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Holisme méthodologique (S1)

Pr. Leila Bouasria


Une opposition fondatrice
• Deux types d’approches dans le débat
épistémologique et méthodologique :
• Primat de groupe/déterminismes
• Primat de l’acteur individuel
HOLISME INDIVIDUALISME
METHODOLOGIQUE

Pouvoir de coercition
Normes & Valeurs
SOCIETE INDIVIDU
(le tout) (les parties)

Socialisation

INDIVIDUS SOCIETE
(AGENTS) (ACTEURS)
Holisme ou sociologie du fait social
• A travers la tradition holiste (du grec holos, qui
« forme un tout »), la société se trouve au
centre de l’analyse.
– Le tout diffère de la somme des parties qui la
composent.
– Une logique sociale domine l’individu et le
détermine
– Les faits sociaux s’imposent aux individus et les
contraignent même s’ils n’en sont pas conscients
– Met en valeur les déterminismes sociaux
Qu’est qu’une logique déterministe?
• L’approche déterministe, en essayant de saisir
le fait social, met l’accent sur les contraintes
sociales qui pèsent sur les individus et
influencent leurs manières de penser et d’agir
même à leur insu.
La sociologie durkheimienne: Exemple
d’une approche « holiste »
• Dans son ouvrage « les règles de la méthode
sociologique » (1895):
• L’objet de la sociologie est le fait social
• Les faits sociaux doivent être considérés comme des
choses
• Il faut définir objectivement l’objet d’étude/Choisir
pour le définir des critères extérieurs.
• Distinguer le normal du pathologique
• Expliquer le social par le social
• Utiliser systématiquement la méthode comparative
Les faits sociaux comme des choses
• Un fait social « consiste en des manières d’agir,
de penser et de sentir, extérieures à l’individu et
qui sont douée d’un pouvoir de coercition en
vertu duquel ils s’imposent à lui. »

• Les faits sociaux se distinguent par deux


caractéristiques principales: l’extériorité et la
contrainte.
L’extériorité des faits sociaux
• Le fait social est observable en dehors des
consciences individuelles. L’extériorité
renvoie à une dimension temporelle. Les faits
sociaux préexistent avant notre naissance et
perdurent après notre mort.
• Aucun individu ne peut changer seul cette
réalité sociale.
Le pouvoir coercitif
• Le fait social s’impose aux
individus comme une contrainte.
La contrainte se manifeste sous
forme de sanctions sociales
répandues ou organisées.
L’approche méthodologique
Exemple du suicide
• Au niveau méthodologique, Émile Durkheim
utilise des statistiques qui permettent de
mettre en évidence des irrégularités qui
affectent le fait social et de saisir les
phénomènes observés dans leur globalité. On
s'attache alors à montrer les déterminismes
sociaux qui pèsent sur les individus en
privilégiant la recherche de lois susceptibles
de montrer l'évolution des sociétés.
Le suicide (1897)
• Dans cet ouvrage, E.Durkheim essaye d’analyse
le suicide, acte intime par excellence, d’un
point de vue sociologique. (un fait social)

• Cet ouvrage reprend la question de cohésion


sociale. Il établit une relation de cause à effet
entre le déséquilibre du lien social et le taux de
suicide.
Constats
• Les taux de suicide pour une population donnée
présente une relative constance d’une année à
une autre.
• Les taux de suicide varie d’une société à l’autre.

« Chaque société à un moment donné de son histoire une


aptitude définie pour le suicide ».

Au delà des facteurs psychologiques et biologiques, le suicide


dépend de facteurs suicidogènes qui sont d’ordre proprement
sociaux.
Les facteurs sociaux du suicide
• Deux facteurs ont un lien direct avec le niveau
de suicide: le degré d’intégration des sociétés
et leur niveau de régulation. Le Suicide rend
visible les différences d’intégration selon les
situations sociales.
– Intégration: Processus à travers lequel est mesuré
l’attachement des individus aux groupes sociaux et
l’emprise que ces derniers exercent sur eux.
– Régulation: Processus à travers lequel est mesurée
la force exercée par la réglementation sociale sur les
limites aux désirs des individus.
Les types de suicide
• La typologie de suicide qui se construit autour
de deux variables sociales notamment
l’intégration et la régulation engendre quatre
types de suicide : égoïste, altruiste,
anomique, fataliste (peu répandu).

« le suicide varie en fonction inverse du


degré d'intégration des groupes sociaux
dont fait partie l'individu »
Le facteur d’intégration
• Durkheim analyse le rapport entre le taux de
suicide et trois institutions, la religion, la famille,
la communauté politique et leur influence en tant
que forces intégratrices sur le taux de suicide.
– Suicide égoïste: trop faible intégration
– Suicide altruiste: Excès d’intégration (la collectivité
est plus importante que l’individu)
• Suicide altruiste obligatoire
• Suicide altruiste facultatif
• Suicide altruiste aigu
Le facteur de régulation
• Le suicide anomique: met en évidence certains
dérèglements des sociétés modernes qui
conduisent à l’instabilité des désirs humains qui
n’ont plus de limites. L’anomie est donc définie
comme « le mal de l’infini ».
– « Ainsi, plus on aura et plus on voudra avoir, les
satisfactions reçues, ne faisant que stimuler les
besoins au lieu de les apaiser. »
• Le suicide fataliste: découle d’un excès de
réglementation. Les normes deviennent
envahissantes.
DEFAUT Suicide
INTEGRATION Egoïste

EXCES Suicide
Altruiste

DEFAUT Suicide
Anomique
REGULATION

EXCES
Suicide
Fataliste
« Est fait social toute manière de faire, fixée ou non, susceptible d’exercer sur
l’individu une contrainte extérieure ; ou bien encore, qui est générale dans l’étendue
d’une société donnée tout en ayant une existence propre, indépendante de ses
manifestations individuelles. » (E. Durkheim : Les règles de la méthode sociologique
(1895), Coll. Quadrige, PUF, 1981 (p. 14)

« Toutes les fois que des éléments quelconques, en se combinant, dégagent, par le fait
de leur combinaison, des phénomènes nouveaux, il faut bien concevoir que ces
phénomènes sont situés, non dans les éléments, mais dans le tout formé par leur
union. » (E. Durkheim, Préface à la seconde édition des Règles de la méthode)

« Mais, dira-t-on, un phénomène ne peut être collectif que s’il est commun à tous les
membres de la société ou, tout au moins, à la plupart d’entre eux, partant s’il est
général. Sans doute, mais s’il est général, c’est parce qu’il est collectif (c’est à dire
plus ou moins obligatoire), bien loin qu’il soit collectif parce qu’il est général. C’est
un état du groupe, qui se répète chez les individus parce qu’il s’impose à eux. Il est
dans chaque partie parce qu’il est dans le tout, loin qu’il soit dans le tout parce qu’il
est dans les parties. »( E. Durkheim, op. cit., (p. 10)

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