Vous êtes sur la page 1sur 23

UNIVERSITE D’ABOMEY-CALAVI

FACULTE DES SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES -


ADJARRA

INTRODUCTION A LA

Semestre 1

Dr Emilia M. AZALOU TINGBE

2023-2024

1
Plan

Introduction

I – De la difficulté de définir les sciences sociales


II – Qu’est-ce-que la sociologie ?
2-1 La sociologie selon quelques auteurs
2-1-1 Auguste Comte
2-1-2 Emile Durkheim
2-2 Champs d'application de la sociologie
III – Sociologie comme science
3-1 La sociologie et son objet d’étude
3-1-1 Le fait social

3-1-2 Individu et société


3-2 - La méthode sociologique

IV - Les grandes divisions de la sociologie

4-1 La morphologie sociale


4-2 La physiologie sociale

V –Concepts fondamentaux de la sociologie

5-1 Les concepts fondateurs de la sociologie


5-2 Autres concepts de la sociologie

5-2-1 Société

5-2-2 Société globale


5-2-3 Groupes sociaux : Définition et classification
5-2-4 Normes
5-2-5 Institution sociale
5-2-6 Stratification sociale
5-2-7 Classes sociales
Conclusion

Références bibliographiques

2
Introduction

La sociologie est née au 19e siècle, bien que ses sujets aient été abordés auparavant par des
auteurs comme Platon et Aristote qui se sont intéressés à l’organisation politique de la
société ; St Augustin, Machiavel, et Khaldun (qui a conçu la théorie du changement social).
Puis des auteurs des XVIIe et XVIIIe siècles comme Hobbes, Spinoza, Rousseau ou
Montesquieu (1689-1755). Ce dernier a édité la théorie du contrôle social. Il annonce dans
son ouvrage « L’esprit des lois » que chaque société est soumise à certaines contraintes, mais
elles laissent un champ d’action et une liberté individuelle, qui sont contrôlés pas 3
institutions (qui les empêchent de se battre ou qui limitent leur liberté): La coutume, la loi, la
religion. Chaque institution est susceptible de pallier les faiblesses des autres.

Comme toutes disciplines scientifiques, la sociologie est un concept difficile à définir. Le mot
sociologie a été employé pour la 1ère fois par Auguste comte pour désigner cette nouvelle
science devant désormais s’occuper des phénomènes de société. L’étude systématique des
phénomènes sociaux étaient apparue tout au long des 18e et 19e siècles comme une nécessité
scientifique. Cette nouvelle Science, qui a fait tant défaut à l’humanité au moment des crises
diverses qu’elle a connues devra s’occuper, de façon primordiale, de la société humaine et
plus concrètement les collectivités que forment les hommes.

En effet, être vivant, l’homme ne peut exister que s’il est immergé dans ses propres espèces,
que s’il est dedans et vit à travers elles. Toutefois, les disciplines qui étudient l’homme,
exception faite de ses dimensions sociales, sont diverses et centrent leur attention sur son
anatomie, sa physiologie, ou sur la structure de son esprit. Face à elles (disciplines) la
Sociologie apparaît comme cette branche de la connaissance dont l’objet est la dimension
sociale de l’homme, le niveau de réalité en rapport avec sa sociabilité innée. La difficulté de
définir la sociologie n’est autre que celle de cerner son propre objet : le fait social.

I – De la difficulté de définir les sciences sociales


La querelle des méthodes porte sur le caractère scientifique des sciences sociales. Elle oppose
à partir de 1880, en Allemagne, l’école historique allemande aux économistes adeptes du
marginalisme. Il s’agit de savoir si les sciences de la culture (les sciences sociales) peuvent
emprunter les méthodes des sciences de la nature ou si elles doivent mettre en place leurs
propres méthodes. Mais, dans ce second cas, peut-on encore, en ce qui les concerne, parler de
science ? Autrement dit, est-il possible de produire des connaissances scientifiques avec

3
d’autres méthodes que celles des sciences de la nature ? Cette querelle aboutit à la distinction
entre « expliquer et comprendre » proposée par Wilhelm Dilthey (Introduction aux sciences
de l’esprit, 1883). Selon lui, il faut en effet reconnaître la différence entre les phénomènes
naturels et les phénomènes sociaux, ces derniers étant dépendants de l’expérience des
individus. Dès lors, les méthodes des sciences de la nature et les méthodes des sciences
sociales doivent elles aussi être différentes. Si « nous expliquons la nature, nous comprenons
la vie psychique » affirme – t – il, il faut donc distinguer : d’une part, une démarche
« compréhensive » qui vise à restituer le sens que les acteurs donnent à leurs actions ; et
d’autre part, une démarche « explicative » qui consiste à rechercher des causalités, voire des
lois, reliant de façon stable des effets à leurs causes. S’il adhère à la nécessité d’une méthode
compréhensive pour la sociologie, Max Weber ne renonce pas pour autant à mettre en
évidence des relations de causalité. Il cherche donc à dépasser la querelle des méthodes en
associant explication et compréhension.

