Vous êtes sur la page 1sur 14

La Criminologie

Plan du cours
1) - Introduction :
a - Définitions larges et définitions étroites :
b - La finalité de la criminologie :
c - Les problèmes de la discipline :
d - Les principes de recherche : théories et méthodes adaptées :
e - Les types de la criminalité : légale, apparente et réelle :

2 - Le crime
a - Présentation
b - Les traits variables du crime
c - Les traits constants du crime
d - Les frontières du crime : - Crime naturel
- Crime et déviance
- Crime et morale
- Crime individuel
- Crime en groupe : bande/foule

3 - Le criminel
a - Présentation
b - La théorie constitutionnaliste : - L’origine de la théorie
- Tendance de la théorie
c - La théorie sociologique : - La stigmatisation
- Le conflit de culture
d - La théorie psychologique ou psychanalytique :

4 - La victime :
- Différentes classifications / pluralité :

5 - La politique criminelle :
a - Solution répressive :
b - Solution préventive :
c - Mouvement du système de la défense sociale :

1
I – Définitions :
La criminologie comme l’a définie le professeur à la faculté de droit Marseille III, Raymond GASSIN,
se manifeste comme une étude scientifique du phénomène criminel, ou bien dit comme une science
des phénomènes criminels ou bien dit encore comme étant comme une science des crimes. Mais il
faut avouer que ces définitions semblent générales et tombent dans le cadre du nominalisme
puisqu’elles ne donnent que des aspects particuliers de la criminologie, alors pour une précision sur
le phénomène criminel, GASSIN a procédé à l’examen de ses différentes facettes en faisant ainsi une
distinction entre les définitions larges et les définitions étroites :
1 – Définitions larges :
Dans ce type large, la criminologie se veut un terme qui renvoie à toutes les disciplines criminelles
sans distinction entre elles, il suffit qu’une science ait ce caractère criminel pour qu’elle soit
considérée du domaine de la criminologie. Dans ce sens, le criminologue italien Enrico FERRI dans
son livre « La sociologie criminelle » donne un sens large à la criminologie en affirmant qu’elle
englobe toutes les sciences criminelles y compris le droit pénal. La définition encyclopédique adoptée
et développée par l’école autrichienne avec Grasse BERGER, Ernst SEELIG et Haus GROSS, on trouve
que ce dernier accorde au phénomène criminel un aspect normatif lié au droit pénal et un aspect
positif ou bien dit réel, lié à la criminologie, et c’est bien par ces deux aspects que cette définition
Grossienne se diffère de la définition Ferrienne. En ce qui concerne l’école américaine, SUTHERLAND
dans son livre « Les principes de la criminologie » définit cette dernière comme étant une science
faisant de l’infraction, comme phénomène social, son objet d’étude, ainsi, d’après cette définition,
SUTHERLAND fixe trois fonctions à la criminologie, une fonction relative au processus de l’élaboration
des lois, une fonction concernant l’impact exercé par ces lois sur l’infraction, et une fonction
d’interaction et réaction de l’infraction vis-à-vis des lois, toutes ces fonctions ne sont réellement que
le domaine d’étude de trois branches ; la sociologie du droit pénal, l’étiologie criminelle et la
pénologie qui met l’accent sur le rôle du droit pénal, ses normes et les mécanismes de leur mise en
œuvre.

2 – Définitions étroites :
Si les définitions larges ne font aucune distinction entre le droit pénal et la criminologie, les
définitions étroites établissent une séparation entre eux dans la mesure où le droit pénal a une
fonction normative tandis que la criminologie exige de l’expérience. Cette séparation apparait
clairement dans la conception du Doyen de la faculté de droit, Martin KILLIAS ayant, dans son livre ;
« Principes de criminologie » précisé que la criminologie est d’abord une science sociale qui a des
objets de recherches criminologiques abordés à partir des hypothèses sur les crimes, leurs causes,
leurs manifestations et la réaction sociale qu’ils suscitent. Le professeur à l’institut de criminologie de
Montréal, Donis SZABO, dans l’un de ses articles, a abordé la criminologie dans un champ étroit lié
aux orientations de la criminologie et son influence sur la politique criminelle. Pour lui, cette discipline
se focalise sur les approches fondées autour de la personnalité criminelle, la société criminogène, le
lien entre le crime et le système de justice et le phénomène victimologique.
A côté de ces deux définitions, on peut ajouter celle de DURKHEIM qui met lui aussi la criminologie
dans un sens étroit en la considérant comme l’ensemble des études sur la façon dont les règles du
droit criminel sont violées.

3 – Finalités de la criminologie :

2
On peut déduire les finalités de la criminologie en deux finalités ; d’abord elle a comme vocation de
constituer une compréhension et une connaissance scientifique sur le phénomène criminel, puis
construire grâce à cette connaissance un répressif adéquat pour que les libertés individuelles et
collectives soient protégées.

4 – Problèmes de la criminologie :
Les problèmes que rencontre la discipline « criminologie » sont relatifs essentiellement à son
domaine d’étude et à son contenu, alors la diversité des définitions n’est réellement qu’un débat
entre les écoles et les approches sur ce qui fait ou non le domaine de la criminologie. Mais malgré ces
problèmes cognitifs on ne peut pas nier le rôle de la criminologie dans la lutte contre les crimes à
travers des mécanismes et des mesures envisagés pour cette fin, il s’agit autrement dit, de la politique
criminelle.

II - les principes de recherche :


1 – Théories :
Comme toutes les disciplines scientifiques, la criminologie elle aussi ne peut effectuer d’études sur
son objet que dans un cadre théorique, celui-ci suppose un postulat de base dont les résultats se
produisent une fois que certains indices et facteurs (conditions) sont réunis. Selon Karl POPPER
HEROES, les recherches exigent des hypothèses qui vont être vérifiées via la détermination du lien
cause-effet, et une fois ce lien est clair et véridique scientifiquement, l’hypothèse devient une théorie
à suivre et à adopter dans les recherches à venir. Contrairement à la théorie dans certaines sciences
où il y a un rapport fixe appelé déterminante-déterministe, la théorie dans la criminologie, et
d’ailleurs dans les sciences sociales, n’est qu’une théorie probabiliste, c’est-à-dire qu’il y a des niveaux
de certitude et d’exactitude pouvant être moins ou plus élevés mais sans prétendre une certitude
absolue.

