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COURS INTRODUCTION A LA SCIENCE POLITIQUE 2022

LICENCE B, KENT, PARL

PRISE DE NOTES DE MAEVA PRIETO

QCM → 40 questions de 0,5 pts pas de points négatifs


connaître nom d’auteur
Q ? à 3 réponses, toutes les réponses peuvent être justes

INTRODUCTION : DE LA PENSEE POLITIQUE A LA SCIENCE POLITIQUE

1. Définition

Science politique : analyse savante, scientifique, de recherche de la politique

- définition courante : ensemble des activités menées pour la conquête et l’exercice du pouvoir.
politique : peut-être un adjectif ou un nom substantif (masculin ou féminin). Vient de polis = la
cité, politéïa = tout ce qui touche aux affaires de la cité ( res publica en latin)
vie politique : activité particulière d’individus (élus, représentants, électeurs) ou d’institutions (les
partis, les groupes d’influence, les États), autour des affaires communes ou publiques

- définition savante (Max Weber) : Max Weber définit la politique comme l’ensemble des efforts
que l’on fait en vue de participer au pouvoir ou d’influer sur la répartition du pouvoir. Il définit
« le » politique comme le champ social dominé par des conflits d’intérêts régulés par un pouvoir
lui-même monopolisateur de la coercition (force) légitime. Le fait que Weber mette politique au
masculin n’empêche pas qu’on peut utiliser cette définition quand politique est au féminin.

Max Weber définit aussi l’État (sa définition est devenue un théorème) comme cette
communauté humaine/institution qui, à l’intérieur d’un territoire déterminé revendique pour
elle-même et parvient à imposer le monopole de la violence physique légitime. Par l’organisation
de force de police qui maintiennent l’ordre et celle des forces armées qui protège la population.
L’Etat s’exerce sur un territoire et une population à l’intérieur de frontières fixes. C’est une
structure pérenne lentement constituée depuis l’Occident.

2. Histoire

L’étude de la politique a commencé bien avant la Science Politique. Elle a commencé chez les
Grecs de l’Antiquité qui ont inventé en même temps la pensée politique et la philosophie. Ils ont
inventé la philosophie pour réfléchir la politique… Il y a aussi une origine religieuse à la pensée
politique. Les 3 grande religions monothéistes ont proposé une lecture « divine » de l’autorité et
de l’obéissance politique, à l’image du commandement de Dieu sur les hommes.

Une histoire qui commence par la philosophie politique : (Grèce antique)

- Les philosophes grecs étaient passionnés par cette question : quel est le système le plus
représentatif pour que les citoyens participent à la vie dans la cité ? Ils réfléchissaient aussi sur les
lois, la manière de les faire, la manière qu’elles soient les meilleurs possibles. Ainsi Platon dont
toute la pensée (ses livres : La République, La Politique, Les Lois) est tournée à inventer la société
idéale, la kallopolis (cité organisée). Après les Grecs, les Romains ont les 1ers utiliser un vocabulaire
juridique (des règlements) pour qualifier les charges politiques, leur accession, leur durée etc ;
Donc mise en place système magistrature (fonction public ajd), 1er système fonction politique :
course aux honneurs… Ils ont également articulé la loi comme « impérative », construction du
droit prétorien, avec une justice qui fixe la sanction. L’héritage romain est bcp plus articulé autour
de la pratique du droit et de l’obéissance à la loi avec une compétition théorique sur qui possède
le pouvoir : les citoyens ? le Sénat ? Les deux ensemble (populus senatusque), le chef militaire
« imperator » ?

Au Moyen âge en Occident, la pensée politique devient théologique et elle le reste quasiment
jusqu’au au XVIIe.

- couronnement religieux symbolise la force de la religion, la légitimité sur laquelle les pouvoirs
politiques se sont appuyés pdt des siècles. Un théologien comme (saint) Thomas d’Aquin (qui a
écrit la Summa = la somme (théologique), a qualifié le pouvoir du prince dans son œuvre. Il affirme,
il démontre que le Souverain détient le pv de par la volonté de Dieu certes car tout pouvoir vient
de Dieu, mais qu’il n’a ce pv que pour servir le Peuple- formule célèbre : omnis potestas a deo per
populum.

De même, Maïmonide grand philosophe juif du Moyen âge (XIIe siècle) qui est né en Espagne et
mort à Alexandrie après une vie très mouvementée, qui ne conçoit aucune séparation entre loi
civile et loi religieuse, entre le théologique et le politique, pense que l’ordre politique est l’un des
objectifs déclarés de la loi religieuse et comme requis par elle.

Avant ces deux savants religieux, (saint) Augustin, théologien catholique tunisien du IVe siècle,
(évêque d’Hippone près de Carthage) →a laissé une œuvre très importante en Occident (La Cité
de Dieu). 2 Il présente 2 ordres dans la société humaine, l’ordre spirituel et l’ordre terrestre
(théorie des deux cités) donc 2 gouvernements l’Eglise pour l’ordre spirituel, et le Prince, pour le
second politique. Les 2 cités sont distinctes l’une de l’autre. Comme c’est un homme religieux il
explique dans La Cité de Dieu que le chef religieux domine le chef politique et que le but des 2
cités est de suivre la volonté de Dieu.

Une théorie politique à fondement religieux qui a eu bcp d’effets en Europe à l’époque moderne
est l’absolutisme monarchique. Le pouvoir du Roi vient de Dieu et donc cela rend le roi
intouchable et incontestable. Si on attaque le roi c’est un sacrilège, qui est puni par l’écartèlement.
Voltaire, le grand homme de lettres des Lumières, a aussi été l’un des dénonciateurs avec l’Italien
Beccaria de l’usage de la cruauté dans la peine de mort et il a contribué par ses écrits à l’abolition
de la torture et des peines de mort cruelles, en inspirant les révolutionnaires français.

3. Le temps des grandes théories politiques :

Elles se séparent petit à petit à partir du XVIème siècle, de la théologie.

a. Fonder la politique et l’Etat sur la nature humaine

- Machiavel (1469-1527), diplomate auprès de la papauté puis à la cour du roi de France.


Il va écrire un livre majeur, Le Prince, tout à fait original à l’époque, livre tiré de son expérience,
écrit pour se faire bien voir de son ‘prince florentin’, Laurent II de Médicis – les Médicis sont les
gonfaloniers (justice et finances) de la République et ensuite ils en deviendront les ducs - et il lui
explique la bonne méthode de gouvernement, l’habileté dans le gouv des H mais aussi l’habileté
dans les « relations » entre Etats (il est considéré comme un des 1ers théoriciens de droit inter) la
virtus selon Machiavel est le fait d’être intelligent, de bien gouverner, avec discernement. Le prince
doit être habile et son habilité se mesure par la non-utilisation de la force. Il s’appuie sur des
conseillers sages qui vont l’aider à défendre les intérêts de son État, il doit aussi maintenir les
équilibres avec les autres puissances. La notion d’équilibre à maintenir entre les puissances pour
éviter la domination de l’une, c’est l’apport principal de la pensée de Machiavel. Il a fait partie des
auteurs qui fondent la politique de l’État sur la nature réelle de l’homme, il ne s’appuie pas sur la
morale chrétienne, il s’intéresse à l’art de bien gouverner. L’équilibre des puissances, pratiquer la
vertu (courage et intelligence politique). Dernier point, le Prince doit veiller au bien de ses sujets :
Machiavel conserve le souci du bien commun comme raison du pouvoir politique.

- Thomas Hobbes (1588-1679). A écrit Léviathan en 1651. Il part lui-aussi de la conception de


la nature humaine mais d’une manière plus vaste que celle de Machiavel. Il considère que l’être
humain en général est « fragile », avec une vision assez pessimiste (ou réaliste). Son idée, c’est
que tout le êtres humains sont motivés par deux instincts, la peur et le désir (jalousie, envie,
mauvais penchants). Il explique dans le Léviathan que les êtres humains sont ainsi faits qu’ils font
société pour se sauver d’eux-mêmes. La société civile chez Hobbes permet de pallier les
inconvénients de la nature humaine grâce à un pv, un État (le Leviathan) qui n’est pas un État très
aimable mais dont la fonction est double : protéger (les ê de la peur,…) et punir (empêcher le
désordre qu’entrainent les mauvais penchants…). Les ê h en devenant citoyens donnent leur
liberté à cet État pour en obtenir sécurité. Il y a donc une forme de contrainte dans sa pensée,
l’abandon de la liberté pour éviter les effets néfastes de l’état de nature, sous un gouvernement
civil qui gouverne d’une poigne de fer.

b. fonder la politique sur le droit naturel et le consentement nécessaire

- Francisco de Vitoria théologien du XVIe s espagnol (1583. A son époque en Espagne, les
théologiens et juristes des grandes universités (Salamanque, Valladolid, Alcala..) réfléchissaient
l’impact de la découverte de l’Amérique et de ses populations indigènes : qu’est la nature
humaine ? Comment considérer légalement des êtres qui ne sont pas chrétiens et qui n’ont
aucune connaissance de Dieu ? Ces théologiens se déchirent sur le sort réservé aux Indiens…
Vitoria défendait l’idée, de la nature humaine identique entre ces « sauvages » et les chrétiens
« civilisés ». Dans le De Indis ou Leçons sur les Indiens (1539), qui est un traité de théologie, il
affirme que du fait de leur même nature humaine, ils ne peuvent pas être traités comme les colons
le font (esclavage, travail forcé). L’ê h à l’état naturel possède une dignité qui vient du fait qu’il est
une créature de Dieu, et que donc tous les (autres) H sont des créatures de Dieu. Considéré
comme un des fondateurs du droit international en estimant que les règles morales sont partout
les mêmes parmi les ê h, et qu’il est possible de fonder des relations entre les nations qui soient
basées sur les mêmes règles (De Jure Belli 1557).

- John Locke XVIIe s. (1632-1704). A vécu au temps de la grande guerre civile, la République, les
troubles de la Monarchie avec la Glorieuse révolution de 1688, et il a eu une importance extrême
dans la reconstitution politique de la monarchie britannique en étant le conseiller du roi et de la
reine qui montent sur le trône en 1689. Il a inspiré le premier Bill of Rights jamais écrit, en 1689.
Pour Locke, l’ê h est une créature naturellement remarquable. Il est capable de s’organiser, de
réfléchir, être raisonnable, prévoir l’avenir, ê bienveillant, protéger sa famille, aimer) → chaque h
à une conscience naturelle qui le rend capable de faire la distinction tout seul entre le bien et le
mal. De la sorte, en raison de toutes les qualités de sa nature, l’être h. doit être protégé comme
tel avec ce que Locke appelle ses droits et ses libertés (sens que Locke donne à sa définition des
droit naturels/droits de l’homme). En conséquence, Le pv a comme fonction de protéger l’ê h dans
sa nature, et ça a des conséquences. Son droit de vivre doit être protégé, son intégrité physique
doit être préservée, sa liberté de conscience. Tout ces droits que le pv doit respecter, découlent
de la conception positive de la nature humaine de l’h chez Locke, et ils comprennent le droit
d’avoir une propriété, un espace à lui qui lui permette de vivre. Donc le gouvernement civil,
comme Locke l’appelle (Traité du Gouvernement civil – 1690) n’est pas dans sa propre toute
puissance, ni dans l’obligation impérative du maintien de l’ordre, son objet est de protéger les
droits et libertés, c’est donc un gouv limité par cet objet. Locke va trouver aussi un ‘moyen’ pour
poser les limites du gouvernement. Pour lui, entre les gouvernants et les gouvernés il existe un
contrat (idée tirée du fait que l’Etat doit respecter sa ‘parole donnée’ par un texte/ où les
conditions de son gouvernement sont posées, à la manière des contrats commerciaux). L’État est
en contrat avec la société, ce qui permet aux hommes de vivre au mieux de leur nature et d’être
protégés dans leurs droits et libertés.

c. Soumettre le pouvoir à la loi, organiser son exercice

- Montesquieu XVIIIe s → C’est un des premiers en se fondant sur le naturalisme de Locke, à


diffuser le modèle contractualiste anglais, dans son grand livre, l’Esprit des Lois 1748, mais il a
génialement pensé l’État contractuel en séparant ses fonctions, avec l’idée que chaque pv doit
être institutionnalisé organisé et avec ses propres fonctions souveraines, et qu’ils soient encadrés
par les lois auquel ils vont obéir. Sous une loi commune qui les concerne tous qui s’appelle la
Constitution !

- Jean Jacques Rousseau, milieu XVIIIe s, Dans Discours sur l’origine et les fondements de
l’inégalité (1754) et Du Contrat social (1762), va extrêmement loin dans sa def positive de l’ê h =
mythe du sauvage philosophe. Spécificité fr au XVIIIe s qui est de considérer les naturels (qui
vivent à l’état sauvage en Amérique) comme pleins de sagesse. R l’utilise dans sa def de la nature
humaine en disant qu’à l’état de nature l’ê h est bon/formidable (n’a que des qualités) il doit donc
rester à l’état sauvage pour le rester. En tout cas, il naît bon. Et finalement ce qui rend les ê
humains méchants, c’est la société ! On dirait ajd en socio c’est leur conditionnement-
environnement, le fait que c’est finalement leur place dans la société et le fait que la société est
cruelle → la cruauté de la société rend les gens méchants, une analyse de la violence sociale par
les déterminismes des conditions de vie. A sa manière Rousseau a anticipé cette analyse. Pour
retrouver une société vivable selon lui et libérer l’homme des effets néfastes de la société, il faut
organiser un pv qui obéisse à la volonté du peuple et le reflète. Rousseau va introduire 2 choses,
le fait de dire que le peuple = source du pv et que le peuple gouverne par le contrat. Son contrat
est que le peuple « nomme » des représentants qui décident en son nom du meilleur gouv de la
société. Influence colossale de Rousseau (y compris pour les Am. mais sa pensée y a été
contrebalancée par la théorie du gouvernement limité de Locke)

d. Organiser les règles de la paix et du droit international

- Jeremy Bentham (1748-1832) philosophe anglais qui imagine une société qui s’organise
entièrement sur les libertés et soumet sa « constitution » à ce but. En de très nombreux points
c’est un précurseur. C’est le 1er à avoir défendu l’existence d’un droit des animaux. Il a défendu la
liberté d’expression, il l’a articulé avec une liberté encore plus sacrée, celle de la press, e pcq la
presse est capable de dénoncer la corruption et tous les trafics du pv politique. Donc la presse fait
un travail essentiel pour la préservation d’un bon régime Autre champ ouvert par ses réflexions :
il a réfléchi la liberté sexuelle, il a écrit un livre qui admet l’homosexualité comme une liberté. Sa
grande idée c’est que finalement, le pv fonde sa légitimité pas simplement sur la protection des
libertés mais sur les résultats que doit promulguer cette liberté, à savoir le plaisir de vivre et le
bonheur. Permettre à tous et à chacun de vivre le mieux possible et le plus près possible de son
bonheur (cf l’expression la recherche du bonheur dans la Déclaration Am d’Indépendance et
autres ). Conséquences à long terme : la notion d’Etat providence s’est construit en partie sur la
pensée de Bentham et cette idée de redistribuer – par le consentement à l’impôt- une partie de
la richesse produite par tous. On a défini la pensée de Bentham comme l’utilitarisme, ou l’objectif
du plus grand bonheur pour le plus grand nombre. Pour Bentham la liberté d’entreprendre est
également très importante à protéger. Par ailleurs il est l’inventeur du terme droit international et
il a fait partie de ceux qui ont fondé la légitimité de ce droit international sur l’obligation des
normes communes dont la sécurité des Etats, en disant qu’au au-delà des relation entre les États,
il fallait aussi organiser les relations entre les nations, entre les pop dans les nations. Il s’est fait
remarquer pour sa critique très âpre du colonialisme.

- Emmanuel Kant (1724-1804) philosophe allemand qui propose à son tour à travers son Projet
de paix perpétuelle, l’idée de créer une assemblée qui représente toutes les puissances du monde
dans laquelle ces puissances discutent entre elles de leurs différents et se jurent à maintenir la
paix en leur sein et le font à travers des règles que toutes respectent.. → il donne naissance au
courant internationaliste de la pensée politique qui élargit aux relations des Etats, le même type
de rapport contractuel qui règle le gouvernement d’un Etat.

e. Transformer la société et le pouvoir : par la réforme ou la révolution

Avec les penseurs politiques du XIXème siècle, qui ont formé de nombreux courants concurrents
(historicistes, progressistes, socialistes, marxiste), l’idée qu’il faut « changer » la société et le
pouvoir devient une puissante motivation intellectuelle.

Les pensées réformatrices→ considèrent que la société peut être transformée par des
modifications successives, pour devenir plus civilisée.

- Celles qu’on appelle historicistes, qui croient au mouvement intelligent de l’histoire, en


s’appuyant sur la grande philosophie de l’histoire de Friedrich Hegel (1770-1831), philosophe
allemand contemporain de Bentham, qui donne un sens, une intelligibilité à toute histoire de
l’humanité, comme celle du déploiement de son esprit (Geist) qui a pour conséquence ultime le
développement de la liberté humaine. De fait, le pouvoir et son organisation progressent vers
une forme toujours plus perfectionnée. A terme, la perfection de la civilisation pour Hegel est une
société de citoyens libres – dotée d’un Etat qui suit une Constitution et ne cesse de légiférer et
d’administrer. La philosophie politique et la philosophie de l’Etat de Hegel suivent donc son idée
de perfectibilité historique. Dans son livre, Principes de la Philosophie du Droit, Hegel considère
que l’idée de la liberté (comme éthique) se réalise dans l’effectivité du droit.
- A la suite de Hegel (il y a eu aussi avant lui un grand penseur français du progrès
irrésistible, Condorcet), les penseurs progressistes qui s’appuient sur le mouvement de l’histoire
sont extrêmement nombreux au XIXème siècle (Saint-Simon, Proudhon) et ils croient sincèrement
que la dynamique de l’histoire va aller vers l’amélioration de la société et de la politique. Ils voient
les révolutions française et américaine comme le signe de la « poussée » du peuple dans l’histoire,
comme le moteur de l’amélioration politique. Ils sont « rattrapés » par les penseurs socialistes qui
constatent que la nouvelle société émergente, l’industrielle, fabrique une misère colossale des
nouveaux travailleurs. Ils cherchent à inventer des sociétés communautaires qui produisent avec
tous et pour tous (Charles Fourier, Etienne Cabet, Philippe Buchez). Ces pensées ‘utopistes’ seront
« dépassées » par la théorie socialiste « scientifique » de Karl Marx, qui fait une synthèse de la
théorie historique de Hegel, du progressisme révolutionnaire et des propositions utopistes. Il se
fonde sur l’idée que le moteur de l’histoire est la captation de la richesse par quelques-uns aux
dépends de tous. La forme de la richesse change et donc les sociétés avec elle/ la société
capitaliste industrielle est la dernière de ces transformations, et sa structure (capital détenu par
peu de pers au service de leur propre enrichissement par la maîtrise des outils de production et
la misère des ouvriers) peut être brisée par la révolution et l’organisation de la société communiste,
où les biens et la richesse seront partagés entre tous. Toutes ces pensées ont comme idée
fondamentale que le meilleur régime politique est celui avec la plus grande égalité eco possible.

