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HISTOIRE DES IDEES POLITIQUES

2013-2014

Licence 2 droit et science politique

Beandrasoa MARIO

Professeure : RANDRENJATOVO HARVEL Bienvenue (Socio-politologue)


PROGRAMME :

Première partie : La démocratie grecque et la pensée politique du christianisme de l’époque antique à la


période gréco-romaine.

 Chapitre I : La Grèce : berceau de la démocratie ;


 Chapitre II : Rome et la pénétration du christianisme ;

Deuxième partie : Le pouvoir théocratique dans la période médiale :

 Chapitre I : L’avènement de la théocratie ;


 Chapitre II : Rivalités entre Pouvoir pontifical, Anciens et nouveaux Pouvoirs (XI au XIIIème siècle) ;
 Chapitre III : Déclin de la chrétienté médiévale et la naissance de l’esprit laïque (IV-XVème siècle) ;

Troisième partie : Rénovation des idées et construction des doctrines dans les temps modernes ;

 Chapitre I : Lutter politiques et Rénovation des idées dans le XVIème siècle (La Renaissance) ;
 Chapitre II : L’absolutisme ;
 Chapitre III : Le siècle des lumières (XVIIIème siècle) ;
 Chapitre IV : La pensée révolutionnaire.

Quatrième partie : L’évolution des idées politiques depuis le XIXème siècle.

 Chapitre I : Les concepts politiques du XIXème siècle ;


 Chapitre II : Les idées politiques du XXème siècle.

Conclusion : Perspectives du XXIème siècle : néonationalisme et Refondation de la démocratie.


INTRODUCTION :

A) Place de l’HIP dans les sciences sociales

L’histoire des idées politiques est un enseignement qui introduit la politique contemporaine et offre un cadre
de compréhension des contextes historiques antérieurs telle l’Antiquité Grecque, le Moyen âge, la Renaissance et le
siècle des lumières.

Ces époques constituent un patrimoine historique et politique commun pour les sociétés. L’histoire des idées
politiques traite le fait politique C’est-à-dire ce qui se réfère à l’Etat et à son gouvernement en s’intéressant au concept
lié à la formation, à l’organisation et la transmission de l’autorité publique, elle renvoie aux pratiques et aux
institutions qui ont contribué à faire fonctionner une idée politique.

Les idées politiques sont le reflet des sociétés dans lesquelles elles ont pris naissance. Celles qui ont une portée
révolutionnaire plongent leur racine dans une réalité qu’elles remettent en cause et font évoluer dans les perspectives
du matérialisme historique (dialectique).

Il importe de préciser que l’idée politique est une pensée politique. Elle se distingue de la doctrine politique qui
est une position politique dominante enseignée comme une vérité à un moment donnée de l’histoire. L’idéologie qui
est partisane en est le côté pratique. La théorie politique constitue l’explication objective de l’observation des faits
par une démarche logique et rigoureuse. (Idéologie= partisane ; doctrine= vérité enseignée ; dogme= vérité)

L’étude de l’histoire des idées politiques n’est pas facile en raison de la différence des approches et de l’extrême
diversité des idées politiques mais aussi en raison de l’évolution du vocabulaire politique.

Ainsi le terme démocratie dans un texte ancien doit être replacé dans un contexte de l’époque. En ce sens, la
démocratie représentative et la démocratie délibérative des Etats modernes sont différentes de la démocratie directe
de la cité grecque du Vème siècle avant Jésus Christ.

Le terme politique qui désignait la communauté des citoyens ou « Politéia » désigne à l’époque moderne soit
l’Etat c’est-à-dire l’ensemble des pouvoirs dit politique organisant une société soit le pouvoir au sens de l’autorité.

B) La particularité de l’histoire des idées politiques :

Tout d’abord l’histoire des idées politiques est un outil de réflexion et un éclairage sur l’évolution des systèmes
sociaux à travers l’analyse des phénomènes socio-politiques dans une société au cours de leur transformation. En
second lieu, l’histoire des idées privilégie une approche ciblée sur les grands courants de pensée dominants en mettant
en perspective le contexte de leur origine, leur influence sur l’évolution des sociétés et leur aspect pérenne.

Cette dimension spatiale et temporelle lui impose une démarche qui mène à l’inventaire des grands courants
qui ont conduit la politique des sociétés antérieures. Cette approche mène à la découverte du contexte historique,
politique, social et économique dans lesquels elles ont pris naissance et ont évolué.

L’objectif est de comprendre les enjeux et les sens qu’il représentait pour les hommes qui vivaient dans ce temps.

Le travail de l’histoire des idées situe les idées politiques dans des époques déterminées de l’histoire des
sociétés. Ces courants peuvent être regroupés dans quatre grandes typologies qui recouvrent des époques significatives
de l’histoire.
L’objectif est de faire apparaitre que d’une part les idées ont un sens et un poids social et d’autre part, que
l’histoire des idées ne peut se dissocier de l’histoire des institutions et de la société, de l’histoire économique, de
l’histoire du droit, de l’histoire de philosophie et surtout de l’histoire des religions.

C) Vocation de l’histoire des idées politiques :

L’histoire des idées se fonde sur le déroulement historique qui montre que les idées sont liées par leur similitude
ou par leur opposition sans tenir lieu de leur époque. En ce sens, elle est plus compréhensive qu’historique, son
objectif n’est pas d’isolé des doctrines pour les étudier en détail mais de les replacer dans leur contexte afin d’aider à
la compréhension de l’évolution des sociétés et de choix politique.

L’approche à la fois dialectique et prospective vise à faire comprendre que les systèmes politiques actuels se
sont fondés par les grandes idées politiques et que le processus dynamique qui les structure s’inscrit dans le
mouvement cyclique de l’histoire.

PARTIE I : LA DEMOCRATIE GRECQUE ET LA PENSEE POLITIQUE DU CHRISTIANISME DE L’EPOQUE ANTIQUE


A LA PERIODE GRECO-ROMAINE

Chapitre I : La Grèce : Berceau de la démocratie :

Section I : Le contexte de formation de la pensée grecque

Il est admis que l’Histoire des idées politiques commence en Grèce au VIème siècle av. JC dans un contexte
spécifique qui a contribué à la formation de la pensée Grecque. Quatre éléments ont constitué ce cadre à savoir la Polis
ou cité, l’esclavage, la notion de loi et les régimes.

A) La cité : un don des dieux et un symbole de civilisation et d’unité politique ainsi qu’une conscience collective

La cité a joué un triple rôle dans la société grecque et dans l’Antiquité classique. Tout d’abord un rôle religieux,
ensuite un rôle culturel et enfin un rôle politique. Le grec pense avant tout comme citoyen soucieux du bien commun
et respectueux des divinités. Dans la cité, tous peuvent participer à la vie politique à condition d’être citoyen.

B) L’esclavage : une donnée naturelle, économique ou une expression du droit de la guerre

L’esclavage, institution de la civilisation antique était perçue soit comme une servitude naturelle soit comme
une servitude établit par la loi. Il joue un rôle politique et économique déterminant car l’existence de l’esclave qui n’a
pas d’existence politique fait du citoyen le plus pauvre un privilégié et fait du privilégié une fonction et un honneur.

C) La notion de loi (nomos) : une législation commune à tous les citoyens, un arbitrage suprême, un principe
organisateur de la cité

Vers la fin du VIIème siècle, la situation de crise des cités sous le régime oligarchique a mis l’accent sur
l’importance de l’ordre juridique (nomia) et social (cosmia). L’ordre par la loi et le respect de la loi sont pour les grecs
le seul garant d’une vie politique saine.

Ainsi les hommes politiques et les philosophes ont recommandé : une législation écrite connue et respectée de
tous dominant le droit particulier et les juridictions (notion de civisme), une répartition plus équitable des charges
civiques et des responsabilités politiques (notion de république) et enfin une harmonisation de compétences des
juridictions. Ainsi dans les micro-Etats constitués par les idées, un principe commun est observé à savoir : les citoyens
n’obéissent pas à un homme mais à la loi.

d) La notion des régimes : un choix d’organisation politique


Les cités ne sont pas toutes gouvernées de la même manière car chacune a ses propres institutions et ses
propres lois d’où la notion de « cité autonome, autarcique ». La quête de la meilleure cité a conduit les grecs à
expérimenter au cours des transformations économiques et sociales trois formes de régimes.

Tout d’abord la « démocratie » ou le gouvernement du peuple qui sera le régime de la cité d’Athènes. Ensuite
l’ « oligarchie » ou le gouvernement du petit nombre tel que le régime de Sparte (cité militaire et aristocratique).
Enfin la « monarchie » ou le gouvernement d’un seul chef de clan ou chef de tribu appelé phratrie (Grèce archaïque).

La Grèce classique a vécu deux modèles : l’Aristocratie et la démocratie.

Section II : Le contexte de la pensée politique Grec à travers l’exemple de la cité d’Athènes (Attique)

La pensée politique Grec est dominée par les penseurs de la cité d’Athènes en pleine expansion économique et
sociale grâce à la maitrise d’un grand empire maritime (Thalassocratie). Cette pensée s’est organisée autour de quatre
principes à savoir la démocratie, l’égalité, la liberté et la loi.

1) La démocratie :

La démocratie signifiait « Obéir à la loi dans l’égalité et la liberté ». La démocratie est le terme qui désigne la
structure politique d’Athènes au Vème siècle définit par rapport à l’Oligarchie et l’Aristocratie, la démocratie a fait
l’objet d’interprétation diverses selon les époques.

Cependant, les démocrates se réfèrent tous à l’égalité politique et sociale et au gouvernement du peuple
(Demos : peuple, Cratein : pouvoir). Le gouvernement du peuple vise la défense du régime contre l’influence d’un
individu ou d’une coterie (d’un clan ou d’un groupe).

La souveraineté appartient à l’ensemble du corps civique et chacun est tenu d’exercer cette fonction. Ainsi le
citoyen grec est un homme politique pendant une période de sa vie selon des règles qui évitent le pouvoir personnel.

Cette souveraineté s’exprime par l’omnipotence de l’ecclésia (Assemblée du peuple) qui participe au pouvoir
législatif. Dans son travail, elle est guidée par la « Boulé » (équivalent d’une assemblée parlementaire) qui donne son
avis sur les projets de loi et prépare les délibérations de l’ecclésia (500 bouleutes tirés au sort, « alea jacta est : le sort
a été jeté »)

Elle s’exprime également par l’affaiblissement du pouvoir exécutif à travers la rotation (un an) des magistrats
qu’on a appelé les « Archontes » et l’invention de la collégialité des fonctions. Il y a avait aussi la pratique de la loi de
l’ostracisme qui permet de bannir tout citoyen jugé indigne de la démocratie (Prononce l’exclusion d’un citoyen dans
un délai de 10 ans, voté au moyen d’un coquillage « Tesson »).

Le tirage au sort des magistratures sans tenir compte de l’origine, de la richesse ou du statut militaire.

Enfin, l’exercice du pouvoir judiciaire par les « Héliastes » qui étaient aussi tirés au sort pour siéger au tribunal de
Héliée.

2) Le principe de l’égalité :
L’égalité qui signifiait pour les grecs la participation de chaque classe à la vie publique et politique traduit par le
terme de « L’isocratie » qui signifie l’égalité des pouvoirs détenus des citoyens. Un Etat est jugé démocratique lorsque
la participation aux affaires et pouvoirs est égale (l’égalité politique).

La philanthropie ou la fraternité entre les citoyens créent l’unité sociale. Ainsi les systèmes fiscaux demandent
davantage d’impôt aux citoyens les plus favorisés pour soutenir la cité et la bourgeoisie dominante a adopté des
mesures sociales pour favoriser la participation à la vie publique.

3) La liberté :
La liberté qui signifiait pour les grecs l’obéissance aux dispositions générales avec toutefois une indépendance
vis-à-vis de toutes contraintes personnelles (L’iségorie= l’égalité devant le droit à la parole).

La conquête de la liberté se faite de manière progressive dans trois domaines à savoir d’abord la liberté civile
par opposition à l’esclavage ou la contrainte par le corps, la liberté juridique qui protège la personne physique du
citoyen et enfin la liberté politique qui était le droit de n’obéir qu’à la loi seule.

La liberté grecque est de ce faite une notion ambivalente (notion à double sens), liberté par la loi mais sujétion
à la loi. Selon Aristote, la liberté est le fait d’être tour à tour sujet et gouvernant ainsi que l’adhésion volontaire à un
ordre (social et politique).

Paradoxalement, cette forme de liberté qui œuvre à limiter l’emprise de la société est un ferment de
l’individualisme.

4) La loi :

La loi était pour les grecs le premier et le dernier concept primordial et souverain (Nomocratie : le règne de la
loi) qui va se matérialiser avec l’isonomie (égalité devant la loi). Toute la vie dans la cité est régie par les lois auxquelles
tous doivent obéissance.

Selon Démosthène : « Toute loi est une invention et un don des dieux en même temps qu’une prescription
d’homme sage, le contrat commun d’une cité auquel tous dans la cité doivent conformer leur vie ». La notion d’Etat
de droit prend naissance dans un contexte où les citoyens obéissent à la loi à laquelle ils ont participé à l’élaboration.

L’action publique d’illégalité créée par Périclès (stratège pendant 25 ans) est ouverte à tout citoyen pour
protéger l’Etat de droit contre tout projet de loi susceptible de mettre en péril la cité. Ainsi la primauté de la loi a
donné naissance à des conflits car pour les rationalistes (les sophistes) : « La législation est humaine et la morale est
divine ».

C’est un début de réflexion sur la relativité des lois qui tirent leur valeur de ce qu’elles sont l’expression de
l’accord d’une communauté dans un contexte et dans une période déterminée. C’est une convention humaine.

Section III la critique des idées démocratiques :

L’expérience démocratique athénienne a nourri des réflexions orientées vers la recherche d’une cité idéale.
Pour les penseurs, la démocratie athénienne est imparfaite car d’une part elle est trop restrictive. En effet, la
participation politique est réservée au citoyen qui en définitive ne représente que 15% des habitants de la cité. D’autre
part, cette démocratie limite la liberté individuelle par le primat du collectif sur l’’individuel.

Parmi les penseurs de la « polis », Socrate fut le premier à critiquer le fonctionnement de la démocratie. Il
dénonce à la fois le tirage au sort, l’incompétence de l’assemblée et la démagogie (L’art de flatter le peuple). Les côtés
négatifs de la démocratie seront également exposés par divers penseurs qui assistent à la décadence de la cité. On
assiste à une émergence de réflexion autour du pouvoir personnel et de la démocratie contrôlée.

A) Xénophon et les idées monarchiques «Le thuriféraire de la monarchie »:

Pour Xénophon : « Le roi est celui qui gouverne constitutionnellement avec le consentement du peuple à
l’opposé du tyran ». Selon lui, la démocratie athénienne est altérée par la division, l’indiscipline et l’incompétence. La
confection des lois ne sauraient être confiée à des cordonniers ou des revendeurs.

