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SYSTÈMES POLITIQUES CONTEMPORAINS

SEMESTRE 3

ANNEE UNIVERSITAIRE 2022 - 2023

Docteur Nour BADRAOUI DRISSI

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SYSTÈMES POLITIQUES CONTEMPORAINS

« Vous avez beau ne pas vous occuper de politique, la politique s’occupe de


vous tout de même » Le Comte De Montalembert

 PRESENTATION
Pour mieux interpréter les systèmes politiques contemporains, il est nécessaire de les situer
dans leurs contextes : historique, sociologique et culturel, et ce à travers l’examen de
certaines règles et pratiques résultant de l’histoire, de la philosophie, de la sociologie, de
l’anthropologie et du droit. Ainsi nous aborderons, dans ce cours, les enjeux du
changement, de l’évolution et de la consolidation des régimes politiques. Nous verrons
aussi pourquoi et comment un ensemble de normes, mécanismes et processus se
concrétisent en institutions, attribuent l'autorité politique, désignent les leaders et
définissent les règles du jeu politique et les rapports de pouvoir entre les individus, les
groupes, et au sein de l'Etat.
L’accent sera également mis d’une part, sur la définition de certaines notions qui
interpellent la curiosité de chaque citoyen désirant comprendre l’organisation de la
société politique et civile dans laquelle il vit, notamment : La politique, Le politique, Régime
politique, Système politique, Pouvoir, Etat, Nation. Et d’autre part, sur l’analyse des
critères de classification et les traits distinctifs des principaux régimes politiques tels
l’autocratie, monarchie, république, démocratie, oligarchie, aristocratie, féodalité,
despotisme, absolutisme, dictature.
Cette étude des systèmes et régimes politiques offrira un panorama comparatif de
différentes formes de gouvernements : régimes fondés sur la pluralité des opinions et des
partis (régimes parlementaires, présidentiels et mixtes), et régimes qui sont marqués par un
parti unique qui exerce l’essentiel des pouvoirs.

Le cours sera ainsi organisé en deux parties :

o La première partie : sera consacrée à la présentation de certains concepts et


notions utiles pour l’étude des régimes politiques ainsi qu’à la classification de ces
derniers sur la base de critères juridiques et politiques.

o La deuxième partie : s’articulera sur la présentation des particularités des régimes


politiques démocratiques.

 OBJECTIF DU COURS
Ce cours a pour objectif de donner des éléments de compréhension aux étudiants afin
de :
o Se familiariser avec les concepts et les principes de la science politique.
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o Identifier les éléments caractéristiques permettant de classer les divers types des
systèmes politiques.
o Comprendre le fonctionnement et la logique des activités institutionnelles.
o Développer les capacités d’analyse des problèmes politiques.
o Développer la réflexion et l’esprit critique chez les étudiants (es).
o Comprendre les mécanismes du fonctionnement de notre société

 METHODES PEDAGOGIQUES

Le cours se fera essentiellement en cours magistral à partir des exposés qui seront donnés
par le professeur chaque semaine. Il sera complété par les questions et interventions des
étudiants (es) débattues dans le cadre du cours et par des travaux de recherches.

 METHODES D'EVALUATION
Les étudiants (es) seront amenés à présenter un travail de recherche axé sur la
description de certains régimes politiques contemporains ayant une place importante dans
le monde, soit parce qu’ils ont inspiré certains modèles typologiques, soit parce qu'ils
présentent certaines particularités.
Les étudiants (es) seront appelés à faire état de leur connaissance des régimes politiques
contemporains dans le cadre d'un examen final. L'examen vise à vérifier la maîtrise par
l'étudiant (e) des notions et concepts étudiés au cours. Cet examen écrit pourra être
composé de questions à choix multiples, de questions à développement, d’analyse de
documents ou d’une combinaison des trois.

PARTIE I-
LES CONCEPTS FONDAMONTAUX DU POUVOIR POLITIQUE

INTRODUCTION GENERALE
Le XXème siècle est une époque, riche en évènements historiques à tous les niveaux
(politique, économique, scientifique, social, culturel…) qui ont endoctriné le destin du
Monde actuel. Le XXème siècle est d’une part celui du progrès, de l’ouverture sur le
Monde et d’autre part, est aussi celui de la confrontation et de la destruction marqué
par deux guerres mondiales ainsi que des révolutions et des conflits géopolitiques à
travers le Monde.
Aussi, les grands penseurs de la philosophie des Lumières, (Hobbes, Locke, Montesquieu,
Rousseau), ainsi que l’impact des deux révolutions (française et industrielle) ont bien
nourrit la réflexion sociologique, politique et économique du XXème siècle. Toutefois, ce
dernier va connaître des bouleversements sociaux et politiques générant des ruptures
avec l’ancien mode de vie suite au développement de nouveaux bassins industriels, et
favorables à l’émergence de nouveaux rapports de force.
Ainsi, la première moitié du XXème siècle qui connaissait la domination et la suprématie
de l'Europe sera marquée par la division des pays européens à cause de leurs rivalités

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impérialistes et coloniales d’une part, et la place des Etats-Unis d’Amérique dans le
monde d’autre part.
1930 connaitra un nationalisme qui aboutira à l’opposition entre les régimes totalitaristes
(Italie, Allemagne, URSS) et les Alliés. Ces régimes totalitaires se distinguent des dictatures
antérieures : L’exercice du pouvoir est associé à une idéologie. (Ensemble d'idées
partagées par un groupe ou une doctrine politique).
A partir des années 1950, les Etats-Unis d’Amérique répandent une vision politique et
économique capitaliste, faisant d’eux la première puissance mondiale dès la chute du
Mur de Berlin en 1989 et la chute de l’URSS (Union des républiques socialistes soviétiques),
à régime communiste, en 1991.
A la fin du XXème siècle et début du XXIème siècle le phénomène de la mondialisation,
globalisation a pris une grande ampleur suite :
o D’une part à l’essor du commerce mondial depuis les accords économiques de
Bretton Woods (1944) avec la mise en place d’une organisation monétaire
internationale, puis les traités de libre-échange (ALE) et l’harmonisation de
l’espace européen à travers la construction de l’Union Européenne.

o Et d’autre part, suite à l’essor des moyens de transports et l’évolution exceptionnel


qu’ont connues les nouvelles technologies d’information et les moyens de
communication.

La conséquence directe de cette mondialisation est l’internationalisation des rapports


politiques, militaires, sociaux et culturels, dictée par l’interdépendance croissante entre
les intérêts des Etats et l’affaiblissement de la capacité de ces derniers à assurer leur
pouvoir de décision et par conséquent leur souveraineté nationale.
Tous ces faits qui ont marqué le XXème et le début du XXIème ont fort endoctriné les processus
politiques, l’organisation des systèmes politiques et l’exercice du pouvoir ainsi que ses
rapports entre les individus, les groupes, et au sein de l'État.

CHAPITRE I- LE FONDEMENT DU POUVOIR POLITIQUE

Depuis la Grèce antique jusqu’à nos jours Philosophes, historiens, sociologues,


anthropologues, politologues, juristes, orateurs ont défini, analysé, discuté la notion du
pouvoir politique, ses formes, ses modes d'organisation et sa répartition en société. Ces
études et recherches ont développé, au fil du temps, différentes doctrines. Parmi les plus
influentes :
o Celles qui désignent le pouvoir politique comme une nécessité inscrite dans l'ordre
de la nature ;
o Celles selon lesquelles, le pouvoir politique est le résultat d'un accord passé entre
les hommes pour mettre fin à des conditions naturelles d'existence jugées
intolérables.

Ainsi, dans ce chapitre nous nous limiterons à étudier le pouvoir politique et son exercice
selon ces doctrines.

SECTION I- NOTION DU MOT « POLITIQUE »


Le mot politique est employé au féminin ou au masculin d’où la complexité de sa
définition.

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I- Le mot au féminin : « La politique »
A l’origine, dans l’Antiquité grecque, le mot politique désigne les affaires de la Cité, et
l’art qui gère cette dernière. Il est issu du mot « Polis » qui désigne la « Cité », et du terme
« Politeia », qui signifie « la manière dont la Cité est organisée et le pouvoir en son sein est
structuré ».
Aussi « La politique » (politics) : désigne la vie politique, l’arène où les responsables
politiques s’affrontent pour la conquête du pouvoir (par exemple, s’engager en
politique, faire de la politique) ;
« La politique » (policy) : renvoie aux programmes d’action mis en place par une
institution pour atteindre des objectifs donnés (par exemple, l’Etat qui met en œuvre des
politiques sociales ou encore une entreprise qui définit une politique des ressources
humaines).
Pour Aristote(philosophe grec 384 - 322 av J.C) « La politique » est définie comme étant
la « science souveraine entre toutes ».
Pour Platon (philosophe grec 428 - 348 av J.C) « la politique » est une technique qui ne
peut être exercée que par ceux qui possèdent un véritable savoir. Aussi le rôle de «la
politique » consiste pour lui à créer l'unité à travers la vertu et l'éducation.

o La signification du mot « la politique » au sens absolu

« La politique », était la politique « dirigeante ». Elle concernait les méthodes et stratégies


de conquête et de sauvegarde du pouvoir au sein d’une société. Son origine remonte
au début de l’organisation de la société en système hiérarchique par le biais duquel
certains individus acquièrent du pouvoir par rapport aux autres.
A nos jours, la notion de «la politique » concerne, plus particulièrement, les activités qui
pivotent autour du pouvoir par représentation qui est le pouvoir légitimedans nos sociétés.
Cela suppose une série de conditions notamment l’existence de partis, liberté
d’expression.

o La signification du mot « la politique » au sens large :

« La politique » peut être définit comme une activité sociale dans laquelle les membres
d’une société établissent, modifient les normes de leur collectivité et décident ensemble
de leur avenir. Nous appelons ainsi « La politique » ce qui se rapporte directement à
l’organisation d’une société dans son ensemble.
Elle peut également designer méthode de gouvernement (politique libérale,autoritaire,)
et la manière de gouverner un Etat ou de mener les relationsavec d’autres Etats.

II-Le mot au masculin « Le politique »


Le politique (polity) renvoie à la personne qui gouverne, qui exerce des responsabilités
politiques au cœur de laquelle on trouve les notions de pouvoir et de sociétés
organisées.
Aussi, « Le Politique » est un dialogue de Platon qui désigne l’Homme politique. Dans son
livre Le Politique, Platon réfléchit sur les compétences techniques (techné politiké) que
doit posséder un homme ou une femme politique pour produire de l'unité dans une Cité.
Pour lui, il ne suffit pas de pratiquer la politique pour être un politique. Il faut aussi
détenir un savoir spécifique.

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SECTION II- NOTION DU MOT « POUVOIR »
Le mot « pouvoir », vient du latin « podere » qui signifie, avoir la capacité de, « être
capable de ». Mais dans la pratique « le pouvoir » a plusieurs sens d’où la difficulté de lui
donner une définition précise. Parmi les différents sens donnés citons :

 Premier sens du « pouvoir »


« Le pouvoir est la faculté, la capacité, la possibilité matérielle ou la permission
de faire quelque chose ».

 Deuxième sens du « pouvoir »


« Le pouvoir désigne la capacité légale dévolue à une autorité ou à une
personne, à exercer la compétence qui lui est attribuée soit par la Loi, soit par
un mandat. Exemple : Fondé de pouvoir(s) d’une société.
Le pouvoir est aussi l'acte décrit par lequel on donne à quelqu'un le pouvoir
d’agir en son nom ou de le représenter ».

 Troisième sens du « pouvoir »


« Le pouvoir est la domination qui est exercée sur une personne ou un groupe
d'individus. Il peut être physique, moral ou psychologique. Il permet à un individu
ou à un groupe d'appliquer, de faire exécuter ou d'imposer, éventuellement par
la force, des décisions dans des domaines très variés (culture, économie,
politique…) »

 Quatrième sens du « pouvoir »


Le pouvoir désigne les formes d'autorité au sein d'un Etat, comme les trois
pouvoirs : législatif, exécutif, judiciaire.

 Cinquième sens du « pouvoir »


« Le pouvoir désigne couramment les autorités politiques ou religieuses dans un
Etat ou dans une Nation. »

SECTION III- NOTION DU POUVOIR POLITQUE


Depuis l’antiquité à nos jours les philosophes et théoriciens modernes ont inscrit la
question du pouvoir et celle de sa légitimité politique au cœur de leurs travaux, vue
l’attirance qu’il exerce sur les hommes, son influence sur notre quotidien et son
emplacement suivant les époques et les sociétés.

I- Notion du pouvoir politique selon Max Weber (Sociologue


allemand 1864-1920)
D’une manière générale le pouvoir politique est un type de pouvoir qu'une personne ou
un groupe de personnes exerce dans une société dans le but de l’organiser. Mais la
définition la plus célèbre est celle de Max Weber. Pour lui « le pouvoir politique est la
domination exercée par une personne ou un groupe de personnes dans une société,
dans le but d'organiser celle-ci ». Max Weber rapproche ici la notion du pouvoir à celle
de puissance : « … puissance signifie la chance d’imposer sa propre volonté, au sein
d’une relation sociale, même contre des résistances ». (Ouvrage,Économie et société -
1922). Ces définitions incarnent le caractère violent du pouvoir politique que Max Weber

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qualifie de légitime : « Le pouvoir politique, c'est le monopole de la violence légitime. »
(Le Savant et le Politique -1919). Pour lui, cette légitimité semble être le seul moyen
d'assurer une domination stable.
On ne peut donc parler selon Max Weber de pouvoir ni de domination sans rappeler
la relation entre gouvernant et gouverné, relation qui engendre des rapports de
domination et de contrainte en fonction de règlements en vigueur, notamment des
textes juridiques (une Constitution par exemple).

II-Notion du pouvoir politique selon Karl Marx (1818 -1883)


et Friedrich Engels (1820 - 1895)
Pour Karl Marx et Friedrich Engels, le pouvoir politique est identifié à l’Etat, lui-même considéré
comme un instrument de la domination de classes.

La théorie de la lutte des classes avance qu'à l’exception des communautés primitives,
toutes les sociétés sont composées de classes en opposition constante et que cette
opposition est le moteur de l’histoire (hommes libres et esclaves, seigneurs et serfs, patrons
et ouvriers). Chez Marx et Engels la lutte des classes n’a pas seulement une
dimension économique et sociale, mais aussi politique. Ainsi pour Karl Marx : « la classe
dominante afin « de légitimer son exploitation de la classe dominée et les inégalités de classe,
va produire une idéologie admise par tous, (aussi bien la classe dominante que la
dominée), avec des principes, des institutions, des lois, des coutumes… ».

Dans le "Manifeste du Parti communiste" Marx décrit une situation où les classes
sociales : la bourgeoisie et le prolétariat, s'opposent fortement, en raison de
l'exploitation de la seconde par la première qui possède le capital.
Pour Marx, le sentiment d’appartenance à une classe et la prise de conscience de ce
qui la sépare des autres classes sont les conditions qui permettent d'agir pour faire
évoluer la société.

La théorie marxiste de la lutte des classes sociales est souvent appliquée pour expliquer le
conflit entre les classes sociales, la lutte des classes du prolétariat contre la bourgeoisie
ainsi que, pour les idéologies, capitalisme contre socialisme.

III- Identification des raisons de la domination et fondements


de la légitimité :

1- Pouvoir et Domination
En tant que relation, on parle de pouvoir quand on peut mettre deux individus dans une
situation inégale qui vise à produire « une forme de domination pour l’un et d'obéissance
pour l’autre ». Ainsi les notions de pouvoir et de domination entretiennent entre elles
des « relations d'interdépendances ». C’est dans ce sens que la notion de pouvoir se
trouve au cœur de l’étude du fonctionnement politique des sociétés.

Max Weber établit une typologie des formes de domination en faisant une distinction
entre trois types de domination légitime dont chaque type correspond à une légitimité
particulière : la domination à caractère traditionnel, la domination à caractère
charismatique et la domination à caractère rationnel-légal. Ces trois types peuvent se
combiner.
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La domination traditionnelle

La domination traditionnelle s'appuie sur le respect des coutumes et traditions qui


donnent au détenteur de l'autorité un pouvoir que lui confèrent l'histoire et la culture. La
légitimité vient alors de l'existence et de l’authenticité de ces coutumes.
Souvent cette domination est une fusion de l'occulte et du politique. Par exemple celui
qui, dans le groupe, peut revendiquer un lien quelconque avec l'au-delà, se trouve en
mesure de revendiquer le pouvoir politique. (Exemples : Dans l’Egypte antique le pharaon
était le garant de l'unité égyptienne voulue et instituée par les dieux. royaumes européens
et musulmans où le roi , calife et sultan possédait une légitimité divine.

Domination charismatique

La domination charismatique est légitimée par la personnalité exceptionnelle de celui


qui exerce la domination, en raison de son comportement héroïque, son charisme et
l'admiration irrationnelle qu'il suscite. Parmi les plus connus qui ont dirigé des grandes Nations
et influé le cours de l’histoire : Alexandre le Grand, Roi de Macédoine (336 av J.C) ; Jules
César, général romain (100 - 44 av J.C) ; Octave Auguste, Premier Empereur romain (27 av.
J.C) ; Abraham Lincoln, Président des Etats-Unis (1861-1865) ; Winston Churchill, Premier
ministre Royaume-Uni (1940 -1945 et 1951-1955) ; Vladimir Lénine, homme d’Etat russe (1870
- 1924) ; Joseph Staline, dirigeant soviétique (1879 - 1953) ; Adolph Hitler, homme politique
allemand (1889-1945) ; Mao Tsé Toung, dirigeant de la République populaire de chine (1949
- 1976) ; Benito Mussolini, fondateur et dirigeant du parti fasciste Italien (1883-1945) ; Nikita
Sergueïevitch Khrouchtchev, homme d’Etat Soviétique (1894 -1971) ; Francisco Franco,
homme d’Etat Espagnole (1892-1975) ; Mustapha Kemal, fondateur de la République
de Turquie (1881-1938) ; Mohandas Karamchand Gandhi, dirigeant politique et
guide spirituel de l'Inde (1869 - 1948).

Domination légale-rationnelle

La domination légale-rationnelle se base surtout sur la compétence et non pas sur


l’héroïsme et le charisme. Comme exemples : Franklin Roosevelt, président des Etats-Unis
(1933 -1945) ; Winston Churchill, Premier ministre Royaume-Uni.
La légitimité de la domination légale-rationnelle repose sur des règles rationnelles qui
confèrent un statut légal à ceux qui exercent la domination.