4. Les 3 champs de la Sc Po

Fin XIX début XXe, les pensées et théories politiques continuent leur existence, mais la politique
commence à être étudiée comme un phénomène social, les pensées et idées comment des
produits sociaux. L’étude de la politique devient « scientifique ». Mais en résultat, les angles de
son étude se sont multipliés. C’est pourquoi on parle au pluriel des sciences politiques. Il y a en a
des 3 catégories

A. LES SCIENCES HUMAINES DU POLITIQUE → disciplines dites « classiques »

Ajd, l’histoire des idées politiques et la théorie politique sont étudiées de manière scientifique.
On a des chercheurs qui se penchent comme objt d’étude sur la philo/ théorie pol pour les analyser,
les critiquer, les mettre à distance. L’un des 1er à l’avoir fait est Raymond Aron (prof parisien
années 50-70).
On cherche à comprendre comment se fabriquent les idées, cmnt elles s’élaborent à partir de
nouveaux ordres de valeur. On analyse la validité, la solidité de ces valeurs. La science va travailler
les concepts, cmnt ils se fabriquent. Dans cette analyse on aperçoit que les idées se promènent
dans le champ pol (ex : Raoult Girardet qui montre comment le nationalisme part de la gauche
révolutionnaire et finit comme caractéristique de la droite « dure », in Le Nationalisme Français).
On cherche les imaginaires derrière les idées. Ainsi, Eric Voegelin, a travaillé dans les années 1930
sur l’effet du millénarisme (projection chrétienne de la fin des temps = le Christ revient sur T et un
règne de paix de 1000ans va durer) en politique et il a dénoncé le communisme et le fascisme
comme des religions millénaristes (Les Religions Politiques) qui se projettent dans un avenir
radieux mais font régner la terreur pour l’atteindre et former leur société parfaite.

- Ajd les chercheurs travaillent par exemple sur le colonialisme et sur les différentes pensées
coloniales, comment elles se sont perpétuées. Raoul Girardet a écrit une histoire de l’idée
coloniale en France, il y a une vingtaine d’années. Cependant cette étude du colonialisme a aussi
débordé en idéologie scientifique, comme la définition de la société occidentale, à travers les
études décoloniales venues d’outre-atlantique. Considèrent que la société occidentale est encore
construite d’un pdv idéologique sur une vision coloniale du reste du monde. Considère aussi que
les rapports raciaux en Occident sont de nature colonialiste.

Autre champ de recherche « classique », le grand cham de la Sc-Po des idées c’est de travailler sur
l’idéologie, à la manière de Voegelin ou alors de manière plus méthodique. L’une des grandes
théoriciennes du totalitarisme a été Hanna Arendt → définit le totalitarisme (nazisme, fascisme,
stalinisme) comme un processus identique de massification de la société derrière un projet
justifiant toutes les discriminations et tous les types de répression possible. Qui fonctionne sur la
terreur et la distortion systématique de la réalité pour qu’elle devienne conforme à l’idéologie.

Parmi les disciplines des sciences humaines qui traitent de la politique indirectement, il y a Les
historiens du fait culturel qui par exemple vont mettre en évidence le rapport d’une forme
politique de gouvernement avec la culture religieuse d’une société.
• Héritage catholique de l’Occident :- Joseph Strayer, - March Bloch - Karl Schmitt
• Importance protestantisme dans la création de l’État moderne : - Stein Rokkan - Max Weber →
protestantisme à l’origine du capitalisme à l’américaine. - Otto Hintze
• Influence occidentale dans la diffusion de l’État - - Max Weber, Norbert Elias - Bertrand Badie

La géopolitique et les relations inter sont d’autres disciplines (pas cloisonnées) que nous allons
étudier au 2e semestre. La première est essentielle pour comprendre la politique internationale,
les conflits d’intérêts entre Etats. Les relations internationales sont une « discipline carrefour »,
sans spécialité propres qui peuvent être étudiées et enseignées par des scientifiques de
différentes disciplines, de différentes manières.. Ainsi on peut étudier la circulation des idées et
leurs effets sur les relations internationales. La géopolitique concernerait tout ce qui est « hard »,
le rapport de force, le militaire, la guerre, la concurrence économique) et les relations
internationales tout le reste du droit à la culture.
L’anthropologie politique et culturelle fait partie des disciplines qui sont particulièrement
importantes pour comprendre les phénomènes politiques. Avec l’analyse des sociétés indigènes,
les chercheurs ont élaboré leur méthode, en essayant de comprendre comment elles fonctionnent
et si leur fonctionnement est comparable. Ainsi, la description de l’organisation de la famille dans
ces sociétés a grandement intéressé les premiers penseurs du communisme qui ont fait un lien
entre l’organisation de la famille et le modèle économique de la société (Friedrich Engels).
Comment ces sociétés pensaient le monde, réfléchissaient, quelle était leur univers spirituel ? Est-
ce qu’elles possèdent une orga politique, même si elle est pas aussi élaborée que dans les sociétés
modernes, qui sont des sociétés plus intégrées avec des millions d’êtres humains, organisé en
systèmes politiques ?

Les anthropologues du politique à leur tour ont utilisé les travaux des politistes pour poser la
question de la nécessité d’un Etat ou de l’existence de la souveraineté pour parler de politique.
Notamment ceux de Max Weber qui explique de manière historique la fabrication de l’État
occidental, et qui donne sa def du politique comme le lieu du pv étant le lieu de la coercition
légitime (par l’Etat), pour voir qui possède la force, et qui l’exerce.

Pierre Clastres dans Les sociétés sans État → Les sociétés primitives peuvent exister sans pv
politique différencié. Mais il y a dans toutes les sociétés indigènes, même à l’état latent, une
dimension politique de spécialisation et en général de confiance avec des personnes qui ont un
pv en général d’interprétation (des signes → dimensions religieuse ex : chaman, marabout…) ces
personnes font le lien entre la situation que l’on vit, son explication et les solutions possibles,
l’autre forme c’est le pouvoir de dire le droit, de gérer la réparation du conflit et le retour à la paix
ou à la justice du groupe. P. Clastres ne creuse pas cette idée, mais finalement ce qui caractérise
pour les anthropologue les sociétés primitives c’est l’extrême rigueur des structures familiales.
L’orga des liens inter-familiaux, des règles et des interdit familiaux et comment l’orga des familles
fabrique les tribus → c’est leur pv de régulation qui se fait à travers le respect strict des lois des
clans.

Jean-William Lapierre dans Vivre sans état → explique que le pv est partout dans les sociétés
primitives (étudie les Guaranis d’Amazonie, ajd à cheval entre le Brésil le Paraguay et la Bolivie
amazonienne). Il n’y a peut-être pas de pv pol propre, mais dès qu’’il y a des rites, notamment de
la violence ritualisée (épreuves de rentrée dans l’âge adulte, punition par torture, la coercition
inscrite dans les rites fabrique de l’ordre. Lapierre explique aussi que ces tribus sont extrêmement
patriarcales et divisées sexuellement. Hommes et Femmes sont bien séparés, le chef de tribu est
toujours choisi comme le meilleur chasseur ou guerrier, etc.. On retrouve bien la notion de pv lié
à la capacité physique du chef et lié à une régulation par les rituels.

Il existe d’autres anthropologues qui ont cherché à analyser la relation qu’il y avait entre un régime
politique et le visage d’une société (la forme de la société). Comme Barrington Moore, Les origines
sociales de la dictature et de la démocratie (1979) qui va présenter de manière articulée la forme
de société qui aboutit à la dictature et celle qui aboutit à la démocratie. Chez lui le phénomène
de la dictature est lié à la puissance de l’appareil militaire dans une société et donc la mise en
évidence du militaire sur le civil quant à l’inverse les sociétés qui arrivent à considérer que la
volonté pol domine le pv militaire et qu’il est finalement un instrument soumis au politique,
favorisera presque de cause à effet l’émergence de la démocratie. Immanuel Wallerstein, dans
The Politics of the World Economy, The States, the Movement, and the Civilisation (1984) , fait un
panorama historique complexe du développement des civilisations en relation avec deux
phénomènes conjoints, l’érection des Etats et le dev de la circulation commerciale, comme en
Mésopotamie il y a 5000 ans.

B. LES SCIENCES SOCIALES DU POLITIQUE : elles se veulent plus « scientifiques », c’est-à-dire


qu’elles ont recours à des méthodes quantifiées, des schémas, des statistiques, etc… Elles veulent
s’appuyer sur une analyse des faits empruntée aux sciences dures, chercher à travers les
comportements humains la vérité de la société, en utilisant donc des outils scientifiques.

1. La sociologie politique.

Elle est devenue aujourd’hui la science « noble » de l’analyse politique. Mais beaucoup contestent
ce statut dominant, parce qu’il est difficile pour les chercheurs de ne pas « choisir » leur camp
politique, avec un angle de départ qui mettra l’accent soit sur les interactions des acteurs qui ont
prise d’une manière ou d’une autre sur la politique (tradition libérale), soit qui mettra l’accent sur
les rapports de domination qui écrasent sciemment certains par rapport à d’autres, au point que
la démocratie est dénoncée comme une illusion et que les effets de la domination excèdent le
pouvoir politique.

• a. Les pères fondateurs :

- Emile Durkheim et ses lois sociales. Dans son livre « révolutionnaire », Règles de la méthode
sociologique 1895 → il invente le concept de sociologie, c’est-à-dire l’analyse scientifique de la
société par l’étude des faits sociaux ( le fait social = la manière d’agir, de penser et de sentir des
personnes seule et en groupe), comme des faits à analyser en dehors des personnes qui les
fabriquent, comme le résultat de forces qui sont extérieures aux personnes mais qui s’appliquent
à elles, que nous vivons, que nous subissons. Pour Durkheim, tout notre comportement est un
fait social, il va mener une étude devenue célèbre sur le suicide, il écrit un livre qui paraît
également en 1895 Le suicide. Il explique qu’il y a un rapport entre le taux de suicide et le célibat,
il constate également que les suicidaires sont plus des hommes que des femmes et de manière
plus violente, mais également que les gens se suicident plus facilement quand il n’ont pas
d’enfants et enfin il introduit une variable très intéressante, en expliquant qu’il existe des
différences religieuses (plus de non-catholiques que de catholiques qui se suicident).
L’analyse politique va adorer la sociologie pcq ce que Durkheim explique c’est que finalement les
êtres humains sont dépendants de leur éducation, de leur milieu social, de leur exposition à la
violence ou non et que tout cet ensemble fabrique le visage du pouvoir.

- Max Weber est l’autre très grand sociologue fondateur de la discipline. Mais il n’est pas aussi
« précis » que Durkheim. Il ne part pas de l’analyse du fait social collectif pour comprendre
comment fonctionne les sociétés, il a une pensée plus synthétique, plus inclusive qui utilise à la
fois l’histoire et la comparaison. C’est une méthode qui connecte une société avec une autre, qui
constate les différences liées à l’évolution historique, à la forme de pv mis en place et qui va
chercher à proposer ce qu’il appelle « un idéal type », c’est-à-dire un modèle de société. En
rassemblant les éléments particuliers ou différents qu’il trouve, ils les expliquent par le contexte
historique et il définit ce que ça signifie. Il propose finalement des modèles politiques-types, ce
qui veut dire que dans la réalité ce modèle ne retrouve pas tel quel. Il propose 3 modèles qui sont
toujours fondés sur l’idée que le pouvoir est bien le lieu du monopole légitime de la violence
physique :

1. Le modèle de pouvoir traditionnel → établi par le caractère sacré des pv du chef transmis par le
temps, c’est le cas des premières monarchies en Europe, qui ne dissocient pas la personne du chef
de son pv.
2. Le modèle charismatique → le fait d’obtenir le pv légitime non pas pcq on est héritier mais pcq
on a fait preuve de qualités extraordinaires dans les circonstances de la vie. Le chef
charismatique va à la fois obtenir l’admiration de son peuple et le pv. Ex : le Général DG résistance
aux nazis pdt la SGM, exemple Zelenski aujourd’hui. Le pv charismatique peut venir de la force et
de la propagande (ex : Staline, Kemal) et bien souvent, les chefs charismatique n’ont pas de
postérité.
3. Le modèle légal rationnel → c’est celui de l’Etat moderne qui est une invention occidentale et
qui possède plusieurs caractéristiques : le consentement des gouvernés à l’ordre légal, la
bureaucratie de gouvernement/administration, le caractère temporaire du pouvoir et l’alternance
aux postes de pouvoir remplaçable. On peut qualifier ce modèle de désacralisé. Les chefs sont
dans une fonction, dans une charge et ils sont recrutés au mérite pour l’administration et à la
compétence pour les politiques qui sont donc des professionnels.

A la suite de ces deux grands sociologues, les sociologues du politique se situent souvent dans un
de ces deux grands courants.
• b. Le courant déterministe (inspiration marxiste) :

qui considère que l’orga de la société est déterminée par la domination économique (des classes
riches) et que le pouvoir était le reflet de cette domination, qu’il la préservait en l’enrobant de
justification/morale/valeurs.

- Antonio Gramsci → Théoricien communiste de l’entre-deux-guerres qui propose une grille de


lecture sociologique. Va inventer le concept de domination symbolique à partir de sa réflexion sur
l’Eglise catholique en Italie. Gramsci réfute l’idée de Weber que la domination dans une société
est le monopole de la violence légitime. Pour lui il existe une domination bien plus profonde, un
deuxième pouvoir invisible qu’il appelle l’hégémonie culturelle/religieuse. Il y a un centre, une
culture dominante, systématiquement diffusée, qui fait que les humains acceptent l’ordre dans
lequel ils vivent.
Gramsci a développé aussi l’idée que les intellectuels ont un rôle social à jouer, ils ont une
fonction sociale, qui est de trouver des idées et de changer la culture.

- Pierre Bourdieu et son école → Sociologue contemporain du courant déterminisme le plus


célèbre. A travaillé sur les inégalités en expliquant que la première des inégalités c’est l’inégalité
culturelle, dans Les Héritiers et La Reproduction (sociale). De génération en génération les milieux
sociaux se reproduisent soit par stratégie consciente, notamment éducative soit à l’inverse par
manque de stratégie. Dans ses enquêtes, il montre que la réussite scolaire est le plus souvent
déterminée par un préjugé favorable dans les familles qui déteint sur les enfants. Il analyse ensuite
les loisirs dans les classes sociales, il a fait l’analyse des fan d’opéra. En 1979 il écrit La Distinction
où il raconte comment les classes sociales dominantes fabriquent des signes de reconnaissance,
qui sont des codes implicites. Ce sont des codes d’exclusion (pas forcément de manière consciente)
qui permettent de rester dans son milieu « distingué ».

• c. Le courant « interactionnel » (inspiration libérale) :

Face aux déterministes, il y a aussi des sociologues qui ne considèrent pas que les cultures des
milieux sociaux soient formatées par les rapports de domination, mais qu’elles sont propres et
adaptées et surtout que leurs membres ont « de bonnes raisons » pour agir comme ils le font et
qu’ils participent depuis leur place à la vie politique. La politique concerne tout le monde.

- Raymond Boudon →Est appelé ajd l’inventeur de l’individualisme méthodologique. Pour lui ce
n’est pas possible d’expliquer les phénomènes sociaux sans comprendre les motivations des
individus à l’intérieur des phénomènes. Il prend très au sérieux les justifications des personnes à
leur comportement. C’est une réhabilitation des individus qui donne de l’espoir, il a énormément
écrit, il se considérait lui-même comme héritier de la pensée de Weber et à contre-pied de
Bourdieu il a écrit un livre qui est le résultat de sa thèse sur L’inégalité des chances il a cherché à
comprendre pourquoi en France, pays dans lequel on a un système éducatif basé sur l’égalité
des chances pourquoi on se retrouve au final avec une reproduction sociale très forte, des
résultats qui montre que vous avez moins de chances de faire des études supérieures si vous venez
d’un milieu dit défavorisé même si vous avez été scolarisé dans le systèmes fr. Le facteur
d’inégalité selon lui est le manque de motivation personnelle.

- Michel Crozier dans L’Acteur et le Système 1977 → A travaillé sur la sociologie de l’administration
et a montré que bcp des dysfonctionnements démocratiques sont liés à des stratégies
personnelles. Fondateur de l’analysé stratégique des administrations. Il le rappelle dans son livre
avec une idée corrective pour que le système administratif fonctionne mieux, il faut donner plus
d’initiative et d’opportunité aux initiateurs.

• d. Le courant systémique :

Ce courant, moins présent en France, existe cependant et analyse la politique dans la société
comme un corps vivant, un système. L’expression système politique est d’ailleurs passée dans le
langage courant. Le précurseur de cette méthode est Bronislaw Malinowski qui est un
anthropologue et qui explique que toute société est un système de survie, où les êtres humains
s’entraident à vivre par l’échange de biens essentiels (dont les femmes !), le travail, la fête en
commun, etc. Tout est pensé, construit chez les humains pour se mettre en sécurité
collectivement. Sa thèse a donné naissance à l’école du fonctionnalisme, dont Talcott Parsons, est
l’un des théoriciens. Dans Le Système des sociétés modernes (1973), Parsons présente la société
comme un vaste système, dont les éléments remplissent quatre fonctions de base : l’adaptation,
la poursuite d’objectifs, l’intégration et le maintien des normes. Le pouvoir politique sert à
préserver ces fonctions. Pour finir, un autre auteur est dans la filiation systémique, il s’agit de
David Easton, qui a écrit dans l’Analyse du système politique (1974) →que l’exercice du pouvoir
est une vaste courroie de réponses (output) qui s’appliquent à la société face à des demandes qui
remontent (input) vers lui.