2 - les méthodes de recherche :


Afin de tester des hypothèses dans les recherches criminologiques, plusieurs méthodes s’imposent.

- La première méthode consiste à l’établissement d’un rapport entre les variables et le résultat tout
en examinant les valeurs de ces variables soit d’une manière séparée soit à la fois, ainsi on peut savoir
quelle variable correspond aux hypothèses établies préalablement et par conséquent la variable
ayant une valeur plus élevée est la variable la plus proche d’être facteur de tel ou tel résultat.
- La deuxième méthode concerne les observations directes de l’objet à étudier pour élaborer des
hypothèses bien que, selon Martin KILLIAS, cette observation directe n’est pas toujours à la portée
dans certains cas.
- L’observation participante est une autre méthode, mais pour plus de crédibilité de recherche, il faut
que les participants ne sachent pas la qualité de l’observateur.

- Il y a également les techniques de sondage qui prennent la forme d’entretiens ou de questionnaires


structurels effectués sur un échantillon d’individus d’un univers déterminé.
- Les statistiques demeurent la méthode la plus utilisée dans les recherches criminologiques, selon
Gossin ROYAN, les statistiques sont un dénombrement pour un territoire donné et au cours d’une
période déterminée, de divers faits relatifs à la criminalité ; infractions commises, condamnations
prononcées et nombre de détenus. Ces statistiques peuvent être classées d’ordre croissant alors on
distingue les statistiques officielles ou privées émanant d’organismes publics ou de personnes

3
privées, les statistiques à dimension nationale ou internationale, les statistiques judiciaires et
policières offertes par la justice pénale. Ces statistiques concernent la criminalité légale, apparente
et réelle.

3 - Les types de la criminalité :


A – La criminalité légale :
Ce sont les condamnations et les jugements prononcés par les juridictions répressives.

B - La criminalité apparente :
Ce sont les faits et les comportements criminels portés à la connaissance de la police et aux organes
de poursuite par voie de procès-verbaux, dénonciations ou plaintes, donc on parle d’une criminalité
apparente policière et une autre judiciaire.
C - la criminalité réelle :
Ce sont les infractions effectivement commises au sein de la société considérée à un moment donné
mais qui ne sont pas toutes signalées et déclarées, ce qui nous produit une sorte de criminalité cachée
appelée Dark Number.

Chapitre premier : le crime


Dans un premier lieu, le crime représente un phénomène criminologique dit un objet d’étude de
la criminologie, d’un point de vue sociologique et selon le sociologue Emile DURKHEIM il s’agit d’un
acte social normal dans la mesure où il existe dans chaque société, il suscite et crée autour de lui une
conscience collective, c’est-à-dire que cet acte produit une réaction sociale qui change d’une époque
à une autre et d’une société à une autre car la société elle-même et condamnée à être dynamique au
niveau de ses valeurs et ses idées.
D’un point de vue étymologique, Roger MERL et André VITU voient que le crime comme terme
trouve ses origines en grec en latin. Du latin « crimen » signifiant accusation grave et vérification des
charges imputées à l’accusé, tandis que pour les Grecs, il signifie un jugement et une condamnation.
Pour ces deux auteurs la définition du crime demeure une tâche difficile, alors si le délinquant est
l’auteur d’une infraction, le crime reste un terme polémique et ambigu, par exemple dans une sphère
intellectuelle le crime est le produit d’une société injuste, pour les gens ordinaires c’est l’œuvre du
fils de satan alors que pour le domaine industriel c’est l’acte d’une personne malade qu’il faut cerner.
Cela nous montre que le crime est un phénomène d’interaction entre ce qui est culturel, industriel,
social et législatif. Cette difficulté a poussé les deux auteurs à suivre une méthode de recherche afin
de bien saisir les aspects permanents et universels du crime tout en examinant ses traits variables et
ses traits constants, et en poser par la suite les frontières.

1 - Les traits variables :


Le crime, en tant que phénomène selon les deux auteurs MERL et VITU, connaît une variabilité de
traits dans le temps et dans l’espace. D’abord dans l’espace, il est impossible de parler d’un catalogue
de faits qualifiés crimes pour tous les Etats car les incriminations légales sont différentes d’une nation
à une autre et dépendent de certaines circonstances ; par exemple l’incinération des corps dans des
pays asiatiques est une tradition légitimée par leurs pratiques culturelles et rituelles, alors que dans

4
les pays notamment musulmans, cela constitue un acte réprimé législativement et même
religieusement. Dans le temps aussi, il y a une variabilité puisque les valeurs et les principes
fondamentaux changent au fil du temps, à titre d’exemple le vol avant le protectorat était considéré
dans certaines régions du Maroc comme un signe de courage et de bravoure, mais actuellement il est
fortement incriminé et sanctionné dans le code pénal marocain.
On peut trouver aussi les traits variables du crime dans le temps à travers une comparaison entre le
droit coutumier marocain où il y avait l’absence de prison en cas de crime. Ce droit coutumier avait
une fonction réparatrice et indemnitaire contrairement à la situation actuelle où les juridictions
mettent en place des peines privatives de liberté et des amendes déterminées. Aussi, la
mondialisation a favorisé l’apparition de nouvelles infractions qui n’ont pas existé auparavant comme
le cas des infractions du cyberespace, des fraudes, des infractions commerciales et autres. D’un point
de vue répressif, il y a également une variabilité des peines d’une société à une autre, ainsi au Maroc
par exemple, le non-respect du stop par un conducteur est puni moins sévèrement qu’en Espagne,
l’avortement au Maroc est incriminé et puni dans l’article 449 du code pénal marocain alors qu’en
Suisse il constitue un droit. Cette variabilité ne touche pas seulement l’écart législatif entre les Etats,
mais aussi il existe au sein d’une même législation où le régime répressif donne lieu aux circonstances
qui aggravent ou diminuent la qualification de l’acte criminel et par conséquent la sanction qui lui a
été prévue, sachant aussi que la qualification elle-même n’est pas toujours adéquate au crime et
souvent elle vient de l’intuition du juge plutôt que d’une appréciation objective. En bref le crime est
un phénomène dont les manifestations changent dans le temps et dans l’espace sous l’influence des
tournants sociaux, culturels, économiques et politiques, alors le résultat est la variabilité sur le plan
d’incrimination et du régime répressif.

