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Introduction
I- Les approches du pouvoir politique
1. L’approche marxiste
a) La séparation des individus d’avec l’État
b) L’identité des intérêts de la classe dominante avec ceux de l’État
2. Les approches dites « globalisantes »
a) Le structuralisme
- Alfred Radcliffe-Brown
- Claude Lévi-Strauss
b) Le systémisme ou l’analyse systémique
- David Easton
- Karl Deutsch
c) Le fonctionnalisme
- L’organicisme
- Le fonctionnalisme absolu
- Le fonctionnalisme relativisé ou néo-fonctionnalisme
3) L’approche constructiviste ou le constructivisme
4) L’approche interactionniste ou l’interactionnisme
5) L’approche élitiste
1
a) Gaetano Mosca (1858-1941)
b) Vilfredo Pareto (1848-1923)
c) C. Wright Mills (1916-1962)
6) L’approche pluraliste
a) Robert Dahl (1915-2014)
b) Raymond Aron (1905-1983)
A) L’État
1. L’existence de l’État
a) L’existence sociologique de l’État
- Un pouvoir politique
- L’acceptation de l’ordre étatique
- Le concept d’État-Nation
b) L’existence juridique de l’État
- Un ordre juridique
- La validité de l’ordre étatique
2. Les formes de l’État
3. Les fonctions et organes de l’État
a) Les fonctions politico-sociales
- L’État-gendarme
-L’État-providence
b) Les fonctions juridiques
4. Les organes de l’État
B) La souveraineté
1. Les différentes conceptions de la souveraineté ou les formes d’expression de la
souveraineté
a) La souveraineté nationale
b) La souveraineté populaire
- La démocratie directe
- La démocratie semi-directe
c) Les deux formes combinées
2. L’exigence de représentation politique
a) Le caractère factice de la représentation
- Les raisons matérielles
- Les raisons intellectuelles
b) Le caractère nécessaire de la représentation
3. L’expression de la souveraineté
a) Le droit au suffrage
b) L’évolution du droit de vote
- Le suffrage restreint
- Le suffrage censitaire
- Le suffrage capacitaire
- Le suffrage universel
4. L'organisation du scrutin ou des élections
a) Les principes gouvernant l’exercice du suffrage
b) Les modes de scrutin (ou les systèmes électoraux)
- Quelle est la différence entre le vote et l’élection ?
- Qu’est-ce qu’un mode de scrutin ?
2
- Le scrutin majoritaire
- Le scrutin proportionnel ou la représentation proportionnelle
C) La Constitution
D) Les forces politiques
1. Les partis politiques
a) Définition du parti politique
b) Naissance des partis politiques
c) Les types de partis politiques
- Les partis de cadre
Les partis de cadre
Les partis de masse
- Les partis attrape-tout ou partis d’électeurs
Les partis attrape-tout
Les partis d’électeurs
2. Démocratie interne, efficacité et professionnalisation des activités politiques
3. Les fonctions des partis politiques
a) Les fonctions manifestes
b) Les fonctions latentes
4. La légitimation des partis politiques
5. Les groupes d’intérêts
a) L’importance et l’influence
b) Les cadres normatifs
3
Introduction
La science politique trouve ses origines dans la Grèce antique, puis dans les empires
romains. On peut considérer les Grecs comme les créateurs de la science politique.
Dès le Vème et IVème siècle avant Jésus-Christ, des philosophes tels Platon (428
ou 427 à 348 ou 347 av. J.C.), Aristote (384 à 322 av. J.C.)1, Thucydide (env. 460-
395) s’y sont intéressés. Cependant, leurs préoccupations fondamentales tournent
autour de la question de savoir quel type de gouvernement il convient de mettre en
place pour mieux garantir une coexistence harmonieuse et pacifique des individus.
Ce questionnement apparaît comme une réaction aux guerres à répétition, désordres
et violences permanentes qui mettent en cause la pérennité de la Cité. Ces penseurs
cherchent, alors, le principe de l’ordre politique à établir nécessairement dans l’idée
du Bien et du Juste tirée de leur « méditation métaphysique ». Ils ont ensuite été
relayés par les Romains (De la République de Cicéron). Pendant une bonne partie
du Moyen Âge, la théologie a pris le pas sur la politique. Nicolas Machiavel2 la
restaure grâce à son ouvrage Le Prince écrit vers la fin de l’année 1513 et publié en
1532.
1
Voir La République de Platon et La Politique d’Aristote.
2
Nicolas Machiavel (1469-1527) est un écrivain et politicien italien, « fondateur de la science politique ». Il
insiste sur la science humaine, qui a besoin d’observation. Il établit des «lois», des relations ou corrélations
entre les phénomènes humains. Il fut un haut fonctionnaire de la République de Florence. Entre 1498 et 1512,
il a occupé les fonctions de secrétaire de la chancellerie ainsi que de conseiller auprès de Pierre Soderini,
magistrat suprême de la République. Apres l’invasion de Florence par les Médicis et la soumission à leur
autorité en 1512, il est déchu de ses fonctions. Son ouvrage, Le Prince, écrit vers la fin de l’année 1513 marque
un renversement de la problématique de la philosophie politique classique. Un prince s’installe sur un territoire
où il y avait de la violence et de l’animosité et finit par le pacifier. Pour y arriver, le prince doit créer de
nouvelles lois. Il s’agit en fait d’une leçon destinée au prince. A travers cet ouvrage, Machiavel entend montrer
les effets des actions des dirigeants et des modes des configurations socioculturelles sur la pérennité ou non de
tout régime politique. Il s’agissait pour lui de mieux comprendre les raisons de la défaite de sa République. Il
s’est donc mis à l’observation d’une République qui a réussi, notamment la République romaine, afin de
repérer les mécanismes de la durée et de la grandeur de Rome. Il aboutit à cette conclusion : « Lorsque les pays
qu’on acquiert, comme on a dit, sont accoutumés à vivre selon leurs lois et en liberté, pour les tenir il y a trois
procédés : le premier, les détruire ; le deuxième, y aller habiter en personne ; le troisième, les laisser vivre
selon leurs lois, en en tirant un tribut et en y créant un gouvernement oligarchique qui te conserve leur amitié.
Créé par ce prince, ce gouvernement sait qu’il ne peut durer sans son amitié et sa puissance, et doit tout faire
pour le maintenir. Et l’on tient plus facilement une cité accoutumée à vivre libre par le moyen des citoyens eux-
mêmes que d’aucune autre façon, si on veut l’épargner. » Pour Pierre Louis-Naud, la rupture opérée ici se situe
dans le type de questionnements. Selon lui, il ne s’agit plus de déterminer le statut de l’homme vertueux,
l’ordonnance politique qui l’exprime et le rend possible et les principes qui fondent l’un et l’autre, mais de
chercher à savoir comment fonctionne le pouvoir politique. Machiavel donne, ainsi, à la science politique son
objet (acquisition et maintien du pouvoir, autonomie du pouvoir) et sa méthode : l’analyse des faits
(contrairement au jugement), l’observation (contrairement à l’apriori). Cette démarche positive va être, peu à
peu, systématisée dans l’analyse politique. Il donne aussi une conscience pour agir, mais pas de doctrine
politique (cf. Louis-Naud Pierre, Introduction à la science politique).
4
La science politique moderne est née aux États-Unis à la fin du XIXe siècle dans un
contexte de grandes transformations sociale, industrielle, scientifique ou politique.
Elle a, ensuite, fait son apparition en France avec des précurseurs
comme Montesquieu (1689-1755)3, Jean-Jacques Rousseau (Du contrat social),
Tocqueville4 (De la démocratie en Amérique). Toutefois, la science politique
demeurait littéraire5.
