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COURS DE PHILOSOPHIE

LA SOCIETE : L’ETAT, LA NATION, LA PATRIE,


LE POUVOIR POLITIQUE

ORIENTATIONS

« L’Etat, c’est moi ! » (Louis XIV)


« L’homme est un animal politique » (Aristote)
« La patrie ou la mort, nous vaincrons !
- Je ne fais jamais de politique.
« Si l’Etat est fort, il nous écrase, s’il est faible, nous périssons » (Valéry)

INTRODUCTION

Contre l’insécurité, face à la nature et face à d’autres hommes, l’homme a depuis


longtemps recherché la sécurité et la paix par le regroupement social et l’entente politique. Le
regroupement social a commencé par la famille, premier élément de la société et s’est
prolongé par la nation, la patrie et l’état. Quant à l’entente politique ou la politique simplement
c’est l’art de gouverner la cité (polis). Aristote fait remarquer que « l’homme est un animal
politique ». Comment définir plus précisément ces notions et comment s’exerce le pouvoir
politique ? C’est là tout l’objet de ce chapitre.

I.- L’ETAT - LA NATION - LA PATRIE

a) L’Etat
Désigne une « communauté juridique », c’est-à-dire un ensemble d’individus soumis à une
même législation, à une même autorité politique. Il est un instrument d’organisation,
d’administration et de direction de la vie sociale. Il a d’autres fonctions comme celles d’ordre
politique, économique, social, judiciaire et juridique, militaire, diplomatique, culturel et éducatif.
Bref l’Etat c’est le gouvernement et l’ensemble des structures par lesquelles il manifeste son
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autorité.
Questions : Jusqu’où doit aller l’obéissance des citoyens d’une part ou l’autorité de l’Etat
d’autre part ? L’existence de l’Etat est-elle compatible avec la liberté individuelle ? Quelle est la
légitimité du pouvoir d’état ou de l’autorité politique ?
Réponses générales : toutes ces questions évoquent le rapport du pouvoir de l’Etat et la
marge de liberté dont dispose le citoyen. Ces deux notions qui semblent a priori s’opposer se
veulent en réalité complémentaires. L’autorité peut être une condition de la liberté. Le but de
l’Etat selon KANT n’est-il pas

d’assurer la liberté de chacun et de tous contre les atteintes de ceux qui ne respectent pas les
lois légales et morales ?

SPINOZA ajoute « l’homme que conduit la raison est plus libre dans la cité où il vit selon
la loi commune que dans la solitude où il n’obéit qu’à lui- même ». Aristote pense
également «qu’il ne faut pas regarder comme un esclavage le fait de vivre conformément
aux lois de la cité mais une sauvegarde ».

b) La Nation

Le concept est étroitement lié à peuple, patrie mais s’en distingue tout de même. Le
peuple constitue l’étoffe humaine et sociale d’une nation. La nation désigne la communauté
naturelle et historique. Par exemple dans un pays il peut avoir plusieurs nations parce que le
pays est une division arbitraire qui ne tient pas compte forcément de l’histoire. Il existe des
facteurs qui permettent d’approcher le concept :
- les facteurs naturels de la nation qui mettent en relief les réalités physiques,
biologiques et ethniques (exemple : appartenance à une même race, à un même territoire).
- les facteurs historiques et politiques qui mettent en relief les circonstances de sa
situation actuelle à partir de son évolution dans le temps.
- les facteurs culturels, psychologiques et moraux : qui désignent la communauté de
culture, d’idéologie, de langue, de valeur, de schèmes mentaux c’est-à-dire des sensibilités
propres de religion.

Questions : Qu’est-ce qui fonde la nation ? Est-ce la race ? La langue ? Le territoire ? La


religion ?

Réponse : En réalité, le concept de nation repose avant tout sur la volonté de ses membres,
sur leur conscience et sur leur désir de former une unité.

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c) La Patrie

Désigne étymologiquement la patria terra, les terre des pères (Vaterland. Fatherland). C’est la
nation en tant qu’objet d’amour. Elle traduit une réalité affective, elle est une valeur qu’on
vénère, pour laquelle on est prêt à mourir. (Se rappeler l’antique devise ! « La patrie ou la
mort... »)

Questions : La patrie est-elle une valeur absolue ?

Réponse : Bien de comportements extrémistes semblent y croire. Le sentiment spontané qui


pousse l’homme à s’attacher à la terre de ses pères est légitime, c’est du patriotisme. Mais il
faut craindre le chauvinisme qui consiste à aimer exagérément sa patrie et à dénigrer les
valeurs des autres patries. Il existe des valeurs universelles telles les justices, la vérité, la
liberté...

Le nationalisme quant à lui est un concept négatif. C’est la théorie politique qui tend à faire de
la nation un absolu. L’histoire nous montre que les nationalismes ont toujours conduit à des
actes ignobles.

