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Le fait social

La notion de fait social est centrale dans la conception de la sociologie d’Émile


Durkheim. Il définit, dans Les règles de la méthode sociologique, le fait social
comme « toute manière de faire, fixée ou non, susceptible d'exercer sur l'individu
une contrainte extérieure; ou bien encore, qui est générale dans l'étendue d'une
société donnée tout en ayant une existence propre, indépendante de ses diverses
manifestations au niveau individuel »
La citation est effectivement tirée de la sociologie d'Émile Durkheim. Dans son ouvrage "Les règles de
la méthode sociologique", Durkheim met en avant la notion de fait social pour décrire des
phénomènes sociaux qui existent en dehors des individus, mais qui exercent une influence sur eux.

Un fait social, selon Durkheim, est caractérisé par son existence indépendante des individus qui le
composent. Il peut s'agir de normes, de valeurs, d'institutions, de rituels, etc. Ces faits sociaux ont
une réalité propre et exercent une contrainte sur les individus, les guidant dans leurs comportements
et leurs interactions.

La contrainte extérieure mentionnée dans la définition se réfère au fait que les individus, en tant que
membres de la société, sont soumis à des normes et des attentes sociales qui peuvent influencer leur
comportement, même s'ils ne sont pas conscients de cette influence. La généralité dans l'étendue
d'une société souligne que ces faits sociaux sont partagés par un grand nombre de personnes au sein
de la société.

Ainsi, la notion de fait social chez Durkheim est fondamentale pour comprendre comment la société
exerce une influence sur les individus et comment les normes sociales sont intériorisées par les
membres de la société.

Maxweber

La sociologie compréhensive de Max Weber représente une approche complexe et nuancée de


l'étude des faits sociaux. Les trois phases de la démarche compréhensive - compréhension,
interprétation et explication - reflètent la profondeur de son analyse et sa volonté de saisir la réalité
sociale dans toute sa complexité. Voici quelques points clés à retenir de cette approche:

Actions sociales et sens subjectif: Weber considère le monde social comme une somme d'actions
sociales, chacune étant dotée d'un sens subjectif attribué par l'acteur. Comprendre ces actions
nécessite une immersion dans le monde de l'acteur pour saisir le sens immédiat qu'il donne à son
comportement.

Phases de la démarche compréhensive:

Compréhension: Identifier le sens subjectif immédiat de l'action sociale sans interprétation préalable.
Interprétation: Objectiver le sens identifié en adoptant une perspective extérieure, tout en utilisant
des outils théoriques tels que le rapport aux valeurs et la neutralité axiologique.
Explication: Chercher à établir des relations causales entre les phénomènes sociaux, en imaginant
diverses causes et conséquences.
Outils de distanciation: Weber a développé des outils théoriques pour permettre au chercheur de se
distancier de son objet d'étude:
Rapport aux valeurs: Conscience de sa propre insertion dans le monde social, suivi d'une analyse de
la subjectivité des choix, des partis pris et des valeurs du chercheur.
Neutralité axiologique: S'abstenir de jugements de valeur ou de hiérarchisation des valeurs afin de
maintenir une approche objective.
Idéal-type: Weber utilise la notion d'idéal-type pour simplifier la compréhension du monde social. Il
s'agit de créer des catégories d'analyse en isolant les traits fondamentaux, distinctifs et significatifs
d'un phénomène social.

Phase explicative: La dernière étape vise à établir une compréhension causale de la réalité sociale en
détectant les causalités entre les phénomènes. Weber insiste sur la nécessité d'utiliser l'imagination
pour configurer des causes et des conséquences imaginaires.

Exemple de l'éthique protestante et l'esprit du capitalisme: Weber illustre son approche avec
l'analyse du lien entre la Réforme protestante et l'avènement du capitalisme, soulignant l'importance
d'une "affinité élective" plutôt que d'une cause unique et nécessaire.

En résumé, la sociologie compréhensive de Max Weber cherche à pénétrer le sens subjectif des
actions sociales, à les interpréter en adoptant une perspective extérieure, puis à expliquer les
relations causales entre les phénomènes sociaux en évitant les simplifications excessives.

Conclusion:
En conclusion, la différence fondamentale entre les approches de Durkheim et Weber réside dans
leur conception du fait social. Durkheim met l'accent sur la contrainte extérieure et la généralité
collective, tandis que Weber intègre la dimension subjective, les significations individuelles, et adopte
une approche compréhensive. Ces approches complémentaires ont contribué de manière
significative à la richesse et à la diversité de la sociologie. En combinant les insights de Durkheim sur
la force contraignante des institutions sociales avec l'approche compréhensive de Weber, la
sociologie contemporaine peut offrir une compréhension plus complète et nuancée des dynamiques
sociales.

Le Suicide

Durkheim commence par expliquer sa méthodologie, soulignant la nécessité de comparer, classer et


définir les faits sociaux liés au suicide.

Durkheim aborde la définition du suicide, initialement basée sur l'idée commune de tout acte auto-
infligé entraînant la mort. Cependant, il rejette cette définition en raison de difficultés à distinguer les
motivations, notamment entre une personne délirante et une personne consciente de son acte.

La caractéristique distinctive du suicide selon Durkheim n'est pas l'intention, mais la connaissance de
la mort comme résultat inévitable. Il cherche à démontrer que le suicide est un fait social distinct,
influencé par des causes sociales et non seulement par des facteurs psychologiques individuels.

Durkheim aborde les causes extra-sociales potentielles telles que la folie, la race, l'hérédité, le climat,
et l'alcoolisme. Il rejette la folie en tant que cause principale, montrant que la folie suicidaire est rare
et que de nombreux suicides ne sont pas liés à la folie. Il discute également des variations
géographiques du suicide en relation avec le climat, réfutant l'idée que la chaleur est une cause
majeure.