Dans l’article intitulé L’objectivité de la connaissance dans les sciences et la politique


sociale en 1904, il expose les principes méthodologiques suivants :

 Tout d’abord, les sciences sociales appartiennent bien aux sciences de la culture en ce
sens que leur objet est d’étudier les événements de la vie humaine sous l’angle de leur
signification culturelle, et plus exactement selon Max Weber, d’étudier la signification
culturelle de la structure économique et sociale et de ses évolutions historiques.
Chaque science sociale étudie la réalité humaine en adoptant un point de vue
spécifique, et c’est justement ce point de vue spécifique qui permet à chacune d’elles
de produire un examen scientifique de la société. Ainsi, Weber reproche à Marx, non
pas son analyse du capitalisme et des classes sociales, mais son refus de reconnaître
qu’il s’agit d’un point de vue spécifique, et de le matérialisme historique comme la
seule conception possible du monde.

 Ensuite, Max Weber récuse ce qu’il nomme l’illusion positiviste, en l’occurrence la


prétention à établir des lois fondées sur une observation rigoureuse des faits dont on
déduit la réalité. Il considère quant à lui qu’il n’existe en effet aucune loi générale
permettant de décrire la réalité sociale. « La réalité empirique est culture » écrit Max
Weber, parce que nous l’interprétons en nous référant à un système de valeurs. Il
revient alors aux sociologues de choisir dans cette réalité ce qui a une signification
culturelle, pour parvenir à expliquer causalement ce phénomène. On ne doit pas alors

4
perdre de vue qu’il demeure un phénomène singulier, parce que justement lié à des
valeurs et à une période particulière de l’histoire. La recherche de causalités n’est en
effet jamais une fin en soi pour les sciences de la culture, comme elle l’est dans la
recherche des lois de la nature. Elle est un moyen de saisir des causalités concrètes
entre un phénomène et une cause. Si le lien est observé une fois, il est donc possible
qu’il existe, mais comme il doit être rapporté à un système de valeurs, cette possibilité
n’est qu’une probabilité, jamais une certitude. Dès lors, le problème que Max Weber
doit encore traiter à ce stade de sa réflexion est celui de l’objectivité du sociologue et
du caractère scientifique de ses observations. Celles – ci étant relatives au contexte
dans lequel elles sont réalisées, cela peut laisser penser que le résultat de l’observation
sociologique est alors entièrement subjectif, c’est-à-dire en d’autres termes, que les
sciences de la culture ne parviennent pas à atteindre la vérité scientifique. Mais, Max
Weber rejette cela. Il considère en effet que c’est la rigueur de la démarche, qui permet
aux sociologues de faire œuvre de science en mobilisant les critères de la vérité
scientifique.

 Il faut donc construire des concepts qui distinguent les sciences de la culture des
sciences de la nature, ce que fait Max Weber avec la notion d’idéal – type, notion qu’il
propose pour parvenir à faire le lien entre une causalité historique et un fait singulier.
Il s’agit d’une abstraction construite à partir d’une observation de la réalité « en
accentuant unilatéralement un ou plusieurs points de vue et en enchaînant une
multitude de phénomènes donnés isolément, diffus et discrets (…) choisis
unilatéralement pour former un tableau de pensée homogène ». L’idéal type n‘est pas
la réalité mais une forme synthétique tirée de cette réalité. Elle ne doit pas être une
moyenne mais justement un type idéal, dont les individus qui ont vécu à l’époque
observée n’ont pas eu nécessairement conscience. La construction de l’idéal type
réclame que le chercheur applique une neutralité axiologique, c’est-à-dire qu’il
s’abstienne d’une part de tout jugement de valeurs, et qu’il établisse un rapport aux
valeurs qui consiste à considérer celles – ci comme des faits à analyser.

L’ensemble de ces principes aboutit à la définition de la sociologie et à la méthode


compréhensive. La définition proposée par Max Weber est ainsi la suivante : « la sociologie
est une science qui se propose de comprendre par interprétation l’activité sociale, et par là
d’expliquer causalement son déroulement et ses effets ». Sachant qu’il faut entendre par
activité sociale : « Toute activité qui, d’après son sens visé, par l’agent ou par les agents, se
5
rapporte au comportement d’autrui, par rapport auquel s’oriente son déroulement ». La
sociologie de Max Weber est une sociologie individualiste. L’activité d’un individu est
sociale, parce que celui -ci lui donne un sens subjectif déterminé par sa relation aux autres
membres de la société. C’est ce sens subjectif qui permet en général d’expliquer l’action de
cet individu. Chez le sociologue allemand, les parties (les activités sociales au sens subjectif)
vont permettre de comprendre le tout (la société).

II – Qu’est-ce-que la sociologie ?
La sociologie est l'étude des relations, actions et représentations sociales par lesquelles se
constituent les sociétés. Elle vise à comprendre comment les sociétés fonctionnent et se
transforment. Elle s'intéresse aux :

 Rapports individus-société

 Parcours de vie

 Actions sociales tels le travail, la science, les mouvements sociaux

 Groupes sociaux tels les familles ou les réseaux d'amis

 Organisations telles les écoles ou les entreprises

 Sociétés entières dans leurs aspects culturel, technologique, économique, politique