La science politique n’a connu son véritable essor qu’à partir du XIXème siècle et du
début du XXème siècle, particulièrement avec les œuvres de Max Weber qui mettent
l’État et sa bureaucratie, l’intervention étatique et sa rationalité, le pouvoir et les
mécanismes de sa légitimation, les mécanismes de la domination, au cœur de
l’analyse politique. La création des départements de science politique dans certaines
universités américaines à partir de 1890 et la fondation, en 1903, de l’American
3
Montesquieu (1689-1755) est un juriste, philosophe et homme politique français, un des fondateurs de la
politique comparée. Il prône le réalisme, mais certains manuels le qualifient de structuraliste. Sa méthode est
la suivante : observation, relations, corrélations. En 1748, il écrit De L’esprit des lois (1748). Selon lui, les lois
sont nécessaires pour les rapports sociaux (pour lui, la société représente un tout). Il leur donne à la fois un
sens politique et juridique et un esprit: l’unité (populations, religion, mœurs, systèmes juridiques, etc.). La loi
remplit une fonction générale (universelle) et particulière : résoudre le paradoxe de trouver une théorie
générale et l’appliquer aux cas particuliers (temps/espaces). Il souligne l’importance des institutions. Il
développe aussi la doctrine de la séparation des pouvoirs : exécutif (sinon: arbitraire), législatif (lois générales)
et juridique (sinon: arbitraire, pas de vue à long-terme).
4
Tocqueville (1805-1859) est un historien, juriste et politicien français. Il a écrit De la démocratie en Amérique
(1835-40) et L’ancien régime de la Révolution (1856). Sa méthode est l’observation et l’analyse. Dans son
ouvrage, il compare les États-Unis à la France. Il critique la France pour avoir remplacé la tyrannie de la
monarchie par la tyrannie du peuple. Son thème majeur est la démocratisation qui est , pour lui, un processus
irréversible. Ses autres thèmes abordés sont les suivants : le fédéralisme, le rôle de la presse, les associations
des citoyens, l’omnipotence de la majorité. Il met l’accent sur l’importance des structures intermédiaires entre
les citoyens et l’État. « Etre citoyen c’est être membre de la cité (pays). Au sens large, le citoyen peut être
défini comme une personne faisant partie de la population d’un État. Cette personne bénéficie des droits et a
des devoirs aussi bien envers l’État que les autres membres avec qui il partage les mêmes objectifs du fait de
leur appartenance à cet État. »
5
Quelques précurseurs en politique et sciences humaines : Machiavel (1469-1527), Hobbes (1588-1679), Locke
(1632-1704), Montesquieu (1689-1755), Tocqueville (1805-1859).
5
Polical Science Association6 permettent à cette discipline de s’affirmer et de se
développer aux États-Unis. En Europe, la science politique ne s’affirme véritablement
qu’aux lendemains de la seconde guerre mondiale, notamment en Grande-Bretagne,
en Italie, en Allemagne et en France. En France, l’essor scientifique de la discipline a
débuté avec l'économie politique, la sociologie et le droit public qui, lui, faisait une
rude concurrence. André Siegfried (le Tableau politique de la France de l’Ouest,
1913), apparaît comme le père de la nouvelle politologie, qui s'est développée après
la 2ème Guerre mondiale. En France, la science politique a été implantée dans des
facultés de Droit, des Instituts d’Etudes Politiques (IEP). La création de l’IEP de Paris
a succédé à l’École libre des sciences politiques ou « Sciences-Po ». Cette
institutionnalisation n’évacue pas pour autant les grands débats sur les contours de
l’objet même de la science politique.
6
La communauté savante est basée sur des institutions d’enseignements (les
départements à la faculté, la spécialisation dans les IEP, les instituts de recherche
spécialisés ; des supports de diffusions (les colloques, les revues, les ouvrages,
etc.)9 ; une dénomination commune (politologue, politiste, spécialiste de
politologie)10. La terminologie même de « science politique » pose problème11. Elle
ne fait pas l’unanimité en doctrine. On a assisté à une divergence terminologique
entre les précurseurs modernes de la science politique dans la dénomination de la
discipline. Plusieurs vocables ont été proposés ou suggérés. Pour la science elle-
même, on a avancé « statistique »12, « cybernétique », « statologie »13,
« politicologie » ; pour les adeptes de la science, on a retenu « politicologues »,
« politistes » ou même le terme anglais political scientists. Toutes ces appellations
sont, à divers titres, récusables. Par contre, échappent à la plupart des griefs les
vocables « politologie » et « politologues » apparus quasi simultanément il y a une
quinzaine d'années en Allemagne et en France. Déjà utilisé en 1948 par Eugen
Fischer Baling, le terme « politologie » a été lancé en 1954 par le professeur Gert
von Einern (dans le premier numéro de la Zeitschrift für Politik). En France, la même
année, un critique littéraire, André Thérive, avait lui-même « mis politologue sur les
fonts baptismaux ». Il existait une autre solution à ces deux termes, qui consistait à
recourir au grec et au latin pour donner politologie14. Cette expression se serait
imposée n’eût été le rôle croissant des prévisionnistes et leur excès de prévisions qui
l’ont dévalorisé. De nos jours, le mot « politologue » désigne souvent des experts
intervenant sur les plateaux de télévision ou de journaux télévisés pour décrypter,
analyser les résultats des élections, les causes des guerres ou des révolutions. Or, la
science politique est plus que cela. Elle aide à imaginer les chemins de l’avenir, mais
elle ne peut pas, et ne doit pas, dire lesquels des chemins emprunter15. Le terme
politologie a pourtant été adopté dans nombre de pays pour sa consonance
scientifique.
9
La production de la connaissance scientifique est communicable, c’est-à-dire établie dans des normes telles
que l’ensemble de la communauté scientifique puisse en prendre connaissance et l’évaluer.
10
En ce qui concerne la dénomination, les questions suivantes se posent : Comment choisir une dénomination
concise qui ne prête pas à confusions et qui évoque l’existence, ou au moins la recherche d’un système
d’ensemble logique et articulé ? Comment nommer la discipline (science politique, sciences politiques,
politologie, politique, science du politique ?), De quoi est-elle faite et pourquoi l’appeler science politique ?
Comment choisir un terme pour désigner les hommes de science qui s’adonnent à l'étude de la
politique ? Doit-on les appeler politologues, politistes (il faut noter que politiste désigne un individu qui se
spécialise dans l'étude des sciences politiques. Il n'est pas un moraliste ou un philosophe, mais un analyste qui
cherche à rendre plus claire la chose publique), politiques, spécialiste de politologie (étude des faits,
politiques), politiciens ? (ce vocable vise les hommes d’action engagés dans la vie publique à divers échelons).
11
Cf. Jean Baudouin, Introduction à la science politique, p. 3.
12
Le terme «statistique » désignait par le passé, pour le langage scientifique, ce qui a trait à l’Etat. La
e
statistique était définie au XIX siècle comme « le recueil des faits auxquels donne lieu l’agglomération des
hommes en société politique ». Toutefois, l’usage courant du mot « statistique » lui a donné un sens différent :
status au sens de situation a pris le dessus sur status au sens d’Etat. C’est ainsi que la statistique n’envisage,
dans son sens actuel, que ce qui est chiffrable (cf. Sébastien Lath Yédoh, Introduction à la science politique,
éditions abc, 2014, p. 14).
13
Le terme de « statologie » a été proposé par La Bigne de Villeneuve de l’Ecole française de droit du Caire à
travers son ouvrage une science sociale nouvelle, la statologie, son caractère, son objet.
14
Science de la polis, donc science de la cité, des affaires publiques et de la politique.
15
Les économistes ont perdu du crédit à force d’erreurs de prévision.