2. L’économie politique

Elle est une autre science du politique qui prend le parti de ne l’étudier que sous son angle
économique. C’est une analyse du politique par l’économie. Par exemple l’incidence politique du
rôle économique de l’Etat (impôt, politique sociale, taxation, sanctions, régulation, dérégulation,
absence d’intervention, etc…). 2 types d’écoles là aussi qui partent d’un postulat commun, l’orga
pol a bcp à voir avec l’orga économique et donc on ne peut comprendre le pol sans éco et
inversement. Ajd, l’éco-pol est enseignée dans les universités, avec des travaux qui proposent des
réformes, pol éco qui peuvent être soit lourdes soit plus légères, et ces types de pol éco vont
favoriser tel type de régimes ou d’orga politiques. Par ex : les démocraties européennes se
caractérisent aussi par ce qu’on appelle l’économie sociale de marché ou l’ordo-économie où l’État
veille au respect de la régulation des lois du marché, il est semi-directif, semi-libéral, qui fait que
globalement les démocraties en Europe correspondent à des éco de marché régulées par des lois,
des directives sur toute l’activité économique, non pas pour l’empêcher mais pour qu’elle se
répercute sur toute la société ( plein emploi, bons salaires, éducation, santé, transports, services
publics, etc…). De manière « réformiste », l’analyse économique de la politique s’intéresse à
l’impact du marché financier sur les politiques publiques ou les dettes des Etats, qui ont eux-
mêmes des fonds souverains d’investissement, etc… Elle s’intéresse à l’impact régulateur (ou pas)
de la redistribution des richesses par des pol publiques qui peuvent être sociale, de taxation,
d’imposition.

a. Il existe une école « marxiste » de l’économie politique qui estime que dans l’histoire c’est
l’accaparement des richesses qui a fabriqué la domination politique, que ce sont des intérêts de
classe qui expliquent l’économie et que pour fabriquer un système politique sans domination il
faut changer l’économie et intervenir directement sur elle.

- Karl Marx a écrit une Contribution à la critique de l’économie politique, en 1859 qui était son
ébauche du livre Le Capital publié en 1867. Ce livre préconisait la fin radicale de la concentration
privée du capital.
- Friedrich Engels dans L’origine de la famille, de la propriété privée et de l’État, 1884, montre le
rapport entre structuration des familles, pouvoir économique et pouvoir politique. Cet auteur,
utilisant les recherches de l’anthropologue américain Henry Lewis Morgan, explique la relative
égalité au sein des sociétés qui ont un système familial matriarcal, où les liens sont déterminés
par les femmes. Les sociétés dites patriarcales ou l’organisation de la famille se fait par les hommes
et autour de l’autorité paternelle, favorise un modèle inégalitaire (entre homme et femme, entre
enfant et parents, entre esclaves et maîtres, en serfs et noblesse, etc.. → tout système social fondé
sur inégalité comme fondement dans les relations entre classes sociales fabrique un pv autoritaire
qui accapare les richesses. Ça démontre son idée que les sociétés humaines sont inégalitaires
quand 3 critères correspondent :
- un régime pol autoritaire
- qui accapare avec ses élites richesses et propriétés
- dans lequel le modèle des famille est autoritaire et patriarcal

A ce propos, l’historien (non marxiste) Jacques Pirenne, a travaillé sur les sociétés anciennes
notamment de Mésopotamie et d’Égypte. Il a écrit un travail monumental sur l’histoire des
institutions et du droit privé d’ancienne Égypte dans lequel il explique que dans la IIIe et IVe (-
3000 ; au delà) dynastie égyptienne, le droit est très égalitaire et il constate qu’entre la Ve et la
VIe (2500 av JV) dynastie égyptienne le droit de la famille change considérablement. Il explique
pq et cmnt ce droit pv change. Le pouvoir du Pharaon à cette époque-là se concentre en un seul
royaume. Le Pharaon lui-même est appelé le fils du soleil, son pv devient sacré, absolu, illimité, il
devient le propriétaire de la terre d’Égypte. Pirenne écrit que Pharaon possède par droit divin la
terre d’Égypte et qu’il exerce sur toutes choses un droit de propriété éminent. Pour lui, cela a eu
des répercussions sociales colossales. Dans ce changement de pv et de « régime éco », va naître
une classe de privilégiés avec des offices héréditaires et un droit extrêmement inégalitaire dans
la famille avec un mari tout puissant et un droit d’aînesse (= c’est le fils aîné qui hérite de tout et
si le perd disparaît devient le tuteur de sa mère et de ses frères et sœurs) c’est le droit féodal.
Pirenne avait qualifié le droit de la période précédente d’individualiste, la femme avait une
indépendance financière, elle pouvait hériter mais aussi donner un héritage. C’est le même
modèle patriarcal que l’on retrouve dans le monde méditerranéen gréco-romain. Les Empereurs
romains étaient les propriétaires exclusifs de la terre d’Égypte. Il est plus que possible de
comprendre l’Empire romain comme un vaste siphonage de richesses.

b. On a à côté toute une école de penseurs libéraux, qui considère à la suite de l’ouvrage fondateur
d’Adam Smith Richesse des Nations (en France on a aussi l’école des physiocrates à la même
époque, la fin du 18ème siècle, qui pense pareil) que l’activité éco fabrique un modèle politique et
que pour sortir de l’accaparement féodal, le meilleur moyen c’est de libérer l’activité éco de
chacun, c’est de donner la liberté d’agir économiquement à chacun, que tout le monde
deviennent un acteur éco libre. Le libéralisme économique est indissociable dans cette pensée du
libéralisme politique.

Libre, ça veut dire que les taxes sur les produits, sur les passages de frontières servent uniquement
à enrichir l’autorité pol et appauvrit ceux qui les achètent s’ils peuvent acheter ! A côté du libre-
échange comme crédo, Adam Smith explique que la liberté économique c’est de donner le droit
aux gens d’être propriétaires de terres ou de biens. La théorie éco d’Adam Smith est donc de dire
que la meilleure façon d’améliorer l’éco et sortir de la pauvreté, de l’inégalité et de favoriser la
liberté économique.. Son idée est donc l’enrichissement par la liberté.
Quelques exemples de grands analyses du rapport de la démocratie avec une économie ouverte ?

- Anthony Dawns, avec An Economic Theory of Democracy, 1959


Explique que la démocratie est directement liée aux électeurs qui votent pour des partis en
fonction de leur programme éco et donc il développe une théorie sur la rationalité économique
des électeurs.

- Hilde Himmelweit, avec How voters decide? 1985


Elle continue la pensée de Dawns en disant que certes, les électeurs ont une forme de rationalité
éco quand ils votent, mais en même temps elle insiste sur la psychologie politique des électeurs.
Dans son livre elle démontre que les électeurs ont des représentations sociales ancrées en eux et
qu’ils vont votér en fonction de la réputation du politique plutôt que de son programme éco.
- Elinor Ostrom, La gouvernance des biens communs 2010
1er femme à avoir reçu le prix Nobel d’éco (alors qu’elle est politiste !) pour ses travaux où elle a
travaillé sur la notion de bien commun de l’humanité. Pour certaines ressources il y a urgence à
les retirer de l’intérêt personnel et/ou de l’accaparement étatique (ressources naturelles,
hydraulique, pêche), elle propose des solutions de gestion collective.

3. Les autres disciplines des sciences sociales du politique

• La sociologie des relations internationales


Discipline qui essaie de regarder les relations inter comme des faits logiques et non plus comme
un jeu entre acteurs étatiques et qui cherche à les analyser comme des résultats de cause à
conséquence ( comment marche une crise énergétique par exemple). L’interdépendance
mondiale d’ajd a plus d’importance sur les relations inter que les Etats eux-mêmes

• La politique comparée
Définit des régimes pol en les comparant les uns aux autres avec cette idée qu’en comparant les
systèmes on arrive à mieux les voir, les percevoir et aussi juger de leurs défauts et qualités, à
reproduire ou à corriger.

C. LES SCIENCES JURIDIQUES DU POLITIQUE

On pourrait dire aussi les sciences politiques du juridique ! Elles s’intéressent à la création des lois,
à la production normative, légale, administrative, réglementaire, jurisprudentielle et elles
discutent de leur effet social. Est-ce c’est pcq la société évolue que les lois changent ou à l’inverse
que c’est parce qu’on change les lois que la société évolue ? Grand débat => c’est sans doute les
deux !
Parmi ces sciences, la théorie du droit et de l’Etat, noble science des Facultés de Droit, L’histoire
du droit et des institutions, les sciences administratives, l’étude des politiques publiques sous
l’angle juridique. Enfin, restent deux autres disciplines, ardues mais passionnantes, à savoir la
sociologie du droit qui regarde l’impact des lois et de la jurisprudence et de la réglementation sur
l’état d’une société et l’anthropologie juridique qui cherche à retrouver les formes du droit dans
une société.
PREMIERE PARTIE : LA CLASSIFICATION DES REGIMES POLITIQUES

I. Définition du régime politique

Jean-Louis Quermonne a écrit en 2006 dans Les régimes politiques occidentaux :


« Un régime politique est l’ensemble des éléments d’ordre idéologique, institutionnel et
sociologique qui concourent à former le gouvernement d’un pays donné pendant une période
déterminée ». Cette notion est pratique parce que complète. Elle renvoie principalement aux
institutions notamment la C, au principe de légitimité à travers ses éléments d’ordre idéologique,
au système de partis, à la forme et au rôle de l’État, c’est une définition factuelle (descriptive) du
G, à partir de là on va déterminer ses caractéristiques de manière extérieure.

David Easton est connu aussi pour avoir proposé le terme plus complexe de système politique.
Il le définit comme l’ensemble des interactions par lesquelles le pouvoir effectue son activité
d’autorité, et correspond aux valeurs immergées dans un système social global. On a vu les notions
d’input, demande à laquelle le pv répond ou non et d’output, la mise en place de règles destinées
à répondre aux demandes et des règles qui appliquent les demandes.

NB : La notion de régime politique comporte 4 composantes : le principe de légitimité (valeurs),


la structure des institutions, le système de partis, la forme et le rôle de l’Etat

2. Typologies anciennes, le triptyque monarchie, aristocratie, démocratie

On va commencer par la description classique et assez simple des régimes politiques à travers
quelques auteurs qui utilisent la théorie du triptyque. Cette description des régimes pol est
ancienne, mais on utilise toujours leur définition !

A. LA TYPOLOGIE D’ARISTOTE (VE-IVE AV JC)

Athénien qui a été le disciple de Platon (lui-même disciple de Socrate). Il va être terre à terre et
faire l’inverse de Platon (qui imagine le meilleur régime politique, la kallopolis) en essayant de
présenter tous les régimes tels qu’ils existent et avec les caractéristiques qui les définissent les
uns par rapport aux autres en manifestent leur différence. En faisant ça, il les classe du moins bon
au meilleur. Pour Aristote il y a 6 types de régime avec 3 bons régimes et 3 mauvais régimes, décrit
dans Politique livre III qui sont un peu des caricatures des bons régimes et de leur déviance. Les
3 bons régimes sont ceux qui visent l’intérêt commun, la Monarchie, l’Aristocratie et la République.
Ce qui caractérise un bon régime c’est la vertu des gouvernants et dans la Rep le fait qu’il n’y ait
pas de Roi ou d’aristocrates qui gouvernent mais la multitude, le peuple. Quand il y a une
monarchie d’État ou une aristocratie de gouvernement où on a les meilleurs qui gouvernent (les
meilleurs soient les plus compétents) ou quand on a un régime Républicain ou le peuple gouverne
par des lois auxquelles il obéit, on est dans un bon régime pol.
Ensuite il présente les régimes dégénérés, la Monarchie régresse très facilement en Tyrannie (=
fait d’accaparer le pv pour deux raisons, la drogue du pouvoir prend le pas sur la responsabilité du
commandement, ou quand les ordres du tyran tiennent lieu de loi). Ensuite l’Oligarchie c’est la
régression de l’Aristocratie. Et la République régresse en populisme, où le chef flatte les passions
du peuple. Pour Aristote, le bon régime, la politeïa, c’est de ne jamais perdre de vue l’intérêt
commun et le respect des lois qui ont été posée pour favoriser le bien commun. Donc pour
Aristote, le bon roi est celui qui gouverne pour son peuple, il y a un bien moral qui lie le gouvernant
avec son peuple. Aristote utilise l’exemple de la monarchie juive des temps anciens pour montrer
un lien entre le gouvernant, Dieu et le peuple. Le roi ne gouverne donc pas à sa guise, il est soumis
aux lois de son royaume et gouverne avec son conseil. Même si chacun n’occupe pas la même
place, la société fonctionne comme un corps, toute les parties sont essentielles.

B. LA TYPOLOGIE DE SAINT AUGUSTIN

Chez ce théologien, nous l’avons déjà rencontré, l’essentiel du bon gouvernement tient dans les
vertus des gouvernants. Il y a les vertus morales/cardinales :
- La prudence,
- Le sens de la justice et de l’équité,
- La fortitude (la force d’âme, le courage, la résilience),
- La tempérance (la modération),
- Les vertus intellectuelles (celles données à l’être humain, à l’être doté de raison : l’intelligence,
la sagesse dans le raisonnement)

Il y a aussi les vertus religieuses (la foi, l’espérance comme continuité de la fortitude et la charité
comme continuité de la justice).

Après ce catalogue des vertus, Augustin revient aux intuitions d’Aristote. L’ensemble de ces vertus
ne peuvent être exercées que par un acte de volonté qui permet de s’orienter vers le bien, c’est
ce qu’il appelle la liberté de l’être humain. Dans la politique, les êtres humains agissent pour vivre
ensemble à partir de leurs communautés naturelles (familles, villages, puis cités) qui existent pour
le bien de tous et chacun, ce qu’Augustin appelle le bien commun. Augustin oppose aussi les bons
et les mauvais gouvernements. Les bons gouvernements sont ceux qui cherchent le bien commun.
Comme Aristote, A. considère que la monarchie est le régime qui tend le plus facilement à exercer
le bien commun.
C. LA TYPOLOGIE DE THOMAS D’AQUIN

A l’inverse d’Augustin, ce théologien n’est pas hostile aux cités républicaines. Tant qu’elles ont le
projet du bien commun de la République, elles ont une légitimité aussi grande que la monarchie.
Thomas d’Aquin a été un des premiers républicains, au sens où il a montré une préférence logique
pour ce type de régime, comme le plus apte à veiller au bien commun, pour le peuple.

D. LA TYPOLOGIE DE MONTESQUIEU

M. présente lui aussi les trois types de bon gouvernement dans L’Esprit des lois. Il décrit les
gouvernements de la même manière qu’Aristote, mais ne cite par contre qu’un seul mauvais
gouvernement, le gouvernement despotique. Pour que les régimes soient de bons régimes ils
doivent chercher à mettre en place les lois adéquates, qui doivent être adaptées au physique du
pays (climat, terres, qualité des sols) et aux mœurs et coutumes de ses habitants. Montesquieu
définit le modèle républicain comme celui où le peuple a la souveraine puissance. Cette
république peut être aristocratique (la partie du peuple la plus riche est souveraine) ou
démocratique (tout le monde est souverain). Les deux formes ne peuvent être totalement
séparées ; dans une démocratie le peuple est à la fois monarque et sujet par ses suffrages. De ce
fait les lois qui établissent le droit de suffrage sont fondamentales dans ce gouvernement, selon
Montesquieu.

Montesquieu va avoir une grande postérité sur l’importance du vote en démocratie, en disant que
l’humain sait discerner les meilleurs. Cependant il considère que le droit de vote doit être donné
en majorité aux patriciens et non aux plébéiens. Il s’est posé aussi la question de quel était le
meilleur type de vote. Pour lui le vote secret, qui est un moyen de privilégier la liberté, a été le
déclencheur de la chute de Rome, favorisant le clientélisme favorisant son propre intérêt. Il
préfère le vote public.

Le régime aristocratique est dur à garder dans l’intégrité selon Montesquieu. C’est un régime entre
deux chaises. Le meilleur est celui qui est le plus proche de la démocratie, le bon régime est celui
composé de beaucoup de petits aristocrates afin que le peuple ne sois pas opprimé par cette caste
qui les gouverne, ou alors il faut que ce régime se rapproche de la monarchie.
Dans le régime monarchique, le gouvernement est celui d’un seul. La différence avec le
despotisme sont les différents pouvoirs intermédiaires qui existent, c’est la théorie de
ruissellement des pouvoirs. La monarchie ne peut pas verser dans le despotisme quand le pouvoir
a une grande quantité d’aristocrates et obéit à des lois. Le despotique est là où un seul commande
sans loi et sans règle, et qui entraîne tout par sa volonté et ses caprices (l’avidité du Prince est le
contraire du bien commun, c’est se favoriser soi- même. Le despote se caractérise aussi par sa
cruauté, il ne pratique aucune des vertus soulignées par saint Augustin ! Enfin, il n’y a pas, dans
le pouvoir despotique, de pouvoirs intermédiaires. Pour empêcher un despote de sévir,
Montesquieu considère, à l’exemple de Locke, qu’il faut mettre en place un
pouvoir/gouvernement limité.

Pour conclure sur Montesquieu, les principes des bons régimes sont selon lui :
- pour le régime démocratique = la vertu des citoyens
- pour le régime aristocratique = la modération et le nombre important des notables
- pour la monarchie = la limitation du pouvoir du monarque par des lois.

E. LA TYPOLOGIE DE ROUSSEAU

On retrouve la pensée de Rousseau dans Du contrat social, il prolonge la pensée d’Aristote et


pense en moraliste. Il reprend la distinction entre les bons gouvernements et les gouvernements
corrompus.
Dans les bonnes formes il présente :
- La démocratie : c’est le gouvernement le plus moral et le régime idéal « propre aux Dieux plus
qu’aux hommes », mais son application totale, selon Rousseau, n’a jamais existé. Cet idéal
politique a pu être aussi évoqué dans des utopies (notamment chez Erasme). C’est un régime
merveilleux qui n’existe pas, mais à partir duquel, quand même, Rousseau va proposer son contrat
social. Il y a donc une contradiction qu’il doit résoudre. Il dit que la démocratie (directe) est
impossible à atteindre car elle suppose de petites cités, être composée de peu de personnes, être
en autarcie … Rousseau propose donc de lui substituer un système qui se rapprocherait le plus, la
démocratie représentative par l’élection, la démocratie électorale. Rousseau a écrit deux projets
de Constitution un pour la Pologne et un pour la Corse où il imagine une démocratie élective avec
des représentants du peuple : sorte d’aristocrate élective. Ces projets seront lus avec attention et
serviront de modèles pour les révolutionnaires.
- L’aristocratie.
- La monarchie.