 Enjeux planétaires tels la migration internationale ou l'environnement

2-1 La sociologie selon quelques auteurs

2-1-1 Auguste Comte


Émile Durkheim, le père de la sociologie française, est directement influencé par le Cours
de philosophie positive (1830 -1842) d’Auguste Comte, dont l’un des objets est de développer
une science positive des phénomènes sociaux, d’abord baptisée « physique sociale », avant de
prendre plus tard le nom de sociologie. La démarche de Comte est une démarche inductive, en
d’autres termes, la science doit partir de l’observation des faits (et non pas d’hypothèses) pour
extraire des lois. Il considère en effet que toutes les connaissances humaines passent par trois
états, qui décrivent l’évolution et les progrès de l’esprit humain : un stade théologique où
l’on explique la réalité comme conséquence de la volonté d’agents surnaturels ( Zeus ou
Jupiter ) ; un stade métaphysique dans lequel les agents surnaturels sont remplacés par des
6
abstractions ( par exemple, l’âme en psychologie) ; un stade positif qui consiste à admettre
que la connaissance de l’origine de l’univers est inaccessible, et qu’il faut dès lors se
concentrer sur la recherche de lois établies par les faits. Si toutes les sciences doivent accéder
à l’état positif, elles n’y accèdent cependant pas toutes en même temps. Les mathématiques et
l’astronomie ont ainsi été les premières à l’atteindre, avant d’être rejointes par la physique, la
chimie et la biologie. Ce n’est pas encore le cas pour la sociologie au moment où écrit
Auguste Comte.

C’est à partir de la 47ème leçon de son cours de philosophie positive, qu’il s’attache à la
construction de la sociologie en tant que science positive des phénomènes sociaux. Pour cela,
il considère que la biologie est un modèle pour la sociologie. Les phénomènes sociaux doivent
en effet être observés avec la même rigueur et dans le même but que les phénomènes naturels.
Mais les deux sciences ne peuvent néanmoins pas se confondre, en raison de l’importance,
selon Auguste Comte, de la place de la psychologie dans les choix et les comportements
individuels. La psychologie empêche la sociologie de prendre appui sur l’observation d’un
individu, pour déduire les caractéristiques de l’espèce à laquelle il appartient, contrairement à
ce que la biologie peut faire couramment. La sociologie doit alors parvenir à se différencier de
la psychologie, celle – ci ne permettant pas à une observation fiable des comportements. Elle
interdit en effet l’énonciation de lois générales, parce qu’il y aurait d’après Comte, autant de
points de vue que de psychologues. Il fait donc la promotion d’une sociologie holiste. Pour
lui, la société n’est pas réductible à la somme des individus qui la composent.

Il existe ainsi ce qu’il nomme une autonomie de la sociologie, c’est-à-dire la nécessité


d’adopter une méthode d’analyse particulière. Il convient donc que l’expérimentation est
impossible dans le cas des phénomènes sociaux et défend une méthode fondée l’observation.
Il distingue la méthode comparative synchronique et la méthode comparative diachronique :
la comparaison synchronique consiste à comparer les différents états des sociétés humaines à
un moment donné ; la comparaison diachronique est une comparaison historique qui consiste
à prendre en compte les états successifs qu’a connu l’humanité. Si Auguste Comte est
incontestablement le premier penseur de la sociologie, il est cependant impossible de
considérer que la sociologie s’est constituée avec lui comme une discipline à part entière.

2-1-2 Emile Durkheim


Héritier d’Auguste Comte, Émile Durkheim a la volonté de faire de la sociologie une
discipline académique autonome, ce qui suppose, comme pour toute science, de définir son
7
objet et sa méthode. Dans son ouvrage intitulé : Les règles de la méthode sociologique ,
Durkheim énonce cinq règles :

1. La sociologie est l’étude des faits sociaux. Les faits sociaux se définissent comme des
« manières d’agir, de penser et de sentir, extérieures à l’individu et qui sont douées
d’un pouvoir de coercition en vertu duquel ils s’imposent à lui ». Par cette définition,
il s’agit pour le sociologue de distinguer parmi les conduites humaines, celles qui
relèvent de l’analyse sociologique et celles qui n’en relèvent pas. N’en relèvent pas les
phénomènes organiques qui répondent aux nécessités de la nature ; n’en relèvent pas
davantage les phénomènes psychiques qui n’existent que dans la conscience
individuelle et n’ont donc pas de dimension collective. Le fait est social parce qu’il
n’entre dans aucune de ces deux catégories. Il est également social par la contrainte
qu’il exerce. Elle concerne les conduites que la société dicte en quelques sorte à
l’individu sous la forme de règles à respecter, qui encadrent les relations entre les
personnes. Il en est ainsi par exemple, de la place et du rôle de chacun dans la famille
ou dans la société.

2. Il faut traiter les faits sociaux comme des choses. Sans ambiguïté, les faits sociaux ne
sont pas des choses au sens matériel du terme. Ils le sont parce qu’ils ne sont pas
immédiatement saisissables pour l’intelligence, ce qui suppose que l’esprit sorte de
lui-même « par voie d’observation et d’expérimentation » écrit Durkheim. Les faits
sociaux sont des choses au sens où ils ne sont pas immédiatement « classés dans telle
ou telle catégorie du réel » écrit -il encore. Pour y parvenir, il faut pratiquer une
rupture épistémologique au sens de Bachelard, c’est-à-dire « écarter de la science
toutes les prénotions ». Celles – ci correspondent aux idées préconçues, que chacun a
selon la place qui est la sienne dans la société, sur les phénomènes collectifs tels que
l’État, la famille, la justice, la violence...Elles reposent sur des impressions, voire des
illusions, en aucun cas sur des preuves. Les prénotions produisent « des notions
confuses, mélanges indistincts d’impressions vagues, de préjugés et de passions ».