7
Pour montrer la scientificité d’une discipline, il faut un terrain bien délimité où les
politologues ont le monopole. A ce sujet, Yves Schemeil (Introduction à la science
politique, objets, méthodes, résultats, Presse de science po, Dalloz, 2010) affirme
qu’une « discipline nouvelle s’impose quand ceux qui l’ont conçue lui attribuent un
domaine et refusent désormais de le partager avec d’autres savants » (il s’agit de la
question du monopole).
L’objet de la science politique récente est le thème de nombreux débats. Pour l’école
américaine, l’objet d’étude est la nature du pouvoir. Par science du pouvoir, il
convient d’entendre, d’après l’Américain William Robson, « la nature, les
fondements, l’exercice, les objectifs et les effets du pouvoir dans la société »16.
Face à cette approche américaine qui considère la science politique comme l’étude
des rapports inégalitaires d’autorité, d’influence, de domination (autrement, étude du
pouvoir), des juristes européens ont réagi. Ils définissent la science politique comme
« l’étude de l’État, de ses objectifs, des institutions qui permettent de les réaliser, des
relations de l’État avec les individus membres et les autres États, et aussi de ce que
les hommes ont pensé, écrit et dit sur ces questions ». On note qu’une tendance
lourde à la monopolisation de la contrainte légitime au profit de l’État et des
institutions placées sous son contrôle oriente la science politique dans une approche
statologique (Philippe BRAUD)17.
16
« La science politique a pour objet l’étude du pouvoir dans toutes ses formes ou manifestations. En d’autres
termes, elle étudie les rapports inégalitaires d’autorité, d’influence, de domination et de gouvernement
existant dans la société globale. Ainsi, selon le politologue Nord-américain Robert Dahl, [un système politique
est une trame persistante de rapports humains qui implique une mesure significative de pouvoir, de
domination, d’autorité]. Dans cette approche, l’Etat apparaît comme l’une des manifestations du pouvoir.
Cette conception est plus extensive que la précédente et domine à l’heure actuelle l’ensemble des recherches
en science politique. Elle a pour point de départ l’idée selon laquelle le pouvoir est une caractéristique
essentielle de tout groupe humain. Cela dans la mesure où le phénomène d’autorité est consubstantiel à toutes
les formes d’organisation sociale, politique, économique, religieuse » (Cf. Sébastien Lath Yédoh, Introduction
générale à la science politique, éditions abc, 2014, p. 22). Cette approche extensive axée sur le phénomène du
pouvoir connaît des limites.
En se basant sur l’universalité du phénomène de pouvoir, la science politique cours le risque de se voir
attribuer un objet plus social que politique. Dans cette approche extensive, il n’est pas facile de démêler le
politique du social vu que, tout pouvoir, toute relation inégalitaire et contraignante n’est pas forcement
politique (Cf. Sébastien Lath Yédoh, Introduction générale à la science politique, éditions abc, 2014, p. 23). Jean-
William Lapierre (Analyse des systèmes politiques, 1973) souligne à ce sujet : « le pouvoir n’est pas un concept
spécifiquement politique, mais comme le droit, un fait social, qui apparaît partout où il y a un groupement
humain (ibid.). Par extension de son objet, la science politique pourrait perdre de vue la spécificité du politique
et croiser des objets traditionnels de la sociologie générale (Sociologie de la famille, de l’école…)…Il est utile de
recentrer l’étude des manifestations du pouvoir dans la sphère politique. Dans ces conditions, la science
politique est amenée à insérer les phénomènes d’autorité, de domination, d’influence, dans la logique de
l’exercice des fonctions étatiques ; ce qui aboutirait à établir un lien avec l’approche dite statologique (Cf.
Sébastien Lath Yédoh, Introduction générale à la science politique, éditions abc, 2014, p. 24).
17
Une tendance classique et historiquement plus ancienne envisage la science politique comme la science de
l’Etat. C’est en considérant l’Etat comme objet d’étude de la science politique que La Bigne de Villeneuve a
8
La science politique amène à nous interroger sur les phénomènes politiques. C’est
une discipline qui a pour objet l’ensemble des phénomènes politiques où d’autres
acteurs ont un avis (à donner, à émettre). Il n’y a donc pas de « chasse gardée ».
Plusieurs regards sont possibles : nous avons le point de vue des hommes
politiques, qui vise à l’action politique ; celui des étudiants en sciences politiques,
dont le but est de produire une connaissance impartiale et un point de vue objectif.
On parle dans ce cas de neutralité axiologique (axiologie : théorie des valeurs
morales). A partir de cette pluralité de points de vue, on peut dire que la science
politique est une discipline scientifique qui, grâce à sa neutralité axiologique, permet
une approche complète des phénomènes politiques.
Après avoir essayé de définir le terme de science, nous allons à présent voir celui du
mot politique. Une certaine approche définitionnelle semble recueillir l’assentiment de
la doctrine majoritaire qui met l’accent sur le vocable « politique » dans la définition
de la science politique. La difficulté de définition de la science politique réside dans
les contresens et contrastes du vocable « politique », posant de réelles difficultés au
niveau de sa compréhension, sa signification et ses interprétations. En évoquant le
mot « politique », on peut avoir en tête différentes interprétations de la valeur de
l’activité politique : La politique au quotidien (comment négocier avec ses proches
pour leur imposer ses propres préférences en matière de loisir, de logement, de
prénoms des enfants, etc.) ; la politique professionnelle qui est un ensemble de
mesures prises par les pouvoirs publics (les politiques publiques, par exemple la
politique de la ville) ; la société politique toute entière (la communauté politique) ;
l’espace public qui donne de la visibilité à cet ensemble (les lieux où l’on discute en
public des affaires communes et où se forme une opinion publique) : assemblées,
parlements et agoras. Dans l’analyse d’inspiration marxiste la notion « politique »
désigne les processus par lesquels la coexistence d’un ensemble d’individus donné
aux intérêts originairement contradictoires est rendue possible. L’État, l’organe jouant
cette fonction, est compris comme un construit social. Il dépend de l’état des rapports
de force à un moment donné. Toute modification de ces rapports est susceptible
d’entraîner sa transformation18.
La politique demeure une activité sociale à des niveaux distincts. Bien qu’ils aient
des points communs, ils ont des particularités. On comprend mieux ce qui les
rapproche/similitudes et ce qui les sépare/divergences après avoir énoncé la
proposé le terme de « statologie » pour désigner la jeune discipline. Cette approche est fortement influencée
par la conception juridique traditionnelle de l’Etat souverain professée par Jean Bodin (De la République, 1576)
e
à la fin du XVI siècle. Marcel Prélot et Georges Davy soulignent également que l’objet de la science politique
17
est la connaissance des phénomènes liés à l’Etat : la connaissance « de tout l’Etat » . Cette approche
statologique connait aussi des insuffisances et des limites.
« La conception statologique est une approche quasi mythique et formaliste de l’Etat. Par son caractère trop
restrictif et ethnocentriste, cette conception statologique privilégie une approche juridique et institutionnelle.
Ce qui réduit l’étude des phénomènes politiques à la réalité étatique ; alors même que l’Etat n’a pas toujours
existé. Même dans les sociétés occidentales, l’Etat est une forme d’organisation sociale récente et
contingente ». (Sébastien Lath Yédoh, Introduction générale à la science politique, éditions abc, 2014, pp. 20-
21). Pour Jean Bodin, l’approche statologique suscite des réserves : deux approches doctrinales de la science
politique s’opposent. La première est vague et difficile à délimiter, la seconde est restrictive et ne recouvre pas
tous les problèmes politiques.
18
Cf. Louis-Naud Pierre, Introduction à la science politique, année universitaire 2003-2004, Licence de
Sociologie, 1ere année).