2-Le concept de la violence légitime

a) Le concept de la violence légitime chez Max Weber

Pour Max Weber la violence légitime est la violence qui est reconnue par tous comme
légitime et nécessaire au bon fonctionnement d’une société, et le pouvoir politique en
a le monopole. Toutefois l’exercice de cette violence a bien des limites.
L’Etat ne peut utiliser la violence, pour assurer le respect des droits et devoirs des citoyens,
que dans un cadre bien règlementé et dans des cas précis. (Rétablir l’ordre par exemple).
Autrement toute violence légitime démesurée ne peut que façonner un pouvoir
totalitaire.
Par « violence », il ne s'agit pas que d'agression physique, mais aussi et su r to ut de « violence
symbolique » qui est plus efficace dans la mesure où elle est invisible cas des Lois.

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b) Le concept de la violence légitime chez Nicolas Machiavel
(Philosophe italien de la Renaissance 1469-1527)
Selon Machiavel le peuple peut être mal traité si cela permet au prince de conserver
son pouvoir. Ce dernier doit faire preuve de ruse et utiliser tous les moyens mis à sa
disposition même les plus immoraux. Dans « Le Prince -1532 » il recommande au prince
« d’être rusé comme un renard et féroce comme un lion dans l’exercice du pouvoir »
(Dissimuler, tromper, voire tuer si les circonstances l’exigent).
Ici, Machiavel attire l’attention sur le rôle du mal dans la vie politique. Selon lui la politique
est assurée par le mal via le désir de dominer et non pas par le bien. De ce fait, le mal
devient comme point de repère qui doit être analysé et interprété. Ainsi, de cette
connaissance du mal, on peut se servir du mal comme une arme qu’on va tourner
contre le mal.
Pour Machiavel « En politique, le choix est rarement entre le bien et le mal, mais entre le
pire et le moindre mal ».
La pensée de Machiavel écarte la tradition dominante en occident qui comprend
d’une part, la croyance classique qui centre la vie sociale et politique sur le bien (Platon
et Aristote). Et d’autre part la croyance chrétienne subordonnant le politique à des
idéaux transcendants et lui assignant une source et une fin divine. Cette présentation
pour lui est imaginaire et fictive. Ainsi, Machiavel réfute toute conception morale du
pouvoir : Le chef de l’Etat ne doit pas obéir à une morale fixe, mais s’adapter aux
circonstances, ce qu’il appelle la fortune ”fortuna”. Le prince doit savoir s’adapter et
comprendre le climat politique, comprendre l’esprit de son temps et l’esprit de son
peuple pour bien le manipuler. Ainsi, « La vertu première du prince n'est pas morale mais
politique » : c'est l'aptitude à conserver le pouvoir en sachant doser la crainte et l'amour
qu'il peut inspirer, de façon à maintenir l'ordre et l'unité de sa Cité.
Pour lui le désir de domination est si puissant chez tous les hommes même pour ceux qui
n’ont aucune chance d’arriver au pouvoir.
Le principe du machiavélisme peut être défini par cet extrait de son traité Le Prince : « [le
Prince] est souvent obligé, pour maintenir l'État, d'agir contre l'humanité, contre la
charité, contre la religion même. Il faut [...] que tant qu'il le peut, il ne s'écarte de la voie
du bien, mais qu'au besoin il sache entrer dans celle du mal. » (Machiavel, Le Prince,
1532).
Machiavel sera critiqué par les philosophes des Lumières. Ils lui reprochaient de ne pas
respecter les droits naturels de l’individu. Il sera également critiqué par l’église vu son
opposition portée à l’absolutisme pontifical.

3- Les théories du contrat social


Pour lutter contre la force et l’arbitraire et limiter le rôle du souverain, basé sur le droit divin,
les penseurs politiques se sont tournés vers le concept juridique d'accord contractuel
fondé sur le consentement mutuel, d’où la théorie du contrat social.

a) Les origines de la théorie du contrat social


Le contrat social est une notion de philosophie politique. Elle présente le passage de
l'homme de l'état de nature à l'état de société civile : afin d’instituer un ordre social au
service de l'intérêt général : Une société politique organisée. C’est la théorie de
contractualisme.
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Cette théorie est présente chez certains philosophes de l’Antiquité grecque et ceux des
Lumières. Mais la définition, les buts et les modalités du contrat social diffèrent d’un auteur
à l’autre. Il en est de même pour la notion d'état de nature qui correspond à un état
théorique et fictif et dans lequel les êtres humains vivent dans un état d'instabilité et
d'insécurité pour absence de règles.

Le contrat social dans la philosophie antique


A partir du Vème siècle avant J-C, la philosophie grecque est marquée par l’opposition
entre la nature physique qui est immuable et les mœurs des hommes qui sont
changeantes. D’où la distinction entre la nature et convention. L’application de cette
distinction dans le domaine politique est le débat sur l’origine divine ou artificielle de
l’idée de la justice. Certains sophistes vont essayer d’imaginer ce que seraient les
relations humaines dans l’état de nature en absence de toute convention et toute
règle. Cet état de nature est le plus souvent conçu comme un état de guerre
perpétuelle. Pour y mettre fin, les hommes concluent un pacte sur le fondement duquel
des lois sont édictées. Ces lois distinguent le bien du mal et donnent ainsi naissance à
l’idée de justice.
Ainsi, Épicure (341-270 Av J.C) soutient que la justice est fondée par l'accord entre les
hommes et non par la nature, ce qui en fait un précurseur du contrat social moderne
(Maximes Capitales, XXXI). Cette théorie sera rejetée par Platon et Aristote.
Pour Aristote, l’homme est un « animal politique » naturellement disposé à entrer en
société (République, IV). Il est destiné par sa nature à vivre dans une communauté
(Éthique à Nicomaque, IX 9).
Quant à l’origine de la Cité, l’opinion d’Aristote ne s’écarte pas de celle de Platon. Au
cours des temps, des groupes humains dispersés s’unissent pour former des familles, puis
des villages, ensuite la Cité naît de la nécessité que ressentent les hommes de subvenir
au mieux à leurs besoins.

Le contrat social dans la philosophie des Lumières (18ème siècle)


L’époque des philosophes des Lumières fut marquée par un fort désir de liberté. Des
philosophes comme Voltaire, Rousseau, Diderot et Montesquieu critiquaient la
monarchie absolue de droit divin et les privilèges excessifs des nobles et du clergé. Ils
souhaitaient de nouveaux modèles de société dans lesquels les hommes seraient libres
et égaux. Ainsi, au nom de la liberté ils combattaient l’absolutisme politique et militaient
pour le droit de penser, d’agir, de s’exprimer sans limitation par une autorité quelconque.
C’est le fondement du libéralisme politique.
Le libéralisme politique de Voltaire c’est l’idée que l’Etat n’a pas à interférer dans les
conceptions morales des individus, d’où le principe de la liberté individuelle.
Le mouvement des Lumières n’était pas philosophiquement homogène entre les
penseurs des Lumières. Il existait des différences et même des désaccords. Mais dans
l’ensemble on trouve toujours les mêmes principes fondamentaux : le principe de raison,
de liberté contre toutes les formes d’oppression et le principe d’individu considéré
comme seule source légitime de ses choix et de ses actions.

b) La théorie du contrat social selon Hobbes, Locke et Rousseau

Théorie de Thomas Hobbes (Philosophe anglais, fondateur de


la philosophie politique moderne 1588-1679 -17ème siècle)
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Pour construire sa conception politique et sa théorie de l’Etat, Hobbes s’est d’abord
intéressé à comprendre la nature de l’homme et les forces qui mobilisent les hommes et
les font agir. Pour Hobbes, ce qui mobilise l’être humain c’est son égoïsme, la recherche
de son intérêt privé et la satisfaction de son désir qui prend la forme de la prédation. Il
en résulte un état de nature où l’homme devient un prédateur qui prend aux autres pour
satisfaire son intérêt, tout ce qui contribue à sa propre conservation et sa survie
(ressources, richesses, pouvoir), indépendamment de toute règle et compassion. Ce qui
rend selon lui « l'ordre de la nature, un champ de forces qui s'affrontent
perpétuellement », d’où la célèbre citation « L'Homme est un loup pour l'Homme ». La
seule façon donc de s’unir, d’établir la sécurité, de permettre la prospérité et de sortir
de cet état de nature est de se soumettre à une autorité supérieure.
Pour y arriver, il est nécessaire que les hommes fassent un pacte entre eux et renoncent
à tous leurs droits. Ils sont donc les auteurs d’un vouloir politique permettant le fondement
d’un état civil.
Par ce contrat, passé entre les individus, pour garantir la liberté, la sécurité, la justice et
l’espoir de bien vivre, chacun transfère ses droits naturels à un Souverain, à une entité
qui détient le pouvoir. Chacun devient alors « sujet » de ce Souverain, en devenant aussi
« auteur » de tous les actes du Souverain.
Ainsi, pour Hobbes, le contrat social qui conçoit l’état de société est un contrat de
soumission exigeant aux citoyens l’obéissance, en contrepartie de leur sécurité et le
respect de leurs biens.
La théorie de Hobbes est de ce fait fondée sur deux caractéristiques :
o La soumission des « Sujets » doit être totale d’une part ;
o Le pouvoir doit être absolu d’autre part. « Le maître lui-même n’est pas lié
par ce contrat ». Le Souverain reste l’unique législateur et la seule source
de légalité politique.
Selon Hobbes ces deux caractéristiques sont les conditions d’un Etat civil, c’est-à-dire d’un
Etat de paix.
Dans ce concept le pouvoir politique n'est alors rien d'autre que cette domination
fondée sur une nécessité de fait, d'ordre physique.
La théorie du pouvoir politique chez Hobbes nous laisse croire qu'il prône l’absolutisme.
Or chez lui le Souverain doit agir au nom de ses Sujets.

La théorie de John Locke (philosophe anglais 1632-1704)


Locke part de l’état de nature comme un siècle avant lui Hobbes, idée largement utilisée
à son époque. Tout comme Hobbes, il élabore sa propre conception de l’état de nature,
mais toute différente.
Pour Locke, contrairement à Hobbes, dans cet état de nature, les hommes sont heureux
et égaux. Aussi, ils sont dotés de raison et bénéficient d’une relative liberté émanant de
lois naturelles qui permettent à l’homme d’assurer sa sureté. Ainsi, selon lui, même en
absence de droit positif, la morale n’est pas inexistante dans cet état de nature. De ce
fait, ces lois naturelles sont si importantes que les hommes peuvent tout faire pour les
préserver, d’où la création de la société civile.
Cette société civile, pour Locke, n’est donc qu’un système pour l’homme de mieux
assurer la protection de ses droits naturels et le droit positif n’étant qu’un moyen de
protéger ces derniers. Dans ce contexte les hommes consentent librement à la
constitution d’une autorité supérieure que chaque individu lui délègue une partie de sa
souveraineté. Le contrat ainsi créé se serait ainsi transmis progressivement aux
générations suivantes.
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Pour Locke l’autorité mise en place doit nécessairement respecter la finalité pour
laquelle les hommes l’ont constitué, à savoir la protection des lois naturelles. Les hommes
s’engagent en effet à respecter les lois en échange de la protection de leur liberté.
Cette liberté n’est pas totale, mais soumise à des lois, comme il l’est déjà à l’état de
nature.
Le peuple donne donc à l’autorité sa confiance, son consentement, sans quoi elle ne
serait pas légitime : « Le pouvoir ne se possède pas réellement, il s’attribue seulement ».
Ainsi, dans son « Traité du gouvernement civil » (1690), Locke prend position contre
l’absolutisme de droit divin et la protection des droits individuels.
John Locke, contrairement, à Hobbes pense que nul gouvernement légitime (librement
consenti) ne saurait être un gouvernement absolu.
ème
La théorie de Locke porte le fondement de la démocratie libérale du XIX siècle :
o Le pouvoir du souverain est aussi grand mais pas plus que ne le requiertl’efficacité
par rapport à la promotion du bien public, à savoir la protection des droits
naturels des individus.
o La soumission au souverain est toujours conditionnelle. Ce n’est pas une aliénation
des droits naturels mais un simple dépôt.
o En conséquence, si le gouvernement n’est pas fidèle à sa fonction, le peuple a
le droit à l’insurrection.
Anti absolutiste, Locke pense qu’aucun régime n’est jamais à l’abri d’une tyrannie. Ainsi
il est nécessaire d’imposer une résistance face au pouvoir. Mais le droit de résistance a
fait l’objet de vives critiques car il est susceptible d’entrainer la guerre civile.

La théorie de Jean- Jacques Rousseau (philosophe français


1712 - 1778)
Contrairement à Hobbes, selon Rousseau l’homme à l'état de nature n’est ni égoïste ni
sociable, il a peu de désirs, « naturellement bon » et en paix avec ses semblables.
Toutefois, la société le rend méchant et le corrompt, en instaurant la notion de la
propriété et en créant chez lui de nouveaux besoins.
Rousseau sera fortement influencé par la philosophie politique de Locke, ainsi leurs deux
théories du contrat social reposent sur le même postulat : l’harmonie naturelle des volontés
et des intérêts des individus. Ce postulat indémontrable est celui de l’individualisme libéral
et de la démocratie. Toutefois, Locke et Rousseau ne s’accordent pas sur les moyens à
mettre en œuvre pour atteindre leur idéal politique.
Rousseau a fondé la légitimation du pouvoir sur des individus libres et égaux liés par Pacte
social. Pour lui ce « pacte social » n’est pas un pacte d’aliénation au profit d’une entité
politique supérieure, mais un véritable contrat entre les hommes eux-mêmes qui ensemble
décident de se soumettre à leur propre volonté générale. Le contrat ne peut donc
exister que dans le but de conserver la liberté des hommes. Ainsi, par le contrat social, les
hommes ne se soumettent pas à un prince absolu, mais à la volonté générale, elle-même
composée de la volonté de chaque individu.
Ce contrat social, est un compromis, une régulation entre l’aspect social de l’Homme et sa
nature. Donc, l’armée, la police la justice sont des instruments de cette « violence légitime
», qui permet d’empêcher ou de punir les cas de violence individuelle. (Interdire de se faire
justice soi-même et lutter contre la loi du plus fort).
Toutes les théories du contrat social avant Rousseau, qu’elles soient absolutistes (Hobbes) ou
libérales (Locke), reposent sur l’aliénation totale ou partielle de l’individu. Or, pour Rousseau,
le problème est d’abord et avant tout de préserver la liberté individuelle.
Enfin, cette idée de contrat social est forte. Ce mythe que l'Etat est là pour assurer l'intérêt

12
général et mettre en œuvre la volonté générale est celui sur lequel nous vivons
aujourd’hui.

SECTION IV- LES CARACTERISTIQUES DU POUVOIR POLITIQUE


Parmi les caractéristiques du pouvoir politique :

I- Le monopole de la violence légitime

Selon les différentes théories du pouvoir politique la société ne peut s'organiser et se


structurer seulement si le pouvoir de l'Etat est bien respecté. Ainsi, seul l’Etat peut utiliser la
violence pour faire accepter ses mesures par l’ensemble de la population (police,
gendarmerie, armée).

II- Le monopole de la contrainte


Le pouvoir est contraignant puisqu’il définit ce qui est légitime et interdit, en punissant, ce
qui ne l’est pas. Cette contrainte matérielle toutefois sert, non pas à fonder le pouvoir, mais
à le maintenir.

III- Le monopole de l’autorité

Le pouvoir nécessite une double relation : commandement et obéissance. C’est pourquoi


on distingue les gouvernants (à qui le pouvoir est dévolu) qui commandent des gouvernés
qui obéissent.

IV- Le monopole de la globalité


L’autorité du pouvoir politique s’applique à tout le monde et peut porter sur tous les
domaines (économie, social, enseignement, …), c’est ce qui permet de le distinguer
d’autres phénomènes d’autorité.

V-Source des institutions et du droit


Le pouvoir politique constitue la source des institutions et du Droit. C’est lui qui établit les
organes exerçant le commandement et en assure le fonctionnement, il édicte les
normes et prévoit leurs sanctions.

SECTION V- LES LIMITES A L’EXERCICE DU POUVOIR POLITIQUE


L'histoire est remplie d'exemples où le pouvoir politique a été utilisé d’une manière
nuisible ou discrétionnaire. Cet abus de pouvoir est le résultat de la concentration du
pouvoir dans les mains d’une seule personne, avec absence de toutes formes de
pressions correctives ou rapports de force. Alors que se sont ces rapports de force qui
déterminent le jeu politique. Pour limiter donc le pouvoir politique des règles
d’organisation viendront l’encadrer. Cela marque la montée du mouvement
ème
idéologique le «constitutionalisme» au 17 siècle, fondé sur la suprématie de
la Constitution sur les autres normes juridiques nationales.
Ce constitutionalisme contribuera au fondement et au développement du droit

13
constitutionnel qui explique les aspects juridiques qui permettent à la vie politique d'une
société de s’organiser.

CHAPITRE II- L’ORGANISATION DU POUVOIR POLITIQUE : L’ETAT


Dans nos sociétés contemporaines, l’organisation du pouvoir politique repose sur l’Etat. Ce
mode d’organisation politique s’est imposé comme l’unique modalité légitime de
gouvernement des sociétés. Il n’existe donc pas de pouvoir politique légitime, consenti
en dehors du cadre étatique.

SECTION I- NOTION DE L’ETAT


L’Etat est à la fois une réalité historique et une construction théorique d’où la difficulté de
sa définition. Ainsi, plusieurs définitions sont possibles selon les idéologies de chaque
philosophe, sociologue, politologue et le contexte historique et géographique. Ainsi il
possède une signification : organisationnelle, sociologique, politique, et juridique et
institutionnelle.

I-Notion de l’Etat sur le plan organisationnel


L’Etat est défini comme une forme d'organisation que la société utilise pour s’orienter et
se gérer. Il désigne également un ensemble de personnes qui acceptent de s'imposer un
ordre sous certaines conditions.
Pour Friedrich Hegel (philosophe allemand 1770 - 1831), le concept d’Etat recouvre la
société politiquement organisée toute entière, et comprend dans sa constitution aussi bien la
famille et la société civile, que les institutions publiques.
Pour Raymond Carré de Malberg (juriste français 1861-1935), l’Etat est définit comme une
« communauté d’hommes, fixée sur un territoire propre et possédant une organisation d’où
résulte pour le groupe envisagé dans ses rapports avec ses membres une puissance
suprême d’action, de commandement et de coercition ». (Contributions à la théorie
générale de l’Etat – 1921).
Il souligne ainsi le double sens de la notion, où l’Etat correspond :
D’une part, à un mode d’organisation sociale territorialement défini ;
D’autre part, à un ensemble d’institutions caractérisées par la détention du monopole de
l’édiction de la règle de droit et de l’emploi de la force publique.

II- Notion de l’Etat sur le plan sociologique


L’Etat se définit sociologiquement comme le groupe politique qui revendique avec
succès le monopole de la violence physique légitime reconnue par tous.
Pour Max Weber : « l'État moderne est un groupement de domination de caractère
institutionnel qui a cherché (avec succès) à monopoliser, dans les limites d'un territoire, la
violence physique légitime comme moyen de domination et qui, dans ce but, a réuni
dans les mains des dirigeants les moyens matériels de gestion ». (Le Savant et la politique -1919).