Les régimes corrompus selon Rousseau sont :


- Monarchie = tyrannie
- Aristocratie = oligarchie
- Démocratie = ochlocratie ou anarchie par corruption. La corruption est la vrai plaie des
démocraties. Le gouvernement dégénère quand l’intérêt personnel des chefs sans vertu prend le
pas sur le bien commun. Ce qui empêche la démocratie de mal finir est donc la vertu des hommes
politiques, la grandeur d’âme des hommes qui gouvernent fait la force du régime démocratique.
Il y a donc toute une tradition de pensée politique qui favorise la forme démocratique du régime
politique pour peu que cette démocratie ait des garde-fous : un peuple qui choisit bien ses
représentants, un pouvoir organisé et soumis à la loi qui a le bien commun comme objectif et des
chefs vertueux…

3. Classification formelle, classique des démocraties

Après cette classification « historique », voyons la classification formelle que les professionnels de
la science politique font de la démocratie. C’est une classification classique à laquelle ils
rajouteront d’autres critères au fur et à mesure de la recherche.

A. CRITERES CONSTITUTIONNELS DE DISTRIBUTION DU PV :

C’est le B.a.ba de ce qu’on apprend aux étudiants. Les régimes politiques démocratiques se
distinguent de manière ordonnée entre
-des régimes parlementaires caractérisés par une séparation souple des pouvoirs, par laquelle ce
sont les représentants du Parlement qui décident de la mise en place de l’exécutif ;
les régimes présidentiels qui pourraient se caractériser par une séparation plus stricte des
pouvoirs, l’exécutif ne procède par du parlementaire mais a sa propre dynamique électorale.
les régimes mixtes, caractérisés par un président élu au suffrage universel et d’un gouvernement
responsable devant le Parlement. Maurice Duverger les appelle aussi semi-présidentiels.

B. CRITERES CONSTITUTIONNELS D’ECHELONS TERRITORIAUX DE L’ÉTAT :

Autre critère, les niveaux territoriaux de pouvoir.


Régime unitaire, régime fédéral : dans le premier les décisions relèvent du pouvoir central, dans
le second, les pouvoirs sont partagés entre l’Etat fédéral et les états fédérés. Mais une fois qu’on
a fait cette distinction, le régime fédéral a une variété de possibilités qui le rend très complexe à
analyser.
Régime centralisé, régime décentralisé : en pratique un Etat unitaire peut déléguer au niveau local
son pouvoir à des autorités administratives qui dépendent de lui (déconcentration) ou au
contraire à deas autorités élues (décentralisation) qui vont avoir des compétences propres,
jusqu’à l’autonomie régionale ! L’Union européenne favorise la mise en valeur des territoire
régionaux, notamment frontaliers.

C. SYSTEME DE VALEUR
Plus largement, il est possible de classer les démocraties à travers la place que prend telle ou telle
valeur dans leur organisation, en sachant que toutes les démocraties dites libérales (c’est-à-dire
qui sont fondées sur la protection des libertés) partagent les mêmes valeurs (cf Seymour Martin
Lipset). La Constitution ne traduit pas seulement des règles de distribution du pouvoir, un rapport
de force entre les acteurs politiques et sociaux, mais aussi les valeurs fortes qui font l’unanimité
dans la société, celle qui permettent l’adhésion des citoyens à leur régime politique. On parlera
de démocratie néolibérale (marqué par une forte dérégulation financière et une faible fiscalité sur
les entreprises), de démocraties sociales (avec un Etat providence qui soutient sa population par
la redistribution), de démocraties laïques (séparation et neutralité religieuse de l’Etat), etc…

D. LE JEU DES PARTIS (COMMENT ILS SONT ORGANISES POUR ANIMER LA VIE POLITIQUE)

La place des partis est devenue rapidement un moyen de classer les démocraties et différencier
un système pol d’un autre. Le nombre de partis a son importance. Leur rapport d’opposition et
d’alliance va donc déterminer la « forme » d’un régime démocratique à partir des distinctions
simples.

- Le bipartisme : deux grands partis monopolisent le champ pol et il y a plusieurs variables : le


bipartisme rigide avec des partis disciplinés c’est-à-dire que derrière une ligne fixée par la tête du
parti tous les représentants de ce parti ont le même discours → modèle assez rare qu’on retrouve
particulièrement en GB. Le bipartisme souple avec des factions à l’intérieur de chaque parti qui
n’ont pas les même idées → USA, discipline de coalition à l’intérieur de chaque parti d’au moins
4/5 factions, sensibilités. L’intérêt de l’étude de ce modèle c’est de voir comment ces factions
cherchent à devenir dominantes et à orienter le parti, à lui donner une identité devant les
électeurs et aussi être la faction dont le favori va finalement devenir candidat aux élections
présidentielles fédérales → Selon les auteurs, ce système peut paraître parfait quand il épuise 90 %
des voix, ou au contraire bien imparfait quand finalement on est avec des taux de remplissage du
spectre électoral qui se réduit à 70-80 %, il y a la place pour ce qu’on appelle un tiers parti qui
décide par ses reports de voix du parti gagnant mais n’arrive jamais au pouvoir. Ou alors, quand
un parti est « mangé/capté » par une faction qui réduit sa diversité à son profit, ce qui est le cas
aux Etats-Unis dans les deux partis, avec une faction ultra qui s’adresse à un électorat chrétien par
des slogans populistes et qui réussit à capter le mécontentement de l’électorat, ses angoisses et
ses frustrations, et de l’autre une faction concentrée sur le droit des « minorités » sexuelles et
raciales qui ne capte pas un électorat majoritaire, occupé par d’autres problèmes.

-Le multipartisme : le régime multipartiste fonctionne avec un large spectre de « petits » partis,
qui peuvent être régionaux. Le multipartisme est dit intégral quand aucun parti ne peut dominer
et la concurrence nécessite de manière paradoxale des systèmes de coalition.
- Cette répartition a été affinée par d’autres auteurs qui préfèrent parler de système bipolaire ou
multipolaire.

Le bipolaire marche à partir de deux regroupements opposés, avec comme résultat paradoxal
que soit l’affrontement provoque les blocages, soit il fabrique du consensus au centre. C’est le
centre qui devient le lieu de gouvernement dans un vrai système bipolaire, le G ne peut gouverner
qu’au centre.
Le système multipolaire implique une très forte latitude , un spectre idéologique très large, des
propositions politiques qui peuvent être très variées. Pour Giovanni Sartori, ce système oblige
aussi à la modération pour rendre possible les coalitions - la coalition est le moyen d’équilibrer le
système multipolaire. Pour William H. Riker, la coalition électorale s’apparente à la théorie des
jeux car elle donne lieu à un calcul très savant auquel les partis pol se livrent pour chercher à
obtenir des résultats spécifiques au point de % près, au point de créer une coalition complétement
hétéroclite de partis qui ont une idéologie opposée ! C’est le cas de l’Italie. On a donc des études
sur ce système multipolaire en expliquant qu’il est à la fois dangereux et en même temps
particulièrement démocratique !

E. LE MODE DE SCRUTIN

Les démocraties peuvent être aussi classées selon leur mode de scrutin car il change la donne
dans les élections en produisant finalement des « styles » différents, notamment quand le chef
de l’Etat est élu.

- Le scrutin proportionnel tend à un système de partis multiples et qui dépendent les uns des
autres.
- Le scrutin majoritaire à deux ou à un seul tour va fabriquer un dualisme des partis. Maurice
Duverger, grand constitutionnaliste français qui a travaillé sur ce que produisait en France la
préférence pour le scrutin majoritaire, montre que ce type de scrutin a favorisé une division
politique solide entre La droite et La gauche françaises (alors qu’il y a dans ce pays plusieurs droites
et plusieurs gauches), division qui se constate sur les cartes du vote. Elle persiste malgré
l’évolution du pays, les crises, les g. Pour Duverger et d’autres auteurs, le paramètre explicatif de
cette persistance remonte à la révolution française et à la terrible division qui s’est produire pdt
cette rév d’un pdv religieux, avec la crise de la Constitution civile du clergé. A un moment donné
(1791), les députés qui faisaient des lois à tour de bras ont eu la riche idée de réorganiser l’Eglise
catho en FR. Comme ils allaient créer un système de financement de l’Eglise catholique (qui n’avait
plus de moyens), ils décidèrent de réformer sa structure (La Constitution civile du clergé) et de lui
appliquer le système électoral. Curés et évêques allaient être élus par le peuple, le clergé régulier
disparaissait, et le clergé séculier (ceux qui sont dans la société) devait prêter le serment de fidélité
obligatoire. L’Eglise catholique refuse cette organisation. Des régions entières se soulèvent contre
la République… Au fur et à mesure que les mois avancent, ceux qui ne prêtaient pas le serment
étaient condamnés à mort. Mémoire catholique très hostile aux révolutionnaires puis à leurs
descendants politiques jusqu’à la seconde guerre mondiale après laquelle les catholiques sont
devenus républicains.

Avant de conclure, citons deux auteurs américains qui ont particulièrement travaillé sur l’effet du
mode de scrutin dans la forme prise par un régime démocratique, Douglas W. Rae et Stein Rokkan.
Douglas W. Rae dans un livre sur les conséquences politiques des lois électorales (1967) de 20
régimes démocratiques, montre qu’il y a plus de systèmes électoraux proportionnels, mais qu’il
n’y a pas de corrélation franche entre ce système proportionnel et le multipartisme. De son côté,
Stein Rokkan propose une théorie du clivage politique dans l’électorat en fonction de leur
appartenance sociale, de leur statut de propriétaire ou locataire, et aussi de leur enracinement
familial sur un territoire : le multipartisme permet une meilleure représentation des ces clivages.

F. REGIMES AUTORITAIRES ET TOTALITAIRES

Il est enfin un dernier critère pour classer les régimes démocratiques, qui est de les mettre face à
des régimes non démocratiques, par opposition. Il y a donc deux autres catégories de régimes
politiques qui seraient nos « mauvais gouvernements » contemporains, les régimes autoritaires
et les régimes totalitaires, avec cette idée que la distinction des deux est assez palpable et que
leur principale différence, c’est que les régimes autoritaires peuvent avoir la ‘forme’ de régimes
démocratiques. Leur principale ressemblance c’est qu’ils refusent le jeu démocratique.

- Régime autoritaire
Ex : République d’Iran, régime autoritaire, parce que tout le système politique républicain est
verrouillé par la structure cléricale du shiisme iranien avec la plus haute autorité le Guide suprême
qui est le plus ‘Grand ayatollah’ du pays (autorisation des partis, autorisation des candidatures y
compris présidentielles, contenu des programmes, vérification des lois, main mise sur le système
judiciaire, police des moeurs). Le Guide suprême gouverne comme un tyran, malgré un système
constitutionnel apparemment démocratique. Il contrôle toute la vie pol, il va finalement décider
du nombre de partis en les autorisant ou interdisant sur des critères arbitraires, de manière
aléatoire dans le temps, donc le contrôle sur l’existence des partis eux même. Avec l’Iran vous
avez la Russie comme exemple de pays autoritaire qui bascule dans la tyrannie avec le monopole
d’un parti lié à la personne du Président et l’interdiction de partis qui s’opposent au président et
une Assemblée dont le travail essentiel est de voter des lois répressives.
Donc l’autre facteur sûr pour reconnaître le régime autoritaire non-démocratique : la répression
de l’expression pol. Typiquement quand on est dans un pays qui refuse les partis d’opposition
et/ou que la pop manifeste son mécontentement et la réprime, vous n’êtes pas dans une
démocratie. Sur l’autoritarisme, voir les travaux de Guy Hermet.
- Régime totalitaire

On définit le régime totalitaire dont on doit la mise en place, la réflexion à une grande politiste
Hanna Arendt avec Les origines du totalitarisme qui est un livre très remarquable. Parmi les idées
qu’elle développe elle établit les conditions pour que le totalitarisme émerge, qui sont une
société qui fait l’expérience de ce qu’elle appelle la désolation sociale qui n’est pas un terme
sociologique, les sociologue appellerait ce type de société une société éclatée par ultra-
fragmentation. Ces types de société ont un lien social délité. Elle se constituent pour tout un tas
de raisons, le plus souvent un traumatisme collectif comme la guerre. Deux grandes
caractéristiques nécessaires, les masses adhèrent à l’idéologie et l’Etat va plier toute la réalité
au contenu de l’idéologie. Le régime totalitaire se caractérise par la terreur qui permet à
l’idéologie de plier toute la société à son contenu. IL ERADIQUE TOUTE FORME DE DIVERGENCE
IDEOLOGIQUE.

G. TYPOLOGIE PAR NIVEAU DE DEVELOPPEMENT

Evocation du lien entre démocratie et développement par Philippe Marchesin

Nous avons en avançant dans le temps et les recherches, d’autres critères pour définir les
démocraties. Et une très importante famille de politistes contemporains, considèrent que la
démocratie ne devient possible qu’à partir d’un certain niveau de développement économique.
Une société où la population est majoritairement pauvre, le travail peu diversifié et peu qualifié,
informel, a peu de chance d’être démocratique. Donc la démocratie dépendrait d’un certain état
général de richesse ou de pauvreté qui correspond à un état général de forces de travail, de
production de la richesse par la population, c’est ce qu’on appelle le niveau de vie. Dans les
systèmes qui produisent de la richesse éco, cette dernière donne du travail mais aussi du temps
libre à l’ensemble de sa pop. Des systèmes qui produisent assez de richesse pour que tout le
monde ne soit pas préoccupé à juste survivre. Il faut une sécurité éco suffisante pour que les
personnes aient autre chose en tête que leur survie. Libérer économiquement les H de leur
précarité biologique, c’est le niveau minimal mais nécessaire pour construire une communauté
pol.

Quels sont les auteurs qui ont développé le rapport entre démocratie et niveau de vie ? il y en a
de 3 types. Les libéraux développementalistes, les antilibéraux dépendantistes et les libéraux
sociaux interactionnels.
Les développementalistes

Walt Whitman Rostow, Les étapes de la croissance économique, 1961 Théorie contestée par
la suite. Il définit la croissance éco en 5 étapes en partant de la société traditionnelle dans laquelle
l’accès à la richesse est rare, sa production difficile et donc globalement ces sociétés tiennent par
une orga à la fois familiale et pol de type autoritaire. On sort de la société traditionnelle par
l’accumulation des conditions préalables pour un décollage éco, c’est la mise en place de
structures de production plus importantes, mécanisées et que l’on obtient par la réunion du
capital.
La réunion de ce capital peut être fait par les autorités publiques ou par des individus plus malins
que les autres, avoir des investissements de départ pour créer ces structures de production et
fabriqué des pays que d’autre n’ont pas ou si d’autres les ont le fabriquer de meilleur qualité et à
moindre coût. Pour cet auteur, la marche vers la maturité économique qu’il définit comme l’âge
de la consommation de masse, âge où tout le monde a accès à des biens nécessaires et aussi
superflus.

- Gabriel Almond, George Powell, Comparative Politics, 1968


Almond a aussi écrit un grand livre sur l’hist des régimes pol. Ces auteurs montrent qu’il y a une
correspondance entre les sociétés traditionnelles et le despotisme et une correspondance entre
la société de libre marché et la démocratique pluraliste, et de fait c’est vrai que ce qui monopolise
le débat pol c’est le lvl de vie des personnes et la grogne sociale qui se fait tjrs autour de la capacité
de gagner sa vie correctement. Ces auteurs sont alors optimistes, progressistes.

- Les dépendantistes

Ces développementalistes, globalement progressistes ont été contrecarrés par d’autres auteurs
qui pensent exactement le contraire dans les années 70-80. C’est l’inégalité économique du
système global et national de capitalisme qui rend la démocratie impossible, par le fait de
l’inégalité de développement qui est structurelle au niveau mondial. On les appelle les
dépendantistes.

A.C. Peixotto, La théorie de la dépendance (1977)


Peixotto a récapitulé les études qui avancent cette théorie. Elle nie la possibilité du dev
harmonieux défini par Rostow en disant que les avantages du dev économique, la théorie du
ruissellement, sont contredits par la réalité. Le sous-developpement est une condition du sur-dev
des pays démocratiques. Peixotto met en évidence le système de dépendance des pays moins
développés à cause du « blocage » des pays déjà riches. Peixotto représente un courant qui s’est
dev chez des économistes d’AM Latine dans les années 60, qui cherchaient à comprendre pq leur
pays ne décollait pas. Leur théorie a été que le système de l’éco mondiale avait un centre doté
d’un niveau très élevé d’investissements et que ce centre produisait des biens et des services de
très forte valeur ajoutée et que autour de cet axe central, il y avait des périphéries qui n’allaient
produire que de la nourriture et fournir des matières 1er à faible valeur ajoutée et à bas prix. Le
sous-dev vient du système économique mondial lui-même, les pays sont sous dev à la demande
des pays dev et ils ne peuvent pas s’industrialiser. Les pays sous dev souffrent d’une
marginalisation systémique, qui est enracinée depuis parfois des siècles.

- Les interactionnels contemporains (Cartou, Quermonne, Boutros Ghali)

Ces auteurs ont essayé de fabriquer finalement des propositions « interactionnelles », avec
l’expérience de la reconstitution démocratique des Etats d’Europe de l’Est à la chute des régimes
communistes liés à l’URSS. La théorie précédente de dépendance, expliquant les centres
capitalistes en place en rapport avec la bourgeoisie des pays dominés ne s’appliquait pas aux pays
d’EU centrale et orientale. Ces pays ont demandé l’intégration dans UE et par un système de
processus économiques vertueux, ils ont bénéficié de la confiance des banques internationales,
du système d’équilibre qui existait au sein de UE entre les banques centrales, etc.. On a assisté à
des printemps éco, en Pologne, en Roumanie, en Hongrie etc.. Conclusion pour ces auteurs, la
bonne gouvernance démocratique a besoin d’une éco de marché régulée avec des
investissements contrôlés, notamment des investissements publics. Elle a besoin que les biens
circulent au même titre que les personnes, librement, et que les institutions pol, les Etats ont
essentiellement une activité de régulation de cette circulation. C’est la réhabilitation, si jamais
cette théorie avait été critiquée, de ce qu’on appelait l’ordo-libéralisme dans les années 1930.