3. La primauté de la méthode statistique. Les statistiques font apparaître des régularités


qui échappent aux consciences individuelles. Elles saisissent donc les faits sociaux en
tant que faits, concernant l’ensemble de la population, indépendamment des
motivations et des décisions des individus qui la composent. Christian Baudelot et
Roger Establet (Durkheim et le suicide, 1984) vont même jusqu’à inverser le

8
raisonnement, puisque selon eux, un fait est « un ensemble d’actions humaines dont la
trace sur un appareil d’enregistrement présente une certaine régularité ».

4. Il faut distinguer le normal du pathologique. La méthode statistique permet de calculer


une moyenne que Durkheim considère comme le signe de la normalité : « un fait
social est normal (…) Quand il se produit dans la moyenne des sociétés ». Dès lors,
toute variation par rapport à la moyenne devient le signe d’une pathologie du social, ce
qui revient à considérer littéralement que la société est malade et que le rôle du
sociologue est de la « soigner ». L’écart à la moyenne est donc le témoin d’une crise
sociale.

5. La cause des faits sociaux doit être recherchée dans les autres faits sociaux. Emile
Durkheim affirme ainsi que pour « expliquer un phénomène social, il faut chercher
séparément la cause efficiente qui le produit et la fonction qu’il remplit ». En effet, si
l’on ne respecte pas cet ordre, on risque de confondre la cause et les conséquences. La
fonction doit alors être recherchée « dans le rapport qu’il [le fait social] soutient avec
quelque fin sociale ». Par exemple, la division du travail a pour fonction de produire la
solidarité entre les membres de la société, mais on ne peut pas dire que le travail s’est
divisé pour créer lé solidarité. La cause de la division du travail est nécessairement un
autre fait social, en l’occurrence chez Durkheim, la croissance démographique. De
même, si les crimes sont punis parce qu’ils offensent les sentiments collectifs, ils ont
pour fonction d’entretenir ces sentiments. Durkheim explique donc le « social « par le
« social » ce qui évite le psychologisme.

2-2 Champs d'application de la sociologie


La sociologie est une discipline, à savoir, un ensemble de méthodes d'observation, de
manières de penser et de cadres d'analyse en évolution qui s'applique à une gamme illimitée
de phénomènes sociaux, dont :

 L'identité et la citoyenneté

 L'intégration sociale et la discrimination

 La migration des populations

 Les stratégies d'existence dans les pays en voie de développement

 La transformation des mœurs sociales

9
 La biotechnologie et d'autres nouvelles technologies

 La renaissance de la religion

 Les transformations dans les conditions de travail

 La santé publique

 La croissance des inégalités sociales

 Les rapports entre le privé et le public

 Les vogues, la mode, la culture populaire

Que font les sociologues ?


La collecte et l'analyse des informations pouvant contribuer au changement social :

 Synthèse documentaire

 Entretiens

 Questionnaires

 Sondages

 Récits de vie

 Études de cas

 Groupes de discussions (focus group)


 Analyses statistiques

 Analyse de discours

 Évaluation de programmes et de politiques

 Études de besoins

 Coordination de projets

 Consultation

 Rédaction de rapports

 Enseignement postsecondaire

 Publication d’articles et d'œuvres scientifiques

10
III – Sociologie comme science
La science se définit par son objet d’étude et sa méthode.

3-1 La sociologie et son objet d’étude


3-1-1 Le fait social

L’objet d’étude de la sociologie est, selon Durkheim, le fait social. Il apparaît être ce qui ne
dépend en rien des volontés individuelles. Les individus sont soumis à une logique nécessité
qui leur est extérieure. Sauf exception, ils ne peuvent prétendre modifier les formes
complexes dans lesquelles s’insère tout comportement humain qu’étudie le sociologue. Dans
son ouvrage intitulé Essais de sociologie, Marcel Mauss soutient que l’individu est contraint
de s’y conformer « tantôt c’est la loi même qui l’y contraint ou la coutume tout aussi
impérative que la loi » (P.11). Le fait social qui se veut rationnel, transcende les individus. Il
est alors une réalité objective extérieure à la conscience individuelle. Le fait social a trois
caractéristiques majeures :

1e la généralité : le fait social traduit la généralité, c’est donc un fait général quand bien
même cette généralité est limitée à la société en étude ;

2e l’extériorité : le fait social est extérieur à l’individu, une extériorité qui implique la
contrainte ;

3e La coercition : le fait social est un fait contraignant et coercitif

Comme l’explique E. Durkheim, « Est fait social toute manière de faire, fixée ou non,
susceptible d’exercer sur l’individu une contrainte extérieure ; ou bien encore qui
est général dans l’étendue d’une société donnée tout en ayant une existence propre
indépendante de ses manifestations individuelles ».

3-1-3 Individu et société


La sociologie s’intéresse aux individus en tant qu'être socialisés, appartenant à des groupes
sociaux en relation entre eux. Son champ d’étude s’inscrit dans l'analyse des manières de
vivre, de penser, les croyances, la constitution et la diffusion des connaissances, des savoirs,
les comportements et actions humaines. L’influence entre société et individu se traduit selon
deux conceptions sociologiques complémentaires :
• Pour Durkheim in De la division du travail social (1893), dans un contexte
d’industrialisation, d’exode rural, donc, de désorganisation des solidarités, la société

11
évolue de la solidarité mécanique à la solidarité organique et engendre de ce fait,
l’individualisme. Il l’a illustré dans Le suicide (1897) en y démontrant que l'acte qui
paraît le plus individuel, a des causes sociales.
• Pour Weber, la relation entre le développement du capitalisme et l’Ethique protestante
explique le changement social : L'homme doit faire son salut sur terre, le signe de cette
élection est sa réussite sociale, professionnelle. Il est sur terre pour produire et non pour
profiter ». (L'éthique protestante et l'esprit du capitalisme, (1904-1905)). L’individu
dispose des capacités nécessaires pour assurer sa vie dans la société.

