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1re HGGSP – Thème I – Leçon 2 A.

Jouan

Leçon 2 – Penser la démocratie : démocratie directe ou démocratie représentative

Introduction : durant l’Antiquité, lors de l’expérience athénienne, la démocratie est pensée comme la
nécessaire participation de tous les citoyens à la délibération des décisions, et à l’exercice du pouvoir
de la cité. Cette expérience inédite de démocratie directe est par la suite pensée comme un modèle et
une source de réflexion politique, comme en témoigne tout le questionnement de Benjamin Constant
autour de la question de la démocratie représentative ; penser la démocratie revient donc à
s’interroger sur les principes qui fondent la participation citoyenne et sur ses pratiques.
Problématique : comment expliquer l’évolution de l’idée et des pratiques de la démocratie au fil du
temps ?
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I – Penser un modèle de démocratie directe : Athènes

1° - Athènes ou la naissance de la démocratie


Au Ve siècle avant JC, Athènes adopte un régime politique démocratique qui est resté dans l’histoire
pour avoir permis la participation de tous les citoyens athéniens à la vie politique : initiative des lois,
discussions collectives, prises de décisions en commun au sein des assemblées comme l’Ecclésia et
aussi contrôle du pouvoir. Le misthos (indemnités) permet de faciliter la participation à la vie politique.
L’isonomie (égalité des citoyens devant la loi) est fondamentale, mais ces droits ne sont réservés qu’à
une minorité.

2° - Les limites de cette démocratie


La citoyenneté à Athènes est réservée à une minorité. Seuls les hommes libres participent aux
assemblées et au tribunal (soit 40 000 personnes sur 300 000). Femmes, métèques, et esclaves en sont
exclus. Le corps civique fluctue également durant cette période : quand la démocratie est à consolider
(vers 508 avant JC), ce corps civique s’ouvre aux métèques et aux esclaves mais il se restreint quand il
devient trop populaire. En 451 avant JC, Périclès restreint la citoyenneté aux enfants nés de deux
parents athéniens pour limiter les dépenses liées au misthos.

II - Penser et pratiquer une démocratie représentative

1° - Le XVIIe et le XVIIIe siècles, un renouveau de la pensée


Au XVIIe siècle, le royaume d’Angleterre, après deux révolutions, met en place un premier régime
démocratique garantissant les libertés fondamentales ; deux textes garantissent ces principes
démocratiques : l’Habeas Corpus (1679) interdit toute arrestation autoritaire et la Déclaration des
droits (Bill of rights – 1689) donne des pouvoirs au Parlement qui limite ainsi ceux du souverain. Le
philosophe anglais John Locke montre alors l’importance des droits individuels dans le cadre de la
monarchie parlementaire naissant en Angleterre (1690 – Du gouvernement civil).
Au XVIIIe siècle, ce sont les Philosophes des Lumières qui favorisent la réflexion sur le pouvoir :
l’homme doit pouvoir s’émanciper et être libre, ce qui remet en cause les monarchies absolues et
fondent le principe d’égalité des droits. En 1748, Montesquieu, dans l’esprit des lois, estime par
exemple que l’État est désormais une société où il y a des lois, société dans laquelle le citoyen est tenu
d’obéir non pas à un roi de droit divin mais à des textes de loi que l’autorité doit faire exécuter à la
condition aussi que les pouvoirs soient séparés. C’est donc un réel basculement de la conception de la
démocratie. A ce titre, les révolutions américaines et françaises instaurent la mise en place d’une sorte
d’idéal démocratique avec l’encadrement des droits et des libertés fondamentales du citoyen (DDHC
– 1789) tout en abolissant les privilèges de la noblesse et du clergé. La pensée libérale se déploie tout
au long du XIXe siècle, défendant les libertés individuelles contre l’emprise de l’État.

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1re HGGSP – Thème I – Leçon 2 A. Jouan

2° - Participer ou être représenté


A l’opposé de Rousseau, Benjamin Constant défend l’idée que la représentation est la forme moderne
de la démocratie. Étant témoin des bouleversements révolutionnaires, Benjamin Constant en a
cherché une explication générale. Il donne en 1819 à Paris une conférence qui a marqué les esprits :
« De la liberté des Anciens comparée à celle des Modernes ». C’est un penseur de la démocratie
libérale qui s’interroge sur la façon dont doit être exercé le pouvoir politique, en réfléchissant
notamment aux rapports entre libertés et institutions démocratiques ; l’important pour lui est de
protéger les droits des individus face à la puissance du pouvoir en place.
Benjamin Constant part du principe qu’avec « l’évolution progressive des sociétés », les citoyens n’ont
plus le temps nécessaire à la participation politique, ce temps étant désormais de plus en plus tournés
vers la quête de la richesse et du bien-être matériel. En toute logique, c’est le système démocratique
représentatif qui l’emporte.
Néanmoins, Constant est conscient des dangers de ce modèle libéral moderne : l’économique pourrait
l’emporter sur le politique et la société démocratique individualiste risquerait d’anéantir toute liberté
de décision collective. D’autres penseurs ont également alerté au XIXe siècle sur les risques des
démocraties libérales, comme le communiste Karl Marx qui voit dans le libéralisme un moyen de
privilégier les intérêts de la bourgeoise au détriment des intérêts collectifs de la société. Concrètement
en France, ce n’est qu’en 1879 (IIIe République) qu’un système démocratique représentatif est adopté
(séparation des pouvoirs, droits sociaux…) mais sans droit de vote pour les femmes.

Conclusion : peut-on affirmer que la pensée de Benjamin Constant est toujours d’actualité ? Il nous
mettait en garde face aux risques du désintérêt de l’action politique. Or c’est bien un problème central
de nos démocraties, avec la défiance de plus en plus forte face au pouvoir politique, se traduisant par
des taux d’abstention record ou par d’autres formes de contestation.

Schéma de synthèse (page 55)

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