H. TYPOLOGIE PAR COMBINAISON DE PARTICIPATION, COERCITION / PERSUASION ET


REPRESENTATION

Les théories complexes contemporaines combinent plusieurs facteurs et le dosage de ces facteurs
pour définir des régimes démocratiques, non-démocratiques, démocratiques imparfaits,
perfectibles, etc.. Pour fonctionner le modèle démocratique a besoin d’un peuple, du vote, de
gouvernants choisis qui ne restent pas longtemps et qui défendent un programme pol, et d’un
ensemble légal qui accompagne ces dispositions basiques qui mérite d’être sans cesse ajusté. Ces
auteurs expliquent qu’il faut être attentifs au niveau de participation de la pop, (faible, large), son
niveau d’implication qui doit être toujours plus favorisé. Il faut aussi être attentif à l’équilibre dans
l’action du pouvoir entre coercition et persuasion, la persuasion étant la plus « démocratique »,
et enfin à la réalité de la représentation de la population par les élus. Vérifier la diversité de la
représentation, c’est-à-dire des gens qui représentent les électeurs, permet de qualifier la solidité
d’une démocratie.
Quelques auteurs de typologie complexe ?

- La classification de Samuel Finer, Comparative Governments, 1970 – pour établir sa typologie, il


établit 3 critères : la participation-exclusion des citoyens dans la vie politique/ le degré de
persuasion/obéissance obtenu sans aucune contrainte/la représentativité effective des choix-
orientations voulues par les électeurs. Il réussit à déterminer 16 modèles ! des régimes militaires,
démocratiques de façade, régimes d’encadrement à enfin les régimes de démocratie pluraliste qui
sont les plus aboutis.

- La classification d’Edward Shils, Political Development in the New States, 1965. En faisant le
même genre de tri, Shils arrive aux démocraties politiques (fonctions bien différenciées) ,
démocraties tutélaires (prépondérance de l’exécutif), les oligarchies des pays en voie de
développement, les oligarchies totalitaires, les oligarchies traditionnelles.

- La classification de Daniel Apter, The Politics of Modernization, 1965. Il classe les régimes par
stratégie de modernisation face aux normes et valeurs : trois possibilités, le système de
communautés ( qui fabriquent de l’initiative et de la solidarité économique), le système
d’autocratie moderne (le développement ne modifie l’ordre social traditionnel existant), le
système de mobilisation (qui force la société à adhérer aux objectifs et valeurs fixées par l’instance
dirigeante).
DEUXIÈME PARTIE : LA CULTURE POLITIQUE EN DEMOCRATIE

La culture politique est une phénomène qui intéresse bcp les chercheurs. pcq la question de fond
est bien sûr celle de la culture démocratique, est est-ce qu’il est possible de transformer les
cultures politiques, n’importe quelle culture politique en culture démocratique ? tjrs en
considérant que la démocratie est un aboutissement souhaitable pour toutes les sociétés ? La
diapositive de titre montre une carte « des valeurs » mise en forme par Ronald Inglehart (photo
diapositive 5), qui a travaillé toute sa vie sur les cultures pol. Il a établi sur cette carte la proximité
ou l’éloignement des valeurs d’avec la culture démocratique en essayant de mettre en évidence
sur cette carte les écarts démocratiques liés aux écarts de culture.

1. Définition de la démocratie

- Seymour Martin Lipset : offre la définition la plus utilisée : « Dans un système social complexe,
la démocratie peut être définie comme un système, politique qui offre des opportunités
constitutionnelles régulière de changer de gouvernants et comme un mécanisme social qui
permet à la plus large partie possible de la population influencer les principales décisions en
choisissant périodiquement les responsables parmi les candidats à cette fonction. » Lipset a dev
un système mnémotechnique pour consolider sa définition qu’il a appelé les 7 piliers de la sagesse
démocratique.

1. L’existence d’un système de valeurs partagées :


Ensemble de valeurs qui sont nécessaires et dans ces valeurs démocratiques, la fois commune
dans les droits de chaque personne, dans ses libertés, dans sa coparticipation au pouvoir. C’est un
ensemble de conditions qui incarne une hiérarchie des valeurs.
2. Un dispositif libre et loyal de sélection des dirigeants :
Les candidats pol ne sont pas là par magouille ou corruption, ni parce qu’ils ont été prénommés
par un gouvernement autoritaire unilatéral.
3. L’existence d’une opposition réelle :
Doit exister une opposition réelle, une concurrence pol et des partis qui s’opposent les uns les
autres et qui représentent des idées, critiquent le pouvoir en place, qui proposent un programme.
Il faut que cette opposition soit forte et qu’elle ait toute liberté de s’exprimer dans l’espace public.
4. L’État de droit :
État qui a mis en place ses règles de fonctionnement et qui les suit, des règles elles-mêmes
réfléchies pour ne pas être arbitraires et qui se tiennent les unes les autres par toute une série de
mécanismes de contrôle.
5. La séparation des pouvoirs :
Dogme politique, instrument de classification des constitutions pour les publicistes, la notion de
séparation de pouvoir est tellement fondamentale qu’elle est la première méthode pour définir
les régimes politiques entre séparation souple (régime parlementaire), séparation rigide (régime
parlementaire). L’indépendance de la justice étant un critère complémentaire.
6. La légitimité populaire :
Toutes les fonctions de pouvoir et de gestion publique, sont électives, issues du vote des électeurs
à tous les échelons.
7. Le respect des minorités :
Les démocraties occidentales ont aussi une manière assez caractéristiques de protéger leurs
minorités nationales qui est de donner les mêmes droits aux minoritaires qu’aux majoritaires.
C’est aujourd’hui un critère de claire distinction démocratique de sorte que beaucoup est fait pour
diminuer les process de discrimination.

2. Définition de la culture civique

Comment se fabrique la culture pol qui va permettre la démocratie ? On se retrouve face à des
phénomènes mouvants, difficiles parfois à bien qualifier et qui font l’objet d’études constantes
pour savoir comment ça fonctionne. Ce phénomène a passionné des générations de chercheurs.

- Gabriel Almond, The Civic Culture Revisited : an analytic study, 1980 : définit la culture politique
comme : « un ensemble de savoirs, de perceptions, d’évaluations, d’attitudes et processus
politiques qui permettent aux citoyens d’ordonner et d’interpréter les institutions et processus
politiques ainsi que leurs propres relations avec ces institutions et processus. »

- Philippe Braud, dans Sociologie politique, 2000 : définit la culture politique comme « l’ensemble
de connaissances et de croyances permettant aux individus de donner sens à l’expérience
routinière de leurs rapports aux gouvernants et aux groupes qui leur servent de références
identitaires »

3. Une question importante

- Ronald Inglehart, dans Modernization, Cultural Change and Democracy, 2000 : définit lui aussi
la culture politique et considère qu’elle joue « un rôle décisif dans la démocratie […], dont la
survie dépend des valeurs et des croyances des citoyens ordinaires» Inglehart met en évidence ce
qui fait la force et la faiblesse de la démocratie, c’est qu’elle repose de manière décisive sur les
valeurs et les croyances des citoyens ordinaires . Il définit les valeurs démocratiques lui aussi
comme les libertés et les droits, la liberté d'expression, la tolérance, notamment dans l'opposition
politique, le sentiment d'obligation civique, la confiance des citoyens dans leur système, le désir
d'être partie prenante, de faire partie, de participer, la passion du débat public et de la discussion
politique, même quand c’est pour râler (méthode française !).
Ingelhart est très optimiste sur la contagion démocratique, parce qu’il l’a constatée, même si
aujourd’hui on parle beaucoup du recul démocratique dans le monde. Ingelhart insiste sur le
phénomène de transfert culturel et d'évolution culturelle, avec l'idée que les valeurs
démocratiques, de liberté et de liberté d'expression, se dissémine profondément, dans les
sociétés qui ne les ont pas inventées. L’idée est que les valeurs démocratiques dont il parle ne
sont pas des valeurs « occidentales » cloisonnées. Elles parlent à toute la terre. On en cesse d'en
voir l’aspiration, le désir de démocratie qui est la condition nécessaire pour qu'un régime
démocratique se mette en place.

4. Les éléments indirects de la culture politique

Ces valeurs, pour qu'elles soient nourries, il faut des connaissances objectives. Comment
apprend-on la démocratie ? Quelles sont les conditions nécessaires pour avoir une connaissance
minimale de la politique, pour comprendre le rôle des partis politiques, pour connaître et
défendre ses droits ? Nous commençons par l’importance de l’environnement social qui fabrique
la culture politique, c’est-à-dire tout ce qui n’est pas ‘actif’ dans la culture politique d’une
personne, mais qui procède de sa socialisation.

A. LES PENSEES DOMINANTES ? (approche issue du marxisme)


C’est là qu’on retrouve tout de suite un ensemble de chercheurs qui se divisent sur l’acquisition
des valeurs. Certains considèrent qu’elles s’acquièrent par l’imposition d’une pensée dominante
(et donc qu’on ne fait qu’adhérer aux valeurs de la pensée dominante et les valeurs démocratiques
ne sont pas vraiment démocratiques), d’autres pensent que ce sont les cultures, au sens
anthropologique du terme qui façonnent l’imaginaire politique, voire les mémoires nationales, les
mémoires régionales, etc.
La réflexion sur la pensée dominante peut être éclairante, mais elle est aussi une position politique
qui considère que les personnes sont toujours « manipulées » dans leur compréhension politique
par des idées imposées et qu’il faut faire cesser cette manipulation. C’est difficile de séparer les
deux approches, c’est compliqué d’utiliser cette analyse qui fabrique aussi une vision politique :
exemple du mouvement politique contemporain de dénonciation de la culture occidentale
comme plus grande pensée dominante, qui coloniserait (au double sens) les esprits et les
institutions, voire l’Etat et sa loi, avec comme paramètre fondateur le racisme, la division de la
société en races/classes, héritage non résorbé de la colonisation : le wokisme (prise de
conscience-éveil), appelé aussi le décolonialisme est une idéologie politique née aux Etats-Unis
qui veut dénoncer et changer radicalement la culture occidentale de son racisme, sexisme et rejet
de l’Islam (dernier variant, en ce que l’Islam serait une religion de non-blancs…).
Du point de vue « scientifique », on retrouve dans l’analyse de la pensée dominante une même
généalogie intellectuelle (Marx, Engels, Gramschi) qui permet de considérer que tout commerce
intellectuel est façonné par la classe dominante. Le renversement de l’ordre politique passe aussi
par celui des idées. Si la production culturelle est conditionnée par des rapports de classe, c’est
toujours la classe dominante qui façonne la culture des classes dominées. Finalement, la
domination éco se double d’une domination culturelle. Si l’on veut renverser l’ordre éco on doit
renverser l’ordre culturel.
Le philosophe marxiste Louis Althusser a développé le concept « d’appareil idéologique d’Etat »,
non pour parler de l’URSS de l’époque mais de l’Etat gaulliste des années 1960… Cette notion a
été très utilisée dans la mesure ou en langage marxiste, si l’Etat est une super structure au service
de la classe dominante, c’est une structure qui produit ses normes, des pol publiques et donc qui
produit de l’idéologie collective. Cette analyse pousse à voir la fabrique des pol publiques comme
le résultat d’un parti pris que l’Etat diffuse et qui s’impose à la population comme la bonne
politique. De fait, la politique culturelle de l’Etat français (avec l’invention d’un ministère de la
culture), peut être considérée comme la démocratisation d’une culture élitaire. Par ailleurs l’Etat
français a développé très précocement une politique « féministe » qui fait aujourd’hui partie de
sa conception de la laïcité, etc..
Pierre Bourdieu a de son côté développé la notion de « violence symbolique » et celle d’habitus
qui pourrait être définie comme un ethos de classe : les idées dominantes sont diffusées parmi
les agents sociaux (=personnes) sans sentiment de contrainte, mais intériorisées par eux de
manière insidieuse alors qu’ils ont l’impression de penser par eux-mêmes. L’habitus = habitude
de pensée + Ethos = la morale de classe → on réfléchit selon des préjugés intériorisés en fonction
des mœurs de sa propre classe sociale mais cette dernière se caractérise par sa proximité ou sa
distance culturelle avec la classe dominante. L’un des foyers selon Bourdieu de la violence
symbolique c’est l’école, qui favoriserait l’apprentissage de la culture dominante au lieu de
fabriquer de la promotion sociale par la valeur affichée de l’égalité des chances. L’école
fabriquerait de la violence symbolique. Cette affirmation est très débattue et critiquée par
exemple par des sociologues comme François Bourricaud ou Raymond Boudon qui considère que
tous les milieux ont des cultures propres et qu’il n’est pas certain du tout que ces milieux
considèrent être prisonniers d’une pensée dominante. Raymond Boudon insiste sur le
phénomène de la « bonne raison » pour expliquer la culture politique différente d’un milieu social
à un autre.

B. LES TRADITIONS/HERITAGES CULTURELS (approche anthropologique)


L’infusion des valeurs politiques selon certains auteurs tiennent avant tout à la culture au sens
large de leur société. Cette idée est liée au travaux des anthropologues et de leur définition de la
culture, comme celle de Thierry Roche (anthropologue du cinéma): «Ensemble lié de manières de
penser, de sentir, d’agir, plus ou moins formalisées, qui étant apprises et partagées par une
pluralité de personnes, servent d’une manière à la fois objective et symbolique, à constituer des
personnes en une collectivité particulière et distincte»
- La culture dans ce sens-là est une matrice de socialisation qui se distingue de l’idéologie, qui
est un discours interprétatif de la réalité. La culture façonne les mentalités (croyances intériorisées
à partir de fondements « sacrés » : le sacré est ce qui est intouchable, mécanisme du tabou) :
toutes les croyances ont des fondements sacrés. Il ne faut pas franchir le tabou, le licite, l’illicite.
Ce qui peut être le sacré de l’un peut n’avoir aucun sens pour l’autre.

C. LES MEMOIRES NATIONALES/LOCALES (APPROCHE HISTORIQUE)


Ce sont surtout les historiens qui ont montré le poids des mémoires collectives dans la formation
de la culture politique. Mais on a parlé du professeur de droit constitutionnel Maurice Duverger
qui fait remonter la séparation Droite-Gauche en France à la révolution et à la Constitution civile
du clergé. L’historien Timothy Tackett, spécialiste de la Révolution française, a mis en évidence
que le vote entre droite et gauche en France recoupait les territoires où on avait accepté ou refusé
la Constitution Civile du clergé, et subi ou pas la persécution religieuse (traque des curés non
jureurs). De très nombreuses manières par ailleurs la religion influence fortement l’orientation
politique.

- André Siegfried dans Tableau politique de la France de L’Ouest , montre la même chose. La
continuité du vote à droite dans la Sarthe est à liée à la guerre des Chouans (paysans royalistes-
catholiques) contre la Constitution civile du clergé, la conscription militaire obligatoire et la vente
des biens nationaux. A travers cette étude, on voit le poids politique des mémoires locales : le
régionalisme et ses différentes facettes politiques a joué autant que les mémoires urbaines,
surtout celle de Paris avec ses arrondissements ouvriers. Bcp de phénomènes politiques passent
par la culture locale.
D. LES SOUS-CULTURES D’APPARTENANCE
- Les cultures nationales/locales peuvent aussi être concurrencées, à vrai dire de plus en plus, par
des sous-cultures minoritaires ou plus récentes / des contre-cultures forgées par des mutations
brutales/des changements de population (exode rural, immigration, « rajouts » territoriaux) mais
aussi des mouvements transnationaux qui frappent tous les pays et « attrapent » une partie de la
population.
- Ainsi Hubert Bost a mis en valeur la culture politique des protestants français et le rôle crucial
qu’elle a joué dans la mise en place de la IIIe République.
- Reinhardt Bendix a travaillé sur la culture politique des salariés après avoir montré qu’elle est
calquée sur leur culture du travail et de l’autorité dans l’entreprise.
- William H. Sewell a lui aussi travaillé sur le monde du travail, en direction de l’histoire et la
constitution de la culture ouvrière : existence qui a traversé le temps, une culture ouvrière très
forte pas seulement en France mais dans tous les pays industrialisés. Et la culture ouvrière avait
sa culture politique.
Autres exemples :
- Sous-cultures régionales en rupture : indépendantistes et autonomistes qui peuvent conduire à
l’action armée, voire au terrorisme.
- Sous-cultures transnationales contestataires violentes: le phénomène des black-blocs/ Les anti-
fa/ les identitaires, etc..
- Cultures d’immigration qui peuvent être attestataires, identitaires, contestataires ou rien de tout
ça.
5. Les éléments directs de la culture politique
→Dans ce paragraphe on va étudier le lien entre la culture civique (connaissance de la politique
et action politique consciente) et la socialisation à la politique

A. LA CULTURE CIVIQUE ET LA SOCIALISATION A LA POLITIQUE

a. La socialisation est un processus d’apprentissage et d’adaptation de l’être humain à la société


dans laquelle il vit, dont les étapes essentielles se passe pdt l’enfance et l’adolescence. On apprend
des relations avec les autres cmnt se comporter en famille, avec l’extérieur et ainsi en élargissant
le cercle, cmnt se comporter les uns avec les autres, c’est un apprentissage difficile qui peut être
raté ou mal fait, avec des conséquences sur le très long terme. A côté de cet apprentissage du
quotidien, on a l’apprentissage cognitif, se situer dans l’espace le temps, réfléchir, toutes les
connaissances pour travailler, la fête, etc.
Il existe 2 grandes interprétations sociologiques de la socialisation : L’inculcation ou l’interaction
Celle de l’inventeur de la sociologie, Durkheim (1858-1917) qui considère que l’être humain à sa
naissance est quasiment sans instinct. Il doit tout apprendre pour vivre. Tout ce qu’on lui apporte
en s’occupant de lui fabrique sa socialisation. Elle est ultra nécessaire à la vie humaine. Ce
processus va permettre à l’être humain de réguler ses besoins, ses désirs et lui permettre de vivre
en société. Donc chez Durkheim, l’acte de socialisation c’est long et sert à inculquer par répétition
incessante, les règles de la vie sociale, et si elles ne sont pas bien inculquées, les individus sont
mal socialisés et l’un des résultats les plus évidents d’une mauvaise socialisation, c’est la
dangerosité pour soi et pour les autres de la personne. La socialisation comprend donc
l’apprentissage de la sanction car le manquement aux règles sociales dérègle la personne et fait
du tort à la société. Dans ses écrits, Durkheim insiste sur le rôle de l’école comme lieu préférentiel
de socialisation moderne, au sein de laquelle il faut apprendre le respect et l’existence des choses.
L’éducation morale et l’obéissance aux règles font partie des fonctions de l’école.