9
diversité sémantique du mot « politique ». Dès lors, on est en mesure de
s’interroger : qu’est-ce que la politique, et pourquoi entend-on parfois parler aussi du
politique/le politique, de la politique/la politique ou des politiques (en anglais, politics,
polity, policy) ? Chacune des réponses à ces questions entraînera une définition
possible de la science qui tente de les étudier, c’est-à-dire la science politique19.
L’étymologie grecque du terme « politique » est « polis » qui signifie la Cité, la vie de
la Cité, les affaires de la Cité, par extension, le cadre spatial de l’activité publique ou
l’activité politique. En dehors de ce sens classique, la notion de politique se
caractérise par son étonnante fluidité sémantique. Elle désigne des champs et des
types d’activités extrêmement variés : Dans les sociétés modernes, c’est le domaine
d’Action de l’État, l’organisation du pouvoir dans l’État, l’exercice du pouvoir, le lieu
des luttes pour accéder au pouvoir. Le terme politique définit également les activités
visant la réalisation d’une fin particulière conforme aux normes d’action sociale : Cela
concerne tant les actions des hommes politiques pour conquérir et exercer le pouvoir
que celles déployées par une marque pour rehausser son prestige auprès des
consommateurs, par un syndicat pour accroître son audience auprès des salariés.
En dépit des difficultés définitionnelles, on peut retenir une définition plus ou moins
acceptable de la science politique, fondée sur le vocable « politique ». Une grande
majorité d’auteurs définissent la science politique en se fondant sur le terme
« politique ». Ainsi, pour Philippe Braud, l’usage du terme politique « permet
d’approcher de manière plus compréhensive l’objet de la science politique. On peut
en effet désigner sous ce terme un champ social de contradictions et d’agrégations
d’intérêts (ou d’aspirations), régulé par un pouvoir détenteur de la coercition
légitime »20.
10
de sa formulation lui confère une certaine élasticité ou flexibilité. Cela, dans la
mesure où elle n’ignore pas le débat sur l’objet de la science politique22.
- La science politique « peut être définie comme, l’explication des faits et gestes
professionnels engagés dans cette activité et enfin l’étude de la manière dont
ce déploiement d’activité affecte les acteurs sociaux » (Bernard Lacroix, Traité
de science politique, « Ordre politique et ordre social », 1985).
L’objectif général du présent cours est d’initier les étudiants à la science politique,
particulièrement aux grandes théories, à la compréhension des systèmes politiques
et de ses évolutions contemporaines (transmettre une connaissance générale sur la
science politique).
11
vote, les facteurs du vote (les facteurs influençant le comportement électoral
tels que l’âge, la catégorie socioprofessionnelle, le sexe, le milieu rural, urbain,
etc.) seront présentés. Les traditions d’explication de la participation électorale
se résument ainsi : (1) les explications sociologiques ou « le modèle
sociologique », (2) l'explication politique, (3) la théorie de l'électeur rationnel.
3. Apporter une aide aux étudiants, en vue de fonder certains aspects de leurs
recherches futures (rédaction de mémoires et travaux individuels) dans cette
discipline par une sensibilisation à la démarche et une initiation aux
(principales) techniques de recherche employées : les matériaux théoriques et
conceptuels.
La science politique, bien que portée sur ses fonds baptismaux par diverses
disciplines, s’impose progressivement comme une discipline autonome,
particulièrement à travers la conduite de la recherche. Dans cette posture, le
politologue est animé du désir d’imprimer dans sa démarche les bases et la rigueur
de la méthode expérimentale. A cet effet, il s’inspire des expériences et des acquis
méthodologiques des disciplines connexes telles que l’histoire, la sociologie et
l’ethnologie, etc. (sciences sociales). La politologie n’a pas de méthodes propres à
elle. La science politique emprunte à la sociologie générale les princeps de sa
méthode et ses techniques. Son tableau de techniques est traversé par la même
opposition élémentaire, quasi physique, entre l’exploitation des documents et
l’exploitation des faits - celle-ci étant, à son tour, subdivisée par la séparation
épistémologique de l’observation, l’explication et la généralisation.
24
En sciences sociales, il existe plusieurs approches du pouvoir (l’approche explicative et l’approche
compréhensive) et plusieurs méthodes d’explication (la méthode comparative, la méthode structuraliste, la
méthode systémique, la méthode fonctionnaliste, etc.).
12
A- L’approche compréhensive ou la compréhension
25
Duvignaud, Introduction à la sociologie, 1966, p. 99.
26
Il semble que l’enquête participante soit venue de l’ethnologie. Pour atteindre à ce qu’a de plus spirituel le
droit d’une ethnie primitive, rien ne serait plus profitable au chercheur que de se faire préalablement adopter
par cette ethnie (adopter au sens juridique du terme, car beaucoup de ces sociétés connaissent des rites de
parenté artificielle). Toutefois, certains ethnologues ne sont pas partisans d’une telle démarche : ainsi Griaule
soutenait que la tribu dans laquelle l’ethnographe chercherait à s’introduire serait mise en défiance, tandis
qu’elle répugnerait moins à pratiquer ses coutumes en présence d’étrangers avérés, précisément parce que
ceux-ci lui paraîtraient, comme tels, incapables d’en pénétrer véritablement les secrets (cf. Roger Bastide, AS,
ème
1968, 297, cité dans Jean Carbonnier, Sociologie juridique, Presses Universitaires de France, 1978, 2 édition,
ème
Quadrige, 2004, 2 édition, Quadrige et Puf, 2008).
13
Max Weber est un sociologue allemand. Il applique la démarche scientifique de la
sociologie. Pour lui, il faut comprendre et expliquer (interprétation de l’activité
sociale). Il est à l’origine du concept « idéal-type », un ensemble de traits significatifs
( abstraction). L’idéal-type tend à saisir que l’aspect qualitatif de la réalité. Ce n’est
pas une moyenne de données quantitatives, mais l’accentuation de traits qualitatifs.
Il est l’auteur de L’étique protestante et l’esprit du capitalisme (1905) où il met en
relation la confession et une forme d’économie. Il s’agit en fait de l’image de l’éthique
protestante, de l’image de l’esprit du capitalisme. Il aboutit à une correspondance
entre les traits (l’importance du travail, de la réussite individuelle, etc.). Il a aussi écrit
L’économie et société (1922), Le savant et la politique (1919).
27
Emile Durkheim (1858-1917) et Max Weber sont deux fondateurs de la sociologie. Ils ont essayé de donner
un statut proprement scientifique aux sciences humaines. Durkheim est un sociologue français, premier
professeur et fondateur de la sociologie moderne. Il essaie d’imiter les sciences naturelles, il est le principal
représentant de l’approche explicative, fonctionnaliste.
L’analyse fonctionnaliste d’Emile Durkheim a mis l’accent sur la division du travail social (cf. De la division du
travail social, 1893). Elle compare aussi les fonctions sociales aux fonctions biologiques. Se poser la question
« quelle est la fonction de la division du travail », c’est chercher à comprendre à quel besoin elle correspond. Et
la réponse à cette question est la suivante : le besoin de solidarité dans une société qui se développe et se
complexifie. Il faut distinguer la solidarité mécanique (qui est interne et basée sur la ressemblance, les sociétés
archaïques, répressif). Cette solidarité s’oppose à la solidarité organique (qui elle est externe. Elle est basée sur
l’interdépendance, les sociétés modernes. Elle est moins répressive) (cf. Emile Durkheim, Les règles de la
méthode sociologique, 1895). Dans cette œuvre fondatrice, Emile Durkheim énonce les règles capables de
donner une vocation scientifique à la sociologie (la démarche scientifique en sociologie) :
1) il faut poser le principe de l’existence des faits sociaux (règles de jeu de la société, volonté individuelle) ;
14
nombre de courants sociologiques, tels le marxisme28, le systémisme29 et le
fonctionnalisme30, pour expliquer les comportements et les faits politiques.