2 – Les traits constants :


Après avoir mis l’accent sur les traits variables du crime, MERL et VITU se sont focalisés sur ses traits
constants à savoir l’intolérabilité, le trouble et la réaction sociale.
L’intolérabilité veut dire que par hypothèse tous les actes sanctionnés sont socialement intolérables,
cette intolérabilité était abordée par Émile DURKHEIM dans son étude sur les deux lois de l’évolution
pénale en montrant que le développement des sociétés influence le développement du régime
répressif, alors la peine elle aussi se développe au niveau quantitatif et qualitatif. Il faut savoir que
l’intolérabilité ne représentent pas une formule fixe et figée, elle change dans le temps et dans
l’espace, cela se voit clairement dans les sociétés où il y a un pouvoir à caractère absolu, les peines
sont d’une grande intensité souvent sous forme de peines privatives de liberté contrairement aux
sociétés développées. Selon le sociologue français Paul FAUCONNET dans sa thèse sur la
responsabilité en 1920 la société face aux crimes qui l’affaiblissent se rassemble dans l’objectif de
chercher des punitions convenables aux coupables avec la prise en considération de leur droit à la vie
et au jugement serein, ce qui fait selon Paul FAUCONNET que cette donnée est toujours à prendre
en considération dans n’importe quel crime.
Comme autre trait constant du crime, il y a le trouble provoqué par le crime, ce trouble a une
dimension socioculturelle, c’est-à-dire lorsqu’un crime se réalise il déclenche une réaction
émotionnelle et sociale, et heurte les sentiments collectifs qui unissent les membres d’une même
société, mais la nature du trouble n’est pas toujours saisie car les valeurs au sein d’une société ne
sont pas forcément liées à une unique sphère morale, religieuse ou même coutumière, autrement
dit, on trouve parfois des dispositions pénales qui répriment un acte normal d’un point de vue moral

5
ou bien l’inverse, comme le cas du mensonge ; inacceptable moralement mais non sanctionné
pénalement.
Le crime commis est intolérable socialement par ce qu’il produit un trouble dans la structure sociale,
cela crée une réaction sociale lorsque ce crime atteint un seuil intolérable, ce dernier se diminue et
s’élève en fonction des garanties judiciaires mises en place par les entités judiciaires pour la
protection des valeurs et des principes de la société. Ces garanties sont diverses alors les demandeurs
ou les personnes lésées peuvent opter pour une action civile ou une action publique, en somme si la
réaction sociale change et varie c’est parce que le seuil d’intolérabilité change dans le temps et dans
l’espace.

3 - Les frontières du crime :


Après avoir déterminé les traits variables et les traits constants du crime, les deux criminologues
MERL et VITU ont passé à tracer les frontières du crime en se basant sur les éléments décortiqués de
la répression, ce qui donne une distinction entre plusieurs aspects du crime :
a - Crime naturel et crime conventionnel (artificiels) :
Dans cette distinction entre le crime naturel et le crime conventionnel qui remonte au 18ème siècle,
Raffaele GAROFALO s’est efforcé de savoir si le crime est constitué en soi comme un mal naturel ou
bien une simple projection conventionnelle entre les membres de la société. Si d’ailleurs Émile
DURKHEIM hante pour l’approche du crime artificiel en considérant la société la productrice
d’incrimination et condamnation, GAROFALO a une approche plus détaillée que celle de DURKHEIM,
pour lui la société ne sanctionne pas seulement les crimes qu’elle a créés mais aussi ceux qui criminels
par nature. Pour lui toujours les crimes naturels de deux types ; ceux touchant l’intégrité physique et
morale de l’homme et ceux portants atteinte à la propriété. Cette thèse de GAROFALO était
beaucoup critiquée car les incriminations conventionnelles ne peuvent pas être toujours impliquées
par une réaction conventionnelle de la société comme le cas de l’escroquerie, les criminologues
dépassent l’étude du crime conventionnel vers l’étude d’un phénomène plus vaste ; c’est « la
déviance ».
b – Crime et déviance ;
La déviance vient du latin « viadre » qui veut dire la sortie de la loi, de la voie. C’est une notion
sociologique qui désigne le non-respect et la non-conformité aux normes sociales, cette notion est
plus vaste que la délinquance qui fait référence aux crimes et aux délits qui varient dans le temps et
dans l’espace, et aussi différente de la criminalité qui exprime les infractions commises en un temps
précis, dans un lieu déterminé. Elle est vaste car elle désigne non seulement les actes et les faits
sanctionnés par la loi mais aussi ceux qui sont punis par la société, et c’est bien l’idée du professeur
à la faculté de droit de la Sorbonne Madeleine GRAWITZ qui affirme que le non-respect des normes
sociales ou pénales est l’élément commun entre ces conduites.
Cette notion de déviance était abordée également par Robert King MERTON qui distingue dans la
déviance entre le comportement aberrant qui veut dire qu’une règle sociale est transgressée mais
non contestée, et le comportement rebelle qui ne reconnaît pas la légitimité de l’autorité ayant
prescrit la règle. Autre trait de la déviance, c’est que dans le cadre pénal le crime est toujours puni
mais la déviance échappe souvent à l’incrimination pénale car elle s’élargit pour couvrir tous les
aspects ; social, familial, psychologique…

c – Crime et morale :

6
Quand on dit crime, on fait référence automatiquement à un acte qui justifie et exige un châtiment
juste et légitime, contrairement à la condamnation liée étroitement à la faute et cette dernière
n’existe que s’il y a atteint à la morale constituant l’ensemble des valeurs sociales. En dépassant cette
vision de MERL et VITU, d’autres un savoir Gaston STEFANI, Georges LEVASSEUR, Roger JAMBU-
MERLIN dans leur livre « criminologie et sciences pénitentiaires » mettent l’accent sur la diversité
des situations dans la réalisation des crimes ; cas individuels, cas de groupes.