Le politicien doit être éduqué et savoir ce qu’il fait, la multitude ignorante est incapable de gouverner. Il fait
l’éloge des institutions de Sparte, Etat cité aristocratique et militaire dans lequel le commerce et l’industrie sont
bannis.
Il est le précurseur des formes modernes du pouvoir personnel puisqu’il a exalté le rôle du chef et le mérite du
gouvernement d’un seul homme doté de la double supériorité constituée par la compétence et de l’autorité.

B) Platon et la cité juste :

Pour Platon : «L’excès de liberté mène à l’excès de servitude car l’excès de la démocratie mène à la tyrannie ».
Précurseur de la recherche de la cité idéal ou de la cité modèle, Platon a été considéré comme un utopiste. Ces écrits
exposent les défauts de toutes les formes de gouvernement existantes et présentent la société politique idéale

Ces deux ouvrages « La république » et «Les lois » illustrent sa construction politique de l’Etat idéal et de la
législation. Pour lui, l’isocratie est une illusion et le peuple est dangereux dans ses excès et ses versatiles. La
« Timocratie » (« Timos » : richesse et honneur en grec) accorde trop de place à la richesse et aux ambitions, honneurs
et richesses. Les riches réclament leur participation au pouvoir et créent la tyrannie du riche.

Dans un premier temps, il constate que la classe des gardiens de la cité s’altère du fait des négligences dans
l’éduction politique. Entrainés par l’ambition, les citoyens perdent la perception de leur devoir. L’homme
« timocratie » est dévoré d’ambition et sans culture.

L’oligarchie qui est le dérivé de la timocratie donne le pouvoir au riche et à la recherche du profit. L’accès aux
honneurs est réservé au riche au détriment de la compétence, du talent et du mérite.

Il voit en démocratie le déclin de l’oligarchie. Le peuple opprimé se révolte contre les riches, chasses les
oligarques et instaure le tirage au sort et à la légalité. Cependant, l’homme démocratique est indiscipliné et aime
l’instabilité.

La démocratie (mal contrôlé) conduit à la servitude, à la tyrannie lorsque les riches opprimés dans la démocratie
se dressent et que la plèbe (le peuple) en danger confie son destin à un homme puissant et ambitieux (le tyran). Le
tyran gouverne par le caprice et la démesure et exerce une pression pour se maintenir à son pouvoir absolu.

Pour obtenir un homme juste, il faut construire une cité juste, où cohabiterait trois classes combinant la sagesse,
la force et la passion :

 Celle des chefs ayant pour vertu la sagesse et la raison (les sages) ;
 La classe des auxiliaires ou guerriers dotés de courage (l’armée) ;
 Celle des artisans qui travaillent la terre, dans le commerce, etc. qui travaillent pour les autres et ne
participent ni au gouvernement de la cité ni à sa défense.

Cette cité juste ne fonctionne cependant que si chaque partie accomplie sa fonction sans empiété celle des
autres. C’est donc une société aristocratique et sophocratique (gouvernement des sages).

C) Aristote et la cité heureuse :

« Un bon gouvernement est celui qui protège le pauvre de l’oppression et le riche de la confiscation ».

A l’opposé de l’idéalisme exigé de Platon, Aristote privilégie les faits et adopte une démarche empirique. Il a
procédé à l’inventaire et à l’analyse de l’univers politique de son époque. Il classe les systèmes politiques en deux
typologies à savoir « Les formes pures » et « les formes dégénérées ».

Les formes pures correspondent au gouvernement dans l’intérêt général et agissant selon les lois. Tandis que
les formes dégénérées correspondent au gouvernement à l’intérêt des gouvernants.
Les formes pures se déclinent sous trois formes : la royauté ou la monarchie (le gouvernement d’un seul dans
l’intérêt de tous), ensuite l’aristocratie qui est le gouvernement des meilleurs et enfin la république qui est le
gouvernement du plus grand nombre dans l’intérêt de tous.

Leurs formes corrompues sont : la tyrannie qui est le gouvernement d’un seul et à son profit, l’oligarchie qui est
le gouvernement d’un petit nombre dans leur intérêt et enfin la démocratie qui est le gouvernement des grands
nombres contre les nantis.

Pour Aristote, le bon régime doit être mixte. Il recommande l’attribution du pouvoir à la classe moyenne qui est
l’intermédiaire entre la minorité des riches (égoïste et ambitieux) et la majorité des pauvres (Menace et charge pour
la cité). Cette classe fidèle aux lois et assurant la stabilité de l’Etat est la mieux disposée à gérer les affaires publiques.

Aristote insiste sur l’adaptation de la constitution ou Politéia à chaque peuple et son acceptation par la majorité
qui s’engage à la défendre. Sa position est relativiste, le compromis et la modération dans son approche ont posé le
fondement de la science politique. Il privilégie l’éducation civique de l’homme pour préserver l’Etat de paix.

Section IV L’Hellénisme et le monde hellénistique 1:

La conscience hellénique s’est construite à la faveur « des guerres médiques » qui ont opposées les cités
grecques à l’empire perse ou mède. C’est la menace perse ou menace des barbares (les non grecs) contre les grecs,
représentant la menace d’une monarchie contre les cités libres, a amené les grecs à exprimer leur communauté de
sang, de langue et de culture.

Cependant cette conscience hellénique était fragilisée par deux éléments à savoir le régime de la cité qui exalte
l’autonomie et la souveraineté au détriment de l’unité politique et ensuite les limites géographiques encore mal
assurées du monde hellénique.

A) Les causes du déclin de l’hellénisme :

 L’impérialisme :
Dans le contexte des guerres qui menaçaient les cités, les ligues ou alliances militaires sous la conduite des
grandes cités comme Sparte, Athènes et Thèbes ont peu à peu évolué vers la structure hégémonique de l’empire avec
l’annexion des conquêtes.
L’hégémonie des grandes cités (ou la domination et la suprématie des grandes cités) s’est affirmée sur les cités
alliées. Cette domination s’est matérialisée par le payement d’un tribut annuel, l’implantation des bases militaires,
des tribunaux spéciaux ainsi que la conduite de la politique extérieure de la ligue par les grandes cités.
 L’absence d’unité politique :
Démosthène et Isocrate ont essayé d’organiser l’union sacrée des régimes constitutionnels contre
l’absolutisme et la loi du brigandage des étrangers. Cependant, l’incapacité d’unité de la Grèce et la faiblesse des
relations entre les cités Etats lui en fait perdre sa liberté sous la domination de l’empire macédonien qui se construit
à la fin du IVème siècle sous le roi macédonien Alexandre le Grand. La cité est absorbée dans l’empire.
 Le déclin de la cité :
L’hellénisation exporte la culture grecque en terre étrangère mais elle est privée de ses racines. La cité survie
comme un rouage municipal mais elle n’est plus l’organe qui mobilise les citoyens dans l’autonomie. Elle disparait au
IIème siècle av. Jésus Christ.

B) Le monde hellénistique :

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Nationalisme grec
La période hellénistique couvre la conquête d’Alexandre le Grand jusqu’à la conquête romaine. Alexandre le
Grand souhaitait rapprocher les grecs et les peuples d’orient en fondant des cités où se diffuse la culture grecque dans
le respect des coutumes orientales.

Cependant, les notions de citoyen et de cité sont étrangères au monde hellénistique où dominent la soumission
et l’individualisme. Les citoyens sont désormais des sujets dans un Etat multinational. La naissance des empires pose
le problème des rapports entre les populations différentes au sein d’une communauté cosmopolite.

Tous ceux qui ont adopté la culture grecque sont des hellènes par opposition au métèque (ou opposition aux
étrangers). La monarchie hellénistique est caractérisée par une nouvelle conception du pouvoir opposée au régime
de la cité à savoir le transfert d’autorité entre la loi (Souveraine dans la cité antique) et le roi hellénistique qui devient
la loi incarnée. C’est le début du culte du roi dieu considéré comme un être exceptionnel favori de la fortune et
distingué par les dieux.

Dans ce contexte de la monarchie hellénistique, deux nouvelles conceptions philosophiques apparaissent et


préparent le christianisme. Il y a d’abord le stoïcisme (doctrine philosophique de Zénon de Citium) qui préconise
l’obéissance et le respect de l’ordre existant et se fonde sur la supériorité de la liberté intérieure aux libertés
politiques et sociales.

Ensuite, la doctrine de l’épicurisme (doctrine d’Epicure : le Plaisir, la sérénité) est une théorie de la sagesse et
de l’affranchissement de la crainte de la mort et des dieux qui se fonde sur le culte des vertus et la culture de l’esprit
et si possible se retirer loin des affaires publiques (se mettre en marge de la république).

Le stoïcisme et l’épicurisme ont encouragé la position légaliste et ont justifié le ralliement à l’ordre établit
autant que la retraite ou l’abstention politique.

NB : Le rôle de la cité, le rôle de l’esclavage et le rôle de la loi dans la constitution des idées politiques, les
caractéristique de l’hellénisme et hellénistique.

Chapitre II : Rome et la pénétration du Christianisme :

La fin de la période hellénistique (à la mort d’Alexandre le Grand) voit l’effritement de l’empire macédonien en
plusieurs monarchies rivales, ce qui facilite la conquête romaine. Le IIème siècle est en effet marqué par les grandes
conquêtes romaines hors d’Italie. Rome est devenu le centre du monde méditerranéen et en même temps une ville
universelle de population conquise et d’étranger immigré qui forme la Plèbe (classe populaire sans droit politique et
civil) face au patriciat qui est la classe privilégiée chez les romains.

Les problèmes de statut civil ou politique accordé à cette plèbe ont poussé à l’élaboration du droit qui a joué
un rôle à la fois politique et morale dans la vie des romains. Le réalisme romain est reconnu puisque le droit a précisé
et systématisé les idées philosophiques de morales et de justice grecque en règle de droit et procédure juridique.

La pensée politique romaine s’inscrite de ce fait dans deux contextes différents à savoir la république avec le
passage de la cité à l’Etat (changement institutionnel) ensuite l’empire, phase d’adaptation du système politique pour
l’administration de l’Etat expansionniste.

Section I La république, expression de la pensée politique romaine:

République : « C’est le droit pour tous les hommes nouveaux d’avoir une place dans l’Etat et pour tous citoyens
honnêtes de participer aux affaires publiques »
La particularité du droit romain est d’avoir intégrée la plèbe à la cité et de lui permettre de participer à la chose
publique ou la « res publica ». La république romaine s’organise selon les principes des cités grecques. Elle fonctionne
sur une constitution qui vise l’équilibre des trois pouvoirs et semble être une combinaison des trois régimes d’Aristote.

Le pouvoir des consuls s’apparente à une monarchie ou à une royauté, ensuite ceux du sénat à une aristocratie
et enfin les droits de l’assemblée du peuple s’apparentent à une démocratie :

 Sénat ;
 Consuls ;
 Comices et assemblée de la plèbe (Assemblée du peuple).

Ces trois pouvoirs s’équilibrent et se contrôlent entre eux selon les théoriciens et parmi eux l’historien Polybe.
En effet les consuls dépendent du sénat pour leur nomination et ravitaillement des troupes. Ils dépendent du peuple
pour les traités. Toujours au nombre de deux et exerçant leurs charges pendant une année, ils assurent la permanence
du gouvernement. Ensuite le Sénat dépend du peuple pour les procès et les décrets. Cependant, l’hégémonie de la
classe sénatoriale en rivalité ou en alliance avec une nouvelle classe financière, celle des chevaliers publicains, a
provoqué le dépérissement de la population.

Une coalition essaye de faire prévaloir les intérêts de l’Etat pour fortifier la république, restaurer la classe
moyenne et reconstituer la petite propriété.

Sa politique d’expansion a assuré la grandeur de Rome en même temps qu’il a provoqué une crise politique et
sociale par la contradiction avec l’empire et la cité. C’est dans ce contexte que le romain Cicéron (orateur) développe
le thème de la supériorité du régime mixte et recommande une constitution mixte sans recherché l’égalité des
pouvoirs.

Il préconise la prééminence d’un pouvoir sur les autres pour rétablir l’équilibre. Selon lui, l’autorité doit être
confiée à un homme providentiel, sage et respectueux des lois. Le princeps (premier des citoyens) est un prince arbitre
qui est à la fois tuteur et défenseur de la cité. Son dévouement est appuyé par le talent d’une élite représentée par le
Sénat qui représente l’aspect aristocratique et la garantie de la liberté de chacun à travers la démocratie représentée
par l’assemblée du peuple.

Cependant, son modèle n’est pas suivi. Avant le dominat qui va prévaloir, c’est le principat (domination du maitre)
qui s’établit.

Section II Le principat ou le pouvoir personnel du prince et l’idéal de la « res 2romana »:

Paragraphe I Caractéristique :

Le système du principat s’est constitué avec l’évolution vers la nouvelle forme politique de l’empire nécessitant
un pouvoir central fort. Le fondement idéologique du principat est l’abolition de l’hérédité dynastique, la succession
se fait par l’adoption du futur prince par l’empereur en exercice sur la base du mérite.

Le gouvernement reste démocratique puisque le prince représente le peuple. Cependant, la mort de l’idéal
républicain est constaté avec le principat car les notions de liberté et d’équilibre des pouvoirs laissent la primauté au
pouvoir autoritaire (ou monocratie) bénéficiant l’unanimité pour la cohésion de l’empire. Le peuple a délégué ses
pouvoirs au prince qui se partage l’autorité au Sénat.

Cependant, l’empire évolue vers la monarchie à la faveur des conflits entre le prince et le Sénat. L’empereur
August (Octave AUGUSTE) organise sa divinisation et son culte en mettant la religion au service de son autorité. Cette
alliance entre le pouvoir personnel et la religion inaugure dans les institutions européennes une tradition durable.

2
Chose
Le principat s’est caractérisé par le cumule des magistratures et des pouvoirs par le princeps qui est le chef de
l’armée et le juge souverain.

La personnalisation du pouvoir, autre caractéristique de la divination de la personne de l’empereur.


L’établissement au profit de l’empereur un pouvoir législatif et enfin l’institutionnalisation de l’hérédité de la dignité
impériale.

Paragraphe II L’héritage hellénique et l’édit de Caracalla

L’impérialisme romain a fonctionné sur la base de l’héritage grec en créant dans les territoires conquis des cités
de type hellénique. Cependant la fragilité de la paix menacée par la domination de l’empire romaine amène à prendre
des mesures pour l’intégration des peuples conquis.

L’édit de Caracalla confère en l’an 212 la citoyenneté romaine à tous les habitants libres de l’empire en gage de
leur obédience et de leur appartenance à la civilisation romaine. Cette politique avait pour but de réaliser l’unification
sous un seul maitre et de prévenir les tentatives de rébellion.

Cependant, le principat dérive peu à peu vers le pouvoir totalitaire et instaure l’autocratie dans un contexte de
crise multiforme. Tout d’abord, problèmes militaires liés aux invasions des barbares de l’est. Ensuite, problèmes
politiques avec le durcissement du pouvoir impérial qui devient autocratique et divinise l’empereur de son vivant.

Enfin les problèmes religieux dues au syncrétisme confus créés par la cohabitation de culte polythéiste auquel
se joint le monothéiste chrétien.