Le deuxième type d’approche part bien contraire de l’individu, considéré comme un
acteur autonome poursuivant ses objectifs personnels eu égard à sa logique propre
ou de ses intérêts privés. Dans ces approches, l’activité spécifique de chaque
individu est vue comme le résultat du calcul rationnel. Le système social est compris
comme le produit aléatoire des transactions sociales privées de principe d’unité en
soi. Par conséquent, le sens de l’action sociale est-il déduit des logiques
individuelles, lesquelles sont variables selon le rapport coût/avantage. Cette
approche est inspirée par la sociologie Max Weber et est mise en œuvre dans les
analyses de type interactionniste et constructiviste 31.
Face aux difficultés d’explication des phénomènes sociaux, le chercheur peut tirer
profit d’un certain nombre d’approches du pouvoir politique comme par exemple
l’approche marxiste, l’approche élitiste, l’approche pluraliste, l’approche dite
« globalisante » (le structuralisme, le systémisme, le fonctionnalisme).
1. L’approche marxiste
Dans l’analyse marxiste, les besoins primaires (ou les besoins vitaux) comme
manger, dormir, se reproduire, se protéger et les besoins secondaires tels que les
loisirs, le luxe, le confort, le savoir, le prestige, la reconnaissance, etc. sont
considérés comme le motif fondamental de l’action individuelle. L’existence de ces
besoins chez l’individu inclut la tendance naturelle de les satisfaire. Il en découle
l’engagement de celui-ci dans des rapports de production qui renferment la
possibilité de leur satisfaction. Les intérêts des uns et des autres au sein de ses
rapports sont déterminés selon leur apport spécifique (capital ou force de travail).
Ces divergences d’intérêts impliquent un système d’affrontements et de luttes de
classes. Dans ces conditions, l’unité des rapports que l’interaction sociale implique
ne peut être produite que par une force extérieure : l’État traduit dans une
superstructure juridique et politique32. L’État a donc une fonction essentiellement de
coercition. Son rôle fondamental consiste à contenir les forces sociales susceptibles
de mettre en cause la stabilité des rapports de production, à les tenir en échec.
15
L’analyse marxiste s’articule sur deux postulats : la séparation des individus d’avec
l’État et l’identité des intérêts de la classe dominante avec ceux de l’État.
Karl Marx33 montre qu’il n’existe aucun lien interne qui rattache les individus à l’État.
C’est la liaison extérieure avec la superstructure juridique et politique qui légitime la
domination de celui-ci sur ceux-là. L’État est ainsi perçu comme une simple forme
ajoutée à la dynamique des forces productives pour garantir leur unité et leur
universalité. Alors, intérêts privés et forme étatique se contredisent, ceux-là sont
déterminés selon les classes, et donc contingents, celui-ci est transcendant et
universel.
33
Karl Marx (1813-1883) est un philosophe et révolutionnaire allemand. Il a créé le concept de mode de
production. Ce concept tend à rendre compte matériellement des processus par lesquels les groupes sociaux
produisent leurs moyens d’existence. A travers le matérialisme, il essaie d’appliquer ses idées et changer le
cours de l’histoire. Le matérialisme renvoie aux forces productives (matières premières, machines et hommes)
et au rapport de productions (homme-homme, homme-nature), ce qui contribue à l’émergence des classes
sociales : la bourgeoisie et le prolétariat. Ces deux classes sont à la fois liées et antagonistes. L’objectif est la
concentration du pouvoir. Ses ouvrages sont les suivants : le Manifeste du parti communiste (1848), la Critique
de l’économie politique (1859), Le Capital (1867).
16
pacifique et tranquille de classes aux intérêts antagoniques. Cette configuration
sociale dans laquelle les individus ou groupes et leurs intérêts sont indifférenciés se
rapporte au communisme. C’est en ce sens que ce mode de production est tenu pour
la fin de l’histoire, car selon Marx « L’histoire de toute société jusqu’à nos jours est
l’histoire de la lutte des classes. Homme libre et esclave, patricien et plébéien, baron
et serf, maître de jurande et compagnon, en un mot oppresseurs et opprimés, en
opposition constante, ont mené une guerre ininterrompue tantôt secrète, tantôt
ouverte et qui finissait toujours soit par une transformation révolutionnaire de toute
société, soit par la ruine commune des classes en lutte »34
Le maintien des intérêts de classe s’oppose immédiatement à l’universalité effective
de l’État. Alors, les injonctions juridiques et les normes institutionnelles garantissant
leur intégration s’anéantissent comme principes universels. C’est ce qui se passe
dans les modes de production antérieurs et actuels. Dans le communisme, la
généralisation des intérêts et la collectivisation des moyens de production suppriment
aussi bien la notion d’intérêts de classes que celle de l’État. Le communisme est
ainsi posé comme possibilité de [l’association libre et égale des producteurs]35. Les
individus ou groupes sont ainsi unis par un mode interne, la volonté qui se traduit
dans l’acceptation mutuelle. Il en résulte la tendance chez l’individu à respecter
spontanément les règles de cette société fraternelle : [Le travail, au lieu d’être un
fardeau, sera une joie] déclare Engels. Tout appareil de coercition est devenu
inutile36.
S’inspirant de l’analyse marxiste, certains auteurs, comme Gramsci et Althusser, ont
cherché à cerner les mécanismes de contrôle étatique dans le capitalisme. Le
premier a mis en évidence le rôle de l’idéologie dans l’établissement et le maintien
des valeurs de la classe dominante et de son pouvoir. Le second a fait état de
l’articulation des « Appareils Idéologiques d’État »37 et l’« appareil répressif d’État
»38 dans le processus de légitimation et de maintien des rapports de production
établis. La notion de violence symbolique développée par Bourdieu rejoint ce cadre
d’analyse. Cette notion désigne les efforts déployés par les dominants pour poser
leurs propres conduites et leurs manières de vivre particulières comme universelles,
et donc à disqualifier celles des dominés. La critique politique implicite consiste dans
le fait de considérer l’État comme le support de cette entreprise ».
Karl Marx (1813-1883) est un philosophe et révolutionnaire allemand. Il a créé le
concept de mode de production. Ce concept tend à rendre compte matériellement
des processus par lesquels les groupes sociaux produisent leurs moyens
d’existence. A travers le matérialisme, il essaie d’appliquer ses idées et changer le
cours de l’histoire. Le matérialisme renvoie aux forces productives (matières
premières, machines et hommes) et au rapport de productions (homme-homme,
homme-nature), ce qui contribue à l’émergence des classes sociales : la bourgeoisie
et le prolétariat. Ces deux classes sont à la fois liées et antagonistes. L’objectif est la
concentration du pouvoir. Ses ouvrages sont les suivants : le Manifeste du parti
communiste (1848), la Critique de l’économie politique (1859), Le Capital (1867).
34
Cf. Karl Marx, Le Manifeste du Parti communiste, Paris, Union Générale d’Éditions, 1984, p. 19, coll. 10/18.
35
Engels cité par Roger-Gérard Schwartzenberg, Sociologie politique, Montchrestien, 1998, p. 57, 5ème édition.
36
Cf. Roger-Gérard Schwartzenberg, Sociologie politique, Montchrestien, Op.cit., pp. 56-57.
37
Les Appareils Idéologiques d’État (AIE) sont constitués par les églises, les écoles, la famille, le droit, les
médias.
38
L’Appareil Répressif d’État (ARE) sont constitués par l’armée, la police, la bureaucratie.
17
2. Les approches dites « globalisantes »
a) Le structuralisme
- Alfred Radcliffe-Brown
- Claude Lévi-Strauss
L’analyse systémique conserve l’idée selon laquelle la société serait le produit des
interactions entre des individus cherchant la satisfaction de leurs besoins personnels.