III- Notion de l’Etat sur le plan politique


L’Etat est un concept politique qui se réfère à une organisation sociale, économique
et politique souveraine, formée par des institutions qui régulent la vie d’une

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communauté sur un territoire délimité par des frontières.
L’Etat peut désigner également la chose publique, ce sont les intérêts, les biens
collectifs et le droit de tout le monde.

IV- Notion de l’Etat sur le plan juridique

1- L’Etat en Droit constitutionnel

Pour le Droit constitutionnel nous sommes en présence d’un Etat lorsque sont réunis trois
éléments nécessaires appelés les éléments constitutifs de l’Etat, à savoir une population, un
territoire et un gouvernement. Si l’un de ces éléments fait défaut l’Etat n’est pas constitué
au sens de Droit constitutionnel.

2- L’Etat en Droit International

Le Droit international se baseégalement sur ces trois éléments constitutifs pour reconnaitre un
Etat. En plus, la notion d'Etat est reliée à celles de souveraineté et de sujet du droit
international. L’Etat est comme une autorité souveraine, généralement conçue comme
transcendante et d’où émanent les droits et les devoirs du citoyens
Une définition rationnelle mais qui reste difficile en application à cause de différents points
de vue :
o Une structure devient un sujet du droit international uniquement lorsque d'autres
Etats le reconnaissent comme Etat souverain.
o Une structure devient un Etat souverain lorsqu'il remplit les quatre critères suivants,
indépendamment de la reconnaissance par d'autres Etats :
« Être peuplé en permanence, contrôler un territoire défini, être doté d'un
gouvernement et être apte à entrer en relation avec les autres États ».
(Convention de Montevideo, art. 1).

Aussi, pour qu’un Etat soit reconnu comme tel en droit international, il faut qu’il respecte
trois conditions :

 Un territoire délimité par des frontières terrestres et/ou maritimes ;

 Une population : ensemble des personnes rattachées à l’Etat par une nationalité
(groupe ou communauté) ;

 Un gouvernement : un organe qui représente l’Etat et applique son autorité.

SECTION II- LES ELEMENTS CONSTITUTIFS DE L’ETAT

I- Le territoire
Un Territoire délimité et déterminé est une condition indispensable pour que l'autorité
politique s'exerce efficacement. Maurice Hauriou (1856-1929) déclare à ce sujet : « l’Etat est
une corporation à base territoriale ». L'assise territoriale implique une délimitation précise et
la notion de frontière apparaît indispensable. L'article 2 alinéa 4 de la Charte des Nations
15
unies insiste sur le respect par les Etats-tiers et par les gouvernants de l'intégrité de tout territoire
national et de ses frontières naturelles ou artificielles.
o Les frontières naturelles sont par exemple un segment de fleuve, de rivière ou d'une
montagne.
o Les frontières artificielles sont déterminées par un traité qui en fixe les limites. En règle
générale, la délimitation des frontières est négociée dans le cadre d'une commission
mixte rassemblant toutes les parties en cause.

Le territoire c’est un espace à 3 dimensions :


 Terrestre ;
 Maritime (mers territoriales) ;
 Aérienne (au-dessus des frontières terrestres).
Le territoire joue un rôle fondamental : il contribue à fixer la population en favorisant l'idée
de Nation et détermine le titre et le cadre de compétence del'Etat. Rôle essentiel car les
autorités publiques doivent disposer de la plénitude des compétences pour imposer des
obligations aux individus et faire respecterle droit.

II- La population

La population d'un Etat se présente comme une collectivité humaine. Cet ensemble doit
être également délimité par une appartenance (la nationalité) et un contenu exprimé
en termes de droits et devoirs : Tous les individus présents sur le territoire d'un Etat sont
soumis au même ordre juridique, nationaux et étrangers.

1-Le sens du mot peuple


Le sens du mot peuple varie selon le contexte. Il désigne à la fois :
o Un « ensemble des individus constituant une nation, vivant sur un même territoire et
soumis aux même lois aux mêmes institutions politiques ».
Ici, le peuple est déterminé par la Nation qu'il constitue, le territoire qu'il occupe et la
soumission aux mêmes règles de droit. C'est la vision la plus restreinte du peuple.

o Un « ensemble des humains vivant en société sur un territoire déterminé et ayant


parfois une communauté d'origine, présentant une homogénéité relative de
civilisation et sont liés par un certain nombre de coutumes et d'institutions
communes». Ici, le peuple est déterminé par un territoire et une culture propre, mais
pas par la soumission aux lois.

o Un «ensemble de personnes qui, n'habitant pas un même territoire mais ayant


une même origine ethnique ou une même religion, ont le sentiment d'appartenir
à une même communauté». Ici, le peuple n'est défini que par une culture, voire
une tradition commune. (Par exemple le peuple Kurde).
En général, pour que l’Etat fonctionne et se maintienne, l'unité de la population nationale
doit résulter d'une certaine harmonie et/ou homogénéité entre l'ensemble de ses membres :
des caractéristiques communes comme la langue, l'ethnie, l'histoire commune, par
exemple aident à préserver cette unité nationale. Cependant, de nombreux Etats se
trouvent être fondés sur une diversité plus ou moins contrastée de populations : pluralité de
langues, d'ethnies, de religions. Il revient à l'Etat dans ces cas à préserver la cohésion
nationale et le respect des minorités existantes sur son territoire.
L’étude du deuxième élément constitutif de l’Etat (population) nous renvoie à une
donnée d’ordre psychologique : La Nation
16
2-Notion de la Nation
Il n’existe pas une définition unanime pour la Nation, toutefois on peut citer deux
conceptions opposées au 19ème siècle :

a) Une conception objective (allemande)


Johann Gottlieb Fichte (philosophe allemand du XIXème siècle,1762-1814) fait de la Nation
le produit nécessaire d’éléments objectifs par exemple : la race,la langue, la religion.
Cette conception a conduit malheureusement au génocide notamment juif.

b) Une conception subjective (française)


Cette conception n’écarte pas les éléments objectifs mais les combinent avec les
éléments subjectifs : la mémoire commune ou une communité d’intérêt par exemple.
La conception subjective conduit à une approche volontariste. Pour Ernest Renan
(philosophe et historien français 1823 -1892) « Pour que la Nation soit constituée il faut un
vouloir vivre collectif », à savoir une volonté de vivre ensemble et de s’associer pour un
destin collectif, commun indépendamment des différences qui peuvent exister entre les
membres de cette Nation.

c) Notion de l’Etat-Nation
Parfois une Nation peut disposer d’une entité politique et constituer un Etat, on parlera alors
d’Etat-nation, c’est à dire que le territoire de l’Etat correspond au territoire géographique
d’une même Nation, comme c’est le cas de la France par exemple.
Un Etat-Nation est un concept qui juxtapose une notion d’ordre identitaire, la Nation (c’est-
à-dire des individus qui se considèrent liés entre eux) et une notion d’ordre juridique, l’Etat (en
tant qu‘organisation politique).

La notion de Nation n’est pas toujours synonyme d’Etat. Ainsi il existe des Nations sans Etats.

o Cas d’une nation sans Etat

La nation Kurde par exemple est une nation sans Etat. Le territoire géographique de cette
nation est à cheval entre 4 pays : l’Irak, l’Iran, la Syrie et la Turquie. Dans les 4 pays, la nation
kurde partage une même langue, une même culture et une même religion.

o Cas où des Etats dans lesquels cohabitent plusieurs nations

En Europe, il existe de nombreuses Nations qui ne constituent pas d’Etat, et qui bien que
possédant une certaine autonomie et souveraineté, font partie intégrante d’autres Etats.
Par exemple : La Catalogne en Espagne, l’Écosse au Royaume-Uni, la Flandre en
Belgique.

o Cas des Etats composés de plusieurs nations

Par exemple le Royaume-Uni, composé de la nation anglaise, galloise, écossaise et


irlandaise. La Belgique composée de la nation wallonne et flamande.

17
o Cas d’un Etat qui reconnaît officiellement l’existence d’une ou plusieurs Nations en
son sein

Comme c’est le cas du Canada qui reconnait officiellement queles québécois forment
une nation à part entière au sein de l’Etat du Canada,

III - Le gouvernement
Ce troisième élément constitutif de l’Etat, vu son importance et son rôle prédominant
dans l’exercice de tout pouvoir politique fera l’objet d’une étude plus détaillée
ultérieurement.

SECTION III- CRITERES DISTINCTIFS DE L’ETAT : PERSONNALITE JURIDIQUE &


SOUVERAINETE
Les trois éléments constitutifs de l’Etat (territoire, population, gouvernement), ne suffisent
pas à le définir et à ressortir ses traits spécifiques, car l’Etat est aussi caractérisé par sa
puissance, elle-même a son caractère souverain. C’est pourquoi il faut déterminer les
critères nécessaires et déterminants de l’Etat.

I- Premier critère distinctif de l’Etat : La personnalité juridique


Comme l’Etat est un concept politique, une fiction juridique et non pas une personne
physique, on va donc le doter de qualités morales lui permettant d’avoir la personnalité
juridique. Ce qu’il le rend titulaire de droits et d'obligations.
Mais, en droit public, les droits de la personne Etat sont des pouvoirs de décision, des
« compétences » et ses organes.
Pour Raymond Carré de Malberg et Jean Bodin, l’Etat est un sujet unique de droit, une
personne juridique identifiable par le biais de la théorie de la personnalité morale. Ce
qui permet d’expliquer, comment malgré la pluralité de ses membres et les
changements dans sa direction, l’Etat demeure une institution permanente et animée
d’une volonté unique ?
Ainsi, création humaine, l’Etat apparaît comme une entité et, en terme juridiques, une
institution, une personne morale, détachée de la personne physique desgouvernants. Par
l’institutionnalisation de l’Etat on a voulu donc créer un support stable, permanent,
abstrait sur lequel repose le pouvoir : « On meurt et l’Etat demeure ».
En effet, avec la personnalité morale, l’Etat a la capacité, d’agir au nom de la collectivité
et il devient un sujetde pouvoirs et de droits, doué d’une vie propre et indépendante des
volontés individuelles de tous ses membres. En cela il constitue une unité distincte des
gouvernants eux-mêmes.
Par conséquent, la continuité de l’Etat est assurée. C’est de l’Etat que les gouvernants
reçoivent leurs compétences et c’est en son nom qu’ils les exercent. Le pouvoir est attaché
à leur fonction, non à leur être. Ainsi, les gouvernants ne sont que les dépositaires provisoires
et les agents d’exercice.
Par ce procédé de la personne morale, l’Etat survit aussi bien à ses dirigeants qu’aux
générations qui se succèdent. L’Etat est en effet permanent en ce sens que les
changements qui surviennent dans sa composition ou sa direction n’affectent pas son
existence ni la durée de ses décisions. C’est cette continuité qui explique :

 Que les lois votées par une assemblée, les actes administratifs édictés par un
18
gouvernement, les traités conclus avec d’autres Etats survivent aux régimes qui en
ont pris l’initiative ;
 Que chaque génération se trouve engagée par les obligations contractées par
ses prédécesseurs.

Aussi, grâce au procédé de la personne morale, l’Etat peut posséder des biens et signer
des conventions comme des personnes physiques. Toutefois, le critère de la personne
morale, malgré son importance déterminante, ne suffit pas à lui seul comme élément
distinctif de l’Etat. Il existe, dans le cadre de l’Etat et par la volonté de son organisation
politique et juridique, d’autres institutions de divers ordres et d’importance variable, qui sont
érigées en personnes morales : Régions, départements, communes, établissements publics,
associations, sociétés. C’est pourquoi les juristes ont doté l’Etat, en plus de la personnalité
morale d’un élément qui n’appartienne qu’à lui. La souveraineté, forme politique du
pouvoir.

II- Deuxième critère distinctif : La souveraineté de l’Etat


1- Notion de la souveraineté de l’Etat
Le terme souveraineté est dérivée de « souverain », du latin médiéval superus, de super, «
Dessus ». Cette notion de souveraineté a pour la première fois été introduite par Aristote
dans son ouvrage « la Politique » où il étudie le fonctionnement de l’Etat dans les
différents régimes politiques. Le concept apparaît ensuite chez Jean Bodin (1529-1596.)
Pour lui, la souveraineté est le pilier de l'analyse de l’Etat.
En Droit, la souveraineté se définit, comme la détention de l’autorité suprême, c’est-à-
dire d’un pouvoir absolu et inconditionné (qui ne dépend de qui que ce soit).

Ainsi, pour Jean Bodin « La souveraineté est le pouvoir de commander et de contraindre


sans n’être commandé ni ne contraint ». Aussi, « La souveraineté est la puissance absolue
et perpétuelle d’une République (…) c'est-à-dire la plus grande puissance de
commander ». La souveraineté est absolue et perpétuelle, parce qu'elle « n'est limitée ni
en puissance ni en charge à un certain temps ».
La souveraineté est donc la caractéristique juridique de l’Etat. L’Etat doit être le seul à
posséder le pouvoir souverain sur sa population et son territoire.

Pour Charles Loyseau (jurisconsulte français 1566-1627), « la souveraineté est la forme qui donne
l’être à l’Etat ».

Pour Raymond Carré de Malberg (Juriste et constitutionnaliste français 1861-1935), l’Etat est
souverain signifie «qu’il détient une puissance qui ne relève d’aucun autre pouvoir et qui ne
peut être égalée par aucun autre pouvoir ». La souveraineté de l’Etat est donc la
négation de toute entrave ou subordination. Pour lui la souveraineté est la somme des droits
de puissance active, soit intérieur, soit extérieur. De ce fait le pouvoir exercé dans l'Etat est
souverain, aussi bien à l'égard des autres Etats qu'à l'intérieur du territoire.
Ainsi, l’Etat se distingue des autres personnes morales parce qu’il représente le pouvoir
souverain. Ainsi, l’Etat est souverain lorsqu’il n’est subordonné à aucun autre pouvoir.
C’est le pouvoir suprême dans une société, absolu ainsi que perpétuel et indivisible.
La définition retenue aujourd'hui en Droit est celle énoncée par Louis-Érasme LE FUR (Juriste
français 1870 -1943): « La souveraineté est la qualité de l'État de n'être obligé ou déterminé
que par sa propre volonté, dans les limites du principe supérieur du droit, et
conformément au but collectif qu'il est appelé à réaliser ».

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Cette définition d’Érasme retient deux critères :
o Premier critère :
l'Etat souverain n'agit que selon sa propre volonté, c'est le corollaire du droit à
l'autodétermination (droit des peuples à disposer d'eux-mêmes).

o Deuxième critère :
Cette volonté ne peut se manifester qu'à l'intérieur des règles du Droit international
coutumier ou conventionnel, qui comprend le droit produit par des organisations
internationales à caractère universel (l’ONU par exemple et les institutions spécialisées) et
régional (l'Union européenne par exemple).
Suite aux différentes définitions précitées de la notion de la souveraineté on peut retenir
que : La souveraineté est l’expression par laquelle on désigne un pouvoir suprême,
reconnu à l'Etat, qui implique l'exclusivité de sa compétence sur le territoire national et
son indépendance absolue dans l'ordre international où il n'est limité que par ses propres
engagements. Cette prééminence se traduit par :

o Une supériorité absolue au dehors

Cette supériorité absolue au dehors est traduite par l’absence de toutes subordinations
ou dépendances à l’égard des puissances étrangères. C’est la souveraineté externe.
Indépendance complète.

o Une supériorité absolue au-dedans

Cette supériorité absolue au-dedans permet à l’Etat d’imposer sa volonté à l’intérieur de


son territoire, non seulement aux individus, mais à tous groupements publics ou privés.
C’est la souveraineté interne.
Cette puissance originaire de domination permet de distinguer l’Etat des autres collectivités
publiques. Seul l’Etat dispose en effet, de la faculté de s’organiser lui-même de sa propre
volonté. Les collectivités décentralisées (Provinces, Régions Communes,) ont le pouvoir de
s’administrer elles-mêmes, mais il ne s’agit là que d’attributions déléguées et qu’elles tiennent
d’une loi de l’Etat dont elles relèvent.
De ce fait, l’Etat fonde et délimite l’ordre juridique national, à savoir les règles qu’il se
donne et celles qui en procèdent. C’est ainsi que pour les auteurs allemands « que seul
l’Etat a la compétence de ses compétences ».

2- Domaine d’exercice de la souveraineté de l’Etat

La souveraineté d e l ’ E t a t s ’ e x e r c e e n g é n é r a l dans les domaines suivants :


 La sécurité extérieure : la diplomatie et la défense nationale.
 La sécurité intérieure : la police, la loi (définition de normes juridiques).
 La justice.
 Les finances : monnaie, collecte des impôts, et contrôle des marchés
financiers.
 L’instruction, l’éducation.
 La santé.
 Les politiques sociales : logements, sécurité sociale, cohésion sociale,
emploi.

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 L'environnement : (catastrophes naturelles).
 La culture.

3- Le principe de souveraineté des Etats et ses limites

Avec le libéralisme poussé à l'extrême on a pu voir que certaines compétences d e


l ’ E t a t peuvent être déléguées. C'est le cas notamment aux Etats-Unis où certaines
fonctions d'ordre militaire sont transférées à des entreprises privées. (surveillance…).

Aussi, la mondialisation, surtout dans ses aspects économiques, augmente la contrainte


extérieure et diminue le pouvoir d’intervention des Etats dans l’économie face
aux marchés financiers.
En Europe, avec la construction de l’Union Européenne les Etats membres perdent de
leur pouvoir. Les directives européennes s’imposent dans de plus en plus de domaines
d’activités. Dans le futur, il est possible que l’Etat soit dépassé par d’autres formes
d’organisations politiques que celle de l’Union Européenne.

Aussi, la question de la souveraineté aujourd’hui elle n’est plus absolue :


o En interne : décentralisation, mondialisation, globalisation de l’économie et des
communications. L’Etat a dû s’y adapter.
Droit de l’homme, vie privée, traitement des minorités, les crimes contre
l’humanité… semblent dessiner une « super-légalité internationale » qui s’impose
aux Etats et qui témoigne de la conscience d’un véritable ordre public mondial.

o En externe : relation internationale, organisations internationales, accords


internationaux, conventions internationales, ingérence humanitaire, ingérence
militaire (quand l’Etat en cause n’est pas trop puissant).

Toutefois, malgré tout ce qui précède, l’Etat reste encore la puissance de dernier
recours, dans les périodes de crise. La crise bancaire (2008) a montré que les entreprises
privées y ont recours spontanément, même dans les pays considérés comme libéraux.
Le cas également de la crise sanitaire que vit le monde actuellement avec la pandémie
du Covid.