Jean Piaget, (1896-1980) – photo de la diapo- qui est un biologiste, se passionne pour comprendre
les processus cognitifs dans le développement physique des êtres humains. Ses découvertes et
recherches ont mis en évidence que les êtres humains ne sont pas passifs pdt leur période de
socialisation. Ils consentent à cette socialisation, ils en ressentent le besoin. Pour Piaget,
l’apprentissage est un acte presque volontaire d’absorption. Vision beaucoup moins passive que
celle d’inculcation de Durkheim où l’élan personnel, le plaisir, la curiosité sont de puissants
moteurs (l’apprentissage par le jeu absolument crucial pour Piaget)
b. Pour la socialisation politique on a également deux grandes tendances. Ceux qui insistent sur la
dimension affective de la socialisation politique ou ceux qui au contraire vont insister sur sa
dimension cognitive.
1er groupe → dans les années 50, l’école de sociologie du Michigan insiste sur le fait que la
socialisation politique se fait comme le reste de la socialisation humaine, en adoptant un
comportement. La socialisation politique se manifeste par le comportement, c’est l’école dite
behaviouriste (Behaviour, le comportement). Cette école du Michigan s’est intéressée à l’acte
électoral, pour mettre en évidence que dans le cas américain, il y a un système donné de
bipartisme, et qu’en fait les électeurs manifestent une préférence pour tel ou tel parti par
identification. Chose qu’on expérimente tous, ex quand on regarde des films/ séries.
Herbet Hyman en 1949 a écrit Socialisation politique, étude sur la psychologie du comportement
électoral. → Il met en évidence l’importance fondamentale de l’apprentissage pol par la famille
et la cristallisation de la culture politique au moment de l’adolescence. Quand il y a un conflit de
représentation pol, le phénomène d’attachement et de loyauté à la famille est normalement le
plus fort. Prospection pol durable. Mais d’autres sociologues ont aussi montré que les adultes
américains se détachent facilement de l’appartenance pol de leurs parents et aussi qu’ils évoluent
dans leur propre idées. La socialisation à l’individualisme est aussi une caractéristique de la culture
américaine
Philipp H. Converse (1964) montre que tout le contraire de Hyman. Ce qui caractérise l’électorat
américain c’est la faible structuration de leur attitude politique. Aux USA, ce phénomène est
favorisé par le fait que les partis politiques changent aussi de contenu (concurrence entre les
factions, créativité idéologique, transfert des idées)
David Easton & Jack Denis, se sont intéressés aux idées pol des enfants. En 1969 ils écrivent, Les
enfants dans le système électoral où ils théorisent qu’il y a 4 moments essentiels entre 7 et 14 ans
de socialisation pol. La première phase, c’est celle de la politisation, ensuite il s’agit de la
personnalisation c’est-à-dire on commence à identifier le ‘Président’ et on en fait le héros, grâce
à une figure d’autorité ou de notoriété qui va être suivie d’une 3e phase d’idéalisation c’est-à-dire
que vont se construire par rapport aux grandes figures du pouvoir des sentiments positifs ou
négatifs à l’endroit de l’autorité pol et 4e phase l’institutionnalisation, c’est-à-dire que la
perspective s’élargit et la grille devient un peu plus construite et la fabrique d’un univers pol chez
les ados se met en place.
2e groupe. On arrive alors, avec les travaux d’Easton et Denis, à la deuxième tendance qui perçoit
la socialisation politique comme un processus cognitif. Avec les travaux pionniers de Jean Piaget,
mais aussi d’Annick Percheron, la notion de compétence politique de Bourdieu, les travaux du
CEVIPOF, ceux des chercheurs Guy Michelat et Michel Simon).

Jean Piaget, a transformé la psychologie du dév. humain, on ne pense plus pareil l’éducation des
enfants depuis ses recherches. Il a mis en évidence le dev de l’intelligence de l’enfant,
particulièrement social qui met toute son énergie à la connaissance. Il présente le dév.
psychologique de l’être humain en plusieurs périodes. La 1er : l’intelligence sensorimotrice de la
naissance a à peu près 2ans qui permet de prendre connaissance de son env (mettre à la bouche
…). 2e : l’intelligence pré-opératoire, période où l’on comprend les formes, les symboles et
l’association des obj, on commence à faire la distinction entre les obj mais avant il a fallu la faire
entre soi et les autres. 3e : opération formelle entre 10 et 16ans ou là on peut ‘bourrer le crâne’
des enfants, pcq ils sont devenus capables de faire le tri.

Annick Percheron a utilisé son parcours pour travailler sur l’univers pol des enfants comme Easton
et Denis. L’ensemble de ses travaux on été réunis en 1993 sous le titre de La socialisation politique.
Elle va reprendre les travaux de Jean Piaget en disant qu’effectivement il y a des âges de
socialisation. L’enfant structure sa personnalité en s’appropriant les croyances, les normes de son
env et donc il va construire une représentation du monde. Jusqu’à 7ans, l’enfant pense comme
l’adulte de référence ou comme ses indications, puis entre 7 et 10 ans il construit ce qu’elle appelle
une relation de coopération. Il intériorise les règles et il peut se dire qu’elles sont justes ou très
injustes, c’est la période de coop et d’évaluation. Puis, vers 11-12ans c’est l’âge critique ou l’enfant
commence à raisonner, à argumenter et à mettre de la distance. Il peut aussi commencer à
démêler ce qui est de l’ordre de la connaissance et de la croyance. Dans cet âge dit critique,
l’enfant commence à être moins dépendant affectivement de son milieu familial et il a pleine
conscience de son existence propre. Vers 12-13ans, l’ado perçoit les différences, les conflits, il
améliore sensiblement sa connaissance de l’univers et c’est vers cet âge-là, pour Annick
Percheron, qu’il forge sa conscience politique. Elle a fait des sondages qui lui ont permis de
découvrir que les jeune ados, quand on leur parle pol, sont assez hostile au vocab pol de
l’éducation civique, ils n’aiment pas un certain nombre de mots savants. Mais leur connaissance
de la citoyenneté, du vote et de l’existence des lois est acquise avant l’âge de 10 ans. Une autre
idée c’est que la connaissance de la pol chez les enfants FR n’est pas strictement lié au niveau
social des parents, c’est-à-dire qu’entre 13 et 18ans elle trouve que les enfants d’ouvriers ont une
aussi bonne connaissance de la pol que ceux de cadres supérieurs. C’est plutôt la perception
positive ou négative de la pol qui paraît liée aux milieux sociaux et professionnels. La perception
positive, l’intérêt pour la pol, touche 50 % des enfants d’enseignants qui manifestent un fort
intérêt pour la pol, 36 % des enfants de cadres sups, 20 % des agriculteurs, 18 % ouvriers.

Pierre Bourdieu, de son côté, a aussi apporté sa contribution à la socialisation politique en


inventant la notion de compétence pol, c’est-à-dire le fait d’utiliser toute ses connaissances pol
pour se mobiliser politiquement. Dans son analyse, l’idée est que les classes dominées se sentent
incompétentes politiquement. il fait un parallèle entre la position sociale des individus et leur
sentiments pol. Les personnes de classes ‘inférieures’ ne comprennent pas ce que raconte les
hommes pol, ne comprennent pas les débats, les langages,… Donc ça les pousse à se réfugier dans
le silence donc il considère que ne pas répondre dans les sondages est la preuve de la
dépossession pol des classes recherchées.

Cette analyse est contrecarrée par les recherches du CEVIPOF (Centre d’études politiques de
Science Po Paris), qui mettent en évidence que l’incompétence pol n’obéit pas systématiquement
à une logique sociale, c’est-à-dire que, a contrario, on a quand même 32 % des pers avec un bon
niveau social qui s’estiment incompétentes politiquement, mais que ça n’empêche pas de voter
quand même et que 47 % des personnes qui se déclarent incompétentes participent activement
à la pol par leur vote.

Guy Michelat & Michel Simon, dans Les 100 réponses aux questions politiques, expliquent que la
relation entre maîtriser les codes de la pol et avoir une position sociale précise est franchement
complexe : on ne peut pas dire que les gens qui se sentent incompétents sont de fait les exclus du
système politique. A côté du niveau d’étude, il y a la différence sexuelle, la curiosité médiatique,
le sentiment de colère, le besoin de se faire entendre, etc…

c. Les principaux agents et milieux de la socialisation politique initiale :

En tout cas, les chercheurs sont tous d’accord ( dont Percheron, Almond et Verba, Jennings et
Ehman) pour constater que la famille et l’école sont les lieux de la socialisation politique initiale.
L’école est un lieu de socialisation pol pour autant qu’elle dispense un enseignement et une
culture éducative volontaire. Les effets de l’éducation civique et leur place donné dans
l’enseignement ont été très étudiés. La famille de son côté influe de façon prépondérante par
rapport aux enseignants, l’orientation idéologique des enfants, surtout s’ils les font entrer dans
des organisations de jeunesse en consonnance avec leurs idéaux.
Kent Jennings et Lee Ehman, (1974) ont comparé le rôle des parents et de l’école. Ils expliquent
que l’enseignement civique est très efficace pour donner une culture pol aux enfants qui
appartiennent à des milieux et familles défavorisés. Ils suivent la situation d’enfants noirs et
d’enfants blancs dans un env proche, école pb de NY : ils font une enquête avant et après l’école
élémentaire et s’aperçoivent que la majorité des enfants noirs savent bcp moins de choses en
politique que les élèves blancs avant et que, après l’apprentissage des programmes d’éducation
civique, ils ont amélioré leur performances de 10pts et les élèves blancs de 2pts seulement.

Annick Percheron, montre que globalement il y a un partage entre les enfants des milieux
privilégiés et les autres enfants. Ceux des milieux privilégiés ont une meilleure connaissance
abstraite des règles, des institutions, du fonctionnement démocratique officiel et les 2nds ont une
perception bcp plus réaliste de la pol, comme un esp de combat social, dans lequel il faut se battre
pour obtenir du changement. Ceux qui s’investissent à l’école dans des activités citoyennes, vont
s’intéresser plus tard activement à la vie pol. D’autres enquêtes françaises montrent aussi la
corrélation entre le rejet de l’école par les élèves et leur rejet de la pol. Mais ces enquêtes
invalident la thèse générale de P. Bourdieu sur la socialisation par imposition dominante sur des
dominés qui se sentent incompétents. La socialisation pol se transmet en famille, mais ce n’est
pas pour autant que les enfants pensent pareil que leurs parents. On voit aussi qu’il y a des
différences dans la culture des pays, c’est-à-dire que chaque pays a son registre spécifique de
socialisation politique, comme en France, le partage entre la droite et la gauche, qui structure
dans les têtes une vie politique qui n’a jamais correspondu pourtant à deux camps bien étanches.

d. Les autres institutions de socialisation politique : partis, syndicats, cultes

A côté de l’influence scolaire et familiale on retrouve l’éducation religieuse ou son abs. Les travaux
de Michelat et Simon sont très importants pour cette question. Les partis politiques et les
syndicats sont plutôt des espaces de socialisation à la lutte politique !
L’influence (controversée) des médias :
Les médias illustrent un mode de socialisation effectif et continu mais leurs effets sont discutés. Il
y a trois thèses, celle des effets limités (Lazarsfeld, Katz), celle de la cristallisation (Berelson, K et
G. Lang, Roland Cayrol), celle de l’indissociabilité (Ray, Funkhunser, E-N Newman)
D’un pdv théorique, rappelons-nous que Jeremy Bentham a démontré que le fondement de la
démocratie c’est bien la liberté d’informer et que l’information va avoir un effet de surveillance
sur l’autorité pol, ne serait-ce que cpq ceux qui cherchent à informer vont mettre en lumière les
activités cachées du politique. Dans la jurisprudence de la Cour Européenne des droits de
l’homme, la démocratie se caractérise non seulement par le pluralisme des opinions et des
expressions politiques, mais aussi le pluralisme des médias.

- Les effets limités, Paul Lazarsfeld (1955). Il existe selon lui une sorte d’écran, une barrière qui
filtre les informations en fonction de notre mémoire, de notre attention et de notre manière de
sélectionner ce qui nous intéresse. Donc l’influence des médias est limitée par rapport à celle
de son groupe personnel. Elihu Katz complète ce schéma en montrant que les messages des
médias sont relayés ou critiqués par des leaders d’opinion à tous les niveaux de la société, des
leaders qui ont une influence finalement conservatrice sur l’opinion des électeurs. Katz explique
que les gens votent de la même manière que ceux qu’ils aiment et qui leur paraissent « comme
eux ». Ce qui veut dire qu’il faut soi-même même être bien attentif aux médias pour éviter le
conformisme et donc ça montre que les médias n’atteignent que ceux qui s’y exposent
« volontairement ».

- Les effets de cristallisation : pour d’autres auteurs au contraire, les médias et notamment la
télévision a un impact décisif- de dernière minute- sur le vote. Roland Cayrol du CEVIPOF, a
montré que les électeurs se décident au dernier moment, il parle de la volatilité électorale
croissante, liée au relâchement des attaches politiques traditionnelles. Au moment de la
dernière info, ils choisissent qui voter, ou de ne pas voter.

- Les effets indissociables : Ray Funkhuner & Elisabeth-Noël Newman, montrent que non
seulement les médias fabriquent les opinions pol du dernier moment mais qu’ils fabriquent aussi
les opinions durables des électeurs. Ces auteurs ont mis en évidence que les médias généralistes
ont tendance à favoriser des opinions majoritaires et à marginaliser les opinions dissidentes,
donc font un peu la censure et la police. Pour éviter le monopole de l’opinion médiatique, la
pluralité des médias permet une meilleure démocratie des opinions. Il faut la favoriser.
TROISIÈME PARTIE : LA PARTICIPATION POLITIQUE

Cette question est des plus travaillées également par la science politique qui cherche à
comprendre comment les citoyens font vivre la démocratie en « participant » à son
fonctionnement institutionnel mais aussi en se mobilisant pour se faire entendre de nombreuses
manières.

1.définition de la participation politique

Nous utilisons la définition de Myron Weiner, dans Political Participation, Crisis of the Political
Process, 1971 : « Action volontaire, réussie ou non, organisée ou non, épisodique ou continue,
employant des moyens légitimes ou illégitimes, visant à influencer le choix des politiques,
l’administration des affaires publiques, ou le choix des leaders politiques à tous les niveaux du
gouvernement local ou national »
=> Définition large qui englobe des phénomènes potentiellement à la limite. Ce que font les
analystes c’est de voir justement jusqu’à quel point une action reste politique.

Définition qui inclut la participation/mobilisation conventionnelle démocratique (vote, adhésion


à un parti, militance, manifestations) et la participation périphérique/protestataire (mobilisation
par actions collectives illégales, soulèvements, révolutions)

On classe en participation conventionnelle c’est-à-dire classique, habituelle, régulée, attendue,


le vote, l’adhésion à un parti, la militance pol dans un parti. La mobilisation collective publique
qu’on appelle de manière commune la manifestation et qui prend plusieurs formes est
normalement une activité de participation conventionnelle. La participation non
conventionnelle ou protestataire se situe à la limite ou en marge de la légalité et met en cause le
système démocratique institué. La manifestation dite illégale comprend les actions collectives
spontanées et non autorisées, mais également les soulèvements et les révolutions. On retombe
dans un débat ancien. Est-ce que l’illégalité ou la violence de la mobilisation protestataire est
illégitime ? Dès le XVIe s, une série de penseurs justifie le soulèvement contre le prince = les
monarchomaques : ils légitiment la révolte contre le souverain tyrannique et a fortiori, dans un
pays comme le notre, mais aussi aux Etats-Unis, la Révolution est bien l’expression finale de la
souffrance d’une population mal gouvernée qui se libère pour vivre sous un meilleur régime. Cela
reste un débat très profond parmi les penseurs libéraux, mais globalement la révolte est une
source de légitimité pol pour les penseurs républicains et ensuite socialistes + marxistes.

Il existe aussi un ensemble d’action qui ne sont pas directement conventionnelles mais qui ne sont
pas non plus de la participation protestataire et ce sont l’ensemble des actions collectives plus
diffuses mais qui ont un effet de long terme, c’est ce qu’on appelle les mouvements sociaux. Ils
peuvent être de grande ampleur et se produisent à côté de la régulation électorale, des élections
présidentielles, parlementaires, municipales. Ce sont des mobilisations collectives « spontanées »
pour une cause spécifique, qui peuvent ou ne pas déboucher politiquement. Exemples, les gilets
jaunes.

La limite sur laquelle tout le monde s’accorde pour considérer qu’on sort de la participation pol
démocratique, c’est l’utilisation de la violence non politique qui s’en prend aux autres, aux biens
et à la vie de personnes. La limite c’est la violence gratuite quand l’action collective, la mobilisation
illégale, même quand elle part d’une bonne raison, tourne à l’émeute, au pillage ( on en profite
pour voler ce qui traîne, voire on casse pour voler) et au saccage/ les adeptes de l’action violente
expliquent que le saccage est un acte pol, mais quand on saccage le magasin d’un commerçant,
qu’on détruit le mobilier public payé par les impôts des contribuables et que le feu prend dans les
habitations, où est la militance pol ?

Le terrorisme ? A quel moment la résistance dans une guerre d’occupation qui utilise le sabotage
et l’assassinat de l’occupant peut-elle être qualifiée de terroriste? Par l’occupant seulement et
ceux qui les servent. Mais par ailleurs le terrorisme a été très pratiqué par de nombreux groupes
politiques dans le passé et aujourd’hui encore, et ils ont toujours de « bonnes raisons »
(assassinats anarchistes, indépendantistes, d’extrême-gauche et d’extrême-droite, attentats-
suicide de terroristes religieux, assassinats ou massacres ciblés ou aléatoires de terroristes
religieux). Mais leur ‘bonne raison’ légitime la terreur sur des personnes innocentes en les
déclarant coupables. L’action violente terroriste voit sa légitimité se dissoudre au fur et à mesure
que les personnes qui subissent le terrorisme sont irresponsables du crime que les terroristes
entendent « punir ». L’usage du terrorisme longtemps légitimé dans certains parti politques
(anarchiste, extrême gauche), parmi des groupes qui défendent leur identité contre un pouvoir
oppresseur, cette légitimité est globalement repoussée par la doctrine démocratique.

2. Dimensions conventionnelles et protestataires

• Un vaste registre qui se situe dans la sphère « légale/conventionnelle ».


Le vote, l’adhésion à un parti, le fait de participer à une campagne électorale, la manifestation
autorisée, l’activité militante. La discussion politique, regarder les débats politiques, se tenir au
courant des infos pol (locale, régionale, nationale).