Mais ici la notion politique39 désigne le processus de répartition des ressources et
des avantages entre ces derniers. Ce processus se matérialise dans des décisions
39
« Dans l’analyse d’inspiration marxiste, la notion politique désigne les processus par lesquels la coexistence
d’un ensemble d’individus donné aux intérêts originairement contradictoires est rendue possible. L’État, qui est
l’organe jouant cette fonction, est compris comme un construit social. Il dépend de l’état des rapports de force
à un moment donné. Toute modification de ces rapports est susceptible d’entraîner sa transformation » (Louis-
Naud Pierre, Introduction à la science politique, année universitaire 2003-2004, Licence de Sociologie, 1ere
année).
18
qui font autorité. Dans ces conditions, la politique désigne l’ensemble d’activités
visant à influencer ces décisions. Ces activités se présentent comme un système40,
dans la mesure où elles sont cohérentes, selon la finalité. En outre, elles mettent en
scène des groupes d’acteurs ayant des rôles distincts et placés en situation
d’interdépendance dans la société globale. Toutes activités qui ne poursuivent pas
immédiatement ces fins sont ainsi écartées du champ politique.
Le systémisme trouve son origine dans les travaux de Ludwig von Bertalanffy en
Biologie. Von Bertalanffy est un biologiste allemand, auteur de la Théorie générale
des systèmes (1956). Il met en exergue les échanges cellule-environnement et
système-environnement. L’autre précurseur du systémisme se nomme Norbert
Wiener, un savant américain, adepte de la Cybernétique 41. Il est l’auteur de Control
and Communication in the animal and the machine (1948). Dans son ouvrage, il
développe un ensemble de théories relatives aux communications et à la régulation
dans l’être vivant et dans la machine. Selon lui, un système réagit à l’environnement
et peut se réguler. Les autres auteurs majeurs de cette approche sont David Easton
et Karl Deutsch.
- David Easton
David Easton construit un modèle d’analyse dans lequel les interactions du système
et son environnement sont représentées sous la forme d’un circuit cybernétique
fermé. Dans ce modèle, le système politique est considéré comme un lieu obscur et
sombre qu’on ne peut comprendre, dont on ne peut entièrement saisir le sens, qui
échappe à l’entendement. L’intérieur du système représente une boîte noire, d’où
son appellation de « boîte noire ». Cependant, le système dans son environnement
est un système ouvert. Pour l’auteur, la seule réalité qui peut être connue dans ces
processus est celle qui se donne à observer uniquement dans les transactions
multiformes entre le système et son environnement. Dans ce cas, la finalité de
l’analyse politique consiste à connaître les mécanismes de ces transactions. Il s’agit
d’appréhender les types d’influences que l’environnement exerce sur le système et la
façon dont ces influences sont communiquées à celui-ci. Les modes d’adaptation du
système sont pour l’analyse un moment très important. Les indicateurs de l’analyse
sont soustraits des quatre problèmes spécifiques à un système politique donné. Ils
sont rangés en deux groupes distincts : les inputs et les outputs.
40
Selon Ludwig von Bertalanffy, le système est un ensemble d’éléments se trouvant en interaction. David
Easton définit le Système (politique) comme l’ensemble des interactions par lesquelles s’effectue l’allocation
autoritaire des valeurs. Pour Roger-Gérard Schwartzenberg, le système politique est l’ensemble des
interactions politiques constatées dans une société.
41
La science des machines automatiques.
19
Les inputs sont constitués par les messages ou les impulsions que le système reçoit
de l’environnement. Il s’agit des exigences et des soutiens. Les exigences relèvent
des attentes ou des demandes sociales liées, par exemple, aux droits de l’homme
(les revendications de plus de salaire à SITARAIL). Dans ce cas, l’analyse consiste à
déterminer la nature de ces exigences et leur mode de traitement. De nombreuses
exigences entraînent une surcharge quantitative ou qualitative (stress).
Les soutiens sont toutes les attitudes favorables au système, soit à la communauté
politique, au régime (c’est-à-dire la liberté d’opinion), soit aux autorités. Il s’agit ici de
la régulation structurale ou culturelle (socialisation), cela entraîne la réduction
quantitative ou qualitative (stress). En d’autres termes, ce sont les manifestations
publiques d’adhésion à l’action gouvernementale, soit à l’attachement des citoyens
aux règles de fonctionnement du système politique. La socialisation politique,
l’intégration culturelle, la grammaire politique (l’univers de sens, le fait linguistique)
commencent à être des objets privilégiés de l’analyse.
Cette approche s’implante dans le cadre de la théorie générale des systèmes. Selon
cette théorie, tout système comporte en soi sa propre finalité : son maintien ou sa
propre reproduction. Dans ce cas, l’analyse se borne à étudier les conditions de son
adaptation à son environnement porteur d’élément de déséquilibre et de
perturbation. Dans cette adaptation, les décisions et les actions publiques
apparaissent comme des éléments déterminés qu’on peut comparer à d’autres,
comme une marchandise contre laquelle on peut en troquer une autre, à savoir les
soutiens. Le système politique comme puissance dispensatrice des ressources et
20
des avantages tient un marché avec des produits appelés exigence et soutiens qui
sont en vente contre d’autres produits, décisions et actions. Le droit en constitue le
tarif.
- Karl Deutsch
c) Le fonctionnalisme
42
Cf. Louis-Naud Pierre, Introduction à la science politique, année universitaire 2003-2004, Licence de
Sociologie, 1ere année.
43
Ou expliquer un élément (parti, institution, etc.) à partir de la fonction. Le tout explique la partie.
44
Gabriel Almond (1911-2002) a développé des théories sur le développement politique et s’est consacré à
l’analyse fonctionnelle du politique. Il s’interroge sur l’universalité de la structure politique, l’universalité des
fonctions, c’est-à-dire les exigences fonctionnelles et les fonctions de tout système politique (s’agit-il d’une
démarche ethnocentrisme?). Il combine systémisme avec l’approche fonctionnel : (a) Capacités du s.
21
(analyse comparee des systemes politiques, 1966), s’efforce de définir d’autres
critères relatifs aux fonctions politiques dites de base et d’en étudier les rapports. La
nature de la question amène Almond et Powell à poser comme postulat l’existence
de fonctions politiques basiques, qui contribuent à assurer l’autoreproduction d’un
système politique et son adaptation à un environnement donné. Ces fonctions sont
ensuite tenues pour consubstantielles à tout système politique. L’analyse se limite à
identifier les structures qui les remplissent effectivement, selon l’environnement
social donné.
Quatre fonctions politiques de base sont ainsi répertoriées a priori : la capacité
extractive qui consiste dans l’aptitude du système à prélever et à mobiliser les
ressources financières et humaines nécessaires à la réalisation de son but ; la
capacité régulatrice (à travers les mécanismes de contrôle juridique et institutionnel)
des comportements et des échanges socio-économiques dans l’espace déterminé en
vue de désamorcer les conflits d’intérêts et les contestations sociales ; la capacité
distributive portant sur l’allocation des ressources, des avantages et des privilèges
aux citoyens pour renforcer leurs soutiens au système ; la capacité réactive ou
responsive concernant l’efficacité du système à cerner, voire à anticiper les
exigences en vue de prévenir les frustrations susceptibles de mettre en cause sa
survie.
L’analyse fonctionnaliste part des structures politiques occidentales comme modèles.