Paragraphe III L’usure du stoïcisme :

Dans ce contexte de pouvoir personnel adossé au culte de l’empereur, le stoïcisme impose au pouvoir impérial
un contrat d’obéissance absolue au souverain à condition qu’il remplisse ses devoirs, c’est la notion de « civisme
impérial ». Ce contrat assure l’exercice mesurée de la puissance impériale et impose à tous le devoir de participation
aux affaires publiques (La res romana).

Dans les périodes de tension politique, il (Le contrat) incite à l’abstention et à la censure morale. Le stoïcisme
est ensuite supplanté successivement par le néo-platonisme qui prêche le respect absolu de la royauté, image de
divinité et d’un ordre social imposé par la divinité, ensuite par le christianisme qui va restructurer le néo-platonisme
et prouver sa force d’extension politique après avoir mûrie dans le stoïcisme.

Section III La pensée politique du Christianisme :

Paragraphe I Les caractéristiques :

Le christianisme est l’expression de la pensée politique juive, c’est-à-dire l’idée que le peuple d’Israël se faisait
de son destin privilégié du peuple élu de Dieu. C’est en quelque sorte un nationalisme théologique soutenu par le
« Messianisme ».

NB :

 Nationalisme théologique= Israël= Peuple élu de Dieu ;


 Messianisme= Attente d’événements miraculeux qui vont changer le statut de la nation juive.

Paragraphe II L’enseignement révolutionnaire du Christ :

« Mon royaume n’est pas de ce monde […] rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu ». La
grande nouveauté de l’enseignement du Christ est la prise en compte de la personne humaine à l’opposé du primat du
collectif dans la société gréco-romaine.
Religion monothéiste et religion du salut, le christianisme avait un pouvoir dissolvant à l’égard de hiérarchies
existantes et des valeurs sociales. La dualité qu’il instaure entre l’ordre politique (Etat) et l’ordre du salut (Eglise)
ouvre une perspective anarchisante.

L’analogie du christianisme avec la prédication stoïcienne s’identifie dans la soumission aux nécessités politique
et sociale qui sont des épreuves de la condition humaine (Le civisme est une vertu chrétienne). Cette révolution
théologique qui proclame que tout pouvoir constitué vient de Dieu qui a sa part dans l’ordre politique du monde et
de fait une révolution sociale.

On organise l’attente de la cité céleste (Cité de Dieu) à côté de la cité du sage stoïcien. Cela donnera naissance à
une doctrine théologique et politique qui s’élaborera au gré des rapports conflictuels entre l’Eglise et l’Etat.

Paragraphe III La critique du christianisme :

A partir du IIème siècle, le christianisme se répand dans le monde et opère une révolution dans la conscience du
monde Antique : C’est le siècle du Monachisme. Selon la critique, l’attitude des chrétiens est une trahison sociale et
politique à l’égard de l’Etat romain et des formes civiques par leur refus du culte impérial et leur obéissance par
détachement au profit du culte divin.

Perçue comme une religion conquérante, le christianisme est déclaré illicite et ses adeptes comme des sectaires
(groupe qui se coupe du reste de la cité). Cette sécession ou manque de loyalisme envers l’Etat romain a entrainé la
persécution (la recherche systématique) des chrétiens comme traitre et destructeur de la civilisation romaine. Ils sont
les barbares de l’intérieur.

Paragraphe IV La théologie politique de Saint Augustin :

« C’est de Dieu que vient le principe de tout pouvoir […] Les chefs tiennent leur fonction du tirage au sort, du
suffrage ou de l’hérédité mais leur autorité n’est fondée que sur une délégation d’une puissance divine ».

L’impossibilité d’éradication du christianisme amène l’empereur Constantin à reconnaitre la complémentarité


entre l’Eglise et l’Etat. Il autorise par « L’édit de Milan » en 313 le culte chrétien et place le christianisme au premier
rang des forces de l’empire. Cela donne naissance à une théologie impériale. Le pouvoir politique émane de Dieu qui
règne par l’intermédiaire du Roi.

C’est le début d’un nouveau culte, celui du Roi qui est vicaire de Dieu. L’empire devient le vecteur du
christianisme qui est sa caution morale et politique. Parallèlement, la liberté de conscience se pose avec la persécution
des païens et fait naitre dans l’histoire des idées une argumentation en faveur de la tolérance religieuse.

La dérive s’instaure lorsque l’empereur se proclame chef de l’Eglise (Grand Pontife3). C’est l’ère du césaro-
papisme ou le début de la confusion du pouvoir spirituel et temporel qui se réalise en Orient. Saint Augustin s’oppose
à cette identité de l’empire et de la société chrétienne. Il affirme la séparation radicale de l’ordre chrétien et de l’ordre
impérial.

Ainsi, un prélat (Homme d’Eglise) ne doit pas exercer des fonctions civiles pour rester un censeur et un directeur
moral. Pour lui, l’empereur est dans l’Eglise mais pas au-dessus de l’Eglise et doit se comporter en chrétien.
L’excommunication suivie d’une pénitence publique de l’empereur Théodose (qui a ordonné le massacre de
Thessalonique) par l’évêque Saint Ambroise est une date importante dans l’évolution de la conscience politique. Saint
Ambroise précise les frontières entre l’Eglise et l’Etat, l’Eglise exerce un droit de jugement sur les décisions du pouvoir
civil.

Désormais la problématique réside dans les relations entre l’Eglise et le pouvoir temporel sous ses formes
superposées à savoir l’empire, les royautés et les féodalités.

3
Gardien de la religion
NB : Notion de république et de principat, la naissance du droit romain, la théologie de Saint Augustin.

DEUXIEME PARTIE : LE POUVOIR THEOCRATIQUE DANS LA PERIODE MEDIALE :


CHAPITRE I L’AVENEMENT DE LA THEOCRATIE :

L’universalisme chrétien est le phénomène fondamental du Moyen-Age. La contribution de l’analyse du Saint


Augustin sur les rapports entre l’Eglise et l’Etat est fondamentale. Sa position se situe dans un contexte de trouble
socio-économique et politique, d’affaiblissement de l’empire et d’invasion des barbares qui livrent Rome au pouvoir
d’Alaric en 410 (Chef des barbares Wisigoths : Peuple germanique).

La prise de Rome est considérée comme la conséquence de l’offense aux dieux romains par le christianisme
d’où une persécution des chrétiens et un exode des forces intellectuelles et religieuses en Orient. Saint Augustin
pense que la décadence de Rome est due à sa démesure et que l’arrivée du christianisme est bien au contraire une
opportunité pour l’Etat romain qui peut lui demander assistance.

Son œuvre « La cité de Dieu » développe l’idée que la cité terrestre a droit à l’obéissance de tous à conditions
toutefois que les lois établies ne soient pas contraire aux ordres de Dieu. Les modèles du prince chrétien sont pour lui
Constantin et Théodose I.

La solidarité naissante entre les deux institutions (Empire et Eglise) va créer une ambiguïté de la pensée de Saint
Augustin. A la mort de l’empereur Théodose, le Moyen âge voit la séparation de l’empire partagé entre ses deux fils
et le problème des rapports entre l’Eglise et l’Etat.

A l’Orient légué à Arcadius, les empereurs associent leur pouvoir à la religion officielle, l’empereur est le grand
pontife vicaire de Dieu. L’Eglise se place sous la tutelle de l’empire : « Le Césaro-papisme ». A l’occident légué à
Honorius, l’effondrement des institutions impériales profite à l’Eglise qui impose son autorité. Le Pape est le
souverain pontife (Le pouvoir temporel n’a qu’un simple pouvoir d’administration puisque le pape se place au-dessus
de l’empereur) «Sacerdotalismes ».

Il y a donc permanence de l’idée impériale en Orient et Organisation de multiple royauté en Occident.

SECTION I LA NAISSANCE DE L’AUGUSTINISME POLITIQUE :

Pour Saint Augustin, l’Eglise et l’Etat sont indépendant sans pour autant s’ignorer. La déformation de sa pensée
se situe dans la revendication d’une supériorité du pouvoir spirituel sur le pouvoir temporel à l’initiative des papes.

Selon le pape Saint Gélase qui va être appuyé par le pape Grégoire Le Grand : « Le monde est gouverné par deux
pouvoirs : L’autorité sacrée des pontifes et le pouvoir royal avec prépondérance de la puissance des prêtres chargés
de rendre compte des rois au jugement dernier ». (Les pontifes détiennent une autorité sacrées qui viennent de Dieu,
le roi a un pouvoir mais n’a pas d’autorité).

Cette dérive connue sous le nom d’Augustinisme politique est la conception ministérielle du pouvoir temporel
qui n’est qu’un département du Gouvernement souverain du pontife. L’empereur devient un ministre de Dieu et son
premier devoir est la répression du péché. L’ordre politique se confond avec l’ordre moral, la profession de foi est
exigée avant le couronnement du souverain. Cette doctrine qui s’érige en règles de gouvernement absorbe le droit de
l’Etat dans celui de l’Eglise.

SECTION II EXPANSION ARABLE ET IDEES POLITIQUES DE L’ISLAM :

L’affaiblissement de l’empire se manifeste en raison des premières divergences théologiques sur la double
nature humaine et divine du Christ et Schisme entre l’Occident et l’Orient (Querelle des images ou encore la querelle
du monophysisme autour du Christ).
Parallèlement l’extension arabe à titre de forces politiques nouvelles se présente comme une menace. En effet,
la naissance politique de l’Islam en 622 à Médine a été suivie d’une progression rapide puisqu’en moins de 10 ans,
toute l’Arabie reconnait la supériorité du nouvel Etat.

La conclusion de traité au cours de la conquête arabe réalise l’unité politique des tribus arabes. Les croisades
musulmanes commencent et conduisent à l’expansion politique de l’Islam. Cette expansion s’explique par les échanges
commerciaux et la force de la foi nouvelle « La foi est la seule valeur d’ordre politique qui donne à la cité sa raison
d’être, le pouvoir vient du Dieu et demeure en lui, exercé par un instrument humain ».

SECTION III L’ETAT PONTIFICAL

1) Naissance de l’Etat pontifical:

Au milieu du VIIIème siècle, Rome est menacé par l’invasion des Lombards (Peuple germanique). Le roi des Francs
PEPIN LE BREF apporte son appui au pape Etienne II qui le sacre roi en reconnaissance.

Par la suite, l’Etat pontificale est créé par la remise des territoires libérés au pape. Cette cession appelée « La
donation de PEPIN » permit la création des Etats pontificaux et fit naitre en Occident de nouvelles structures politiques
et religieuses.

Cette politique d’alliance du trône et de l’autel a donné naissance au renforcement de l’augustinisme politique.

2) Dépendance du pouvoir pontifical sous la protection de l’Empire :

La vocation du politique s’affirme sous le règne de Charlemagne fils de PEPIN. A la demande du pape,
Charlemagne combat les Lombards revenus à la charge et annexe le royaume Lombard.

La dépendance du pape est consolidée par la révolte de ses sujets pacifiés par Charlemagne. En récompense, il
est couronné en empereur en l’an 800. Charlemagne se place alors à la tête de l’empire chrétien (il a été appelé Magnus
le Grand). Il s’employa territoirement et administrativement à limiter le pouvoir du pontife romain en confinant le pape
à des tâches auxiliaires et se servant de son appuie pour défendre l’Eglise par les armes et diffusés la foi catholique (La
foi universelle).

L’empereur devient le bras armé de l’Eglise. Désormais, le monarque protège le pape.

3) Retournement de situation en faveur de l’Eglise :

A la mort de Charlemagne (742-814), son successeur Louis Ier Le Pieux se révèle incapable de gouverner et de
faire régner la paix, limitant ses activités à la pratique de vertus chrétiennes. L’Eglise se substitue à lui pour administrer
l’empire.

Les évêques vicaires du Christ profitent de la faiblesse du pouvoir temporel pour se proclamer « Gardien de
l’empire contre le désordre » et oblige Louis Le Pieux à faire publiquement pénitence de foi (La première fois en 822 à
Attigny « pénitence d’Attigny » et la deuxième fois Soissons en 831 « Pénitence de Soissons »).

Celui-ci renonce à son trône considérant ses erreurs politiques comme des péchés. Cette abdication au
renoncement au trône est une élimination d’où l’aspect juridique est exclu.

La fonction royale n’a qu’un rôle religieux et moral.

4) Le gouvernement des évêques :

Les évêques s’appuient sur leur qualité de vicaire du christ pour exercer leur prérogative. Leur devoir est une
mission pastorale et en ce sens ils se chargent de ramener dans la voie ceux qui s’en écartent c’est-à-dire les hérétiques
et protéger le gouvernement impérial contre les faiblesses de ses détenteurs.
Des théoriciens ont évoqué un « gouvernement des évêques » basé sur trois ordres :

L’ordre des laïcs y compris les rois et voué à la justice et doit défendre la paix de l’Eglise par les armes ;
L’ordre des moines à la charge des prières ;
L’ordre des évêques à la charge des autres, c’est l’intendant de la société, l’instructeur du souverain et
juge.

Le gouvernement des évêques introduit la « cérémonie du sacre royal » qui est le signe le plus manifeste de la
subordination du temporel au spirituel. Le roi est soumis à l’autorité des évêques, le sacre confirme l’origine divine du
pouvoir et place l’autorité royale hors de toute contestation humaine.

5) La papauté :

Contre le gouvernement des évêques, les papes font valoir la suprématie de leur pontificat. L’appareil conciliaire
(assemblée des évêques, le concile) sera subordonné au Pape, juge suprême hors d’atteinte des juridictions
temporelles.

La tentative de restauration de l’empire en Occident échoue non seulement en raison de la rivalité entre
l’Occident et l’Orient mais aussi en raison la formation de multiple royauté. Ainsi, les faiblesses successives de l’empire
combattu par les royautés ont miné (fragilisé) ces fondements idéologiques et consacrés la suprématie de l’Eglise.

Celle-ci cumule peu à peu les textes canoniques qui construiront sa doctrine et notamment son indépendance
et le principe de l’inviolabilité de la propriété ecclésiastique vis-à-vis de l’Etat.

A retenir :

L’augustinisme politique ;
Les idées politiques de l’islam ;
La suprématie de l’Eglise

CHAPITRE II LES RIVALITES ENTRE LE POUVOIR PONTIFICAL, LES ANCIENS ET LES NOUVEAUX POUVOIRS
(DU XIème AU XIIIème SIECLE) :

SECTION I LA FEODALITE :

A) Les origines de la féodalité :

Le système féodal issu de la vulnérabilité de l’Etat face aux désordres multiples a connu son expansion au XI et
XIIème siècle en Europe. La seigneurie est marquée par « la concession d’une charte d’immunité par le roi aux officiers
du pouvoir central » d’abord d’une exemption d’impôt puis d’exemption de contrôle administratif qui dévient par la
suite une véritable indépendance.

Les seigneurs ont par la suite profité de l’ « incurie » (laissé aller) du pouvoir central ou de l’absence de contrôle
pour exercer en leur propre nom une autorité qui leur avait été seulement déléguée et s’arroger des droits régaliens.

