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Max Weber et la « Sociologie compréhensive »

La sociologie compréhensive est une approche de la sociologie qui a été développée par Max Weber,
un sociologue allemand du début du XXe siècle. Cette approche se concentre sur la compréhension
subjective des actions et des comportements sociaux.

Selon Weber, les sociologues doivent essayer de comprendre comment les individus voient et
interprètent le monde qui les entoure. Il a ainsi développé le concept de Verstehen, qui peut être
traduit par "compréhension" ou "interprétation". Le Verstehen implique que les sociologues doivent
prendre en compte les significations et les motivations qui sous-tendent les actions des individus,
plutôt que de simplement observer des comportements objectifs.

Weber Vs. Durkheim

Max Weber se distingue d’Émile Durkheim, en s’intéressant d’abord à la manière dont l’individu
évolue dans la société. À la différence de l’approche « totale » du leader de l’École française, le
sociologue allemand privilégie un questionnement central : quelles significations accordent les
individus aux institutions sociales ? Si la sociologie a bien pour objet l’étude des structures
collectives, elle se doit aussi « de comprendre par interprétation » l’activité sociale.

Durkheim a développé une approche sociologique qui repose sur l'observation empirique et la
mesure des phénomènes sociaux, tandis que Weber a privilégié une approche plus compréhensive,
qui vise à comprendre les motivations et les significations subjectives des individus. En d'autres
termes, Durkheim croyait que les phénomènes sociaux pouvaient être étudiés scientifiquement en
utilisant des méthodes quantitatives, tandis que Weber considérait que les phénomènes sociaux
devaient être compris dans leur contexte culturel et historique.

En ce qui concerne la question de l’individu, pour Durkheim, les individus sont en grande partie
déterminés par leur environnement social, et il a insisté sur le rôle de la société dans la formation de
l'identité individuelle. Pour Weber, les individus ont une certaine autonomie et peuvent agir de
manière rationnelle en fonction de leurs propres objectifs et de leurs valeurs. Il a donc accordé plus
d'importance à l'individu que Durkheim.

Importance de la religion

Pour Weber, la religion est un phénomène social complexe, c’est un facteur important qui influence
la vie sociale, politique et économique d'une société.

Dans son livre "L'éthique protestante et l'esprit du capitalisme", Weber étudie la manière dont les
croyances religieuses des protestants ont influencé le développement du capitalisme.

Weber a suggéré que le protestantisme, en particulier le calvinisme, avait favorisé l'émergence du


capitalisme en valorisant le travail acharné, l'accumulation de richesses et la recherche du profit.
L'importance accordée par les protestants à la frugalité et à la réussite individuelle a créé un
environnement favorable à l'émergence du capitalisme, qui valorise la réussite financière
individuelle.

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La religion est un domaine dans lequel Durkheim et Weber ont des approches très différentes. Pour
Durkheim, la religion est un élément fondamental de la société, et il considérait que les croyances
religieuses étaient une expression de la conscience collective de la société. Weber, quant à lui, s'est
concentré sur les effets de la religion sur les comportements et les attitudes des individus, et il a
étudié comment les croyances religieuses ont influencé le développement du capitalisme.

Rapport aux valeurs

Dans le domaine des sciences sociales, Max Weber indique que les causalités sont alors à rechercher
au travers de la sélection d’événements les plus significatifs. Ce choix subjectif d’un fait social parmi
d’autres, est influencé par un « rapport aux valeurs ».

Ce « rapport aux valeurs » éclaire le sociologue quant à l’intérêt du fait social à étudier, au sens
«vécu» que donnent les individus à leurs actions et ceci afin de déterminer les chaînes causales.

À ce titre, le sociologue, soucieux de « comprendre » et conscient de cette influence, considère que


les « valeurs », bien que subjectives, se doivent d’être appréhendées, elles, de manière objective.

Pour Weber, les valeurs sont des principes abstraits qui guident les comportements humains et qui
ont une signification pour les individus dans une société donnée. Les valeurs peuvent être des
normes morales, des principes religieux, des croyances politiques, etc. Selon Weber, les individus ont
des rapports différents aux valeurs, et ces rapports ont des conséquences pour leur comportement.

Weber a identifié trois types de rapports aux valeurs :

La valeur en soi

Pour certains individus, les valeurs ont une signification en soi, indépendamment de leur utilité
pratique. Ces individus sont motivés par des principes moraux ou religieux, et cherchent à suivre ces
principes même si cela peut leur causer des désavantages dans leur vie quotidienne.

Par exemple, un pacifiste peut refuser de participer à une guerre même si cela peut lui coûter sa vie.

La valeur pour autrui

Pour d'autres individus, les valeurs ont une signification en raison de l'approbation ou de la
désapprobation sociale qu'elles impliquent. Ces individus cherchent à suivre les valeurs qui sont
valorisées par leur communauté, même si cela ne correspond pas nécessairement à leurs propres
croyances.

Par exemple, un étudiant peut s'engager dans des activités humanitaires pour être bien vu par ses
camarades, même s'il ne se sent pas particulièrement investi dans cette cause.

La valeur instrumentale

Pour d'autres individus encore, les valeurs sont des moyens pour atteindre des objectifs concrets. Ces
individus cherchent à utiliser les valeurs qui sont les plus efficaces pour atteindre leurs buts, même si
cela implique de les adapter ou de les modifier.

Par exemple, un politicien peut utiliser des valeurs de solidarité pour mobiliser les électeurs, même s'il
ne les partage pas forcément.

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Pour Weber, le rapport aux valeurs est important car il affecte la manière dont les individus se
comportent dans la société. Les individus peuvent être motivés par des valeurs différentes et
peuvent avoir des rapports différents à ces valeurs, ce qui peut entraîner des conflits ou des tensions
dans la société.

La construction de « l’idéal-type »

Max Weber propose la méthode dite de « l’idéal-type », visant à rendre compte d’un fait social, au
travers d’un « tableau de pensée homogène » ou « d’images mentales », construits par le savant.

L'idéal-type est une notion clé de la sociologie de Max Weber. Il s'agit d'un outil méthodologique qui
permet de saisir et de décrire de manière abstraite les caractéristiques d'un phénomène social ou
d'une institution, en se focalisant sur ses traits les plus caractéristiques et en excluant les aspects
contingents ou accessoires. L'idéal-type n'est donc pas une description concrète et réaliste de la
réalité sociale, mais plutôt une abstraction qui permet de clarifier et de simplifier une réalité
complexe.

L'idéal-type est construit à partir de l'observation empirique de la réalité sociale, mais il ne prétend
pas être une description fidèle de cette réalité. Il se compose des traits les plus caractéristiques du
phénomène étudié, mais il peut aussi contenir des éléments idéaux qui ne se trouvent pas
nécessairement dans la réalité. En cela, l'idéal-type est un outil de conceptualisation qui permet de
clarifier les concepts et d'analyser les phénomènes sociaux de manière plus précise.

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