3-2 - La méthode sociologique

La sociologie s’appuie sur quatre règles pour tenter d’expliquer les interactions humaines.

– La règle de la totalité : Il faut replacer un fait social dans son contexte, et reprendre la
totalité des relations significatives qui peuvent aider à l’étude de ce fait social. (ex :
enseignement sup’ → débouchés, marché du travail, diplôme, impôts…)

– Les faits sociaux doivent être considérés comme des choses : Il faut reconnaître le même
degré de réalité aux faits sociaux qu’aux choses, adopter une certaine attitude mentale car les
faits sociaux sont porteurs de passions et d’émotions. Se méfier des préjugés et de son
expérience personnelle. Se mettre dans un état d’ignorance (la règle de l’ignorance
consciente).

– La cause d’un fait social doit être cherchée dans d’autres faits sociaux :
Les causes des faits sociaux ne peuvent être d’une autre nature que sociale, et pas
psychologique, géographique ou biologique. DURKHEIM a précisé la position de la
sociologie : - les états psychologiques sont les conséquences, jamais les causes ; - les
changements psychologiques ne peuvent être à l’origine des changements sociaux car des
changements ne peuvent se produire à partir d’éléments stables ; - Les faits sociaux ne
peuvent pas s’expliquer uniquement par leur but.

– La Règle de la construction du fait


Les faits sociaux ne sont jamais terminés, ils se modifient constamment. Il y a donc un risque
que le sociologue apporte une connaissance qui n’a plus qu’une valeur historique. Il n’est pas

12
possible pour le sociologue d’expérimenter les hypothèses, il faut utiliser les expériences
virtuelles, analyse comparative et l’analyse longitudinale (informations venant des acteurs, de
l’observation, des sources documentaire). La sociologie est immergée dans son objet même, la
société.

Les trois moments de l'analyse sociologique sont :


- la compréhension : Reconstruire le sens visé par l'acteur
- l’interprétation : " organiser en concepts le sens subjectif"
- l’explication : " mettre à jour les régularités des conduites", en se fondant sur les lois
en sociologie.
En effet, les lois sociologiques sont dictées par le déterminisme des faits sociaux. Il s’agit
notamment des constances dont font état les phénomènes sociaux dans leur manifestation et
dans leur explication causale. C’est dire que les faits sociaux se fondent sur le critère de
causalité et ne peuvent se produire au hasard. Il ne s’agit donc pas de lois comme celles
physiques ou autres mais des lois sociales spécifiques aux faits sociaux et à la société au sein
de laquelle se justifie leur existence.

L’examen du fait social implique que le sociologue distingue la sphère de l’opinion des
préjugés, des passions de tout genre exprimées dans la société. Etudier l’homme en société,
c’est ne pas s’attacher au niveau superficiel c’est-à-dire à l’explication que l’homme donne de
lui-même. L’extériorité de la sociologie suppose qu’il abandonne le terrain de l’idéologie.

IV - Les grandes divisions de la sociologie

Il n’y a dans une société que deux ordres de réalité :

- le groupe qui traduit la forme ou la structure d’une part ;

- la représentation et les mouvements de ce groupe c’est-à-dire les faits de fonctionnement


d’autre part.

Autrement dit il y a d’un côté les phénomènes sociaux (des nombres déterminés d’individus
de tel ou tel âge à telle ou telle époque à tel ou tel endroit) et d’un autre côté les idées et les
actions de ces hommes communes à ces derniers.

L’étude de ces structures matérielles est appelée la morphologie sociale tandis que celle des
structures en mouvement c'est-à-dire leur fonctionnement relève de la physiologie sociale.

13
4-2 La morphologie sociale
Elle a pour objet ce qu’E. Durkheim appelait le « substrat » des groupes sociaux c'est-à-dire :

- leurs bases géographiques par où elles se rapprochent de la géographie humaine et


de ce que les sociologues américaines entendent par "écologie sociale" ou de
l’interdépendance entre les groupes sociaux humains et leur habitat leur environnement
naturel ;
- le volume et la densité des populations qui le constituent, sa répartition sur le sol
(dispersion ou concentration), ces modifications (natalité – mortalité – migration) par où
elle se rapproche de la démographie.
Ces phénomènes morphologiques affectent souvent l’ensemble de la vie sociale. On a montré
par exemple qu’il existe des peuples à morphologies saisonnières tels que les sociétés
d’esquimaux concentrées en hiver dans les igloos (hutte de neige dans les régions solaires)
comprenant plusieurs familles mais dispersées en été dans des tentes familiales et qui à ces
deux formes de groupes correspondent deux systèmes juridiques deux morales, deux sortes
d’économies politique et religieuse.

En un mot, la morphologie sociale étudie le groupe en tant que phénomène matériel.

4-2 La physiologie sociale

C’est l’étude à la fois des faits matériels en mouvement et des faits de société de même que
des faits relatifs à la vie matérielle et morale. Ces faits peuvent être regroupés en deux
catégories :

- les actes sociaux, ou pratiques sociales ou institutions sociales ;


- les idées et sentiments collectifs qui correspondent à ces actes ou qui sont tout au
moins l’objet de croyance collective.
A ces divisions des faits correspondent une division de la physiologie des actes et une
division de la physiologie des représentions.