B) Les rapports entre féodalité, royauté et l’église :


1) Situation du roi :

Sous la féodalité, le roi est considéré comme un seigneur et échappe à la condition vassalique. Le pouvoir royal
n’est pas contesté, il est reconnu aux héritiers du trône (droit successoral du pouvoir). Toutefois, le roi n’est pas
souverain sur le territoire car le régime féodal partage la souveraineté entre les seigneurs.
2) Situation de l’Eglise :

Vers la fin du Xème siècle, des désordres divers affaiblissent l’Eglise.

a) La dégradation des mœurs du clergé par la pratique de la simonie (Trafic des charges ecclésiastiques par la
distribution des sièges épiscopaux et des abbatiaux par le roi et les seigneurs aux candidats les plus offrants) et du
nicolaïsme c’est-à-dire la transgression des lois canoniques sur le célibat des prêtres d’où un déclin de la moralité et
du sens pastoral.

b) L’investiture laïque du pape. A partir de la fin du IXème siècle, l’aristocratie romaine a tenu la papauté sous sa
coupe. Le pape est désigné par l’empereur à la suite de certaine tractation de certaines coteries (Groupe d’intérêt). La
remise de la crosse et de l’anneau pastoral aux nouveaux prélats consacrent l’investiture laïque.

L’affranchissement de la papauté de cette tutelle temporel est réalisé par le pape Nicolas II par le décret sur les
règles d’accession au trône pontifical par élection émanent des cardinaux et évêques et soumis à l’assentiment pour
écarter la vénalité lors du Concile de LATRAN en 1059.

La lutte contre les influences féodales est connue sous le nom de « LA REFORME GREGORIENNE » entreprise
par le pape Grégoire VII en 1075. Il confirme l’émancipation de l’Eglise ainsi que la primauté pontificale.

Cette réforme durcie la rivalité entre le pape et l’empereur. Le décret de 1075 interdit au clergé de recevoir un
évêché ou un abbaye des mains d’un laïc sous peine de nullité. Elle construit la doctrine de la théocratie pontificale
(pouvoir suprême du pape).

Henri IV qui s’est opposé à cette réforme fut excommunié et déposé en 1076. Il s’humilia devant le pape en
1077 à Canossa. Cet événement a donné lieu à ce qui est connu sous le nom de la « querelle des investitures ».
L’exercice d’attribution féodale par le pape permet à l’Eglise de prendre sa suprématie en ce sens que la cérémonie
de l’adoubement des chevaliers devient un sacrement. Les chevaliers ont désormais pour mission de mener les
croisades de la chrétienté contre les païens et les hérétiques.

SECTION II LA MONARCHIE (Sa légitimation par l’Eglise contre la féodalité)

Dans la société morcelée par le système féodale, la royauté a maintenu un principe d’ordre et d’unité d’autant
plus qu’aucun seigneur ne s’est proclamé roi. Les premiers théoriciens en faveur de la monarchie sont des hommes
d’Eglise : « En théorie, l’élection du roi est libre mais dès que le roi est sacré, tous les seigneurs lui doivent obéissance.
A partir du moment du sacre, désobéir au roi c’est désobéir à Dieu lui-même ».

Cette légitimation du pouvoir monarchique avait pour contrepartie les exemptassions (conseil) à l’adresse du
roi et des princes. Les clercs deviennent des conseillers qui ont pour charge de développer le sens de la responsabilité
chez le roi.

La fortification du pouvoir royal se concrétise par les conquêtes, les réformes administratives et l’extension de
ses compétences de justicier. Cela amorce le déclin de la féodalité. Ainsi le soutien de l’Eglise a permis à la royauté de
reconstruire l’Etat.

SECTION III LA COMMUNE (Son rôle dans la reconstruction des villes et de la paix) :

La commune est un symbole de la renaissance urbaine après le déclin des villes ruinées par les invasions et les
guerres du VI au XIème siècle au profit de l’économie domaniale et de la ruralisation.

La commune est donc avant tout une institution de paix par la formation du lien communal, c’est-à-dire une
association par serment.
Le serment communal diffère du serment féodal, en ce sens qu’il se prête entre égaux et exprime le désir de
sécurité des biens et des personnes, le désir de protection fiscale, d’assurance en service militaire et une réglementation
des droits et devoirs des habitants.

Ce serment validé par le seigneur local ou le roi devient une charte de commune. La commune devient une
personne morale de forme, d’autonomie urbaine à l’intérieur du système féodale. Cependant, il ne jouit pas du droit
à l’organisation politique autonome.

Cette renaissance, qui est l’œuvre des marchands et des artisans autonomes vis-à-vis des servitudes du fief et
se fixant après des périodes de nomadismes, s’est accompagnée d’une profonde transformation sociologique.
L’ancienne organisation sociale comportait les trois ordres de l’Eglise à savoir :

L’ordre sacerdotal ;
L’ordre de la chevalerie ;
L’ordre monastique (clergé et noblesse).

La fonction de marchand et d’artisan ne trouve pas sa place dans cette hiérarchie, aussi cette catégorie reçoit le
nom d’Etat (position ou statut). La multiplicité des Etats ou groupes socio-professionnels en provoquant la
diversification de la société entraine la dislocation des liens féodaux et prépare le renouvellement de la société
politique.

Un nouveau pouvoir se constitue, celui de la « bourgeoisie ».

En France, la royauté tire parti de cette renaissance municipale pour reconstruire le royaume. Les bourgeois
furent les auxiliaires du roi pour la défense du territoire dans la milice communicable mais aussi contre les
empiètements ecclésiastiques à travers la position des représentants du « Tiers Etat » aux Etats généraux réunis par
le roi Philippe Le Bel qui entama un procès contre les templiers dont il confisqua les biens et fit bruler les membres.

Ces prises de position dans les villes œuvrent à la laïcisation progressive de la société.

Cet anticléricalisme se répand dans les campagnes et fond des doctrines hétérodoxies, à l’encontre de l’ordre
établi et portant atteinte aux clergés et aux structures anciennes par l’attribution d’une classe de responsabilité.

La fin du XIIIème siècle est de ce fait marquée par la naissance d’une idéologique caractérisée par le rejet du
Sacerdotalismes, la liberté d’esprit, le relativisme et le scepticisme.

De nouveaux principes sont affirmés à savoir :

 La mise en circulation des richesses pour les faire fructifier ;


 La désacralisation du statut des princes, des rois et même des juges ;
 La promotion de nouvelles valeurs humaines comme la proclamation de l’intelligence de l’homme, de
liberté, le travail et la culture ;
 L’affirmation d’autres critères de mérite pour gouverner.

L’idéal bourgeois, à défaut de créer dans l’immédiat des institutions politiques durables, va poser le fondement
du libéralisme.

SECTION IV LA QUERELLE DES DEUX GLAIVES :

La rivalité politique entre le pape et l’empereur a engendré un débat idéologique matérialisé dans ce qu’on
appelle : « La théorie des deux glaives ». Cette théorie fait référence à une dualité, celle du pouvoir temporel (pouvoir
de coercition) et du pouvoir spirituel (pouvoir d’excommunication et des « clés »).
Elle marque la permanence des rapports entre l’Eglise et l’Etat mais aussi l’aspect conflictuel d’un double pouvoir.
Ce conflit s’inscrit dans la poursuite du mouvement grégorien qui a distingué deux classes : Celle des clercs détenteurs
du pouvoir spirituel (autorité supérieure) et celle des laïcs détenteurs du pouvoir temporel.

L’affirmation de la prééminence de l’autorité spirituelle est formelle : « Le pouvoir royal est mis en place par le
sacerdoce sur l’ordre de Dieu ». Cela fait prévaloir que le pouvoir des princes aussi légitime qu’il soit ne l’est que par la
reconnaissance de l’Eglise.

La théocratie pontificale est renforcée par les croisades menées par les ordres militaires (Ordre des templiers) à
l’initiative du pape contre les hérétiques d’occident et les infidèles d’orient.

Cependant le conflit entre le sacerdoce et les rois durcit. Les controverses sur l’exercice de la plenipotentiarité
pontificale sur le pouvoir séculier représenté par l’empereur et le roi se multiplient.

En France, des différends surgissent entre le pape Boniface VIII et le roi Philippe Le Bel à propos de l’affaire des
décimes (Impôt représentant le 1/10 du principal) que le roi a voulu prélever sur le clergé assujettie seulement au cens
féodal.

Le pape Boniface VIII est arrêté en 1303 par le conseiller NOGARET. La contestation de la théocratie se cristallise
dans l’organisation de la défense du pouvoir royal contre l’empiètement de l’Eglise. Les écrivains régaliens, les
publicistes et les légistes (conseiller juridique) s’opposent ensemble aux décisions pontificales et aux théoriciens
ecclésiastiques.

Ces rivalités entre la papauté et l’empire les affaiblissent au bénéfice des monarchies qui s’autonomisent. Peu à
peu, la royauté n’est plus un organe de l’Eglise mais constitue le noyau central d’une nouvelle formation politique
indépendante à savoir l’ « Etat national ».

CONCLUSION :

C’est la période du XI, du XII et du XIIIème siècle et celle de la suprématie de l’Eglise soumise à l’autorité
pontificale, elle doit cependant tenir de la naissance de l’esprit laïc et du l’anticléricalisme qui se manifestent dans les
écrits littéraires, les positions des princes entourés de leurs conseillers juristes ou représentants du peuple et de la
naissance de l’unité nationale autonome souveraine.

Cet affrontement entrainera le déclin de la chrétienté au Moyen âge.

A retenir : Les origines de la féodalité, les rapports entre la féodalité, la royauté et l’Eglise, le rôle politique de la
commune dans les villes, les conflits entre la papauté et la royauté, la naissance de l’esprit laïc, etc.

CHAPITRE III LE DECLIN DE LA CHRETIENTE MEDIEVALE ET LA NAISSANCE DE L’ESPRIT LAIC (AU XIV ET
AU XVème) :

Le XIVème et le XVème siècle apportent de profond bouleversement dans le monde occidental. C’est l’époque de
multiplication des guerres entre les princes entrainant une crise économique qui cause la ruine et l’appauvrissement
de large couche de population.

C’est l’époque des grandes épidémies telles que la grande peste noire de 1348 qui déciment le tiers de la
population en France et en Angleterre. C’est une époque qui marque également des scandales de l’enrichissement et
division de l’Eglise mais surtout une émergence de forces nouvelles qui continuent le mouvement de laïcisation.

SECTION I LES TROUBLES INTERNES DE L’EGLISE :

La centralisation pontificale a entrainé une organisation du gouvernement ecclésiastique à trois niveaux à savoir :
 La centralisation fiscale ;
 La centralisation judiciaire notamment par la création de la chambre apostolique, les tribunaux pour
juger les causes ecclésiastiques ;
 La centralisation administrative à travers le renforcement du contrôle de la désignation aux sièges
épiscopaux et autres.

Cette centralisation recouvrait une diversité d’ordre de corps et d’institutions qui aspirent à l’autonomie et entre
en conflit avec la papauté.

L’autorité conciliaire s’oppose au pape, ce différend a permis à la France de mieux définir ses libertés
ecclésiastiques. C’est la naissance du « gallicanisme », doctrine politico-religieuse qui conteste la toute-puissance du
pape au bénéfice des conciles généraux (les évêques) et des souverains dans leur Etat.

Le gallicanisme reconnait la supériorité du concile et œuvre à la création de l’Eglise de France qui établit ses
propres règles. Il s’agit d’un mode pacifique de réforme et d’émancipation vis-à-vis du saint siège toute en
reconnaissance au pape la primauté d’honneur et de juridiction.

Dans d’autres pays, cette opposition a fourni l’occasion d’affirmer les droits et coutumes nationaux. L’Anglicisme,
Eglise d’Etat constituée après la rupture du Roi Henry VIII avec le pape Clément VII pour motif de refus d’annulation de
mariage avec Catherine D’Aragon, se détache de la catholicité.

Par la suite, la réforme luthérienne et calviniste divisera le continent et fondra la doctrine du protestantisme.

SECTION II L’ANTICLERICALISME OU LA NEGATION DE L’EGLISE :

Parmi les théoriciens adversaires du pouvoir pontifical, Marcile de Padoue qui fut le recteur de l’université de
Paris réclame la légitimité d’une société civile contre ce qu’il qualifie d’usurpation de l’organisation cléricale en
opposition à l’ordre politique établi par le christianisme.

Pour lui, l’empiètement de la papauté et de la société ecclésiastique n’est autre qu’une confiscation du pouvoir
des laïcs qui cause des troubles socio-économiques et politiques. Il rejette l’existence d’une société spirituelle et ne
reconnait l’exercice de l’autorité qu’à l’Etat absolutiste.

Son œuvre « Défensor pacis » est en partie un pamphlet (attaque) contre la papauté et un traité sur la
souveraineté et le meilleur gouvernement. Il est le premier théoricien de l’Etat laïc et de la société affranchie de
l’entrave cléricale. Il est excommunié et son œuvre a été condamnée.

La théorie de l’anticléricalisme se répand peu à peu en occident. Elle est alimentée par le scandale du grand
schisme d’occident provoqué par la « Querelle des papes » concernant l’élection au trône pontifical après la mort de
Grégoire XI en 1378.

Beaucoup de théoriciens ont été condamnés au bucher pour hérésie tel entre autres le recteur de l’université de
Prague Jean Hus qui a poursuivi la cupidité de l’Eglise et le vice du clergé.

SECTION III L’IDEE DE NATION ET DE PATRIE :

PARAGRAPHE I NAISSANCE DE L’HUMANISME CHRETIEN :

Vers le milieu du XIV et du XVème siècle, le contour de l’humanisme chrétien se dessine. Une génération
d’historiens humanistes engagés fonde l’apparition de culture et de liberté à Florence qualifiée de cité de l ' « harmonie
et de la mesure », héritière de la vertu romaine (Les Colombes).

A l’opposé des humanistes florentins, les légitimateurs de la tyrannie à Milan justifient le césarisme qui a rétabli
l’ordre et l’efficacité dans Rome lors des guerres civiles (Les faucons).
PARAGRAPHE II LE ROLE DE L’EGLISE DANS LA FORMATION DES NATIONS :

Le rôle de l’Eglise dans la formation des nations modernes n’est pas exclusivement négatif. En effet, la réaction
progressive des princes soutenus par leurs entourages intellectuels a contribué à dégager les zones du pouvoir
temporel.

En outre, les troubles internes de l’Eglise ont permis aux princes de rétablir l’ordre à leur avantage. Enfin, l’Eglise
a préparé et conservé un cadre territoire et administratif pour la naissance des nations.

PARAGRAPHE III LA PATRIE

Le sentiment patriotique est en partie né d’une dérivation religieuse. Apparu à la fin du Xème siècle, le terme
« patrie » désigne le diocèse, c’est-à-dire le cadre territoire où l’évêque exerce sa juridiction administrative. A
l’intérieur de cette patrie ou pays, les liens entre sujets se consolident autour de l’évêque contre les périls de l’extérieur.

