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cherche à gouverner son mari1 ». Politique est donc une notion qui renvoie à une
réalité polymorphe et multidimensionnelle. Dans son usage en langue française,
l’on distingue « le » et « la » politique. Par « le » politique, l’on « désigne une
réalité plus abstraite, que l’on pourrait définir comme un espace de régulation
des conflits dans les sociétés contemporaines2. » Cela signifie que le politique
constitue un champ social ouvert aux conflits d’intérêts individuels régulé par
l’Etat lui-même, c’est-à-dire par des acteurs politiques.
Par ailleurs, cette science politique que nous nous proposons, dans ce
présent volume, d’introduire, a fait l’objet d’un travail collectif d’études
consacrées aux différentes notions qui structurent ce cours. Il ne s’agit guère
d’une initiation à la vie politique, mais plutôt une présentation de cette discipline
d’un point de vue pédagogique, ou, pour dire mieux académique, à partir de
quelques notions typiques de son étude. Les notions constitutives de ce volume
sont, entre autres : le capitalisme et le socialisme ; la désobéissance civile ; la
révision constitutionnelle et le parlement et ses différentes chambres.
3
Xavier Crettiez, 2018, Introduction à la science politique, Armand Colin, p. 14.
4
Ibidem.
3
Un brin d’histoire ?
1. L’Antiquité :
2. Le Moyen-âge :
5
Dans la Pensée chinoise de Marcel Granet, l’art politique date des « écoles confucéennes ».
L'administration publique chinoise est la plus ancienne (le « mandarinat ») et commence à
cette époque. En Europe, la science politique emprunte aux méthodes et aux thèmes des
sciences sociales telles que la sociologie, le droit ou la psychologie.
6
Assouman Bamba, 2017, « Du territoire au terroir : la constitution d’Etats informels en
Afrique », Actes du Colloque internationale de Ouagadougou sur la restauration de l’Etat de
droit en période de Post-transition politique en Afrique, Ouagadougou, Presses Universitaires
de Ouagadougou, p. 16.
4
ailleurs un cas très particulier, sont les figures centrales du pouvoir délégué par
Dieu et duquel émane tous les autres pouvoirs7.
3. La Renaissance :
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entre l’individu et l’Etat et les nouvelles modalités de justifier le pouvoir
politique10. »
Dans la même transe que Machiavel, More de son côté se mit à décrire les
caractéristiques d’un Etat idéal, à la mode de Platon. Selon lui, il s’agit tout au
moins d’une société dans laquelle il n’existe ni propriété privée, ni argent, dans
laquelle chacun a le droit d’utiliser les différents bien selon ses propres besoins ;
mais le travail est un devoir civil qui revient à tous. Les charges politiques sont
toutes électives et durent une année, en dehors de celle du Prince qui est à vie,
mais toujours élective. Il est vrai qu’il ne fait que suivre avec prudence les pas
de Machiavel, en ce sens que le vœu est celui de réhabiliter la puissance du
prince, c’est-à-dire définir sa manière de tenir le gouvernail11.
4. Les Lumières :
10
Giscard Kevin Dessinga, 2020, Introduction périodique à la philosophie. Antiquité,
Moyen-âge et temps modernes, Paris, Connaissances et Savoirs, p. 165.
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Il est de notoriété que Machiavel n’est pas le premier à s’occuper de la politique, tant s’en
faut, mais il a le mérite d’être le premier à dédouaner la politique des considérations d’ordre
moral et religieux. Dans ses allures réalistes et ses soucis d’ordre pratique, il pose un seul mot
d’ordre : comme conquérir et maintenir le pouvoir ? Sa réponse est sans appel. Veux-tu
accéder au pouvoir et le conserver le plus possible ? Voilà ce que tu dois faire : utilise la
violence, la propagande, le mensonge, la religion, élimine tes concurrents directs, tes ennemis
et ceux qui te dérangent. C’est quand même machiavélique, ce que Machiavel propose. Mais,
pour des raisons de précision, force est de noter que Machiavel dote la force (du loin) et la
ruse (du renard) au prince pour éviter que les malfaiteurs (le saint siège, d’après lui) ne
puissent ravoir le pouvoir et que l’Etat ne retombe dans le chaos d’autrefois.
6
Ce siècle si particulier, du triomphe de la raison et de l’éveil, a vu naître et
proliférer certains des plus grands maîtres de la pensée, tels que Rousseau,
Voltaire, Condorcet, Diderot, Kant, pour ne citer que ceux-là. Tous, d'une façon
ou d'une autre ont interrogé les concepts : la chose politique et l’exercice du
pouvoir.
6. Le XXe siècle :
Dans ces conditions, dès 1945, la science politique entre dans une nouvelle
phase de son développement, il y a accord sur toute une série d'objets d’étude
qui forment le champ de la science politique, il y a une revendication commune
de l'expression « science politique », émergence de vecteurs de distribution des
résultats des recherches13.
7. Le XXIe siècle :
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Pendant que la science politique évolue aux États-Unis, il y a stagnation en Europe durant
l’entre-deux guerres, notamment en raison de la présence de régimes autoritaires. Le
développement aux États-Unis est stimulé par l'absence de contraintes et par la venue d'un
certain nombre de scientifiques réfugiés (allemands, anglais, italiens, autrichiens). Les travaux
de cette époque sont illustrés par de grandes figures telles que Seymour Martin Lipset ou
Reinhard Bendix. Ils ont pour principal objet la stratification sociale.
13
The Civic Culture (1963), de Gabriel Almond et Sidney Verba, donna lieu à l'une des
premières enquêtes transnationales à grande échelle en sciences politiques et popularisa la
pratique des études comparatives.
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Maurice Duverger (1917-2014) est un politologue français, une illustration
idoine des sciences politiques, connu pour ses travaux sur les systèmes
électoraux et notamment la loi de Duverger.
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Les méthodes utilisées par la science politique sont principalement celles des sciences
sociales. Les enquêtes de terrain ou recherches d’archives fondent les théories avancées par
les auteurs. Dans les autres cas, le registre est celui de l’essai ou du commentaire politique. De
même, la méthode historique ne consiste pas en une collection de dates et une succession
d'évènements mais vise à retracer l’« histoire longue du politique » afin de mettre en lumière
les « logiques sociales à l’œuvre dans la vie politique » sur le long terme.