D’une manière générale la physiologie sociale a pour objet les faits de fonctionnement.

14
Structure I- Morphologie sociale

(Groupes)

Sociologie

Faits de fonctionnement

(Actes, Représentations) II- Physiologie sociale

Physiologie des actes Physiologie

des représentations

La sociologie économique, la sociologie politique, la sociologie juridique et morale, la


sociologie religieuse, la sociologie des connaissances, la sociologie des luttes de classe, la
sociologie des idéologies, la sociologie de la culture, la sociologie esthétique, la sociologie de
l’éducation, la sociologie industrielle, la sociologie de la police, etc. sont des branches d’étude
relevant de la physiologie sociale.

- La sociologie de l’éducation : c’est l’étude des relations et des systèmes de relation dans
une société donnée quelle qu’en soit sa nature et d’autre part les institutions et les pratiques
par lesquelles les enfants de cette société sont socialisés. On distingue l’éducation physique,
l’éducation morale, mentale etc.

- La sociologie des loisirs : étude des comportements et des motifs de comportements dont
font preuve les travailleurs quelle que soit leur place dans la production autant qu’ils soient
dans leurs préoccupations régulières, de leur métier pour se distraire, se reposer ou ne rien
faire. Le loisir n’est pas l’oisiveté ni le chômage. Il implique :

o la rupture avec la situation de travail


o un choix en apparence libre
o le caractère désintéressé, il est la réalisation d’un certain idéal par l’engagement de sa
personnalité ;

15
- La sociologie religieuse : c’est l’étude sociologique des formes visibles des activités
religieuses humaines. (E. Durkheim dans les « Formes élémentaires de la vie religieuse ») ;
- La sociologie de la littérature : c’est l’étude sociologique de l’influence de la littérature sur
les religions, les mœurs, les lois etc. En mot sur les groupes sociaux.
- La sociologie politique : étudie un fait social particulier, le fait politique. La
sociologie politique place la politique comme objet de science sociologique. Elle est de
nos jours considérée comme la science de l’Etat ou la science du pouvoir.
- La sociologie du droit : le droit est l’ensemble des règles obligatoires déterminant les
rapports sociaux imposés à tout moment par le groupe auquel on appartient. La
sociologie du droit s’efforce dans le cadre de la Sociologie Générale de découvrir les
lois du droit, les lois causales qui expliquent la genèse, le développement, la situation
des systèmes et institutions. Selon Armand Cuvillier, la sociologie juridique aurait pour
tâche de déterminer le fait juridique, d’étudier la genèse des règles juridiques,
d’analyser les missions fondamentales du droit public et d’examiner l’évolution de ces
missions.
- La sociologie économique : elle intervient dans les décisions collectives d’ordre
économique laissant le soin aux historiens le choix de se pencher sur le passé. Elle est
au premier chef, une prospection du présent pour mieux assurer le futur. Elle consiste
entre autres fonctions d’expérimenter des modèles économiques pour une
transformation de proche en proche, des modalités, des actions collectives ;

V –Concepts fondamentaux de la sociologie

5 -1 Les concepts fondateurs de la sociologie

Deux grands concepts posent les bases de la réflexion sociologique. D’une part, le concept
de culture et, d’autre part, le concept de rôle et statut.

 La culture

C’est un terme polysémique (plusieurs sens). En sociologie, la culture d’une société est
déterminée par trois états :
- l’état sauvage
- l’état barbare
- l’état de civilisation.
16
 Positions sociales : rôle et statut

La forme la plus élémentaire de différenciation interne que nous trouvons dans le groupe est
la diversité des positions occupées par les individus qui en font partie. De ce fait, il est
possible de décrire le statut d’un groupe surtout s’il est primaire et restreint en déterminant le
nombre, la répartition, le caractère et les limites des positions qui les composent. En effet
toute position seule possède deux aspects fondamentaux qui sont : le rôle et le statut.

Qu’appelle t- on rôle ?

Le rôle peut se définir comme l’ensemble cohérent d’activités normativement effectuées par
un sujet. Le rôle du médecin par exemple est l’ensemble cohérent d’activités qu’il exerce dans
le cadre de sa profession. Le rôle de père est simplement ce qui s’appelle "faire le père" etc.
Une caractéristique fondamentale de ces rôles est qu’ils ne sont pas uniques pour chaque
individu. Chaque individu a une série de rôles qu’il doit mettre en jeu et qui sont en principe
mutuellement compatibles. Un homme peut être en même temps maçon – fils – syndiqué-
fidèle d’une secte religieuse – avoir une responsabilité dans un club sportif de sa localité et
être membre d’un parti politique. Tous ces rôles non seulement peuvent être compatibles bien
que différents, mais dans certaines sociétés quelques uns d’entre eux peuvent être liés. Ainsi
la grande majorité des maçons d’un certain nombre de pays peuvent être syndiqués et par là
votent pour un parti politique donné.

Ralph Linton qui a introduit le concept de rôle en sociologie l’a distingué d’une autre position
c’est- à- dire d’un autre aspect de position sociale : le statut.

Qu’est ce donc que le statut ?

Le statut peut être interprété comme l’ensemble des droits et des devoirs qu’un individu
possède dans le cadre de sa société. Plus exactement le statut implique une réciprocité de
conduite entre deux ou plusieurs personnes.