• Un vaste registre de participation protestataire qui évolue dans l’histoire: droit de manifester dans
la rue, pétitions, souscriptions, cris, chants, banquets, enterrements, barricades, jacqueries,
grèves, émeutes.
- Banquet : tradition mise en place époque monarchique XIXe siecle, on se réunit à un moment
ou le drit de rassemblement est interdit. C’est une des formes de relation politique entre
partisans.
- Enterrements : quand une foule se rassemble pour suivre une personnalité connue pour ses
idées, ou des victimes tuées lors d’une manifestation on a souvent eu au XIXe s des foules qui ont
profité d’une cérémonie d’enterrement.
- Barricades : récurrent au XIXe s dans Paris au point qu’une partie de la reconstruction de Paris a
été faite pour empêcher les barricades. Symbole de lutte pol très fort, récupérée symboliquement
pdt la crise de mai 68.
- Jacqueries : révolte paysanne. Récurrente et n’ont pas disparu, continuent leur tradition :
préfectures entourée de tracteurs. L’action paysanne contemporaine est imaginative, dans
l’ancien temps elles étaient sévèrement réprimandées.
- Grèves : commence à être utilisée de manière plus rationnelle sous la III rep fait partie de l’hist
de la démocratie FR jusqu’à être intégrée de manière très poussée dans notre droit contemporain.

La frontière en démocratie c’est le trouble à l’ordre public quand cela bascule dans la violence.
Bcp d’éléments protestataires et réprimés par l’autorité politique dans l’histoire sont ensuite
transformés en élément classique ou conventionnel des démocraties comme : - le droit de
manifester dans la rue et de se syndiquer : évolution historique d’intégration dans la loi de ces
droits qui ont mis bcp de temps à être légalisés. Ex, aux USA le droit de se syndiquer très tardif et
le droit de se mettre en grève comme méthode à la fois pol et sectorielle a été interdit jusqu’à
l’entre-deux-guerres. – La pétition : présente dans la C. des USA.
- L’émeute n’est jamais justifiable en démocratie

La typologie des manifestations a beaucoup occupé les politistes. Voici une typologie récente,
celle de Pierre Favre, dans La Manifestation, 1990 : il divise la manifestation en 3, la routinière,
l’initiatrice et l’éruptive.
- Routinière : comme la manifestation syndicale, appel à aller dans la rue pour rappeler au pv
public que les syndicats sont une force de mobilisation et en général la manifestation est soit
sectorielle, soit pour contester un choix gouvernemental. On rentre dans l’action collective
classique.
- Initiatrice : C’est une manifestation qui « attrape » des revendications en train de se former, qui
ne sont pas prises en compte par les pv pb, mais qui commencent à travailler la société.
Manifestation qui fait émerger un new pb pol, c’est la manifestation lanceuse d’alerte. Comme
dans les années 70, les manifestations contre la lutte anti-nucléaire, les manifestations pour les
droits civils, la peine de mort, les droits des femmes, l’avortement etc.
- Éruptive : réaction à une crise pol ou éco et ce type de manifestation sert à répondre
immédiatement à un danger pour la démocratie, la population, réel ou imaginaire. Elle n’est pas
préparée. Elle n’est pas systématiquement contestataire du pouvoir. Après les attentats du
Bataclan +10m personnes sont descendues dans la rue à cette occasion-là partout en FR

• Des formes différentes de participation selon les critères « sociaux » (âge, sexe, métier, diplôme,
degré d’identification, appartenance religieuse, raciale, ruralité, etc…)

- Âge : plus on est vieux, plus on pratique la participation conventionnelle et plus on est jeune,
moins on s’intéresse à la pol conventionnelle mais plus à ses formes protestataires.
- Sexe : intéressant de constater qu’au fur et à mesure des années cette différence s’estompe,
entrée des femmes très lente mais études de terrain sociologique puis études du vote montrent
que les femmes désormais dans les démocraties libérales participent autant que les hommes, ce
n’est plus un critère distinctif. Cependant il peut être très important au lvl du vote, aux USA les
femmes qui votent ont voté majoritairement contre D.Trump aux présidentielles et pour les
Démocrates aux dernières Midterms
- Métier : forte corrélation. Pop précaire d’un pdv pro, pop qui n’a pas de travail est en général
peu active politiquement, c’est un cruel paradoxe.
- Diplôme :
- Degré d’idd partisane : le fait que on se sente proche d’un parti
- Appartenance religieuse : nous en avons parlé à plusieurs reprises
- Raciale : cette question a davantage été travaillée aux Etats-Unis qu’en Europe, car aux EU
possibilité de faire des sondages par origine ethnique qui sont « légales ».. le résultat est que la
population ‘non-caucasienne’ des Etats-Unis, quand elle vote, vote pour les Démocrates…
- Ruralité : participation spécifique à la pol

• Distribution inégalitaire de la participation : il existe un effet ‘minorité active’ face à une majorité
de la population qui n’a pas d’activité politique active / sa participation politique reste ‘privée’
c’est-à-dire qu’elle ne dépasse pas les discussions politiques amicales ou familiales, l’information
télévisée et le vote / nous avons une majorité de citoyens « spectacteurs » tandis que la
participation active reste toujours le fait d’une toute petite partie de la population

La participation active se caractérise par une concentration presque oligarchique


1 % pop détient fonction pol
2-4 % citoyens participent à des campagnes électorales
10 % FR versent de l’argent à des organisations ou parti pol et assistent à des meetings
- 10 % pol affiliée à un parti politique
10 % pop a participé dans sa vie à une manifestation
Distribution très inégale aussi au sein de la minorité active qui pratique la pol activement. Encore
moins de monde fait plusieurs activités, la grande majorité de la pop qui n’a pas d’activité pol
publique a quand même, pour moitié dans les sondages, une participation politique « privée »
(s’intéresse à la politique, parle pol, discute pol, suit l’actualité politique)
50 % suit les act pop
70 % pop en âge de voter ont voté une fois dans leur vie donc le vote est l’activité pol la plus
répandue

Le politiste Robert Dahl dans Who governs ? 1961 explique que dans toutes les démocraties on
voit ce phénomène de hiérarchie dans la participation, avec en haut des professionnels et en bas
de l’échelle (majoritaire) des citoyens ordinaires qui ne franchissent jamais le pas de la sphère
publique. Dahl montre qu’il y a des différences culturelles entre les pays, avec un seuil moyen de
participation conventionnelle à 20 % de la population. A savoir qu’aux USA les citoyens lambda
sont plus mobilisés que dans d’autres démocraties, cela est lié au fait que le système électoral est
très décentralisé, chaque état a son système électoral et l’organisation, le dépouillement est très
déléguée aux comités locaux.
Au Japon le militantisme pol est très vivace, en Italie et dans le sud de la France, la participation
pol la plus fréquente c’est le contact direct avec l’homme pol, pour lui présenter ses difficultés, lui
demander de l’aider à les résoudre ce qui peut vite tourner au clientélisme des élus qui deviennent
des spécialistes de la recommandation ( et de l’emploi public) pour leurs électeurs afin d’être
réélus.

3. Le comportement électoral

• Cette question a également été très travaillée par les politistes. Nous pouvons dégager quelques
grands modèles explicatifs: approche écologique par le territoire (André Siegfried, Paul Bois,
François Goguel), approche psychosociologique 1. par identification affective (Paul Lazarsfeld,
The People’s Choice) ou 2. partisane (école de Chicago), approche économique (Anthony Downs,
An Economic Theory of Democracy), approche ‘tactique’ ( Hilde Himmelweit).

- André Siegfried 1945-50, Paul Bois, François Goguel 1990 : Approche écologique = l’approche
par le territoire, le lieu où on habite → pertinence de l’enracinement

- Paul Lazarsfeld, The People’s Choice : Approche psycho-sociologique = identification à un parti


par attachement affectif, familial.
+ école de Chicago = identification partisane, le fait pour un individu ou pour un groupe de
s'identifier de manière durable à un parti ou de reconnaître en lui le meilleur défenseur de ses
intérêts et/ou de ses opinions.
- Anthony Downs, An Economic Theory of Democracy : Approche éco = démontre que les gens
votent en fonction de leur catégorie sociale, du fait qu’ils sont salariés, indépendants, chefs
d’entreprise.

- Hilde Himmelweit, How Voters Decide (1985)? : Approche tactique = les gens votent en fonction
de leur intérêt propre ou de l’intérêt qu’ils pensent tirer si tel ou tel homme pol est élu.

• L’analyse du vote par ses variables- nous l’avons déjà vu : âge/ sexe?/ appartenance sociale
subjective/religion (Michelat et Simon, Classes, religion et comportement politique, 1977)/ les
facteurs politiques du moment: contexte et nature de l’élection, système électoral, personnalités,
influence médias-sondages, etc..

• L’abstention : c’est une grande question. Si la participation est corrélée à l’appartenance sociale
selon Sidney Verba et Norman Nie dans Participation in America, (1992), les raisons de
l’abstentionnisme divisent les chercheurs : est-elle aussi liée à l’appartenance sociale ? Cette
question est régulièrement discutée comme un drame démocratique, il s’agit d’une inquiétude
pcq elle grandit inexorablement dans toutes les démocraties libérales (cf tableau diapositive 4).

Sidney Verba et Norman Nie, Participation in America, 1992 : mettent en évidence qu’il y a une
corrélation entre l’appartenance sociale et l’abstention, qui serait liée au sentiment de
compétence politique que possèdent les différents milieux sociaux. Ne vont pas aller s’inscrire sur
les listes électorales des populations faiblement insérées économiquement ou qui cumulent les
difficultés sociales : les jeunes, les chômeurs, les personnes précaires, la pop noire aux USA (on
peut dire aussi qu’elles sont empêchées de s’inscrire car les lois électorales dans chaque Etat ont
des clauses très restrictives). 3M de personnes ne sont pas inscrites sur les listes électorales en
FR, il y a un seuil inéluctable de population qui ne vote pas et qui s’abstient de manière constante.

Deux raisons évoquées par les chercheurs :


- le sentiment d’incompétence
- ou alors l’acte volontaire d’individus insatisfaits de l’offre électorale

Pour des auteurs comme Pierre Bourdieu en France dans Toute la misère du Monde ou Leister
Milbraith aux US dans Political Participation, (1965) : → l’appartenance à des milieux sociaux
défavorisés pousse à se sentir incompétents et à être complétement déconnectés de la
participation politique. On l’a déjà vu.

- Deux chercheurs français contemporains, François Héran et Dominique Rouault, avec leur
étude des élections françaises de 1995, déterminent qu’il y a les deux raisons, l’exclusion sociale
et la stratégie volontaire, dans les chiffres de l’abstention. Ils démontrent que l’abstention n’est
pas seulement un effet de l’exclusion de certaines populations, mais qu’elle est une forme de la
participation pol en démocratie et qu’en qlq sorte il ne faut pas s’en effrayer.

4. Les formes d’action collective et leur théories

→ L’action collective de nature politique peut prendre plusieurs formes on l’a vu plus haut. Elle
est généralement caractérisée en action directe par la manifestation de rue, la grève et en action
diffuse par le regroupement syndical (structuré), le collectif, la coordination (éphémère), avec des
raisons matérielles ou symboliques. Nous nous intéressons ici aux théories qui expliquent le
développement de l’action collective. Plusieurs théories se sont succédé pour expliquer la
naissance à partir du XIXème siècle du rassemblement en nombre et ses raisons, avec au départ
des théories plutôt négatives sur l’instinct grégaire + phénomène de la foule, deux états très
contagieux de la peur et de la colère/violence. Au fur et à mesure ces théories deviennent plus
« rationnelles ».

• Approche psychosociale (contagion de la violence) :



- Hyppolite Taine, Les origines de la France contemporaine 1887 : émotion de la foule qui se
rassemble par indignation, désespoir, tous les motifs de l’effet de groupe, motifs à la fois
contagieux et dévastateurs.
- Gustave Lebon, Psychologie des foules, 1898, Thierry Tarde, les Lois de l’imitation, 1890 : on
se rassemble par conformisme (instinct grégaire), on suit le mouvement et on se laisse embarquer
mutuellement pour se transformer ensemble. Même phénomène qui permet la guerre.
- James Davies, A Theory of revolution, 1962, Ted Gurr, Why men rebel? 1970 : panorama
instructif de toutes les causes ‘sentimentales’ – dont le sentiment d’injustice irréparable – qui
anime les foules qui se rassemblent.

• Approche socio-urbaine (atomisation sociale) :



- Emile Durkheim explique le premier que les sociétés industrielles qui sont nées en Europe ont
eu pour caractéristiques de briser les liens traditionnels, liées aux nouvelles formes de travail
(industriel) qui ont favorisé les phénomènes de l’exode/émigration et de l’urbanisation - les villes
modernes ont grossi avec une main d’œuvre qui affluait de partout et venait d’ailleurs pour
trouver du travail. Le résultat au lvl perso c’est ce que Durkheim appelle l’atomisation sociale c’est-
à-dire des individus qui se retrouvent coupés les uns des autres, arrachés à la société
traditionnelle. Le seul moment de reconnexion collective forte va se faire par les rassemblements
- Robert Park et Ernest Burgess, dans The City, 1915, Ernst Blumer dans « Collective Behavior »
1951, William Kornhauser, dans The Politics of Mass societies, 1959 : démontre pour les US que
l’atomisation sociale dans les villes d’émigration, a favorisé le rassemblement par lequel on
transforme sa solitude en force collective.

• Approche héritée de l’analyse marxiste (lutte des classes/contestation du modèle)

Dans ces analyses, c’est au contraire la conscientisation politique progressive des populations
travailleuses qui les a poussées à ce mode d’action efficace.
- Alain Touraine, Production de la société, 1973, Alberto Melucci dans Collective Action and
Collective Identity 1996, Carl Offe dans New social movements, 1985 : le rapport social de
domination entre les milieux sociaux est la base de l’explication pol et donc dans cette approche,
l’action coll est apparue comme le moyen le plus efficace pour représenter les intérêts de la masse.

5. Les mouvements sociaux comme « mobilisation rationnelle »

C’est ainsi qu’on arrive à la recherche d’une meilleure définition de l’action collective, à travers la
constitution d’un objet d’étude sociologique qu’on appelle le « mouvement social ». Si on cherche
à lui donner une définition sociologique, un mouvement social est une action collective dans la
durée, directe et indirecte. Il possède différentes caractéristiques : une dimension collective, des
cibles, des adversaires et des revendications. Les membres d'un mouvement social partagent un
système de valeurs ou ont un projet en commun, se sentent liés par un sentiment d'apparte-
nance. La capacité de mobiliser, de réunir un certain nombre de personnes pour des événements
ponctuels est nécessaire, néanmoins, pour que le mouvement social existe il faut qu’il y ait de la
continuité entre les moments forts. Les formes de protestation du mouvement social sont extrê-
mement variées, en voici quelques exemples : pétition, grève, grève du zèle, blocage des routes,
occupation des arbres, occupation de bâtiments, réappropriation des rues de façon festive (fête
de rue), arrachage collectif de plants d'OGM, manifestations médiatisées, désobéissance civile…

Les explications des politistes


• Logique économique :
- Mancur Olson Logique de l’action collective 1987, Anthony Social Conflicts and social
Movements, 1993 : revendication éco fondement de l’action sociale.

• Concurrence des intérêts :


- John MacCarthy et Mayer Zald, The Dynamics of Social Movements, 1979 : insiste sur la
concurrence des intérêts au sein de la société qui fabrique un hiatus (une coupure, une
discontinuité). Le mouv social en est une conséquence, la traduction concrète.
• Opportunité historique :
- Charles Tilly, La France conteste de 1600 à nos jours, 1986 : Les mouvements sociaux ont été à
chaque fois rendu possibles par des évènements qui se sont bien agencés

• Cristallisation :
- Bert Klandersman, Mobilization and Participation, 1974 : Le mouvement social en général
arrive à point nommé, c’est-à-dire qu’il réussit à capter un ensemble de problèmes de manière
opportune et conjoncturelle ( conjugaison de la concurrence des intérêts et de l’opportunité)

• Valeurs post-matérielles :
- Ronald Inglehart The Silent Revolution, 1977, Samuel Barnes et Max Kaase Political Action.
Mass participation in 5 Western democracies 1979 : la principale raison du mouvement social est
culturelle. Entre les nouvelles valeurs qui se dégagent dans une société et sa manière de
fonctionner, il se produit un hiatus, une rupture : les mouvements sociaux contemporains
défendraient des valeurs post-matérialistes, post-capitalistes dans une société qui reste tournée
vers la production et le capitalisme.
QUATRIEME PARTIE : LES FORCES POLITIQUES EN PRESENCE

Dernière question de ce cours (nous n’avons pas eu le temps de faire la cinquième) celle des forces
politiques en présence dans la compétition démocratique. Comment sont-elles analysées par la
science politique ?

1. Définitions

Définition simple : « Forces manifestes ou diffuses qui concourent à la compétition du pouvoir et


à sa répartition » - D. Chagnollaud de Sabouret

Une définition plus large permet de concevoir le phénomène de la force politique au-delà des
forces nécessaires aux élections. Au fur et à mesure qu’on avance dans les systèmes politiques on
s’aperçoit que les partis politiques ont été nécessaires pour construire l’alternance démocratique,
mais en affinant l’analyse, il est assez facile de se rendre compte que les partis pol ne suffisent
pas à définir les forces politiques, il existe d’autres organisations spécialisées qu’on appelle les
groupes d’intérêt et, à coté de ces derniers, on a encore plus largement d’autres forces, qui sont
plus fluctuantes mais qui peuvent avoir un impact très important sur la vie politique. Elles sont
plus fluctuantes, car elles peuvent émerger dans le temps, changer de forme et aujourd’hui très
concrètement les réseaux sociaux sont une force diffuse nouvelle que les politistes étudient de
manière inquiète, en cherchant à quantifier leur influence politique, dans la mesure où ces
réseaux diffusent à longueur de temps des idées sur tout et rien.

Parti politique : « Association reposant sur un engagement formellement libre, ayant pour
but de procurer le pouvoir à leur chef au sein d’un groupement et à leurs militants actifs des
chances idéales ou matérielles de poursuivre des objectifs, d’obtenir des avantages matériels ou
de réaliser les deux ensembles » - Max Weber.

→ Cette définition large montre aussi ce que ne sont pas les partis, quand leur constitution n’est
pas libre ni l’adhésion, à l’image du parti communiste de l’époque soviétique ou celui de la Chine
actuelle. Le parti est libre, il se constitue en association (donc il faut déjà la liberté d’association),
il regroupe des gens qui sont là volontairement. Le but du parti c’est que son/ses chef(s)
obtiennent le pv, mais il y a quand même un chef de parti, ce qui veut dire qu’à l’intérieur, il y a
des processus/règles pour élire le chef. Donc la concurrence des chefs fait partie du jeu normal
du parti (si c’est toujours le même ce n’est pas un parti). Dans la définition de Weber, les militants
ont une place très importance, ils militent pour une raison de satisfaction symbolique mais aussi
la poursuite d’objectifs tangibles (devenir à son tour un homme politique et d’avoir
personnellement du pv, changer la société). Le pouvoir, au sein d’un parti, est fixé à des postes
précis et il se partage de manière hiérarchique de l’échelle nationale à locale.