4- L’autolimitation de la puissance étatique par le droit

Ce concept d'autolimitation a été développé par Georg Jellinek (juriste


allemand 1851- 1911), qui a construit un modèle dans lequel l'Etat souverain est
limité par le droit, dans la mesure où il ne peut agir qu'au moyen du droit. Ceci
permet aux individus d'occuper une place au sein du système juridique et d'être
véritablement protégés face à la puissance de l'Etat.
De ce fait, si l’Etat est maître de son organisation, il en est aussi prisonnier : Il doit appliquer
les principes qu’il a lui-même posés. Ainsi en organisant sa puissance, l’Etat se limite lui-même,
et se soumet librement à des règles dans l’exercice du pouvoir. (La Constitution par
exemple).
Cette théorie de l’autolimitation permet de concevoir l’Etat comme un être juridique et
cela sans sacrifier son caractère souverain. En quelque sorte, l’Etat est à la fois puissance
de domination et puissance de nature juridique.
Aussi, l’autolimitation se trouve dans le principe de la souveraineté nationale. La Nation

21
auteur de la Constitution est seule souveraine. Les autres pouvoirs créés par elle étant de
simples organes de l’Etat, à savoir des pouvoirs institués par la Constitution et limités par
elle. Enfin, la question de la souveraineté qui définit l'exercice du pouvoir permet aussi de
catégoriser les gouvernements selon le système politique : qui gouverne ? Selon quelle
organisation ?

SECTION IV- L’ETAT : APPAREIL POLITIQUE ET ADMINISTRATIF :


LE GOUVERNEMENT

I- Définition du gouvernement
Troisième élément constitutif d’un Etat, le Gouvernement forme l’organe de l'Etat qui
incarne l’ensemble de ce qu’on appelle la puissance publique.

II-Fonction du gouvernement

La fonction principale du gouvernement est de garantir le respect des lois et assurer la


gestion des questions d'intérêt public. De ce fait, le gouvernement décide et entreprend
les actions nécessaires à la conduite de l’Etat et de mener à bien son pouvoir exécutif.
Il est donc une institution qui représente l'un des trois pouvoirs détenus par l’Etat.
L'Etat regroupe les trois pouvoirs : le législatif, le judiciaire et l’exécutif. Pour chacun de
ces pouvoirs, il existe une institution unique et indépendante des autres, responsable de
sa propre organisation.

III- Distinction entre l’Etat et Gouvernement

L’Etat est un concept politique qui se réfère à la manière dont les sociétés sont
organisées. Il est composé d'institutions qui régissent la vie des citoyens sur un territoire
précis. Le gouvernement se réfère à la manière dont le pouvoir de l’Etat s’exerce.
Ainsi, tout Etat possède un appareil dirigeant : le Gouvernement qui varie, dans le temps et
dans l’espace, d’une façon autonome de sa structure fondamentale.
o Des formes de gouvernement différentes peuvent ainsi se succéder au sein
d’un même pays et dans un cadre étatique inchangé. (Par exemple : le
Royaume du Maroc).
o A l’inverse un même type de gouvernement peut exister dans les Etats de
formes différentes. Par exemple : Le régime parlementaire, dont on trouve
des applications aussi bien dans des pays centralisés (GB, Japon, France)
que dans des Etats fédéraux (USA, Canada, Allemagne). Ce qui explique la
diversité des situations d’une Etat à l’autre.

La différence donc entre les deux termes est : l’Etat est le « tout » alors que le
gouvernement est une partie de ce dernier qui incarne son régime politique.

IV- Notion de régime politique et de système politique


1- Notion de régime politique
Le régime politique est un concept qui indique d’un côté, le mode d’organisation du
22
pouvoir et d’un autre côté, la manière dont le pouvoir est exercé au sein de l’entité
politique choisie. Il ne s’intéresse donc pas uniquement aux règles relatives au pouvoir
politique mais aussi aux hommes et à leurs pratiques.
De manière générale la notion du régime politique désigne, la sphère des institutions du
pouvoir politique et la forme politique de gouvernement d’un Etat.
Aussi, un régime politique est traditionnellement défini par le nombre de détenteurs du
pouvoir (un, quelques-uns et tous) et par la manière dont ce pouvoir est exercé
(conformément à des lois ou de manière arbitraire). Le gouvernement d’un seul sera par
exemple décliné en monarchie absolue et en tyrannie.
Selon Maurice Duverger (1917- 2014), « À la base de tout régime politique se trouve le
phénomène essentiel de l'autorité, du pouvoir, de la distinction entre gouvernants et
gouvernés ». Il considère l’homme derrière les institutions que celui-ci crée pour ses
besoins.
Ainsi, « la valeur d’un régime dépend largement de la valeur des hommes qui le
composent » et que « les procédés de sélection de ces hommes forment donc les
fondements essentiels du régime ».

2-Notion du système politique

La science politique moderne parle de système politique au lieu du système institutionnel


pour désigner l’ensemble des règles du jeu politique régissant l’organisation du pouvoir.
Ainsi, un système politique est un mode d'organisation d'un Etat qui est formé d’un
ensemble d’institutions :
o Les institutions politiques (pouvoirs publics : appareils étatiques, ministères,
agences gouvernementales,) ;
o Les acteurs politiques qui agissent en interaction pour accéder et exercer le
pouvoir politique. (Individus, partis politiques, syndicats, organisations non-
gouvernementales, groupes d’intérêts) ;
o Les normes et les croyances politiques (idéologies, doctrines, lois, règles) ;
o Les rapports politiques (gouvernants-gouvernés, Etat-société, relations
internationales).
Un système politique est donc un ensemble d’éléments interdépendants, liés entre eux
par des relations telles que si l’une d’elle est modifiée, les autres le sont égalementet par
conséquent, tout l’ensemble est transformé. Ainsi, « à la différence d’un agrégat, un
système tire son organisation d’une finalité ».
Un système politique est donc une combinaison variable d’autorité légitime et de
puissance publique qui rend certaines personnes capables de décider pour la société
et de se faire obéir. Il est en relation avec la structure économique et l’organisation
sociale et comprend un régime politique.
Ainsi, pour analyser un régime politique (le gouvernement) on s’intéresse : aux
fondements du pouvoir :
o De qui émane l'autorité des gouvernants ? Principe de la légitimité.
o Comment les gouvernants ont-ils été sélectionnés ? : Principe de la
représentativité.
o Quels sont les rapports entre les trois pouvoirs ? Répartition des pouvoirs.
o Quelles sont les limites imposées aux gouvernants ? Contrôle des pouvoirs.

V- Les différentes formes de Gouvernement

L’Histoire comme la réalité contemporaine nous offre une grande variété


23
d’agencements institutionnels et de formes de gouvernements, ce qui rend assez difficile
leur analyse vu leur complexité. Ainsi nous nous limitons ici aux classements les plus
connus.
 Les classifications anciennes.
 La classification selon les données modernes.

1- Les classifications anciennes

Les classifications anciennes les plus connues et dont l’influence de leurs concepts perdure :
l’une remonte à l’antiquité grecque et l’autre à l’Ancien Régime.

a) Première classification ancienne :


Les trois modes de gouvernement selon Aristote : (Grèce antique)

Aristote fait référence à trois modes de gouvernement :


o La monarchie ;
o L’oligarchie ;
o La démocratie.

 Premier mode de gouvernement selon Aristote : La monarchie

C’est un mode de gouvernement qui concentre le pouvoir dans les mains d’un seul et peut
de ce fait selon Aristote dégénérer en tyrannie ou despotisme où l’autorité suprême
exerce un pouvoir arbitraire et absolu.

 Deuxième mode de gouvernement selon Aristote : L’oligarchie

C’est un mode de gouvernement où l’autorité se trouve soit partagée entre plusieurs


individus, soit réservée à un groupe restreint (classe sociale ou caste militaire).
Dans ce mode de gouvernement on trouve deux formes :

 Forme 1 : L’aristocratie

Ici le pouvoir est détenu par un petit groupe de personnes constituant l’élite intellectuelle
ou technocratique, minoritaire mais dominante : noblesse ou classe sociale dont les
représentants sont élus ou cooptés.
Si les détenteurs des droits politiques sont les meilleurs ou les plus courageux, il s’agit
d’une véritable aristocratie. Dans la Grèce antique, l'aristocratie fut, aux VII – VI siècle
avant J.-C.

 Forme 2 : Ploutocratie

Dans ce Système de gouvernement la richesse constitue la base principale du pouvoir


politique. Pour Aristote si les détenteurs des droits politiques sont les plus riches, il s’agit
d’une véritable ploutocratie.

 Troisième mode de gouvernement selon Aristote : La démocratie

C’est un mode de gouvernement où c’est l’ensemble du peuple qui possède le pouvoir


souverain et l’exerce directement en s’assemblant sur l’Agora pour décider des affaires
24
de la Cité. Mais malgré les garanties qu’elle offre, cette forme supérieure de
gouvernement peut ainsi se corrompre s’il fait appel aux passions collectives plus qu’à
la réflexion des citoyens. On tombe alors dans la démagogie qui consiste à flatter
l’opinion au lieu de rechercher l’intérêt commun.

b) Deuxième classification ancienne : Les trois modes de


gouvernement selon l’apport de Montesquieu : (Ancien Régime)

Montesquieu (1689 -1755) est l’un des fondateurs de la philosophie politique. Il s’inspire
du libéralisme de J. Locke et de la philosophie politique antique notamment celle
d’Aristote dont il a enrichi la célèbre classification de la Grèce antique. Cette
classification se verra donc nuancée dans son œuvre « l’Esprit des lois » de 1748.
Montesquieu distingue également trois formes de gouvernement, mais les définie de
manière différente.
o République ;
o Monarchie ;
o Despotisme.

 Premier mode de gouvernement selon Montesquieu : La République

La République est un concept très ancien, hérité de la Rome antique. Les Romains
s’étaient constitués en république, instaurée en -509 après avoir expulsé leur dernier roi,
Tarquin le superbe (534 – 509 av. J.-C.).
Montesquieu réunit, sous le terme République toutes les formes politiques dépourvues
d’un chef d’Etat héréditaire, et dans lesquelles la puissance souveraine appartient soit :

 À une fraction du peuple : République aristocratique :


Dans une République aristocratique, seule une minorité dispose de l’autorité et
de la souveraineté.
 À l’ensemble des citoyens : République démocratique :
Dans une République démocratique, la souveraineté appartient au peuple,
qui en conséquence se soumet aux règles édictées par des délégués.

Montesquieu distingue la démocratie directe de la démocratie représentative et pense


que le peuple doit décider de tout ce qui est en son pouvoir. Le principe de ce
gouvernement, selon Montesquieu est la vertu et le civisme. Ici l’homme accorde plus
d’importance à l’intérêt général et à la Nation qu’à son propre intérêt. L’amour des
richesses est inconcevable dans un tel régime, les valeurs étant pures. Cependant ce
type de gouvernement ne peut exister que dans des petits Etats.
En France, à la suite de la chute de Louis XVI le 21 septembre 1792, ce mode de
gouvernement a été adopté par référence à la République romaine, dans des
contextes mouvementés par l’absolutisme et l’arbitraire du régime monarchique.

 Deuxième mode de gouvernement selon Montesquieu : La Monarchie


Montesquieu entend par monarchie la forme de gouvernement dans laquelle l’Etat est
dirigé par une seule personne qui représente ou exerce l'ensemble des pouvoirs, mais
selon des lois fixes et établies. Pour lui le mode de désignation du monarque n'est pas
nécessairement héréditaire. Il peut aussi être élu, comme c'était le cas pour les
empereurs du Saint Empire Romain Germanique ou les doges de la République de
Venise.
25
Aussi, les modalités du pouvoir du monarque varient en fonction des époques et des
cultures. Par exemple, l’exercice du pouvoir par un empereur romain, tout puissant mais
peu légitime diffère de celui des anciens rois de Pologne, dont les rois étaient élus et le
pouvoir dépendait de celui des nobles.
Dans le gouvernement monarchique de Montesquieu, le pouvoir du monarque dépend
de pouvoirs intermédiaires exercés par la noblesse, les magistrats et le clergé. Le principe
de ce système est l’honneur.

 Troisième mode de gouvernement selon Montesquieu : Le despotisme

Le despotisme désigne un pouvoir arbitraire et oppressif, qui s’exerce en dehors des


limites. Montesquieu en fait l’une des trois formes de gouvernement à côté de la
République et de la Monarchie. Il englobe dans le despotisme les divers régimes où le
pouvoir s’exerce sans freins ni règles. Le despotisme est selon lui la monarchie sans la
légalité :« […] un seul, sans loi et sans règle, entraîne tout par sa volonté et par ses
caprices ».
Dans cette forme du gouvernement, le prince n’ayant aucune contrainte qui l’oblige à
respecter ses engagements, ni même à appliquer quelques règles qu’elles soient. Il peut
déléguer toutes ses responsabilités à ses ministres. Le principe de ce gouvernement est
la crainte, qui sert généralement dans les dictatures. Pour lutter contre cet absolutisme,
Montesquieu fonde sa théorie de séparation des pouvoirs.

2- La classification selon Les données modernes moderne


Il existe quatre modes de gouvernement selon les données modernes :

o Monarchie ;
o République ;
o Démocratie
o Despotisme.

 Premier mode de gouvernement selon les données modernes :


La monarchie

La monarchie, l’un des modes de gouvernement longtemps très répandu, est à présent
peu adoptée. En France, la révolution française de 1789 avait mis fin à l’Ancien Régime,
période sous laquelle le monarque était absolu.
Selon les données modernes, les régimes monarchiques peuvent varier selon les pouvoirs
détenus par le monarque :
 Le monarque détient tous des pouvoirs politiques.
 Le monarque dispose que d’un rôle symbolique.
Ce qui explique la multitude de forme de monarchie.

o Monarchie de droit divin :

En général ce type de monarchie est fondé sur l'hérédité avec l'idée que Dieu choisit le
monarque par la règle de succession. Le régime peut aussi trouver sa légitimité en
s'appuyant sur la coutume (Lois fondamentales du Royaume) qui doit être respectée
par le peuple. Ce qui rend toute opposition au roi ou critique revient donc à s'opposer
à la volonté divine.
Exemples de monarchies de droit divin : Monarchies antiques, Empire du Japon (1868-

26
1947), Règne de Louis XIV, Califats dans les pays musulmans, Vatican (qui est en fait
une théocratie).

o Monarchie absolue :

C’est une forme de gouvernement dont le pouvoir est détenu par une seule personne :
le roi. L’exercice du pouvoir est absolu et sans contrôle . En général le monarque détient
une puissance attachée à sa personne et concentre les trois pouvoirs : législatif,
judiciaire et exécutif.
Dans les monarchies absolues, la succession du pouvoir est généralement héréditaire, le
trône passe entre les membres d'une famille dirigeante.
Ce régime a fortement chuté après la révolution française , qui a donné naissance au
principe de la souveraineté populaire , ou gouvernement par le peuple.

o Monarchie constitutionnelle :

C’est une forme de gouvernement dans laquelle les pouvoirs du monarque, qui est
le chef de l'Etat, sont limités de manière plus ou moins importante par une Constitution :
loi fondamentale d'un Etat qui définit les droits et les libertés des citoyens ainsi que
l'organisation et les séparations des pouvoirs (législatif, exécutif, judiciaire), et précise le
fonctionnement des différentes institutions qui composent l'Etat (Conseil constitutionnel,
Parlement, Gouvernement, Administration). La Monarchie constitutionnelle s'oppose en
cela à la monarchie absolue.
Au Royaume Unie, la monarchie constitutionnelle remonte à la Grande Charte de 1215
qui est fondée sur un ensemble de "Common Laws" issu des différents jugements rendus
par un pouvoir judiciaire indépendant.
En France, la monarchie constitutionnelle est apparue lors de la révolution avec
la Constitution de 1791 fondée sur le principe de la souveraineté de la Nation et de la
balance des pouvoirs. Au XIXe siècle, la Restauration (1814-1830), avec la Charte qui
limite les pouvoirs du roi, et la Monarchie de Juillet (1830 -1848), avec un pouvoir
exécutif de plus en plus contrôlé par la chambre des députés, sont des monarchies
constitutionnelles.
De nos jours, une monarchie constitutionnelle comporte une séparation des pouvoirs.
Le monarque est indépendant des partis politiques et la direction des affaires est assurée
par le chef du gouvernement. C’est le cas du Maroc. Toutefois, il subsiste certaines
monarchies dans lesquelles le monarque (ou sa famille) a conservé un grand pouvoir,
notamment l’Arabie Saoudite.
Le monarque reste le garant de la Constitution, de l'unité nationale, de
l'intégrité territoriale et de la continuité de l'Etat. Selon les cas, il peut avoir un droit de
conseil et d'avertissement sur la politique menée par le gouvernement. Il peut présider
les séances du Conseil des ministres et être un arbitre, notamment en cas
de crise politique.

o Monarchie parlementaire :
Dans la monarchie parlementaire le monarque dispose d’un pouvoir d’influence plutôt
que d’un pouvoir réel et incarne la nation qui consent à ce qu’il règne.
De nos jours, les monarchies constitutionnelles modernes comme le Royaume Unie, la
Belgique, les Pays-Bas, l'Espagne et le Japon sont des monarchies parlementaires où le
monarque a essentiellement qu’un rôle symbolique. Il n’a pratiquement plus de pouvoir
et où le gouvernement est responsable devant le parlement.