• Le cas individuel ou crime individuel :

Dans cette hypothèse le crime est commis par un individu isolé, c’est le résultat d’une longue
évolution psychologique d’une situation permanente ou instantanée ; sur le champ. La situation
permanente suppose une certaine tension qui se développe pour produire un crime et elle peut être
une situation familiale, situation de couple ou encore professionnelle.
La situation familiale contient une tension élevée soit entre parents soit entre enfants et parents
comme le cas où un enfant réagit pour venger sa mère ayant subi une violence conjugale, comme le
cas aussi de situation familiale à caractère psychanalytique ou psychologique touchant les rapports
entre la belle-mère et la belle-fille.

Il y a aussi les situations des couples criminels, les couples amoureux illustrent bien ces situations où
la femme joue souvent le rôle dominant, cette domination et révolte de la femme est semblable à
celle des esclaves contre leurs maîtres comme HEGEL l’a démontré. Pour les situations
professionnelles, la tension est exercée sur le sujet comme le cas d’un employé qui soustrait les
marchandises sous sa garde, alors que pour le crime instantané, il prend la forme d’un crime
passionnel et d’une violence spontanée, autrement dit il s’agit d’infractions de circonstances comme
le cas d’un meurtre commis par peur ou par légitime défense… c’est ce qu’on appelle le phénomène
de court-circuit dans la conception du chercheur américain Ernst SEELIG, ce circuit n’est que le
passage immédiat résultant du manque de réflexion, de contrôle de soi. Pour les infractions de
circonstances, elles sont liées aux faits fortuits.

• Le crime en groupe : (bande, foule) :

Dans ce type de crime il y a pluralité d’auteurs, les crimes sont commis par les bandes ou par les
foules. Si les théories ne traitent pas le phénomène de bande de la même manière en ce qui concerne
la formation et l’évolution des bandes, elles se convergent vers la réalité que ce phénomène existe
dans les pays riches comme dans les pays pauvres. Ces théories existent en deux approches :
La première approche voit que la bande représente un abri pour un individu qui n’a pas une certaine
adaptation entre son statut et son comportement, et qui n’est pas à sa place car il se sent incapable
de jouer le rôle qui lui a été attribué, alors il se rassemble avec d’autres individus ayant le même
sentiment ; soit d’une rue, école, immeuble pour former une bande qui au début n’a pas de but précis,
pour devenir plus tard une bande ayant une activité criminelle. Cette approche est beaucoup
critiquée par Laurent MUCCHIELLI ayant une vision différente : pour lui l’addition d’individus
dyssociaux ne peut pas créer une société de substitution, c’est-à-dire que celui qui s’engage dans une
bande est déjà désengagé et perturbé, dépourvu de sens moral car sans même l’aide d’une bande, il
peut se lancer dans un crime.
Les crimes commis par les foules sont un autre aspect de crime en groupe ; déjà le terme foule
s’oppose au groupe conscient, cohérent et organisé le criminologue Madeleine GRAWITZ a défini la
foule comme : « Un rassemblement de personnes assez nombreuses réunies au même moment, au
même endroit, pour peu de temps et pour des raisons qui peuvent être fortuites comme le cas

7
d’accident de circulation, ou des raisons connues comme un concert musical, mais ces raisons sont
insuffisantes pour créer de véritables liens et structures ». Souvent la foule se trouve sous une
certaine pression alors elle cède à une émotion collective et aux réactions indépendantes de ce que
serait la réaction individuelle de ses membres, comme la peur, l’irresponsabilité ou même l’agitation.
TORDE par deux de traits qui caractérisent l’action des foules, d’abord au sein d’une foule il y a un
phénomène d’imitation par exemple lorsqu’ils veulent mettre fin à un débordement criminel, aussi
cette action de foule se caractérise par une situation de pseudo judiciaire c’est-à-dire que les
membres de la foule se sentent loin des poursuites judiciaires comme c’était le cas des événements
anarchiques à Rwanda, Sétif situation était abordée d’ailleurs par Gaston STEFANI, Georges
LEVASSEUR et Roger JAMBU- MERLIN, ils mettent l’accent sur la résurgence du sentiment punitif et
sur le manque de réflexe adulte, ce qui peut produire des actes opposés à ceux d’un individu normal
et même mener à une extrême brutalité car la foule comme phénomène n’est pas constante de
pensées ni de buts comme un enfant. Cette partie qui garde la sensibilité d’un enfant dans chacun de
nous est détaillé par Whitney Hugh MISSILDINE dans son livre « You immuchild of the past » est aussi
par Erik BERNE psychologue spécialiste de l’enfant et qui nous dévoile les trois composantes du
monde intérieur à savoir, le père qui établit les règles ; ce qu’il faut faire et ce qu’il ne faut pas faire,
l’adulte qui à la fois pense, décide et résout les problèmes et l’enfant qui ressent et réagit le plus
souvent en silence. Pendant les années 80 du 20ème siècle cette idée de l’enfant intérieur était le
centre de recherche de nombreux psychologues tels que HAL et SIDISTOUE qui expliquent le dialogue
intérieur (monologue) par les sous-personnalités qui hantent notre vie psychique alors on trouve
l’enfant tyrannique, arriviste, protecteur et autres personnalités, celles-ci sont susceptibles de se
manifester sur scène à tout moment. Pour les comportements de l’adulte Alice MILLER dans son livre
intitulé : « Rôle de la violence dans l’éducation de l’enfant » publié à Paris en 1984, établit un lien
étroit entre l’enfance et la vie adulte, pour lui, les enfants qui souffrent de la violence, cette dernière
trouvera son écho dans leur vie d’adulte, Lucia CAPACCHIONE prend la même tendance dans son
livre « faites vivre votre enfant intérieur » en s’appuyant sur le fait qu’il faut comprendre notre enfant
intérieur, le soigner et cesser de le maltraiter avant de s’occuper de l’enfant extérieur.