L’idée de «mort pour la patrie » apparait avec les croisades qui ont contribué au développement du sentiment
d’appartenance (Appartenance nationale).

Plus tard, la Guerre de Cent ans (guerre franco-anglaise) renforce le sentiment patriotique qui repose sur le
sentiment religieux. En ce sens que la patrie est un don de Dieu que le prince et ses sujets doit protéger.

Une conception moins religieuse du patriotisme est également née, la nation-patrie laïcisée emporte plus que
toute autre question. Cette montée du patriotisme et du nationalisme a limité les prétentions du pouvoir pontifical.
Presque partout dans le monde, l’idée nationale est la redécouverte de l’idéale de l’unité qui progresse grâce à l’Eglise
et contre l’Eglise.

NB : La cause du déclin de la chrétienté, la théorie de l’anticléricalisme, le rôle des intellectuels et des universités,
le fondement de l’humanisme, le sentiment nationalisme et du patriotisme sont à retenir.

TROISIEME PARTIE : EVOLUTION ET RENOVATION DES IDEES, CONSTRUCTION DES


DOCTRINES DANS LES TEMPS MODERNES
CHAPITRE I : LES LUTTES POLITIQUES ET RENOVATIONS DES IDEES DANS LE XVIEME SIECLE :

Le XVIème siècle baptisé la « Renaissance » est siècle novateur car de grandes transformations apparaissent dans
tous les domaines de l’activité économique et de la pensée politique. Ce siècle voit des grandes découvertes et la
réforme.

Le renforcement du pouvoir royal dans certains Etats contribue à l’élaboration de la doctrine de l’absolutisme
qui triomphera pour le siècle suivant. La politique reste idéologiquement dans la dépendance de la religion chrétienne.
Elle n’est pas autonome et les idées politiques résultent directement ou indirectement du mouvement religieux de la
réforme dont naquit le protestantisme.

Le renouvellement des idées porte la marque d’une croissante nationalisation des Etats et de la politique tandis
que l’équilibre des forces sociales et l’état des techniques (non de la science) s’opposent à l’instauration d’un pouvoir
réellement absolu.

Trois courants principaux naissent au cours du siècle : L’approche de la république, la souveraineté de l’Etat à
travers le prisme religieux et enfin le courant utopiste qui se greffe sur l’humanisme chrétien.

SECTION I LA CONSTRUCTION DE L’ETAT MODERNE

PARAGRAPHE I SURVIVANCES FEODALES ET PARTICULARISMES LOCAUX


En France, en Angleterre et en Espagne, le pouvoir royal se consolide grâce à l’institution de l’impôt permanent,
de l’armée permanente et la multiplication des officiers royaux qui renforcent le gouvernement central et organisent
une administration provinciale.

C’est une modernisation de l’Etat qui devient centralisateur mais avec le respect des particularismes locaux et
franchises des collectivités urbaines ou provinciales avec lesquels le gouvernement royal doit composer pour
s’imposer.

PARAGRAPHE II L’ABSOLUTISME MONARCHIQUE

Le royalisme populaire est un courant favorable à l’absolutisme monarchique. La rébellion est condamnable
parce que l’autorité est instituée par Dieu. Le prestige mystique de la monarchie a créé le roi thaumaturge capable de
guérir les maux.

Toutefois l’absolutisme royal est nuancé par le moralisme politique. Le roi a tout pouvoir mais ne doit pas en
abuser. Ainsi, la puissance royale est limitée par trois freins à savoir :

 Les obligations de conscience du roi et le caractère chrétien de la monarchie ;


 Les lois, les ordonnances et les coutumes établies ;
 Le parlement.

PARAGRAPHE III LE REALISME POLITIQUE DE MACHIAVEL :

Dans son ouvrage « Le Prince », Machiavel expose comment faire régner l’ordre et établir un Etat stable dans un
pays comme l’Italie, divisée par le Saint Siège et les interventions étrangères.

Sa pensée est liée à l’idée d’un sursaut patriotique italien contre les envahisseurs autour d’un chef exceptionnel,
en l’occurrence le prince tout puissant. C’est une politique de dosage subtile de ruse et de force selon les circonstances
et sans préoccupations morales que Machiavel préconise car ce qui compte c’est le résultat.

Les grandes lignes de la pensée machiavélienne sont les suivantes :

 Une dictature légale, indispensable pour surmonter les grands périls ;


 Une organisation militaire permanente. Seule une armée nationale peut assurer la sécurité et le service
militaire constitue la forme la plus haute du civisme ;
 Faire de la religion un instrument du pouvoir et un élément de cohésion sociale subordonné à l’Etat ;
 L’évangile qui sanctifie les humbles et les hommes livrés à la contemplation est une déformation du
christianisme qui est civique et guerrier.

Ainsi, selon ses recommandations, le prince est plus sûr d’être craint que d’être aimé et ne se maintiendra au
pouvoir qu’en observant les sept règles suivantes :

 Eviter de bouleverser les institutions ;


 Laisser aux subalternes les mesures impopulaires ;
 Ne pas laisser aux conseillers une autorité décisive ;
 Défendre et étendre sa puissance par tous les moyens y compris le crime si nécessaire ;
 Manipuler l’opinion publique pour servir sa réputation ;
 Dans les relations avec l’étranger, tout traité doit être conforme aux intérêts du prince et au détriment
d’autrui : ;
 S’abstenir des conquêtes trop lointaines ou difficiles qui seraient causes d’affaiblissement de l’Etat.

PARAGRAPHE IV LE CRITIQUE DU MACHIAVELISME :


Le critique a dénoncé le cynisme et l’amoralité de la pensée machiavélienne. Cependant, d’autres penseurs ont
rendu hommage à Machiavel pour avoir démonté les ressorts de l’art de gouverner tel qu’il était pratiqué de son temps.

Il a introduit le positivisme en tranchant entre la cité des hommes et la cité de Dieu. La société étant seulement
justiciable de la raison humaine. Pour cela, on l’a qualifié d’humanisme marginal par rapport aux humanismes chrétiens.

SECTION II L’HUMANISME CHRETIEN A TRAVERS ERASME ET THOMAS MORE

Erasme et Thomas More ont particulièrement marqué l’humanisme chrétien dont les aspirations et les
conceptions gagnent peu à peu le pays.

Les idées d’Erasme, qualifié de prince des humanistes, s’opposent aux schémas de Machiavel. Mélange de
moralisme politique et philosophie, il s’appuie sur des impératifs moraux et religieux pour prescrire et définir des
règles d’action.

Erasme condamne la guerre et la violence ainsi que l’arbitraire royal. Sa pensée repose sur des principes
évangéliques et un idéal de justice conforment à l’esprit chrétien mais surtout le principe de soumission à l’autorité.
Pour lui, la forme du gouvernement importe moins que l’esprit et le cœur des gouvernants (Théorie de l’élite du cœur
et de l’esprit).

La politique d’Erasme a été critiquée comme étant limitée à une simple réforme morale excluant les principes
du droit et les institutions. L’humanisme de Thomas More possède des aspects plus politiques et sociaux.

Dans son œuvre « Utopie », il reprend les idées d’Erasme et analyse les vices de la tyrannie en critiquant à la fois
la société et l’Etat. Le régime de l’île d’utopie est une démocratie égalitaire qui ne se réfère pas à l’évangile mais à la
raison naturelle de l’homme. Son christianisme est libéré de l’autorité pontificale et plus proche de Dieu.

SECTION III LA REFORME A TRAVERS LE LUTHERANISME ET LE CALVINISME

PARAGRAPHE I LA PENSEE DE LA REFORME

La pensée de la Réforme est une rénovation de la religion mais avec le maintien de la primauté idéologique du
religieux sur le politique.

Luther Martin, théologien et réformateur protestant allemand, a prêché la séparation radicale entre la foi et la
loi. Il recommande la soumission à l’autorité qui est compatible avec la liberté intérieure chrétienne.

Il a proposé des réformes ecclésiastiques, lourdes de conséquences politiques à savoir :

 La suppression de l’Etat ecclésiastique et des privilèges y étant rattachées pour élargir les attributions du
pouvoir temporel ;
 Compétence de l’autorité séculière pour entreprendre les réformes nécessaires dans l’Eglise au moyen
d’un Concile ;

Le luthéranisme a donné naissance à des sectes qui optent pour deux types d’attitudes :

 Le refus du monde et la rupture avec l’ordre temporel ;


 Une tentative de reconstruction du royaume du Christ sur Terre.

Jean Calvin a enrichi le luthéranisme. Cependant, il a limité et rétabli l’unité du temporel et du spirituel. Il en
résulte que la politique calviniste subordonne toute la vie politique et sociale aux directives du clergé. D’où un régime
cléricale et une dictature religieuse.
La création du « Consistoire » (1541) chargé de la direction administrative des communautés religieuses instaure
un contrôle de la vie publique et privée au détriment du pouvoir civil.

Pour Jean Calvin, il n’appartient jamais au peuple de se révolter. Seule la providence peut intervenir contre un
gouvernement injuste par la rébellion d’un prophète.

PARAGRAPHE II : L’INFLUENCE DE LA REFORME SUR LA VIE POLITIQUE A L’EPOQUE

Bien plus qu’une doctrine politique au XVIème siècle, la Réforme, a suscité des actions politiques et de grands
bouleversements sociaux.

L’influence de la Réforme sur le mouvement des idées politiques s’est indirectement manifestée à travers la
division religieuse et les guerres de religions (1562-1598 : 36 ans « Massacre de la St Barthélémy) ainsi que les luttes
sociales.

Malgré la condamnation de la rébellion par le luthéranisme et le calvinisme, un courant de réactions contre


l’absolutisme se développe (porté par les monarchomaques : ceux qui se sont regroupés pour réagir contre l’arbitraire
royal).

Les Etats généraux (Assemblée politique réunie à la discrétion du roi) soutiennent que le loyalisme des sujets
implique une réciprocité des obligations : « Les magistrats ont été créés pour le peuple et non le peuple pour les
magistrats. C’est le consentement populaire qui fait le roi et la délégation consentie ne peut être que conditionnelle ».

C’est la théorie du contrat entre gouvernants et gouvernés dont la rupture doit être sanctionnée par les officiers
du royaume qui représente la nation ou l’appel à l’étranger contre le tyran.

En conclusion, on peut dire que trois grandes lignes apparaissent dans le mouvement des idées au XVIème siècle :

Tout d’abord, le progrès marqué de l’attachement à la monarchie nationale et absolue contre les
conceptions féodales et particularistes ;
Ensuite, un début de rationalisation et de sécularisation de la pensée politique favorisée par la Réforme ;
Enfin, un dépassement de la loyauté dynastique pour un patriotisme républicain et une idéologie de la
liberté (liberté d’entreprendre) qui prend forme avec la naissance de la conscience bourgeoise favorisée
par l’absolutisme.

CHAPITRE II : L’ABSOLUTISME
SECTION I : ORIGINES DE SON TRIOMPHE

A) Crises :

Le XVIIème siècle est un siècle de crises multiples qui a favorisé l’instauration d’un pouvoir absolu :

Crises économique et sociale dues à la famine, aux révoltes paysannes ou jacqueries, aux oppositions de
classes utilisées par la monarchie qui maintiennent entre elle un équilibre stable ;
Crises politiques et guerres notamment à travers les mouvements révolutionnaires contribuant à
renforcer le pouvoir par le besoin d’ordre et de paix, aux guerres exigeant une concentration du pouvoir ;
Crises religieuses du fait des guerres de religions et au mouvement d’indépendance contre la papauté de
Rome ainsi que la révocation de l’Edit de Nantes (Traité de tolérance entre catholique et protestant signé
par Henri IV en 1598 et révoqué par Louis XIV en 1685)

B) Naissance du mercantilisme et de l’utilitarisme :

Le XVIIème siècle voit l’épanouissement de la doctrine économique mercantilisme et de l’utilitarisme d’où une
réhabilitation du commerce, jusqu’ici toléré par l’Eglise.
Cette doctrine pousse à l’industrialisme, au protectionnisme et au nationalisme. Ensemble, il s’agissait de
développer au maximum la production nationale et dépasser les particularismes provinciaux.

En Angleterre, Thomas Hobbes prône l’absolutisme dans son ouvrage « Le Léviathan ». Il recommande la fidélité
au pouvoir et défend la cause du pouvoir absolu au nom de l’utilité, de l’intérêt des individus, de la paix et de la
conservation.

En France, le cardinal de Richelieu travaille au renforcement du pouvoir royal et met en avant la raison d’Etat
en alliant le pragmatisme et les considérations morales.

SECTION II : CAUSES DU DECLIN

L’absolutisme en dépit de son triomphe apparent présentait en réalité beaucoup de faiblesses. Tout d’abord une
fragilité (i) due aux caractères temporaires des motifs qui le favorise mais finissent par le miner. Ensuite une ambiguïté
(ii) car il fait appel à la fois à des éléments traditionnels (loyauté au roi, etc.) et à des éléments nouveaux (le
mercantilisme, etc.).

Puis un anachronisme (iii) car en contradiction avec l’ouverture progressif des économies, au capitalisme
moderne. Enfin, il y avait confrontation (iv) avec la menace constituée par la révolution scientifique et le développement
du rationalisme. De fait, l’absolutisme avait été conçu comme une négation de la féodalité et non comme une formule
de despotisme et de tyrannie.

Il est d’abord au service du mercantilisme qui nécessite une politique d’autorité et de sécurité. Ensuite le
développement du capitalisme et la naissance d’une bourgeoisie qui veut être associée au pouvoir affaiblissent peu à
peu l’absolutisme qui finit par être attaqué de tout part.

C’est l’éclatement des anciennes structures et ce que l’on a qualifié de « Crise de conscience de l’Europe » qui
ont entrainé le recul des principes absolutistes.

CHAPITRE III LE SIECLE DES LUMIERES


Après le déclin de l’absolutisme, le XVIIIème siècle est le temps des despotismes éclairés. Il se caractérise par
l’émergence d’un groupe nouveau, celui des intellectuels. La croissance de la bourgeoisie en Europe occidental domine
ce siècle marqué par le progrès technique et économique ainsi que l’humanisme.

La philosophie bourgeoise se veut universaliste et le thème principal de la pensée politique est axé sur les
relations entre l’Etat et la société civile ainsi que l’organisation du pouvoir.

La diffusion des idées s’organise avec la multiplication de salons, de clubs et de centres de réflexion ainsi que la
diversification des organes de diffusion et de propagande tels que les gazettes, l’encyclopédie qui sera un outil de
transformation de mentalités au XVIIIème siècle et représentait les critiques contre l’ordre social et politique existant.

L’autre fait marquant de ce siècle est également l’existence de courants d’échanges intellectuels internationaux.

La pensée des lumières donne naissance à des multiples courants d’opinions qui remettent en cause toutes les
données fondamentales de l’organisation politique. L’ensemble des projets politiques s’organise autour du culte de
la loi.

Deux livres de doctrines représentent les idées politiques du XVIIIème siècle à savoir « L’esprit des lois » de
Montesquieu (Baron) et « Le contrat social » de Jean Jacques Rousseau (Prolétaire).