II- LE POUVOIR POLITIQUE

C’est l’exercice concret et l’organisation pratique de la cité ou de la chose publique (la


respublica). Le pouvoir serait-il entre les mains d’un tout puissant ? (Totalitarisme). Chacun
doit-il l’exercer comme il l’entend ? (Anarchisme). Le peuple (démons) devrait-il déléguer ses
pouvoirs à des élus ? (Démocratie). Faut-il laisser plutôt la conduite du pays à des
technocrates ? (Technocratie) ou à la dictature du peuple lui-même ? (Socialisme). Ces
questions font l’objet de cette partie.

a) L’absolutisme

Il se distingue en deux courants : la conception théocratique et la conception


monarchique. La conception théocratique est la conception suivant laquelle tout pouvoir vient
de Dieu, s’il n’est pas Dieu lui-même. Cette conception date depuis l’Egypte pharaonique,
l’Europe chrétienne et est soutenue par des penseurs comme BOSSUET.

La conception monarchique est la conception suivant laquelle le pouvoir politique est


concentré entre les mains d’un monarque qui exerce de façon absolue sur ses sujets. C’est un
pouvoir absolutiste. Les partisans de cette conception (Hobbes, Machiavel, Bossuet) justifient
le pouvoir absolutiste par la force (Hobbes et Machiavel) ou par Dieu (Bossuet). (Pour en

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savoir plus se référer à la philosophie de ces auteurs).

Critique : Même si les doctrines totalitaristes ont un certain mérite du fait qu’elles indiquent les
penchants anarchistes en tout individu (l’homme est un loup pour l’homme !) et la nécessité
d’un ordre social, elles véhiculent des idées peu acceptables. D’abord l’idée foncièrement
pessimiste sur l’homme ne rend pas compte de toutes les dimensions de celui-ci. Ensuite
lorsque la légitimé du pouvoir repose sur des causes transcendantes n’y a-t-il pas risque de
transformer les citoyens en sujets ? L’absolutisme semble donc ne pas s’imposer comme une
solution pertinente aux crises socio-politiques qui naissent entre le citoyen et l’Etat. Faut-il
proposer l’anarchisme alors ?

b) L’anarchisme

Selon cette doctrine politique, l’homme est fondamentalement un être libre et animé de
sentiment altruiste. Laissé à lui-même il tisse naturellement des rapports pacifiés avec son
prochain. Toute contrainte extérieure (par exemple : celle de l’Etat) détruit cette liberté
originelle. «L’Etat est un

immense cimetière où viennent s’enterrer toutes les manifestations de la vie individuelle. C'est
l’immolation de chaque individu... » Proclame Bakounine. Que faut-il alors à la place de l’Etat ?
Des associations librement constituées et indépendantes de l’Etat. Les anarchistes ont pour
nom : BAKOUNINE, KROPOTKINE, PROUDHON, Jean GRAVE.

Critique : L’anarchisme a le mérite essentiel de recentrer le débat politique sur la liberté du


citoyen, attribut fondamental de l’homme. Ce faisant, il contribue à rappeler, avec intérêt,
l’essence du politique : celle d’assurer l’épanouissement du citoyen et l’ordre conforme à cet
épanouissement. Cependant l’anarchisme pose énormément des problèmes. En fait
l’anarchisme ne signifie pas seulement absence de pouvoir mais également absence d’ordre,
chose qui est indispensable à la vie en société. En outre qui nous dit que la bonté intrinsèque
de l’homme la dispense de l’autorité qui se veut même comme organe de protection contre la
violence d’autrui. Faut-il recourir alors à la démocratie ?

c) La démocratie

Réconcilie l’autorité de l’Etat avec la liberté individuelle. La démocratie repose sur l’idée
que la souveraineté politique procède du peuple lui-même. En droit, la démocratie est le
gouvernement par le peuple. En fait, c’est un régime où le peuple délègue ses pouvoirs à des
représentants qui sont ses mandataires et se réunissent pour exercer le pouvoir législatif (soit

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en une assemblée monocamérisme soit en deux (2) assemblées bicamérisme) ou le
pouvoir exécutif (soit par le 1er ministre ou le Président) ou encore le pouvoir judiciaire

(La cour suprême). Ces trois pouvoirs sont à distinguer et ne doivent pas être concentrés dans
les mains d’un homme (le chef de l’Etat par exemple). Les tenants de la démocratie sont :

MONTESQUIEU avec son œuvre l’Esprit des Lois

Jean Jacques ROUSSEAU avec le Contrat Social

Alexis de TOCQUEVILLE avec la Démocratie en Amérique

Quelques idées sur la démocratie selon ROUSSEAU Le problème fondamental de


Rousseau consiste en ceci : le contrat

« Trouver une forme d’association qui défende et protège de toute la force commune la
personne et les biens de chaque associé et par laquelle chacun s’unissant à tous n’obéisse
pourtant qu’à lui-même et reste aussi libre qu’auparavant... »

Pour comprendre l’état du contrat social il faut expliquer deux états antérieurs de l’histoire de
l’homme :

L’état de nature : où l’homme est foncièrement bon et doué de perfectibilité c’est-à-dire capable
de progrès. En cela Rousseau s’oppose à Hobbes pour qui l’homme est naturellement mauvais
: un loup pour l’homme.