27
 Deuxième mode de gouvernement selon les données modernes :
La République

Dans ce mode de gouvernement le pouvoir est exercé par des représentants de la


population, généralement élus. Ce régime politique est aujourd’hui le plus répandu dans
le monde.
A ses débuts, dans cette forme de régime politique l'opposition entre république et
monarchie n'était pas établie. En France par exemple en 1804, Napoléon Bonaparte se
considère comme Empereur de la République française.
Aussi, le mot république s'est confondu avec le mot démocratie par opposition
au despotisme, or aujourd’hui, le non république n'est toujours pas synonyme de
démocratie.
Les Républiques modernes recouvrent des régimes politiques de nature très différente
allant de la direction collégiale la plus démocratique à la junte militaire ou caste
religieuse la plus autoritaire. Ce qui explique la multitude de forme de républiques :

o République populaire :

Elle désigne souvent un gouvernement marxiste-léniniste (Etats communistes) pendant


la guerre froide. Elle peut même se rapporter à un régime totalitaire.
 Exemples de ces Républiques Populaires anciennes :
République populaire de Bulgarie (1946–1990) , République populaire de Hongrie (1949–
1989), République populaire roumaine (1947–1965) (rebaptisée en 1965 République
socialiste de Roumanie lors d'un changement de constitution), République populaire de
Pologne (1952–1989), République fédérative populaire de Yougoslavie (1946–1963)
(rebaptisée en 1963 République fédérative socialiste de Yougoslavie) et ses
composantes, République populaire d'Albanie (1946–1976) (rebaptisée en
1976 République populaire socialiste d'Albanie), République populaire du Mozambique
(1975–1990), République populaire du Congo, République populaire du Bénin,
République démocratique populaire du Yémen (ou Sud Yémen) (1967–1990),
République populaire démocratique d'Éthiopie (1987–1991), République populaire
d'Angola (1975–1992), Jamahiriya arabe libyenne populaire et socialiste.
 Républiques populaires actuelles :
République populaire de Chine, République populaire démocratique de
Corée (ou Corée du Nord), République algérienne démocratique et populaire
République populaire du Bangladesh.

o République islamique :

Elle désigne la forme de gouvernement prise par un Etat n’ayant pas de monarque et où
la gouvernance s'aligne sur le dogme de l'islam, comme l’Iran, l ’ Afghanistan, la
Mauritanie.

o République aristocratique :

Il désigne la forme de gouvernement où les dirigeants sont composés par des membres
de l'aristocratie, ou élus par l’Elite de la société. Le terme république aristocratique est
utilisé en sociologie pour désigner les familles proéminentes de la République française,
dont les générations ont été au pouvoir ou ont occupé des postes importants pendant
plusieurs décennies.
28
o République oligarchique :

Les dirigeants sont élus par ou parmi les riches et les plus influents de la société.
Par exemple, les constitutions issues de la révolution française de 1789 déterminent un
système au suffrage censitaire, où les citoyens sont divisés en deux catégories et dont la
fortune de ces citoyens ou la somme d'impôts directs qu'ils payent, leur permettent de
prendre part aux scrutins électoraux. Aussi, pour avoir le droit d'être candidat aux
élections il fallait payer un impôt encore supérieur. Le suffrage censitaire ne disparaîtra
en France qu'en 1848, au profit du suffrage universel masculin.
Dans la plupart des autres pays occidentaux (Grande-Bretagne, Allemagne, Belgique),
Le suffrage censitaire perdurera mais, avec des allègements progressifs, jusqu'au début
du XXème siècle.
Les Etats-Unis pratiquent de leur côté jusqu'aux années 1950 une exclusion du suffrage
sur base non pécuniaire mais raciale. Les populations exclues du suffrage étaient là aussi
les plus pauvres.
Aujourd’hui, les sociétés occidentales connaissent une sorte de dynamique
oligarchique.
En France, Hervé Kempf, (journaliste et écrivain), a mis en avant dans son ouvrage :«
L’oligarchie ça suffit, vive la démocratie », la concentration croissante du pouvoir
décisionnel par une élite restreinte de dirigeants politiques, de grands chefs d'entreprises,
d'acteurs financiers, de journalistes influents. Ceci a favorisé une complicité croissante
entre les représentants politiques et les élites économiques ou financières afin de
satisfaire leurs intérêts au détriment du « bien commun ».
Aussi, parmi les exemples d'oligarchies modernes dans le monde on peut citer la Russie,
car ce sont les riches et les élites de Russie qui dirigent le gouvernement. Beaucoup de
ces oligarques ont acquis leur richesse après la chute de l'Union soviétique.
On peut également citer la Chine, vu que le contrôle politique et le gouvernement sont
entre les mains de quelques individus d'élite du Parti communiste chinois.

o République constitutionnelle :

C’est un régime politique républicain dans lequel le chef de l'Etat et d'autres


fonctionnaires sont les représentants du peuple et doivent gouverner selon un droit
constitutionnel établi qui délimite les pouvoirs du gouvernement sur l'ensemble des
citoyens. Le fait qu'une Constitution fixe les devoirs et les pouvoirs du gouvernement fait
l'état de droit. Dans une république constitutionnelle, les pouvoirs exécutifs, législatifs et
judiciaires sont séparés en trois branches distinctes. Aussi, aucune personne morale ou
physique ne peut exercer à la fois les pouvoirs exécutifs, législatifs et judiciaires.
Dans une République constitutionnelle, « aucune personne ou groupe ne peut accéder
au pouvoir absolu ».

 Troisième mode de gouvernement selon les données modernes :


La démocratie

La démocratie, qui trouve son origine à Athènes Antique a connu un réel essor dans les
sociétés contemporaines. Toutefois elle a changé de dimension, de sorte que son
organisation est devenue beaucoup plus complexe et sa notion athénienne n’a plus le
même sens aujourd’hui. Elle a subi de longue transformation. Sa vocation est devenue
universelle.

29
Dans le cadre de la cité antique elle pouvait, en effet, s’exercer directement, mais à
l’échelle des Etats modernes, ce gouvernement du peuple par lui-même n’est
évidemment plus possible et dans la gestion quotidienne des affaires publiques, un relais
du système représentatif s’impose comme une donnée incontournable.
Aussi, Il ne suffit plus de faire participer le peuple aux choix de ses délégués, il faut
également lui permettre d’influencer et de contrôler leur action afin qu’il ne soit pas
dessaisi de son pouvoir souverain, comme il a été le cas avec les démocraties populaires
durant la période de la guerre froide.
En effet, ces régimes de « démocratie populaire », sous l'impulsion de Joseph Staline, vont
être mis en place par le bloc de l’Est représentant les Etats dépendant de l’URSS. Dès
leurs premières années d'existence ils ont connu la domination d'un parti unique ou d'une
coalition unique, notamment le Parti communiste de Yougoslavie de Tito
Staline a défini la « démocratie populaire », comme une « démocratie d'un type nouveau
et amélioré, grâce à l'absence de la classe des capitalistes ».
Georgi Mikhailov Dimitrov, Secrétaire général du Parti communiste bulgare et premier
ministre de la République populaire de Bulgarie, (1945), définit la démocratie populaire
comme un « pouvoir démocratique, reposant sur la coopération des pouvoirs
politiques antifascistes avec un rôle essentiel des communistes et des forces de la
gauche », soit un système différent de la dictature du prolétariat et du pouvoir soviétique.
Aussi, en 1948 il redéfinit la démocratie populaire « État s'inspirant de la théorie
marxiste et réalisant le passage du capitalisme au socialisme ».
Les régimes politiques se présentant comme des démocraties populaires utilisent souvent
des appellations officielles comme « République démocratique », « République
populaire » ou « République socialiste ». Ces différences de nom n'impliquent pas de
divergences politiques de fond quant aux formes de gouvernement ou aux politiques
suivies par ces différents Etats.
L’appellation de démocratie populaire apparaît dans les discours officiels des
gouvernements de Cuba et du Laos. La constitution de Cuba dispose : « Les organes de
l'État se forment et développent leur activité sur la base des principes de la démocratie
socialiste (...) les masses populaires contrôlent l'activité des organes de l'État, des
députés, des délégués et des fonctionnaires ».

L’appellation de la démocratie populaire n'est plus limitée aux régimes marxiste-


léniniste (communistes). Elle est également employée dans le vocabulaire politique de
divers pays. Elle est aussi utilisée par des partis politiques sans qu’ils soient affiliés à
l'idéologie marxiste-léniniste.
Parmi les particularités de ces démocraties populaires :

o Sur le plan politique :


La position constitutionnelle d’inspiration marxiste-léniniste expose une suprématie de
partis uniques dans les organes dirigeants de l’Etat avec interdiction d’associations,
syndicats ou autres structures sociales indépendantes du pouvoir. Elle impose également
une légitimité du pouvoir allant du sommet (le Comité Central) vers la base (les autres
structures du Parti, les citoyens) Aujourd’hui les démocraties de masse supposent toute
une série de mécanismes pour que les gouvernés restent vraiment associés à
l’élaboration et aux changements d’orientation de la politique du pays.

o Sur le plan économique :


Dans ces régimes l’Etat intervient avec une stricte planification à tous les niveaux :
orientations macro-économiques, commerce international, production, distribution,
consommation.
30
o Sur le plan social :
Dans ces régimes l’Etat exerce un strict contrôle des activités culturelles, des médias et
des droits des citoyens à l’opinion, à l’expression et au déplacement. Ces aspects ont
parfois valu à ces régimes le qualificatif de « totalitaires ».

Aujourd’hui, les types de démocratie les plus courants sont directs, représentatifs,
participatifs, partiels, présidentiels et parlementaires. Raison pour laquelle il y a tant de
divisions et de subdivisions est que la façon dont une démocratie est gérée dépend
beaucoup du type de gouvernement en vigueur, que ce soit un régime présidentiel ou
une monarchie.

 Quatrième mode de gouvernement selon les données modernes :


Le Despotisme

Le despotisme s’est également diversifié et a pris des formes plus subtiles que la tyrannie
élémentaire décrites par les anciens.
Les dictatures modernes ont, en effet, emprunté aux régimes démocratiques certains de
leurs instruments, en particulier le suffrage universel, pour les détourner au profit soit d’un
pouvoir personnel, soit de la domination d’une équipe dirigeante exclusive.

V- Incidence de ces transformations des formes de


gouvernement (Régimes politiques)

Plusieurs enseignements se dégagent de cette évolution quant à la classification


moderne des régimes institutionnels :

1- La multiplication des systèmes mixtes

Dans ces systèmes l’organisation des pouvoirs résulte de la combinaison de principes


opposés, ne permet plus de diviser les modes de gouvernements en quelques grandes
catégories bien tranchées comme l’avaient proposé les anciens.
La réalité se présente en effet aujourd’hui, plutôt comme une gamme, c’est-à-dire « une
série continue de transition » entre deux types contraires qu’on rencontre rarement à
l’état pur.

2- Opposition de deux familles de régimes fondamentalement différents

L’organisation des pouvoirs résultant de la combinaison de principes opposés n’interdit


pas de chercher à définir ces modèles dont se rapprochent plus au moins les régimes
existants. Il y a même un grand intérêt à en dégager le principe essentiel, car on peut
ensuite découvrir plus facilement le caractère dominant des systèmes composites et les
classer en conséquence. C’est la méthode des types idéaux (Hans Kelsen) qui conduit
à opposer deux familles de régimes fondamentalement différents :

o Celles des démocraties où les gouvernés participent à l’élaboration des


règles de droit qui leur sont appliquées.

o Celles des autocraties dans lesquelles l’ordre juridique est créé par un seul
individu ou un groupe exclusif et en dehors de ceux qui auront à s’y
soumettre.

31
o Le rôle joué par le facteur idéologique dans la formation et le
fonctionnement des systèmes politiques au niveau de leurs instituions et leurs
techniques.

Ainsi le conflit entre Est et Ouest consistait au fond dans l’opposition idéologique de deux
systèmes politiques généralement dénommés démocratie constitutionnelle et
despotisme totalitaire communiste ou fasciste. Mais il est à souligner que malgré la
différence dans leur contenu idéologique et leur organisation institutionnelle ces deux
systèmes, dans une large mesure utilisent de part et autre des institutions et des
techniques politiques identiques : (Constitutions, élections, parlements cours de justice,
partis politiques, procédures administratives).
Ainsi, on peut dire que dans le fonctionnement du pouvoir politique et social les
idéologies constituent la force motrice tandis que les institutions et les techniques ou
procédures forment l’appareil ou le mécanisme à travers lequel l’idéologie engendre la
réalité d’action politique et sociale.

II faut donc distinguer nettement les idéologies des institutions. Tandis que les idéologies
constituent des modèles de conduite, les institutions servent de cadre et de mécanismes
nécessaires à une organisation rationnelle et un fonctionnement régulier de la vie
sociale. Elles sont les organismes par lesquels s’accomplissent les fonctions sociales et
politiques de l’Etat et qui mettent en œuvre le processus du contrôle social et du pouvoir
politique.
A ce titre on doit ranger sous le vocable institutions tous les éléments de l’appareil
étatique :
o Les organismes gouvernementaux au sens large du terme,
o Les parlements,
o Les tribunaux,
o Administration publique,
o Appareil militaire,
o Les partis politiques,
o On peut inclure également des organismes non constitutionnels tels que les forces
de pression.

SECTION V-LA PRATIQUE DECOULANT DE LA FORME


INSTITUTIONNELLE DE L’ETAT
Dans le monde actuel, pour caractériser un système gouvernemental, les seules
données juridiques, malgré leur importance, ne suffisent plus. Cela revient à deux
raisons :
 Premièrement le nombre des constitutions de façade, (volontairement
inappliquées) s’est multiplié.

 Deuxièmement le fonctionnement des institutions même respectées reste


fortement influencé par les structures politiques, économiques et sociales de
chaque Etat.

I-Les éléments extra-juridiques


32
1- Les forces politiques ou les groupes de pression
L'expression « force politique » employée au singulier, renvoie à la gestion
humaine d'un Etat, à des enjeux du pouvoir et des rapports de forces dans
l'espace public. Une « force politique » est donc un ensemble de personnes
regroupées au sein d'une même action politique, impliquées dans des projets et
des stratégies similaires.
Parmi ces forces politiques les plus influentes on trouve :
o Les partis politiques ;
o Les partenaires sociaux ;
o Le consensus social.

a) Les partis politiques en tant que force politique


Les partis politiques forment une force politique influençant la marche des pouvoirs
publics dans la mesure où ils constituent les premiers relais entre l’appareil de l’Etat et les
électeurs. Ils sont un des principaux acteurs de la compétition politique. Toutefois leur
configuration varie d’un pays à l’autre en tenant compte des mentalités, des traditions
culturelles et d’autres particularités nationales.

Premièrement : Le rôle des partis dans les grandes nations libérales

Ici, les partis ont une véritable compétition politique selon le régime électorale des Etats.
 Premier cas : En Royaume-Uni et Etats-Unis l’opinion se regroupe autour de deux forces
politiques principales qui se disputent le pouvoir et l’exercent alternativement.
En Royaume-Uni : le Parti conservateur (Conservative Party) de droite à centre-
droite, conservateur et le Parti travailliste (Labour Party), de centre-gauche à
gauche, traditionnellement syndicaliste et social-démocrate.
Aux Etats-Unis : Parti Républicain (Republican Party qui représente le libéralisme
classique et le conservatisme fiscal et social : Centre droit/ Droite (Ronald Reagan
Donald Trump) et Parti Démocrate qui représente le libéralisme moderne, Centre
à Centre gauche (Bill Clinton, Obama, Joe Biden).

 Deuxième cas : En France et en Italie par contre souvent l’opinion se disperse entre
plusieurs formations politiques amenées de ce fait à se coaliser pour gouverner.

Ces deux situations ont de réels impacts sur le fonctionnement des institutions politiques,
à savoir dans le premier cas, les électeurs sont en mesure de choisir le chef réel de l’exécutif,
alors que dans le second cas, sauf élection présidentielle, cette désignation revient aux
états-majors des partis.

Deuxièmement : Le rôle des partis dans les pays émergeants

Dans ces pays, il n’y a pas une véritable compétition politique ce qui explique leur
système institutionnel et ses déformations :
 Soit qu’aucune opposition crédible ne puisse se constituer face à un parti
dominant soutenu par des dirigeants en place comme c’est le cas dans la plupart
des Etats africains. Exemples : Egypte, le Gabon…
 Soit qu’un multipartisme désordonné et changeant ne parvienne pas à régulariser
la dévolution du pouvoir, comme le cas de certains pays en Amérique latine qui
33
ont connu l’émergence de divers régimes autoritaires, oligarchiques, populistes
et militaires. Malgré l’effondrement de ces régimes autoritaires , à l’exception
du Chili, les pays latino-américains n’ont pas réussi à construire des institutions
politiques assez fortes.

Troisièmement : Le rôle des partis dans les pays prédominés par un


parti unique

Dans ces pays il arrive que les autorités prévues par la Constitution soient de pures fictions et que
le siège du pouvoir se situe dans les organes dirigeants du parti unique.Comme le cas en Russie
et en Algérie où le FLN a été le parti unique au pouvoir, seulement avec les événements
d'octobre 1988, une réforme constitutionnelle en 1989 a ouvert le système politique vers le
multipartisme.

b) Les partenaires sociaux

 Les syndicats de salariés et les organisations patronales.


 Les représentants de la société civile : Associations et ONG

Les syndicats de salariés et les organisations patronales

Hormis les partis politiques se trouve d’autres forces organisées ayant une emprise sur les
institutions et leur fonctionnement et qui interagissent dans leur action. Il s’agit de tous les
corps intermédiaires et groupements d’intérêt qui encadrent les citoyens dans leurs
activités professionnelles et soutiennent leurs revendications auprès des pouvoirs publics. Ce
sont d'une part, les syndicats de salariés qui défendent les intérêts du monde de travail,
et d’autre part, les organisations patronales représentant les employeurs.

Les partenaires sociaux négocient et signent des accords ou peuvent être consultés par
le gouvernement dans les domaines du droit du travail (conditions de travail, formation,
etc.), du chômage ou de la retraite. Ils peuvent prendre des décisions de façon autonome,
mais les pouvoirs publics peuvent aussi prendre part au processus de décision. Par exemple
le gouvernement fixe le montant du Smic après avoir consulté les partenaires sociaux.
Le rôle des partenaires sociaux s’est beaucoup accru depuis que l’Etat est devenu
le grand distributeur de services et d’avantages sociaux. Ainsi, dans la plupart des pays du
monde, les politiques sociales connaissent depuis deux décennies des évolutions
importantes.

Les représentants de la société civile : Associations et ONG

Parmi les partenaires sociaux on trouve également les représentants de la société civile
comme les associations et les Organisations Non Gouvernementales (ONG). Ces organismes
et groupements sont nombreux, vu qu’ils pourraient englober tout ce qui n’est pas pouvoirs
publics ou militaires ou partis politiques.
De nos jours, l’action associative, sociale et humanitaire passe souvent par
l’intermédiaire des ONG locales, nationales ou internationales. Ces ONG contribuent à
remplir le vide créé par l’absence ou la faiblesse de l’intervention de l’Etat dans certains
domaines. Toutefois, comme pour les partis politiques, cette société civile joue un rôle
plus influent que d’autres, selon les pays et leurs régimes politiques.

34
Premièrement : Le rôle des partenaires sociaux dans les pays du Nord

Le contexte de mondialisation économique, et d’intégration communautaire pour les


pays de l’UE, a remis en question les politiques sociales nationales développées durant la
période de l’après-guerre : réforme des retraites, de l’assurance maladie et des régimes
d’indemnisation du chômage, réorientation des politiques de l’emploi.
Aussi, les partenaires sociaux jouent un rôle prépondérant dans la gouvernance socio-
économique de ces pays. Notamment face à la crise de la Covid, le bon
fonctionnement du dialogue social, à tous les niveaux s’est avéré être une force pour
l’Europe. La culture de dialogue social dans ces pays leur a permis de trouver des
solutions rapides et adaptées pour maintenir l’activité économique, tout en aidant les
entreprises et les salariés à survivre à la réduction d’activité engendrée par la crise.