Leurs positions sont opposées. Montesquieu alimente la doctrine constitutionnelle et le refus du


confusionnisme du pouvoir alors que Jean Jacques Rousseau le refus de la monarchie absolue pour prôner la
démocratie absolue.
SECTION I : LE LIBERALISME DE MONTESQUIEU (ARISTOCRATIQUE)

Montesquieu (Il n’a jamais parlé de démocratie) est un admirateur de la Constitution anglaise. Selon lui,
l’Angleterre est le peuple du monde qui a su le mieux combiner religion, commerce et liberté.

Dans son ouvrage, il procède à l’analyse des lois et conclut à l’existence de modes de gouvernement selon les
temps et selon les pays. Cette analyse tient compte de quatre critères :

 Le relativisme selon lequel la loi est un système de rapport avec la Constitution de chaque pays, ses
mœurs, sa culture, sa religion, etc.
 Le déterminisme selon lequel les lois sont les rapports nécessaires qui dérivent de la nature des sociétés ;
 Le rationalisme selon lequel la loi est l’incarnation de la raison ;
 Le scepticisme selon lequel il y a grandeur de la loi mais infirmités possibles des législateurs (La théorie
de la faillibilité : la loi est grande mais ce n’est qu’une œuvre humaine alors que l’homme peut faire des
erreurs).

Montesquieu a recommandé le gouvernement modéré. Sa théorie politique est celle des contrepoids : « Il faut
que le pouvoir arrête le pouvoir ». Ainsi, il dénombre cinq forces qui peuvent s’opposer au Despotisme :

 Le partage des pouvoirs (Séparation de pouvoir actuellement) : En ce sens, le pouvoir exécutif, judiciaire et
législatif ne doivent pas se trouver entre les mêmes mains.

Cette théorie sera fixée dans l’article 16 de la Déclaration des droits de l’homme : « Toute société dans
laquelle la garantie des droits n’est pas assurée, ni la séparation des pouvoirs déterminée, n’a point de
constitution »

 Les corps intermédiaires : c’est-à-dire l’utilité sociale et morale des corps constitués tels que le Parlement et la
noblesse dont il soutient les privilèges et qu’il qualifie de« Garant de la liberté ».

 La décentralisation en opposition à la concentration du pouvoir qui favorise la dérive vers le despotisme ;

 Les mœurs : Ce sont des compléments de lois, aussi la modération en matière de législation est recommandée ;
 La religion qu’il qualifie de « Beau décor » et de « Frein social » : « Il est utile que l’on croit que Dieu est »

Ses idées sociales n’ont rien de révolutionnaire et ont été même qualifiées d’ambigües. Pour lui, la liberté
consiste essentiellement dans la sécurité des biens et des personnes. L’égalité absolue est selon lui utopique. Aussi, il
préconise le refus du droit populaire, à la « populace » qu’il ne faut pas confondre avec le peuple.

Il est donc pour le régime censitaire (Cens électoral). Selon lui, dans le gouvernement populaire, la puissance ne
doit jamais tomber entre les mains du bas peuple. Il estime que le peuple peut élire et non décider.

Sur le plan socioéconomique, Montesquieu est un conservateur éclairé. Pour lui, l’Etat doit pourvoir à l’entretien
des malades, des vieillards et des orphelins, ouvrir des greniers publics et lutter contre la misère (Etat providence).

SECTION II : LA DEMOCRATIE TOTALITAIRE DE ROUSSEAU ET LES UTOPIES EGALITAIRES

Face à l’utilitarisme, doctrine de la bourgeoisie et une philosophie réaliste, les idées démocratiques et égalitaires
n’ont été défendues que par des penseurs isolés comme Jean Jacques Rousseau. Elle s’exprime sous forme de révolte
et d’utopie.

A) Les idées politiques de Rousseau

Sur le plan politique, Rousseau est plus radical que ses contemporains. Il prône la démocratie sociale. Les
principales charpentes de son œuvre sont « Le contrat social » et « Le discours sur l’inégalité parmi les hommes ».
Le discours sur l’inégalité exprime le conflit entre la pauvreté et la société, l’injustice de la société et la bonté
de la nature. Son analyse démontre que le postulat de base est l’égalité de tous les hommes et que l’inégalité est
historique, elle date de l’apparition de la propriété.

Cette inégalité d’abord sociale puis politique constitue une menace pour la survie de l’espèce humaine. Aussi
Rousseau veut transposer l’égalité naturelle dans le domaine du politique au moyen du contrat fondateur et
organisateur de la société.

« La naissance de la société est liée à l’apparition de la propriété, et celle de l’autorité est liée à la protection
des intérêts. Le pouvoir n’est donc ni une essence théologique ni une construction juridique ni une conquête militaire
mais une somme d’intérêts. » Cette œuvre préfigure « La révolte romantique » et porte le germe du marxisme.

Le contrat social compose une politique nouvelle et un pacte social qui unie chacun à la communauté. Ainsi pour
consolider l’égalité politique, chaque citoyen, à l’instant de la conclusion du pacte civique, renonce à la totalité de ses
droits naturels et se dote en échange de droits civiques ou politiques qui sont les mêmes pour tous.

Cependant, ces droits sont désormais tenus de la puissance publique et la société résulte d’un acte de volontés
collectives.

Rousseau prône ici l’unité du corps social, la subordination des intérêts particuliers à la volonté générale,
souveraine et absolue et le règne de la vertu dans une nation de citoyens égaux, libres et respectueux du contrat.

Rousseau a cependant des réserves quant à la démocratie qui comporte des dangers pour les hommes imparfaits
et semble au final opter pour l’aristocratie car l’ordre le meilleur est le plus naturel et que les sages gouvernent la
multitude.

Il souligne l’importance de l’éducation et de la vertu, éducation des citoyens dans le civisme, dans le patriotisme
et dans le sentiment national.

Selon lui, la volonté générale (intérêt général) pense toujours à l’utilité publique. Aussi, la souveraineté populaire
est inaliénable (on ne peut pas la déléguer). Il s’oppose en ce sens à la séparation des pouvoirs et opte pour ce qu’on
appelle « Démocratie directe ».

Malgré tout, sa pensée se fonde sur le pragmatisme. Il préconise une réforme morale utile avant toutes réformes
politiques : « Avant de réformer les institutions, il faut former des citoyens ».

B) Les idées sociales de Rousseau

Les idées sociales de Rousseau expriment un compromis entre l’idéologie dominante c’est-à-dire liberté,
propriété et inégalité ainsi que l’idéale utopique fondée sur l’égalité absolue. Rousseau veut faire disparaitre à la fois
le luxe et l’indigence (misère) néfaste au bien commun.

Il veut lutter contre la destruction de l’égalité et corriger les injustices. Pour lui : « Il faut que tout le monde vive
et que personne ne s’enrichisse ». Avec Rousseau, plusieurs auteurs du XVIIIème siècle ont versé dans le courant de
l’utopie égalitaire (comme Fourier, Proudhon, Auguste Blanqui) et dressent des plans de cité fraternelle sans véritable
analyse économique.

Cette forme de communisme moralisateur et pour l’instant littéraire recommandait trois lois fondamentales
pour une société vertueuse à savoir :

 L’abolition de la propriété privée ;


 Un système d’assistance nationale y compris une éducation collective et étatisée ;
 Un système de coopération entre les membres.
Phalanstère : Grand domaine utopique où les travailleurs vivent en communauté selon le système idéal imaginé
par Fourier.

C’est le début d’un courant populiste et d’une conscience de lutte entre les classes, d’une injustice et d’une
misère des ouvriers (Blanqui qui va recommander la résurrection permanente).

C’est le marquis de Condorcet qui fera la synthèse des idées du XVIIIème qui sont pour lui l’expression d’une foi
dans le progrès de l’esprit humain.

Condorcet fonde ses espérances en trois points en conciliant l’utilitarisme des encyclopédistes et la passion de
Rousseau : Tout d’abord la destruction d’inégalités entre les nations, les progrès de l’égalité dans un même peuple et
enfin le perfectionnement de l’homme. Ses idées sont réunies dans son ouvrage : « Esquisse d’un tableau historique
des progrès de l’esprit humain » en 1794.

Son système politique est fondé sur l’affirmation des droits de l’homme dont les deux premiers sont la sûreté
de sa personne et la jouissance libre de sa propriété.

CHAPITRE IV : LA PENSEE REVOLUTIONNAIRE


D’une façon générale, le principe de la monarchie ne semble pas être mis en cause par les populations et aucun
auteur du XVIIIème ne présente une théorie de la révolution avant Babeuf.

La doctrine du « Babouvisme » reposait sur le principe fondamental de l’égalité conduisant au communisme et


l’affirmation de l’indissociabilité entre révolution politique et révolution sociale.

A la tête de sa société secrète nommée « La conspiration des égaux », le projet de Babeuf s’oriente vers une
révolution en faveur des pauvres.

La révolution américaine et la révolution française revêtent une importance particulière et servent à la fois de
référence et de modèle dans le passage de la spéculation à l’action.

SECTION I : LA REVOLUTION AMERICAINE

PARAGRAPHE I : LES ORIGINES DE LA REVOLUTION AMERICAINE (Révolution pragmatique)

Elles sont à la fois économiques, politiques et religieuses.

Sur le plan économique, il s’agit d’un conflit d’intérêt entre négociants et armateurs de la Nouvelle Angleterre
(La région du Nord-Est des Etats-Unis) contre ceux de la métropole en matière de monopole de commerce et de
répartition des charges fiscales.

Ensuite sur le plan politique, il s’agit d’une opposition des Assemblées des colonies à l’autorité des gouverneurs
sur le principe du « Self Government ».

Enfin sur le plan religieux, la tradition puritaine (rigoriste et austère) et l’individualisme des colons qui établissent
un régime de tolérance religieuse favorisant la création de sectes.

PARAGRAPHE II : LA PORTEE DE LA REVOLUTION AMERICAINE

La révolution américaine s’est réalisée sous forme d’insurrections des colonies par la pression des faits dont le
plus important est le problème de l’impôt et le refus de taxation sans représentation des colons au Parlement.

A l’origine, les revendications des colons se situent à l’intérieur de la Constitution anglaise en tant que droit
naturel de citoyens britanniques. La réussite de l’insurrection pose l’Amérique en modèle pour l’Europe.
L’indépendance politique et économique des colons est considérée comme étant conforme au droit naturel et à
la morale. La déclaration d’indépendance des colonies insurgées rédigée par Thomas JEFFERSON le 04 Juillet 1776
affirme certains droits inaliénables des hommes tels que la liberté et la recherche du bonheur pour justifier la
naissance d’un nouvel Etat.

La pensée politique américaine sera une synthèse entre capitalisme et démocratie, entre efficacité et liberté,
mais aussi entre planification et les effets.

SECTION II : LA REVOLUTION FRANCAISE ET L’INFLUNCE DES DOCRINES

Commençant en 1789, la révolution française a bouleversé les institutions françaises et transformé celles de
l’Europe. Cette époque voit la formation des symboles, des concepts et des idées politiques qui auront cours au XXème
siècle.

La pensée révolutionnaire s’incarne dans le concept de la nation souveraine représentée par le Tiers état dans
les écrits d’Emmanuel Sieyès « Qu’est-ce que le tiers état ? ». Le débat politique se porte sur la laïcisation de la
souveraineté et le transfert de la souveraineté du roi à une autre entité à savoir la « Nation ».

Désormais, la souveraineté nationale est associée à la représentation qui devienne des concepts du droit positif.
Cependant le suffrage reste censitaire avant d’être universel. La Constitution quant à elle organise des pouvoirs séparés
pour sauvegarder les libertés privées.

Au-delà des différences de contextes, la Révolution française et la Révolution américaine ont des causes
communes en particulier la croissance des bourgeoisies. Il faut les rapprocher des mouvements révolutionnaires qui
se développent en Europe à la fin du XVIIIème siècle.

Cependant, si la Révolution américaine a été déclenchée par des faits socio-économiques et politiques, la
Révolution française a été précédée par une longue maturation idéologique. Selon les théoriciens de la Révolution, la
Révolution française serait une révolution de doctrines et de dogmes voir une révolution philosophique.

Les ouvrages de recherches sur l’origine intellectuelle de la révolution soulignent l’influence de la mise en
circulation des œuvres de Voltaire (Un grand polémiste), de Rousseau, de Montesquieu et Diderot (Les
encyclopédistes) dans les divers milieux de la noblesse et de la bourgeoisie.

PARTIE IV: L’EVOLUTION DES IDEES POLITIQUES DEPUIS LE XIXEME SIECLE


Les historiens des idées s’accordent à reconnaitre que la Révolution française a contribué à poser les fondations
d’une nouvelle société. En effet avec la suppression des hiérarchies des ordres, elle a créé une égalité juridique entre
les citoyens égaux et libres.

Cependant, une nouvelle emblématique se pose car on passe d’une société d’ordres (Noblesse, clergé et tiers
état) à une société de classes. Le facteur économique prédomine avec le niveau de ressources (une rente, le salaire et
le capital).

Si le citoyen est émancipé, l’individualisme s’érige en dogme sur le plan économique. Même si l’intérêt général
est posé en principe fondamental, la situation du pauvre se précarise (Phénomène de la paupérisation : le pauvre
s’appauvrisse alors que le riche s’enrichie).

La Loi le Chapelier du 14 Juin 1791 interdit l’action collective ouvrière (Interdiction de réunion, etc.). Elle ne sera
aboulie qu’en 1864 et ce n’est qu’en 1884 que les groupements professionnels sont reconnus. C’est l’une des causes de
la difficile condition ouvrière et de la naissance du socialisme en 1830 en révolte contre l’individualisme.
CHAPITRE I : LES CONCEPTS POLITIQUES DU XIXEME SIECLE

La pensée politique se développe autour de la notion liberté et de justice sociale. Libéralisme, socialisme et
nationalisme seront les concepts politiques du XIXème siècle.

SECTION I : LIBERALISME

A l’origine, une philosophie de la bourgeoisie, le libéralisme est également une philosophie du progrès technique,
intellectuel, social et morale. Doctrine de la liberté, il apparait comme une garantie des libertés. Il véhicule plusieurs
idéologies.

Tout d’abord le libéralisme économique : Fondement doctrinal du capitalisme qui repose sur le principe de
richesses et de propriétés, et qui s’oppose au dirigisme tout en réclamant le maximum de faveurs de l’Etat.

Ensuite le libéralisme politique : Fondement doctrinal du gouvernement représentatif de la démocratie


parlementaire opposé au despotisme. Enfin le libéralisme intellectuel : Il est caractérisé par l’esprit de conciliation et
de tolérance.

Le libéralisme français s’est distingué du libéralisme anglais et américain car il a mis l’accent sur l’individu
comme valeur principale et raison d’être de la société.

Alexis de Tocqueville affirme comme irréversible l’évolution de la société vers l’égalité et la démocratie pour
éviter le glissement vers l’anarchie et le despotisme.