Les besoins de comparaison avec les structures politiques extra-occidentales la
conduit à forger d’autres notions permettant (revoir le sens de la phrase) de saisir la
spécificité de chaque structure particulière, en rapport avec la question fondamentale
: l’autoreproduction et l’adaptation du système politique. Il s’agit de « équivalents
fonctionnels » et « multifonctionnalité des structures ». « Équivalents fonctionnels »
désigne le fait qu’une même fonction peut être remplie par des structures différentes,
selon l’environnement. Par exemple, les fonctions de filtrage et de formulation des
exigences peuvent être remplies tant par les partis politiques que par des structures
syndicales, associatives ou religieuses. La « multifonctionnalité des structures »
indique le fait qu’une même structure peut remplir une multitude de fonctions qui,
ailleurs, sont prises en charge par des structures spécialisées45.
- L’organicisme
Herbert Spencer et Emile Durkheim en sont les précurseurs. Herbert spencer (1820-
1902) établit un parallèle entre l’organisation des organismes vivants et celle des
sociétés humaines (principe of sociology, 1877-1896). La société est conçue comme
un « organisme social », qui obéit à une évolution caractérisée par le passage de
l’homogène à l’hétérogène, par un processus de diversification organique et de
(régulatrice, extractive, distributive, „responsive“) ; (b) Fonctions de conversion (input output et output
input) ; (c) Maintien et adaptation du s. (recrutement politique, socialisation politique).
- Multifonctionnalité de la structure politique: une institution entraîne plus de fonctions, et plus d’institutions
entraînent une fonction.
45
Par exemple, la présidence de la république en Haïti s’occupe de toute une série de questions comme
l’alphabétisation, l’élaboration et la mise en œuvre de projets de développement ou d’aides sociales ;
domaines qui, en Europe et même en Afrique, relèvent de la compétence d’autres structures institutionnelles,
particulièrement des ministères (cf. Louis-Naud Pierre, Introduction à la science politique, année universitaire
2003-2004, Licence de Sociologie, 1ere année).
22
spécialisation fonctionnelle : des organes de plus en plus spécifiques et
interdépendants46.
- Le fonctionnalisme absolu
Ces différentes approches présentées ci-dessus mettent l’accent sur les processus
sociaux globaux. L’analyse consiste essentiellement à découvrir les lois générales
qui leur sont inhérentes. Ce qui laisse peu de place à la liberté des acteurs en
46
Cf. Sébastien Lath Yédoh, Introduction à la science politique, éditions abc, 2014, p. 81.
47
Ibid., p. 82.
48
Ibid., p. 82.
23
présence. Les individus concrets et leurs logiques particulières sont négligés ou
même ignorés. En réaction contre cette prétention de découvrir des lois régissant la
réalité sociale, se sont construits les courants constructivistes et interactionnistes.
49
Cf. Peter Berger Thomas Luckmann, La Construction sociale de la Réalité, Masson/Armand Colin, Paris, 1996,
2ème édition.
24
ignorée. L’interactionnisme va aller jusqu’au bout de cette logique, en renfermant
immédiatement le social (entendu comme système de contraintes) dans l’individu50.
L’interactionnisme tient les contraintes structurelles pour des effets des calculs
rationnels qui conduisent l’individu à adopter des comportements, à assumer des
rôles sociaux dans la poursuite de ce qui lui est utile. Dans l’ordre d’enchaînement
des faits sociaux, ce sont les intentions des acteurs, leurs calculs et leurs stratégies
qui sont tenus pour déterminants. Le principe de l’action ne réside pas dans les
normes sociales ou juridiques incorporées ou connues des acteurs, mais consiste
simplement en une règle qui (dans la poursuite de l’utilité donnée) impose à l’individu
de maximiser ses gains en raison directe de ses fins particulières. Le critère de la
rationalité des acteurs est l’efficacité. Il ne s’agit pas du tout d’un principe constitutif
du politique, destiné à étendre la rationalité au-delà des intérêts privés, mais d’un
principe qui fait poursuivre et étendre l’utilité le plus loin possible, et d’après lequel
aucune norme positive ne doit avoir la valeur d’une limite absolue. Donc, c’est un
principe qui postule comme règle ce qui est utile pour l’individu et n’anticipe pas ce
qui est donné dans le vivre ensemble antérieurement à l’action particulière de
l’acteur.
L’interactionnisme ne peut penser les phénomènes sociaux collectifs que comme des
« effets émergents », conçus comme le produit d’actes individuels. Selon Raymond
Boudon (1934-2013), ces actes, échappant à la maîtrise de leurs auteurs, peuvent
engendrer « des effets pervers », c’est-à-dire des effets émergents qui ne sont
voulus par personne, mais dont on peut redouter les conséquences. Par exemple,
une crise sanitaire, économique, politique, etc., peut être facteur de pénurie, laquelle
peut inciter des personnes à faire des provisions. Ces comportements s’expliquent
non pas dans les circonstances extérieures (hausses de prix anticipées, crises
annoncées, ruptures de stock, mauvaises gestions, déclarations politiques
hasardeuses) mais dans les mesures de précaution prises spontanément et
souverainement par les acteurs individuels. Dans la régression qui consiste à
remonter des faits à expliquer (la situation de pénurie ou de panique) aux facteurs
explicatifs, l’interactionnisme s’arrête au moment des décisions individuelles. Une
partie de l’enchaînement est méthodiquement occultée.
L’explication interactionniste présume l’inconditionnalité de l’acteur, état qui permet à
celui-ci de décider ou de choisir en toute liberté. Michel Crozier et Erhard Friedberg51
définissent cet état en dehors des contraintes structurelles et des processus sociaux
globaux signifiés par les normes sociales, les normes juridiques et institutionnelles.
La liberté de l’acteur s’affirme dans les zones d’ombres, dans les marges de non-
droit, dans les interstices du contrôle social, qui est semblable aux contours de sa
marge d’initiative. Les limites de la démarche des individus sont posées non pas
dans les nécessités du vivre ensemble, mais dans les zones d’incertitudes
(incapacités d’accumuler et de traiter l’ensemble des informations utiles, difficultés
d’identifier exactement les intérêts des autres partenaires d’interaction et d’anticiper
leurs capacités de résistance ou d’influence. Toute prédiction des résultats des
actions individuelles est rendue impossible).
50
Cf. Louis-Naud Pierre, Introduction à la science politique, année universitaire 2003-2004, Licence de
Sociologie, 1ere année.
51
Michel Crozier et Erhard Friedberg, L’acteur et le système (1977).
25
L’interactionnisme s’inspire de la sociologie wébérienne. Pour Max Weber la relation
sociale consiste dans « le comportement de plusieurs individus, en tant que, par son
contenu significatif, celui des uns se règle sur celui des autres et s’oriente en
conséquence ». L’action collective est donc considérée comme le résultat de
comportements individuels orientés vers la réalisation des buts personnels
conformes à divers types de rationalité (rationnels en finalité et rationnels en valeur).
Dans cette approche, le lien politique qui rattache les individus les uns aux autres, la
régulation des conflits d’intérêts, ne sont perçus que comme des effets d’une
puissance supérieure dominante. La définition classique de l’État est déduite de cette
conception.52
5) L’approche élitiste
a) Gaetano Mosca
Gaetano Mosca est né le 1er avril 1858 à Palerme (Italie) et est mort le 8 novembre
1941. C’est un universitaire italien, juriste et sociologue, professeur de droit
constitutionnel. Il est l’auteur des Eléments de science politique (1896).