• Groupe d’intérêt « Organisation structurée qui défend des revendications, le groupe d’intérêt ne
recherche pas l’exercice direct du pouvoir mais formule des exigences morales ou matérielles en
direction du système politique »
→ Formule des exigences, qu’elles soient morales ou matérielles. C’est un groupe de pression qui
a 1 ou plusieurs objectifs énoncés mais qui ne mène pas des actions collectives. Ne peut pas être
confondu avec une mobilisation sociale. L’intérêt défendu est constant et la méthode est plutôt
celle de la « relation » avec le pouvoir. Il y a donc plus d’engagement personnel et d’intérêt
personnel à en faire partie.

• Forces diffuses « Ensemble d’individualités ou de groupes institutionnels ou privés qui mobilisent


des ressources spécifiques pour peser sur le déroulement du processus politiques ». Les
influenceurs sont encore plus singularisés et encore moins nombreux

2. Les partis politiques

a) Les partis sont des organisations durables, implantées pour la prise de pouvoir, qui recherchent
le soutien populaire : - Joseph La Palombara et Myron Weiner, Political Parties and Political
Development, 1966 → Expliquent que l’espérance de vie d’un parti doit être supérieure à celle de
ses fondateurs et dirigeants pour pouvoir être considéré comme un parti. Exemple à travers le
parti du FN fondé au départ par un homme pour lui-même et qui est devenu une force politique.
Il doit être structuré sur tout le territoire (à moins d’être régionaliste) et chercher le soutien
populaire. (une association dans son coin constituée par un candidat n’est pas un parti/
phénomène contournant des candidatures « sans parti », devenues très fréquentes ).

b) Progressivement institués

Maurice Duverger dans Les partis politiques 1981 → explique le caractère historique du
phénomène, comment ils ont été ‘fabriqués’ dans la tourmente tourmente politique pour
représenter des groupes parlementaires stables et reconnaissables, mais ils ont réussi à se
constituer après bcp d’efforts. Ils n’ont pas été « pensés » par les philosophes des lumières comme
essentiels à la démocratie. Les Pères fondateurs de la Constitution américaine parlaient déjà de
« factions » mais pour réfléchir au moyen de les garder équilibrées et vivantes et d’éviter « la
tyrannie de la majorité ». Duverger met en évidence le caractère empirique des partis qui est
pour lui lié à l’extension du suffrage universel.
- Stein Rokkan Party dans Party Systems 1964 → Affine la théorie de Duverger. Il explique que à
cause même de l’histoire, on a d’abord des partis de cadres qui se sont constitués, des partis de
notables locaux, lié au développement du premier parlementarisme, avec quelques idées
communes mais pas de programmes. Ces partis de personnalités régionales ont été remplacés
par des partis devenus de plus en plus populaires à la fois dans le recrutement et aussi dans
l’existence et l’engagement de militants. Cela a été un nouveau bricolage né de la nécessité de
répondre au changement démocratique et à la pratique de l’élection au SU.

- Giovani Sartori dans, Partiti e Systemi di partito 1965 → Distingue les partis en fonction de leur
forme historique, en disant que les premiers partis sont les partis de clientèle, de notables que
l’on vient solliciter, puis les partis parlementaires qui avaient comme fonction de gagner les
élections locales puis les partis modernes, c’est-à-dire les partis de masses qui accueillent
beaucoup de militants.

- Max Weber a énormément insisté sur le fait que la fonction principale du parti politique sert à
professionnaliser la mandature politique. Le parti reste comme une administration de
professionnels qui vivent pour et par la politique, dont c’est le métier.

- Roberto Michels dans Les partis politiques, 1971 → Explique que la professionnalisation pol
c’est dangereux pour la démocratie pcqu’elle crée des oligarchies au sein des orga pol et donc elle
contribue à la coupure/hiérarchie entre les électeurs et les militants, d’avec les élus représentants
du peuple.

c) Différemment structurés : on vient de le voir.

- Otto Kirchheimer dans The transformation of Western parties 1966, explique qu’il y a des partis
de cadres (comme le parti conservateur en GB), des partis attrape-tout (partis qui sont né de
l’atténuation des clivages idéologiques et qui sont à la fois modérés et sont des partis de
gouvernements, ce qu’est le parti Renaissance en France- on verra si c’est un parti qui survit à son
fondateur ! ).

- Jean Charlot dans son classique les partis politiques de 1971, → explique que les partis de
masse cherchent l’adhésion du plus grand nombre, ce qui les rend très structurés et liés à l’essor
de la démocratie comme le parti travailliste en Angleterre. Jean Charlot les appellent aussi les
partis d’électeurs, orientés vers la conquête d’un grand électorat, comme en France au début de
la Ve République le parti gaulliste, le parti socialiste (SFIO) et le parti communiste, face à des vieux
partis de cadres/notables ( le Parti radical, les partis libéraux).
- William Wright dans A Comparative Study of Party organisation 1971 → fait la comparaison
entre les partis politiques de plusieurs pays et tente de trouver leurs différences. Il explique que
certains partis privilégient l’idéologie et d’autres partis tournés vers le pragmatisme électoral, qui
privilégient la conquête du pouvoir. D’après lui, les partis idéologiques sont très centralisés et les
partis efficaces rationnels sont moins centralisés, ce qui est plutôt contre-intuitif.

- Kay Lawson, dans The comparative study of political parties, 1976 → ce politiste croise deux
variables pour aboutir à 6 types de partis politiques. La première variable est la participation de
adhérents à la conception et à l’exécution de la politique du parti (faible, modérée, forte). La
deuxième est la dispersion/concentration du pouvoir. Cela donne le parti-club (réseau d’élus), le
parti de conscription (forte mobilisation des membres pour les élections), le parti d’avant-garde
(à la Lénine, avec une ligne fixée au sommet et indiscutable, défendue par des militants/soldats),
le parti de comité (très décentralisé et contrôlé par une oligarchie et le parti de cadres (au sens
de Duverger).

d) Leurs fonctions manifestes et latentes :

Les partis politiques ont fini par remplir de très nombreuses fonctions.

- Robert Merton dans Éléments de théorie et de sociologie politique 1965 → tente de théoriser
ces fonctions. Il en voit des manifestes → une fonction électorale, une fonction de recrutement
du personnel politique et de socialisation politique pour les adhérents ; une fonction d’articulation
et d’agrégation des intérêts ; Il voit aussi des fonctions latentes → les partis humanisent le système
politique, ils personnifient les camps ; c’est un lieu de promotion sociale, car effectivement par la
politique on peut faire carrière et avoir un meilleur statut social qu’en étant dans une
profession fermée; Le parti politique est aussi un médiateur économique c’est-à-dire qu’il brasse
de l’argent.

- Georges Lavau, dans A quoi sert le parti communiste français ? 1981 → explique que les partis
remplissent 3 fonctions : Ils légitiment les idées politiques, ils stabilisent le jeu politique, ils
permettent la relève des générations politiques. Le parti fait un travail de filtrage de ses futurs
élus, il cherche en général les meilleurs candidats possibles, ce qui n’évite pas bien des mauvais
coups en interne pour être « sur la liste ».

e) Leur fonctionnement interne :

Ce dernier nous apprend beaucoup sur le propre caractère démocratique d’un parti, pcq dans les
partis politiques il y a une distribution du pouvoir, des rôles.
- Roberto Michels dans Les Partis politiques 1971→ Insiste sur la nature oligarchique du parti pol
en disant qu’il y a 3 cercles qui se constituent : premier cercle, L’appareil qui fait tourner le parti
avec souvent du personnel payé. Deuxième cercle, le groupe parlementaire qui est à lui tout seul
une force, troisième cercle, celui des militants et adhérents. Cette réparation sépare les
professionnels de la politique des amateurs.

- William Shonfeld dans « La stabilité des dirigeants des partis politiques », article de 1980→
démontre qu’il y a des nuances oligarchiques de distribution du pouvoir selon les partis et selon
les pays. Certains partis vont faire d’un principe le fait d’être très démocratiques et refuser la
centralité du pouvoir, mais ils ont du mal à attirer les électeurs et éviter les divisions. Différence
de culture de partis selon les pays, pour Shonfeld, comme pour d’autres, il est clair qu’il y a des
différences d’attachement aux partis selon les pays : aux USA, les gens votent finalement soit pour
les Démocrates soit pour les Républicains, même s’ils ne se reconnaissent pas toujours dans ces
partis.

f) Le financement de partis :

C’est un vaste sujet, entre les ressources privées, l’aide publique et le financement occulte : Les
besoins financiers des partis ne cessent d’augmenter à travers le temps, car communiquer coûte
très chèr et ce coût augmente toujours. La médiatisation aussi coûte, il faut que les acteurs des
partis passent dans les médias, donc il faut capter l’intérêt des médias, il faut devenir soi-même
célèbre, etc. Les campagnes électorales sont des gouffres financiers.

La moralisation dans le financement des partis politiques est une lutte très ancienne et pour le
coup les règles sont très différentes d’un pays à l’autre. La transparence du financement c’est-à-
dire éviter que les partis politique reçoivent de l’argent de la main à la main de la part de société,
de chef d’entreprise et a fortiori de mafieux est une règle générale. L’argent sale, longtemps
apanage du système des partis politiques français, a donné lieu à beaucoup de réformes. Les
donneurs doivent être identifiés. Selon les pays on peut décider le plafonnement des dons aux
partis politiques, donc vérifier les financements privés. On peut plafonner les dépenses de
campagne des partis. On peut décidé du financement public des partis pol. On organise le
financement public en fonction de la représentation électorale ou parlementaire. En France on a
un système rétroactif c’est-à-dire que c’est à la fin des élections en fonction des résultats que le
parti va être remboursé de ses dépenses. Mais le financement occulte des partis se transforme
en fausses factures, commissions occultes.
Un dernier problème est la corruption des élus. Comment l’éviter ? Dans notre région, la
corruption des responsables politiques continue d’être un problème, les deux secteurs de cette
corruption étant l’urbanisme et les marchés publics.
g) La crise contemporaine des partis.
Se caractérise par baisse ou rupture du lien entre les partis et l’électorat et à, côté de ça un
renforcement du lien entre les partis et l’état, c’est-à-dire que le parti s’institutionnalise comme
faint partie du gouvernement. Les partis deviennent un élément essentiel du gouvernement, on
le voit très bien au sein du Parlement britannique. Et d’un autre côté, les adhérents des partis
politiques ne cessent de baisser, l’intérêt des électeurs pour les partis se délite.

h) Les adhérents des partis politiques

La baisse de l’adhésion aux partis politiques est en effet une constatation chiffrée. A l’exception
de qlqes pays comme le Japon, l’adhésion à un parti politique, qui n’a jamais été extrêmement
forte, ne cesse de diminuer notamment en Suède ou en Italie.
En France, deux partis politiques de la IVe Rep ont eu jusqu’à 200k adhérents, le parti communiste
(forte réduction des adhérents) et le MRP (disparu aujourd’hui). Deux théories s’affrontent là-
encore parmi les auteurs. Certains considèrent que les adhérents reculent dans les systèmes où
les partis politiques ne sont pas clivés, plus les partis sont clivés, plus ça fabrique de l’adhésion. La
seconde hypothèse est que la confiance dans les partis faiblit. (cf le tableau des chiffres p. 4)

3. Les groupes d’intérêt

Pour réussir à comprendre pourquoi et comment fonctionnent les groupes d’intérêt, les auteurs
ont essayé de les classer, notamment Almond et Powell dans Comparative Politics 1966 → ils
distinguent des groupes d’intérêt associatifs et des groupes d’intérêt institutionnels. Jean Charlot
dans Les Partis politiques et Philippe Braud dans Sociologie Politique → Distinguent aussi des
groupes à vocation spécialisée, par ex : la défense de l’environnement.

• Groupes institutionnels, groupes associatifs

- Groupes institutionnels : Influent sur l’appareil d’Etat, forment en eux-mêmes un pouvoir. Ex : la


haute administration en France, les grands corps d’Etat, restent en place tandis que les politiques
passent. Il existe une politisation tactique des hauts fonctionnaires de l’Etat qui se répartissent en
clan afin de conserver leur poste ou de faire carrière à l’ombre des politiques les plus puissants.
- Groupes associatifs : ils sont extérieurs à l’Etat et dépendent de lui. Ils peuvent se développer ou
non si l’Etat intervient en leur faveur. Leur puissance/leur influence est liée à la manière l’Etat les
associe à sa politique publique. Plus un Etat se veut démocratique, plus il protège les associations
et soutien leur action. Cette puissance des groupes associatifs est à mettre en parallèle avec celle
des syndicats qui sont plus ou moins des forces politiques, si le système légal et politique leur
reconnaît ce rôle par l’obligation de l’affiliation syndicale et la discussion régulière des grands
responsables syndicaux avec les pouvoirs publics. Si l’affiliation syndicale n’est pas obligatoire, elle
a tendance à décliner et va se limiter à sa surface d’action professionnelle. Cette dernière peut
avoir une influence redoutable quand elle défend des intérêts corporatifs de professions
essentielles, transporteurs, cheminots, agriculteurs, ouvriers, entrepreneurs. L’importance des
groupes d’intérêt dépend de la place que leur laisse la loi, donc elle varie selon les cultures pol et
elle dépend des liens entretenus par l’Etat.

• La représentativité des groupes d’intérêt est également variable. Elle dépend de la capacité de
mobilisation de leurs membres, des moyens humains et matériels et de ce qu’on attend de ces
groupes. Ils peuvent avoir une influence continue, organisée dans le dialogue social, ils peuvent
avoir une situation de monopole sur les intérêts qu’ils défendent et/ou une forte capacité de
nuisance temporaire, par exemple dans le cas des syndicats qui pratiquent la grève surprise
comme manière la plus simple de faire aboutir des demandes ou défendre des acquis sectoriels.

• Le déclin du syndicalisme est-il lié à ces questions de représentativité ? On s’aperçoit que


l’adhésion syndicale diminue, c’est le même phénomène qu’avec les partis politiques, les syndicats
qui résistent vont être les plus contestataires, ou les plus radicaux dans leur revendication.

• La légitimité politique des groupes d’intérêt : on l’a dit plus haut. Elle tient à la compréhension de
la démocratie, dans les pays anglo-saxons on considère que la société civile est le principal acteur
politique et donc l’écoute de ses groupes d’intérêt par le pouvoir politique est prioritaire.

• Les trois modèles de Frank Wilson qu’il a exposé dans son article « les groupes d’intérêt sous la
Ve République (1983), concernent justement la forme d’interaction entre les groupes d’intérêt et
l’Etat.
- Le modèle protestataire : les groupes se constituent et refusent tout lien avec l’autorité politique.
Ils font pression en s’appuyant sur l’opinion
- le modèle pluraliste : les groupes ne protestent pas, ils négocient avec les autorités de différentes
manières, font plus pression sur les autorités par leur propres actions.
- le modèle néo-corporatiste : les groupes disposent d’une relation institutionnelle avec les
autorités, peuvent être subventionnés etc.
=> Dans cette configuration, la France possède les trois types de groupes d’intérêt.

4. Les forces diffuses

• Opinion publique :
Pour beaucoup d’auteurs elle est instrumentalisée par les médias, façonnée par la classe
dominante, etc. Mais il n’empêche, les opinions publiques puissantes caractérisent les régimes
démocratiques. L’opinion publique d’un régime autoritaire ou fasciste est enrégimentée. Les
politistes cherchent à comprendre comment elle se forme, comment elle réagit, etc. Elle a trouvé
une légitimité très grande avec la mise en place des sondages. Ceux-ci lui donnent une réalité
substantielle, même s’ils sont très critiqués. La scientificité des sondages est un grand enjeu.

• Sondage d’opinion et critique de leur rôle


Sollicités par les partis politiques, par les médias pour connaître l’état de l’opinion et pour bien
montrer que la voix du peuple n’est pas monopolisée par un cercle de professionnels politiques
ni par ce que les commentateurs pensent d’elle. Mais l’art de sonder est difficile, il s’est
professionnalisé dans des instituts, il est aussi utilisé par des sociologues pour faire leurs
enquêtes. Il faut poser les bonnes questions, ne pas influencer les réponses, choisir des critères
pertinents, etc. Il y a une part d’incertitude irréductible dans les sondages. exemple des Midterms
aux USA : les sondages ont donné de faux pronostics – une victoire écrasante des vainqueurs-
comme à chaque élection dans ce pays. Ils se sont trompés – souvent parce que les personnes
interrogées ne sont pas assez représentatives ou alors qu’elles mentent sur leurs intentions….

• Les « sages » institutionnels :


Ce dernier ensemble de force politique diffuse devient de plus en plus important. Il est lié à la
surveillance de l’état de droit d’un Etat. Une surveillance qui s’accroît quand l’Etat cherche à
consolider son propre fonctionnement démocratique. Ils sont comme un complément additionnel
à la démocratie représentative. Ainsi le juge constitutionnel. Depuis la seconde guerre mondiale
avec l’émergence des Conseils de constitutionnalité en Europe sur le modèle du pouvoir
d’interprétation de la Constitution aux USA par la CS. Le juge contribue à lisser les lois et à
maintenir l’alternance, tout en étant critiqué (toujours) sur ses interprétations. A côté on retrouve
les autorités administratives indépendantes qui peuvent être ponctuelles (les Hauts Conseils, Le
Conseil économique et Social) qui reflètent la volonté de répondre aux attentes de la société civile
et de la représenter autrement.

• Nouveaux venus, les influenceurs : font-ils la politique ou cette dernière s’en saisit-elle ?
Jusqu’à quel point les influenceurs notamment par le biais des réseaux sociaux sont-ils en train de
contribuer à la bonne santé démocratique ? la renforcent-ils en captant indirectement l’opinion
de l’électorat, aident-ils à fabriquer de l’alternance démocratique, ou au contraire sont-ils en train
de détruire le débat politique, d’inventer des polarisations artificielles, de répandre des idées
extrémistes ? Les recherches sont en cours. Certains résultats montrent qu’internet favorise les
théories du complot, l’incitation à la haine et les idées extrêmes, qu’il fractionne les groupes en
clubs fermés qui se retrouvent à penser la même chose et se renforcent dans l’intolérance, etc.
L’image du Président Biden avec les plus importants influenceurs de la jeunesse américaine
prouve en tout cas que les politiques savent aussi comment toucher des électeurs potentiels !

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