Chapitre deuxième : Le criminel :


D’un point de vue du droit pénal, le criminel est celui qui commet une infraction punie pénalement
d’une peine supérieure à 5 ans en principe, mais à vrai dire cette définition est étroite, d’ailleurs avant
le 19ème siècle le terme criminel n’était pas cerné seulement dans ce cadre restreint, il désignait
l’auteur d’un acte inacceptable sur l’ordre pénal, social et religieux, pour les chercheurs deux
questions s’imposent : est-ce que le criminel est une personne malade ou bien un accident et un
produit de la socialisation ? autrement dit ils se sont demandés sur l’origine de cette maladie, si on
opte pour la première thèse et sur les conventions sociales pour la seconde thèse, les explications qui
ont été faites peuvent être réduites en trois, cette diversité revient au caractère composite du
comportement criminel :

I - Théorie constitutionnaliste :
Dans un cadre criminologique, la constitution a le sens d’un composé, d’un ensemble d’indices et
de paramètres, certains de ces indices sont, selon le psychologue et pédagogue français Patrick
ESTRADE, d’une nature purement psychique comme le manque d’appétit inexplicable et les troubles
de mémoire incompréhensibles, ainsi en abordant les paramètres du dérapage, il voit que chacun
traine ses propres dérapages en fonction de son enfance, son milieu social, sa vie et même ses

8
souffrances et espoirs. Il existe plusieurs façons du traitement d’un problème psychologique, soit par
la voie de la psychologie comportementaliste en attaquant le problème isolément de ses causes,
c’est-à-dire que l’on traite seulement le symptôme qui est la partie visible du problème, soit on
néglige cette partie est on se focalise sur l’origine et le pourquoi du problème. Le Docteur Georges
SIFFREDI note dans ses recherches que les fonctions motrices du corps humain croisées alors la partie
gauche du cerveau dirige le côté droit du corps et vice versa, le cerveau donc fonctionne
bilatéralement grâce à des liaisons formées de 200 millions de fibres nerveuses, ce qui assure un
équilibre d’esprit sachant que la partie droite du cerveau contient ce qui est de l’intention,
l’imagination tandis que la partie gauche est celle de la logique, de l’analyse et c’est le cerveau
raisonnable qui planifie et codifie contrairement à la partie droite des émotions. Cette synthèse on
peut la toucher chez l’enfant qui s’évolue sur le mode du cerveau droit alors c’est sa mère qui fabrique
et qui planifie pour lui, la partie gauche prend longtemps dans sa formation et la première instruction
de cette partie est le langage puis les règles de vie familiale.

En somme la compréhension de ce fonctionnement bilatéral du cerveau permet de scruter les


blocages et les déblocages qui suivent leur impact, ce qui pour les chercheurs donnent un cadre
explicatif du crime.
- L’origine de la théorie exposée par MERL et VITU :

La théorie de MERL et VITU trouve ses origines dans de nombreuses recherches. Parmi ces recherches
il y a celle qui ont été faites par le professeur de la médecine légale à l’université de Turin, Cesare
LOMBROSO, il constate après l’examen du monde animal et végétal, que le crime n’est pas propre à
l’homme, on le trouve aussi chez les plantes insectivores qu’en mettant des meurtres, aussi chez les
animaux qui tuent par rivalité amoureuse, et chez les animaux pratiquant l’escroquerie pour obtenir
ce qu’il veut. Via cette étude Cesare LOMBROSO dépasse donc la théorie traditionnelle du libre
arbitraire vers une vérification expérimentale sur l’être humain tout en comptant affirmant qu’il y a
une similitude phrénologique et anatomique de certains criminels, c’est-à-dire que chez le criminel il
y a des caractères constitutionnels qui forment des anomalies par rapport aux personnes normales,
ces anomalies représentent la réapparition du sens criminel ayant déjà existé chez l’être humain
primitif dont le sens de survivance était fort, ces anomalies sont de nature crânienne en principe et
secondairement de nature de cerveau du squelette. Dans son ouvrage « L’homme criminel »,
LOMBROSO met l’accent sur deux points ; « les crimes les plus affreux, les plus barbares ont un point
de départ psychologique, atavique qui peut bien s’émousser pour un temps grâce à l’éducation, à la
crainte du châtiment mais qui renaît tout à coup sous l’influence de certaines circonstances comme
la maladie, l’ivresse… ». Donc le criminel pour lui, c’est la réapparition de l’homme primitif des
cavernes, et le crime par conséquent est la manifestation de l’atavisme prenant la forme de
tendances de personnes vers le type primitif d’ancêtres ». Cette idée de l’atavisme était critiquée par
TURINIS dans son livre « le crime » pour lui, le crime a existé toujours et il va exister en permanence
surtout que le monde est caractérisé par le positivisme. LOMBROSO comme fondateur de l’école
positiviste à créer par sa thèse beaucoup de critiques et de controverses surtout en Europe en
Amérique du Nord et surtout que ses disciples FERRI et GAROFALO vont adopter la même thèse avec
leurs nouvelles recherches et approches ; l’approche socio-économique. Inspiré, dans ses études de
la sociologie criminelle, par le déterminisme morphologique de Lombroso, Enrico FERRI a concentré
sa recherche sur les facteurs criminogènes en affirmant que certains événements anormaux comme
la guerre, la crise, ou la famine provoquent brusquement la criminalité. Il appelle cela « la
sursaturation », à la fin de tout évènement anormal, la criminalité reprend son niveau normal.