Ainsi un professeur qui peut jouir d’un moindre prestige parmi ses étudiantes et ses collègues
continue d’avoir le statut que sa charge universitaire lui confère et il attend de sa relation
professionnelle un titre de conduite différente de la part des étudiants, de ses subordonnés et
des employés de sa faculté.

17
En un mot, le statut représente l’aspect statique des relations sociales, l’image sociale que l’on
a de celui qui occupe la position en question tandis que le rôle peut être saisi comme l’aspect
dynamique de ses positions puisqu’il n’est que pures actions sociales.

5-2 Autres concepts de la sociologie

5-2-1 Société

La société est un ensemble d’hommes ou d’individus vivant sous des lois communes. Chaque
unité sociale est attachée aux autres par un lien commun. Les hommes d’une société ne
sauraient se passer d’une certaine représentation de leur nombre, c’est- à- dire d’un ensemble
de repères identificatoires et de vecteurs chargés d’interdits, de permis, d’espoir, de
résignation qui les lient entre eux ou les relient, qui les légitiment dans leurs pratiques et qui
les organisent jusqu’à leurs imaginaires.

5-2-2 Société globale


Elle est le phénomène social le plus vaste, le plus important et le plus riche de contenu. C’est
le sociologue français George Gurvitch qui a le plus insisté sur ce concept en sociologie.
Dans son ouvrage intitulé vocation actuelle de la sociologie, Gurvitch le définit comme le
macrocosme des macrocosmes possédant une souveraineté sociale sur tous les ensembles², sur
tous les éléments composants qui y sont intégrés et une souveraineté juridique délimitant la
compétence de tous les graphiques y compris l’Etat. C’est dire que la société globale prend en
compte tous les aspects de la vie du groupe.

5-2-3 Groupes sociaux : Définition et classification


Les groupes sont des données centrales pour la sociologie qu’on a pu définir en effet comme
la science des groupes humains. Comme l’affirme Henrique TIERNO dans Conocimiento y
Ciencias sociales, le groupe « est la structure sociale initiale observable pour la sociologie »
(P137). D’une manière générale, le groupe au sens sociologique est l’ensemble des personnes
réunies en fonction d’un critère quelconque qu’ils ont voulu, connu, subi ou encore extérieur
et connu du seul observateur.

Les groupes ont pour termes communs des individus, mais peuvent également être constitués :
- de systèmes d’idées, de croyances
- d’ensembles de techniques

18
- de rapports avec des moyens de production.
On peut classer les groupes par :

-leurs fonctions manifestes (groupe familial, éducatif, économique, politique, religieux)

-leurs caractères de fait ou d’intention

-groupes primaires et secondaires

- leur caractère ostensible ou secret, ouvert ou fermé, simple ou complexe, vertical ou


horizontal

-Groupe d’appartenance (individus qui alignent leur conduite sur les normes d’un autre
groupe) et de référence (groupe sur les normes duquel un individu aligne sa conduite).

La classification la plus habituelle oppose le groupe primaire au groupe secondaire.

Le groupe primaire est défini comme ensemble de personnes, communicant entre elles
directement, de nombre restreint, et constitué par hasard ou intentionnellement. Ce terme de
groupe primaire est employé pour caractériser des groupes qui ont une importance particulière
dans la vie affective des individus. Exemple : la famille

Parlant de l’accusé et son avocat, du juge et du procureur, il affirme que cet ensemble ne peut
constituer un groupe car ce qui se passe dans ce petit groupe est indépendant de la
personnalité des différents individus et se trouvent codifier par des règles juridiques strictes à
respecter sous peine de sanction. Les relations entre les individus de ce groupe sont dites
secondaires.

- Mécanismes de pression : l’individu et le groupe

Les mécanismes de la pression qu’exerce le groupe sur l’individu sont de divers types.

1- L’imitation
L’imitation est considérée par TARDE comme le facteur fondamental des fonctions sociales
et que l’on décompose de nos jours en plusieurs sous- facteurs : l’apprentissage, réaction
identique de plusieurs individus face à une même situation.

2- La sujétion
Principalement celle par laquelle l’individu croit ou fait ce qu’on lui dit (réaction au prestige
par ex)

19
3- La facilitation sociale
L’individu réagit mieux en groupe qu’individuellement dans des domaines divers tels que le
travail scolaire : cette amélioration à été expliquée par l’aspect de la compétition.

4- D’autres mécanismes tels que le conformisme


L’effet inhérent à la pression du groupe est qu’elle entraîne des modifications dans les
processus psychologiques de l’individu : par exemplea

 Sur ses motivations : l’individu tend à intérioriser les motivations du groupe


s’explique par la communauté des motifs déterminées chez plusieurs individus.
 Sur les attitudes : on peut classer les attitudes en "in group" (attitudes modelées sur
les normes de groupe) et en "out group" (attitudes opposées aux normes de groupe)
 Sur la perception : Enfin si le phénomène de groupe s’explicite dans l’action seule,
en réalité les groupes comme tout phénomène du domaine social peuvent se concevoir
comme des systèmes d’actions.

5-2-4 Normes
On appelle norme tout comportement conforme aux attentes d’un groupe social donné. Est
normal un état d’équilibre avec le milieu, prend la place qui lui est propre, réalise sa
perfection, son acte.

Les règles que se fixe un groupe dans la réalisation de ses idéaux prennent en elle-même une
valeur et partant une stabilité.