SECTION II : LE NATIONALISME ET LE TRADITIONALISME

Le XIXème siècle marque l’extension des nationalités et la plus part des mouvements révolutionnaires ont une
double inspiration : Nationale et libérale.

Le nationalisme français est incarné par les idées de l’historien et écrivain Michelet. Cette doctrine se fonde sur
la mission de la nation, indissociable de la liberté et de la révolution et considère le peuple comme étant le moteur
de l’histoire.

Le traditionalisme se fonde sur la référence à l’histoire, la puissance des faits (dictature des faits) et les leçons de
l’expérience, et privilégie les thèmes de la patrie : l’héritage, la terre, le héros, de l’élite, la foi religieuse, l’ordre et
l’unité, la société, etc.

SECTION III : LE SOCIALISME

La révolution industrielle a creusé le faussé non seulement entre les nations engagées dans le progrès et les
nations traditionnelles mais elle a également fait découvrir au prolétaire leur solidarité et leur misère.

Le terme de socialisme, opposé à l’individualisme, est une doctrine de réforme sociale construite à partir des
conséquences sociales de la révolution industrielle. C’est une dénonciation du machinisme et un procès de l’économie
libérale ainsi que la construction d’un système économique jugé inique (injuste).

Ce système (capitaliste) est qualifié d’exploitation de l’homme par l’homme sur la base de la maximisation du
profit et dumping social.

Selon les critiques socialistes, l’économie libérale est de fait une économie accaparée c’est-à-dire un monopole.
Le développement de la grande industrie n’a pas amélioré le sort de la classe ouvrière mais l’a aggravé. Le socialisme
pré-marxiste a des liens avec le traditionalisme, le romantisme littéraire, le christianisme et l’utilitarisme.
Les premières doctrines socialistes apparaissent en Angleterre avec Robert Owen. La pensée de ce dernier
reposait sur la philanthropie patronale et le retour à l’état pour faire adopter les réformes, le communisme agraire, le
mouvement coopératif et le messianisme social.

Le socialisme français a formé deux groupes de doctrines :

 Les doctrines qui privilégient la réforme de l’économie et ne comptent pas sur la démocratie politique pour
réaliser cette réforme : Saint Simon (Simonisme), Proudhon (Proudhonisme), Fourier (Fouriérisme) ;
 Les doctrines qui ne séparent pas la réforme sociale de la démocratie politique et de la révolution : Blanqui
(Blanquisme).

Les traits dominants de ces doctrines pré-marxistes sont la morale, le rêve de fraternité, l’idéalisme, le
patriotisme, le peuple mais sans évoqués encore la lutte de classes. Ces doctrines représentaient l’esprit d’une époque
engagée dans les mouvements sociaux et révolutionnaires ainsi qu’une conception encore idéaliste de la politique et
de l’économie.

SECTION IV : LE MARXISME

PARAGRAPHE I : INFLUENCE DE LA DOCTRINE REGALIENNE SUR LA FORMATION DE LA PENSE DE KARL MARX


(1818-1883 Philosophe Allemand)

Dans sa réflexion sur l’histoire universelle, sur le droit et sur l’Etat, Friedrich Hegel a fondé une théorie de l’Etat
et de la nation. L’Etat est selon lui la sphère de conciliation de l’universel et du particulier, c’est-à-dire de l’individu et
du peuple.

L’individu aspire à l’universel qui ne lui est accessible que par la médiation du peuple. Pour lui, la nation se fonde
sur l’histoire qui est l’esprit d’un peuple devenu une culture nationale s’imposant à tous ses membres.

La doctrine Hégélienne soutienne que l’idée se développe selon une logique dialectique (Loi de développement
par conservation et dépassement d’antinomies résolu dans un troisième terme qui le surmonte : Thèse, Antithèse et
Synthèse).

PARAGRAPHE II : INFLUENCE DE LUDWIG FEUERBACH (L’aliénation religieuse)

Dans la pensée de Feuerbach, sa thèse soutient que l’homme conscient de ses faiblesses projette en Dieu ses
propres attributs et vertus sublimées (porté à un rang spirituel ou intellectuel supérieur). Dieu ne serait donc qu’un
produit de sa conscience, une perte de sa substance.

De cette pensée de Feuerbach, Marx et son collaborateur Friedrich Engels retiennent l’analyse de l’aliénation
religieuse ainsi que le postulat matérialiste qui donne pour point de départ à toutes réflexions philosophiques la réalité
de l’homme en tant qu’individu, être social et masse humaine.

PARAGRAPHE III : EVOLUTION DE LA PENSEE DE MARX

Marquée par les réalités de sa société, la pensée politique de Marx est exclusivement critique : « L’histoire de
toutes sociétés jusqu’à nos jours n’a été que l’histoire de luttes de classes ». Il se livre d’abord à une critique du droit
et de la politique dans la société allemande.

Il pense que la solution des inégalités doit être fournie par l’Etat et qu’une réforme de l’Etat entrainera celle de
la société. En partant du postulat que l’Etat est déterminé par la société et les rapports qui la dominent, en l’occurrence
la propriété privée, il soutient que la liberté politique n’est possible que par le bouleversement préalable des rapports
économiques entre les hommes.

Selon lui, la révolution sociale et politique ne peut être conduite que par le prolétariat. Il rejette le réformisme,
le socialisme d’état et le communisme utopique qui ne cherchent pas à transformer l’appareil d’Etat dans ses assises.
Il formule ainsi le principe du matérialisme historique : Les philosophes n’ont fait qu’interpréter le monde de
diverses manières, ce qui importe c’est de le transformer […] Ce n’est pas la conscience de l’homme qui détermine
leur existence sociale mais inversement c’est leur existence sociale qui détermine leur conscience.

En 1846, Marx et Engels s’appelleront à l’élaboration de la stratégie du mouvement révolutionnaire prolétarien.


Le « Manifeste du parti communiste » est rédigé en 1848 après la fondation de la ligue des communistes. En 1864, ils
font la première internationale et luttent contre les influences des anarchistes Pierre Joseph Proudhon et Mikhaïl
BAKOUNINE (Russe) qui veulent l’abolition de l’Etat du jour au lendemain.

Pour Marx et Engels, l’Etat actuel doit être utilisé pour accomplir les transformations économiques nécessaires
à la victoire du prolétariat. Ils soutiennent que le communisme ne se réalise pas par la suppression de l’Etat, il entraine
sa disparition progressive en tant qu’instrument de violence et d’oppression (Dépérissement de l’Etat).

Le projet politique de Marx est la prise du pouvoir par les ouvriers et la constitution d’une société communiste.
Ainsi la révolution prolétarienne n’est pas anarchique, elle est permanente et appuyée par l’internationalisme
prolétarien. Le marxisme confronté à la réalité est devenu une politique.

SECTION V : L’IMPERIALISME OU LE NATIONALISME EXPANSIONNISTE

Le nationalisme a servi de base à des politiques expansionnistes des nations puissantes. L’impérialisme se définit
de ce fait comme la défense de l’empire ou la défense de la nation avant de prendre le sens de politique d’expansion
ou de .

PARAGRAPHE I : LE NATIONALISME ALLEMAND

Le nationalisme allemand repose sur la mission spirituelle de l’Allemagne. Il est lié à l’idée de supériorité de la
race germanique influencé par le darwinisme (La sélection naturelle, Darwinisme social), lié également à l’idée
d’héritage historique et l’exaltation de la guerre indispensable à l’idéalisme politique.

Ce nationalisme a débouché sur le « pangermanisme » qui répond aux exigences économiques de la croissance
industrielle et surtout au culte du peuple allemand.

PARAGRAPHE II : LE NATIONALISME ANGLAIS

La conversion du libéralisme anglais à l’impérialisme est une colonisation commerciale mondiale car des colonies
d’exploitation sont installées sur la route des Indes.

Il s’agit d’un nationalisme sans agressivité initié par la nécessité de conquête de marchés pour contrer le déclin
des exportations dû au protectionnisme de l’Allemagne et des Etats-Unis d’Amérique. C’est également un impérialisme
civilisateur face au pangermanisme.

PARAGRAPHE III IMPERIALISME AMERICAIN

Après la déclaration d’indépendance, les Etats-Unis expriment la volonté de contrôler la zone géographique qui
les entoure pour créer une zone d’influence. Il s’agit d’une colonisation administrative où les Etats établissent entre
eux des pactes et des traités.

L’impérialisme américain est de ce fait dû à la croissance démographique et économique favorisée par l’essor du
capitalisme. Il est à la fois économique du fait du développement de sa flotte maritime, démographique par
l’économie de peuplement, biologique par le culte de la supériorité de la race anglo-saxonne et enfin territorial par
l’annexion.

PARAGRAPHE IV LE COLONIALISME FRANÇAIS (Impérialisme français)


Le colonialisme français a pour objectif de contrôler et contrecarrer l’évangélisation protestante et anglicane
en Afrique. La colonisation est présentée comme une entreprise républicaine c’est-à-dire universelle et humanitaire
offrant le progrès à tous avant de s’appuyer à son tour sur des arguments économiques et politiques.

SECTION VI : L’ANARCHISME

L’anarchisme professé par Proudhon et Bakounine est à la fois un principe philosophique, économique et
politique.

Sur le plan philosophique, il est antithéiste et ne reconnait aucune subordination de l’homme supposé bon, libre
et intelligent : « La vie est mouvement et la révolte est la loi de l’homme ».

Sur le plan politique, l’anarchisme repousse toute législation qui ne peut tourner qu’au profit de la minorité
dominante contre la majorité asservie. Il condamne les partis politiques avides de pouvoir qui favorisent la
cristallisation des fonctions des chefs : «Tout Etat comme toute théologie suppose l’homme essentiellement méchant
et mauvais » Bakounine.

Sur le plan économique et social, les anarchistes se prononcent contre la propriété privée et les inégalités
qu’elle créées, la puissance qu’elle donne et l’autorité qu’elle renferme. Ils optent pour les collectivismes et le
communisme. Ils sont partisans du coopératisme et du syndicalisme pour favoriser l’auto-organisation des masses
populaires (Le syndicat a pour vocation de remplacer l’Etat) : « La propriété c’est le vol, nous voulons la propriété pour
tous » Proudhon.

L’anarchisme a eu des déviations terroristes mais il représente surtout la réaction du prolétariat face au
capitalisme et l’entrée des masses populaires dans la vie politique.

CHAPITRE II : LES IDEES POLITIQUES DU XXEME SIECLE

Vers la fin du XIXème siècle, les idées politiques évoluent, se diffusent et créées des mouvements et des grands
partis politiques. C’est une période de synthèse, de révision et d’adaptation aux réalités.

Le XXème siècle est marqué par la victoire des démocraties, la suprématie de l’occident, la naissance des
nouveaux Etats et l’exaltation nationale.

Toutes les réflexions tournent autour de l’évolution du capitalisme, du rôle de l’Etat, l’action politique, la
condition prolétarienne et la société civile. Cependant, le XXème siècle n’a donné naissance qu’à deux nouvelles
idéologies : Le communisme et le fascisme.

Les tentatives de révision continuent avec le néonationalisme, les néo-socialismes, les néo-traditionalismes et
les néo-libéralismes. C’est un siècle marqué par la révolte contre le rationalisme, l’économisme, le triomphe des
techniques et l’impuissance de l’homme à tous prévoir et à organiser. Cette crise de sociétés se traduit dans l’évolution
des idées.

SECTION I : LE MARXISME-LENINISME

PARAGRAPHE I : THEORIE ET PRATIQUE REVOLUTIONNAIRE

Le marxisme qui est prolongé par l’apport de Lénine révolutionnaire russe, fondateur de l’Etat soviétique et chef
de la fraction bolchévique (Majorité), devient la doctrine dont se réclament les régimes politiques des républiques
socialistes, les démocraties populaires et les Etats communistes.
Le principe fondamental du marxisme-léninisme est que sans théorie révolutionnaire, il n’y a pas de mouvement
révolutionnaire. Cependant, si la théorie est un guide pour l’action, elle n’est pas un dogme et doit être liée à la pratique
et à l’expérience révolutionnaire des prolétariats du monde entier.

Cette revalorisation de la théorie a déterminé l’organisation de la formation idéologique des cadres des partis.

PARAGRAPHE II : DEPERISSEMENT DE L’ETAT (Capitaliste) ET RENFORCEMENT DE L’ETAT SOCIALITE

Pour le marxisme, l’Etat est essentiellement perçu comme un appareil de contrainte et de violence. Lénine
distingue les phases de passage de l’Etat capitaliste au socialisme et précise le but final de la révolution prolétarienne à
savoir la démocratie réelle par le régime communisme :

Phase I : Anéantissement de l’Etat bourgeois ;


Phase II : Dictature du prolétariat ;
Phase II : Dépérissement de la contrainte et de la violence à l’intérieure de cette dictature prolétarienne.

Cependant, le renforcement et la centralisation de l’appareil administratif et bureaucratique du parti provoque


les critiques contre la dictature léninienne ou le bolchévisme. Aussi la théorie de dépérissement de l’Etat est
abandonnée au profit du renforcement de l’Etat socialiste d’où une réhabilitation de la fonction de l’Etat qui éduque et
forme la conscience socialiste comme le parti qui est le guide éclairé du peuple.

Cette situation va donner naissance à plusieurs voies : vers le socialisme mais aussi à un débat doctrinal portant
sur les revendications d’indépendance des démocraties populaires vis-à-vis de l’Union Soviétique et du Parti
Communisme de l’Union soviétique (PCUS), la liberté dans la vie sociale, culturelle, religieuse et familiale ainsi que le
problème de la guerre et de la paix.

PARAGRAPHE III : LA GUERRE REVOLUTIONNAIRE CHINOISE

Mao Tse Toung disciple de Lénine et militant marxiste fonde le parti communiste chinois et décide de s’appuyer
sur les paysans pauvres qu’il considère comme étant la seule force révolutionnaire dans la société chinoise après le
constat d’échecs d’une tentative de révolution prolétarienne urbaine.

La guerre révolutionnaire chinoise s’est caractérisée tout d’abord par une guerre civile permanente à travers la
combinaison d’une armée régulière et de la guérilla des paysans soldats.

Ensuite, la réforme agraire (Redistribution des terres) et les grands travaux qui suivent chaque avancée
territoriale par l’armée dans la destruction de la féodalité. Enfin, la lutte contre l’analphabétisme, la libération de la
femme, l’éclatement de la famille et la formation idéologique.

Cette stratégie de prise progressive du pouvoir s’est justifiée par la situation spécifique de la Chine c’est-à-dire
une domination semi-coloniale par les japonais et une exploitation des paysans pauvres par la bourgeoisie qualifiée de
« bourgeoisie compradore » (En complicité avec les occupants japonais, qui profitent du système).

Le révisionnisme chinois a opté pour la révolution permanente et des réformes incessantes en vue de la
réalisation du « Grand bond en avant ». Cela a créé une rupture entre la Chine et l’URSS en 1960. La Chine a réalisé sa
révolution culturelle en 1966, elle est désormais perçue par l’Europe et le reste du monde comme un géant qui se révèle.