9
Donc le criminel pour FERRI est déterminé par multiples facteurs dont la combinaison donne la
spécificité de chaque criminel, pour finir à classer les criminels selon l’impact de facteurs endogènes
liés à l’organisme physique et selon les facteurs exogènes liés à la situation économique, à
l’alcoolisme, à l’éducation et autres :

1 – Les criminels aliénés qui sont frappés d’une pathologie alors ceux-ci peuvent être pris en
charge par une protection sociale.
2 – Les criminels d’habitude dits récidivistes, et ceux-ci ont besoin de neutralisation physique
par mesure d’assainissement social.
3 – Les criminels d’occasion, récupérables par des mesures qui font en sorte qu’ils ne soient pas
dotés d’une personnalité vulnérable qui tend aux tentations par exemple améliorer leur
situation économique, leur trouver des emplois, …
4 – les criminels par passion qui sont hypersensibles, fragiles et notamment victimes de leurs
situations inextricables.

Pour la troisième figure de l’école positiviste italienne, GAROFALO, le crime est un acte
naturellement criminel s’il les sentiments de la société, bien qu’il distingue entre deux niveaux
d’infractions ; les crimes par nature repoussés par la majorité de la communauté, tels que le vol, les
crimes de sang et les crimes déterminés par la loi, exemple de législation douanière, infractions contre
le change, …
– Tendances de la théorie constitutionnaliste :
La théorie constitutionnaliste est partagée par trois tendances ; la première dite tendance des
pervers constitutionnels adoptée par DUPRES et MICHOUA qui voient que la personnalité de tout
individu subit des perversions prenant la forme d’hypertrophies ou de déviations, ainsi par exemple
l’alcoolisme est une déviation de l’instinct de nutrition. Pour la tendance de la constitution
délinquantielle avec son adopteur italien DI TULLIO, elle affirme que la masse des citoyens dans un
tel Etat est composée de deux groupes ; des individus neutres qui ne se diffèrent pas dans leurs
comportements et qui sont appelés conformistes, et les individus originaux qui se distinguent des
autres par leurs comportements et caractères, et ceux-ci sont prédisposés au crime. Cette notion de
prédisposition est détaillée par le criminologue KINBERG qui a décrit quatre groupes : les sujets qui
connaissent les actes défendus par la morale mais qui sont dépourvus des réactions émotionnelles,
les sujets ayant les mêmes connaissances mais cette fois-ci réagissent, les sujets dont les éléments
de connaissance et d’émotions sont moins développés et détruits et ceux dont les fonctions morales
sont réduites. Pour la dernière tendance de fonctions incompatibles du criminologue belge Etienne
DE GREEFE, ce dernier défend l’idée de la psychologie de l’inconscient, il considère tout homme
comme délinquant biologique virtuel mais il résiste aux incitations au crime car il a pu former une
armature morale alors que celui qui échoue de la former devient criminel, autrement dit, tout être
humain dispose d’une partie intérieure qui échappe au contrôle et à la maitrise et parfois même à la
volonté comme l’instinct d’amour, de défense ou survivance, c’est ce que GREEFE appelle les
fonctions incompatibles semblables aux fonctions physiologiques comme la respiration, selon lui,
face à l’inconscient existe le conscient, ce qui fait que dès l’enfance jusqu’à la vieillesse nous nous
efforçons de mettre des freins pour ces fonctions incompatibles qui sont souvent aveugles, comme
synthèse de sa recherche, dans son livre « Les armes criminelles », il conclut que l’homme honnête
est un sujet qui se trouve constamment en équilibre instable, il est toujours en train de perdre son
honnêteté et en train de la retrouver, c’est une lutte permanente au sein de notre vie psychique entre
l’inconscient et le conscient.

10
II – La théorie sociologique :
Le criminologue dans ses recherches se trouve obligé de prendre la tendance sociologique en
considération car à vrai dire il y a un lien étroit par exemple entre le crime et le chômage, la misère,
Gabriel TARDE dans son livre « Les lois de l’imitation » voit que le milieu social a un impact sur
l’individu car chacun a tendance d’imiter la conduite de l’autre, encore il y a des approches qui relient
le comportement criminel à d’autres causes :

a – La stigmatisation :
il s’agit de stigmatiser ou bien marquer l’infamie un condamné, par exemple une personne même
sans intention ayant commis un crime de blasphème (outrage de divinité, de ce qui est sacré) sera vu
par la société comme un criminel, soit cette personne va accepter la condamnation et par conséquent
elle sera marquée comme criminel, soit il ne l’accepte pas alors elle se réfugiera dans un groupe de
bande qui à ses yeux se veut moins sévère que la société, il y a une probabilité qu’elle sera outsider,
indésirable et stigmatisée par la force des lois pénales et par les constitutions sociales, cette image
d’être indésirable devient une identification qu’il ressent de plus en plus.
b – Les conflits de culture :