Deuxièmement le rôle des partenaires sociaux dans les pays du Sud ou


émergents

Le rôle et l’influence des partenaires sociaux dans ces pays est assez faible vu leur
système politique, souvent instable et autoritaire et où le pouvoir s’exerce le plus souvent
par une caste militaire. Alors que ces pays doivent faire face au défi de l’amélioration
de l’efficacité de leurs systèmes de protection sociale, notamment en matière de
réduction de la pauvreté.

c) Le consensus social et ses enjeux

Le consensus social est un accord et consentement du plus grand nombre, de l’opinion


publique. Mais ces forces nouvelles avec lesquelles désormais les pouvoirs publics sont
bien obligés de compter ne perturbent pas de la même façon le jeu des institutions
selon qu’elles contestent ou non les bases de la société. Ces forces nouvelles jouent un
rôle plutôt régulateur.

2- L’influence des structures économiques dans le


fonctionnement des régimes politiques
Les structures économiques ont aussi leur part dans la physionomie des régimes politiques
même qu’Il n’existe pas de relation absolue entre les systèmes de propriété des moyens
de production et les formes de gouvernements.
Dans une économie libérale la dispersion des centres de décision entre demultiples firmes
privées favorisent le pluralisme là où dans une économie collectiviste l’appropriation
publique de toutes les entreprises incite à la concentration des pouvoirs. Toutefois, il ne
manque pas de régimes autoritaires coexistant avec une structure purement capitaliste
et parfois même établis en réaction contre un glissement vers le socialisme, comme le cas des
dictatures sud-américaines.
On observe en revanche une correspondance plus générale entre le niveau de
développement économique et la nature du régime politique :
o Dans les nations riches et hautement industrialisées de l’occident, les
démocraties pluralistes se sont épanouies.
o Alors que dans les pays les plus pauvres ou économiquement les plus en retard, le
pouvoir personnel et militaires se sont répandus.

35
En conclusion, si le XXème siècle reste marqué par le totalitarisme, (nazisme et le fascisme),
il connaitra toutefois, dans les dernières décennies la chute de nombreux régimes
autoritaires et la victoire presque généralisée de la démocratie (1989 la chute du Mur
de Berlin et 1991 la chute de l’URSS). Le XXème siècle ne peut se vanter d’avoir inventé
cette forme de gouvernance qui trouve ses racines dans la Grèce antique, ni les
principes libéraux sur lesquels elle s’appuie (théorisés au XIXème siècle), mais, il est celui
qui aura fait triompher ces doctrines.
Certes, tous les Etats ne sont pas démocratiques, mais la quasi-totalité des dirigeants se
déclarent légitimement auprès de leurs concitoyens.

PARTIE II-
FORMES ET MODALITES DE GESTION ETATIQUE

CHAPITRE I- LES FORMES ETATIQUES

SECTION I- L’ETAT-PROVIDENCE

L’Etat-providence est un système fondé sur la solidarité entre les différentes classes sociales
et la recherche de la justice sociale et dans lequel on accorde un rôle plus important à
l’Etat dans les domaines économiques et sociaux afin d’établir cette solidarité et de
gérer les risques liés à la vie en société, comme la maladie, la pauvreté, la vieillesse,
l'emploi, la famille.
Historiquement, l’Etat-providence a été créé dans une situation de crise et son
développement provenait de la nécessité de répondre aux besoins de la population
dans un contexte de changement historique important, notamment lors de la révolution
industrielle. Celle-ci connaissait des effets destructifs détruisant les modes de production
de la société qui se fondait sur la famille, l’Eglise et les coopérations.
Toujours, dans une perspective historique on distingue trois modèles importants de l’Etat-
providence.

I- Etat-providence selon le modèle bismarckien

Le modèle bismarckien voit le jour en Allemagne avec le Chancelier Otto Von Bismarck
(1815-1898) qui a mis en place un système d’assurance sociale(accident de travail, maladie
et vieillesse) pour les démunies et les travailleurs. Ce système avait pour objectif d’éviter la
propagation des idées révolutionnaire dans la classe ouvrière et de faire face à la
montée du socialisme. Socialisme pour lequel le Chancelier Bismarck s’opposait
farouchement.
Le modèle bismarckien donne un nouveau rôle à l’Etat. Ce modèle se répand sur toute
l’Europe de 1870 à 1935.

II- Etat-providence selon le modèle beveridgien

Ce modèle prendra forme au début des années 1930 après la grande crise de1929, mais
36
ce n’est que suite à la seconde guerre mondiale qu’il se concrétisera. Le modèle nait en
1942 en Angleterre avec le rapport du Lord William Beveridge (1879-1963). Celui-ci
développe la notion de l’état de bien- être et vient de proposer l’idée de la protection
universelle pour tous les citoyens, financée par l’impôt et pas seulement pour les
démunies et les travailleurs.
Le modèle beveridgien s'est développé au Royaume-Uni, aux Etats-Unis et dans les pays
scandinaves afin d'éviter l'implosion du capitalisme, par l'instauration d'un système de
redistribution des richesses vers les plus pauvres.

III- Etat-providence selon le modèle français de 1945

La mise en place, en France, d’un Etat-providence s’est concrétisée par la création d’un
système de sécurité sociale centralisé, généralisé et global. CeModèle a été initié par le
juriste Pierre Laroque (1907-1997).
Le modèle français est une combinaison des deux précédents (Ordonnances du 4 et du
19 octobre 1945).
Le système français de protection sociale conjugue aujourd'hui les dimensions d’assistance
et d’assurance sociales, afin de garantir contre les "risques" vieillesse, maladie, chômage
et famille.
Les Etats-providence et les économies occidentales ont fonctionné ensemble jusqu’à la
crise économique que connaitra l’Europe occidentale à la fin des années 1970. On
passera alors d’une situation d’acceptation de l’Etat-providence, comme condition
nécessaire et facilitatrice au développement économique, à une contestation car le
chômage empêchait les rentrées de cotisations et remettait en cause le financement
de la structure de l’assurance sociale.
Toutefois avec la crise sanitaire et économique qu’a connu le monde ces trois dernières
années ce système va connaitre un nouveau souffle

SECTION II- L’ETAT INTERVENTIONNISTE


L’Etat interventionniste peut prendre deux formes : l'interventionnisme politique et
l'interventionnisme économique.

I- L'interventionnisme politique
L'interventionnisme politique est la tendance d'un Etat à intervenir politiquement ou
militairement dans les affaires d'un autre Etat.
Exemple : L’interventionnisme des Etats-Unis en Amérique du Sud.
Dans le domaine international, l'interventionnisme est la théorie selon laquelle des Etats tiers
ou des organisations internationales, ONU par exemple, doivent intervenir militairement dans
des conflits entre deux Etats ou au sein d'un même Etat.

II- L'interventionnisme économique


En économie, l'interventionnisme est une politique préconisant l'intervention des pouvoirs
publics dans la vie économique d'un pays. Le niveau d'interventionnisme économique
d'un Etat se mesure par son niveau de dépenses publiques (en % du PIB) et la quantité
de régulations économiques qu'il a mis en place.
L'interventionnisme économique conduit les pouvoirs publics à participer à l’économie

37
de l’Etat et imposer leurs règles chaque fois que cela leur paraît nécessaire pour protéger
les intérêts des citoyens ou développer des secteurs d'activité qu'ils considèrent comme
stratégiques ou prioritaires. L'interventionnisme économique peut prendre plusieurs formes :
o État-Providence avec la redistribution des richesses et des revenus ;
o Politique industrielle ;
o Aide à l'investissement ou à la création d'entreprises ;
o Protectionnisme défensif « barrières à l'importation » ou offensif « subventions
à l'exportation ».

SECTION III- L'ETAT GENDARME

L’Etat gendarme désigne une forme de l’Etat qui a été longtemps en vigueur dans le Monde.
Il désigne une forme de l'Etat qui limite ses interventions aux fonctions régaliennes.
Pour Max Weber (1864-1920), l'Etat revendique le « monopole de la violence légitime ».
Ses prérogatives fondamentales sont celles où l'usage de la violence est présenté
comme justifié. Dans la pratique, cela veut dire que, pour Max Weber, l’Etat limite ses actions
seulement aux domaines où la violence est justifiée. Cette violence serait justifiée dans
les trois domaines suivants :
o L’armée et la diplomatie (pour la défense du territoire) ;
o La police (pour le maintien de l’ordre) ;
o La justice.
Pour les libéraux classiques l’action de l’Etat doit se limiter à ces trois domaines de
compétences. Cependant avec les problèmes engendrés par le capitalisme aveugle ,
notamment la crise financière, l’Etat a dû se réinventer et se transformer en Etat-
providence. La même chose s’est produite avec la crise sanitaire.

CHAPITRE II- LES FORMES JURIDIQUES ET LES MODALITES DE


GESTION ETATIQUE

SECTION I- L'ETAT UNITAIRE

L’Etat unitaire c’est un Etat dans lequel il existe un seul centre de pouvoir, c'est à dire l’unité
du pouvoir de décision. Il se caractérise par la simplicité de sa structure incarnée dans un
seul gouvernement pour tous les citoyens et que les règles de droit sont édictées par un
seul Parlement. Du point de vue juridique, il n'existe qu'uneseule personne morale de droit
public : l'Etat avec un seul chef d’Etat et une seule constitution.
Cette forme juridique d’Etat est la plus répandue dans le monde. En France par exemple
l’article 1er de la Constitution parle d’une République indivisible.
Cependant il existe des différences entre les Etats unitaires selon qu’ils sont centralisés ou
décentralisés. Les différentes relations qui s’exercent entre l’Etat et les collectivités territoriales
déterminent, selon leur degré de rapprochement, la forme juridique d’un Etat, en fonction
des compétences attribuées aux collectivités et de la nature des contrôles effectués par le
pouvoir central.

I- L’Etat unitaire concentré


Ce type d’Etat est en réalité irréalisable, à l’exception dans de micros Etats. En effet, les
collectivités n’y détiennent aucun pouvoir et les agents sont directement nommés par le
38
gouvernement central. Il n’y existe donc aucun relais susceptible d’assurer une bonne
administration en périphérie.

II- L'Etat unitaire centralisé


La plupart des Etats unitaires sont fortement centralisés. La caractéristique principale de
cette forme de l’Etat, est que l’Etat assure et garantit à tous les citoyens une loi identique sur
l'ensemble du territoire par la centralisation du pouvoir en un seul échelon. Aussi, l’autonomie
des collectivités territoriales est très réduite. L’administration d’un Etat centralisé implique
que toutes les décisions (politiques et administratives) relèvent du pouvoir central et
uniquement de lui. L’Etat français par exemple a longtemps été un Etat unitaire centralisé
jusqu'au mouvement de décentralisation engagé depuis 1982.

L’Etat unitaire dispose de deux moyens pour remédier à une centralisation poussée à
l’excès :
III- L’Etat unitaire déconcentré
Cette forme correspond à la volonté de l’Etat de rapprocher la prise de décision des
réalités locales, tout en conservant le contrôle sur le décideur qui reste un représentant de
l’Etat central. Dans ce type d'Etat, l’autorité centrale dispose d’un grand pouvoir sur le
territoire national. Le transfert de compétences administratives du pouvoir central à
l’échelle locale ici, est vers des agents nommé par le pouvoir central lui-même et qui lui
sont strictement soumis et non pas à des conseils locaux élus par les citoyens.
La déconcentration correspond donc à un découpage du territoire en circonscriptions
administratives où sont nommés, les représentants de l'Etat, par exemple « préfets » en France,
« Walis et gouverneurs » au Maroc, qui disposent de compétences et de pouvoirs au nom
de l'Etat.
Ainsi, le pouvoir est en partie délégué aux autorités déconcentrées, qui sont des relais
périphériques destinés à faire appliquer les grandes orientations politiques aux instances
hiérarchiquement inférieures.
Dans cette forme d’Etat, les autres autorités déconcentrées ne peuvent aller au-delà
des attributions octroyées par les instances centrales et de leur territoire d'application.
La mise en place d’autorités déconcentrées permet à l'Etat d'être plus efficace à l’échelon
local. Il est en effet plus aisé d’agir directement au sein d’une localité que d’œuvrer au
seul niveau de l’Etat sans être en lien direct avec les problèmes locaux.

IV-L ’Etat unitaire décentralisé

La décentralisation est la reconnaissance par l’Etat unitaire de l’autonomie de certaines


collectivités (communes et départements) qui disposent de compétences propres pour
la gestion des intérêts locaux. Il s’agit de mettre en place une administration de proximité.
Ces collectivités disposent d’une réelle autonomie : elles bénéficient d’un pouvoir
normatif, mais non constituant, et de larges compétences : principe de libre-administration.
Exemple : Par un long processus de décentralisation, le Maroc, qui était un Etat unitaire très
centralisé, est aujourd’hui déconcentré et va vers une décentralisation. (La régionalisation
avancée). Cette démultiplication des tâches n’affecte pas l’unité de l’Etat dans la mesure
où ces collectivités locales :
 Demeurent sous la tutelle des autorités centrales ;
 Voient leurs compétences définies sans garantie de durée par le législateur
ordinaire.
39
La décentralisation et la déconcentration s’opposent mais peuvent très bien coexister.

Dans ce type d’Etat unitaire, on se trouve souvent dans une situation limite : l’Etat régional
ou autonome.
Des pays comme la France et la Grande Bretagne dont l’unification remonte à loin sont
structurés sur ce mode d’une centralisation atténuée par l’existence de collectivité
territoriale d’autant moins dangereuse pour la cohésion nationale qu’elles sont plus
nombreuses.
Mais on trouve aussi les Etats où la survivance des particularismes provinciaux à créer des
collectivités plus autonomes et dotées dans leurs ressort d’un véritable pouvoir législatif et
financier. C’est le cas de :

o L’Italie qui comprend, outre six régions à statut spécial dont la Sicile et laSardaigne,
quinze régions à statut ordinaire qui n’ont été mises en place qu’après l’adoption
de la loi du 16 mai 1970, mais possèdent des attributions législatives et des
ressources financières non négligeables. Selon une réforme adoptée par le Parlement
italien le 16 novembre 2005, l'Italie se dirigerait vers un Etat fédéral car un pouvoir
exclusif serait donné aux régions en matière de santé, d'éducation et de police
locale.

o La Belgique qui depuis les réformes constitutionnelles de 1970, 1980, 1989, 1993 est
divisée :
 En deux communautés : l’une flamande, l’autre française dotées de conseils
compétents dans des matières comme la culture, la langue, la formation scolaire
 Et trois Régions : Flandre, Wallonie et Bruxelles-Capitale auxquelles l’Etat a
délégué certaines de ces compétences en matière de logement et
d’urbanisme, de travaux publics et d’aménagement portuaire, de politique
économique.
Entre 1970 et 1993, le pays a évolué vers une structure fédérale. Aujourd’hui, le
pouvoir de décision n'appartient plus exclusivement au Gouvernement fédéral
et au Parlement fédéral. L'administration du pays est maintenant assurée par
diverses instances qui exercent de manière autonome leurs compétences.
L'article premier de la Constitution belge déclare : « La Belgique est un État
fédéral qui se compose des communautés et des régions ».

o L’Espagne : La Constitution de 1978 reconnaît le droit à l’autonomie des nationalités


et régions et attribue aux communautés qui le demandent un pouvoir d’auto-
organisation et une gamme de compétences assez large dans des matières non
réservées exclusivement à l’Etat qui a délégué une partie de ses pouvoirs à des
gouvernements locaux.
L’Espagne est aujourd’hui un royaume réparti en 17 régions, appelées
communautés autonomes, dotées de véritables petits parlements. Ce sont des
sortes d’Etats qui disposent d’une certaine indépendance. Ces Régions sont à
leur tour composées d’une ou plusieurs provinces. Ici la décentralisation est
poussée à l’extrême. L'Espagne n'est donc pas un État unitaire comme la France
ou le Maroc mais un État « semi-fédéral ». La principale différence entre un État
fédéré et l'État espagnol réside notamment dans le fait que les communautés
autonomes ne disposent pas de l'indépendance judicaire.
Il est à noter qu’on reste dans le cadre d’un Etat unitaire tant que les collectivités
décentralisées ne sont pas associées sur un pied d’égalité à l’élaboration des
décisions nationales comme le sont les Etats membres d’une fédération.
40
SECTION II- L’ETAT FEDERAL : ETATS COMPOSES

Un Etat fédéral est un Etat souverain, composé de plusieurs entités autonomes dotées
de leur propre gouvernement, nommées Etats fédérés. Le statut de ces entités est
généralement garanti par la constitution.

La forme de gouvernement de l'Etat fédéral, ou sa structure constitutionnelle, est nommée


fédéralisme. C'est un ensemble d'Etats qui se sont unis et qui ont une certaine autonomie
tout en reconnaissant une autorité supérieure commune. Il peut être considéré comme
l'opposé de l'Etat unitaire. Le premier système fédéral est né aux Etats-Unis. Il est aujourd’hui
appliqué en Allemagne, la Russie, la Suisse, la Belgique, l'Inde, le Brésil, l'Australie, etc.

Les Etats fédérés disposent d’attributions administratives et juridictionnelles. Ils ont leurs propres
lois et leur propre constitution, cependant participent à l'exercice de l'Etat fédéral
(législation, participation au pouvoir exécutif, etc). Aussi, ils ne disposent pas du droit de
sécession et leur liberté constitutionnelle et législative est limitée car leurs lois et
Constitutions doivent respecter la constitution de l’Etat fédéral.

l'Etat fédéral et l'Etat fédéré se partagent les compétences sur le territoire et la


population qu'ils gouvernent conjointement. Toutefois, il peut parfois exister des
compétences concurrentes avec des domaines où sont compétents à la fois l'Etat
fédéral et les entités fédérées. En général, l'Etat fédéral est prioritaire sur ces questions et
les Etats fédérées ne pourront intervenir que si celui-ci s'est abstenu. La politique
internationale est le ressort exclusif de l'Etat fédéral.
Ce partage du pouvoir politique de l’Etat fédéral avec les Etat fédérés existe dans de
nombreuses régions du Monde, sous des appellations différentes : Cantons en Suisse, Etats aux
Etats-Unis, Régions en Belgique, Provinces au Canada, Land en Allemagne.

CHAPITRE III- AMENAGEMENT DE L’APPAREIL D’ETAT ET DISTRIBUTION


TERRITORIALE DU POUVOIR DANS LES REGIMES
DEMOCRATIQUES

Dans les régimes démocratiques, les citoyens expriment et font connaître leur
volonté, les gouvernants transforment ces aspirations en actes. Ainsi, la
démocratie suppose une organisation qui soit à la fois :
o Réceptive pour enregistrer les mutations de l’opinion et en faire une synthèse ;
o Efficace pour faire passer rapidement dans la réalité les aspirations du
gouvernés.
De ce fait, pour répondre à sa finalité démocratique, le pouvoir doit être en même
temps :
o Ouvert sur la société : c’est essentiellement la vocation du Parlement ;
o Capable par sa puissance propre et son dynamisme d’imposer à cette
société des règles et une ligne de conduite : c’est le rôle du
gouvernement.
Agencement relativement complexe et qui soulève une série de questions :
o Qui conçoit cet agencement et l’impose ?
o Ensuite quels éléments comporte-t-il ?
41
o Enfin comment ces rouages s’articulent entre eux ?