SECTION II : LA SOCIAL-DEMOCRATIE

En retrouve sous ce terme les divers courants idéologiques socio-démocrates qui dérivent pour la plupart des
mouvements socialistes et du marxisme. Ce socialisme non léniniste a construit sa ligne idéologique à la faveur des
événements tels que la Guerre mondiale, la politique expansionniste de l’URSS, le nationalisme des pays d’Asie et
d’Afrique, la rivalité Est-Ouest.
C’est donc une recherche de renouvellement idéologique et d’une nouvelle doctrine socialiste face au
bolchévisme et au fascisme. (La social-démocratie ≠ bolchévisme et fascisme)

Les socio-démocrates reprochent au bolchévisme la violation de la démocratie, la division du mouvement


socialiste international ainsi que la méconnaissance du pacifisme par les guerres impérialismes.

Face au fascisme d’Hitler et de Mussolini (face Dictature totalitaire), les résistances socialistes prônent la révolte
contre le totalitarisme par une action concertée de tous les libéraux, des socialistes et des communistes à l’échelle
européenne.

Les critiques à l’encontre de la sociologie marxiste portent sur l’insuffisance de la lutte des classes, la prise en
compte de la montée d’une classe moyenne (que Marx a ignoré) et d’autre part l’absence de mobiles moraux.

Le renouvellement de la pensée du socialisme moderne dans la social-démocratie réside dans la prise de


conscience de la nécessité d’élever le niveau des valeurs éthiques et esthétiques dans les besoins des masses. Elle
réside également dans l’importance des tâches internationales du socialisme dans l’avenir de l’humanité confrontée
aux problèmes économique, politiques et militaires.

C’est cette nouvelle éthique du socialisme qui est aujourd’hui affirmée et rapproche l’idéologie socialiste des
mouvements d’inspiration chrétienne et libérale.

SECTION III : LES DOCTRINES ANTI-DEMOCRATIQUES (Fascisme et national-socialisme)

PARAGRAPHE I : ORIGINES DE CES DOCTRINES ANTI-DEMOCRATIQUES

Le fascisme désigne la doctrine de Benito Mussolini en Italie et le national-socialisme désigne celle de l’Allemagne
de Hitler. Le cadre historique de ces deux doctrines est celui de la Première Guerre mondiale dont l’Allemagne et l’Italie
sont sorties avec un bilan négatif.

La disponibilité de leur deux peuples à prendre leur revanche a permis au fascisme et au national-socialisme de
s’ériger en dictature soutenue aussi bien par les bourgeoisies que par les classes moyennes menacées de prolétarisation
par une évolution économique qui profitait essentiellement à la France, à la Grande Bretagne, à la Belgique et au Pays-
Bas.

Leurs points communs résident dans la subordination de l’économie à la politique, dans le primat de l’action
(contre l’idéologie), le mythe de la Nation, la dictature du chef charismatique, le culte de l’élite, le triomphe de
l’irrationnel.

Ils (fascisme et national-socialisme) apparaissent comme un socialisme issu de la crise de la guerre et une révolte
contre le libéralisme et le machinisme. Ces deux doctrines d’autorité condamnent l’individualisme et posent l’Etat en
entité communautaire et autoritaire.

PARAGRAPHE II : LE FASCISME

C’est en 1919 que Mussolini a créé les faisceaux de combat qui sont les symboles de l’unité, de la force et de la
justice. Le parti fasciste est créé pour lutter contre la pénétration du communisme marxiste et le démo-libéralisme.

Le fascisme a abouti à l’exaltation de l’Etat qui est la conscience et la volonté du peuple : « Tout dans l’Etat, rien
en dehors de l’Etat ». Ce nationalisme outrancier a exalté le primat de l’ordre, les valeurs de la famille, du travail, de
la solidarité nationale et de la domination des intérêts nationaux dans tous les domaines. Il rejette la démocratie
libérale considérée comme corrompue et inefficace.

L’épanouissement de cette idéologie s’inscrit dans la montée des nationalismes consécutifs à la Première Guerre
mondiale et à la Crise économique de 1929. C’est aussi dans un mouvement global, une recherche d’une troisième voie
alternative au capitalisme libéral et au communisme marxiste dans le cadre d’une révolution conservatrice.
PARAGRAPHE III : LE NATIONAL-SOCIALISTE

Le national-socialisme appelé aussi « Nazisme » (National Sozialsmus) est un mouvement politique allemand créé
en 1920 sous le nom du « Parti national-socialiste des travailleurs allemands» également connu sous le nom de « Parti
Nazi ».

Parvenu au pouvoir sous l’égide de son chef Adolphe Hitler, le parti nazi a institué en Allemagne un régime
totalitaire et raciste appelé « Le Troisième Reich » (empire). Les idées d’Hitler reposent sur le racisme (antisémitisme),
le darwinisme et le pangermanisme.

Selon lui, la race est « la clé de l’histoire du monde ». Il n’existe que trois races : les aryens, les autres races et
les juifs. Culte de la puissance par le nombre, le pangermanisme est autarcique et non expansionnisme. Cette logique
autarcique a créé une économie de guerre (qui se suffit à lui-même, ni exportation ni importation) qui affaiblie le régime
hitlérien après une période de succès.

La différence entre le fascisme et le nazisme a résidé dans la puissance de l’Etat en Italie et la puissance du chef
en Allemagne (le Führer).

PARAGRAPHE IV : LE TOTALITARISME

Le terme de « totalitarisme » est employé pour qualifier les régimes autoritaires de type fasciste ou soviétique.
Il se caractérise par six (6) critères qui le différencient des tyrannies et des despotismes antérieurs :

 La présence d’une idéologie officielle, c’est-à-dire une doctrine qui couvre tous les aspects de la vie
humaine (sociale, politique, économique et culturelle) ;
 Un système de parti unique conduit par un dictateur ;
 Un système de contrôle policier ;
 La concentration de tous les moyens de propagande ;
 La concentration de tous les moyens militaires ;
 Le contrôle central et la direction de l’économie entière.

Ce qui différencie les totalitarismes de divers pays c’est leur idéologie.

SECTION IV : LE NEO TRADITIONALISME ET LE NEO-LIBERALISME

PARAGRAPHE I : LE NEO-LIBERALISME

A) La crise du libéralisme

A l’origine, la crise du libéralisme est un débat de spécialiste sur les moyens de remédier à la dépression
économique de 1929. Les néo-libéraux affirment que le mal vient des interventions de l’Etat notamment le contrôle des
prix, l’ingérence monétaire et bancaire.

La fonction de l’Etat doit s’apparenter à la police routière « L’Etat véritablement libéral est celui où les
automobilistes sont libres d’aller là où bon leur semble mais en respectant le code de la route » (Concept de l’Etat
gendarme).

Selon ces doctrinaires du libéralisme, la révision des idéologies léguées par le XIXème siècle est plus
qu’indispensable. Le recours à l’Etat providence est un remède pire que le mal car l’économie planifiée mène à la guerre,
renforce les intérêts particuliers et encourages les groupes de pression. Désormais, on aspire à « Moins d’Etat, mieux
d’Etat ».
B) Les doctrines élitistes : Le thème de l’élite et de la technocratie

Ces doctrines mettent l’accent sur le choix et la méthode des gouvernants. Elles réservent une place particulière
à l’élite et à la technocratie et soumettent le libéralisme à un examen critique.

1) VILFREDO PARETO (Les systèmes socialistes)

Vilfredo PARETO affirme que la condition de l’équilibre sociale est la circulation des élites. Selon lui, l’élite n’est
ni entièrement ouverte ni entièrement fermée. Sous la pression des masses, elle doit se renouveler par un apport des
classes inférieures. Cette mobilité sociale évite les révolutions (« Les systèmes socialistes »).

2) GAETANO MOSCA (Eléments de science politique)

Il soutient le thème de la classe dirigeante. Ainsi le pouvoir doit être exercé par une minorité organisée, non par
un individu ou par l’ensemble des citoyens (Théorie de l’Etat-major).

3) ROBERTO MICHELS (Essai sur les tendances oligarchiques des démocraties)

Roberto Michels analyse la tendance oligarchique qui est un processus commun à toutes les organisations
importantes. Elle est difficile à combattre car toute organisation exige une spécialisation des tâches et une distinction
entre la masse et les dirigeants : « La loi d’airain de l’oligarchie ».

4) MAX WEBER (Economie et société)

Max WEBER pense que la croissance de la bureaucratie est le phénomène capital des sociétés modernes et que
le problème ne réside pas dans l’option entre le capitalisme et le socialisme mais dans l’organisation des rapports entre
bureaucratie et démocratie.

La thèse de la technocratie apparait aux Etats-Unis, elle ouvre l’ère des managers et institue le pouvoir des
organisateurs et des techniciens responsables de l’économie. Il est proposé que la politique soit uniquement le domaine
de la détermination des fins et que la technique se réserve la fixation des moyens pour atteindre ces fins.

Le courant technocratique milite pour la dépolitisation du débat public et la détermination des personnes
qualifiées pour organiser les réflexions liées au problème complexe.

Cependant, le risque de création d’une nouvelle aristocratie du savoir ou sophocratie (pouvoir au sage) est
évoqué car les savants sûrs de détenir la vérité pourraient vouloir s’appuyer sur un pouvoir fort pour faire triompher
leur idée d’où retour au despotisme éclairé.

PARAGRAPHE II : LE NEO-TRADITIONALISME

Comme les libéraux, les traditionalistes veulent instituer une nouvelle droite, sociale et révolutionnaire. Le néo-
traditionalisme revêt plusieurs formes. Cependant, on peut relever leur trait commun :

Tout d’abord, le souci d’un ordre nouveau et d’un nouvel humanisme ;


La volonté de planifier et d’organiser ;
La volonté de dépasser l’opposition gauche-droite ;

SECTION V : LA DEMOCRATIE CHRETIENNE


La démocratie chrétienne prône le respect du pluralisme, le souci de tolérance et le respect des diverses
tendances. Elle a été souvent qualifiée par ses adversaires d’ « Idéologie opportuniste » et de « radical-socialisme » à
l’usage des chrétiens.

Cela a amené des philosophes comme Jacques MARITAIN, promoteur de l’humanisme intégral, à définir une
philosophie chrétienne qui doit travailler à renouveler les structures de la société en s’appuyer sur des principes
fondamentaux tels que :

 La primauté du spirituel dans la vie du chrétien ;


 L’engagement du chrétien dans le monde (A l’image de Jésus) ;
 Le bien commun et l’humanisme intégral que l’Etat doit assurer comme droit fondamental ;
 L’unité du christianisme et de la démocratie fondée sur le respect de la personne humaine en chaque homme.

Le philosophe Emmanuel MOUNIER qui est le fondateur de la « Revue Esprit » préconise l’indépendance du
christianisme à l’égard des groupements politiques (Ce qu’il appelle la rupture entre l’ordre chrétien et le désordre
établi).

Son anticapitalisme dénonce « une démocratie malade de l’argent et un socialisme malade de l’Etat ». Il
propose une révolution à la fois structurelle et spirituelle à travers une économie organisée sur les perspectives de la
personne et la socialisation sans étatisation des secteurs importants de l’économie.

CONCLUSION

LES PERSPECTIVES DU XXIEME SIECLE : LE NEO-NATIONALISME ET LE RETOUR A LA


DEMOCRATIE
Le XXème siècle est apparu comme un creuset d’idées politiques dans lequel le libéralisme, le socialisme et le
communisme ont essayé de se renouveler et créer leur zone d’influence.

En Afrique, en Asie et en Amérique Latine des idéologies nationalistes de type nouveau ont pris forme qu’il
s’agisse de nationalisme réformiste de type autoritaire, de nationalisme progressiste ou de nationalisme populaire à
velléité autarcique.

Ce néo-nationalisme qui revêt des aspects à la fois ethnique, culturel et territorial a contribué à la formation du
nationalisme africain (panafricanisme), du nationalisme arabe (panarabisme) et du nationalisme musulman.

Ces formes de nationalisme possèdent des traits dominants comme l’Etat fort, le soutien de l’armée, l’appel aux
classes populaires, l’anticapitalisme, l’interférence entre forces religieuses et forces politiques. Elles ont donné
naissance à des régimes dictatoriaux ou à des nouveaux types de démocratie (démocratie chrétienne, démocratie
populaire, etc.).

Des doctrines comme le « Gaullisme » (idéologie de rassemblement national), « le nazisme », « le fascisme »,


« le franquisme », « le nassérisme », « le stalinisme », etc. sont à la fois des manifestations de nationalisme et des
idéologies de rassemblement liées à la personnalité d’hommes exceptionnels qui auraient eu en commun la volonté de
gouverné (La fureur de gouverner).

Vers la fin du XXème siècle, la bipolarisation du monde prend fin avec l’effondrement du bloc socialo-communiste
(La chute du mur de Berlin, la balkanisation de la Russie). Cet événement apparait comme une victoire du libéralisme,
lui-même en pleine crise.
Le XXIème siècle se construit dans le contexte de la mondialisation qui renforce les interdépendances des
systèmes politiques et économiques en même temps qu’il assoit l’influence de la puissance des pays riches. Les pays
émergents posent la problématique des alliances et des solidarités dictées par les intérêts et les enjeux.

Les concepts d’union à l’échelle régionale et continentale restructurent la théorie des blocs et polarisent les
actions en faveur de la démocratie et la paix. La poste modernité qui désigne l’époque actuelle semble vouloir rompre
aussi bien avec les débats sur l’héritage de 1789 et des siècles des lumières que les doctrines du marxisme, du socialisme
et du libéralisme.

Les réflexions politiques contemporaines portent sur une vision du monde qui met l’accent sur la nécessité de
repenser le politique, le dictat de l’économique, l’équilibre géopolitique à l’échelle mondiale et notamment les relations
entre les pays riches et pays pauvres.

La critique contre le socialisme qui a ouvert la voie au national-socialisme fustige son caractère antidémocratique
reposant sur l’assistance de l’individu rendu incapable économiquement et le dirigisme économique opposé à la libre
entreprise et la concurrence.

La critique contre le libéralisme dénonce la marche forcée vers la mondialisation et la globalisation comme étant
à l’origine d’une logique d’antagonisme et de conflit d’intérêt à l’échelle des nations.

Les analyses sur le pouvoir mettent en garde contre le risque de dérives possibles vers le totalitarisme même dans
un pouvoir démocratique et la nécessité impérieuse de défendre l’Etat de droit comme garanti des droits et libertés des
individus contre l’arbitraire. C’est pourquoi la constitution apparait commun un ensemble de règles fondamentales hors
de portée des pouvoirs.

Ces analyses soulignent que le parcours des idées politiques met en évidence la nécessité de faire le lien entre
politique et éthique.

Les perspectives du siècle annoncent de ce fait à la fois la résurgence de nationalisme identitaire, la quête de
justice sociale et d’équité entre les nations. Le concept d’éthique mondiale œuvre à promouvoir la démocratie comme
le régime le plus approprié à l’évolution des systèmes politiques, elle serait avec le concept de gouvernance
démocratique un autre nom pour le développement et la paix.

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