La manière d’adresser la parole à quelqu’un, la détermination de celui qui doit saluer le


premier qui doit serrer la main ou ne pas serrer, font partie d’un système de règles appelées
normes.

L’institutionnalisation des normes s’effectue par acceptation ou l’intériorisation des valeurs


socialement admises mais aussi s’expliquent par l’observation de certaines sanctions : la
police, la magistrature, un conseil de discipline dans une école, les procédures d’exclusion
dans une association sont autant d’appareils destinés à faire respecter les normes et à faire
appliquer les sanctions.

Les normes varient selon les époques, les rôles et les groupes

20
Par rapport aux rôles, les normes déterminent la manière dont les rôles doivent être exécutés.
Chaque rôle constitue un stade normatif.

Par division aux statuts : c’est l’acceptation des normes qui régit l’existence sociale.

Ex : le degré de respect que les enfants doivent témoigner aux parents.

Par ailleurs il est bon de préciser que toutes les normes n’ont pas le même poids et ne sont pas
intériorisées de la même manière. Parlant de la société française, Mendras en donne l’exemple
du mariage : « que la femme prépare le petit déjeuné de son mari n’est pas du même ordre que
la fidélité conjugale. Chaque couple se crée des normes propres : dans tel couple il sera
considéré scandaleux pour le mari de sortir seul. Dans un autre au contraire ce sera tout à fait
normal… ».

5-2-5. Institution sociale


Une institution est un ensemble de normes qui s’appliquent dans un système social et qui
définissent ce qui est légitime et ce qui ne l’est pas dans ce système.

En d’autres termes c’est un ensemble d’idées, de croyances, que les individus doivent se
donner dans un système de société bien déterminée.

Pour beaucoup de sociologues, chaque institution a sa charte liée aux principes moraux et
juridiques du groupe social concerné. Toute institution a donc ses normes, ses activités
propres, ses matériels, son personnel.

Toutes ces notions expliquent celles des fonctionnements en ce sens que l’institution est
destinée à satisfaire un besoin.

Exemple : le mariage, la famille, l’école, la religion etc.

5-2-8 Stratification sociale


Dans une société, les individus ne jouissent pas toujours des mêmes conditions de vie.
Certains individus reçoivent plus que d’autres les bienfaits que la collectivité peut distribuer.

Exemple : la fortune, la puissance, la gloire.

C’est le cas dans certaines sociétés où les robustes physiquement ont la chance d’accéder
au sommet de la hiérarchie sociale. Ailleurs ce sont les plus doués intellectuellement. Dans
beaucoup d’autres, les femmes les plus belles, les plus élégantes ou les plus appréciées

21
moralement sont plus viables etc. On est donc amené à penser qu’il doit être possible de
regrouper les membres d’un groupe en différentes catégories hiérarchisées. C’est ainsi qu’on
peut parler de stratifications comme le font les géologues.

La stratification sociale est l’étagement des conditions faites aux individus d’une société
donnée, d’un système précis. C'est-à-dire que la série des strates résultant des
différences sociales, les individus d’une même strate se trouvent de ce point de vue
approximativement au même niveau social

En somme, la stratification sociale se ramène à la disposition des couches sociales d’une


société globale distinguée en des strates ou divisions spécifiques liées aux problèmes
géographiques, politiques et économiques mais en relation globale avec ceux-ci.

5-2-9 Classes sociales


Ce sont les éléments de la stratification dans les sociétés où les catégories hiérarchiques ne
sont pas institutionnalisées comme c’est le cas dans le système de caste. Pour Marx, la classe
se définit par sa place dans le processus économique et par le fait que ses membres ont en
commun certains caractères (mode de vie, intérêts) et par la conscience de classe. Les classes
sont antagonistes et la lutte des classes est le principal moteur de l’évolution sociale jusqu’au
moment où le prolétariat qui est seul capable d’avoir une conscience scientifique de cette
évolution abolira le système de classe.

Enfin, une classe sociale est un groupement d’Hommes qui se définit par la place qu’ils
occupent et le rôle qu’ils jouent dans la production économique de leur société.

ers le groupe des pairs. La socialisation secondaire se fonde sur les acquis de la socialisation
primaire, les prolonge et éventuellement les transforme. Elle permet aux adultes de s’intégrer
à des groupes spécifiques (travail, association, parti politique…) ; chaque individu est ainsi
socialisé aux différents rôles sociaux et aux statuts qui seront les siens au cours de sa vie. Si
elle est particulièrement intense pendant l’enfance, la socialisation n’est donc jamais achevée,
ses résultats sont provisoires et toujours susceptibles d’être remis en question.

Conclusion

22
Références bibliographiques

- Aron Raymond, Les étapes de la pensée sociologique


- Balandier Georges, Sociologie actuelle de l’Afrique Noire, Paris, PUF, 1995
- Boudon Raymond, La place du désordre, critique des théories du changement social,
Paris, PUF, 1984, coll. »Sociologie »
- Durand Jean-Pierre et Well Robert (Sous la direction de), Sociologie contemporaine,
Paris, Vigot, 1990
- Durkheim Emile, Le Suicide
- Durkheim Emile, Les règles de la méthode sociologique, Paris, PUF, 1983
- Gurvitch Georges, La vocation actuelle de la sociologie
- Gurvitch Georges, Traité de sociologie
- Mauss Marcel, Sociologie et Anthropologie, Paris, PUF, 1977
- Robert Nisbert, La tradition sociologique, Paris, PUF, 1993

23

Vous aimerez peut-être aussi