SECTION I- AMENAGEMENT REGI PAR LE PRINCIPE DE :


LA PROTECTION CONTRE L’ARBITRAIRE et
LA SEPARATION DES POUVOIRS

I- La gestion rationnelle du pouvoir : La constitution

La constitution est la loi fondamentale d'un Etat qui définit les droits et les libertés des
citoyens ainsi que l'organisation et la séparation des pouvoirs. Elle précise le
fonctionnement des différentes institutions qui composent l'Etat : Conseil constitutionnel,
Parlement, Gouvernement, Administration.
La constitution peut être écrite ou coutumière dite coutume constitutionnelle, comme elle
peut être souple ou rigide.

La constitution écrite
Dans cette forme de constitution les règles relatives au gouvernement de l’Etat sont
rassemblées dans un document solennel. Parmi les avantages de la constitution écrite :
 La clarté liée à la précision du texte ;
 La constitution écrite garantie les droits individuels et les mis à l’abri des
empiétements de la puissance publique ;
 La constitution écrite ne pourra être révisée que par un organe destiné pour cette
fonction et par une procédure définie pour l’effectuer.

Les constitutions écrites, ont souvent permis à leurs initiateurs de décrire la nature, le
fonctionnement du régime politique et la légitimité du pouvoir politique. Cela dépend
des périodes, des idéologies, du degré de description qu'on veut donner à ce document
solennel. Ce qui explique une grande variété de constitutions selon leur portée.

o Certaines constitutions répondent à leur finalité première et ce en encadrant


l’activité de la puissance publique et en soumettant la compétition politique à
une règle du jeu suivant de procédures de désignation et des mécanismes de
prises de décisions.
Ici, la première fonction de la constitution est de :
- Fixer le statut des gouvernants, c’est-à-dire : déterminer les autorités investies
de la puissance publique et la manière dont elles seront désignées et
renouvelées ;
- Procéder à la répartition des compétences entre elles ;
- Préciser les formes et les mécanismes selon lesquels seront prises les décisions
applicables à tous les administrés.

C’est donc un cadre, une procédure qu’impose aux gouvernants la constitution et non
une ligne de conduite déterminée.

o D’autres constitutions expriment plus une philosophie. Elles comprennent, en effet


un exposé préalable des droits fondamentaux (Allemagne, Portugal) ou des droits
ou des devoirs des citoyens. (Italie, Japons).
42
La déclaration des droits : cette pratique, qui consiste à proclamer un certain
nombre de droits fondamentaux garantis aux individus, remonte à la fin du XVIII è
siècle.

Constitution coutumière (coutume constitutionnelle)


Dans cette forme de constitution, l’organisation et le fonctionnement des pouvoirs
publics résultent de pratiques, de traditions consacrées par l’usage et considérées
comme ayant force juridique. Cas du Royaume-Uni qui fait une exception.

Constitution souple

Une constitution est dite « souple » lorsque sa révision peut être opérée par une loi
ordinaire. Ainsi une loi postérieure modifie une loi antérieure. Aussi, il n'y a pas de contrôle de
constitutionnalité.

Constitution rigide

Une constitution est dite rigide lorsque sa révision ne peut être réalisée par une loi
ordinaire « qui n'est pas votée dans les conditions exigées pour réviser la Constitution ».
Par conséquent la Constitution rigide a une valeur juridique supérieure à celle des lois
ordinaires. Il correspond à ce modèle :
 La Constitution des Etats-Unis d’Amérique du 17 septembre 1787.
 Les Constitutions françaises du 3 septembre 1791, 22 août 1795. La Constitution
française de 1791 est la première Constitution écrite en Europe.
 La plupart des Constitutions que se sont données les démocraties modernes.

1- Elaboration d’une nouvelle constitution


Un pays se donne une constitution nouvelle suite d’un bouleversement important :
 Soit d’ordre international : apparition de nouveaux Etats,
 Soit d’ordre interne : révolution faisant table rase de l’ordre juridique existant.

Citons comme exemples quelques causes pour l’élaboration des constitutions :

 L'indépendance américaine et la révolution française qui ont donné naissance aux


grandes idées : l'affirmation des libertés individuelles garantie par la modération du
pouvoir, obtenue par la séparation de ses branches : l’élaboration les textes
fondateurs de la « déclaration des droits » et les premières constitutions.

 Les révolutions libérales de 1830 et 1848 en France et en Europe : Une époque qui
a connu l’apparition du régime parlementaire et l'affirmation du rôle du parlement
et le triomphe du principe démocratique « affirmation du suffrage universel ».

 La première guerre mondiale : Parmi ses effets un bouleversement des Etats avec
une nouvelle carte politique, par exemple l'effondrement des empires centraux
donnant naissance à la république de Weimar en Allemagne et puis une série de
régimes parlementaires en Europe centrale « Autriche, Pologne, Tchécoslovaquie
», avec un regard plus moderne et l'apparition du parlementarisme
rationalisé.
43
 La révolution russe de 1917 qui a donné des présupposés idéologiques très
différents de l'idéologie libérale sur laquelle fonctionne le reste de l'Europe.

 La seconde guerre mondiale : Là aussi, une carte politique nouvelle, des régimes
emportés par la guerre et la défaite :
- Les pays où se manifeste l'effondrement des régimes fascistes et qui
reviennent à un parlementarisme classique (Italie et Allemagne).
- La France de la 4ème République qui ressemble à la 3ème République.
- Le Japon qui opte pour un régime parlementaire.
- Les pays avec une prise de pouvoir des partis communistes, (construction sur
le modèle communiste).

 Le grand mouvement de décolonisation : les Etats nouveaux nés dans les années
1960, et notamment en Afrique. Là on importe surtout les Constitutions des anciens
empires colonisateurs.

 La disparition des dictatures issues de la seconde guerre mondiale :


- D'abord les dictatures d'extrême droite du Portugal, d'Espagne, de
l’Allemagne qui rejoignent le modèle de la démocratie libérale avec des
constitutions qui tiennent compte des expériences passées.
- L’effondrement des régimes communistes en Europe de l'Est et en Europe
Centrale.
- Les difficultés économiques en l'URSS dans les 1980, ont engendré un
changement institutionnel voulu par Gorbatchev en 1989/1990.

a) Les modalités démocratiques pour l’élaboration de la constitution

Pour l’élaboration de la Constitution, on se tourne vers le peuple qui est appelé à jeter les
bases d’un édifice institutionnel nouveau en exerçant ce que on appelle le pouvoir
constituant originaire. Il existe trois procédés qui consistent à associer le peuple à
l’établissement de la Constitution :

 Le premier procédé :
Le peuple est sollicité pour donner son avis sur un texte rédigé à l’avance. C’est le
procédé du plébiscite constituant.
Dans cette modalité, la participation des citoyens est assez illusoire, d’abord le
peuple est tenu à l’écart de l’élaboration même de la constitution. Ensuite son
vote est quasiment forcé dans la mesure où il ne lui est pas laissé d’autre choix
que d’approuver en bloc ou de prendre le risque d’un vide constitutionnel
prolongé.

 Le second procédé :
Il est demandé au peuple d’élire une assemblée constituante pour élaborer la
Constitution. C’est le système de la convention.
Une assemblée constituante prend la forme d'une assemblée de représentants
d'un pays qui a pour mission de rédiger ou d'adopter une constitution ou une
modification de celle-ci.
Dans le cas où l'assemblée constituante n'est chargée que de la rédaction d'un
projet, celui-ci est entériné par le détenteur du pouvoir ou par référendum.
Suivant les circonstances, les membres de cette assemblée peuvent avoir
44
d'autres fonctions institutionnelles ou avoir été désignés expressément pour cette
mission.
L’assemblée constituante peut aussi être auto-proclamée, notamment lors
d'une crise, guerre civile, coup d'Etat, invasion. Elle peut aussi détenir ses pouvoirs en
vertu de la précédente constitution, dans ce cas, on parle plutôt de révision
constitutionnelle.

 Le troisième procédé :
Il résulte d’une combinaison des deux techniques. C’est la formule du référendum
constituant. Ce système s’efforce de combiner :
 Le système d’élaboration du projet constitutionnel par une assemblée élue ;
 Et la consultation directe du peuple qui intervient en finale pour ratifier l’œuvre
accomplie par les représentants de la Nation.
Ce troisième procédé est le moyen le plus démocratique car il permet au
peuple de :
- Participer par l’intermédiaire de ses représentants à l’élaboration de la
constitution ;
- Et de se prononcer ensuite en connaissance de cause grâce aux débats
publics de l’assemblée, sur le projet qui lui est soumis endernier ressort.

b) Les modalités non démocratiques d’élaboration de la constitution


La constitution est établie par le souverain ou par le chef d'Etat. En l'établissant lui-même, il
consent à réglementer l'exercice de son pouvoir. Cette modalité peut prendre deux
procédures :
o La procédure de l'octroi
C’est le cas où le souverain établit lui-même la constitution qu'il accorde au peuple.

o La procédure du plébiscite
Le peuple ici n'exerce la souveraineté qu'en apparence. On va lui demander de
valider le coup d’état ou d'approuver telle ou telle réforme constitutionnelle.

2- La révision de la constitution : Conditions et procédures


La révision de la constitution ne veut pas dire la remise en cause du système politique. Les
révisions constitutionnelles ou amendements de la constitution sont surtout destinés à
corriger les lacunes et les imperfections techniques que peut révéler quelques articles,
paragraphes, alinéas contenus dans la constitution, en vue de réajuster son contenu et
d’adapter cette dernière aux réalités politiques et socio-économiques du pays, tout en
respectant une procédure particulière. Exemples : La constitution française de 1958 et
la constitution belge de 1994 lors du passage de la Belgique de l’Etat unitaire à un Etat
fédéral.

a) Condition pour la révision de la constitution

o En France
En France, la procédure de révision de la constitution de 1958 est prévue par la constitution
elle-même en son article 89. Dernière modification est celle du 1 juillet 2020.

45
L’initiative de la révision revient :
 Soit au Président de la République sur proposition du Premier ministre : Il s’agit
ici de projet de révision.
 Soit aux membres du Parlement : il s’agit dans ce cas d’une proposition
de révision.
Dans les deux cas de la révision de la constitution :
 Le texte de la révision doit être voté par l’Assemblée nationale et par le
Sénat.
 La révision doit ensuite être obligatoirement approuvée par référendum
lorsqu'il s’agit d’une proposition de révision constitutionnelle.

b) Les interdictions et limitations

La constitution peut contenir des dispositions prévoyant certaines interdictions, par


exemple la constitution française interdiction de porter atteinte à la forme républicaine
du gouvernement (Article 2 de la loi constitutionnelle du 14 août 1884).
La constitution peut contenir certaines limitations, par exemple en France, qu’il ne pourra
être procédé à une révision pendant l’intérim de la présidence de la république (Article
7 de la constitution française de 1958).

3- Le contrôle de la constitutionnalité
Le contrôle constitutionnel est un contrôle juridictionnel. Il est destiné à assurer que les normes de
droit : lois, règlements, traités, respectent bien la constitution qui est placée au sommet de la
hiérarchie des normes.
Ce contrôle est une procédure dont le but est de garantir la suprématie de la
constitution en annulant tout acte qui lui serait contraire.
Quel que soit son mode de réalisation, la portée d’un système de contrôle de la
constitutionnalité peut varier aussi avec l’étendue ou la nature du droit applicable.
o Si les règles à respecter se limitent aux dispositions concernant l’agencement
technique des pouvoirs, le contrôle de la constitutionnalité des lois sera
purement formel et se limitera à la vérification de procédures constitutionnelles.

o Si le droit applicable s’étend jusqu’à l’esprit de la constitution et aux principes


de la philosophie politique qui sous-tend le régime tout entier, alors le contrôle de la
constitutionnalité des lois prendra une toute autre ampleur et constituera pour les
citoyens une réelle garantie contre les abus d’une majorité parlementaire de
droite ou de gauche.

4- Elaboration et révision des constitutions marocaines :


Procédure et contrôle de la constitutionalité

a) Elaboration et révision de la Constitution

Six constitutions se sont succédées de 1962 à 2011. En 1908, avant le protectorat français, un
projet constitutionnel non officiel a vu le jour sous le règne de Moulay Abdelaziz.

46
La première constitution a été adoptée sous Hassan II par référendum le 7 juillet1962. Depuis, le
pays a connu cinq autres constitutions adoptées par référendum : toujours sous Hassan
II, en 1970 et 1972, puis en 1992 et 1996, et enfin sous Sa Majesté Mohammed VI en 2011.
L'initiative de la révision de la constitution appartient : au Roi, à la Chambre des
Représentants et à la Chambre des Conseillers.
Le Roi peut soumettre directement au référendum le projet de révision dont il prend
l’initiative (Article 104).

 La constitution de 1970 reprend, dans ses grandes lignes, la constitution de 1962. Le


changement majeur entre les deux constitutions est le passage du système bicaméral
au système monocaméral au niveau du Parlement.
Le bicamérisme est un système d'organisation politique qui divise le Parlement en deux
Chambres distinctes, une Chambre haute et une Chambre basse.
Le monocamérisme est un système parlementaire à une seule Chambre.

 La constitution de 1972 fut marquée par le maintien d’une forme monocamérale de


l’institution législative. Elle fut également caractérisée par la recherche d’un plus grand
équilibre entre cette institution et l’organe exécutif. Cette constitution reflète en effet
l'esprit d’une ouverture annoncée par le Roi en direction de l’opposition.

 La constitution de 1992 : La promulgation de cette nouvelle constitutiondevait donner


lieu à un engagement plus résolu dans la voie de la démocratisation institutionnelle.
Dans le contexte de l’action législative, ce fut la formule monocamérale qui fut
cependant retenue, mais de substantielles modifications devaient y être enregistrées.
Ainsi, l’article 40 de la constitution de 1992 devait introduire une innovation detaille : ce fut
l’institution des commissions parlementaires d’enquête.
De même que l’article 43 eut également pour effet d’introduire un élément
générateur d’une plus grande stabilité des structures dirigeantes de la Chambre des
Représentants. « La Chambre des Représentants élit son président pour une durée de trois
années ».

 La constitution de 1996 : La constitution révisée de 1996 a réintroduit le système du


bicaméralisme. La régionalisation, et la liberté d’entreprendre, constituent également
des axes de la réforme constitutionnelle de 1996, ce qui est de nature à répondre au
mieux auxexigences de la dynamique du développement économique et social du
Maroc. Ainsi, le Parlement est composé de deux Chambres : la Chambre des
Représentants et la Chambre des Conseillers.

 La Constitution de 2011 précédée de peu des manifestations du mouvement


du 20 Février dans le cadre du « printemps arabe », a été adoptée par référendum le 1er
juillet 2011. La constitution de 2011 vise à renforcer le pluralisme, les droits de l'Homme
et les libertés individuelles, ainsi qu'à réduire les pouvoirs du Roi au profit d'un chef de
gouvernement issu obligatoirement de la majorité parlementaire.

b) Le contrôle de la constitutionnalité

C’est dans le cadre de la première constitution de 1962 que fut créée au sein de la Cour
suprême, une nouvelle Chambre, la Chambre constitutionnelle chargée du contrôle de la
constitutionnalité des lois. Elle avait exercé ses compétences pendant une trentaine
d'années.

47
A l'occasion de la révision de la constitution en 1992, un Conseil constitutionnel a vu le jour
avec des attributions élargies. Pour la première fois, à la différence de la Chambre
constitutionnelle, le Conseil constitutionnel est reconnu compétent pour statuer sur la
constitutionnalité des lois (ordinaires) à côté des lois organiques et des règlements
parlementaires.
La constitution de 1996, tout en consolidant les acquis de celle de 1992, a apporté des
changements en faisant passer la composition du Conseil de 9 à 12 membres et en portant
leur mandat de 6 à 9 ans.
Avec la nouvelle Constitution de 2011, une Cour constitutionnelle fut créée. Elle vient
remplacer le Conseil constitutionnel. Sa mission principale se porte sur le contrôle de la
régularité des élections nationales et référendums, et aussi sur les attributions qui lui sont
dévolues par les articles de la constitution et les dispositions des lois organiques.
« Compétente pour connaitre l’inconstitutionnalité soulevée au cours d’un procès,
lorsqu’il est soutenu par l’une des parties que la loi dont dépend l’issue du litige porte atteinte
aux droits et libertés garantis par la Constitution ». (Article 133).

II- Aménagement régi par le principe de la séparation des


pouvoirs

Par tradition le principe de la séparation des pouvoirs, législatif, exécutif etjudiciaire


joue un rôle déterminant dans la classification et la nature des régimes politiques dans
le monde. Ainsi on distingue les régimes de confusion des pouvoirs, qui sont des régimes
autoritaires où les libertés individuelles ne sont pas garanties, et les régimes de séparation
des pouvoirs qui sont des régimes démocratiques et libéraux.

1- La séparation des pouvoirs : Définition et évolution


a) Définition au sens juridique

La séparation des pouvoirs (exécutif, législatif et judiciaire) est un principe, une théorie
et un concept constitutionnel, fondamental des démocraties représentatives, selon
lequel les trois grandes fonctions de l’Etat sont chacune exercée par une instance bien
distincte, de manière à éviter le despotisme et garantir la liberté de tous les individus.
Ce principe est au fondement de toutes les constitutions libérales, écrites ou non écrites.
C’est notamment le cas de la constitution française de 1958, qui a repris dans son
préambule, l’article 16 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen.

b) Le principe de la séparation des pouvoirs selon :


John Locke - Montesquieu - Jean-Jacques Rousseau
Depuis Aristote, les constitutionalistes ont pris l’habitude de distinguer, au sein du pouvoir
politique de l’Etat, trois principales fonctions distinctes.
Pour John Locke l’Etat contient trois grands pouvoirs :
 Le pouvoir législatif qui crée les lois ;
 Le pouvoir exécutif qui veille à l'exécution des lois ;
 Le pouvoir fédératif qui mène les relations internationales, en particulier le pouvoir de
faire la guerre, conclure des traités, établir des relations diplomatiques. Il qualifie ce
pouvoir de « naturel ». (« Essai sur le Gouvernement Civil », publié en 1690).
48
En se basant sur le modèle du régime présent en Grande-Bretagne au XVII-ème siècle qui
représentait une monarchie modérée, au sein de laquelle le pouvoir royal n’était pas
entièrement libre, limité et en collaboration avec le Parlement, John Locke a d’abord
considéré que le pouvoir exécutif, et le pouvoir législatif devaient être dirigés par des
organes bien distincts, de manière à éviter le despotisme.
Comme il était l'un des premiers théoriciens du contrat social, Il avait plaidé pour une
monarchie qu'il qualifie de « contractuelle » ou « constitutionnelle » au sens anglo-saxon.
Toutefois, pour éviter tout désordre en cas d’opposition, il était plus pour une séparation
modérée (non absolue), entre les deux pouvoirs. Ainsi il a précisé qu’il devait y avoir une
hiérarchie entre ces deux pouvoirs : le pouvoir législatif doit avoir plus de poids que le
pouvoir exécutif.
L'un des principaux axes également de de l’œuvre de John Locke est une réflexion sur
les moyens étatiques pour établir la liberté des citoyens, en particulier les libertés
économiques. Pour lui, la liberté ne peut exister que grâce à la conjonction de deux facteurs.
 Si la monarchie est limitée par l'obligation du respect de certains droits
constitutionnellement reconnus (respect du contrat social) ;
 Et si le parlement exerce ses pouvoirs.
La doctrine de John Locke a été élaborée plus sur d'une distribution plutôt qu'une véritable
séparation des pouvoirs.