L’état de société ou de civilisation : où l’homme se trouve corrompu par les civilisations dont le
premier signe est la propriété privée. Cet état est marqué par l’égoïsme et la multiplication des
lois. Voilà autant de chaînes qui entravent la liberté de l’homme : « l’homme est né libre
mais partout il évolue dans les chaînes » exclame alors Rousseau d’où alors la nécessité
du contrat ou l’état du contrat social où chaque citoyen n’obéira à la loi que lui-même s’est
prescrite. L’Etat démocratique tirera sa légitimité de sa capacité à faire régner la volonté
générale. La volonté générale n’est pas la volonté de tous. Elle ne peut se prononcer sur un
fait ou sur un homme particulier. La volonté générale se définit par l’intérêt commun.

Critique : La démocratie a le mérite de concilier les intérêts de l’Etat et du citoyen mais aussi

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l’avantage de mieux susciter l’intérêt du citoyen de la chose publique. Le noyau essentiel de la
démocratie libérale est inattaquable en ce sens qu’il a les prérogatives les plus imprescriptibles
de l’homme.

Platon pense (livre X de la République) que la démocratie serait le règne et la tyrannie de la


populace. Au nom de la démocratie des incompétents, ceux qui ne savent rien à la gestion de
la chose publique vont mener la cité à sa perte. Nietzsche : la démocratie c’est le ‘’hurlement”
de la populace, des incapables. Marx : la démocratie libérale est une démocratie formelle qui
défend les intérêts de la classe dominante. Elle est bourgeoise.

Que faut-il proposer ? La technocratie ? Le fascisme ou le socialisme ?

d) La technocratie

Est la doctrine selon laquelle le gouvernement de la cité est réservé seulement aux hommes
sages et éclairés, les philosophes. Le pouvoir doit appartenir à ceux qui ont le maximum de
compétence, l’élite qualifiée par ses connaissances des sciences politiques : ingénieurs,
techniciens... le bon politicien n’est pas celui qui sait parler mais l’homme compétent sachant
prendre des décisions répondant aux aspirations des citoyens. Les partisans de cette doctrine
ont pour nom : Platon, Saint-Simon, Auguste Comte.

Critique : Les hommes les plus compétents ne sont pas forcément ceux qui sont à même de
proposer des fins et de déterminer les valeurs que veut poursuivre un Etat.

N’y a-t-il pas le risque d’un décalage entre l’immense foule des citoyens et l’élite visionnaire ?

e)Le fascisme

A été instauré par Mussolini après la lere guerre mondiale et désignera par la suite toutes
les doctrines visant à substituer un régime autoritaire à un régime démocratique. Anti-
individualiste et anti-rationaliste, le fascisme condamne tout à la fois la liberté individuelle et
les valeurs universelles (lire l’idée de Maurice Barrés n°l P. 134). Le fascisme n’admet pas de
partis politiques à l’exception des organismes réels tels : Université, Clergé, corps de métiers.

Critique : Le fascisme semble n’être que le retour pur et simple à l’absolutisme. Son
fondement philosophique se trouve dans le système de Hegel où l’Etat est divisé et où il n’est
rien d’autre que l’incarnation de l’Esprit.

f) Le socialisme et le communisme

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Sont aux antipodes de la conception libérale de l’Etat. Le socialisme et le communisme,
comme nous l’avons vu ailleurs sont deux étapes différentes d’un processus révolutionnaire.
Selon le système :
* L’Etat n’a pas toujours existé.
* L’Etat représente la défense coercitive des intérêts des classes et des couches

dominantes.
* L’Etat, né de la contradiction de classes, est une nécessité historique,
contrairement aux thèses anarchistes c’est-à-dire il apparaît comme un moyen de violence
nécessaire.
* L’Etat disparaîtra au profit d’une société sans classe : le communisme. (Pour cette
partie voir le ch. Sur le travail)

Critique : La dictature du prolétariat qui n’est que la dictature du parti communiste et de ses
chefs ne fait-il pas du communisme une doctrine très proche du totalitarisme ? Le grand soir
prophétisé par le marxisme est-il jamais arrivé ?

CONCLUSION : QUI DOIT GOUVERNER?

Un seul homme ? (a). Il y a un avantage certain dans une situation de jungle que tous
renoncent à leur pouvoir en faveur d’un seul. Mais l’inconvénient est gros. Aucun ? (b).
L’absence d’autorité conduit au désordre. Le peuple ? (c). C’est l’idéal : que le pouvoir tire sa
légitimité de la volonté générale c’est-à-dire de l’intérêt commun. Les technocrates ? (d).
L’absence de compétence est un gros péril pour être à la tête de la cité. Alors l’homme qu’il faut
à la place qu’il faut ! Le fascisme ? (e). C’est une autre forme de totalitarisme ! Le socialisme ?
(f). Il y a gros à parier pour une querelle de mots.
Qui doit gouverner la société ?

Les régimes et les hommes politiques proposent des projets de société dans leur
organisation politique. E semble que le régime qui permet effectivement le plein
épanouissement de l’homme dans la cité en garantissant sa liberté, ce régime là est
toujours en chemin.

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