Durkheim conclut que le suicide ne peut pas être attribué uniquement à des facteurs psychologiques
ou physiques individuels. Il soutient que chaque société a une prédisposition au suicide, mesurable
par un taux de mortalité par suicide. Son projet se divise en trois parties : l'examen des causes extra-
sociales, la compréhension des causes sociales, et l'étude de la tendance collective au suicide.

Durkheim rejette l'idée que l'imitation, en tant que phénomène psychologique, puisse expliquer le
suicide en tant que fait social. Il définit l'imitation comme la reproduction automatique d'un acte sans
qu'aucune opération mentale n'intervienne entre la représentation et l'exécution.

Durkheim admet qu'il existe une certaine contagiosité dans le suicide, mais il minimise son
importance en soulignant que l'imitation ne peut pas expliquer les variations continues dans le taux
de suicide. Il propose que la variation du taux de suicide est liée à l'intensité de la vie sociale.
Durkheim argumente que le suicide est plus fréquent pendant les mois, les jours de la semaine, et les
heures de la journée où l'activité sociale est la plus intense, et diminue lorsque cette activité décline.

Durkheim remet en question l'idée que l'imitation pourrait influencer les taux de suicide de manière
significative. Il suggère que si l'imitation avait un impact, cela devrait se refléter dans la distribution
géographique des suicides, avec un modèle de concentration autour des grandes villes. Cependant, il
constate que les suicides se produisent de manière homogène dans de vastes régions sans noyau
central.

En fin de compte, Durkheim rejette l'idée que l'imitation, en tant que processus psychologique, puisse
expliquer les variations du taux de suicide. Il insiste sur le fait que l'imitation seule n'a aucun effet sur
le suicide, soulignant que la pensée d'un acte n'est pas suffisante pour produire l'acte lui-même.
Selon Durkheim, les causes réelles du suicide sont des dispositions préexistantes, résultant de
facteurs sociaux, et l'imitation ne fait que mettre en lumière ces dispositions.

En résumé, Durkheim cherche à établir le suicide en tant que fait social distinct, influencé par des
facteurs sociaux spécifiques et non simplement par des éléments individuels.

Causes sociales et types sociaux


Durkheim adopte une approche étiologique, cherchant à identifier les causes du suicide en se basant
sur les caractéristiques des différents groupes sociaux. Plutôt que de classer les suicides en types
morphologiques, il propose de les classer en types étiologiques, selon les causes spécifiques qui les
produisent.

Durkheim rejette l'idée de se baser sur les statistiques des "motifs présumés du suicide" tenues par
les fonctionnaires, car il considère que ces motifs ne sont que des répercussions individuelles d'états
plus généraux. Il soutient que les raisons attribuées aux suicides ne sont que des causes apparentes,
ne faisant que signaler les points faibles des individus où l'impulsion à l'autodestruction trouve le plus
facilement à s'introduire.

Durkheim se tourne donc vers l'étude des divers milieux sociaux tels que les confessions religieuses,
la structure familiale et politique, les groupes professionnels, etc. Il cherche à comprendre comment
ces différents milieux sociaux contribuent aux variations des taux de suicide. En se concentrant sur les
caractéristiques de ces milieux, Durkheim espère identifier les causes sociales du suicide.

Cette approche souligne l'engagement de Durkheim à démontrer que le suicide, en tant que
phénomène social, a des causes distinctes et spécifiques liées aux caractéristiques des groupes
sociaux. La démarche étiologique vise à établir un lien direct entre les caractéristiques sociales et les
variations du taux de suicide, renforçant ainsi l'idée que le suicide est un fait social sui generis,
distinct des explications psychologiques individuelles.

Émile Durkheim, un sociologue français du XIXe siècle, a élaboré une théorie du suicide dans son
ouvrage "Le Suicide" publié en 1897. Selon lui, le suicide n'est pas simplement un acte individuel,
mais plutôt un phénomène social influencé par divers facteurs sociaux et culturels. Durkheim a
identifié quatre types de suicide, chacun associé à des conditions spécifiques dans la société.

Le Suicide Égoïste : Il est lié à une faible intégration sociale. Durkheim a observé que dans les sociétés
où l'individualisme prédomine, comme les sociétés protestantes, le taux de suicide est plus élevé. Il
suggère que le manque de liens sociaux forts peut conduire à un sentiment d'isolement, augmentant
ainsi les risques de suicide.

Le Suicide Altruiste : Il est associé à une forte intégration sociale, mais cette intégration peut être
excessive. Les individus sont tellement intégrés dans leur groupe social qu'ils sont prêts à sacrifier
leur vie pour le bien du groupe. Les exemples incluent les suicides liés à des obligations religieuses ou
à des actes héroïques.

Le Suicide Anomique : Il est lié à un manque de régulation sociale, souvent causé par des crises
économiques ou des changements sociaux rapides. Les individus peuvent se sentir déstabilisés en
raison d'un manque de normes ou de valeurs sociales claires, ce qui peut augmenter le risque de
suicide.

Le Suicide Fataliste : Selon Durkheim, il se produit lorsque les individus sont soumis à une régulation
sociale excessive et oppressante. Cela peut se produire dans des situations où les individus se sentent
piégés, sans espoir d'amélioration. Cependant, Durkheim a reconnu que ce type de suicide était
théorique et n'était probablement pas courant dans la réalité.

La théorie de Durkheim sur le suicide met en évidence l'importance de la dynamique sociale dans la
compréhension de ce phénomène complexe. Elle a influencé de nombreux travaux ultérieurs sur la
sociologie du suicide et continue d'être une référence importante dans le domaine.

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