La séparation des pouvoirs a été reprise et théorisée par Montesquieu qui a élaboré son
système après avoir observé le système britannique au court de la moitié du XVIII-ème siècle.
Pour Montesquieu afin d’éviter le despotisme, la monarchie doit être modérée. Cette
modération s'opère par la présence d'intermédiaires ayant une troisième puissance, la
puissance judiciaire, indépendante des deux autres (exécutive et législative).
Pour Montesquieu il est nécessaire que les trois pouvoirs (législatif, exécutif et judiciaire)soient
exercés séparément, car : « lorsque, dans la même personne, la puissance législative
est réunie à la puissance exécutive, il n’y a point de liberté. De même qu’il n’y a point
de liberté si la puissance du juge n’est pas séparée de la puissance législative et de la
puissance exécutive ».
Pour Montesquieu, la limitation du pouvoir se fait par le pouvoir : « pour qu’on ne puisse abuser
du pouvoir, il faut que, par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir ». (L’esprit
des lois -1748).
Ainsi pour lui, le Parlement devait s’occuper du pouvoir législatif, le chef d’Etat du pouvoir
exécutif, et les juridictions du pouvoir judiciaire.
Comme John Locke, Montesquieu d’une part, n'admet pas une séparation, mais une
simple distinction ou distribution des pouvoirs entre les puissances, et d’autre part, il ne
concevait pas une séparation absolue entre ces trois pouvoirs, qui devaient fonctionner
ensemble. Par conséquent, Montesquieu ne préconise pas une séparation des pouvoirs
totale mais une séparation des pouvoirs limitée, que la doctrine qualifiera par la suite de
séparation souple des pouvoirs.

Jean-Jacques Rousseau (1712-1778) a également prôné, pour le rejet du cumul de la


fonction exécutive et législative par un même organe :
« Il n'est pas bon que celui qui fait les lois les exécute, ni que le corps du peuple détourne son
attention des vues générales pour les donner aux objets particuliers ».
Dans ses dernières œuvres, « Considérations sur le gouvernement de Pologne »(1771), Rousseau
prôna le modèle :
o Où il doit y avoir une spécialisation des fonctions ;
o Où l'exécutif doit être dans les mêmes mains et dépendant du législatif pour éviter la

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dictature. Cette dépendance n'est pas réciproque, puisqu'il ne recommande en
aucun cas que le législatif soit dépendant de l'exécutif.

2- La mise en œuvre du principe de la séparation du pouvoir dans


les régimes modernes
Le concept de la séparation des pouvoirs est aujourd'hui reconnu comme un principe à
valeur constitutionnelle : « Toute Société dans laquelle la garantie des Droits n’est pas assurée,
ni la séparation des Pouvoirs déterminée, n’a point de constitution ». L’article 16 de la
Déclaration des droits de l’homme et du citoyen (DDHC) de 1789.
Dans les démocraties modernes, selon les pays, le principe de séparation des pouvoirs
s’articule de manière différente. On parle d’application plus ou moins rigide ou souple
en fonction de l'ampleur du contrôle qu’exerce chacune des fonctions sur l’autre.

a) Une séparation rigide : Régime présidentiel des Etats-Unis

Les institutions des Etats-Unis sont le plus souvent définies comme un système où la séparation des
pouvoirs est très stricte. Le Président n’est pas responsable devant le pouvoir législatif.
Le pouvoir législatif aux Etats-Unis (Congrès américain) est totalement indépendant du
pouvoir exécutif puisque le Président n’est pas élu par le Congrès américain (Sénat &
Chambre des représentants). Le Président ne dispose donc pas du pouvoir de dissoudre la
Chambre des Représentants.
Seule la justice peut être amenée à trancher des différends entre le pouvoir exécutif et le
pouvoir législatif.
Aux Etats Unis il n’existe qu’une responsabilité pénale du Président américain qui peut être
en jeu par une procédure particulière. Dans l’histoire des Etat -Unis il y a eu deux cas lors de
deux affaires :
La 1ère celle de Watergate : Le scandale du Watergate est une affaire d’espionnage
politique qui aboutit, en 1974, à la démission de Richard Nixon, alors Président des Etats-
Unis.
La 2-ème celle de Monika LEVENSKY à laquelle a été confronté Bill Clinton au cours de son
second mandat à la présidence des Etats-Unis.

Dans un régime présidentiel comme celui des Etats-Unis est de tous les pays qui se sont inspirés
de ce modèle américain comme les pays d’Amérique Centrale et du Sud, la séparation des
pouvoirs constitue une garantie en faveur de la stabilité politique des gouvernements.
Toutefois, ce même principe de la séparation des pouvoirs peut comporter des risques de
blocage et d’inefficacité dans l’hypothèse où la politique du Président des Etats-Unis est
mise en échec par le congrès. Ce cas s’est présenté sous la présidence de Bill Clinton.

b) Une séparation souple : Régime présidentiel en France


En France, dont le régime est semi-présidentiel, le Chef de l’Etat peut décider de dissoudre
l’Assemblée nationale (mais pas le Sénat), et le Gouvernement est responsable de sa
politique devant l'Assemblée nationale.
Le Parlement français exerce une grande partie du pouvoir législatif et peut en partie
contrôler l’activité gouvernementale, selon la constitution du 4 octobre 1958. Avant 1962, le
Parlement était le détenteur unique de la souveraineté populaire. Depuis cette date, le
pouvoir est partagé entre le Parlement et le Chef de l'Etat, tout puissant sous les 3ème et
50
4ème Républiques, il a vu son pouvoir diminué sous la 5ème République.
Les évolutions actuelles des institutions françaises tendent à lui redonner quelques nouvelles
prérogatives (Réforme de1995 et du 23 juillet 2008).
La séparation des pouvoirs n’est donc pas absolue. L’initiative de la loi appartient à la fois
à l’exécutif qui prépare des projets de loi et au Parlement qui prépare des propositions de loi.
Ensuite, le Parlement vote la loi. Mais c’est le Président de la République qui promulgue la
loi, ce qui lui donne force exécutoire.
De même le pouvoir judiciaire, confié aux juridictions, même si d'après la constitution
française de 1958 on ne parle pas de « pouvoir » mais d’autorité judiciaire.
En France, le pouvoir judiciaire se subdivise en deux ordres juridiques distincts :
o D’une part l'ordre judiciaire (civil, commercial et pénal), chargé de trancher les
litiges entre particuliers.
o D’autre part l'ordre administratif, compétent pour trancher les litiges opposant
l'Administration et les particuliers. Pour éviter la confusion et inclure le juge
administratif, l'on parle parfois en France de « pouvoir juridictionnel ».

On peut schématiser le système politique français en se basant sur la constitution de la


5ème République comme suit :
Les citoyens votent. Ils élisent les conseillers municipaux pour s'occuper des communes,
généraux, pour les départements et régionaux pour les Régions. Ils élisent aussi les députés.
Tous ces personnes élisent les sénateurs.
Députés et Sénateurs composent le Parlement qui vote les lois, proposées surtout par le
gouvernement. Ce dernier est composé par les ministres qui dirigent les fonctionnaires,
la police, les professeurs, les juges, etc. Les ministres sont nommés par le 1er ministre qui
est choisi par le président, qui lui aussi est élu par les citoyens.
Pour valider les lois, le Conseil constitutionnel existe. Il est le garant de la constitution.

3- Structure de la séparation des pouvoirs dans les démocraties


modernes

Dans toutes les démocraties, l’Etat est organisé conformément au schéma qu’avait
recommandé Montesquieu dans « L’esprit des lois » (1748) et qui consiste à répartir les
attributs de la souveraineté entre trois autorités distinctes :
 La puissance législative réservée à un corps de représentants choisis par le peuple ;
 La puissance exécutrice déléguée à une ou quelques personnes
(gouvernement) ;
 La puissance de juger confiée à des magistrats indépendants, mais astreints
à appliquer strictement la loi.

Mais si l’ensemble de ce système a été conservé, ses éléments ont subi certaines
modifications sous l’effet conjugué de l’universalisation du suffrage et de l’accroissement
du rôle de l’Etat dans les sociétés modernes. On a ainsi assisté à quelques glissements
d’attributions, de sorte que sous des appellations inchangées chacun des pouvoirs décrit
par Montesquieu recouvre aujourd’hui une réalité sensiblement différente.

a) Le gouvernement : du pouvoir exécutif au pouvoir actif


Considéré avec méfiance par les fondateurs du constitutionalisme, le pouvoir exécutif a
hérité du XIXème siècle un statut diminué. Mais cette faiblesse ne l’a pas empêché de

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devenir avec la complexité croissante de la société le ressort de toute l’action de l’Etat.

Les formes institutionnelles du pouvoir exécutif

Il existe trois grands types d’organisation du pouvoir exécutif d’inspiration très différent

 Premier type d’organisation : l’exécutif unitaire :

Dans cette formule, la plus simple, la direction de l’Etat est dévolue à une seule personne,
le Président qui cumule les fonctions de représentation et de gestion. C’est le cas des Etats-
Unis dont la Constitution déclare : « le pouvoir exécutif sera confié à un président des Etats-Unis
d’Amérique » (Article 2,section 1).
Dans les Etats ayant gardé la monarchie, on a adopté une structure bicéphale de
l’exécutif. Le bicéphalisme caractérise un pouvoir exécutif dont les compétences sont
partagées entre le chef de l'Etat (Roi ou Reine) et le chef de gouvernement sans préjuger
de l'importance respective de l'un ou de l'autre.

 Deuxième type d’organisation : l’exécutif dualiste :

Dans beaucoup de démocraties libérales, le pouvoir exécutif est constitutionnellement


partagé entre :
- Le Président de la République (France, Italie, Allemagne, Grèce, Portugal, Irlande,
Autriche, Finlande), ou un monarque (Grande Bretagne, Belgique, Espagne,
Hollande, Suède, Norvège, Danemark).
- Et un cabinet ministériel nommé par le Chef de l’Etat mais indépendant de lui et
responsable devant le Parlement.

Ce mode d’organisation relativement complexe s’explique par les origines monarchiques


du régime parlementaire.

 Troisième type d’organisation : l’exécutif collégial :

Il s’agit de la réunion de plusieurs personnes en un comité ou directoire chargé indivisément


de la responsabilité du gouvernement. C’est une formule difficile à pratiquer, le seul pays qui
y a réussi depuis longtemps est la Suisse où le pouvoir exécutif est confié à un Conseil fédéral
de 7 membres élus pour 4 ans par les deux Chambres et dont le Président change chaque
année.

La personnalisation du pouvoir exécutif


Quel que soit son mode d’organisation constitutionnel, la puissance exécutive tend
aujourd’hui à se personnaliser en se concentrant sur une individualité.
Il s’agit là d’un phénomène général qui est lié à un ensemble de facteurs :

 L’avènement de la démocratie de masse qui conduit à une sorte de


vulgarisation des choix politiques.

 Le développement de la télévision qui permet d’établir un contact direct et


permanent entre tout un peuple et certain de ses dirigeants et transforme en
vedettes les leaders politiques.

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b) La relation entre les pouvoirs
Il existe trois sortes de relations entre les pouvoirs :
 La relation entre le pouvoir législatif et le pouvoir exécutif.
 La relation entre le pouvoir législatif et le pouvoir juridique.
 La relation entre le pouvoir exécutif et le pouvoir juridique.

La relation entre pouvoir législatif et pouvoir exécutif


La répartition des gouvernements et des régimes politiques contemporains fonctionne
suivant une relation entre le pouvoir législatif et le pouvoir exécutif,tout en gardant de côté
les relations concernant le pouvoir juridique.

Les liens entre le pouvoir législatif et le pouvoir exécutif sont de trois types :

o Premier type : S’il y a une relation d’indépendance cela donne lieu à un régime
présidentiel : c’est un régime ayant adopté une séparation stricte des
pouvoirs.
Dans ce régime le Parlement et l’exécutif sont séparés, théoriquement sans
prise l’une sur l’autre. Exemple : Les Etats-Unis.

o Deuxième type : S’il y a une relation caractérisée par la sujétion de l'exécutif au


législatif. Alors on aura un régime d'Assemblée ou conventionnel.
Ce régime est un système institutionnel dans lequel une Assemblée, unique
et souveraine, élue au suffrage universel, détient tous les pouvoirs.

o Troisième type : Quand le gouvernement incarne le pouvoir exécutif, peut être


renversé par le Parlement devant lequel il est politiquement responsable, on
parle de régime parlementaire.
Le Régime parlementaire est un régime politique fondé sur une séparation
souple des pouvoirs c’est-à-dire que l'organisation d'un Etat dans lequel les
différents pouvoirs, législatif, exécutif et judiciaire, collaborent et dialoguent
afin de garantir un fonctionnement régulier des pouvoirs publics. Exemple : le
Royaume-Uni et la plupart des régimes parlementaires.

La relation entre : Pouvoir législatif et Pouvoir juridique

 Pour le régime américain


Le principe de séparation du pouvoir a permis le contrôle de constitutionnalité des lois. Le
contrôle constitutionnel se fait par voie d'exception et c'est la Cour Suprême qui décide de
se saisir d'une affaire qui l'intéresse et qui décide si les lois des Etats-Unis ou celles des
différents Etats, sont conformes à la constitution.
Lorsqu'une loi est déclarée inconstitutionnelle,elle n'est pas directement « annulée » mais
plutôt « suspendue » dans son exécution.
Il existe un contrôle direct du Congrès envers le juge en ce qui concerne sa conformité
à la constitutionnalité des lois ou sa non-conformité à cette dernière. C’est-à-dire
savoir si le juge suit tout ce qui se trouve dans la constitution ou pas.

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 Pour le régime français et marocain

Par contre en France et au Maroc, il existe une indépendance directe entre le Parlement et
le juge. Le Parlement n’intervient pas dans l’application des lois, mais c’est au juge de
trancher. Il est libre dans son application des lois.

La relation entre le pouvoir exécutif et le pouvoir juridique

Cette relation se définit sur deux points essentiels :

 Dans le choix des juges

o Suivant des élections « modèle américain ».

o Suivant le contrôle du Conseil supérieur de magistrature « modèle français ».


Article 51 de la procédure pénale de 2003 le ministre de la justice est le seul
responsable de la politique criminel, donc et qui nomme les juges.

o Suivant une nomination approuvée par le Lord Chancelier, ministre de la Justice «


modèle anglais ».

 Dans le contrôle de l’administration

o Le tribunal selon le modèle américain : les administrations sont condamnées et


sanctionnées selon les mêmes lois que subit un citoyen ordinaire, il n’y a aucune
différence entre eux.
o En France ou au Maroc : il y a l’institution d’une juridiction administrative ou les actes
de l’administration ont pu être contestés, mais devant une juridiction distincte de
l’autorité judiciaire. « Tribunaux administratifs ».

c) Parlement : du pouvoir législatif au pouvoir délibérant


En apparence, les Parlements semblent avoir été moins affectés par les transformations de
la société. Ils ont conservé la même organisation et un statut privilégié. En réalité, avec
l’importance accrue des facteurs économiques, ils ont perdu la maîtrise des évènements
et leur rôle n’est plus aussi actif.

Permanence des structures

L’élargissement du droit de suffrage a modifié la physionomie des parlements en


améliorant leur représentativité et en les ouvrant plus largement aux courants populaires.

o Le bicaméralisme

Dans bon nombre de régimes constitutionnels, le Parlement est encore


divisé en deux Chambres, ce mode d’organisation peut prendre plusieurs
formes qui ne correspondent ni aux mêmes réalités, ni aux mêmes
préoccupations.

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o Le bicaméralisme fédéral :
Il est lié à la structure même de l’Etat et à la nécessité de trouver un équilibre
entre les intérêts de la fédération toute entière et ceux de ces collectivités
composantes.
Exemples : Le Sénat aux Etats-Unis, au Canada, en Australie, le Conseil en
Suisse.
o L e bicaméralisme politique :
Ainsi dénommé parce que dans les Etats unitaires l’existence d’une
Chambre haute répond généralement à une inspiration d’ordre politique,
en l’occurrence au souci de tempérer l’orientation progressiste de la
Chambre basse.

La durée du mandat
La périodicité moyenne : la plupart des démocraties occidentales renouvellent leur
assemblée populaire tous les 4 ans ou 3 ans.

Les modes de renouvellement


Quel que soit la durée de leur mandat, toutes les chambres basses se renouvellent
aujourd’hui intégralement, c à d en bloc. Seuls quelques pays ont conservé un
renouvellement par fractions pour leur seconde chambre.

Les fonctions du Parlement


La première fonction est celle de représenter l’ensemble de la population, c'est-à-dire
de se faire l’échos de ses aspirations et de les soumettre à l’intention du gouvernement.
Dans les régimes libéraux, les Assemblées constituent un instrument privilégié pour maintenir
le dialogue entre les citoyens et le pouvoir. Elles ont vocation à dépasser les particularismes
pour s’élever à une vision politique globale.
Elles représentent aussi une tribune susceptible d’éclairer l’opinion. C’est même pour
l’opposition la meilleure tribune qu’elle puisse trouver pour rappeler ses conceptions et
prendre le pays à témoin des échecs ou des erreurs du gouvernement en place.
La deuxième fonction du Parlement s’accompagne d’un pouvoir de contrôle effectif sur
l’exécutif :
 Le système des commissions d’enquête tel qu’il est pratiqué aux Etats-Unis,
avec les « auditions » parfois télévisés constitue un mode de contrôle très
influent et même très redouté des hauts fonctionnaires ;

 Les questions orales (GB, France, Maroc) permettent aux parlementaires


d’exercer une pression non négligeable sur le gouvernement.
Enfin le Parlement joue un rôle important dans le recrutement du personnel
gouvernemental. Exemple en Grande Bretagne les ministres doivent appartenir à l’une des
deux Chambres.
En France, aucune règle n’exige de choisir les membres du gouvernement parmi les
parlementaires. Dans la pratique, la tendance est de diminuer le nombre des ministres
techniciens et de l’inciter à se présenter aux élections.

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