Dans la conception de Charles DEBBASH et DADED, la culture est un concept qui fait référence à
ce fond commun entre les individus d’une nation, d’un groupe social plus restreint, principalement
composé de sa langue, son art et folklore, de ses valeurs et les éléments constituant son passé. Cette
notion se diffère de la sous-culture et la contre-culture manifestée par une minorité au sein de la
société. Cette sous-culture est une différenciation insérée au sein de la culture nationale.
Pour la notion de « conflit », elle est polémique, littéralement elle désigne une opposition ou un
affrontement plus ou moins aigu entre plusieurs parties, tendances, aspirations. Selon la sociologue
Madeleine GRAWITZ c’est un concept axial en psychanalyse où il fait référence au conflit entre le moi
et le surmoi dans la conception de FREUD. C’un point de vue sociologique et politique, le conflit
désigne un facteur d’équilibre, dans le sens criminologique, SELLIN affirme que le conflit de culture
surgit lorsque les valeurs morales et les normes de conduite sanctionnées pénalement au sein d’un
pays donné à un moment donné de son histoire sont en désaccord avec les valeurs et les normes
adoptés par les individus opposants, SELLIN emploie le terme subalterne pour exprimer la culture du
sous-groupe qui est en conflit avec la société large.
c – L’anomie :
Dans son livre qui s’intitule « Elément de théories et méthodes sociologiques », le criminologue
américain Robert King MERTON a abordé le concept d’anomie en 1949, pour comprendre le terme,
Madeleine GRAWITZ souligne qu’il vient étymologiquement du mot grec Nomos qui veut dire
absence de lois fixes, plus tard il sera repris par DURKHEIM pour signifier dans un cadre objectif
l’absence des règles sociales communes et désorientation de conduite dans un cadre subjectif.
L’utilisation du terme sera plus large pour avoir un sens de déviance, déséquilibre entre les besoins
de l’individu et les moyens offerts par la société pour les satisfaire. Au niveau de la langue habituelle
cela veut dire « dysfonctionnement et la non intégration ». Pour GRAWITZ, le terme prend le sens
d’absence de normes ou absence de pouvoir, d’ordre dans la société.
MERTON définit l’anomie comme une rupture entre les individus qui ne peuvent pas réaliser des buts
et des objectifs suivant les normes proposées par la société, et les moyens insuffisants mis en place.
MERTON en analysant la société américaine pour comprendre les mécanismes de cette rupture voit

11
que l’anomie se produit aux différents degrés chez les individus en distinguant plusieurs modes
d’adaptation de ceux-ci :
- Les conformistes qui acceptent à la fois les buts et les moyens offerts par la société.
- Les ritualistes qui abandonnent l’idéal de réussir et se résignent à satisfaire leurs aspirations
avec les moyens auxquels ils sont parvenus.
- Et il y a ceux dont le mode d’adaptation prend des voies différentes, comme l’innovation où
l’individu accepte les buts mais regrette les normes et les moyens proposés par la société, et
comme le mode de l’évasion où les individus ne croient ni aux buts ni aux moyens ; les drogués,
les alcooliques illustrent ce mode. Et comme la rébellion qui est le mode des individus qui ne
peuvent ni innover ni s’évader.
d – L’association différentielle :
Dans le cadre du droit administratif et civil, le terme association exprime généralement une
convention entre deux ou plusieurs personnes sur une activité non à un but lucratif. En sociologie,
elle désigne les unions diverses pour une durée plus ou moins longue.
L’association différentielle est présente dans la psychologie différentielle qui étudie les différences
d’âge, de sexe, de milieu, … entre les individus et les groupes d’individus. C’est un concept forgé par
le criminologue SUTHERLAND influencé par la théorie de l’imitation, il étudie la société américaine
libérale et constate que cette société connait un degré élevé de délinquance qui résulte des conflits
de cultures différentes et de la perte de l’homogénéité traditionnelle et aussi de l’immigration. A
travers cette thèse, SUTHERLAND s’oppose aux explications mécanistes de la théorie d’hérédité des
différences anatomiques et opte pour l’influence culturelle, régionale, urbaine. En somme
SUTHERLAND explique le comportement criminel par la notion de conflit de culture et d’anatomie.

III – La théorie psychologique ou psychanalytique :


La théorie psychologique occupe une place importante dans les recherches criminologiques, alors
il y a deux grandes tendances ; certains donnent la priorité aux éléments constitutionnels de la
personnalité et négligent le milieu social qui, selon eux, ne fait qu’agir sur le criminel, et d’autres qui
rendent la société comme productrice et responsable du comportement criminel alors que les
éléments constitutionnels ne sont que complémentaires. Le criminologue belge Etienne DE GREEFE
souligne dans son livre « Âmes criminelles » que : « Le criminel est avant tout un être humain qui
ressemble bien plus aux hommes qu’il n’en diffère comme les autres et il construit sa vie, la trompe,
réfléchit, s’exalte, souffre, … ». Il ne devient criminel qu’après une période de pré-criminalité dans
laquelle se forme le processus qui l’amène à l’acte, c’est pour cela qu’il faut étudier sa pensée et
pénétrer à sa personnalité, la théorie psychologique s’efforce à cerner les perturbations qui se
produisent dans le processus de socialisation, elle est liée aux théories de FREUD. Au 19ème congrès
international de criminologie en 1950 Daniel LAGACHE expose sa thèse en deux phases :
- La phase de retrait : dans cette phase, le sujet « victime » d’anomalies survenues au cours de la
formation de sa personnalité connait un échec de la socialisation et se retire du groupe social
en devenant égocentriste et centré sur lui-même.
- La phase d’ajustement : se traduit par deux aspects ; un aspect interpersonnel qui concerne le
lien qui se tisse entre le délinquant et son groupe social d’appartenance, et l’aspect intra-
personnel qui est la relation entre le délinquant et son acte criminel.

