fonctionnel, historique, psychologique…
Toutefois la sociologie ne rompt que très peu aussi avec la recherche d’une « philosophie de l’histoire »,
c’est-à-dire de lois universelles qui donnent sens aux transformations sociales : ainsi, au caractère causal et
déductif de l’explication s’oppose une vocation universelle et globale de la compréhension. Comprendre
c’est en effet faire entrer dans un tout, dans une classe, concevoir et admettre les causes pour en dégager la
globalité.
Au final, deux méthodes se font donc face et contraignent le sociologue à faire un choix comme le
« ou » du sujet le présuppose : dégager les causes pour expliquer et élever la sociologie au rang des sciences
dites « dures », ou admettre les causes pour comprendre les faits sociaux dans leurs globalité mais
dévaloriser le caractère scientifique de la démarche sociologique. On peut donc se demander si la sociologie
a pour vocation à exposer les causes du fait social ou à en dégager des principes ?
Nous nous demanderons dans un premier temps quels est l’objet que vise la sociologie. Par la suite,
nous analyserons les méthodes de la sociologie.

La sociologie a pour objet général le fait social, l’activité social et les déterminismes
sociaux: de la perspective holiste de E.Durkheim à l’individualisme méthodologique de M.Weber.
Pour E.Durkheim, sociologue français, la sociologie se définit comme l’étude des faits sociaux.
Selon lui le fait social renvoie à toute manière de faire, fixée ou non, qui exerce sur l’individu une contrainte
extérieure. L’objet de la sociologie est dès lors de mettre à jour les causes et les contraintes explicatives des
comportements individuels. Durkheim s’inscrit ainsi dans une perspective holiste. Le holisme est une
doctrine philosophie selon laquelle un énoncé scientifique doit prendre en considération l’environnement
dans lequel il apparait. Le holisme se définit donc globalement par la pensée qui tend à expliquer un
phénomène comme étant un ensemble indivisible, la simple somme de ses partie ne suffisant pas à le définir.
Ainsi l’individu relève d’un déterminisme.. d’une société déterminée. La sociologie a pour objet l’étude de
l’origine possible de ces contraintes, et leurs effets sur les comportements individuels. Cette conception
amène donc à nier toute autonomie individuelle et à faire de la société un corps déterminé. Durkheim, relie
par exemple, les suicides à des causes déterminées différentes selon les groupes sociaux et les sociétés. Il
définit explicitement la sociologie comme « une science qui se propose de comprendre par interprétation
l’activité sociale et par là d’expliquer causalement son déroulement et ses effets ».
A l’approche déterministe d’E.Durkheim, s’oppose celle de Max Weber qui met en évidence une
typologie d’action parmi lesquelles seules certaines d’entre elles sont effectivement rationnelles et donc
explicables sociologiquement; tandis que l’action affective qui renvoie à des pratiques d’ordre instinctif,
sensoriel, émotionnel ou passionnel et l’action traditionnelle, qui consiste en une conduite machinale, et une
obéissance inconsciente à la tradition sont explicables psychologiquement mais non sociologiquement.
L’individualisme méthodologique de Weber consiste donc à mettre en lumière les intentions des individus les
conduisant à agir et à se comporter d’une certaine manière. Par conséquent, Weber considère ainsi que le
social peut être compris à partir de la subjectivité des individus, de leur manière de vivre et de se comporter
pour certaines valeurs et non par une relation causale déterministe qui pèse sur eux.
L’objet qui vise la sociologie ne fait donc pas consensus; le débat se retrouve ainsi aussi au sein des
méthodes de la sociologie.

La querelle des méthode oppose l’explication à la compréhension. Elle débouche par la suite
sur une opposition entre la méthode de Durkheim et celle de Weber.
Le premier à faire la distinction entre expliquer et comprendre est J.G.Droysen, historien allemand,
dans Grundrisse des Historiks (1868). Pour lui la compréhension relève de la méthode historique et entre en
opposition avec l’explication qui est au centre des sciences dures comme la physique ou les mathématiques
qui s’appuient sur une démarche de recherche déductive. L’explication met en lumière des relations de
causalité et par conséquent un certain déterminisme social. W.Dilthey, historien allemand, considère que les
sciences sociales doivent disposer d’une méthode propre, reposant sur la compréhension. En effet, les
sciences sociales ayant pour objet l’homme, leurs actions et le fait social ne peuvent se contenter d’une
démarche explicative et déductive propre aux sciences de la nature. Dans la mesure où étudier l’homme,
c’est étudier un être autonome qui dispose d’une certaine manière de se comporter au quotidien et de d’agir
en fonction de ses valeurs et de la représentation subjective qu’il a du monde. Un être de conscience,
rationnelle ne peut donc faire, selon lui, l’objet de relation déterministes. Leur comportement ne peut être
imputé à une relation mécanique, de causalité qui les dépasse. Etudier le fait social c’est donc penser l’action
social comme le résultat d’une globalité d’individu responsables de leurs actes. Dans son héritage, s’inscrit
notamment M.Weber qui prône une démarche compréhensive de la sociologie.
Si toute sociologie requiert une méthode, les démarches et conceptions ne sont pas les mêmes pour
tous les sociologues. Dans Les règles de la méthode sociologique, E.Durkheim adopte une démarche
explicative. En effet, selon lui un principe s’impose lorsque l’on étudie le social. Selon lui, les faits sociaux
doivent être entendu comme des choses; et en ce sens le sociologue doit adopter une démarche similaire à
tout type de scientifique. Cela implique de mettre à l’écart tout type de subjectivité et jugements de valeurs.
Cette conception marque donc une distinction entre l’objectif et les représentations subjectifs. Cette
démarche vise à rechercher des lois pour expliquer les désordres de la société afin de l’améliorer.
Weber, à contre courant adopte une méthode compréhensive. La société selon lui peut se s’étudier comme a
résultante de l’action des individus. Et les individus sont des acteur sociaux intentionnels et non déterminés.
Il établit ainsi des modèles, « types idéaux » pour rendre compte de la réalité sociale.

Pour conclure, dans le contexte de sa création, des débats portent sur la réelle vocation de la
sociologie. Cette dernière étant une science, beaucoup considère que la sociologie doit avoir vocation à
expliquer. C'est-à-dire rendre compte d’une relation de causalité qui détermine la société et ainsi établit des
lois générales. C’est précisément le parti pris de Durkheim : rechercher les causes pour mieux expliquer et
répondre aux maux de la société. En ce sens si la sociologie est comprise en tant que science, et à pour
ambition à se rapprocher des sciences dites dures, elle à pour vocation à expliquer..

Vous aimerez peut-être aussi