Il a développé la théorie de l’élitisme et celle de la classe politique. Il fait la distinction
entre dirigeants et dirigés. Sa formule politique est qu’une classe politique (ou classe
dirigeante) justifie son pouvoir en le fondant sur une croyance ou un sentiment qui
est, à une époque, généralement accepté (c’est-à-dire le droit divin dans la
monarchie). Les gens deviennent comme des objets. Pour lui, la croyance des gens
est aussi importante que les moyens matériels (il s’oppose en quelque sorte à Karl
Marx). Il a été influencé par Karl Marx et Vilfredo Pareto et ses idées se percevront
chez Robert Michels, Joseph Schumpeter, Seymour Martin Lipset et C. Wright Mills.
b) Vilfredo Pareto
c) C. Wright Mills
C. Wright Mills (1916-1962), aussi appelé « le Bourdieu » américain, met l’accent sur
la concentration du pouvoir. Pour lui, l’élite représente un « groupe de status » qui
s’oppose à la classe. Il identifie trois cercles, trois hiérarchies (le militaire, l’industriel
et le politique) dans lesquelles il y a une dynamique d’osmose. Il assiste à
l’émergence des oligarchies non-élues qui ne sont pas compatibles à la démocratie.
Il est l’auteur The Power Elite (1956).
52
Cf. cours de M. Louis-Naud Pierre, Introduction à la science politique, année universitaire 2003-2004, Licence
de Sociologie, 1ere année.
26
6) L’approche pluraliste
a) Robert Dahl
b) Raymond Aron
27
Structuraliste Universel (théorie générale) - particulier
(appliquer la théorie)
sdp: exe - leg - jud, idéal: égalisation,
séparation, division de travail – coopération
1835/ Tocqueville De la démocratie en Démocratisation, processus irréversible
40 Structuraliste Amérique Structures intermédiaires
1856 L’ancien régime et la Tyrannie du roi tyrannie du peuple
révolution Moment de réforme/révolution dangereux pour
société
1848 Marx Manifeste du parti Théorie de reflet (infrastructure -
Premier communiste suprastructure) pas d’autonomie de la
1859 marxiste... Critique de l’économie politique
politique Mode de production classes
1867 Le Capital Révolution s’approche automatiquement
1893 Durkheim La division du travail Division du travail fonction de solidarité
Fonctionnaliste social Solidarité mécanique (sociétés archaïques)
1895 Approche Règles de la méthode solidarité organique (s. modernes)
explicative sociologique Faits sociaux, qu’il faut traiter comme des
1897 Le Suicide choses
Lois entre faits sociaux
1895 Le Bon Psychologie des foules Sentiment de puissance dans les situations de
Béhavioriste masse
Société = moins que la somme des individus
1896 Mosca Eléments de science Dirigeants – dirigés : classe dirigeante
Elitiste politique Formule politique : Croyance des gens
1902 Lénine Que faire? Dépasser déterminisme économique
„Marxiste“ une élite doit „pousser l’histoire“
Elitiste
1905 Weber L’éthique protestante Protestantisme capitalisme
Approche et l’esprit du Expliquer et interpréter l’activité sociale
1919 compréhensive capitalisme Rapports entre humains (groupes sociaux),
1922 Le savant et la regard sur l’ensemble
politique Ideaux-types = ens. de traits significatifs (i.e. i.
Economie et société de domination: traditionnelle, charismatique,
rationelle-légale)
1911 Michels Partis politiques: Essai Organisation élites divergence d’intérêts
Elitiste sur les tendances „Qui dit organisation dit tendance à l’oligarchie“
oligarchiques des (loi d’airain des organisations)
démocraties politique révolution , pol. démocratique
1916 Pareto Traité de sociologie élite = supériorité naturelle, psychologique
Elitiste générale éloge de la force fasciste?
circulation des élites importantes
1932 Piaget Le jugement moral Socialisation = insertion sociale (dans des
chez l’enfant groupes)
1936 Lasswell Politics: Who Gets Science politique = études des changements
Béhavioriste What, When, How? de la distribution des valeurs influence
proche de Communication linéaire: Quoi, à qui, par quel
l’élitisme canal, avec quel effet?
1939 Dollard Agression, privation
Béhavioriste Grande privation apathie
1944 Malinowski Une théorie Fonctionnalisme absolu: Chaque objet
Fonctionnaliste scientifique de la matériel, institution & trait de culture = fonction
culture nécessaire
1948 Wiener Controle and un système réagit à l’environnement et peut se
28
Cybernétique Communication in the réguler
animal and in the
machine
1951 Duverger Les partis politiques Origine électorale ou origine extérieure
Elitiste Système bi- ou multipartisan ou parti dominant
1952 Radcliffe-Brown Structure and Function Structure = arrangement de personnes ayant
Structuraliste in primitive society entre elles des structures institutionnellement
1957 Fonctionnaliste A natural science of contrôlées ou définies
society
1944 Lazarsfeld Voting, a study of Influence limitée
Béhavioriste opinion formation in a Influence: a) conseil personnel, b) leader
presidential campaign d’opinion
Two steps flow of
communication
1950 Adorno La personnalité Personnalité autoritaire à gauche et à droite
Béhavioriste autoritaire
1954 Maslov Motivation and Hiérarchie des besoins: 1) survie; 2) sécurité
Béhavioriste personality physique & environnement qui semble sur; 3)
appartenance; 4) reconnaissance; 5)
accomplissement
1955 Lévi-Strauss Tristes tropiques Comprendre les relations d’interdépendance
1958 Structuraliste Anthropologie nature culture
Fonctionnaliste structurale Importance de la communication
1956- Almond Political Development, 3 niveaux : capacités du système politique,
1968 Fonctionnaliste Essays in Heuristic fonctions de conversion, fonctions de maintien
1960 Systémiste Theory et d’adaptation du système
The Politics of Approche fonctionnaliste aux partis
Developing Areas
1956 Von Bertalanffy Théorie générale des Système = ensemble des éléments se trouvant
Systémiste systèmes en interaction
cellule - environnement système –
environnement
1956 Mills The power elite Concentration: industrie - militaire - politique
Elitiste dynamique d’osmose
1960 Aron Classe sociale, classe Pluralisme des catégories dirigeantes:
Pluraliste dirigeante, classe spirituel, armée/police, manager, meneurs de
proche du politique masses, fonctionnaires
marxisme
1961 Dahl Who governs? Polyarchie, démocratie pluraliste
Pluraliste Pluralisme social équilibre spontané
Béhavioriste
1961 Deutsch The Nerves of Gouverner = piloter; système a un but
Systémiste Government Information: poids info, retard réponse, gain
correction, décalage temps/but
1965 Olson The logic of collective Coût/bénéfice normalement défection suffit
action: Biens publics et pour éviter une situation désagréable
théorie des groupes
1965 Easton A Systems Analysis of Système: ensemble des interactions par
Systémiste political life lesquelles s’effectue l’allocation autoritaire
1974 Analyse du système des valeurs
politique Exigences (stress), soutiens (stress)
système politique décisions, actions
rétroaction
autorégulation: tout système tend vers
29
l’équilibre
changement dans ou du système
Socialisation: stress
1965 Merton Eléments de théorie et Fonctionnalisme relative: dysfonctionnel (gêne
Fonctionnaliste de méthode le système à s’adapter), fonctions manifestes/
sociologique latentes, équivalent fonctionnel
Mobilité sociale, ascension
Partis
1966 Lapalombara et Political Parties and Organisation durable, organisation locale &
Weiner Political Development nationale, volonté pouvoir, recherche soutien
Fonctionnalistes populaire
Multipartisme intégral ou tempéré
1970 Hirschman Exit, voice & loyalty: Exit = éviter une situation désagréable
Responses to decline Voice = contester une situation désagréable
in firms, organizations parfois complémentaire (famille)
and states parfois contradictoire (TM: étudier en CH)
1972 Bourdieu Esquisse d’une théorie „Inconscience des classes“, reproduction des
Elitiste de la pratique classes
Marxiste „Violence symbolique“ intériorisé (i.e.
socialisation)
1978 Percheron Les 10-16 ans et la Socialisation datée, conflit, jamais que simple
politique accumulation des connaissances ou
apprentissage de comportement,
reproduction identique
Héritage: oui, répr.: non, continuité: peut-être
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