12
Chapitre troisième : La victime :
Étymologiquement, le terme victime renvoie au terme latin Victima, pénalement c’est celui qui
subit personnellement un préjudice, le criminologue allemand Hans VON HENTIG dans le souci de
vouloir cerner d’autres éléments de définition du mot « victime » a élaboré trois notions de victime
dans son livre « Le criminel et sa victime », il y a le criminel victime, cette notion veut dire qu’un sujet
peut soit devenir victime soit criminel selon les circonstances, comme le cas des accidents de
circulation où même par hasard, la notion de victime latente désigne la victime ayant une
prédisposition à devenir victime, alors cette victime ne se manifeste pas et n’exerce aucune attraction
sur le criminel soit par peur, soit parce que cette victime est débile mentalement ou encore ayant des
tendances masochistes ou autopunitives, et il y a des relations spécifiques criminel/victime, c’est-à-
dire qu’il se peut que la victime connaisse le criminel ou bien l’inverse comme le cas par exemple du
chef d’une bande avec ses complices. Il existe une autre classification élaborée par MENSELCH, dite
tripartite ; pour lui, il distingue la victime innocente n’ayant aucun rôle sur la provocation du crime.
La victime collaborante comme le cas d’une femme qui se fait avorter, et la victime qui commet le
délit, c’est le cas de la victime simulatrice ou imaginaire (souvent enfant).
Fattah ISAT propose une autre classification ; la victime non participante, c’est le premier type, c’est
celle qui doit être soit inconsciente soit impuissante ou les deux comme l’enfant, comme la personne
en état de sommeil, folie ou autres, la victime latente ou prédisposée est plus apte à devenir victime,
elle peut même inspirer l’idée du crime chez le délinquant, cette prédisposition est souvent liée aux
situations sociales comme le cas des minorités ethniques ou religieuses, la victime provocatrice est
un autre type de victime qui invite le criminel à commettre l’acte criminel sachant que Fatah dégage
deux types de victime provocatrice ; le type passif qui invite directement le criminel à agir comme le
cas d’un propriétaire qui laisse sa voiture non fermée et le cas d’une victime qui invite un inconnu
chez elle, et le type actif où la victime peut être constante mais avance des agissements qui incitent,
ou ne pas être constante comme le cas d’intimider son adversaire ou l’insulter, et il y a la victime de
bonne foi comme le cas de suggestions faites aux enfants pour les inciter indirectement à prétendre
avoir été victimes d’acte criminel, mais aussi il y a la victime de mauvaise foi d’une personne qui n’a
subi réellement aucun acte criminel mais il fait semblant et enfin il y a la victime participante qui
assiste activement le criminel ou prend l’attitude passive rendant possible le crime comme le cas d’un
mineur qui consent son viol.

Si GAROFALO opte pour cette thèse, FERRI est pour les solutions préventives via la réglementation
de la vente d’alcool, la suppression de la prostitution, la construction des écoles, la surveillance de la
moralité des spectacles, la favorisation de la recherche scientifique, …

- Le mouvement du système de la défense sociale :


Les recherches doctrinales actuelles se focalisent sur la politique criminelle et la défense sociale
marquées par les apports de Gramatica AUCEL et LENSELLE. Gramatica constate que la notion de
défense sociale implique et consiste en ce qu’une protection de la partie saine doit être mise en place
au préjudice de la partie malade du corps social, ainsi, un groupe majoritaire peut être mis en abri
alors que le groupe minoritaire est sacrifié, autrement dit cela veut dire que les savants optent pour
la défense de la société contre les criminels qui portent le germe de la construction, mais cela reste
un champ de critiques, controverses et interrogations sur la justice de cette position et peut être son
injustice envers les criminels.

13
Dans son livre « principes de défense sociale », Gramatica rejette le droit pénal et ne reconnait
aucune utilité de son contenu. Dans le même sens, le sociologue et philosophe français Michel
FAUCOULT voit qu’il faut considérer chaque criminel comme un cas particulier et les mesures prises
doivent être adoptées au criminel, autrement dit la politique criminelle doit prendre en considération
le bien-être dans l’ordre familial, économique et sanitaire.
Pour Marc AUCEL, le phénomène criminel est un problème individuel, selon lui il n’y a pas d’idées
préconnues cela signifie que la politique de la défense sociale oblige une constitution préalable au
jugement à dimension médicale, chimique, psychologique.

Chapitre Quatrième : La politique criminelle :


Elle désigne l’ensemble des procédés préventifs et répressifs définis par une société donnée pour
lutter contre la criminalité et la réduire.

1 – Solutions répressives :
C’est une solution classique et ancienne, elle consiste en ce que les pouvoirs publics veulent faire
disparaitre les activités préjudiciables de la vie en communauté. Cette répression vise le criminel et
prend de nombreuses formes telles que la répression de châtiment, violence corporelle comme elle
peut viser sa liberté et ses droits. Au fil de l’histoire, la répression était en pluralité et diversité, alors
on trouve la répression indicative, c’est la plus ancienne, mais actuellement il y a un principe
fondamental qui s’impose et consiste en ce que personne ne peut se faire justice lui-même, à propos
de cette répression de vengeance, Jean PRADEL pour empêcher cette vengeance privée, il y a lieu à
l’indemnité versée par l’auteur ou ses proches à la partie offensée, c’était une sorte de justice privée
où la victime demeure l’instigatrice et la bénéficiaire de la répression.
La répression expiratoire ne se constitue pas sur la vengeance mais dans le sens de purification, c’est-
à-dire qu’il y a une souffrance imposée ou acceptée par l’auteur d’une faute ou acte criminel pour
que son âme soit purifiée, la punition là est appliquée par le Roi par délégation divine et elle a à la
fois une double fonction de neutralisation et d’intimidation.
La répression rétributive (compensation) est une autre répression classique qui était répandue dans
le monde chrétien, il s’agit d’une compensation qui doit être proportionnelle à la faute, elle a pour
but de corriger le comportement du criminel et sa reconversion à la vie sociale. Le droit pénal
constitue un champ d’études nombreuses, critiques et avis en ce qui concerne les peines, le criminel,
les libertés notamment avec MONTESQUIEU, ROUSSEAU et BECCARIA ?

2 – La solution préventive :
La solution préventive appelée aussi positiviste a vu le jour avec le fondateur de l’école positiviste
Auguste CONTE, pour lui, la solution est simple ; puisque le criminel est déterminé par sa constitution
et son milieu, il ne peut avoir que ce statut de criminel, alors la notion de libre arbitre ne lui est pas
applicable. LOMBROSO propose une élimination et neutralisation du criminel car c’est un microbe
qui menace la santé du corps social. Au Maroc, le cadre de procédure pénale dans l’article 88 : « Le
juge procède à une enquête sur la personnalité des inculpés que sur leur situation matérielle,
familiale ou sociale ».

14

Vous aimerez peut-être aussi